WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche d'usage communautaire des principaux services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de surface de la réserve de biosphère de la basse vallée de l'Ouémé au Bénin


par Vissi Arnaud ADIKPETO
Université Senghor à Alexandrie (Egypte) - Master II / Spécialité Gestion des Aires Protégées et de la Biodiversité 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Chapitre 4 : Discussion

La RB-BVO offre une diversité de service écosystémique aux populations riveraines et celles environnantes. Les produits halieutiques pour la pêche, les terres fertiles pour l'agriculture, les franges d'eau libre pour le transport et l'exploitation de sable fluvial et lagunaire sont de loin des ressources en eau de surface les plus exploitées dans l'ensemble de la réserve. Ce constat se justifie par la disponibilité presque suffisante de ces ressources pour satisfaire les besoins économiques des populations riveraines. Le groupe ethnique « Toffin » organisé autour du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo est spécialisé dans la pêche car favorisé par la double recharge du lac et de la lagune soit par l'intrusion marine soit par les crues annuelles. Ce complexe fourni plus de 2/3 de la production halieutique des zones humides du sud du Bénin (ABE, 2005). Les échanges de flux entre les ressources en eau de surface de la réserve et le réseau hydrographique du Nigéria à l'est sont également un atout non négligeable pour la population riveraine. Plusieurs groupes ethniques en particulier « Yoruba » sont spécialisés dans les échanges commerciaux. Ils ont développé un commerce fluvial des produits pétroliers, de brasserie etc., pour alimenter les grands marchés du sud du Bénin.

Les plaines alluviales du bas et moyen delta de l'Ouémé cumulées à la plaine de la rivière Sô représentent les écorégions les plus exploitées par les populations agricoles de la réserve. Les communautés estiment que les terres fertiles de la vallée de l'Ouémé exploitées au mieux, permettront au pays d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Cependant, elles sont confrontées à des contraintes d'ordre climatique, édaphique et financière. La variabilité des sols et la bonne productivité des vivriers sont autant de facteurs qui font des deltas de l'Ouémé et de la rivière Sô, un pôle agricole du centre et du sud du Bénin. L'ethnie « Wémè » est majoritaire dans cette zone géographique, et très attaché à la fertilité des terres. Depuis quelques années, la main

39

Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021

d'oeuvre agricole est fortement concurrencée par un regain d'intérêt des femmes et des jeunes à la filière d'extraction de sable fluvial et lagunaire. C'est désormais une solution de réparation pour les groupes marginalisés dans le mode d'affectation des terres agricoles. S'agissant de la biodiversité faunique et floristiques, les exploitations sont de mieux en mieux contrôlées même si quelques velléités de criminalité environnementale sont observées. Mais depuis quelques années, l'offensive des actions de protection et de conservation des ressources naturelles ont considérablement freiné les pressions (MCVDD, 2020). Il en est de même pour l'exploitation du bois qui est limitée au ramassage et à la collecte de bois énergie, en raison du caractère sacré des résidus de forêts galeries et ripicoles, érigées en aires centrales de protection depuis la création de la RB-BVO. Il résulte des résultats de cette étude, une répartition géographique des utilisations des services écosystémiques d'approvisionnement en lien avec les principaux groupes ethniques de la réserve.

Pour bénéficier de façon optimale des services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de surface, les riverains ont développé de nouvelles techniques dites modernes. Ces techniques ont permis dans de nombreux cas d'accroitre le rendement dans plusieurs secteurs d'activités. C'est le cas de l'augmentation de la production halieutique du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo, qui est due à la pratique de plus en plus généralisée des « acadja ». Cette technique introduite, recouvre près de 40 % de la surface du complexe avec une production de 1,9 tonnes/ha/an (Lalèyé, 2006). Dans le domaine de la productivité des terres fertiles, l'utilisation des intrants chimiques agricoles a augmenté les rendements des productions dans la réserve. Cela justifie l'utilisation généralisée des produits phytosanitaires par les producteurs agricoles de la RB-BVO. Le transport par barque motorisée est aussi prisé par certains, pour son rendement financier journalier. La prédominance des techniques nouvelles ou modernes d'usage des services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de surface de la réserve est donc un choix d'accroissement des rendements de production.

Cependant, plusieurs de ces techniques génèrent des impacts sur les composantes environnementales de la réserve. En considération des impacts sur l'eau, la terre, la faune et la flore, plusieurs techniques de pêche passive nouvellement introduites sont prohibées par la loi-cadre n° 2014-19 du 07 août 2014 relative à la pêche et à l'aquaculture en République du Bénin. Il s'agit notamment des filets maillants (filets dormants), les filets barrage (Médokpokonou), les parcs à branchage (Acadja) etc. L'impact des pêcheries sur la flore est plus localisé dans les écorégions du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo selon les analyses des composantes multiples. En effet, les indices de la destruction de couvert végétal au profit de la technique de pêche « acadja » s'étend jusqu'en amont de la réserve avec une forte densité de lambeau de bambou à l'intérieur des installations. Par ailleurs, certains engins de pêche tels que les nasses et les barrages à nasses sont selon les communautés sans impact sur la flore du milieu. Par contre le nombre très grand de ces engins surtout les nasses conçues à base des baguettes de Raphia hookeri, constituent une pression sur cette espèce qui est presque rare dans les

40

Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021

écosystèmes de la réserve. Par ailleurs, les impacts de la technique chimique agricole sur l'eau et la terre sont plus localisés dans le delta de l'Ouémé. Les produits phytosanitaires sont approvisionnés sur le marché informel venant d'horizons diverses. L'application de ces produits ne répond pas aux normes recommandées, ce qui expose l'environnement à des risques très élevés. D'un point de vue particulier, la technique traditionnelle d'exploitation de sable fluvial et lagunaire semble contribuer également à l'effondrement accéléré des berges du moyen delta de l'Ouémé. Mais en général, les techniques nouvelles d'usage des services écosystémiques d'approvisionnement sont les principales sources d'impacts sur les composantes ; eau, terre, faune et flore de la réserve de biosphère de la basse vallée de l'Ouémé.

Malgré cette perception des communautés des impacts parfois irréversibles des techniques d'usage des services écosystémiques d'approvisionnement sur la durabilité de la ressource, ces pratiques persistent. Les mesures de gestion durable des services écosystémiques d'approvisionnement des ressources en eau de surface sont confrontées à des difficultés dans leurs applications.

41

Vissi Arnaud ADIKPETO - Université Senghor - 2021

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire