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Le consentement du délinquant en droit béninois de la procédure pénale


par Moyaro Abass Wassy OLAGBADA
Université d'Abomey-Calavi - Master en Droit Privé Fondamental 2018
  

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SECONDE PARTIE: LA NéCESSiTE DU CONSENTEMENT DU DéLiNQUANT POUr LE DrOiT BéNiNOiS DE LA PrOCéDUrE PéNALE

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A l'opposé des décideurs africains, les pouvoirs publics occidentaux se sont, depuis quelques années, au vu de la montée en puissance de la petite et moyenne délinquance ainsi que la multiplication des actes de terrorisme et de la criminalité organisée, engagés dans une politique criminelle axée d'une part, sur la sécurité et d'autre part, sur la proximité de la justice190. Ce choix politique témoigne, dès lors, de l'efficacité des justices pénales européennes qui à certains endroits en est arrivée à susciter la fermeture de nombre de centre pénitentiaire.

Il s'en déduit donc que la procédure pénale associée aux préceptes consensualistes dont la nécessité semble s'imposer à l'environnement criminel béninois (Chapitre 1), est promoteur d'une justice pénale à double efficacité. C'est alors que le législateur béninois est interpellé pour aménager les normes procédurales aux fins d'une variation et d'un accroissement des mécanismes de réponse pénale consensuelle (Chapitre 2)

190 CHOPIN (F.), « Vers un nouveau modèle de la justice pénale ? », in Mélanges GASSIN, Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 2007, p. 135.

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Chapitre 1 : La prise en compte des réalités contemporaines de la criminalité

A la bonne administration de la justice, font écho désengorgement des prétoires, rapidité et effectivité de la réponse pénale191. A ces fins, se doit d'apparaitre en droit positif béninois à l'image du droit français, une solution consistant à alléger la conduite du procès pénal, sinon à éviter de façon plus radicale les poursuites. Et dans ces conditions le consentement du délinquant est sollicité et apparait plus déterminant. C'est alors qu'appréciée d'un point de vue théorique, l'immixtion du consentement du délinquant dans le processus pénal permettrait d'assurer un règlement qualitatif des contentieux pénaux (Section 1), nonobstant l'importance accrue des flux pénaux, et donc un traitement quantitatif (Section 2).

Section 1 : Le traitement qualitatif des litiges pénaux

Les données géographiques, sociologiques, culturelles voire psychologiques à l'origine de l'affaiblissement notoire de l'appareil judiciaire et de la remise en cause de l'efficacité de la maison justice ont, sous d'autres cieux, suscité en théorie, l'accroissement de la prise en compte des données consensuelles dans l'élaboration des normes répressives. Ces expériences, loin d'être exemptes de toute critique, ont néanmoins laissé entrevoir nombre d'exploits dont les plus prisés s'accommodent autour d'une efficace prise en compte des intérêts du délinquant (Paragraphe 1), ainsi que de sa victime (Paragraphe 2).

191 HARDOIN-LE GOFF (C.), « Le consentement du délinquant ou l'entretien d'une illusion dans le procès pénal », in Mélanges en l'honneur du Professeur Jacques Henri ROBERT, LexisNexis, 2012, p. 348.

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Paragraphe 1 : l'efficace prise en compte des intérêts du délinquant

Il est vrai que le schéma consensualiste n'a pas été à l'origine élaboré pour répondre aux attentes du délinquant mais bien pour satisfaire les demandes des victimes d'infractions. Pour autant, il n'en demeure pas moins que l'auteur des faits retire certains avantages de son adhésion aux procédures alternatives.

En effet, la procédure alternative apparaît comme un moyen rapide, discret et peu coûteux de résolution du conflit, promoteur d'un allègement procédural à l'endroit du délinquant (A). Mieux, celui-ci, pour avoir adhérer auxdits modes de règlement pourra autant que faire se peut bénéficier d'un allègement de la peine adaptée à sa situation (B).

A- L'allègement du temps procédural du délinquant

Aux termes de la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples faisant partie intégrante de la constitution béninoise du 11 décembre 1990, « toute personne a le droit d'être jugée dans un délai raisonnable par une juridiction impartiale »192. Cette disposition législative, pour être effective, se doit de consacrer nombres de sacrifice à la charge du délinquant. En effet, le jugement du délinquant dans les meilleurs délais nécessite une contrainte de célérité dans l'élaboration son dossier pénal (1). Mieux, celui-ci doit par ce faire, et par son consentement, renoncer à l'exercice de son droit de contestation des actes de procédure (2)

1- La réduction du temps d'élaboration du dossier pénal

L'élaboration du dossier pénal renvoie à la construction de ce dernier, préalablement à toute orientation et à toute décision. Principalement, il s'agit de l'étape au cours de laquelle les services d'investigation entreprendront les actes nécessaires à la recherche de la vérité. Autrement dit, cela revient à s'intéresser à la quête des éléments de preuve permettant de donner consistance au

192 Article 7 alinéa 1er - d.

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dossier. Ainsi, l'immixtion des données consensuelles dans cette étape fondamentale de la procédure contribuerait à la réduction du temps dévolu aux investigations.

En effet, nous savons que les actes d'investigation se trouvent dans certains cas de figure conditionnés par le consentement du particulier. Ainsi, l'accord donné à la proposition de contrainte traduit toute la volonté de l'intéressé de collaborer avec les services enquêteurs. Le particulier qui autorise une perquisition, une visite ou saisie dans le cadre de l'enquête préliminaire, facilite assurément la conduite des investigations. Il évite à l'autorité publique de rechercher un cadre de contrainte exempt de tout obstacle consensuel, tel que l'ouverture d'une information judiciaire. Pareillement, celui qui adhère aux examens médicaux tels que prévus par le code béninois de procédure pénale, réalisée par les autorités compétentes, évite la sollicitation de l'autorité judiciaire pour qu'elle autorise une fouille coercitive. Ce qui témoigne à suffisance de l'importance du consentement initial du délinquant dans la réduction de la démarche procédurale, alors de la brièveté de l'investigation pénale.

2- La réduction du temps de contestation

L'immixtion du consentement dans le déroulement de la justice pénale offre souvent au particulier une faculté de contestation. Ladite faculté d'importance notoire peut se manifester doublement, c'est-à-dire, soit au stade de l'instruction par le droit d'agir en nullité, soit au stade du jugement par le droit d'exercer une voie de recours.

Usant de ses prérogatives, l'intéressé contribue à un allongement de la durée du procès pénal. Mais l'on peut aussi adopter une autre forme de lecture, placée sous l'angle de l'adhésion. En effet, l'individu n'est pas dans l'obligation d'user de la contestation offerte par le législateur et il peut s'en défaire par un acte de

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renonciation explicite ou implicite. Dans ce cas, il accepte le dossier en l'état, adhérant soit à son élaboration, soit à la décision de justice193.

Pour ce qui est de la phase d'élaboration du dossier pénal, on retrouve au stade de l'information judiciaire, cette hypothèse de volonté `'abdicative»194, expression du défaut de contestation.

Ainsi, au cours de l'instruction, les parties privées peuvent saisir la Chambre de l'instruction afin qu'un acte ou une pièce de la procédure fasse l'objet d'une annulation. Mais le recours en nullité ouvert sur le fondement des articles 184 et suivants du code béninois de procédure pénale est une faculté de contestation à laquelle la partie peut renoncer. Mieux, l'article 184, en son dernier alinéa, dispose « les parties peuvent renoncer à se prévaloir de la nullité, lorsqu'elle n'est édictée que dans leur seul intérêt. » Cette renonciation dont la forme demeure sujette à interrogation ne peut être convenablement donnée qu'en présence de l'avocat ou de la partie concernée dûment appelée. Ce faisant, cette disposition consacre le consentement comme acte de validation de l'état de la procédure en cours. Et, par son refus de toute contestation, la partie privée non seulement ne critique pas l'acte ou la pièce en cause, mais offre une validation de toute irrégularité la concernant, susceptible d'accélérer le mouvement de l'instruction par une compression de sa temporalité.

Mieux, le consentement, outre, son influence sur le temps des investigations peut également impacter la situation du délinquant quant au quantum de la peine encourue.

193 Il s'agit du refus d'exercer les voies de recours contre toute décision juridictionnelle, d'instruction ou de jugement.

194Cette expression est employée par certains auteurs pour désigner une adhésion à une décision de justice sous l'angle de l'acquiescement ou du désistement. V. PIN (X.), Le consentement en matière pénale, op. cit. pp. 485 et s. et pp. 491 et s.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille