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Gestion durable des ressources halieutiques dans la retenue d'eau de Maga (Mayo-Danay, extrême-nord Cameroun)


par Eric Toussoumna
Université de Ngaoundéré - Master 2 2015
  

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1.1.1. Une retenue aux capacités physiques considérables

Les capacités physiques de la retenue de Maga sont a priori, le premier facteur à même d'expliquer l'abondance relative des ressources. Par ordre d'importance relative décroissante, on retient les ouvrages géotechniques de la retenue et les données climatiques.

1.1.1.1. Les ouvrages géotechniques de la retenue

Ces ouvrages sont suffisamment nombreux et importants à telle enseigne que la création du réservoir de Maga n'a pas laissé l'environnement indemne. On peut noter :

? Le réservoir de Maga-Kaï-kaï

Avec une profondeur moyenne de 3 m, le réservoir de Maga-Kaï-Kaï (image 1) s'étend sur une superficie variante entre 240 et 360 km2 selon les saisons (Le Competing-Bet, 2006) et peut contenir jusqu'à 625 millions de m3 d'eau. La cote la plus basse du système se trouve au niveau de l'évacuateur de Vrick, constitué par 10 vannes (planche 1). Le volume prélevé pour l'irrigation des 700 hectares de rizières de l'unité II de la SEMRY est estimé à 200 millions de

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m3 d'eau par an. Une bonne partie de cette eau est drainée par le Mayo Vrick et P2 pour alimenter les Casiers rizicoles.

Photo 1: Le réservoir de Maga-Kaï-kaï

La démarcation en rouge illustre la zone d'impact du lac de Maga. Le miroir d'eau couvre habituellement cette surface.

Selon les rapports des bureaux d'études, « Le Competing-Bet » (2006) et « ERE-Développement » (2012), les cours d'eaux qui alimentent le lac, transportent des quantités importantes de sédiments et débris organiques qui se déposent à l'entrée et dans les dépressions de la retenue. Il n'y a pas des données permettant une quantification de l'envasement, la réduction de la profondeur du réservoir et du volume d'emmagasinement d'eau, mais il est certain que la capacité du réservoir s'est réduite. Et la pêche y pratiquée, a à y voir pour beaucoup. Le miroir d'eau aurait aujourd'hui une superficie de 109 Km2 en période de décrue.

C'est dans ce plan d'eau que s'effectuent les captures, et c'est dans et autour de celui-ci que se trouvent les villages des pêcheurs.

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? La digue-barrage Guirvidig-Maga-Pouss

La retenue est soutenue au Nord par le barrage en terre compactée de Maga long de 27 km qui va de Pouss à Guirvidig via Maga orienté d'Est en Ouest (voir figure 02). Construit en 1979 il a eu une hauteur originelle d'environ 4 à 5 m et une largeur en crête de 3,5m. Ladite digue est formée de sable argileux et limoneux peu compressible et compactée en couches d'environ 15 cm d'épaisseur. Quatre ouvrages de prise d'eau aménagés sur la digue servent à irriguer par gravité les périmètres rizicoles de la SEMRY.

Au stade de son fonctionnement optimum, les eaux du réservoir doivent être vidées avant les apports de la prochaine saison de pluies. Elle peut être une solution durable, écologique et économique au problème d'inondation dans la plaine, à condition d'assurer pleinement sa fonction d'irrigation et que les apports des sédiments qui comblent progressivement le lac soient maîtrisés. Car, jusqu'en 2012, elle était dans un état de dégradation avancée à cause d'un entretien insuffisant et de certains défauts originels aussi bien de conception que de construction.

Heureusement qu'aujourd'hui les travaux de réhabilitation entrepris dans le cadre du projet dénommé PULCI18 semblent transformer celle-ci en un véritable boulevard utilisable à la fois par les piétons, les cyclistes et les engins à moteurs (photo 2) vont lui redonner fonctions.

Coordonnées de prise de vue : x=10° 49' 58» y - 14° 57' 10» E
Photo 2 : Vue de dessus de la digue barrage de Maga en réhabilitation

18 Le Plan d'Urgence de Lutte Contre les Inondations est un projet en cours actuellement dans la localité. Financé à la fois par l'État et la banque mondiale.

En plus du soutien de la Digue-barrage, pour fonctionner, ce plan d'eau a aussi besoin d'autres infrastructures annexes au nombre desquelles, la prise d'eau sur le Logone, le déversoir de Pouss et l'évacuateur de Vrick.

? Le pont sur le Mayo Vrick

L'ouvrage assure la vidange partielle de la retenue en cas de montée rapide et menaçante du niveau d'eau. Il est situé sur la digue-barrage au point PK 15+864, entre Maga et Guirvidig. Cet ouvrage est constitué d'une batterie de dix dalots au niveau de la digue-barrage. Dix vannes à glissement NEYRTEC 1400 x 1400 mm contrôlent le débit de l'ouvrage (planche 01, a). Le bassin de dissipation d'énergie à l'aval de l'ouvrage se prolonge par un revêtement en enrochements du chenal d'évacuation, constitué de gros moellons et qui débouche dans le Mayo Vrick, principal axe de drainage de l'aménagement (b, planche 01).

Les talus de berges situés à l'amont de la digue barrage, de part et d'autre de l'ouvrage de Vrick ont fait l'objet d'enrochements jointoyés au mortier de ciment sur une faible pente, afin d'assurer leur protection contre l'érosion et le batillage.

a

b

Coordonnées des prises de vues :

X= 10°50'14» - y=14°55'24» X=10°50'14» -y=E 14°55'24»

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Planche 1 : Pont sur le Mayo Vrick

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Seulement 6 vannes peuvent être opérées pour réduire le niveau du réservoir. Les autres ne le sont pas à cause du manque d'entretien et du vandalisme. Les enrochements à l'aval des bassins de dissipation ont aussi fait l'objet de vandalisme et par conséquent, des symptômes de sape et d'érosion apparaissent un peu partout, même si les vannes opèrent seulement à environ 60% de la capacité totale de l'évacuateur.

? La prise d'eau de Djafga

Quand les volumes d'eau apportés par les cours d'eau ne peuvent satisfaire à eux seuls les besoins de la retenue, un volume d'eau complémentaire est prélevé du Logone par un canal aménagé au niveau de la localité de Djafga (Photo 03). Le canal de conduite des eaux évacuées est mal entretenu et se trouve obstrué par des dépôts de sédiments sur lesquels s'est développée une dense végétation herbacée (UICN et CBLT, 2007).

Coordonnées de prise de vue : x= 10° 47' 02 `'- y= 14° 55' 53»

Photo 3 : Vue partielle du canal d'alimentation du lac par le Logone à Djafga

Ce canal d'alimentation tel que présenté dans la photo, est un haut lieu de pêche comme d'ailleurs toutes les infrastructures annexes de la retenue ou les canaux d'irrigation de la SEMRY. Avant d'arriver dans le lac, les poissons contenus dans les eaux d'écoulement du canal sont prélevés majoritairement par les pêcheurs à nasses et ceux à éperviers.

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? Le déversoir de Logone-Pouss

Cet ouvrage à une longueur de 750 m (tableau 04). Il est situé à quelques centaines de mètres au sud de Pouss. Il met en communication la retenue et le fleuve Logone, lorsque le plan d'eau de la première atteint la cote de calage du seuil de l'ouvrage ou vice-versa. Il est constitué d'un mur en béton de 0,60 m de large enterré sur une profondeur de 2,50 m, avec une crête à la cote 312,19 m. Des talus en terre compactée étaient disposés de part et d'autre. Pour limiter les effets de l'érosion, des enrochements ont été mis en place à l'amont et à l'aval du seuil du déversoir. L'ouvrage est à présent submergé et a subi des dégâts dans les enrochements et la piste Pouss-Yagoua. Le PULCI travaille actuellement de façon à le réhabiliter avant la prochaine sortie des eaux propres aux inondations des yaerés.

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Tableau 4 : Caractéristiques du système Maga-Vrick-Logone

OEuvres

Caractéristiques

Réservoir de Maga

Création en 1979

Capacité maximale

Environ 620 millions de m3

Profondeur moyenne

Comprise entre 3 et 4 m

Extension en étiage

36.000 Ha

Côte d'alerte en inondation

Côte d'alerte contre les inondations : 312.5 m

Entrées d'eau

Par apports naturels et artificiels

Digue / barrage

Création en 1978 ; 38 ans

Matériel

Terre compactée

Longitude

27 km (de Pouss à Guirvidig)

Largeur de la crête

3,5 m

Hauteur moyenne

4,0 m

Côte à la crête

314,5 m

Ouvrages d'évacuation
Vrick

Dix vannes avec capacité de 100 m3/s (dont seulement 6
fonctionnelles)

Déversoir Logone-Pouss

Déversoir Logone-Pouss

Côte d'échange-calage

312,19 m

Mur en béton

0,60 m largeur, 750 m longueur profondeur 2,5 m

Canal d'alimentation
artificiel de Djafga

voir figure 01 plus haut

Longueur

11 km

Apport

De 19 à 30 m3/s

Digue de Logone

Digue en terre compactée de 45 km de longueur, de Djogoide (Yagoua) à Bégué Palam largeur de crête de 1 à 1,5 m

Digue Logone en terre non compactée 27 km, de Bégué Palam à Pouss

Source : Données du bureau d'études Le-competing-Bet, 2006

Bref, les capacités physiques de la retenue sont considérables. Raison pour laquelle, sa création va non seulement bouleverser l'équilibre écologique de la plaine du Logone, mais aussi, dégrader son tissu socio-économique au profit de la pêche artisanale lacustre.

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En effet, les études antérieures (Naah, 1990 ; Sighomnou et al., 1997) ont montré que l'absence des inondations enregistrée dans le Yaéré résulte des effets conjugués de la péjoration climatique des trente dernières années et des aménagements de la SEMRY dans le cadre du barrage de Maga. La présence des digues limite les débordements du Logone vers la plaine, alors que la rétention des eaux chargées en limons des Mayo Tsanaga et Boula dans le barrage de Maga prive la plaine des limons et autres minéraux dissous qui jouent un rôle important sur sa fertilité.

De plus une analyse du fonctionnement hydraulique du barrage montre que le volume moyen des eaux déviées vers le Logone chaque année est relativement important. Avec une moyenne supérieure à 0,5 milliard de m3, il dépasse de loin certaines années, le volume total des eaux que les Mayo Tsanaga et Boula drainaient vers la plaine par le passé. L'analyse des hydrogrammes enregistrés à diverses stations du fleuve avant et après les aménagements de 1979 le confirme (Molinier et al., 2000).

Ainsi, il s'en est résulté, un dysfonctionnement écologique et socio-économique dans la plaine du Logone. Cette tendance, qui a été accentuée par une baisse généralisée de la pluviosité dans la zone soudano-sahélienne (UICN et CBLT, 2007), a provoqué de nombreux phénomènes entre autres :

- La diminution des surfaces inondées d'environ 60 % ; Le déplacement d'environ 10 000 personnes (Sighomnou et al., 2002) ;

- Le déplacement d'environ 10 000 personnes (Sighomnou et al., 2002) ;

- La perte de pâturage de bonne qualité ;

- divagation des animaux sauvages, en dehors du Parc National de Waza,

- entraînant des dégâts matériels et même humains ;

- La baisse des rendements de pêche de plus de 90 % avec pour conséquence le

détournement des pêcheurs vers d'autres activités comme le braconnage (Noordji, 1988) ;

- La prolifération des canaux de pêche et la baisse de la biodiversité végétale (Saleh et al., 1997) etc.

Pour beaucoup d'experts, les objectifs de la construction de ce barrage ne sont pas atteints. Car, le barrage devait par exemple assurer initialement l'irrigation de 7000 ha de rizière, en réalité il alimente moins de la moitié de cette surface de nos jours en raison des difficultés financières de la SEMRY et des problèmes que rencontrent les populations locales pour la maîtrise des nouvelles techniques culturales.

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L'attention de la communauté internationale a été attirée sur la gravité de la situation, et des études ont été entreprises au début des années 1990 avec pour objectif la réhabilitation des inondations dans le Yaéré, sans perturber les installations mises en place par la SEMRY. Les premiers résultats des études, qui ont coûté deux fois plus chers que les aménagements mis en place, ont montré que la réouverture de l'un des principaux défluents du Logone fermé en 1979, conduit à un rétablissement de la dynamique de submersion de la plaine et à la restauration des inondations dans une partie très importante de la plaine (Sighomnou et al., 1997). En effet, l'environnement change dans le temps sous l'influence des processus d'origine naturelle ou anthropique.

Toutefois ces grandes mutations ont contribué à transformer le lac de Maga, un « bled perdu19 » en une pêcherie connue de tous dans la Région de l'extrême-Nord Cameroun qui doit son abondance en ressources halieutiques à la conjonction de plusieurs facteurs géographiques au nombre desquels, son appartenance climatique.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe