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Perceptions et pratiques paysannes de gestion des ressources naturelles face aux variabilités climatiques et changements environnementaux. Cas de la zone agro-écologique au Cameroun.


par Pierre Marie CHIMI
Université de Yaoundé 1 - Master en Biologie des Organismes Végétaux 2016
  

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III.1.2.2. Perceptions socio-anthropologiques des variabilités climatiques

Les populations locales sont quasi-unanimes quant à l'existencedes variabilités climatiques, soit environ 95 % de l'échantillon.D'après elles, ces variabilités s'expriment par une mauvaise répartition temporelle des saisons sèches et pluvieuses, une augmentation des températures et une amplification de la fréquence des vents et une apparition des espèces invasives (criquet, chenille, etc.) des cultures. Les populations pensent que les causes de ces changements sont : le déboisement des quelques rares galeries forestières de la zone d'étude pour 49,3 % des cas, le non-respect des normes sociales promues par les croyances traditionnelles avec 25 % et la punition due à la désobéissance des divinités dans 25,7 % des cas.

Elles supposent ainsi quela perturbation de la saison agricole serait l'un des éléments les plus affectés par le changement climatique du fait de la hausse des températures, la variabilité accrue des saisons pluvieuses et sèches, de même que l'amplification des vents violents. De ce fait, 58,4 % des répondant(e)s prétendent que les changements climatiques se manifestent dans leur localité par des saisons sèches plus ou moins longues; 23,3 % quant à eux estiment que l'intensité et la récurrence des vents violents sont plus accentuées. Enfin, 18,3 % sous-tendent que les manifestations sont les sécheresses ou pluies inopinéesou absentes aujourd'hui.

III.1.2.3. Perception paysanne des indicateurs de variabilités climatiques

III.1.2.3.1. Distribution des températures et vents violents

Ø Tendance thermométrique

Le changement de température pendant la saison sèche ainsi que pluvieuse est très perceptible par la majorité des populations locales (Tableau I). D'après les enquêtés, durant ces dix dernières années 83,3 % pensent que les températures ont été élevées en saison sèche et 77,3 % en saison pluvieuse. De plus, sur l'ensemble de l'échantillon, 80,15 % des hommes et 90,74 % des femmes estiment que les températures sont élevées en saison sèche. Avant, l'a martelé un enquêté : « Endécembre, début janvier 1980 il faisait très frais mais actuellement (décembre 2015) on est très incertain quant à la venue de cette fraicheur. Depuis l'année 2000, les températures ont changé pendant la saison sèche, les nuits sont très fraiches.»

Tableau I. Perceptions de la distribution des températures durant les 10 dernières années.

 

Période

Saisons

Perception de la température

Actuellement (2015)

(%)

Il y a 5 ans (%)

Il y a 10 ans (%)

Il y a plus de 10 ans (%)

saison sèche

Faible

0

0

0

10

Moyen

3,3

8,3

38,3

85,0

Elevée

96,7

91,7

61,7

5,0

saison pluvieuse

Faible

3,3

1,7

10,0

61,7

Moyen

66,7

83,3

81,7

35,0

Elevée

30,0

15,0

8,3

3,3

Ø Fréquence des vents violents

Les enquêtés (71,7 %) estiment quele changement dans la fréquence des vents la plus élevée s'est observée durant ces dix dernières années. Les statistiques montrent d'après la répartition d'âge que 86,67 % de jeunes âgés de moins de 30 ans, 75 % âgés entre 31 et 45 ans, 83,33 % âgés entre 46 et 60 ans et 82,53 % âgés à partir de 61 ans affirment que le changement dans la fréquence des vents violents s'est vu en hausse ces dix dernières années; ces tranches prises séparément (Tableau II). Les signes qui précèdent l'arrivée des vents violents sont entre autres le virement de la couleur des nuages de blanche à rouge rosâtre, l'affolement des animaux surtout les oiseaux, etc. (Fig. 8c). Selon les paysans ces vents engendrent des dégâts importants: destruction des champs et arrachage des toitures des habitations (Fig. 8a et 8b).

Tableau II. Perception de la violence des vents en fonction du niveau de l'âge.

 

Période

Tranche d'âge de l'échantillon

Perception de la fréquence des vents violents

Actuellement (2015)

(%)

Il y a 5 ans

Il y a 10 ans

Il y a plus de 10 ans

Moins de 30 ans

Faibles

0

0

0

0

Moyens

20

0

20

80

Elevées

80

100

80

20

31-45 ans

Faibles

8,33

8,33

8,33

16,67

Moyens

16,67

8,33

25

66,67

Elevées

75

83,33

66,67

16,67

46-60 ans

Faibles

0

0

4,5

13,63

Moyens

9,09

9,09

27,27

77,27

Elevées

90,90

90,90

68,18

9,09

61 et plus

Faibles

4,76

4,76

4,76

14,28

Moyens

4,76

9,52

23,81

66,67

Elevées

90,47

85,71

71,42

19,04

c

251652608

b

251649536

a

251654656

Fig.8. Effet des vents violents (a: arrachage de toiture à Nachtigal: b: arrachage de toiture à Bindalima II ; c: signe précurseur des vents violents).

III.1.2.3.2. Perceptions des changements de la fréquence et l'ampleur des précipitations

Sans aucun doute, dans la localité le changement dans la distribution des précipitations est perçu par tous. Ce changement connait une haussecesdix dernières années pour environ57,14 % d'hommes et 53,70 % de femmes. Par ailleurs,50 %de femmes et 50 % hommes affirment que le changement de la distribution était moyen il y a plus de 10 ans(Tableau III). Comme l'a si bien déclaré un des enquêtés: «Les pluies tombent soit avant, soient après la période où elles sont censés tomber. Actuellement, ces perturbations sont très récurrentes. Le retard des pluies ou des petites rosées (Onguémé en langue locale) en août2015 a entrainé la sécheresse et le jaunissement des cherelles des cacaoyers, les ignames d'août n'ont pas été récoltées à la bonne période.Si les pluies, attendues à un mois précis ne viennent pas, le bouleversement engendré se répercute sur les autres mois. Les premières pluies avant débutaient en mars, actuellement elle débute en mai-juin.» affirme un enquêté.

Tableau III. Perceptions dans le changement de la distribution des précipitations.

 

Période

Sexe

perception distribution des précipitations

Actuellement (2015)

(%)

Il y a 5 ans (%)

Il y a 10 ans (%)

Il y a plus de 10 ans (%)

Homme

Faibles

7,14

7,14

11,91

35,71

Moyens

33,33

38,1

30,95

50

Elevées

59,52

54,76

57,14

14,28

Femme

Faibles

5,56

5,56

5,56

38,89

Moyens

38,89

38,89

44,44

50

Elevées

55,56

55,56

50

11,11

Les populations locales sont quasi-unanimes quant à la baisse de la quantité des précipitations. 69,84 % d'hommes estiment que le changement dans la quantité de pluies a été élevé ces dix dernières années par contre 59,52 % estiment que ce changement était moyen il y a plus de 10 ans. La gente féminine quant à elle pense que ces dix dernières années le changement dans la quantité est élevée et moyenne il y a plus de 10 ans; à 75,92 % et 72,22 % des cas respectivement (Tableau IV). «Il pleut abondamment pendant une année et pendant une autre il ne tombe pas la même quantité de précipitations. Il est à noter que quand il ne pleut pas en septembre, octobre, novembre on se retrouve en janvier et février avec des pluies diluviennes.Les pluiesont beaucoup diminuées et ne sont pas distribuées de manière uniforme.» tels sont les propos recueillis lors de l'interview auprès d'un paysan.

Tableau IV. Perception dans le changement de la quantité des pluies.

 

Période

Sexe

perception de la quantité de pluie

Actuellement (2015)

(%)

Il y a 5 ans (%)

Il y a 10 ans (%)

Il y a plus de 10 ans (%)

Masculin

Faibles

7,14

7,14

9,52

26,2

Moyens

19,05

21,43

26,2

59,52

Elevées

73,81

71,43

64,29

14,28

Féminin

Faibles

11,11

11,11

5,56

22,22

Moyens

11,11

11,11

22,22

72,22

Elevées

77,78

77,78

72,22

5,56

III.1.2.3.3.Perception de la fréquence et durée de la saison sèche

Globalement, quel que soit le sexe, le changement dans la durée de la sécheresse de même que dans la fréquence de la saison sèche sont ressentis dans la localité ces dix dernières années (Fig. 9 et 10). 84 % des personnes ayant fait des études primaires, 83,31 %des études secondaires, 83,5 %des études supérieures, et 84,29 % des personnes n'ayant reçu aucune formation éducationnelle affirment que le changement dans la durée de la saison sèche est élevé ces dix dernières années. De même, 93,2 % de personnes ayant au moins 30 ans d'âge, 80,5 % ayant entre 31 et 45 ans, 84,8 % ayant un âge compris entre 46 et 60 ans, et 79,57 % de personnes ayant 61 ans et plus pensent que le changement dans la durée de la saison sèche est élevée ces dix dernières années.

Fig.9. Perceptionsdu changement de la durée de la saison sèche.

En ce qui concerne le changement dans la fréquence de la sécheresse, 93,33 % des enquêtés ayant moins de 30 ans, 88,89 % ayant entre 31 et 45 ans, 75,75 % ayant entre 46 et 60 ans, et 88,88 % ayant 61 ans et plus pensent que la fréquence est élevée ces dix dernières années. Les résultats révèlent également que 84 % de l'échantillon ayant effectués les études primaires, 87,5 % le secondaire, 83,33 % le supérieur et 82,35 % une formation informelle affirme que ce changement est élevé ces dix dernières années.

Fig.10. Perception du changement de la fréquence de la rudesse de la saison sèche.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery