WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Vulnérabilité et adaptation des activites agropastorales à  la variabilité climatique dans la région du Mandoul au Tchad

( Télécharger le fichier original )
par Siadmadji Allaissem
Université de Yaoundé 1 - Doctorat Ph.D en Geographie option Climatologie 2016
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
La région présente d'une manière générale un gradient morpho-topographique presque homogène. L'altitude varie entre 300 m et 500 m. Trois ensembles de relief s'y distinguent nettement : il s'agit d'abord des plaines exondées du département de Mandoul-est qui culminent à 412 m, ensuite des plaines alluviales (350 m) du Bahr Sara et de la sous préfecture de Bedjiondo et enfin des parties basses ou vallonnées, comprises entre 300 et 320 m qui s'observent à l'ouest de la région et descendent en pente vers la vallée du Mandoul.

Les plaines exondées qui présentent des caractères morphologiques presque identiques se situent à environ 422 m d'altitude. Elles laissent affleurer des granites à biotite et amphibole. Les pentes granitiques à chaos de boules portent une végétation arborée tandis qu'un tapis herbacé domine sur les roches basiques.

Les plaines alluviales situent au sud-est de la région. Elles sont moins étendues en amont et s'étendent en aval du Bahr Sara. En bordure des rivières, les levées des berges limono-sableuses à sol peu évolué portent une galerie forestière plus ou moins dégradée. En arrière, s'étendent des flats argileux à végétation herbacée, inondées quatre à cinq mois dans l'année. C'est le domaine des sols hydromorphes à gley. La variété des traits morpho-topographiques détermine la répartition de la végétation de la localité (Iyebi-Mandjek O. 2005).

La grande vallée du Mandoul est faiblement ondulée et comporte des interfluves séparés par des vallons évasés avec une partie située en amont de Bedaya qui est restée très encaissée. En général, les pentes sont faibles sauf dans les zones situées aux abords des plaines exondées.

1.2.3. Un réseau hydrographique dense

La région du Mandoul se localise dans la vallée entre le cours d'eaux permanent (Bahr Sara), le grand et le petit Mandoul et de nombreux cours d'eaux intermittents (Andjikob, Narmbanga, Kaarngawayg, Khou, Takawa, Bengoro, etc.). La figure 7 nous présente le réseau hydrographique de la région.

Figure 7 : Réseau hydrographique de la région du Mandoul

Source : CNAR, 2009.

Principal collecteur de la région (point B de la photo 1), le Bahr Sara commence son cours sur les hauts plateaux situés au nord de la République Centrafricaine et descend légèrement avec une orientation sud-est avant de se jeter dans le fleuve Chari sur un parcours de 216 km. Dans son parcours, il traverse les vallées qui sont peu incisées et bordées des forêts galeries, remarquables sur le point A de la photo 1. Rares sont cependant les rivières qui restent alimentées en saison sèche. Les mares observées un peu partout dans la région jalonnent les lits mineurs et constituent alors les seuls points d'eau utilisés par les éleveurs.

C

B

A

Photo 1 : Fleuve Bahr Sara, Cliché Rebaye, Maïnané, Juillet 2009.

Légende : A : Forêt galerie, B : Une partie de vue du fond du fleuve, C : berge sapée par la crue

1.2. 4. Le cours d'eau Mandoul

Le Mandoul est un affluent du Bahr Sara qui est situé sur sa rive gauche. Ce cours d'eau passe d'une altitude de 410 m à 369 m; Il reçoit sur sa rive gauche le petit Mandoul qui descend une zone d'altitude de 400 m à 372 m pour un parcours de 106 km jusqu'à la confluence. L'étude du bassin versant faite par l'ORSTOM, a montré que le Mandoul a une pente moyenne de 0,6%o à Doro-Ndila et 0,20%o à Narmbanga. Il s'agit donc d'une rivière de plaine comme le montre le point A sur la photo 2. La contribution du Mandoul au Bahr Sara n'a jamais atteint 50 m3/s (monographie du Chari). Ainsi le Mandoul draine une superficie de 12724 km2, et parcourt une distance de 162 km jusqu'à Bedaya pendant la saison pluvieuse, pour une pente moyenne de 0,8 m/Km. En saison sèche le cours d'eau se scinde en plusieurs marigots.

B

A

Photo 2 : Une vue sur le petit Mandoul, Cliché A. Siadmadji, Kemkada, Septembre 2009.

Légende : A : Sols rouge du Mandoul, B : Mare permanente

A l'exception de la partie nord-est du département de Mandoul-est, l'ensemble du paysage présente un bon drainage. Le caractère du milieu paraît en contradiction avec l'abondance des sols hydromorphes, c'est-à-dire des sols dont l'évolution nécessite un engorgement au moins temporaire ou partiel des profils.

La densité du réseau hydrographique détermine l'importance des galeries forestières et des cordons rupicoles qui longent le collecteur principal et ses principaux affluents. A coté de ses formations, s'ajoutent les forêts claires des vallées secondaires qui donnent une originalité à la savane de la région et son sol de couleur rouge située le long du point A de la photo.

1.2.5. Un contexte géologique constitué des roches cristallophylliennes

La géologie de la région du Mandoul s'inscrit dans celle du bassin du Moyen Chari. Le socle cristallin (granite, roches cristallophylliennes) est souvent très profond. Selon Bouyer et Bengaly (2006), les études gravimétriques et aéro-gravimétriques le montrent à 2000 m de profondeur. Les formations primaires et secondaires n'apparaissent pas dans notre d'étude (Cabot, 1972).

Les formations rocheuses de la région sont des formations tertiaires continentales appelées Continental Terminal (Oligocène-Miocène). Ce sont des roches sédimentaires composées des argiles, des sables et des grès. Ces formations appartiennent à la série des "sables de Koumra" décrite en 1981 par (Le Roy, 1996). Cette série est constituée de sables rouges et de sables blancs. Les sables de Koumra, particulièrement de couleurs rouges, occupent une bonne partie de la localité. Ces sables paraissent provenir du démantèlement des sols ferrugineux mais surtout des sols ferralitiques.

Selon le substratum géologique et la topographie, les sols de la région appartiennent à plusieurs catégories : les sols ferrugineux tropicaux, les sols peu évolués, la classe des vertisols et paravertisols, les sols ferraliques, les sols hydromorphes,etc.

Les sols ferrugineux tropicaux sont de loin les plus répandus dans la région. Ils sont en général chimiquement pauvres. La plupart de ces sols sont sableux dans les horizons de surface et renferment des éléments grossiers. Ils sont très perméables et parfois filtrants.

Ils se dessèchent assez rapidement et ont une texture sableuse en surface et argilo-sableuse en profondeur. La structure est particulaire, grossière en surface à massive, plus ou moins riches en concrétions ferrugineuses dans l'horizon médian. La couleur est grise en surface, devenant brun - jaunâtre à brun rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils sont aussi poreux (macro pores) avec des teneurs en matière organique. Le complexe absorbant contient des valeurs variables en bases échangeables et la capacité d'échange est moyen. La figure 8 ci-après présentée illustre à suffisance les differents types de sols qui caractérisent la region.

Ces sols sont utilisés pour une gamme variée de cultures vivrières et parfois des cultures de rente comme le coton. En effet selon les régions, ces sols portent le maïs, le sorgho, le mil, le niébé, l'arachide, le voandzou, l'igname, le manioc etc. Leur mise en valeur rationnelle et rentable nécessite des amendements organiques et minéraux.

Figure 8 : Differents types de sols de la region

Source : CNAR, 2009

Les sols peu évolués sont dits peu évolués parce que soit l'apport de matériau est récent, soit parce que l'érosion vient de décaper la roche. La sous-classe comprend deux groupes : le groupe des sols peu évolués d'érosion (lithiques pour les roches-mères dures), régosolique (roches tendres) et le groupe des sols peu évolués d'apport alluvial (bordures des cours d'eau), colluvial (ruissellement), anthropique (homme), etc. Ces sols se rencontrent dans toute la région. Du point de vue de leurs caractéristiques physiques et chimiques, ils ont une texture généralement sableuse (légère), à structure particulaire.

La couleur d'ensemble est gris brun. Ils sont perméables et leur drainage est légèrement excessif. Ils sont très poreux (macro porosité). La matière organique est faiblement représentée (1 à 2 %). Le rapport C/N varie entre 12 et 15. Le complexe absorbant contient une somme des bases allant de 9 à 13, une capacité d'échange faible et un taux de saturation supérieur ou égal à 70 %. Le pH est faiblement acide à neutre (6-7). Les sols peu évolués d'érosion sont en principe à mettre en défens ou à être reboisés. Il n'est cependant pas rare de rencontrer sur ces sols des cultures vivrières (mil, sorgho, maïs, arachide, niébé etc..) dans presque toute la région. Les sols peu évolués d'apport alluvial (chimiquement riches en éléments minéraux) et même les sols d'apport colluvial sont exploités en cultures vivrières ou de rente.

Les vertisols présentent des fentes de dessiccation en saison sèche. Leur structure est grumeleuse en surface, polyédrique à prismatique grossière en profondeur ; la macroporosité est très faible, la cohésion ainsi que la consistance sont très fortes. Ce sont des sols argileux à dominance d'argiles gonflantes dont les proportions avoisinent le plus souvent 35-40 %, la capacité d'échange cationique (CEC) est en moyenne de 35 à 40 méq/100 g d'argile avec une couleur d'ensemble noire ou gris foncée. Ils sont souvent riches en nodules calcaires en profondeur. Ils sont formés en zones planes ou déprimées présentant un pédoclimat humide pendant de longue période. Les vertisols et para vertisols ont une texture argileuse (fine). La structure est grumeleuse en surface à prismatico-cubique en profondeur. La couleur d'ensemble est gris brun. Ils sont peu perméables et leur drainage est imparfait. Ils sont peu poreux (micro et macro pores). Les teneurs en matière organique sont moyennes à riches (2 à 5 %). Le rapport C/N oscille entre 9 et 12. Le complexe absorbant est riche en bases échangeables (32 méq). La capacité d'échange est forte à très forte et le taux de saturation est de l'ordre de 80 %. Le pH est faiblement acide à neutre (7-8).

Du point de vue de leurs aptitudes et possibilités d'utilisation, les vertisols sont généralement bien pourvus en matière organique, en bases échangeables (calcium et magnésium), en phosphore et en minéraux altérables, et ne posent donc pas de problèmes chimiques pour une exploitation agricole. Ils conviennent à toute une gamme variée de cultures vivrières et de rente, entre autres : riz, igname, maïs, coton, niébé, canne à sucre ; etc. Sur le plan physique, ils sont très difficiles à travailler : collants et très plastiques à l'état humide, très durs à l'état sec.

Les sols ferrallitiques ont une texture sableuse à sablo-argileuse en surface devenant argilo-sableuse en profondeur. La structure particulaire en surface est massive en profondeur, parfois plus ou moins riches en concrétions ferrugineuses. La couleur est brun-rougeâtre à rouge. Ils sont perméables et leur drainage est normal. Ils sont poreux. Les teneurs en matière organique sont faibles à moyennes (1 à 3 %).

Le rapport C/N oscille entre 13 et 17. La somme des bases échangeables est moyenne . La capacité d'échange est moyen et le taux de saturation varie entre 40 et 60 %. Le pH est très variable et va parfois de fortement acide à neutre (5-7). Ils sols portent les cultures de rentes et les cultures annuelles pratiquées dans ces localités (maïs, manioc, igname, etc.)

Le problème de ces sols est la perte de la matière organique conduisant à une baisse de fertilité. L'élément le plus déficient est le potassium. Pour restaurer à ces sols leur fertilité, la recherche a proposé quelques solutions issues des résultats d'expérimentations agronomiques telles que : la restitution des produits de récolte, l'utilisation de la drèche de bière, du fumier de ferme, des tourbes, l'agroforesterie.

Les sols hydromorphes sont des sols dont l'évolution est dominée par l'effet d'excès d'eau pendant toute ou une partie de l'année entraînant un engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou la totalité du profil. Cet excès d'eau peut être dû soit à la présence ou à la remontée de la nappe phréatique, soit au manque d'infiltration des eaux pluviales. Selon les conditions d'anaérobiose, l'hydromorphie peut se traduire par une accumulation de matière organique de type tourbeux.

Le phénomène peut être accompagné, de manière irrégulière, par une redistribution de calcaire, de gypse et parfois de l'induration de ces éléments. Ils caractérisent souvent les zones déprimées, les talwegs, les têtes de ruisseaux, etc. Les sols ont une texture sableuse en surface et argileuse à argilo-sableuse en profondeur.

La structure est particulaire à massive. La couleur est gris brun foncé dans l'ensemble. Ils sont perméables à peu perméables et leur drainage est imparfait à pauvre. La matière organique est moyennement présente (2 à 3 %). Le rapport C/N oscille entre 15 à 16. Le complexe absorbant est pourvu en bases échangeables. La capacité d'échange est faible et le taux de saturation varie de 60 et 90 %.

Le pH est faiblement acide à neutre (6-7). Ces sols sont généralement assez riches chimiquement. L'excès d'eau est le facteur limitant majeur. Sur les sols à gley où l'eau reste une bonne partie de l'année, les possibilités de mise en valeur sont réduites. Sur les sols à pseudo-gley, plus aérés, la gamme peut être très variée allant des cultures vivrières (igname, maïs, etc.) aux cultures de rente.

1.2.6. Caractérisation floristique et faunique de la région

La situation de la région du Mandoul entre le domaine soudano-guinéen et le domaine soudano-sahélien lui fait bénéficier également d'une végétation et d'une flore assez diversifiée. Les formations végétales de la terre ferme varient des galeries aux savanes arborées, des forêts claires aux savanes boisées.

Dans l'ensemble, 188 espèces réparties en 50 familles ont été recensées. Les sites les plus riches demeurent toujours la forêt de Khou-Guira (125 espèces) dans le Bahr-Sara, la forêt de Bessara (81 espèces), Khou de Koutou et Khou de Bodo (58 espèces), Dembo (54 espèces) et enfin Mondélé (51 espèces).

En dehors des forêts et des savanes, la diversité de la végétation est faible dans les terroirs à vocation agricole des départements de Khou et Bahr Sara. Certaines espèces fruitières sont rencontrées en savanes sélectionnées. Dans les vallées, les forêts galeries souvent dégradées abritent encore quelques espèces. On y constate un état de dégradation au cours des vingt dernières années (CBLT, 2006).

1.2.6.1. Savanes type 1

Les savanes de types 1 (voir photo 3) sont des formations boisées formées de deux strates bien distinctes.

B

A

Photo 3 : Savane du type 1, cliché INSH, 2008.

Légende : A : Berlinia grandiflora, B : Andropogon

Dans la savane du type 1, la première strate basse est constituée d'herbacées dominées par Andropogon 1, Andropogon 2 (Poaceae) et Aframomum melegueta, Marantaceae, situés sur le point B. La deuxième strate ligneuse, haute d'environ huit mètres, comporte les espèces comme Berlinia grandiflora (point A) Maytenus senegalensis (Celastraceae) Piliostigma thonningii (Caesalpiniaceae) Pleiocarpa mutica (Apocynaceae) et Vittelaria paradoxa (Sapotaceae).

1.2.6.2. Savanes de type 2

Les savanes de type 2 sont des formations dont la hauteur des ligneux est comprise entre quatre mètres et huit mètres. Cette situation peut produire, dans certains cas, un mélange de la strate herbacée basse et ligneuse au dessus (voir point A de la Photo 4).

C

B

A

Photo 4 : Savane du type 2, cliché INSH, 2008.

Légende: A : Vittelaria paradoxa, B : Aframomum melegueta, C : Piliostigma thonningii

La strate herbacée de cette savane du type 2 est composée de trois espèces d'andropogon (Poaceae), d'Aframomum melegueta (Marantaceae), Mitracarpus scaber (Rubiaceae) et d'une espèce d'Asteraceae, situées en point B de la photo 4. Les ligneux se composent de Berlinia grandiflora (Caesalpiniaceae), Piliostigma thonningii (Caesalpiniaceae) Parinari curatellifolia (Chrysobalanaceae) Annona senegalensis (Annonaceae) Gardenia erubescens (Rubiaceae) Vittelaria paradoxa.

1.2.6.3. Savanes de type 3

Les savanes de type 3 (voire photo 5) sont des milieux très ouverts constitués d'une couverture végétale à une seule strate combinée de ligneux au point A et d'herbacées au point B.

B

A

Photo 5 : Savane du type 3, cliché INSH, 2008

Légende : A : Hymenocardia acida , B : Imperata cylindrical

Dans cette savane, les arbres sont tortueux, rabougris et portant les marques du passage régulier des feux. Les herbacées de ces milieux sont Andropogon, Imperata cylindrica (Poaceae) Cissus producta (Vitaceae) et d'une espèce d'Asteraceae. Les ligneux sont Hymenocardia acida (Hymenocardiaceae) Berlinia grandiflora (Caesalpiniaceae), Parinari curatellifolia (Chrysobalanaceae).

1.2.6.4. Forêts galeries

Les forêts galeries (voire photo 6) bordent les cours d'eaux de moindre importance. Dans ce cas, les arbres formant la galerie qui couvre totalement le lit de certains cours d'eau. La largeur de ce cordon n'excède pas les 500 m dans la plupart des cas.

B

A

Photo 6 : Forêt galerie, cliché INSH, 2008

Légende : A : Saba senegalensis, B : Sol jonché des lianes

Ces forêts restent vertes toute l'année et sont donc moins exposées aux effets des feux. Les espèces les plus fréquemment rencontrées sont (Sterculiaceae), Saba senegalensis (Apocynaceae) sur le point A de l'image, Anchomanes welwitschii (Araceae), Cissus producta (Vitaceae), Elaeis guineensis (Arecaceae) et Paullinia pinnata (Sapindaceae).

1.2.6.5. Îlots forestiers

Les îlots forestiers (voire photo 7) sont des formations de ligneux, de superficies plus ou moins grandes, incluses dans les savanes.

C

B

A

Photo 7 : Ilot forestier, cliché INSH, 2008.

Légende : A : Antiaris toxicaria, B : Millettia zechiana, C : Neuropeltis acuminata

Cette formation végétale renferme de grandes ouvertures causées par les feux de brousse au cours de la saison sèche. Les espèces caractéristiques sont : Antiaris toxicaria (Moraceae) sur le point A, Mallotus oppositifolius (Euphorbiaceae), Millettia zechiana (Mimoceae) au point B, Olyra latifolia (Poaceae), Whitfieldia colorata (Acantaceae), Aidia genipiflora (Rubiaceae), Cola caricaefolia (Sterculiaceae), Dichapetalum heudelotii (Dichapetalaceae), Paullinia pinnata (Sapindaceae), Pleiocarpa mutica (Apocynaceae), Saba senegalensis (Apocynaceae), Scleria boivinii (Cyperaceae), Secamone afzelii (Apcynaceae), Vitex micrantha (Verbenaceae), Cola gigantea (Sterculiaceae), Dialium guineense (Caesalpiniaceae) et Neuropeltis acuminata (Convolvulaceae) au point C de la photo 7.

1.2.7. Facteurs de dégradation du couvert végétal

Les facteurs de dégradation des ressources naturelles dans la région du Mandoul sont divers et variés:

- Les feux de brousse ;

- La pression sur les ressources végétales et la faune ;

- Un cadre humain fortement marqué par le poids de l'histoire ;

- Les mauvaises pratiques agro-pastorales.

1.2.7.1. Les feux de brousse

Les feux de brousse peuvent avoir des origines diverses. Ils peuvent être volontairement mis par les éleveurs pour provoquer une rapide repousse d'herbes tendres, fraîches et plus appétissantes. C'est le cas des plaines inondables, des abords des cours d'eau. Les agriculteurs pratiquent aussi la chasse au feu en incendiant la brousse. Le feu de brousse peut aussi être provoqué par un inconscient fumeur de cigarettes.

Les feux précoces sont des feux tactiques, mis volontairement lorsqu'une partie de la brousse est encore verte, pour créer des zones protégées (villages, vergers, routes) et cloisonner l'espace rural afin d'éviter les grands incendies tardifs sur de grandes surfaces. Ces feux précoces permettent de préparer les parcours du bétail pour la saison sèche ou de nettoyer les parcelles pour la prochaine année.

Ils sont souvent allumés entre septembre et octobre. C'est une technique agropastorale pour prévenir les dégâts de feux non désirés. Seulement, ils doivent être bien contrôlés, sinon ils deviennent une source de conflits. Selon Philippe Bernadet, « les feux précoces peuvent également être cause de destructions de récoltes, notamment de coton, et sont donc source de tension entre les éleveurs et les cultivateurs autochtones. Mais les conflits provenant de telles circonstances sont assez rares... ».

Les feux tardifs : Compte tenu de leurs moyens et de leur niveau de technicité, l'agriculteur et l'éleveur n'ont souvent à l'heure actuelle, pas d'autres moyens de défrichement ou de remise des terres agricoles et de pâturages que le feu. L'on ne saurait condamner l'utilisation des feux sans tenir compte de cette composante fondamentale des agro-pasteurs.

Le problème vient de la propagation non contrôlée des feux tardifs (Janvier à février), en dehors de la zone où ils pouvaient avoir un effet, au moins positif en partie (champs, abord de la piste, pâturage). C'est pourquoi il faut tenter de solutionner les feux tardifs par une gestion participative de la population locale. Il ne faudrait pas oublier le côté traditionnel, socio- culturel, voire religieux de l'utilisation du feu de brousse, fortement ancré dans les esprits.

Enfin, les débris végétaux en s'accumulant en cas de protection totale, augmentent les risques de feux tardifs avec des dégâts encore plus importants. Avec la variabilité climatique, les feux tardifs accélèrent le processus de la désertification qui menace le Tchad. Il est temps de rechercher à minimiser les dégâts des feux tardifs sauvages aux conséquences graves en les gérants au mieux dans des espaces à aménager.

Des cas de feux de brousse sont toujours enregistrés dans la région et constituent une contrainte de taille à la régénération naturelle des formations ligneuses. La zone sylvo-pastorale enregistre annuellement des milliers d'hectares touchés par les feux. Cette situation porte de graves préjudices à la conservation de la biodiversité. Ces feux de brousse s'expliquent entre autres par :

- L'insuffisance de sensibilisation des populations ;

- L'inefficacité de certains comités de lutte et de vigilance ;

- L'insuffisance des moyens des structures d'encadrement ;

- La non application rigoureuse de la réglementation sur les feux.

1.2.7.2. La pression sur les ressources végétales, faunistiques et édaphiques

La combinaison des actions pour la satisfaction des besoins croissants des populations en produits agricoles, pastoraux et forestiers est à la base d'une pression de plus en plus forte sur les ressources ligneuses. Ainsi, le couvert végétal se rétrécit considérablement, la pratique de la jachère, disparaît complètement du système de production dans la zone. Avec la raréfaction des ressources fourragères, notamment en saison sèche, les éleveurs se trouvent dans l'obligation de recourir au pâturage aérien pour nourrir le bétail, affectant ainsi les ressources ligneuses.

L'importance du cheptel dans la zone provoque le surpâturage qui se traduit par une dégradation rapide du tapis herbacé et un effet négatif sur les sols. La faune de la région comprend la faune terrestre, l'avifaune et la faune aquatique. De par la diversité particulière de ses paysages due à la variabilité climatique, géomorphologique et édaphique, la région est caractérisée par une variabilité des espèces.

Ainsi se trouvent à la fois représentées, une faune typique de savane et une faune typique de forêt et galeries forestières, les deux pouvant coexister plus ou moins sur de faibles étendues. Les mammifères recensés représentent plusieurs ordres. Les espèces sauvages peuplent surtout les forêts galeries, et les formations forestières naturelles. Du point de vue de l'abondance, les zones non protégées sont particulièrement pauvres en espèces fauniques. La faune de la région a beaucoup souffert des troubles sociopolitiques qu'a connues le pays. Aujourd'hui, les animaux terrestres se réfugient dans ce qui leur reste comme habitat et certaines espèces sont menacés de disparition.

1.2.7.3. Un cadre humain fortement marqué par le poids de l'histoire

Le cadre humain de la région du Mandoul est caractérisé par la pluriethnicité. On n'y rencontre des groupes autochtones et des groupes allochtones. Parmi les autochtones, on distingue les Sara madjingaye qui sont majoritaires. Viennent ensuite les Mbayes, les Dayes, les Goulayes, les Gor, les Nars etc. Cette population est classée dans le groupe ethnique Bongo-Baguirmien de la famille linguistique Nilo- Saharien.

Chaque sous-groupe possède son propre dialecte. Selon les hypothèses de Janicot (1990), ces groupes ethniques ne sont pas originaires de leur emplacement actuel. Les écrits des administrateurs coloniaux et les faits linguistiques observés semblent confirmer que les Sara en général seraient venues de l'Ouaddaï (Est du Tchad) et seraient installés au sud du Tchad vers le 17ème ou le 18ème siècle.

La population allochtone est représentée par les commerçants musulmans installés dans les grands centres et les éleveurs transhumants originaires du Batha, du Salamat et du Baguirmi. Telles sont les hypothèses qui peuvent êtres émises dans l'état actuel des connaissances, rien de définitif ne pouvant être avancé tant que les recherches approfondies n'auront pas été effectuées par les archéologues et les autres.

La région du Mandoul comptait 364 802 habitants au Recensement Général de la Population et de l'Habitat de 1993. Avec un taux de croissance moyenne de 2,36 % par an, la population régionale est estimée à 203 802 habitants en 1968, et à 498 000 en 2009. Elle doublera vers 2035, si la tendance actuelle est maintenue. Avec une superficie de 20531 km², la densité de la population est de 25 habitants au km² en 1993.

La population de la région est inégalement répartie à travers les 3 départements. Pour l'année 1968 le département de Mandoul-est compte 40 % de la population régionale, suivi du Bahr-Sara avec (32 %) et enfin le Mandoul-ouest avec (28 %). Cela correspond à des densités respectives de 14,3 habitants/km²; 8,3 habitants/km et 37 habitants/km. De toute la région, le département du Bahr Sara est le moins densément peuplé.

Entre 1968 et 1993, les taux de mortalité infantile, juvénile et infanto-juvénile ont tous chuté au niveau régional. Ils ont connu cependant une légère augmentation mais restent en deçà des taux nationaux (7 %, 8,1 % et 14,5 % en 2001). Les déterminants de cette forte mortalité qui du reste, est plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain (le risque de décès étant 2,3 fois plus important en milieu rural) peuvent trouver leur fondement dans divers facteurs aussi bien socioculturels qu'économiques. On peut noter que le rang du nouveau-né, l'étroitesse de l'intervalle inter génésique et la nuptialité précoce qui caractérisent les femmes de la région, sont des éléments qui influent négativement sur la mortalité.

De même, le niveau d'instruction des mères agit en sens contraire par rapport à cet indicateur (les mortalités infantile et juvénile diminuent de 3 fois lorsque les mères ont été à l'école). La mortalité maternelle définie comme étant celle des mères de 15 à 49 ans, survenue à l'occasion d'un accouchement ou à la suite de couches, est estimée à environ 510 décès pour 100 000 naissances vivantes (Inseed, 2007).

La région du Mandoul a toujours connu des mouvements de population variables d'une année à l'autre. En effet, jusqu'à une quinzaine d'années après les indépendances, l'importance de la migration était réelle tant elle gagnait en intensité. De 1960 à 1976, on est passé du simple au double en effectifs de migrants; cependant, le solde migratoire a toujours été négatif quelle que soit la période concernée. A partir de 1976, on constate une baisse en intensité du phénomène. La deuxième composante de la croissance de la population est la migration nette. Les migrants sont relativement moins nombreux.

L'intensité de la migration mesurée par le nombre des migrants dans la population totale n'est pas très élevée. En effet, au recensement de 1993, 20 % de la population sédentaire ont changé au moins une fois de localité de naissance. Autrement dit, 80 % de la population de la localité n'ont jamais changé de résidence. Ce qui attache la population fortement à sa terre ancestrale. Plusieurs raisons expliquent la faiblesse de la migration dans la région du Mandoul.

L'insuffisance de bons moyens de communication limite les relations entre les différentes localités de la région et entre la région du Mandoul et d'autres régions du pays. Ensuite, les caractéristiques socio-économiques du Mandoul peuvent expliquer le faible niveau de mobilité des populations. Presque 80 % de la population est constituée des ruraux et 83 % de la population active occupée sont des actifs agricoles. L'analphabétisme et le faible niveau de scolarisation primaire et secondaire peuvent être des facteurs limitant la mobilité résidentielle de la population. Le canton Péni (Bediondo) où les jeunes désertent très tôt les villages pour les grands centres à la recherche d'une vie meilleure est une exception.

Malheureusement, ceux-ci finissent la plupart de leur aventure en prison pour les jeunes garçons et avec des grossesses non désirées pour les jeunes filles. Cette situation globale cache d'importantes particularités régionales. Il y a des localités à forte émigration comme les sous préfecture de Bediondo (37,8 %) et Goundi (34,4 %) où sur 100 originaires, au moins 34 ont changé de sous préfecture de naissance. Les sous préfectures à faible mobilité sont celles de Moïssala, Dembo, Bekamba et Bedaya.

1.2.7.4. Les mauvaises pratiques agro-pastorales

L'agriculture itinérante sur brûlis est caractérisée par un « système agricole dans lequel sont défrichés par le feu et cultivés pendant un période brève pour être ensuite mis en jachère, (Delclaux et al., 2008). L'agriculture de la région est dominée par cette pratique ancestrale. Toutefois, les cultures irriguées, prennent de plus en plus de l'essor. Globalement, le sous secteur se caractérise par sa faible performance économique, c'est-à-dire sa faible capacité à accroître les revenus des producteurs.

1.2.8. Contexte d'une agriculture itinérante

L'agriculture itinérante est un système d'utilisation des terres qui a résisté à l'épreuve du temps et reste la base du système traditionnel au Mandoul. Elle est la principale activité de la région. Beaucoup de paysans de la localité comme un peu partout dans le pays pratiquent une agriculture extensive : les agriculteurs défrichent les champs dans diverses parties fertiles de la brousse ; un champ récemment défriché est généralement cultivé successivement pendant quatre à cinq ans et parfois même six à sept ans. Et au fur et à mesure que la fertilité des champs diminue, l'agriculteur défriche chaque année un petit lopin de terrain à l'extrémité de son champ pour le mettre en valeur (nomadisme cultural).

1.2.9 Cultures vivrières

L'essentiel de l'activité agricole est consacré à la céréaliculture pour satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Les sociétés vivent dans un contexte économique très peu ouvert aux échanges des produits alimentaires. Le problème de stockage et de gestion des réserves de céréales se pose sérieusement. Aussi a-t on pu désigner ces civilisations de savanes soudaniennes comme étant des « civilisations des greniers ». Les cultures vivrières dominantes sont : les Sorghos, les mils chandelles, l'arachide, le maïs, le pois de terre, les haricots, le sésame et le manioc.

Le Sorgho rouge précoce (Sorghum caudatum), donne un rendement estimé à 700kg/ ha. Il a un cycle très court (plus ou moins 90 jours). Sa récolte met fin à la disette de soudure. Le maïs (Zea mays) est souvent associé aux sorghos précoces dans le même but. Le Sorgho rouge ou blanc à cycle long est la base de l'alimentation : boule et alcool indigène. Ils appartiennent à de nombreuses familles (Sorghum caudatum, Sorghum guineense, Sorghum elegans, Sorghum notabile, Sorghum membranaceum).

Les mils chandelles ou pénicillaires (Pennicetum thypoidum) sont beaucoup plus cultivés par les éleveurs sédentarisés. Quant aux agriculteurs autochtones, cette culture est souvent source de conflit au moment des semis. Le pois des terre (Voandzeia subterranea) est cultivé par les agriculteurs de renommée appelés « Brakoss » dans le milieu saramadjingay.

Le manioc (Manihot ulilissima) est introduit dans la région à partir de la République Centrafricaine (RCA). Sa culture a été encouragée autour des années 1930 à la suite d'invasions acridiennes qui avaient compromis les récoltes de céréales. Il a aussi bénéficié d'un égard particulier lors de l'introduction du coton qui concurrence la culture des céréales, base de la nourriture de la population.

Enfin, le gombo (Hibiscus esculentus) et l'oseille de guinée (Hibiscus sabdarifa), cultivés le plus souvent dans les champs de case peuvent servir de sauce. Semées dès les premières pluies ou sitôt après, ces cultures vivrières sont récoltées entre septembre- octobre. Sauf Sorgho rouge et blanc à cycle long, pois de terre et manioc qui sont récoltés tardivement.

1.2.10. Maraîchage et arboriculture fruitière

Le maraîchage est pratiqué dans le Bahr Sara et la partie Ouest du département de Mandoul-est et Ouest dans certaines zones dépressionnaires de la région comme les localités de Ndila dans le canton Beboro et Narmbanga dans le canton Koko. On note la prééminence du département de Mandoul-est qui fournit plus des ¾ de la production maraîchère et plus du quart de la production fruitière régionale avec la sous préfecture de Bedaya et ailleurs.

En ce qui concerne les spéculations maraîchères, qui sont très variées, la patate constitue la culture la plus importante en production récoltée. Elle est suivie de la tomate. Quant à l'arboriculture fruitière, pratiquée surtout dans la partie Est du département de Mandoul-est et dans tout le département du Bahr-Sara, les mangues occupent la première position avec une production moyenne annuelle de plus de 10 000 tonnes (soit plus de 85 % de la production régionale).

Viennent ensuite les agrumes et enfin les autres productions fruitières. La région de Mandoul est la seconde région productrice de fruits après celle du Logone oriental. Dans la région du Mandoul et surtout dans le département de Mandoul-ouest (cantons Péni, Nderguigui, Kaninga) les mêmes superficies sont mises en valeur plusieurs années de suite. Livrée à elle même, la terre est incapable de se protéger contre les facteurs de dégradation que sont l'érosion éolienne et pluviale.

La terre arable, dénuée de sa végétation, est lavée par les pluies et balayée par les vents au point qu'elle perd les éléments les plus fins, indispensables à sa structure et à ses richesses naturelles. Sans pour autant que la situation ne soit générale, l'effet de la croissance démographique sur les terres se fait déjà sentir dans toutes les localités de la région. Un autre élément qui permet de connaître l'impact de la croissance démographique sur les terres et par conséquent sur l'environnement est la taille des exploitations agricoles.

Depuis l'indépendance, le Tchad n'a réalisé que deux recensements agricoles (1980 et 2003) permettant de se faire une idée sur la population moyenne par exploitation agricole, les superficies moyennes par exploitation, par personne et par actif agricole. En moyenne, il y avait 5,6 personnes par exploitation agricole en 2003.

Cette moyenne varie selon les trois départements de la région. Le nombre moyen des actifs agricoles par exploitation est de 3 et varie de 1,3 dans le Bahr-Sara à 3,2 dans le département de Mandoul-est. La superficie moyenne d'une exploitation varie avec le nombre des membres du ménage. La taille d'une petite exploitation gérée par une personne est 120 ares et augmente régulièrement avec le nombre des personnes dans le ménage.

1.2.11. Culture de coton.

Le coton a été introduit au Tchad entre 1927-1928 par le colonisateur. Il est cultivé conjointement avec le manioc qui était destiné à remplacer les cultures vivrières que les agriculteurs n'avaient pas le temps de cultiver. L'introduction de cette culture dans le sud du Tchad est un facteur décisif de mutation de l'économie et des sociétés rurales. En concurrence avec la culture vivrière, cette culture de rente est suspectée d'entrer en compétition avec les céréales et oléagineux dans la localité. Malheureusement, cette culture a appauvrit les sols rendant moins compétitive cette activité comme illustre la photo 8 ci-dessous.

A

B

Photo 8: Champ de coton

Cliché Syfia Internationale, août 2008,

Légende : A : Cotonniers mal entretenus, B : Sol pauvre et desséché.

Avec le coton, les pratiques culturales ont totalement changé, surtout dans les années 1980, où le prix du kilogramme de coton a augmenté sa valeur par rapport aux années 1970. Les planteurs trouvent dans le coton la seule source de revenu monétaire. Beaucoup d'agriculteurs se sont mis à cultiver davantage le coton pour se procurer du matériel agricole, malheureusement, cette culture a fini par appauvrir les sols qui rendent improductives les plantes comme on le voit sur le point A de la photo 8.

De nos jours, cette culture fait face à plusieurs problèmes (enlèvement du coton, retard dans le payement, destruction des champs par les animaux) et ne génère que de faibles revenus aux paysans qui l'abandonnent progressivement au profit d'arachide et d'autres cultures compte tenu de la pauvreté des sols comme illustre le point B de la photo 8 (Ngamine, 1997).

1.3. Les contraintes naturelles de productions.

L'activité agropastorale occupe environ 80 % de la population totale du Tchad, et en cas de sécheresse, les deux activités en subissent les contrecoups. Selon Bokonon (1997), les têtes de bétail de la région sont estimées à plus de 500 000 sur les 800 000 que compte la zone soudanienne. Une étude faite sur les pâturages de la région relève qu'il y a possibilité de paître 150 000 têtes de bétail sans que cela ne pose problème majeur.

1.3.1. Contraintes de l'agriculture liées à la variabilité climatique

L'agriculture de la région est soumise à plusieurs contraintes d'ordre physique, biologique et socioéconomique liées à la variabilité climatique. Ces différentes contraintes entravent l'essor économique de la région en créant l'insécurité alimentaire. Il s'agit entre autres de :

v Contraintes physiques

Les contraintes physiques sont liées au climat, à la nature du sol, à la végétation et au relief de la région du Mandoul.

Ø Contraintes climatiques

- L'impossibilité de prévoir les périodes de sécheresse et d'inondation ;

- La mauvaise répartition des pluies dans le temps et dans l'espace entraînant parfois des poches d'inondation ou d'insuffisance pluviométrique ;

- Manque de prévision quant au début, à la durée et à l'intensité des pluies ;

- La température élevée pour certaines cultures et certains processus biologiques comme la fixation de l'azote ;

- La sécheresse intervenue souvent entre juin et début juillet.

Ø Contraintes pédologiques

- Les sols qui sont sujets à un lessivage intense et très exposé à l'érosion en cas de pluies torrentielles ;

- Les sols sujets à des carences multiples en nutriments et à des toxicités variées en cultures permanentes ;

v Contraintes biologiques

- Des chenilles légionnaires qui profitent du manque de précipitation pour commettre des dégâts sur les jeunes plantes (sorgho et mil) pendant la phase de germination et plantule ;

- Des sautereaux qui détruisent les plantes issues des derniers semis de sorgho, pénicillaires, maïs et surtout de riz ;

- Des pucerons qui commettent aussi des dégâts sur le sorgho précoce au stade de montaison- floraison- formation de graines ;

- Du striga (Striga hermonica) dans les parcelles de sorgho, de mil, et de maïs ;

- Des oiseaux granivores dont leur présence est massive au moment des semis et à la fructification des céréales ;

- Des éleveurs transhumants en période de semis et au moment des récoltes : divagations d'animaux avec comme conséquence, la réduction des surfaces semées et récoltées.

v Contraintes socio-économiques

- Faible superficie des exploitations ;

- Régime foncier complexe entrainant fréquemment des conflits entre agriculteurs et éleveurs ;

- Service de vulgarisation insuffisant ;

- Analphabétisme et superstition entravant parfois le processus d'adoption de nouvelles techniques ;

- Moyens de transport insuffisants ;

- Manque d'organisation agricole efficace et d'influence politique.

1.3.2.. Synthèse des unités d'occupation des sols

Au total dans la région, huit classes d'unités d'occupation des sols ont été établies sur la base de la Nomenclature Nationale d'Occupation des Sols (NOS). Le point A du cliché situe le cours d'eau de la vallée du Mandoul, le point B, le principal cours d'eau de la région et le point C, l'axe reliant les villes principales de la région.

D

C

B

A

Cliché 9: L'occupation des sols en 2008

Légende : A : lit du Mandoul sur fonds satelittaire, B : lit du fleuve Barh Sara, C : l'axe principal reliant les villes de la région, D: surfaces dénudées.

- les terrains rocheux sont remarquables sur les images satellitaires par leur couleur gris foncée, d'une part et leur morphologie d'autre part. Leur forme massive et élevée permet de les distinguer des autres unités.

- les surfaces dénudées sont reconnaissables sur l'image satellitaire précédente par leur couleur variant entre le bleu pâle et le cyan, on les rencontre majoritairement sur sols sableux, mais aussi au niveau des bas-fonds et cuvettes. Sur les photos Corona, elles apparaissent sous une couleur un peu blanchâtre.

- les dunes vives sont des unités facilement identifiables à cause de leur forte réflectance sur cette image,  elle parait sous une couleur blanche tirant parfois vers le jaune. Sur le terrain, elle est localisée exclusivement sur sol sableux, où les activités humaines sont très intenses : villages, points d'eau, abords des cuvettes et bas-fond.

- les zones de cultures sur l'image se remarquent par leur formes géométriques continuent, caractéristiques des exploitations champêtres extensives. Cependant, sur les imageries satellitaires, elles ont une couleur beige à jaune clair, pour les champs cultivés, et marron pour les jachères. Ce type d'unité se rencontre sur le terrain sur sol sableux et argilo-sableux des terres dunaires, bas-fonds et abords des cuvettes.

- la savane herbeuse se reconnait sur les images satellitaires par sa couleur allant du vert sapin, au vert jaunâtre et orange. Elle correspond à une plage d'unité de paysage de couleur légèrement sombre. La savane herbeuse se rencontre sur toutes les unités paysagiques, à l'exception des terrains rocheux où les conditions édaphiques ne le permettent pas.

- la savane arbustive se distingue sur les images par sa couleur verte et jaune (Leptadenia) et jaune et verte, mais aussi par les taches rougeâtres C'est la zone de pâturage par excellence du fait du tapis herbacé qui couvre le sol.

- la savane arborée apparait sous une couleur allant du marron au brun ou du rouge au rouge vif. Rencontrée généralement dans les bas-fonds, les cuvettes et les dépressions, elle se compose de ligneux sous lesquels s'étale un tapis herbacé.

- les cordons ripicoles sont remarquables par leur forme linéaire plus ou moins étroite, parfois sinusoïdale, selon l'allure des cours d'eau dont ils sont tributaires, sur l'image, leur couleur apparait rouge foncée, caractéristique d'une forte concentration de la végétation. La forte présence de la végétation apparait sous une couleur sombre.

La superficie de chaque unité, ainsi que sa proportion par rapport à la superficie totale de la zone d'étude a été estimée dans le Tableau 3.

Tableau 3 : Superficie d'unités d'occupation des sols en 1964

Unités d'occupation des sols 1964

Superficie (ha)

Pourcentage par rapport a la superficie totale du secteur d'étude (%)

Terrain rocheux

17525

7,20

Surfaces dénudées

2132

0,88

Dunes vives

18

0,01

Savane herbeuse

17106

7,03

Savane arbustive

157405

64,72

Savane arborée

12459

5,12

Cordons ripicoles

1344

0,55

Zone de cultures

35235

14,49

Total

243224

100%

Source : ONDR, 2009

L'analyse des statistiques du tableau 3 révèle, qu'en 1964 :

- Les surfaces dénudées et les dunes vives occupent respectivement 0,88 % et 0,01 % de la superficie totale. Ces unités, apparaissant de façon très ponctuelle sont observées particulièrement aux alentours des habitats humains, mais aussi de quelques cuvettes, bas-fonds et des terres dunaires exploitées. Quant aux terrains rocheux, ils couvrent 7,20 % de la zone d'étude.

- Les zones de cultures, avec 14,49 % de la superficie du secteur d'étude, sont localisées au niveau des bas-fonds, des espaces dunaires, aux alentours des villages, en contrebas des collines et dans certaines cuvettes.

- La savane arbustive occupe la plus forte proportion, avec environ 64,72 % et se rencontre surtout sur sols argilo sableux, mais aussi sur ceux sablo-limoneux ou argileux des bas-fonds et cuvettes.

- La savane arborée, localisée généralement dans les bas-fonds et cuvette, mais aussi en peuplement dense par endroit, sur les espaces dunaires, représente 5,12 % de l'ensemble de la zone en étude.

- Les cordons ripicoles ont une superficie estimée à 0,55 % et sont spécifiquement dans les bas-fonds. La savane herbeuse avec 6,57 % du secteur d'étude, se rencontre en plage continue sur les espaces dunaires (par endroit) et ceux des bas-fonds, mais aussi s'étale sous forme de tapis végétale sous les formations arbustives et arborée.

1.3.3. Changements intervenus au sein de la savane arborée entre 1960 et 2009.

La savane arborée a subi d'importantes mutations au cours de la période 1960 à 2009. Sa superficie, qui représentait 5,12 % de la superficie totale du secteur d'étude en 1960 est passée a 6,26 % en 1986, puis 6,99 % en 1994, avant d'atteindre 7,25 % en 2009. De même, des transformations, en unités dérivées ont été observées en son sein. Ainsi, entre 1960 et 1986, 3 % de la savane arborée s'est transformée en savane arbustive, 2 % en savane herbeuse, 8 % en surfaces dénudées, et 10 % en zones de cultures.

Entre 1986-1994 et 1994-2009, les unités dérivées restent toujours les mêmes, avec des pourcentages variables entre les périodes d'observation. Les changements les plus sensibles ont concerné les zones de cultures, qui passent de 10 % entre 1960-1986 à 26 % entre 1986-1994, alors que les surfaces dénudées ont diminué, passant de 8 % en 1960-1986 à 5 % entre 1986-1994. Aussi, la transformation en savane arbustive, qui représentait 3 % en 1960-1986 a progressé à 14 % entre 1986-1994 avant de régresser à 6 % entre 1994-2009 (ITRAD 2009).

1.3.4. Changements intervenus au sein de la savane arbustive

D'importantes modifications ont été enregistrées au sein de cette formation. Ainsi, sa superficie initiale qui représentait 64,72 % de celle de la zone étudiée en 1960 a progressé à 66,99 % en 1986, avant de régresser à 55,16 % en 1994, puis 39,22 % en 2009.

Les principales unités dérivées de la transformation de la savane arbustive, entre 1964 et 2007 sont, la savane arbustive, qui représente 11 % entre 1960-1986, 13 % entre 1986-1994, et enfin 10 % entre 1994-2009. Autres unités dérivant du changement, on peut citer les zones de cultures, qui passent de 22 % entre 1960-1986 à 30 % entre 1994-2007, la savane herbeuse, qui régresse entre 1960-1986 et 1986-1994, passant respectivement de 4 % a 2 %, mais aussi les surfaces dénudées qui progressent tout au long de la période d'observation.

Quant aux cordons ripicoles, ils ont augmenté en pourcentage, en termes de modification entre 1960 et 2009. Leurs superficies sont passées de 2 % entre 1960-1986 à 3 % entre 1986-1994, puis 4 % entre 1994-2009.

1.3.5. Changements intervenus dans la savane herbeuse entre 1960 et 2009

La savane herbeuse, qui représentait 7,03 % de la superficie totale en 1960 a régressé à 2,57 % en 1986, puis 1,79 % en 1994 avant de chuter à 1,18 % en 2009. De 1964 à 2009, celle-ci a subi des modifications, notamment sa transformation en d'autres unités d'occupation des sols. Ainsi, entre 1960-1986, 17 % de sa superficie ont dérivé en zones de culture, 1 % en cordon ripicole, 6 % en surfaces dénudées et 66 % en savane arbustive. La dégradation a commencé à prendre de l'ampleur entre 1986 et 1994, avec 9 % de surfaces dénudées. Entre 1986 et 1994, on remarque une conversion en savane arborée, avec 5 % de sa superficie, alors que la savane arbustive se réduit a 21 %, avant de progresser à 40 % entre 1986 et 1994. Entre 1994 et 2009, seulement 34 % de sa superficie de la savane herbeuse sont restés sans changement.

1.3.6. Changements intervenus au sein des cordons ripicoles entre 1960 et 2009

Les cordons ripicoles : les changements spécifiques intervenus entre 1960 et 1986 ont concerné les zones de cultures avec 14 %, la savane arborée, 18 %, la savane arbustive, 3 %, la savane herbeuse, 2 %. Par contre, entre 1986 et 1994, les unités dérivées sont végétales, avec savane arborée qui représente, 18 % de sa superficie, la savane arbustive, 17 % et enfin la savane herbeuse qui couvre 2 %.

De 1994 à 2009, en plus des unités issues de la dynamique entre 1986 et 1994, les zones de cultures, réapparaissent, couvrant jusqu'à 18 % de la superficie des cordons ripicoles durant cette période d'observation, alors que 71 % ont affiché une résilience vis avis de la dynamique intervenue.

1.3.7. Changements intervenus au sein des zones de cultures entre 1960 et 2009

Les superficies occupées par les zones de cultures se sont considérablement accrues entre 1960 et 2009. Ainsi, de 14,49 % de la superficie totale du secteur d'étude en 1960, elles progressent à 15,28 % en 1986, 27,09 % en 1994 et 42,05 % en 2009.

Entre 1964 et 1986, les changements ayant eu lieu ont conduit à la transformation de cette unité d'occupation des sols d'autres, dont la savane arbustive, 6 %, la savane arborée, 10% et la savane herbeuse, 20 %. De 1986 à 1994, les unités dérivées sont la savane arbustive, 24 % et les surfaces dénudées qui couvrent 12 %, tandis qu'entre 1994 et 2009, elles ont maintenu 78 % de leur superficie. Seuls 8 % se sont transformés en savane arbustive, et 14 % en surfaces dénudées.

1.3.8.. Changements intervenus sur les surfaces dénudées entre 1960 et 2009

Entre 1960 et 1986, les surfaces dénudées ont conservé 11 % de leur superficie inchangés, les unités dérivées étant la savane arbustive, 20%, la savane arborée 2 %, et les zones de cultures, 27 %. Toutefois, de 1986 à1994, la dégradation accentuée du milieu conduit à la transformation de cette unité sur 27 % de sa superficie initiale. Cependant, durant la période allant de 1994 à 2009, bien qu'ayant affiché une résilience sur 61 % de leur superficie, les surfaces dénudées ont connu une modification en savane arbustive sur 13 %.

1.4. Contraintes de l'élevage liées à la variabilité climatique

Autrefois, au sud du Tchad, le parallèle 9° N semble marquer la limite extrême des possibilités d'élevage de gros bétail. En dessous de cette limite marquée par la ligne passant par Pala-Kélo-Laï, la présence des glossines vecteurs de la trypanosomiase ou maladie de sommeil interdit toute extension du domaine de l'élevage bovin. Cette situation fait que la zone soudanienne tchadienne, en dehors du Mayo-Kebbi est restée longtemps peu fréquentée par les éleveurs nomades.

La population autochtone elle, ne s'intéresse qu'à l'élevage de petits ruminants dont les chèvres constituent le gros lot. Ainsi, jusqu'aux années 1970, l'élevage bovin a été beaucoup plus consacré dans la zone sahélienne (Batha, Chari Baguirmi, Kanem et Ouaddaï). L'ensemble du cheptel de cette zone est estimé à 4,5 millions de têtes contre 500 000 têtes au sud, Boko (2005). Dès 1970, on a constaté un déplacement des éleveurs nomades du Batha et du Ouaddaï vers le Salamat jusqu'à la frontière centrafricaine. La détérioration des précipitations depuis une trentaine d'années au sahel a considérablement bouleversé les conditions climatiques (basculement des isohyètes vers le sud) et a affecté la zone soudanienne d'où la région du Mandoul. C'est ainsi que les éleveurs nomades qui, autrefois ne pratiquaient que la transhumance, passent du mode de vie nomade au mode de vie sédentaire d'un côté, et de l'autre, certains agriculteurs, pour le besoin de la culture attelée constituent un petit noyau de troupeaux bovins sédentaires.

C'est dans ces conditions que les deux communautés vont mener une concurrence pour l'exploitation de l'espace. Ce qui engendre régulièrement des conflits d'usage très brûlant, parfois meurtriers. Le point A de la photo 10 illustre ce phénomène créé par l'élagage d'un arbre par un éleveur.

A

Cliché Tambaye Fidèle, Koumougo, mars 2008.

Photo 10: Elagage sévère d'un Parkia biglobosa

1.4.1. L'élevage chez les sédentaires

L'histoire de l'élevage dans le sud du Tchad en général est plus complexe. Autrefois, il existait une ancienne tradition d'élevage des ovins et équins dans le milieu Sara. On élevait des races locales de chevaux résistantes à la trypanosomiase. Ces chevaux jouaient un rôle très important dans la société, notamment comme instrument de prestige.

La carte de la maladie de sommeil établie d'après les informations des services de santé de l'AEF donne une bonne image de la répartition des sites les plus infectés dans les années 1930. La limite nord de la glossine est toujours située au nord du 10ème parallèle. Le Chari apparaît comme une frontière. Sa rive droite est exempte de trypanosomiase, tandis que l'interfluve Chari- Logone est touché par les mouches Tsé-tsé. 

Dans les années 1950, une nouvelle situation d'élevage s'installe dans la zone : le développement de troupeaux villageois. Les bovins sont en principe utilisés pour la traction animale. En outre, la population élève de petits troupeaux de moutons, de chèvres, de porcs et de la volaille. Ces différentes formes d'élevage sont pratiquées de manière très extensive. Les animaux disposent rarement d'un logement convenable. La journée, ils sont laissés en divagation, souvent sans gardiens, pour trouver leur alimentation.

Les conséquences de ces mauvaises pratiques d'élevage sont la faiblesse de productivité des troupeaux (fécondité et croissance), les pertes massives suite aux épidémies et des conflits avec les autres cultivateurs. Ces types d'élevage ont souvent un rôle d'épargne et de prestige. Les animaux ne sont vendus qu'en cas de besoins pressants (deuil, mariage, scolarité des enfants, impôts, amendes, frais médicaux etc.). Ce qui intéresse avant tout l'agro éleveur, c'est d'avoir un grand nombre d'animaux. Pourtant la vente régulière de volaille, de porcs ou de petits ruminants peut représenter une source de revenus.

1.4.2. Elevage et culture attelée chez les agropasteurs

Introduite peu avant l'indépendance du pays dans le but d'accroître la production du coton, la diffusion de la culture attelée constitue un des enjeux des efforts de l'encadrement agricole. Elle a encouragé les paysans à agrandir les champs aussi bien de coton que des cultures vivrières. Elle a aussi permis aux producteurs d'augmenter leurs productions et leurs revenus. Cette innovation est en premier lieu l'oeuvre du Bureau pour le développement de la production agricole (BDPA) qui a permis à plusieurs ménages de constituer les têtes de boeufs d'attelage à partir de 1957.

Elle s'effectue d'abord dans les zones inondables, les vastes plaines herbeuses fournissant en abondance le fourrage nécessaire à l'alimentation du bétail en saison sèche. Elle sera ensuite relayée par l'Office National de Développement Rural (ONDR), grâce aux politiques de crédits mises en place par le Secteur de Modernisation Agricole (SMA), puis dans le cadre de l'opération du Mandoul (1967-1973). Les campagnes d'éradication de la trypanosomiase contribuent progressivement, avec l'assèchement relatif du climat et l'extension des superficies cultivées au détriment des espaces de forêts, à améliorer les conditions sanitaires de cet élevage.

Malgré des débuts difficiles et des taux de mortalité du bétail initialement élevés, du fait de l'ignorance qu'ont les agriculteurs des techniques d'élevage, le cheptel villageois augmente régulièrement. Disons que la mise en valeur des terres agricoles autour des villages grâce à la culture attelée réduit les espaces libres jadis dévolus aux pâturages, aux aires de stationnement et de couloirs de transhumance pour le bétail. Cela engendre des conflits entre agriculteurs-éleveurs (photo 11).

Photo 11: Troupeau de bétail dans un champ de sorgho

Cliché Tambaye Fidèle, septembre 2009

Les premiers cas d'apparition des femelles reproductrices qui remontent aux années 1980 constituent le point de départ. Ce phénomène a abouti à la constitution de véritables troupeaux par les populations autochtones qui n'avaient pas de tradition d'élevage. Autrefois, le paysan qui dispose d'une simple paire de boeufs pour la culture attelée ne peut donc pas être considéré comme un éleveur à proprement parler.

Il remplace le boeuf qui meurt en achetant une nouvelle tête au marché. L'amorce de cette constitution marque un changement au plan sociologique, dans la mesure où elle accélère en même temps une accumulation individuelle. Dans la région du Mandoul, plusieurs planteurs possèdent des trains de cultures, des charrettes, des mains d'oeuvre agricoles. La majorité des cultivateurs interrogés a constitué un troupeau au début des années 1990, dans un contexte pourtant caractérisé par une crise de la filière de coton.

1.4.3. Elevage chez les transhumants et nomades

Elevage extensif : Les éleveurs transhumants et nomades établis dans la région du Mandoul présentent une certaine diversité, tant du point de vue ethnique. Il est difficile de connaître avec précision les effectifs du cheptel d'autant plus que depuis 1976, aucun recensement général du bétail n'a été effectué. Ces pasteurs pratiquent un élevage extensif basé sur la transhumance.

B

A

Photo 12: Troupeau de transhumance

Cliché Siadmadji, Doro, Mars 2010, Légende : A : Bétail en transhumance, B : Sol nu lié à la surcharge pastorale.

La photo 12 illustre ainsi le déplacement des troupeaux de la région sur de longue distance durant la saison sèche à la recherche de l'eau et du pâturage (voir point A). Ces déplacements exposent les éleveurs à plusieurs conflits communautaires, généralement entre eux autour des points d'eau et avec les agriculteurs dans les champs.

Dans notre zone d'étude, l'effectif du bétail ne cesse d'augmenter si bien qu'on assiste à une surcharge pastorale avec comme conséquence la surexploitation des ressources nutritives (point B). Ce phénomène ne s'explique pas forcement par le développement de l'agro-élevage des sédentaires, mais aussi par l'arrivée massive d'éleveurs sédentarisés à des degrés divers. Les facteurs les plus importants déterminant les mobilités de ces éleveurs peuvent se résumer à deux éléments essentiels qui sont le pâturage et l'eau.

Pour les pâturages, la localisation est un facteur très important déterminant l'exploitation plus ou moins intense de ces derniers. Pour ce qui est de l'eau, les transhumants ont une grande préférence pour les eaux de surface formées par les cours d'eau et les mares. L'abreuvement des animaux à partir des puits est fonction de la taille des troupeaux.

Elevage «impersonnel» : Il s'agit d'un nouveau mode de production animale né dans la zone avec les douloureux événements (guerre civile, sécheresse, rébellions) qu'a connu le Tchad. En effet, au cours des sécheresses des années 1970 et 1980, la plupart des éleveurs sahéliens ont vu leurs cheptels décimés. Certains éleveurs deviennent des bouviers au service des autorités administratives et militaires, des commerçants et même des fonctionnaires de l'Etat. Pour assurer la sécurité du bétail dont ils ont la charge et leur propre sécurité, ces éleveurs «impersonnels» sont dotés des armes à feu fournis par les employeurs. A partir de 1984, les autorités de l'époque ont procédé à la mise en place d'un personnel administratif et militaire ayant une bonne connaissance de la pratique d'élevage. Ces «nouveaux» administrateurs et surtout les chefs de brigades ont acquis eux- mêmes des troupeaux dont ils confient la garde aux bergers armés jouissant d'une totale impunité. Ces derniers n'hésitent pas un seul instant de mettre les boeufs dans les champs des paysans qu'ils soient récoltés ou pas.

1.4.4. Un couloir de transhumance et une zone d'élevage par excellence

Dans notre zone d'étude, l'élevage bovin est avec l'agriculture une activité importante. Elle est surtout pratiquée sur les 2/3 de la superficie de la région. Du point de vue de l'importance du cheptel, elle est la quatrième région qui abrite le plus grand marché de bétail du pays. Des axes de transhumance s'observent dans la région. En plus du cheptel résident, chaque année de très nombreux éleveurs et leurs troupeaux en provenance des régions limitrophes séjournent plusieurs semaines dans la région à la recherche de pâturages ou en traversant la région d'un bout à l'autre pour atteindre d'autres localités du pays dans le cadre de la grande transhumance.

1.4.5. La grande transhumance

Elle est surtout mise en oeuvre par des Peuls. Ces éleveurs se caractérisent par une grande mobilité des hommes et de leurs troupeaux. Ils effectuent plusieurs centaines de kilomètres dans l'année. Les troupeaux sont majoritairement composés des bovins, ovins, et des ânes. Leur déplacement est marqué par deux périodes conflictuelles au cours de l'année avec les populations sédentaires locales.

Le début de la saison des pluies et surtout la fin de saison des pluies, fin septembre et début octobre. Durant cette période, les éleveurs repartent au sud dans leurs terroirs d'attache où les récoltes des semis hâtifs du mil sont terminées. Durant leur séjour dans la zone ils bénéficient des droits d'usage des tiers sur les mares et les pâturages.

1.4.6. La transhumance moyenne

Elle est pratiquée par des éleveurs Dakras, ayant leurs terroirs d'attache dans le Mandoul. Ils élèvent surtout les bovins associés à des petits ruminants et des ânes. Certains d'entre eux pratiquent l'agriculture de subsistance sur leurs sites d'attache. Ils transhument en saison des pluies. En début de saison sèche, quand les mares temporaires tarissent sur leur parcours, ils regagnent leurs sites initiaux dans les vallées affluentes. Puis en saison sèche chaude, ils rejoignent la zone agropastorale autour des zones de puisards, les puits traditionnels, les puits cimentés profonds et les forages villageois.

Globalement pour ces transhumances moyennes, la période critique se situe à la descente en fin de la saison des pluies. Pendant cette période, les mares sont asséchées dans la zone pastorale, les couloirs de passage et les espaces de stationnement des animaux sont annexés par les champs, les terres de pâturage sont déficientes et les champs non libérés exigent une forte surveillance des animaux. Tout cela se traduit inévitablement par des dégâts nocturnes.

Conclusion

D'une manière générale, la région du Mandoul, de par sa situation géographique, fait partie des écosystèmes les plus riches du Tchad. Cependant, à l'instar des autres régions de la zone soudanienne, l'environnement naturel est depuis plus de trois décennies marqué par d'importantes mutations sociales et agro-écologiques telles que : l'insécurité alimentaire, la dynamique des agrosystèmes, les modifications locales induites par les flux migratoires, la faible productivité, l'érosion des sols, la transhumance, etc.

Ces différentes transformations du milieu suscitent des interrogations sur la gestion des ressources naturelles, la durabilité des systèmes de production, les relations entre le climat et la dégradation de l'environnement.

L'accentuation de la fragilité de cette région s'inscrit dans le contexte de la variabilité climatique et de la précarité des conditions socio-économiques des populations qui, face à la pauvreté, n'accordent pratiquement pas d'intérêt aux discours écologiques. L'action anthropique s'exerce notamment par l'exploitation des forêts, les pratiques pastorales et la culture attelée. L'ensemble de ces pressions humaines, conjuguées à la péjoration pluviométrique sur une zone déjà écologiquement fragile, accélère le processus de dégradation de l'environnement. C'est pourquoi, nous allons voir dans le deuxième chapitre l'analyse de l'évolution de la variabilité climatique et les tendances qu'on peut y détecter au cours de la période 1960-2009.

CHAPITRE II : VARIABILITE CLIMATIQUE INTERVENUE DANS LA REGION DU MANDOUL ENTRE JANVIER 1960 ET DECEMBRE 2009

Introduction :

Nous nous proposons dans ce deuxième chapitre de faire une étude de la variabilité climatique intervenue dans la région du Mandoul, à travers les stations pluviométriques de Koumra, Sarh, Doba, Moundou, Ndjamena et de Bekamba au cours de la période allant de 1960 à 2009. Les données de la station de Koumra utilisées dans cette études sont plus fiables et seront comparées aux données des stations des régions voisines comme Doba, Sarh ; Moundou et N'djamena. Les données de Bekamba seront purement laissées à cause du manque de leur fiabilité.

La variabilité pluviométrique et thermique fait référence aux fluctuations des valeurs de précipitations et des températures autour de la moyenne. D'après Houndénou et al. (1999), elle se caractérise non seulement par les irrégularités d'un mois sur l'autre, d'une saison ou d'une année sur l'autre, mais aussi par des irrégularités par rapport à la normale des cumuls à différentes échelles notamment mensuelle, saisonnière, interannuelle, etc.

2.1. Une crise climatique aux conséquences multiformes

De par son influence, le climat reste une composante essentielle des milieux naturels à travers une série de paramètres dont nous n'aborderons que les précipitations et les températures qui sont des éléments essentiels pour déterminer le climat tropical. L'objectif recherché est de relier ces deux paramètres climatiques avec les transformations intervenues dans la région au cours des cinquante dernières années.

2.1.1. Variation mensuelle des valeurs thermiques

L'évolution des températures dans la région du Mandoul suit la saisonnalité climatique. Elle est en effet animée par l'existence de deux régimes thermiques marquant ainsi deux périodes :

· Une période chaude au cours de laquelle les températures sont supérieures à 30°C. Elles sont enregistrées entre les mois d'avril et de juin ;

· Une période plus fraîche où les températures de l'ordre de 25°C sont enregistrées entre les mois de Décembre et janvier.

L'exploitation des données thermiques de la station de Koumra relevées dans le tableau en annexe nous a permis de distinguer deux types de saisons. Au regard de ces données, il se dégage que les moyennes mensuelles varient suivant les années. Ces moyennes dissimulent les fortes variations thermiques entre les maxima et les minima. Les maxima peuvent atteindre respectivement 39°C et 41°C tandis que les minima peuvent aller jusqu'à 22°C pour la même période (1960-2009). Les maxima et les minima pour les vingt dernières années sont respectivement de 41°C et de 11°C (DREM 2010).

Pendant la saison pluvieuse, les températures bénéficient de l'effet combiné des pluies, de la couverture nuageuse et de l'humidité de l'air entraînant une baisse de température observée entre juillet et septembre pour les deux stations. Pendant la saison sèche, les températures sont soumises à l'influence de l'harmattan provoquant de forte chaleur étouffante et des vents violents.

En effet, ces vents chauds et secs interviennent au moment où les valeurs de l'insolation sont plus élevées. D'une manière générale, les températures agissent sur l'évaporation ce qui peut accentuer le déficit hydrique qui à son tour agit sur les activités pratiquées, provoquant ainsi une baisse de la productivité et, par conséquent, des rendements (Delclaux F., 2008).

2.1.2.''' Variations de la température et de l'humidité relative de l'air

''' Variations de la température de l'air : Les valeurs moyennes de la température de l'air de la période 1960-2009 consignées dans le tableau en annexe permettent de suivre l'évolution moyenne du régime thermique au niveau de la région du Mandoul. Les températures moyennes mensuelles au niveau de Koumra varient entre 23,6 °C (août) et 27,7 °C (février). Quant à celles de la station de Bekamba, elles varient entre 25,2 °C (août) et 28,5 °C (mars). Les moyennes mensuelles maximales sur le bassin s'observent en général pendant le mois de mars. Les températures sont élevées dans leur ensemble, mais varient peu au sein de l'année et d'une station à l'autre. Les variations interannuelles de la température de l'air montrent que la température de l'air connaît une hausse régulière sur toute la période 1969-2009. Au niveau de la station de Sarh, la température est restée inférieure à 25,6 °C avant 1982 et supérieure à 25,6 °C après 1982. De même, au niveau de Doba, la température de l'air est restée inférieure à 26,7 °C avant 1979 et supérieure à 26,7 °C à partir de 1979. On constate donc qu'il fait de plus en plus chaud sur l'ensemble de la région. Des valeurs supérieures à la moyenne ont été enregistrées à partir de 1973. Cette tendance a été accentuée à partir des années 1980 avec des températures supérieures à 26,8 °C en moyenne. Ces températures ont atteint les plus fortes valeurs au cours de la décennie 1990 et ne semblent pas régresser.

Figure 9 : Evolution de la température moyenne annuelle de 1960-2009

La figure 9 de cette série a presque la même allure que celle de la pluviométrie annuelle. On constate une période, notamment de 1960 à 2009, pendant laquelle les températures varient autour de la moyenne générale, 27.9 °C. La moyenne sur cette période est de 27,8°C qui est plus faible que la moyenne générale. La moyenne dans la seconde période de 2001 à 2008 est de 28.15°C. La dernière décennie est donc plus chaude. Le pic de température moyenne annuelle est observé en 2002.

Dans cette période de 2001 à 2008, la température moyenne annuelle est toujours supérieure à 28 °C. Il est évident que la température augmente réellement d'année en année. Les températures modifient également l'humidité relative agissant sur la végétation. En effet, elles régulent avec l'hygrométrie de l'air, l'évaporation et la transpiration des végétaux.

Ces deux éléments combinés agissent sur la mortalité des espèces végétales en provoquant leur assèchement. D'après les populations, jusque dans les années 60, la composition floristique était très diversifiée. A la suite des fortes années de sécheresse, beaucoup d'espèces ne pouvant résister au stress climatique, ont fini par disparaître, ce qui a rendu la végétation très transparente aujourd'hui.

Variation de l'humidité relative de l'air : L'humidité relative de l'air s'exprime en pourcentage et se définit comme le rapport de la quantité d'eau effectivement contenue dans l'air et la capacité d'absorption à une température donnée. Les humidités relatives moyennes mensuelles (1969-2009) au niveau de Koumra varient entre 52,2 % (janvier) et 82,5 % (août). Les humidités relatives moyennes mensuelles (1969-2009) oscillent entre 66,7 % (janvier) et 79,3 % (août) à la station de Sarh. L'humidité relative est généralement supérieure à 70 % et varie relativement beaucoup au cours de l'année. Cependant, on enregistre des valeurs plus élevées en moyenne dans la partie sud de la région par rapport à la partie nord.

Les variations interannuelles de l'humidité relative sur la période 1960-2000 montrent qu'à Koumra, l'humidité relative est restée excédentaire (supérieure à 72 % qui est la moyenne interannuelle) de 1968 à 1981 et déficitaire après 1982 (humidité inférieure à 72 %). Au niveau de la station de Moundou, l'humidité relative a connu une baisse de 1968 à 1983. Cette période de décroissance succède à une phase excédentaire de 1968 à 1972 (taux supérieur à 74,5 %). Depuis 1984, une tendance à la hausse de l'humidité relative est observée. Cette augmentation de l'humidité de l'air comprend une phase déficitaire (1984-1988) et une phase excédentaire (taux supérieur à 74,5 %) de 1989 à 2000. L'humidité relative a atteint le taux le plus bas en 1983 (72,7 %).

L'évolution de l'humidité dans cette zone est fortement tributaire de la saisonnalité du climat. L'humidité relative se définit comme le rapport entre la quantité de vapeur d'eau contenue dans l'air et la capacité d'absorption de cet air à une température donnée. De ce fait, elle indique la saturation de l'atmosphère en eau. Ainsi, pendant la saison des pluies, les masses d'air humides issues de la mousson soufflent et entraînent l'observation de fortes valeurs. Pendant cette période, les valeurs moyennes peuvent atteindre 79% à Koumra en août. En saison sèche, les valeurs sont tributaires de l'influence exercée par l'alizé continental et tournent autour de 39 à 44%. Le pic des maxima est atteint en septembre.

2.1.3. L'évaporation

C'est un paramètre directement lié à la température de l'air et à son pouvoir hygrométrique. Elle est rythmée par la saison. Elle est plus forte pendant la saison sèche, période où l'on enregistre les températures les plus élevées avec une humidité relativement faible (novembre/avril). Ses fortes valeurs de saison sèche s'expliquent par le fort pouvoir hygrométrique de l'air chaud et sec. Par contre, durant les périodes de basses températures correspondant avec une humidité relative de l'air assez élevée (mai/octobre), elle est faible. Cette période équivaut en effet à la saison des pluies. Les basses valeurs y sont liées à la saturation de l'air du fait de l'arrivée de la mousson. L'évaporation est d'autant plus faible que l'humidité relative est élevée (Doukpolo B., 2001). Voici le déficit pluviométrique enregistré entre 1960-2009.

Tableau 4 : Déficit pluviométrique théorique (1960-2009)

Localité

Pluviométrie annuelle (mm)

Evaporation totale

(mm)

Déficit pluviométrique

(mm)

Station de Koumra

1023

2882

1859

Station de Moundou

1072

2730

1658

Station de Doba

1121

2367

1246

Station de Sarh

1099

2432

1333

Station de N'Djamena

1044

2332

1288

Source ; ONDR de Koumra, 2009

Les fortes valeurs d'évaporation en saison sèche agissent directement sur le bilan hydrique. En comparant les moyennes annuelles des précipitations et les valeurs d'évaporation annuelle, on se rend vite compte de l'évidence. Ce déficit aux conséquences énormes va frapper de plein fouet l'économie rurale et une population déjà vulnérable.

Figure 10 : Evolution moyenne de l'humidité relative entre 1960 et 2009

On remarque que les éléments du climat n'agissent pas de façon isolée. Ils sont en interconnexion. Leurs effets ont d'une manière ou d'une autre contribué aux différents changements qui se sont opérés dans le mode de vie des paysans. Ils conditionnent l'orientation des populations vers d'autres types de ressources que leur offre la nature. Ces mutations vont nous permettre de découvrir au fil du temps différents types de rapport que l'homme, en tant qu'acteur, entretient avec la nature qu'il commande.

2.1.4. Variation mensuelle des valeurs pluviométriques

Pour étudier la variation pluviométrique de la région du Mandoul, nous allons nous servir des hauteurs moyennes des précipitations mensuelles sur les cinquante années allant de 1960 à 2009. L'étude de cette variabilité climatique sera faite à l'aide d'un ensemble de méthodes et de procédures statistiques de détection de ruptures dans les séries chronologiques. A cet effet, on a déterminé un indice annuel de la variable, défini comme une variable centrée réduite Lamb, (1982) avec par exemple: T = (Xi - X) / S

T : Total ;

Xi : valeur de la variable étudiée à l'année i ;

X : valeur moyenne interannuelle de la variable de 1960-2009 ;

S : valeur de l'écart-type de la variable étudiée sur la période 1960-2009.

Les moyennes par décennie des indices annuels ainsi calculés traduisent l'évolution dans le temps et dans l'espace de la variable étudiée tout en soulignant les années tantôt déficitaires tantôt excédentaires. Ainsi, un ensemble de méthode de détection des ruptures dans les séries chronologiques a été mise en oeuvre.

Une « rupture » peut être définie par un changement dans la loi de probabilité des variables aléatoires dont les réalisations successives définissent les séries chronologiques étudiées. Les méthodes de détection de rupture retenues ici permettent de détecter un changement dans la moyenne de la variable traitée dans les séries Lubès et al. (1994).

A l'exception de l'approche de Petitt et de la segmentation de Jouve, P., (1984), ces méthodes supposent une absence de modification de la variance de la série étudiée. En outre, elles ne sont généralement pas adaptées à la recherche de plusieurs ruptures dans une même série. La procédure de segmentation des séries chronologiques de Hubert est, quant à elle, appropriée à la recherche de multiples changements de moyenne. Elle fournit une ou plusieurs dates de ruptures.

La pluviométrie annuelle de la région du Mandoul a notablement changé au cours des cinquante dernières années comme en témoignent les données pluviométriques dressées dans le tableau en annexe. Dès la décennie 1970, la région a connu des années de sécheresse (1972-1974) qui sont signe d'un important déficit pluviométrique. Cette tendance s'est encore accentuée durant la décennie 1980 au cours de laquelle le couvert végétal a ainsi vu son régime climatique modifié, passant d'un régime tropical humide au tropical sec (Gac J., 1979).

Cette pluviométrie connaît une variabilité interannuelle. De fortes précipitations ont été enregistrées pendant l'hivernage de 2003. Les déficits sont liés à une faible translation de la mousson en latitude, occasionnant une pluviométrie réduite dans une bonne partie de la région. Les précipitations variables, ont des répercussions sur la production agricole, les ressources hydriques et végétales. Observées sur une période de huit ans allant de 2000 à 2008, avec des données malheureusement manquantes en 2006, les pluies commencent dans cette zone de mai et se terminent en novembre.

Les moyennes annuelles sont de l'ordre de 950 et 1200 mm/an. Le mois le plus arrosé de l'année est le mois d'août avec une fréquence de 400 à 500 mm/an et l'année la plus arrosée de cette période est 2003 avec un total annuel de 1220mm. Est considérée dans cette analyse comme forte pluie, une « pluie journalière de hauteur supérieure ou égale à la moitié de la hauteur de précipitation journalière atteinte une fois par an ».

2.2. Démarrage de la saison des pluies

La notion de mise en place de la mousson est à distinguer de la vision classique du démarrage de la saison des pluies. Cette dernière se fonde en effet principalement sur l'arrivée du FIT aux latitudes sahéliennes à laquelle est associée une forte convection locale, marquant ainsi les premières pluies, à la différence de la mise en place de la mousson qui caractérise l'installation de la mousson et le coeur de la saison humide. Ces différences peuvent être illustrées à travers une analyse composite fondée sur la date de démarrage de la saison des pluies telle qu'elle a été définie par les travaux d'Omotosho.

Pour déterminer une date de démarrage de la saison des pluies, on a considéré comme marqueur de la position du FIT à la latitude 15° N quatre indices atmosphériques tous basés sur la latitude 15° N et intégrés en moyenne zonale entre 10° W et 10° E :

- l'annulation du vent zonal qui marque la limite entre les vents secs en provenance du nord et les vents humides en provenance du sud ;

- un maximum de convergence traduisant cette même discontinuité intertropicale;

- un maximum de tourbillon relatif marquant l'augmentation de la circulation cyclonique liée à la dépression thermique continentale ;

- une augmentation de la vitesse du vent à 15° N traduite par le module du vent.

La même moyenne composite appliquée aux pluies montre une rupture de pente claire au moment du passage du FIT avec des pluies qui passent de presque 0 mm à t0-20 jours à près d'un millimètre 10 à 15 jours après la date de démarrage de la saison humide, que l'on a appelée t0. Sur la période 1960-2009, la date moyenne de démarrage de la saison humide est le 14 mai avec un écart type de 10 jours. Elle se situe donc environ un mois avant la date que l'on a définie comme la date de mise en place de la mousson.

2.2.1. Démarrage de la saison des pluies et mise en place de la mousson

Une analyse succincte des relations entre ces dates sur la période 1960-2009 ne montre aucune corrélation significative entre le démarrage de la saison des pluies et la mise en place de la mousson. De même, aucune relation statistique n'a pu être mise en évidence entre le démarrage ou la mise en place de la mousson et le caractère déficitaire ou excédentaire de la pluviométrie.

Bien que reposant sur une approche différente, ces résultats sont cohérents avec les travaux de Le Barbé et al. Ils ont montré que la variabilité des dates de « saut » de la ZCIT n'est pas affectée par la variabilité décennale dominée par l'opposition entre les années 1950-1960 excédentaires en pluies et les années déficitaires 1970-1990.

2. 2.2. Le mode récurrent de variabilité climatique

Pour caractériser le mode dominant, on a réalisé une analyse composite sur la période 1960-2009 en utilisant cet indice des précipitations régionales filtrées pour sélectionner des phases sèches et humides qui contribuent à plus de 30 % au cycle saisonnier. Une séquence composite moyenne est obtenue, décrivant l'évolution moyenne de l'indice intra-saisonnier pendant les phases positives de l'année considérée.

La même moyenne composite est réalisée pour les phases d'affaiblissement de la mousson. On moyenne alors séparément toutes les phases positives ensemble et toutes les phases négatives ensemble pour obtenir deux séries synthétisant l'évolution moyenne de l'indice intra-saisonnier au cours des phases de renforcement et d'atténuation de la mousson.

En moyenne sur la période 1960-2009, on observe entre juin et septembre 3,9 séquences humides et 4,5 séquences sèches. La moyenne est assez élevée puisqu'elle atteint une contribution de près 60 % au cycle saisonnier au temps t0 pour les phases de renforcement (en grisé) et montre des valeurs autour de 50 % pour les phases d'affaiblissement de la mousson.

Les structures composites positives et négatives ont une allure quasi symétrique et présentent toutes deux des anomalies assez faibles du signe opposé avant et après la date centrale t0. Les séquences sèches et humides durent 9 jours et appartiennent à une fluctuation dont la période est assez courte, autour de 15 jours. Cela atteste la forte domination de la variabilité entre 10 et 25 jours au sein de l'intra-saisonnier.

2.2.3. Modélisation de la pluviométrie

Les données journalières de pluviométrie ont été cumulées par mois. En effet, une moyenne de pluie a moins d'importance que le cumul des pluies pour un agriculteur. D'une part, les besoins en eau d'un végétal diffèrent selon le stade de son évolution. D'autre part, le cumul des précipitations renseigne sur les risques potentiels d'inondation. Le cumul des précipitations est donc plus significatif que la moyenne des précipitations. La variable modélisée est le cumul mensuel de la pluviométrie sur la période d'étude qui va de 1960 à 2009. Pour la région du Mandoul, cette figure 11 nous montre l'évolution pluviométrique moyenne mensuelle.

Figure 11: Evolution pluviométrique moyenne mensuelle de la région du Mandoul de 1960 à 2009.

Cette figure 11 nous présente les fluctuations des précipitations de la zone de notre étude qui est la région du Mandoul au sud du Tchad. Elle met en exergue l'évolution des valeurs pluviométriques mensuelles de ladite localité sur une période de cinquante ans, c'est-à-dire, de 1960-2009. Cette distribution pluviométrique est disparate et varie d'un mois à un autre d'une part, et d'une année à une autre d'autre part.

De zéro millimètre en Décembre et janvier, la hauteur des pluies atteint 315 mm en juillet 1963 et 410 mm en juillet 1980. Ainsi, on passe des mois à volume pluviométrique important comme juillet (410 mm), août (315 mm) et septembre (275 mm), et moins de 05 mm de pluies pour les mois dont la quantité des précipitations est nulle. Nous pouvons citer les mois de novembre, décembre et janvier.

2.2.4. Variation saisonnière des précipitations moyennes et températures moyennes de la station de Koumra

Le tableau 5 nous permet de présenter dans un diagramme ombrothermique de la variation saisonnière des précipitations moyennes et des températures moyennes de la station de Koumra sur la période 1960 à 2009.

Tableau 5: Précipitations et températures moyennes mensuelles

Variables/mois

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Précipitations

Moyennes

00

1,2

2,6

29,6

87,7

141,7

234

260,3

89,6

74,3

1,6

00

Températures

moyennes

30,6

30,9

38,9

41,8

41,6

38,4

35,4

32,9

35,5

38,6

36

34,1

Source : CNAR 2010

Figure 12: Diagramme ombrothermique de la région du Mandoul

Cette figure 12 représente les précipitations et les températures moyennes mensuelles de la région du Mandoul. On y observe une irrégularité dans la distribution saisonnière des valeurs pluviométriques. Ces dernières sont variables d'une saison à une autre.

2.2.5. Variation pluviométrique interannuelle

Pour faire une étude de la variation des précipitations à l'échelle interannuelle, nous allons nous servir des valeurs pluviométriques moyennes annuelles pour calculer les écarts à la moyenne interannuelle. Les résultats nous permettront d'élaborer les graphiques relatifs à l'évolution et à la déviation de ces données par rapport à la moyenne.

2.2.6. Valeurs pluviométriques moyennes annuelles entre 1960 et 2009 repartie en décennie.

Les différents tableaux et figures présentés ci- après font ressortir les différentes données pluviométriques enregistrées de 1960 à 2009 sur la station météorologique de Koumra. On y retrouve aussi les écarts des précipitations par rapport à la moyenne interannuelle qui est de 1023 mm. Ils nous permettent de voir l'évolution pluviométrique des différentes décennies.

Tableau 6: Décennie 1960-1969

Années

Précipitations annuelles

Moyenne interannuelle

Ecarts à la moyenne

1960

1249,5

1023

226,5

1961

1046,8

1023

23,8

1962

1219

1023

196

1963

1222,8

1023

199,8

1964

1215,7

1023

192,7

1965

1081,3

1023

58,3

1966

975,6

1023

-47,4

1967

1129,9

1023

106,9

1968

801,9

1023

-221,1

1969

1323,8

1023

300,8

Figure 13: Evolution pluviométrique interannuelle de la décennie 1960-1969

Selon la figure 13, la première période décennale qui s'étend de 1960 à 1969 est marquée par la prédominance des années humides. Les excédents pluviométriques sont fréquents mais modestes. Elle décrit l'évolution pluviométrique de cette décennie avec une moyenne interannuelle de 1023 mm et une moyenne décennale des précipitations de 1126,6 mm. Cette moyenne décennale dépasse largement la moyenne interannuelle répartie sur cinquante ans.

Tableau 7: Décennie 1970-1979

Années

Précipitations annuelles

Moyenne interannuelle

Ecarts à la moyenne

1970

1114,1

1023

91,1

1971

949,3

1023

-73,7

1972

895,5

1023

-127,5

1973

851,2

1023

-171,8

1974

894,4

1023

-128,6

1975

1084,2

1023

61,2

1976

1213,6

1023

190,6

1977

1215,7

1023

192,7

1978

1020,6

1023

-2,4

1979

1000,5

1023

-22,5

Figure 14: Evolution pluviométrique interannuelle de la décennie 1970-1979

La deuxième période décennale qui va de 1970 à 1979 est marquée par une sècheresse longue et sévère est observée de 1971 à 1974. On remarque une intensification du déficit pluviométrique et le début d'une phase plus sèche. On peut considérer deux phases récurrentes : la première va de 1970 à 1974. C'est une période de déficit général mais d'envergure limitée quant à l'ampleur des conséquences désastreuses. La seconde est en 1979 et atteint son paroxysme plus tard en 1983 avec une sècheresse dont la sévérité demeure historique. La moyenne de la pluviométrie interannuelle observée sur cette décennie est de 1024 mm par rapport à la décennie 1960-1969 qui est 1126,6 mm.

Tableau 8: Décennie 1980-1989

Années

Précipitations annuelles

Moyenne interannuelle

Ecarts à la moyenne

1980

1207,1

1023

184,1

1981

1092,6

1023

69,6

1982

911,7

1023

-111,3

1983

737,2

1023

-285,8

1984

790,5

1023

-235,5

1985

883,7

1023

-139,3

1986

1053,5

1023

30,5

1987

946,4

1023

-76,6

1988

1004,9

1023

-18,1

1989

770,4

1023

-252,6

Figure 15: Evolution pluviométrique interannuelle de la décennie 1980-1989

La troisième période décennale qui va de 1980 à 1989, est caractérisée par une reprise pluviométrique en 1980, puis par des successions d'années sèches de 1982 à 1985. L'année 1986 est humide suivi des années sèches en 1987, 1988 et 1989. Les 7/10 des années de la décennie sont déficitaires. Toutefois, on peut relever une persistance de faibles pluviométries annuelles au début et de fortes pluviométries à la fin. Les écarts d'indices sont assez importants.

La période sèche de 1980 à 1984 dont la moyenne pluviométrique est de 848,3 mm représente un déficit moyen de - 210,8 mm soit - 19,9% par rapport à la moyenne interannuelle. Cependant, le déficit pluviométrique est très creusé en 1983 (- 366,3mm, soit 34,6%). Cette période coïncide à la deuxième grande sècheresse qui a lourdement frappé les zones soudanaise et sahélienne au cours des quatre dernières décennies. La première étant intervenue au début des années 1970.

Tableau 9: Décennie 1990 -1999

Années

Précipitations annuelles

Moyenne interannuelle

Ecarts à la moyenne

1990

833

1023

-190

1991

1188,8

1023

165,8

1992

1002,2

1023

-20,8

1993

969

1023

-54

1994

1099,3

1023

76,3

1995

1052,8

1023

29,8

1996

1028,1

1023

5,1

1997

1163,9

1023

140,9

1998

844

1023

-179

1999

1016,8

1023

-6,2

Figure 16: Evolution pluviométrique interannuelle de la décennie 1990-1999

La quatrième période (voire figure 16) qui va de 1990 à 1999 est relativement bonne avec des précipitations normales. C'est une période très pluvieuse, qui représente un excédent moyen de 203,2 mm (soit 19,2%). C'est dans cette séquence, où l'on retrouve le maximum pluviométrique de ces 27 dernières années : 1994 avec un excédent de 386,1 mm, soit 36,4%.

Tableau 10: Décennie 2000-2009

Années

Précipitations annuelles

Moyenne interannuelle

Ecarts à la moyenne

2000

1062,5

1023

39,5

2001

1061

1023

38

2002

995,6

1023

-27,4

2003

1197,3

1023

174,3

2004

1019,9

1023

-3,1

2005

977,7

1023

-45,3

2006

990,7

1023

-32,3

2007

897,4

1023

-125,6

2008

1014,5

1023

-8,5

2009

1036,6

1023

13,6

Figure 17: Evolution pluviométrique interannuelle de la décennie 2000-2009

La dernière période qui va de 2000 à 2009 se caractérise par de bons régimes pluviométriques. La moyenne des précipitations reçues pendant cette période est de 1184,2 mm, représentant un excédent de 125,1 mm, soit 11,8% par rapport à la moyenne interannuelle. Cependant, à l'intérieur de cette séquence, on note des années moins pluvieuses: 2007 avec un excédent de 1,3 mm et 1990 (12,5 mm).

D'une manière générale, l'examen des données pluviométriques offre une assez bonne idée générale de l'évolution des précipitations au cours des années 1960-2009 dans la région du Mandoul. Elle se caractérise par une irrégularité interannuelle des pluies, qui permet de dégager une allure en dents de scie, individualisant des séquences excédentaires et des années déficitaires par rapport à la normale considérée. Les années sèches se déterminent par leur prédominance à l'exception, confirmant la crise pluviométrique signalée par de nombreux auteurs. L'importance des courts épisodes pluvieux souvent interrompus par de plus longs épisodes déficitaires sont à l'origine de la migration des isohyètes.

Les différents tableaux présentés ci-haut font ressortir les données pluviométriques enregistrées par décennie. On y trouve les écarts de précipitations par rapport à la moyenne interannuelle, qui est de 1023 mm. En dessous de chaque tableau est présentée une figure qui fait état de la variation des précipitations à l'échelle de l'année pour une série de dix ans. En se basant sur l'étude des longues séries observées, il est possible de situer la période actuelle de pluviométrie déficitaire dans une perspective historique et de mieux évaluer ainsi l'importance réelle de cette évolution climatique récente. L'information nous permet ainsi d'apprécier l'alternance des périodes sèches et humides et donc de mieux caractériser le déficit et l'excédentaire (Patrick Colin de Verdière, 1998).

Nous remarquons que sur les différentes figures, les valeurs pluviométriques oscillent entre 1323,8 et 770,4 mm, soit un écart de 553,4 mm entre le maximum et le minimum absolus des pluies enregistrées. Comme relevé précédemment, pour ce qui est des variations mensuelles et saisonnières, le comportement de ces données sur le plan annuel ne fait pas d'exception. Les pluies varient d'une année à une autre.

Ainsi, les variations observées rendent complexes les prévisions pouvant être envisagées. Car on note dans cette série un écart considérable entre le minimum et le maximum absolus des précipitations interannuelles. Ces fluctuations sont doute liées aux mouvements du Front Intertropical (FIT) ou de la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT). On peut aussi déduire des différentes figures les conclusions suivantes.

Figure 18 : Déviation pluviométrique interannuelle entre 1960 et 1969

Figure 19: Déviation pluviométrique interannuelle entre 1970 et 1979

Figure 20 : Déviation pluviométrique interannuelle entre 1980 et 1989

Figure 21 : Déviation pluviométrique interannuelle entre 1990 et 1999

Figure 22: Déviation pluviométrique interannuelle entre 2000 et 2009

Ces différentes figures 18, 19, 20, 21 et 22 laissent entrevoir la déviation des précipitations annuelles des cinq décennies de la région du Mandoul par rapport à la moyenne interannuelles de la série. Nous pouvons y apercevoir les déficits et les excédentaires pluviométriques à l'échelle de l'année.

Tableau 11 : Synthèse de séquences pluviométriques sur la station de Koumra

Années excédentaires

Années déficitaires

Années lacunaires

1960

1961

1962

1963

1964

1965

1966

1967

1969

1970

1975

1976

1988

1989

1991

1994

1968

1977

1978

1979

1980

1981

1986

1990

1992

1993
1997

1998

1999

2000

2001

2008

1971

1972

1973

1974

1982

1983

1984

1985

1987

1996

2002

2004

2005

2006

2007

2009

Le diagnostic de la variabilité pluviométrique à l'échelle mensuelle permet de distinguer trois types de comportement pluvieux  qui sont :

- Les mois à pluviométrie relativement faible :< 50 mm

- Les mois à pluviométrie intermédiaire ou modérée : de 50 à 150 mm

- Les mois à pluviométrie relativement forte : > 150 mm

Les différents seuils pluviométriques choisis font référence aux seules valeurs de l'évapotranspiration potentielle (ETP), telles que détaillées ci-dessous.

précédent sommaire suivant










Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy



"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote