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Un soin ordinaire en milieu extraordinaire


par Farid Mellal
Institut méditerranéen de formation en soins infirmiers  - Infirmier 2014
  

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3. La représentation sociale selon la théorie de Moscovici.

La psychologie sociale va conceptualiser et préciser la notion de représentation. Moscovici, à partir d'une recherche en 196138(*) sur les représentations de la psychanalyse dans différents groupes sociaux, théorise la représentation sociale, ses modalités de construction et de transmission. Moscovici a enrichi et délimité la notion de représentation sociale: à la fois mentale et sociale

Pour Moscovici, « les représentations sont des formes de savoir naïf, destinées à organiser les conduites et orienter les communications »39(*). Il reprend les savoirs de Durkheim et démontre comment différents groupes sociaux modulent et agencent leurs représentations d'un objet mal connu. Selon le sociologue la représentation comporterait trois dimensions : l'attitude, l'information et le champ de représentation. Ces définitions mettent en avance l'alliance qui s'opère entre le processus cognitif et le processus social. Chacun des processus prenant source dans des domaines théoriques bien distincts. Par exemple dans la situation que j'ai rencontrée, il y a une partie d'ordre psychologique qui est intervenue avec mon vécu personnel et tout ce que cela induit. Mes craintes et mes représentations du danger, de l'univers carcéral sont intervenues de manière probablement inconsciente dans mon rapport à l'autre. Le patient m'a probablement renvoyé et symbolisé l'image du danger. L'autre partie est d'ordre social portée par la société. La prison véhicule une image mais aussi des valeurs comme celle de la sécurité, de la préservation du danger. La société pour se protéger à créer ces structures fermées. Ma représentation s'est donc opérée de manière personnelle influencée par l'idée collective. Ces représentations du détenu ont également entrainé chez moi des stéréotypes ou des associations d'idées un peu simplistes qui pourraient se traduire par le mécanisme suivant :

« Le préjugé peut être défini comme une « attitude de l'individu comportant une dimension évaluative, souvent négative, à l'égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale. C'est donc une disposition acquise dont le but est d'établir une différenciation sociale » (Fischer, 1987). Le préjugé a deux dimensions essentielles : l'une cognitive, l'autre comportementale. En général, le préjugé est négatif et a donc pour conséquence une discrimination.
Les stéréotypes correspondent donc à des traits ou des comportements que l'on attribue à autrui de façon arbitraire. En ce sens, les stéréotypes sont une manifestation des préjugés
. »40(*)

La prison semble véhiculer des images collectives et influencer fortement l'imaginaire que nous pouvons avoir. Mais qu'en est-il réellement ? Il me semble à ce stade de ma recherche, important de m'arrêter sur les représentations de la prison. Je vais pour cela m'appuyer sur la synthèse d'un rapport scientifique intitulé « la violence carcérale en prison »41(*) initiée par le centre d'études des mouvements sociaux ainsi que des travaux42(*) d'Antoinette Chauvenet sur les représentations du détenu.

La prison et ses représentations :

La prison est perçue dans l'opinion publique comme un univers marqué par la violence. Elle représente un lieu de sureté nécessaire pour mettre au ban de la société des personnes ayant commis des crimes et ainsi de protéger la société. Une description en est faite dans l'ouvrage d'Antoinette Chauvenet intitulé « les prisonniers »43(*) :

« La conscience commune, entée sur les idéologies sécuritaires et destinée à représenter le « déviant » ou le criminel comme « autre », repose fondamentalement sur la peur, ce à un double niveau : la peur du crime et des criminels, la peur de la prison. Ces deux niveaux se renforcent mutuellement et se conjuguent à l'intérieur des prisons. Loin de distinguer la personne de l'acte criminel, la construction sociale de l'altérité passe par la réduction de celle-là à celui-ci, et ce indépendamment du contexte social dans lequel l'acte s'inscrit. Le « fait divers » construit le criminel comme « autre » en réveillant la peur. Avec ses techniques de narration, son vocabulaire spécifique et stéréotypé, il joue des résonances affectives et de la logique de l'émotion, puise ses images dans les représentations les plus archaïques et s'appuie notamment sur toutes les formes de représentations monstrueuses et leur bestiaire qui renvoient à une naturalisation du mal. « Madame, je suis un monstre », dira en guise de présentation un condamné à une longue peine en centrale. »44(*)

Cet univers carcéral est un lieu qui génère des fantasmes, des peurs pour les personnes étrangères à ce milieu. La prison est aussi perçue comme un lieu de violence. Un rapport sur la violence en milieu carcéral explique l'origine de ces représentations en évoquant le rôle joué par la peur. Celle-ci est présente et comme le souligne l'article « elle pénètre un milieu social elle s'étend à l'ensemble des relations qui le constituent »45(*). La peur est ainsi présente chez les personnels exerçant dans ce milieu mais également chez les nouveaux entrants. L'auteur nous explique à ce propos que « la peur et l'imaginaire de violence de la prison qui pèsent sur les arrivants peuvent inciter certains d'entre eux à prendre d'emblée des mesures d'autodéfense et à se convaincre qu'il vaut mieux, par anticipation, attaquer le premier. C'est ainsi que nombre de violences, tout comme les suicides, ont lieu en début d'incarcération. »46(*).

* 38 MOSCOVICI S., La Psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF, 1961.

* 39 Ibid. p10.

* 40 DEBROSSES Stephane, Stéréotypes : définition et caractéristiques. Article. [En ligne]. Décembre 2007, consulté le 13/04/2014 à 13h. Disponible sur internet, http://www.psychoweb.fr/articles/psychologie-sociale/123-stereotypes-definition-et-caracterist.html .

* 41 ORLIC F, ROSTAING C, La violence carcérale en question. Article. [En ligne], Aout 2006, consulté le 26/04/2014 à 16h, disponible sur Internet, http://prison.eu.org/spip.php?article8388.

* 42 CHAUVENET Antoinette, « « Les prisonniers » : construction et déconstruction d'une notion », Pouvoirs 4/ 2010 (n° 135), p. 41-52.

* 43CHAUVENET Antoinette, Ibid.

* 44CHAUVENET Antoinette, « « Les prisonniers » : construction et déconstruction d'une notion », Pouvoirs 4/ 2010 (n° 135), p. 41

* 45 ORLIC F, ROSTAING C, La violence carcérale en question. Article. [En ligne], Aout 2006, consulté le 26/04/2014 à 16h, disponible sur Internet, http://prison.eu.org/spip.php?article8388

* 46 Ibid.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo