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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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LA COMPLÉTIVE ADJECTIVALE : DESCRIPTION MORPHOSYNTAXIQUE ET SÉMANTIQUE

Nous avons annoncé plus haut un corpus constitué de complétives du nom, de l'adverbe et de l'adjectif. Les deux premières ont été étudiées au chapitre précédent. La complétive de l'adjectif est l'objet du présent chapitre qui essaiera d'en saisir la singularité. En effet, en tant que principal objet du travail, elle mérite un traitement à part.

Au chapitre premier, nous avons vu qu'au-delà de l'adverbe, l'adjectif qualificatif reçoit quatre types de compléments en français : la complémentation zéro, la complémentation par l'infinitif ou par un N au moyen d'une préposition et la complémentation phrastique. Ces structures sont respectivement illustrées par les énoncés suivants : a) Il est noir; b) c'est beau à voir ; c) la route est pleine de cailloux et d) je suis heureux que tu sois là. Noir est construit sans complément, beau est suivi de l'infinitif voir. L'adjectif pleine, comme le précédent, est lié à un N, cailloux, au moyen de la préposition. Dans le dernier segment, heureux est suivi de la complétive que tu sois là.

Selon Léger (2006 :21), la complémentation phrastique réfère aux constructions qui comportent un prédicat et son sujet (qu'il soit lexicalement réalisé ou non), c'est-à-dire aux constructions complétives tensées et non tensées. Dans sa définition de la complémentation phrastique, Léger inclut les complétives non tensées, autrement dit les infinitives. Notre propos n'est pas de les étudier. Nous traiterons d'un volet de la complémentation phrastique, à savoir des complétives tensées, c'est-à-dire celles introduites par Que et ayant un mode fini.

La complétive adjectivale se présente globalement sous le schéma V+ Adj Que dans notre corpus. V représente un verbe, Adj l'unité adjectivale et Que P la complétive. Les énoncés ci-après le montrent :

1.a. Ils sont convaincus que ses conséquences sur le bien commun n'intéressent pas (LP05/04/02)

1.b. K restait étonné qu'on le renvoyât et qu'on le laissât seul dans sa chambre (LP :32)

1.c. On trouve normal que les jeunes gens jettent leur gourme (LP01/11/02

Dans ces énoncés, nous avons les verbes sont, restait et trouve, les adjectifs convaincus, étonné et normal suivis de la complétive. Pour peu qu'il soit régulier, ce schéma global est loin d'être simple. Il donne non seulement lieu à des contours variés, mais l'élément V lui-même est divers tel que nous le verrons infra. Par ailleurs, l'autonomie et l'existence de ce type de complétive sont sujettes à caution aux yeux de certains linguistes. Pour ces quelques raisons et beaucoup d'autres à découvrir dans le corps du chapitre, la complétive de l'adjectif apparait intéressante, digne d'être analysée et explorée.

On se demande à cet effet s'il existe réellement une complétive de l'adjectif. Les arguments militant en sa faveur et ceux pourraient légitimer sa remise en question méritent

d'être soulevés. Le chapitre interroge les structures Adj+Que P et leur
caractéristiques. Nous soulevons enfin la problématique du lien entre la complétive et l'Adj. Nous tenterons de savoir si la complétive est lié à l'adjectif seul ou concomitamment au verbe et à l'adjectif. Enfin, nous cherchons à savoir si le verbe et l'adjectif sont coalescents au point de les considérer comme un prédicat complexe ou s'ils sont au contraire indépendants à tel point qu'on puisse les dissocier. Ce chapitre constitue une description des énoncés à complétives adjectivales contenus dans notre corpus. Pour parvenir à des résultats acceptables, nous suivrons une progression en trois parties. La première partie pose le problème la structure de la complétive adjectivale. La deuxième étudie les structures de complétives adjectives présentes dans notre corpus. La troisième partie étudiera la nature du lien entre l'adjectif et le verbe qui le précède afin de savoir s'ils sont liés ou non.

1. LA COMPLÉTIVE ADJECTIVALE : UNE STRUCTURE EN QUESTION La complétive adjectivale est régie par un adjectif qualificatif dans un énoncé attributif. Selon Riegel (1993 : 9), une structure attributive renvoie à une construction dans laquelle l'adjectif apparaît voué à la caractérisation et à la description des référents déjà constitués comme tels, c'est-à-dire catégorisés et identifiés par d'autres moyens linguistiques. Autrement dit, la structure attributive est une phrase qui relève les traits d'un référent. Le schéma de la complétive adjectivale qui s'y trouve est V+Adj+Que P. La proposition subordonnée complétive y est précédée d'un adjectif qualificatif. Les exemples ci-après l'illustrent :

1.a. Ils sont convaincus que ses conséquences sur le bien commun n'intéressent pas (LP05/04/02)

1.b. K restait étonné qu'on le renvoyât et qu'on le laissât seul dans sa chambre (LP :32)

1.c. On trouve normal que les jeunes gens jettent leur gourme (LP01/11/02)

Dans ces énoncés, les adjectifs qualificatifs convaincus, étonné et normal sont respectivement précédés des verbes sont, restait et trouve. Ils sont chacun suivis d'une complétive à droite. La tradition grammaticale voit en ces complétives des compléments de l'adjectif. Ces trois phrases induisent les structures être+Adj+Que P, rester +Adj+Que P et Trouver +Adj+Que P.

Or, pour des études récentes à l'instar d'Evouna (2015), cette complétive n'est pas liée à l'adjectif. Par conséquent, il n'existerait pas de complétive adjectivale. Il est utile de s'interroger sur ce qu'il en est réellement : existe-t-il ou non une complétive de l'adjectif ? La complétive dépend-elle de l'adjectif ? Si oui, quelle est sa véritable fonction ?

1.1. Adj Que P : une complétive nominale en structure profonde ?

Selon Evouna (2015 : 52-53), la structure Adj + Que P n'intègre pas une complétive adjectivale. Il n'existerait pas de complétive adjectivale, pas plus qu'il n'existerait de complément de l'adjectif de nature propositionnelle. En effet, dire que la complétive est régie par l'adjectif revient à considérer la proposition comme un apport et l'adjectif comme un support.

Pour Evouna (op cit), il est certes vrai que la complétive est un complément dans cette structure. Mais de quel constituant est-elle l'argument ? L'auteur pense que des éléments ont été effacés en surface dans la structure de ces énoncés. Il postule la disparition d'un antécédent nominal. Cet antécédent effacé est réalisé sous la forme d'un SN opérateur. Quelques Nop ont été étudiés au chapitre précédent. Il peut s'agir du SN opérateur prototypique le fait ou des autres, à savoir l'idée, l'impression, le sentiment, l'hypothèse, etc. La structure V + Adj + Que P correspond donc à V + Adj + le SN op Que P. Cette hypothèse s'illustre par les énoncés ci-dessous.

2.a. Il était à peu près certain que la culture ne jouerait aucun rôle dans le duel de la présidentielle (LP05/04/02)

2.b. J'ai été étonné que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin (LP11/10/02)

2.c. Furieux que Moose donne l'impression de ne pas le prendre assez au sérieux, Muhammad téléphone le 21 à la police (LP01/11/02)

En leur adjoignant l'antécédent nominal, nous obtenons les dérivées suivantes.

2.a'. Il était à peu près certain du fait que la culture ne jouerait aucun rôle dans le duel de la présidentielle.

2.b'. J'ai été étonné du fait que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin.

2.c'. Furieux du fait que Moose donne l'impression de ne pas le prendre assez au sérieux, Muhammad téléphone le 21 à la police.

Au regard de cette possibilité de réinsertion de l'antécédent nominal, la complétive de l'adjectif apparait comme une réalisation pure et simple de la complétive du nom. Le même phénomène est observé avec beaucoup de verbes à complétive : Luc persuade Anne /du fait /que c'est vrai et Luc déplore /le fait / que ce soit vrai. Le complément reste un complément du verbe. Nous souhaitons savoir si la relation entre la complétive et l'antécédent nominal est la même. Nous voulons questionner la fonction de la complétive et de celle de son antécédent nominal.

Le recours à la structure profonde de la phrase et la réinsertion du SN opérateur induisent une redistribution des fonctions de QUE P et celle du SN. Pour le prouver, Evouna recommande l'usage du schème corrélatif tel qu'appliqué dans les énoncés ci-après.

2.a». *Que la culture ne jouerait aucun rôle dans le duel de la présidentielle est le fait tel qu'il Il était à peu près certain.

2.b». *Que vous n'accordiez pas plus de place à Darwin est l'idée tel que j'en ai été étonné.

2.c». *Que Moose donne l'impression de ne pas le prendre assez au sérieux est le sentiment tel que furieux, Muhammad téléphone le 21 à la police.

La complétive apparaît, non plus comme complément de l'adjectif, mais comme sujet dans cette phrase. Sans schème corrélatif, comme en [2'], c'est l'antécédent SN op qui assume le rôle du complément de l'adjectif. En appliquant le schème à la phrase, ce SN passe au poste attribut de la complétive sujet.

Si on admet cette argumentation d'Evouna (2015 : 53), on est en droit de conclure

qu'

il n'existe aucun rapport direct ni explicite entre l'adjectif et la subordonnée. Ce rapport, de type attributif, implique plutôt `'l'antécédent» et la complétive. En profondeur, une complétive dans le rôle fonctionnel de « complément de l'adjectif » joue le rôle du sujet. À l'observation, ce rôle (complément de l'adjectif) est celui de l'antécédent souvent effacé en surface (fait).

La structure Adj + Que P est-elle donc à analyser exclusivement comme complétive nominale ? Il semble donc possible que la complétive de l'adjectif n'existe pas réellement. Si l'on ne considère que la position d'Evouna, on répondrait négativement. Cette position mérite qu'on s'y attarde et la réalité des faits doit être observée. En réalité, l'argumentation transformationnelle d'Evouna est valable et soutenable mais elle est

susceptible d'être nuancée. On se demande si toutes les structures V + Adj + Que P ont une structure profonde nominale. Sinon, on s'interroge sur ce qui justifie que certaines ne donnent pas lieu à cette origine nominale. Par ailleurs, on voudrait voir si le sens de la phrase est le même dans les structures V + Adj + Que et V + Adj + le SN op Que P.s

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault