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De la critique de la durabilité pour une justice environnementale participative.


par Tchilabalo Adjoussi
Institut Supérieur de Philosophie et des Sciences Humaines Don Bosco (ISPSH Don Bosco) - Master ès-Sciences de l’Homme et de la Société 2018
  

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2.2- La naissance théorique de la durabilité

Le développement durable apparaît pour la première fois dans les débats sur l'environnement dès les années 1960 dans les houleux débats sur l'environnement et le nucléaire, puis sera divulgué par la conférence de Stockholm sur « l'environnement humain» en 1972 et culmine dans la conférence sur la terre de Rio en 1992. Ce projet de vie bonne pour tous les terriens s'est imposé comme alternative à la crise écologique et est basé essentiellement sur la philosophie de la finitude : on ne saurait se développer infiniment.

Partir du rapport Brundtland pour rendre compte du développement durable ne signifierait pas que seul ce rapport parle assez bien du développement durable, bien au contraire, avant la conférence de Rio en 1992, les débats sur le développement durable ne manquaient pas ; A. Kiss (2005, p. 85-86) écrit:

Une des premières conventions mondiales visant à la protection d'espèces sauvages dans un but autre que leur exploitation est la convention de Paris du 19 mars 1902 « pour la protection des oiseaux utiles à l'agriculture ». L'objet de cette convention est significatif. Ainsi, la condamnation des « oiseaux nuisibles », en particulier des rapaces nocturnes et diurnes -- dont la plupart sont protégés aujourd'hui -- en dit long sur les motivations de cette convention. Les années 1930 ont apporté des progrès dans ce domaine avec l'adoption de la convention de Londres du 8 novembre 1933, relative à la conservation de la faune et de la flore à l'état naturel (...) Un autre progrès a été accompli aux Amériques avec la convention de Washington du 12 octobre 1940 pour la protection de la flore, de la faune et des beautés panoramiques naturelles des pays de l'Amérique. Toutefois, ses dispositions étaient peu contraignantes.

Ces bases seront les prémices des débats sur l'environnement et le nucléaire dans les années 1960. Les années70 verront la conférence de Stockholm en 1972, réitérer les discours précédents; les années 80 seront celles de l'engagement des Nations Unies en faveur de l'environnement par la création de la Commission Mondiale des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement (CMED) qui sera commanditaire du rapport Brundtland en 1987 qui à son tour, sera adopté plus tard à la conférence de Rio en 1992. Après la conférence de Rio, d'autres conférences ont suivi notamment le Protocole de Kyoto de 1997 dont le but était d'atteindre une réduction globale des émissions de 5,2 % entre 2008 et 2012 ; ensuite les différentes conférences des parties s'enchainent :

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2001 (COP7) : Accord de Marrakech. Pour lutter contre le changement climatique, cet accord prévoit une aide des pays développés vers les pays en développement.

2005 (COP11) : le Protocole de Kyoto entre en vigueur. Puisque 55 pays ont ratifié ce traité et que tous les pays l'ayant ratifié émettent au total au moins 55 % des émissions de CO2 de 1990, ce Protocole est effectif.

2007 (COP13) : le Plan d'action de Bali. C'est le début des négociations post 2005, c'est-à-dire post protocole de Kyoto.

2008 (COP14) : Conférence de Poznan. Les 27 pays de l'Union européenne sous présidence française s'entendent sur les moyens de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 20 % en 2020 par rapport à 1990.

2009 (COP15) : Accord de Copenhague. Les leaders mondiaux se sont mis d'accord sur un objectif de limitation du changement climatique à 2°C et une aide des pays développés de 30 milliards de dollars sur 2010-2012, porté à 100 milliards de dollars par an en 2020.

2015 (COP21) : Conférence des parties des Nations unies sur les changements climatiques. L'accord de Paris ratifié par de nombreux pays a été une étape historique dans la reconnaissance internationale de la notion de changement climatique. Un accord universel ambitieux sur le climat qui a comme objectif de contenir la hausse des températures bien en deçà de 2 °C, et de s'efforcer de la limiter à 1,5 °C.

2016 (COP22) : Conférence des parties des Nations unies sur les changements climatiques à Marrakech. Cette COP souhaite s'inscrire dans la continuité de l'accord de Paris. Avec comme objectif d'obtenir des engagements des pays sur des actions concrètes à mettre en place pour lutter contre le changement climatique.

Depuis, les États se réunissent tous les ans lors de grandes conférences pour discuter des solutions à mettre en oeuvre6.

La remarque que nous pouvons faire et qui différencie les différentes conférences suscitées du rapport Brundtland est que ces différentes conférences ne se tiennent que pour mettre en lumière ou statuer le plus souvent, sur un aspect de la crise écologique soit le climat, soit les émissions des gaz à effet de serre, soit le financement des pays en voie de développement pour les aider à supporter les revers négatifs de la crise écologique etc. Or le rapport Brundtland quant à lui prend en compte l'ensemble de la crise écologique et statue sur tous les aspects de cette crise, en d'autres termes le rapport Brundtland est le texte fondamental qui met en lumière, et de façon synoptique tous les aspects de la crise écologique, tout en proposant les actions qu'il faudrait poser pour changer la donne.

Il s'inscrit dans la logique d'un bilan de la situation écologique de la planète dont l'état devenait de plus en plus préoccupant en un moment donné de l'histoire de l'humanité.

6Les informations ci-dessus sur les différentes conférences des parties nous sont parvenues grâce au lien suivant: http://www.mtaterre.fr/dossiers/le-changement-climatique/les-conferences-mondiales-sur-le-climat, consulté le 05 mai 2017. Ces conférences nous montrent la bonne volonté d'une action collégiale en faveur de l'environnement.

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Notre avenir à tous coïncide avec une grande avancée que l'humanité n'a jamais connue, il s'agit de la sortie en orbite au tour de la terre; en effet, le rapport Brundtland dans ses premières pages, précise d'ailleurs que la révolution copernicienne a certes marqué un grand pas dans le domaine de la connaissance de la situation de l'homme par rapport à tout l'univers, mais mieux encore la sortie en orbite permet d'abord de mieux comprendre la place de la terre dans l'univers et ensuite de mieux voir la planète terre que nous habitons depuis le ciel et sa fragilité dans un vide absolu.

La connaissance de la terre depuis le ciel est l'un des éléments précurseurs du développement durable. De l'espace, la terre renseigne mieux sur ce qu'elle est c'est-à-dire une planète qui, toute différente des autres, est dominée par la nature : océans, mers, nuages, verdure et sols d'où un impératif pour l'homme d'intégrer ses habitudes à ce qu'est la terre dans son ontologie, un lieu qui grouille de vie, afin de vivre en symbiose avec elle. Or le constat amer que l'on fait est qu'au lieu que l'homme s'ordonne selon le rythme de la nature, la tendance est qu'il s'impose par ses activités et ses ambitions de plus en plus démesurées. Le rapport Brundtland (1987, p.7) stipule: « Du ciel, nous voyons une petite boule toute fragile, dominée non pas par l'activité et les constructions de l'homme, mais par une nébuleuse de nuages, d'océans, de verdure et de sols ».

Bien que notre avenir à tous mette un accent particulier sur la gravité de la dégradation de l'environnement causée par un activisme à outrance de l'homme, il exprime aussi un espoir; l'espoir en la capacité de l'homme, capacité à changer la donne et à restaurer la nature par un développement responsable dont la toile de fond serait de « puiser sans épuiser » les ressources comme le diront E. Dronne et R. Morin (2010) plus tard.

Par ailleurs, le fondement de l'inquiétude, ce sont les données scientifiques qui renseignent sur l'état de notre planète. Déjà en 1973, E. Bonnefous (1973, p. 22) écrivait:

On estime que 700 millions d'hectares de terre cultivées sont plus ou moins dégradées. La superficie des déserts a augmenté de 1milliard d'hectares depuis que l'homme a entrepris sa lutte contre la nature, et la FAO signale que le Sahara « avance» chaque année de 1,5 à 10 kilomètres. L'activité inconsidérée de l'homme a détruit à ce jour 2 milliards d'hectares de terre, soit 15% de toutes les terres continentales, 24% de toutes les terres aujourd'hui cultivables.

Ces informations concernant la dégradation de la terre et l'avancée des déserts ne laissent personne indifférent étant donné que le destin de l'humanité tout entière y est embarqué. Causée par la culture industrielle, la dégradation des sols a pour cause première l'irrigation. Car, ainsi qu'il le dit: « dans les régions acides à climat chaud, une irrigation mal

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conduite, c'est-à-dire en particulier sans évacuation corrélative suffisante, suscite une remontée successive de sels qui grille les cultures» (E. Bonnefous, 1973, p.23). Quant à l'avancée du désert, elle est due au déboisement intense qui n'est pas suivi de reboisement. Il note également que des écosystèmes entiers sont en disparition à cause de:

Du soleil qui y exerce ses effets (catalysant)» ou encore parce que dévorés par des « déserts de béton » qui renvoient à l'urbanisation massive; quant à la faune, elle subit des dégradations à cause de « la transformation que l'homme fait subir au milieu naturel et tout particulièrement au couvert végétal » (E. Bonnefous, 1973, p.31et 38-39).

Dès lors, la redéfinition du développement devient un défi mondial puisqu'il nécessite l'union des forces politiques qui doivent avoir conscience qu'aujourd'hui, il est impossible de séparer le développement économique des préoccupations environnementales et sociales pour arriver à bout de cette crise. Ce fut dans ce contexte que la commission Brundtland (1987, p.10) notait:

Cette prise de conscience a élargi notre perception du développement. Nous ne l'envisageons plus dans son contexte le plus étroit, qui est celui de la croissance économique dans les pays en développement ; nous avons compris qu'une nouvelle voie s'imposait qui permettrait le progrès non plus dans quelques endroits privilégiés pendant quelques années, mais pour la planète entière et à longue échéance. Le « développement durable » devient ainsi un objectif non plus pour les seuls pays « en développement », mais encore pour les pays industrialisés.

Car les répercussions sociales des dégradations environnementales notamment les inégalités environnementales n'épargnent personne. La durabilité reste alors l'alternative à la question du développement d'une part, et d'autre part une solution, pour l'instant, efficace à la crise écologique. C'est de ces arguments que la durabilité est devenue l'orient mondial de développement. Mais en quoi consiste-t-elle vraiment?

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo