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Lexique-grammaire et complétive de l'adjectif qualificatif.


par JoàƒÂ«l Cédric ANYOU ELANGA
Université de Yaoundé 1 - Master es lettres  2019
  

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1.3.2. L'adjectif qualificatif dans les grammaires classiques

La présentation d'une unité linguistique et des propriétés qui en découlent sont tributaires de l'option épistémologique prise et du soubassement théorique. Il en est ainsi de la présentation de l'adjectif qualificatif. En tant que catégorie de la langue, cette espèce de mot a été étudiée. Avant de voir en quoi consiste cette présentation et ce qu'elle a de particulier, donnons un aperçu de la notion de grammaire classique.

1.3.2.1.La grammaire classique : bref aperçu

Il est courant d'opposer deux tendances de la grammaire : la grammaire traditionnelle et la grammaire linguistique. Par grammaire classique, il faut entendre, selon Arrivé et al. (1986 :298),

tout un corps de doctrine (conception de la description de la langue, règles, terminologie, conception de l'apprentissage) hérité de la deuxième moitié du XIXè siècle et globalement entériné par le modèle culturel qui a dominé la première moitié de ce siècle, avec quelques remises à jour périodiques qui n'ont guère affecté que des points et des détails.

Cette doctrine est d'essence philosophique et logique. La langue reflète la pensée dans cette doctrine. Pour comprendre la pensée, il faut découper la manière dont elle est disposée en jugements dans la langue. Ainsi, s'inspirant de la logique, les grammairiens traditionnels veulent faire une analyse détaillée de la langue. Ils aboutissent à des règles coercitives. C'est donc une grammaire normative, en tant qu'ensembles de règles prescriptives qui s'appliquent tant à l'oral qu'à l'écrit : dites ceci, ne dites pas cela, écrivez ceci, n'écrivez pas cela. La primauté est accordée aux grands écrivains de renom, considérés comme des modèles à imiter.

La grammaire traditionnelle a plusieurs objectifs. Il s'agit, d'après Poulin (1980 :22),

d'enseigner la grammaire pour enseigner la langue ; d'enseigner la grammaire pour apprendre à raisonner ; d'enseigner la grammaire au primaire pour préparer l'entrée au secondaire ; d'enseigner la grammaire pour doter l'enfant d'un moyen, d'un instrument au service de la compréhension et de l'expression.

Pour atteindre ces objectifs éminemment pédagogiques, deux exercices sont mis sur pied : l'analyse grammaticale et l'analyse logique. Selon Chevalier (1979 : 20),

Les exercices intitulés « analyse grammaticale (AG) » et « analyse logique (AL) » ont été [...] les deux piliers de l'apprentissage de la grammaire dans l'école française. L'AG définit la nature et la fonction des mots isolés, l'AL définit la nature et la fonction des propositions.

Onguene (2017 : 241) y insiste également. Pour cette auteure, le protocole de l'analyse grammaticale et celui de l'analyse logique sont les procédures majeures de découverte et de présentation des unités linguistiques en grammaire classique.

La méthodologie de la grammaire traditionnelle opère en trois mouvements : la définition ou la règle, l'observation des exemples littéraires et leur application. Pour Poulin (1980 :30), la grammaire traditionnelle a une méthode déductive, elle va de l'abstrait au concret, de la règle aux applications, du général au particulier, elle n'a aucune procédure de découverte, elle fait [sic] un recours continuel à la réflexion. La grammaire traditionnelle, héritière de la philosophie et de la logique, a été à l'origine d'une nomenclature grammaticale diversifiée : nom commun, proposition subordonnée, nom abstraits, COI, compléments circonstanciels, sujet réel, sujet apparent, sujet commun, etc. C'est à l'aune de ce soubassement théorique et méthodologique que les grammaires classiques, pour la plupart scolaires, présentent l'adjectif qualificatif.

1.3.2.2. L'adjectif qualificatif : des contours flous en grammaire classique

Les manuels de grammaire classique donnent une place centrale au mot. Concernant l'adjectif qualificatif, ils sont influencés par la bipartition détermination/qualification présentée ci-dessus. Il importe de donner un compte rendu de leur présentation de l'adjectif qualificatif.

Pour Dubois et al. (1961 :37), l'adjectif qualificatif est un mot variable, indiquant une qualité d'un être ou d'une chose (nom ou pronom). Il peut varier de forme selon son genre et son nombre. L'ouvrage insiste sur la place de l'adjectif qualificatif par rapport au nom auquel il se rapporte. On en retient que l'épithète peut se placer indifféremment avant ou après le nom auquel il se rapporte. La place de l'adjectif épithète obéit à un usage compliqué qui dépend en particulier du rythme de la phrase et du désir d'expressivité. Ces auteurs constatent également que l'adjectif qualificatif peut être transcatégorisé. Ce faisant, il est susceptible de connaitre un emploi adverbial ou prépositionnel.

Par ailleurs, l'adjectif qualificatif peut, selon les auteurs, avoir trois fonctions essentielles : épithète, attribut et mis en apposition. Pour Dubois et al (op.cit : 44),

l'adjectif qualificatif est épithète quand, placé à côté d'un nom nom dont il indique une qualité, il forme corps avec lui. L'adjectif qualificatif est attribut du sujet quand, relié au nom ou au pronom par le verbe, il exprime une qualité reconnue ou attribuée au sujet et qu'il ne fait pas corps avec ce sujet.

Tout comme le nom, l'adjectif peut être mis en apposition. Dans cette fonction, l'adjectif et le nom sont séparés par une ponctuation à l'écrit ou une pause à l'oral. Observons ces données liées à l'adjectif qualificatif dans les énoncés suivants.

2.a. Ô chaude, étouffante, presque pimentée, l'atmosphère de la case ! (SDI : 37)

2.b.

Parlant de l'attribut, Onguene (2001 :189-205) montre combien ardue est l'identification de cette fonction. Elle présente la complexité des mécanismes lexicaux qui

Ils collèrent leurs épaulent [...] par une prise irrésistible qui était le fruit d'un long entraînement (LP : 275)

2.c. Faut dire qu'Eddie se prend pour un intellectuel, sinon pour un fin lettré, bien que sa connaissance de la littérature française se borne pour le moment à une très relative imprégnation par les oeuvres complètes (TSTA :43)

2.d. Elle était craintive, circonspecte, comme une bête aux abois (VC : 81)

En 2.a., les adjectifs qualificatifs chaude, étouffante, presque pimentée sont apposé à atmosphère. Selon la définition de Dubois et al., ils indiquent la qualité de l'atmosphère. Dans l'énoncé 2.b., irrésistible et long sont respectivement épithète de prise et d'entraînement. Ils font corps avec le nom et ne sont par conséquent séparés par aucune pause. Il en est de même pour fin et relative en 2.c. Ils sont épithètes de lettré imprégnation. Craintive et circonspecte sont attributs du pronom elle dans l'énoncé 2.d.

Pour peu que le développement de Dubois et al. vaille la peine, nombreux de ses aspects sont sujets à caution. En effet, les données avancées pour définir l'adjectif qualificatif, unité linguistique, semblent seoir davantage à une réalité extralinguistique. Cette définition laisse croire que le qualificatif aurait un référent. Or, d'après Tomassone (1996 :268), l'adjectif qualificatif n'a en propre aucun référent ; il renvoie à une propriété du référent du nom dont il dépend, auquel il apporte un élément d'identification ou de caractérisation. Qu'est-ce qu'indiquer une qualité ? Tout adjectif qualificatif indique-t-il une qualité ? Par exemple, avec des énoncés tels que sacré type, vrai cauchemar, quelles sont les qualités indiquées par sacré et vrai ?

En outre, dire que l'adjectif peut varier de forme selon son genre et selon son nombre parait ignorer la dépendance de l'adjectif vis-à-vis du nom. L'adjectif est un subordonné du nom. Pour ce faire, il n'a pas d'existence propre indépendamment du nom. C'est le nom qui confère à l'adjectif ses marques de genre et de nombre. Tomassone (1996 : ibid) le relève en ces termes : certes l'adjectif qualificatif est un mot variable en genre et en nombre, mais il ne possède pas de genre propre : ses marques de genre et de nombre lui sont déterminées par le terme dont il dépend nécessairement.

Bien plus, la définition de l'adjectif qualificatif donnée ci-dessus aborde avec simplicité les fonctions mis en apposition et attribut.

entourent cette notion. En réalité, dire que l'adjectif attribut ne fait pas corps avec le sujet semble une posture peu soutenable. Dans la phrase 2.d. reprise ci-dessous, la suppression du sujet entraîne une agrammaticalité en 2.d». Supprimer l'adjectif change le sens de la phrase, car était revêt le sens de exister si l'adjectif est supprimé en 2.d.'. Cela montre que la connexion entre les deux est forte et que l'attribut et le sujet dont il dépend sont liés.

2.d. Elle était craintive, circonspecte, comme une bête aux abois (VC : 81) 2.d'. Elle était comme une bête aux abois

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote