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La contribution de l'union européenne dans la consolidation de l'intégration de la zone CEMAC


par Yves Mathieu TONYE MVOGO
Université de Yaoundé 2 - Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2021
  

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2- Repenser le modèle d'intégration économique et monétaire pour le développement en zone CEMAC.

« Parler d'intégration monétaire, c'est, en réalité, évoquer une gamme infinie de situations allant de l'absence de toute forme de coopération à l'existence d'une monnaie unique. Tout arrangement intermédiaire par lequel les effets de la monnaie totalement indépendante sont amoindris, et par conséquent ceux d'une monnaie commune approchés, est une intégration323 » Il existe plusieurs arguments contre la précocité d'une union économique et monétaire en Afrique en général basées sur : la différence de taille des économies africaines dont les plus importantes sont susceptibles de phagocyter les plus faibles ; le processus d'aboutissement à l'union économique passant par une zone de libre-échange, l'union douanière et enfin l'union monétaire ; et la faiblesse du tissu économico-industriel de l'Afrique où l'échange précède la recherche des moyens de production, à l'inverse de l'Europe dont les pays peuvent produire des manufactures qu'ils échangent. Cela étant, « l'union économique [...] n'a jamais été conçue, aussi bien dans la littérature économique [...] que dans les faits, que comme une coopération pour faciliter le

323 Joseph (TCHUNDJANG POUEMI), Monnaie, servitude et liberté, ... op. cit, p 295.

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mouvement des biens et des services [...] ou la division du travail à l'intérieur pour se protéger contre l'extérieur324. » Dès lors, la production des biens manufacturés à plus ou moins forte valeur ajoutée devrait précéder l'établissement d'un marché commun. Autrement dit, à quoi sert-il de créer un marché sans avoir des biens de valeur à échanger si l'on veut parvenir au développement ? À l'évidence, la situation de l'Afrique centrale caractérisée par son économie de rente basée sur le commerce des matières premières ne saurait favoriser à elle seule le développement malgré la création récemment d'une Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf) en janvier 2021325 à titre d'illustration. Un tel espace devient ainsi majoritairement une opportunité pour les multinationales étrangères en quête de débouchés pour leurs produits manufacturés au détriment de l'Afrique. Face à la précarité que traverse l'Afrique en général et centrale en particulier, il est nécessaire que les États qui la composent octroient davantage de souveraineté économique à la CEMAC, en impactant par ricochet sur l'Union Africaine, dont la consolidation de l'identité géopolitique est décisive pour l'encrage d'un développement optimal. Cela dit, la BDEAC et la BEAC devraient être renforcées dans leurs missions de financement des projets d'intégration et de gestion des réserves extérieures comme banque centrale pour répondre à la question de la souveraineté monétaire. Pour en revenir à la question monétaire en zone CEMAC, « le franc CFA permet toujours à la France d'organiser sur les plans économique, monétaire, financier mais aussi politique ses relations avec un certain nombre de ses anciennes colonies, selon ses intérêts 326Dans un tel contexte, les États de la CEMAC ne sont encore que des « protonations »327. En l'état actuel, la situation monétaire en zone CEMAC a connu une petite évolution en 2019 avec hausse des crédits à l'économie de 3,6% après un affermissement en 2018 de 4%. Cela étant, la masse monétaire a progressée en 2019 pour se situer à 12 151,7 milliards328.

SECTION II : LA LIBÉRALISATION DES ÉCHANGES ET LE RÔLE DE LA FINANCE.

Les causes de la marginalisation de l'Afrique sont de trois ordres : « premièrement, son incapacité croissante à couvrir ses propres besoins à cause, entre autres, de la décadence des cultures vivrières [...] Deuxièmement, la place de l'Afrique dans le commerce a diminué, dans un contexte de début de baisse du cours des matières premières, oscillant, depuis lors, entre 3 à 4% du commerce mondial. Troisièmement, l'Afrique souffre de son absence du

324 Ibid, p 296.

325 La création de la ZLECAf était initialement prévue le 1er juillet 2020 et a été reportée à cause de la pandémie du COVID-19.

326 Fanny (PIGEAUD) et Sylla (NDONGO SAMBA), L'arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc

CFA, La Découverte, Paris, 2018, p 13.

327 Jean (ZIEGLER), Main basse sur l'Afrique, ... op cit, p 14. « J'appelle protonation (du grec protos : « primitif », « rudimentaire ») la formation sociale qui gouverne aujourd'hui les trois quarts du continent. La protonation ne désigne ni une nation en formation - encore qu'elle produise pour ses membres les symboles élémentaires d'un sentiment « national » - ni une nation achevée qui se serait pervertie. Elle ne désigne pas non plus une pseudo-nation, mais une sociabilité rudimentaire, limitée dans sa construction, asservie aux seuls besoins de ceux qui l'organisent de l'extérieur. Elle, est avant tout une création de l'impérialisme. Elle n'exprime qu'une souveraineté fictive, la totale dépendance de l'économie du pays à l'égard du centre métropolitain. »

328 CEMAC, Rapport définitif de Surveillance Multilatérale 2019 et Perspectives pour 2020 et 2021, 39e édition, octobre 2020, p 49.

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peloton de tête de l'industrie mondiale (moins de 2%), des circuits financiers internationaux et des courants d'échanges scientifiques 329 ». Sachant cela, la libéralisation des échanges (paragraphe I) et l'accroissement des investissements directs étrangers (paragraphe II) seraient des outils nécessaires pour sortir de « L'étau 330 » du sous-développement.

PARAGRAPHE I : L'ACCÈS AUX MARCHÉS INTERNATIONAUX PAR LA LIBÉRALISATION DES ÉCHANGES.

A- La consolidation du SPG à partir de la reconsidération des normes
contractuelles.

1- De l'aveu d'échec de l'opérationnalité du SPG...

Bien avant l'avènement des systèmes de Lomé I et II qui ont donné lieu à la mise en oeuvre du STABEX et du SYSMIN, le SPG créé en 1968 à New Dehli lors de la Deuxième Conférence du CNUCED, a été adopté par la CEE le 1er juillet 1971 et est en vigueur jusqu'en 2023 dans le cadre de la coopération entre l'Union Européenne et les pays en voie de développement ACP. Ce système qui a la particularité de reposer sur le principe de l'unilatéralité ou inégalité compensatrice, vise en effet à favoriser les exportations des PED sans réciprocité, comme pilier de la politique d'aide au développement. Cela étant, « c'est la France, avec ses plus nombreuses colonies, qui draina, bien sûr, la plus grande partie des exportations en provenance de ces territoires331Toutefois, l'opérationnalité de ce système connait des difficultés liés à : l'inégalité des recettes d'exportation, la lenteur d'exécution des programmes de développement, la complexité du système en l'occurrence vu la pléthore de ses mécanismes. Ces différents arguments justifient l'échec du SPG européen malgré la volonté affichée de promouvoir le développement des PED notamment en zone CEMAC. Ainsi, de nombreux pays ACP y compris ceux de la CEMAC ont éprouvé la difficulté d'équilibrer leurs balances de paiement, d'assurer le service de la dette, à financer les importations, à assurer les dépenses publiques pour la promotion de l'éducation, de la santé, de la réalisation des infrastructures de qualité telles que l'immobilier, les voies de transports ou de télécommunication, ainsi que le développement du réseau hydroélectrique. D'où l'interventionnisme des Institutions de Bretton Woods dans le cadre des PAS qui n'ont pas à leur tour réaliser la promesse des fleurs.

2- ... vers la reconsidération des conditionnalités du SPG.

Il serait judicieux de reconsidérer les termes de référence du Système de Préférences Généralisées européen envers les pays de la CEMAC dont le champ d'action reste limité. Par déduction, l'amélioration du SPG pourrait se faire en accroissant son taux de couverture. En effet, ce mécanisme n'a pas d'impact sur les barrières non tarifaires tout comme les services et les infrastructures. Parmi les mesures non tarifaires (MNT), figurent : les obstacles techniques au commerce (OTC) définis comme étant des « règlements techniques et normes, y compris les prescriptions en matière d'emballage, de marquage et d'étiquetage, et les procédures d'évaluation de la conformité aux règlements techniques et aux normes qui sont

329 Emmanuel (WONYU), L'Afro-pessimisme, un alibi français ?... op. cit, pp 60-61.

330 Aminata (TRAORE), L'étau : l'Afrique dans un monde sans frontières, Paris, Actes sud, 1999, 185 p.

331 Lantame Jean (NIKABOU), Les conventions ACP-EU et les sanctions économiques ... op. cit, p 8.

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un frein au commerce international »332, et les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS). Sous le couvert de ces différentes mesures prises en principe pour assurer la sécurité et la santé des personnes et la sauvegarde de l'écosystème, un État peut adopter une posture protectionniste d'où la portée négative de ces mesures. Cela dit, 60%333 des produits agricoles sont exclus du SPG alors que l'agriculture reste un des piliers de la relance économique en zone CEMAC conformément à sa vision à l'horizon 2025. Pour en revenir aux barrières non tarifaires, elles limitent considérablement l'exportation des produits textiles dans le territoire de l'Union Européenne. D'autre part, même s'il est indéniable que les Firmes multinationales (FMN) jouent un rôle majeur en matière de création d'emplois, il se pose une contradiction entre la récupération des retombés du SPG par les Firmes Multinationales et les objectifs qui lui sont assignés en termes de réduction de la pauvreté des PED. Cet état de fait devrait être jugulé par le renforcement du tissu industriel et économique local de la CEMAC par l'émergence des PMEs et PMIs sans compter le déploiement avec le concours des pouvoirs publics des pays de la CEMAC, de l'industrie lourde tant il est vrai que le développement passe par la promotion de la technologie de pointe. Si cet ensemble de proposition est pris en compte, le SPG devrait permettre à terme de lutter efficacement contre la pauvreté et partant favoriser le développement de la CEMAC.

B- L'accession aux marchés internationaux pour soutenir l'intégration en zone

CEMAC.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius