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La robotique industrielle et la performance qhse

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par Ludovic HERGOTT
IAE Metz - Master II QHSE 2018
  

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PARTIE

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THÉORIQUE

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La partie théorique a pour objectif d'étudier la littérature et de déterminer les différents concepts de la robotisation ainsi que les idées de certains chercheurs qui ont eu l'occasion d'étudier en relation avec la problématique du mémoire. Elle apporte donc une justification scientifique des éléments étudiés.

2. La robotisation au coeur d'une nouvelle révolution industrielle.

L'entreprise a connu différents stades d'évolution. La première révolution industrielle provenait essentiellement des métiers manuels et agricoles. A cette époque, les machines étaient déjà élément d'inquiétudes chez les travailleurs (Ostergaard, 2018). Quelques années plus tard ce fût un enjeu majeur pour le président des états unis John Fitzgerald Kennedy : « le plus grand défi des années 1960 est de maintenir le plein emploi au moment où l'automatisation remplace l'homme ».

Aujourd'hui, devant parvenir à maximiser la rentabilité de ses produits, l'entreprise recherche de nouveaux moyens permettant d'agir sur les paramètres internes de son fonctionnement. L'industrie se modernise et vit avec son temps, il en est de même de la façon de travailler, on parle d'évolution du travail. Il est vrai que nous entendons de plus en plus parler de fin du salariat, revenu universel et entreprise 4.0. Le travail, défini comme la façon dont nous nous organisons pour réaliser une valeur ajoutée (Ruskpin, 2017), a profondément changé durant ces derniers siècles. Notons par ailleurs que les mots «entreprises» ou «salariés» sont des notions assez récentes.

Face à la vitesse à laquelle consommateurs et marchés évoluent, les entreprises doivent repenser leurs modèles de production et sans perdre de temps face à une concurrence rude qui tend à se digitaliser davantage et à travailler sur le concept de l'industrie 4.0.

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2.1 L'industrie 4.0

Dans leur article, Xu, L. et al. (2018) décrivent l'industrie 4.0 comme étant la quatrième révolution industrielle. Ils représentent l'orientation des entreprises vers les technologies de robotisation et digitalisation, incluant par exemple : « les systèmes cyber-physiques (CPS), l'Internet des objets (IoT) et l'informatique en nuage2 » (Xu, L. et al. 2018, p.2)

On constate que cette orientation permet de standardiser l'entreprise. C'est une nouvelle forme de langage. Ils indiquent dans le même article que : « L'industrie 4.0 a le potentiel de devenir la langue de production mondiale. Chaque processus utilisé dans un système Industrie 4.0 intègre des technologies existantes et éprouvées avec de nouvelles technologies et applications pour résoudre les problèmes de fabrication.»(GTAI, 2014, p. 29533).

Aujourd'hui, les machines sont connectées en tant que communauté collaborative. Une telle évolution nécessite l'utilisation d'outils de prédiction préalable, afin que les données puissent être systématiquement traitées en informations, pour expliquer les incertitudes, et ainsi prendre des décisions plus « éclairées ».4

Mais le concept de l'industrie 4.0 ne se limite pas uniquement aux robots et à l'automatisation intelligente, mais de tout son processus de fabrication permettant de produire avec une qualité constante et une réduction des coûts ce qui rend les produits plus attractifs pour les consommateurs dans le cas où ces entreprises prennent en compte les enjeux économiques,

2 «as the cyber physical systems (CPS), Internet of Things (IoT) and cloud computing» Xu, L. D., Xu, E. L., & Li, L. (2018). Industry 4.0: state of the art and future trends. International Journal of Production Research, 56(8), 2941-2962. P2

3Industry 4.0 has the potential of becoming the global language of production. Each process used in an Industry 4.0 system integrates existing and proven technologies with new technologies and applications to address manufacturing problems

4Today, in an Industry 4.0 factory, machines are connected as a collaborative community. Such evolution requires the utilization of advance- prediction tools, so that data can be systematically processed into information to explain uncertainties, and thereby make more «informed» decisions.

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sociaux et écologiques pour garantir une pérennité dans le temps (Ostergaard, 2018). C'est alors qu'apparait une nécessité de développement équitable des trois piliers fondamentaux : économique, écologique, social de la robotisation (Puesch, 2015).

3. Les enjeux de la robotisation dans l'industrie. 3.1 Le concept du développement durable

Le développement durable est une notion qui apparait pour la première fois en 1987 dans le rapport de Brundtland, il est question de définir génériquement le développement durable comme un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » (Rapport Brundtland, 1987).

3.1.1 Schéma de Brundtland

Instaurer une nouvelle technologie ou développer celle existante devrait être pensé en respectant l'équité des trois zones du schéma de Brundtland :

Figure 2 : Beitone, A. (2013). Chapitre 6 - Économie et sociologie du développement. Dans Economie, sociologie

et histoire du monde contemporain (pp. 283).

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Ce schéma met en évidence les interactions sociales, environnementales et économiques ainsi que leurs conséquences en cas d'inégalité et la perte du caractère « durable ». Cela permet de justifier que seule la combinaison équitable des trois zones permet d'obtenir un développement durable de l'organisme dans lequel une robotisation serait développée. Il est important de préciser que ces enjeux doivent être complémentaires et ne peuvent faire l'objet d'une seule priorisation. Développer de manière asymétrique les axes du schéma dirige l'entreprise vers des inégalités d'enjeux.

Or, la robotique est une technologie utilisatrice importante d'énergie et de matériaux que certains pays utilisent de manière disproportionnée. Mais la Terre ne peut fournir autant de ressources pour continuer à développer ces pays et ceux en voie de développement industriel avec le même niveau d'énergie et de ressources (Nair, 2011). L'entreprise doit s'inscrire dans une démarche de développement durable afin de répondre à la fois aux enjeux économiques tout en étant socialement équitable et être tolérable environnementalement (Puesh, 2015).

Elle ne doit donc pas être dans la recherche du profit en délaissant les aspects sociaux et environnementaux car ces derniers font partie du cadre de cette même entreprise. (Badredine et Djaouahdou 2017).

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3.2 L'enjeu environnemental de la robotisation :

Les entreprises sont de plus en plus concernées par l'environnement et investissent dans la recherche et développement en prenant compte de l'aspect environnemental. Ce postulat, décrit par Simon (2017) dans sa note pour les Échos, nous donne les différents enjeux environnementaux, développement des énergies renouvelables à la place des énergies fossiles, prise en compte du changement climatique, protection de l'environnement grâce au déploiement de nouvelles technologies intelligentes, tel que les robots avec analyse de la consommation ou encore avancée sur les standards écologiques. Ce sont autant de points qu'il est important à prendre en considération lorsque l'entreprise souhaite intégrer ces nouveaux robots dans sa sphère industrielle pour conserver son leadership.

Grâce au développement exponentiel des technologies, on remarque une amélioration des robots avec une intégration de capteurs intelligents. Ils permettent l'optimisation de certains traitements de la consommation d'énergie et donnent des informations sur leurs utilisations. Ainsi le robot est capable de d'adapter son usage énergétique en fonction des circonstances et des situations dans lesquelles il se situe. Il est important de garder un même niveau d'équité pour répondre à ces critères. Walker et Wendy Philips (2006) proposent par exemple un développement économique et social soumis à des contraintes afin de minimiser les impacts négatifs sur l'environnement.

L'investissement pour la mise en place d'un robot industriel est amorti sur 2 ans après son intégration dans l'entreprise (Bugmann et al. 2011), mais les robots industriels consomment beaucoup d'électricité : les principaux coûts de la robotisation une fois en place (en fonctionnement normal) sont liés à l'utilisation d'énergie.

Sa consommation journalière est estimée à 150KWh, soit trois fois plus que celle d'un foyer en Europe et onze fois plus qu'un foyer en Asie. (Bugmann et al. 2011). Cependant, il est intéressant de constater que les coûts journaliers d'un robot aux Etats-Unis sont estimés à 0,3US$ de l'heure (0,26€ /h), soit 50 fois inférieur comparé à ceux d'un ouvrier (Potter R., 2004)), mais l'utilisation de la ressource énergétique, même à bas coût ne peut pas être négligée. (Bugmann et al. 2011).

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3.3 L'enjeu social de la robotisation:

Cet enjeu se traduit par le respect de plusieurs critères faisant actuellement l'objet de nombreux débats. Il est notamment question de respecter le partage des ressources financières issues des robots qui réalisaient jusqu'alors les tâches précédemment effectuées par l'Homme afin de réduire les inégalités.

Les robots génèrent un bénéfice et réduisent les coûts généraux de fonctionnement d'entreprise. Ces bénéfices devraient être partagés pour éviter le phénomène d'inégalité sociale (Schweitzer, Puig-Verges, 2008).

L'enjeu du respect des conditions de travail intervient également dans cet axe. Les entreprises peuvent désormais effectuer des tâches lourdes et pénibles tout en respectant les normes de sécurité associées en se délestant de nombreuses contraintes physiques. Elles peuvent désormais agir sur de nombreux paramètres de production sans interférer sur les conditions de travail de l'homme. Cependant cet enjeu d'attribution des tâches ne doit pas interférer avec l'attribution des métiers. Ainsi, l'entreprise doit trouver le juste équilibre entre respect des conditions de travail, d'hygiène de vie et la prise en compte des attentes de leurs salariés.

Les enjeux sociaux de la robotisation feront l'objet de développement plus détaillés dans la suite de ce mémoire.

3.4 L'enjeu économique :

L'enjeu économique est capital pour une entreprise. Elle doit être capable de développer sa performance économique en prenant en compte les enjeux environnementaux et sociaux. Face à la concurrence et au marché de plus en plus strict sur le produit, elle doit répondre aux objectifs de qualité (coût, délais, satisfaction client) pour rester compétitive (Gillet-Goinard et Seno, 2016). Le cahier des charges lié au produit devient de plus en plus strict et demande à l'entreprise de s'adapter à ces besoins. La montée en gamme, les exigences strictes du monde automobile et la croissance de la sphère technologique dépassent les compétences humaines. La

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performance de l'Homme ne permet plus de répondre à elle seule aux exigences des clients. Pour répondre dans les délais imposés, s'adapter aux contraintes technologiques et s'assurer de la conformité du produit, les entreprises doivent prendre en considération la possibilité qu'offre la robotisation. Dans la sphère automobile elle augmente à elle seule d'au moins 30% par an à l'échelle mondiale Attali, J. (2007).

Amazon, géant de la vente a investi près de $700M en 2012 sur sa branche Amazon Robotics afin de robotiser sa chaine logistique et gestion des colis. Cette même entreprise développe en parallèle un système de reconnaissance visuelle des produits et de caisse robotisée afin de maximiser la performance économique de ses magasins de demain.

L'ensemble de ces enjeux dépendent de la politique de l'entreprise, de ses dirigeant et de ses ambitions, mais dépendent également du pays dans lequel plusieurs règles viennent interférer avec ces décisions, nous parlons ainsi d'une géopolitique de la Robotique (Ruskin, 2017).

3.5 Géopolitique de la robotique

La robotique touche différents secteurs, les plus connus étant le domaine de l'industrie, la santé, transport, défense mais il est intéressant de noter que les pays se spécialisent dans des développements particuliers de robotisation.

La France est l'un des pays européens les moins robotisés et a été classée selon la Fédération internationale de la robotique (IFR) au 18ème rang, bien loin de son voisin allemand (3ème). L'industrie française dispose d'un parc de 32.000 robots actifs (2016). Ce chiffre peut paraître élevé mais il est cinq fois plus bas qu'en Allemagne, premier producteur de robots en Europe. Cependant on constate une originalité dans les statistiques provenant du World Robotics Report : alors que la France occupe la 18ème place dans la robotisation globale, elle est l'un des pays les plus robotisés dans le domaine de l'industrie automobile et occupe la 2ème place en Europe (WRR, 2016). On note ainsi une augmentation de 22% du parc robotique automobile durant l'année 2016 pour atteindre 1400 unités. La France est également douée dans l'expertise et les connaissances liées à cette technologie.

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Nos voisins allemands disposent actuellement d'une culture et d'une vision vis-à-vis de la robotisation différente de nous. «Regarder de près le cas de l'Allemagne s'avère particulièrement intéressant, car cette économie est une plus grosse utilisatrice de robots que les Etats-Unis, et c'est également un pays producteur.» (Chavagneux, 2017, p 96). D'autant plus que le marché automobile y est le plus développé avec un parc de constructeurs étonnant.

Aux Etats-Unis, ces robots intelligents trouvent leur domaine dans la recherche, plus particulièrement dans l'aérospatial avec notamment le robot Curiosity qui explore depuis 2012 la planète Mars. Mais nous pouvons également constater que le domaine de la défense dispose d'une avancée majeure dans cette robotisation. Drones et androïdes servent à surveiller ou à combattre à distance. Selon le cabinet WinterGreen Research, le marché du robot défense (bulls, robots tout terrain de transport d'équipement militaires), va tripler d'ici 2021.

Enfin, le Japon, considéré comme le pays de la robotique (Ruskin, 2017), développe la recherche de robotique améliorant le quotidien. Cette observation est justifiée par la population japonaise, étant la plus âgée au monde.

On note une disparité au niveau des pays. Par exemple, dans l'Union Européenne, on constate un écart important entre la France et l'Allemagne; Selon Ulmer (2017, p.18), « En Allemagne, les technologies de l'industrie 4.0 sont intégrées dans les cursus de formation depuis deux ou trois ans, ce qui n'est que très modestement le cas dans l'hexagone. Ce point de la formation est pourtant central, tant les inquiétudes face à la robotisation des emplois sont importantes. Il y a une tendance encore trop forte de nos politiques publiques à se concentrer sur les aspects techniques et à minimiser les changements requis en termes de compétences, mais aussi d'organisation du travail. ». L'auteur nous oriente fortement vers la formation et les compétences des individus, qui ne font pas l'objet de la stratégie politique française actuelle. Ce constat est également soutenu par Arthus (2017), qui nous indique que la France possède deux fois moins de robots industriels que nos voisins allemands par salarié, ce qui implique que la France investissent dans de vieilles machines.

Par conséquent les enjeux de la robotique et son ampleur varient selon les pays et montre que la culture donne une perception différente face à la robotisation. Ces pays peuvent donc apporter des effets positifs ou négatifs différents en fonction de leur histoire.

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4. Les apports positifs de la robotisation dans l'industrie

Nous allons à présent mettre en évidence les apports positifs de la robotisation dans l'industrie. Nous décomposerons notre analyse suivant les trois facettes indissociables du développement durable, au service de l'entreprise : l'environnement, l'aspect social et la performance économique.

Dans cette révolution industrielle, les robots pourraient réaliser les tâches dites ingrates en libérant les hommes des tâches répétitives et dangereuses. De fait, cela permettrait de transformer notre rapport au travail en créant les emplois de demain et des métiers qui mobilisent nos capacités cognitives ou créatives. « Cette proximité avec l'homme ouvre pour la robotique un champ nouveau, celui de l'observation et de l'interaction avec l'homme et ce, à différentes étapes de son cursus existentiel » (Schweitzer et Puig-Verges p.292).

4.1 L'aspect économique :

La robotisation agit sur le triangle de la qualité : respect des coûts, des délais et de la satisfaction clientèle. Elle permet de répondre aux enjeux économiques des secteurs d'activités humaines et industrielles (Puesh, 2015 ; Bairoch, 2017). Développer la technique par la robotique permet indubitablement de développer la performance de l'entreprise. Le scientifique Kociemba (2012, p.16) définit les différentes valeurs ajoutées qu'apporte la robotisation dans l'industrie.

«Le système robotisé doit pouvoir suivre et contrôler la variabilité des pièces et des processus. Pour obtenir des résultats robustes et précis, le système robotisé doit être pourvu de fonctions complexes et nombreuses, telles que» :

l Le contrôle de force,

l La compensation active (compliance),

l L'usinage adaptatif,

l L'usinage en boucle fermée,

l Le calibrage,

l

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Le capteur laser,

l Le système de vision,

l La vérification exploratoire (probing), etc.

La robotisation est une réduction indéniable des différents coûts économique, dont celui de la main d'oeuvre qui est une charge importante sur les entreprises. En effet, l'impact économique du robot réside dans son prix d'achat, d'utilisation, de maintenance et de fin de vie en garantissant une disponibilité et un maximum de capacité (Urso, 1998). Cette vision pourrait être similaire au cycle de vie du produit. Or il est constaté que la charge est plus rapidement rentabilisée avec la mise en place d'un tel système dans l'industrie. La qualité du produit étant conduite par la satisfaction du client, l'entreprise constate une hausse des critères «qualité» dans le cahier des charges fonctionnel, ce phénomène est d'autant plus justifié dans le monde très strict de l'automobile. Pour répondre à cette demande et exigences du client ou réglementaires, la robotisation permet une montée globale de la qualité et de la cohérence du produit.

La cadence de production pose également plusieurs questions, l'humain se fatigue et peut se blesser ou perdre l'attention en fonction de la pénibilité de la tâche à réaliser. Intuitivement on constate une baisse de cadence lié à cette perte de vigilance. Le robot permet de pallier ce problème en n'ayant pas ces contraintes physiques et permet même de les dépasser en proposant des performances de production plus élevées. La cadence requiert un niveau de concentration élevé et demande à l'individu de concentrer ses performances cognitives vers un même point d'émergence. Il est peu probable qu'une personne soit capable de réaliser plusieurs tâches à la fois en gardant une cadence similaire et un niveau de vigilance élevé. Associer le robot à ces tâches permet de réaliser des productions et changements beaucoup plus rapides (Edip, 2017).

L'entreprise est en quête du zéro défaut. Pour y parvenir, celle-ci doit maîtriser sa ligne de production et être en situation de qualité totale. On constate une demande aux opérateurs d'être garants de la qualité fournie aux différentes étapes du processus de fabrication, et de réaliser des contrôles réguliers de pièces. Mais ce point pose actuellement question : Nous entrons dans le domaine de compétence propre dudit salarié réalisant le contrôle. Cette variable peut aussi dépendre du niveau de compétence de la personne, mais également de l'état physico-psychique dans lequel les individus se trouvent. Peuvent-ils juger de la conformité d'une pièce

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en se référant uniquement à la vue ? Un intérimaire aurait-il le même avis de conformité qu'une personne plus expérimentée ?

L'intérêt que portent les entreprises pour la robotisation permet de ne plus porter un avis subjectif sur l'état de conformité d'une pièce et permet également de traiter le phénomène de masse d'information qu'il serait impossible (en respectant les temps de cycle) d'obtenir avec un travail réalisé par l'homme. Le robot, dispose d'une base de données limitée uniquement à sa capacité de stockage (étant de nos jour proche de l'infini), et peut déterminer en fonction de plusieurs critères (couleur, texture, dimensions...) la conformité d'une pièce et par le biais de son intelligence artificielle décider des conduites à tenir pour pallier le défaut constaté (Edip, 2017).

Voici certains des avantages de l'acquisition de systèmes de finition robotisés :

l Une réduction directe du coût de la main-d'oeuvre ;

l Une amélioration de la qualité et de la cohérence en éliminant la subjectivité inhérente à l'humain ;

l Une ergonomie et une sécurité améliorées ;

l Une augmentation du débit ;

l La capacité à gérer plusieurs types de pièces, avec des changements rapides ;

l La réduction des coûts des consommables (pouvant aller jusqu'à 75%) ;

l L'inspection et la validation automatisées ;

l L'usinage de nouvelles pièces facilité.

La robotisation apporte son lot indéniable d'amélioration dans un organisme, c'est généralement cet enjeu économique qui fait de la robotisation une source de choix pour les industriels, mais d'autres aspects viennent compléter cette liste positive.

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4.2 L'aspect Environnemental

L'enjeu de la robotisation dans cet axe est de déterminer quels seraient les impacts sur l'environnement en étudiant d'un côté le cycle de vie du robot (avec toutes les phases : du puisement des ressource pour la fabrication, au recyclage du système et les ressources économisées grâce au déploiement de telles technologies, baisse du temps de travail, du nombre de salariés impactant une chute des transports avec diminution des consommations en carburant...). L'axe écologique n'est que rarement prioritaire pour les entreprises et passe en second ou troisième position est n'est alors qu'anecdotique dans la sphère environnementale alors que cette dernière présente des atouts et avantages certains (Gremillet, 2012).

La robotique industrielle dispose d'une forte valeur ajoutée environnementale : « efficacité énergétique, réduction des besoins en matières et des rebuts, etc. Mais ce n'est pas son but premier. On s'approche d'objectifs environnementaux avec la promesse des véhicules autonomes de réduire les émissions de CO2 en optimisant les flux et la mobilité urbaine. L'horizon est de dix à quinze ans » (Simon, 2017, Les Échos). Dans cette note, on s'aperçoit que l'aspect des robots écologiques n'est que très peu développée dans le monde alors qu'ils disposent d'un potentiel technologique, environnemental et économique important.

En développant les robots et leurs domaines d'expertise, ces derniers donnent accès à de nouvelles techniques accordant le recyclage de certaines ressources issues de rebuts, jusqu'alors non traitées, telles que la détection de certains plastiques des processus de production automobile grâce aux capteurs spectroscopiques (Bugmann et al. 2011).

Bugmann et al. (2011, p.2) se sont concentrés sur les solutions qu'apporte la robotique dans le milieu environnemental. Les principaux bénéfices sont, selon eux, les suivants :

? Une réduction des déchets industriels par une meilleure production de pièces.

? De nouvelles méthodes de production permettant de générer des sous-produits moins polluants.

? La capacité de réparer certains produits irréparables jusqu'alors. L'auteur prend pour exemple la capacité des robots de manipuler des composants de petite taille (téléphones portables, ordinateurs...).

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? Leurs technologies d'intelligence artificielle permettant de gérer la consommation d'énergie des systèmes (mise en veille anticipée, arrêt machine...).

? La possibilité de réduire les coûts liés aux transports des individus, notamment par la possibilité d'être actionnés / commandés à distance.

? Grâce aux nombreux capteurs, l'établissement d'une surveillance de la qualité de l'environnement local (eau / air) permettant d'améliorer les conditions de travail des individus aux alentours et d'agir en conséquence sur d'éventuels polluants.

? Une utilisation logique, prédictive des ressources et flux logistiques minimisant les déplacements / utilisations de ressources nécessaires.

C'est ainsi que la considération à juste titre de l'aspect environnemental permet d'accroître la performance de l'entreprise, en lui accordant également une image d'entreprise écologique dont les retombées positives peuvent être nettement supérieures aux attentes initiales.

4.3 L'aspect Social.

Robotiser l'industrie ne signifie pas forcément remplacer l'homme par un robot : l'exemple le plus concret concerne le « Cobot » ou autrement dit le robot collaboratif. Ruskin (2017) précise que ces derniers sont destinés à alléger ou assister le travail des hommes, et non à les remplacer. Il est intéressant de constater qu'une nouvelle pensée émerge parmi tous ces témoignages et permettent de montrer qu'une certaine forme de bénéfice pourrait impacter les conditions de travail des différents salariés du monde industriel.

Une étude menée en Allemagne permet de mettre en évidence des conclusions fortes sur l'impact de la robotisation sur les emplois : «Selon l'International Federation of Robotics, le monde compte en 2017 deux millions de robots industriels en activité, un doublement depuis 2010.» (Chavagneux, 2017, p.1). Elle cherche alors à démontrer si en Allemagne la robotisation a dès lors un fort impact sur l'emploi, sachant que c'est le pays européen ayant le plus grand parc robotique et étant l'un des plus grands producteurs surtout dans le domaine automobile.

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L'étude permet de mettre en évidence des «conclusions plutôt originales» (Chavagneux, 2017, p.1). Alors que nous avions vu précédemment le cas américain qui montrait l'impact négatif, celle-ci permet d'en tirer d'autres conclusions :

La première conclusion est d'affirmer que «La robotisation de l'industrie allemande n'a aucun effet sur l'emploi global.» Il est important de noter que l'étude précise «l'emploi global». (Chavagneux, 2017, p.1). En effet ce postulat est intimement lié avec la deuxième conclusion : «ce non-effet global résulte d'un basculement des emplois de l'industrie vers les autres secteurs.». Elle permet alors de mettre en évidence la convergence des emplois : «un robot de plus entraîne deux emplois de moins dans l'industrie manufacturière(Chavagneux, 2017, p.1). Ces données sont alors précisées avec l'étude menée sur une période de 20 ans (de 1994 à 2014) donnant ainsi une information sur le nombre d'emplois disparu (275 000) pour donner suite à une instauration de robots, soit une baisse de 23% dans le secteur. Mais cette même étude permet de constater que «ces pertes ont été compensées par des créations dans les autres secteurs» (Chavagneux, 2017, p.1).

L'étude ne recherche pas uniquement à déterminer l'impact de la robotisation sur le transfert de l'emploi mais recherche également à comprendre le parcours des salariés et concluent sur un autre fait étonnant : «ceux qui travaillent dans les secteurs les plus exposés à la robotisation ont une probabilité plus importante d'être en emploi que les autres. Et il y a même une grande chance pour qu'ils aient conservé leur emploi dans leur usine d'origine» (Chavagneux, 2017, p.1). Cette information permet d'appréhender une autre approche de la robotisation, différente de celle qui est considéré comme destructrice d'emploi, mais plutôt permettant de transférer l'emploi vers d'autres secteurs plus innovants.

Cependant, ces constats doivent être nuancés notamment en France, car ils supposent que les compétences des salariés suivent sinon ils seront dépassés et ne pourront pas s'adapter. Des nouveaux métiers apparaissent suivant le concept de destruction créatrice mis en évidence par Schumpeter, ce concept indique qu'une suppression d'emploi n'est pas fatale : elle permet d'en créer d'autres et parfois beaucoup plus bénéfique pour l'individu.

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4.3.1 Principe de destruction créatrice : Le concept de Schumpeter

Le principe de destruction - création de Schumpeter et son concept de « destruction créatrice » (Schumpeter, 1942) sont des notions qui nuancent la suppression d'emploi. Selon l'auteur, p 106, « L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, f...], constituent d'autres exemples du même processus de mutation industrielle - si l'on me passe cette expression biologique - qui révolutionne incessamment de l'intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. ». Schumpeter part du constat que toute innovation économique dans un secteur s'accompagne d'une destruction des structures antérieures.

On constate que cette technologie aide les entreprises à créer de nouveaux emplois dans des zones géographiques différentes. Le cas de La Rust Belt, aux Etats unis en est un bon exemple avec la perte de nombreux emplois transférés vers la Silicon Valley générant des pertes locales mais une hausse d'emplois nets. (Ostergaard, 2018). Pour accéder à ces emplois délocalisés, il est important pour le salarié de monter en compétence et se former dans de nouvelles structures permettant l'adéquation aux nouveaux objectifs d'entreprise.

4.3.2 La montée en compétence des salariés.

La hausse en compétence technique de nos machines et le développement de cette nouvelle forme de travail issue de l'intelligence artificielle permet d'améliorer de manière significative les compétences des salariés et à tous les niveaux (Popper, 2017).

Thibault Bidet-Mayer, responsable de projet du think tank La fabrique de l'industrie indique que tous les salariés devront à terme savoir programmer car l'évolution du travail va faire disparaitre les tâches exécutives. Ceci implique une restructuration de l'organisation de l'entreprise vers des modèles plus autonomes et donnant plus de responsabilités aux employés (Popper, 2017).

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Pour répondre à cet enjeu de montée en compétence la formation est donc essentielle et plusieurs solutions sont disponible telles que la formation en continue des salariés (Popper, 2017). Les entreprises ont correctement cerné ce besoin et investissent de plus en plus dans la formation de ses employés. C'est notamment le cas du groupe Schmidt, qui à développé la digitalisation et la formation de ses salariés à hauteur de 6% de la masse salariale (Popper, 2017). Ce besoin de « monter en compétence » est devenu essentiel car il permet également de répondre au besoin des générations dont le rapport au travail change, on parle désormais de choc des générations.

4.3.3 Un choc de génération.

Désormais les salariés, et en particulier les nouvelles générations, ne cherchent pas uniquement à obtenir un emploi, ils cherchent également un travail qui ait un sens. Lyons et Kuron (2014) définissent une génération comme un « groupe de personnes nés dans le même contexte historique et socio-culturel, qui éprouvent les mêmes expériences formatrices et développent des points communs unificateurs en conséquence.5 »

La génération « Y », c'est-à-dire ceux qui sont nés à la fin des années 1970 début des années 1980, jusqu'à la fin des années 1990 Lyons & Kuron, (2014, p.1426) s'inscrivent particulièrement dans ce constat et c'est cette génération qui pénètre actuellement le marché du travail, d'où l'intérêt de prendre en référence cette génération « Y ».

Le bureau australien de statistiques (Australian Bureau of Statistics [ABS], (2013) ajoute que cette génération « Y » recherche un meilleur équilibre de vie avec des préoccupations liées à

5 `group of individuals born within the same historical and socio-cultural context, who experience the same formative experiences and develop unifying commonalities as a result' (Lyons & Kuron, 2014, p. S140)

6those born between the late 1970s to early 1980s and the late 1990s', Lyons & Kuron, 2014, p.

S142)

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la sécurité de l'emploi, avec un rapprochement envers les technologies, une meilleure éducation et souhaitent être mobile.

Winter et al. (2016) complètent que les générations « Y » exposées au monde digital et constamment soutenu par leurs parents et professeurs ont eu une influence significative sur l'aspect social ce qui permet d'expliquer pourquoi cette génération est en constante recherche de communication. Ce point de vue est notamment développé par Myers & Sadaghini, (2010, p.229) : la « communication avec les superviseurs doit être plus fréquent, plus positif, et plus affirmatif que cela n'a été le cas avec les employés des générations précédentes. ». La vision de la robotisation et des nouvelles technologies associées peut alors être dépendante de l'identité de génération (Joshi et al., 2010). La compréhension de la génération est donc centrale pour déterminer la façon de manager la génération concernée et des valeurs du travail (Cogin, 2012).

Figure 3 : Valeur du travail des générations Y (Richard P. Winter p.2005)

Dans ce principe, les entreprises ne peuvent plus se contenter à donner des tâches à effectuer en échange d'un salaire mais au contraire cherchent à montrer comment chaque employé participe à son échelle, au développement de l'entreprise. La robotisation permet à son échelle de remplacer l'homme dans ses travaux les plus pénibles. Mais face à ce lot d'apport

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positif, la robotisation peut être source de problème, surtout lorsque celle-ci est mal accompagnée par l'ensemble des parties prenantes du projet de robotisation. Comment attribuer à ces individus, et ceux des nouvelles générations, un travail qui ait un sens, alors que des métiers dont la communication joue un rôle fondamental disparaissent ? Nous allons donc déterminer les principaux problèmes de la robotisation ainsi que les actions à mettre en oeuvre pour l'accompagner dans les meilleures conditions pour faire de cette technologie un véritable allié.

5. Les problèmes soulevés par la robotisation

Comme constaté l'industrie change et connaît une expansion en acquisition de robots. L'intérêt de cette partie est d'exposer les limites de cette robotisation et de comprendre quels sont les risques pour l'industrie. Il est fréquent de voir dans la littérature une crainte générale liée à cette technologie menant vers des impacts nuisibles pour la société, mais quels sont ces impacts tant redoutés ?

Lecoz (2016) identifie les principaux problèmes de la robotisation auxquels les entreprises sont aujourd'hui confrontées :

· L'absence de réglementation

· La non acceptation sociale des robots par une crainte de la hausse du chômage, le phénomène de résistance au changement apparaît dans cette situation.

· Les coûts liés au développement, à l'intégration et à l'amélioration de cette technologie qui sont extrêmement importants.

· Une précision insuffisante pour certaines applications telles que la reconnaissance d'objets,

· Des problèmes liés à la sécurité des données récoltées notamment avec leur utilisation et leur analyse.

· Un coût économique important, lié à la maintenance et l'obsolescence des systèmes Une absence de réglementation rendant la maitrise réglementaire de cette technologie difficile.

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5.1 Des problèmes liés à une non-acceptation sociale.

Il est évident que sous la masse des témoignages recueillis dans les différents ouvrages c'est cet aspect qui fait le plus parler de lui. L'aspect social est directement impacté par cette montée technologique et a tendance à faire peur aux salariés. On constate également une anxiété quantitative relative aux pertes d'emplois potentiels lié au développement de la robotisation. Cependant cette peur est récurrente et prend déjà effet dès les premières révolutions industrielles (Mokyr et al. 2015).

Le concept de Schumpeter précédemment défini permet de constater l'apparition de nouveaux emplois suite à une destruction. Une condition est requise pour l'accès à ces nouveaux métiers crées : il faut que les compétences suivent. Cependant de nombreuses études montrent que la France est en retard en matière de formation et de montée en compétences.

5.1.1 Un retard Français : d'où vient ce retard ?

Etant plus associé à un problème social qu'économique, les entreprises françaises disposent de profits, marges et autres crédits disponible suffisant afin d'accompagner ce changement (Arthus, 2017). Les principaux facteurs et autres études statistiques permettent de montrer que le degré de robotisation est étroitement lié au facteur de compétence des individus actifs, ce qui entrave la modernisation.

Les entreprises ne modernisent plus leurs moyens de production car elles ne disposent plus ou pas de main d'oeuvre qualifiée pour l'utilisation de ces technologies et elles savent qu'il est de plus en plus difficile de trouver du personnel capable de les utiliser (Arthus, 2017). Ainsi l'auteur explique que la robotisation constitue un facteur de risque en France car lié à un manque de compétence. Ceci implique une implantation de machines et autres technologies non maîtrisé.

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5.1.2 Le manque de compétences.

Dans le domaine automobile, il y a un constat alarmant : une pénurie de compétences et d'ingénieurs qualifiés. Ce constat est source d'inquiétudes pour les industries, notamment des industries automobile qui doivent répondre à des défis de plus en plus difficile et subissent une pression face à une demande clientèle importante, le cas de la voiture customisées étant le meilleur exemple. (Bys, 2017). Ce constat est d'autant plus vrai qu'il s'inscrit dans un contexte de pénurie mondiale d'individus qualifiés.

En effet, différents chercheurs s'accordent sur le fait que la robotisation n'est pas source de destruction de l'emploi à elle seule, mais montrent un constat plus centralisé sur le manque de compétences de la population française. Patrick Artus s'accorde sur la pensée de Schumpeter en partant sur le principe que la robotisation peut détruire un emploi localement mais rend l'entreprise plus efficace en générant d'autres emplois et dans un troisième temps crée des emplois localement. Il part donc sur le constat que la robotisation crée de manière globale des emplois. L'idée de l'économiste n'est pas de se focaliser sur la robotisation mais sur ces emplois dont la France n'a pas les compétences pour réagir. Cela impacte également la vision de l'entreprise automobile et sa capacité à faire fonctionner et superviser ces nouvelles machines et technologies dans un environnement strict (Bys, 2017).

 

Dans une note adressée au think tank Génération Libre ayant pour sujet la robotisation et l'emploi, Patrick Artus indique : « Le problème est que la France est un pays cher et non spécialisé. Si l'on enlève l'aéronautique, la pharmacie et le luxe, elle présente le même niveau de gamme que l'Espagne, avec les coûts salariaux de

Figure 4 : Compétence en numéracie des différents pays selon l'enquête de l'OCDE - Source journal LeMonde

l'Allemagne. C'est pour cela qu'il est impératif de monter en gamme et de robotiser ». La France

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ne dispose que de très peu de compétences et ce constat est un frein à cette adaptation. Ces résultats ont été mesurés par une enquête PIAAC prenant pour références des domaines scientifiques (mathématiques, technologies, compréhension...). La France se situe en bas du classement, loin derrière le Japon et des pays de l'Europe du Nord ou encore de son voisin Allemand.

Ce besoin de montée en compétence est également soutenu par l'économiste Gilbert Cette dans sa note rédigée pour le site Telos : « [...] il faudra que les travailleurs, quel que soit leur âge, mettent constamment à jour leurs compétences, car leur emploi va continuer à évoluer en fonction des avancées technologiques ».

Kelly (2012), ajoute que les individus ne seront plus rémunérés qu'uniquement à la hauteur de leurs compétences mais plus particulièrement en fonction de l'efficacité que le salarié travaille avec les robots.

5.1.3 La sécurité au travail : les risques inhérents au robot.

La mise en place de robots en industrie n'est pas forcément synonyme de zéro risque. Différents cas nous permettent de constater que des accidents graves, voire mortels, sont survenus dans des industries automobiles impliquant un robot. Un cas d'accident mortel est par ailleurs survenu sur le site d'un célèbre constructeur allemand durant l'année 2015. Dans ce cas, l'investigation permet néanmoins de conclure à une erreur humaine et non imputable au robot (par dysfonctionnement). Ce type d'accident relance les débats concernant la robotisation et des risques associés, notamment par la robotisation croissante des entreprises.

L'erreur humaine est la source initiale des accidents par un manque d'attention, une mauvaise programmation initiale, le non-respect des consignes ... mais l'entreprise doit mettre tous les moyens en oeuvre pour garantir la sécurité et l'intégrité de son personnel même en situation dégradée. Dans ce cas, comment parvient-elle à se robotiser quand des risques probables-graves peuvent survenir dans ses locaux ?

Les entreprises ayant choisi de développer ces moyens de productions doivent garantir des moyens surmendisionné pour assurer la sécurité des personnes cohabitant dans les lieux de

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travaux robotisés. De nombreuses entreprises n'osent pas franchir le pas en robotisant leurs lignes de production car il y a une absence évidente en termes de réglementation et de responsabilité. Ces absences constituent un frein au développement des entreprises dans cette technologie.

5.1.4 L'absence de réglementation française.

Des chercheurs, et juristes, tel que Bensoussan(2015), souhaitent intégrer un droit des robots, qui diffère selon la fonction de ces derniers. Ces spécialistes déterminent que les robots disposant d'une autonomie décisionnelle et les plus sophistiqués ne peuvent pas dépendre du droit des biens. Ce point fait débat car dans le cas d'un accident mortel entre un robot et un humain, comment déterminer la responsabilité de cet acte ? Est-elle transférée à l'inventeur, à l'ingénieur, au technicien, ou au robot lui-même ? A l'instar du droit de l'homme, existe-t-il alors le droit du robot ? Seul le les drones (arrêtés de 2012) et des véhicules autonomes (loi n° 2015-992 du 17 août 2015) disposent d'un cadre juridique spécifique.

En France, il faudra légiférer, dans le cas d'une interaction entre le robot et l'homme, car celle-ci sort du cadre des réglementations (sécurité machine). Le statut juridique actuel des robots n'étant pas défini, il est important de déterminer la responsabilité du système lorsque la vie de l'Homme est en danger, mais également dans sa vie quotidienne. Gelin et Guilhem (2016, p.139) indiquent que les « fabricants, vendeurs, acheteurs et utilisateurs de robots doivent réfléchir ensemble à nos responsabilités » envers les robots.

Le Japon étant l'un des pays les plus développé en termes de robotisation dispose déjà d'une charte éthique relative au robot inspiré des trois lois de la robotisation d'Isaac Asimov. Cette charte existe également dans d'autres pays comme les Etats-Unis, la Corée du Sud ou le Danemark.

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5.1.5 Les trois lois d'Isaac Asimov :

Ces trois règles ont été rédigées par Asimov (1950, p.40) et se décrivent comme suit (traduit de l'anglais7) :

1. Un robot ne peut pas blesser un être humain ou, par son inaction, permettre à un être humain de se blesser.

2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entreraient en conflit avec la Première Loi.

3. Un robot doit protéger sa propre existence tant que cette protection n'est pas en conflit avec la Première ou la Deuxième Loi.

Ces lois rédigées bien en amont du développement actuel des robots montrent que certains usages vont à l'encontre de ces règles. Notons par exemple l'aspect «défense» de ces robots. Ce point fut également l'objet d'une lettre rédigée en 2015 par plus de mille scientifiques et chercheurs en intelligence artificielle et des risques associés. A ce jour, seuls les robots militaires sont régis par le droit international humanitaire.

5.1.6 L'acceptation sociale : La perte de l'emploi.

Ce thème constitue surement l'axe social le plus exposé : «La robotisation n'est pas anecdotique, elle a des effets sur le marché de l'emploi.» (Chavagneux, 2017). Lorsque l'on se renseigne sur la robotisation en entreprise de nombreux cas lient instinctivement robotisation à perte d'emploi. « Une étude réalisée aux Etats-Unis montrait que chaque robot supplémentaire réduisait l'emploi total de 3 à 6 unités. » (Chavagneux, 2017).

7 A robot may not injure a human being or, through inaction, allow a human being to come to harm.

A robot must obey the orders given it by human beings except where such orders would conflict with the First Law. A robot must protect its own existence as long as such protection does not conflict with the First or Second Laws.

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Les chercheurs Frey et Osborne (2017). p.268 indiquent : « Nous distinguons les professions à risque élevé, moyen et faible selon leur probabilité d'informatisation. Nous n'essayons pas d'estimer le nombre d'emplois qui seront réellement automatisés et nous nous concentrerons sur l'automatisation potentielle des emplois sur un nombre indéterminé d'années. Selon nos estimations, environ 47% de l'emploi américain total est dans la catégorie à haut risque. Nous nous référons à ces emplois à risque, c'est-à-dire que les emplois que nous prévoyons pourraient être automatisés relativement bientôt, peut-être au cours de la prochaine décennie ou deux8. »

D'autres chercheurs ont réalisé la même étude dans d'autres pays et selon Le Ru (2016) p2 : « 42 % des emplois seraient ainsi menacés en France, 49 % au japon et 54 % dans l'union européenne ». Cependant, pour Arntz et al, (2016), leur constat porte à 9% pour les Etats unis et autres pays développés. Certains économistes Français constatent une disparition nette de 2,5 emplois dans l'industrie après implantation d'un robot, mais une création de 2,5 emplois dans les services. (Arthus, 2017). La perte de l'emploi est une question avec une incertitude forte. Le constat reste le même et suit le concept de Schumpeter, mais requiert obligatoirement le développement des salariés vers de nouvelles compétences et nouveaux services, qui peut parfois diriger une entreprise vers un phénomène de résistance de ceux qui ne souhaitent pas se diriger vers un autre métier.

8We distinguish between high, medium and low risk occupations, depending on their probability of computerisation. We make no attempt to estimate the number of jobs that will actually be automated, and focus on potential job automatability over some unspecified number of years. According to our estimates around 47% of total US employment is in the high risk category. We refer to these as jobs at risk - i.e. jobs we expect could be automated relatively soon, perhaps over the next decade or two.

5.1.7 La résistance au changement.

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Instaurer un parc robotisé dans une entreprise pourrait donc créer des conflits sociaux mais on peut légitimement se poser la question s'il n'y a pas une forme de résistance au changement envers cette nouvelle technologie qui apparaît.

Peiperl (2005 , p348) décrit le changement comme étant des «réponses actives ou passives de la part d'une personne ou d'un groupe qui s'opposent à un changement particulier, à un programme de changements ou à des changements en général9. » Lawrence, P. R. (1969) ajoute que la résistance ne se fait uniquement au niveau technologique mais plus particulièrement au niveau social et cette résistance fluctue en fonction des relations internes entre salariés. La résistance est souvent perçue par les cadres managers comme l'ennemi du changement (Waddell et Sohal, 1998).

De nombreuses variables sociales sont donc exposées et liées à des facteurs rationnels ou non, sur des facteurs politiques et managériaux et il s'avère difficile de les maîtriser. Ce courant de pensée est très répandu dans la résistance au changement, et la littérature en fait foi. On peut donc légitimement se poser la question si ce phénomène impacte la robotisation car cette technologie s'inscrit dans ce phénomène.

9 »active or passive responses on the part of a person or group that militate against a particular change, a program of changes, or change in general.» Peiperl 2005 p. 348

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5.2 Les coûts liés à la mise en place d'un parc robotique. 5.2.1 Un coût important

Bien que la mise en place d'un robot dans l'industrie paraisse anecdotique compte tenu du retour sur investissement, la partie la plus chère réside dans les coûts des systèmes en périphérie (automates, intelligences artificielles, ordinateurs...) et la recherche et développement de ce robot. C'est généralement cette partie qui est décisive dans la décision de mise en place d'un robot dans l'industrie. Développer une telle technologie dans l'industrie automobile requiert l'élaboration de nouveaux plans, nouvelles structures, et dans la majorité des cas nécessite des devis sur mesure pour répondre à la complexité du système. Toutes les entreprises ne peuvent pas acquérir des robots car même si ces derniers restent compétitifs, ils nécessitent un apport de base important pour les plus petits organismes. On note cependant un cout nettement moins important pour les robots collaboratifs permettant de diminuer les impacts des coûts de périphérie, d'intégration et de maintenance. Par exemple, cette technologie n'a pas besoin de tous les systèmes de protection et donc des éléments et programmations associées.

Figure 5: Les couts des solutions robotiques (source : humarobotics.com

https://www.humarobotics.com/mesurer-cout-integration-un-cobot/)

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5.2.2 La complexité du système et des tâches à réaliser.

Le robot peut être constitué de plusieurs ensembles dépendant des besoins techniques dans lequel il opère. Désormais les robots industriels automobiles ne se limitent plus aux simples bras reliés à des consoles intelligentes, ils sont également dotés d'une multitude de capteurs, préhenseurs, et autres systèmes de gestion, qui augmente considérablement le prix d'achat du robot. (Slepov, 2016).

Ces robots étant de plus en plus imposants ne peuvent être installés sur les structures classiques des bâtiments : une étude doit être menée pour garantir la capacité du bâtiment à supporter le poids de l'ensemble du robot, ce qui ajoute des coûts supplémentaire à la facture de mise en place robotique. (Slepov, 2016).

Mais il est également important de noter que dans le stade actuel de la robotisation, les robots ne sont pas autant versatiles que l'homme. Plus la tâche à réaliser est complexe et nécessite différents outils, plus le robot sera cher. Ce qui conduit également à l'importance de la programmation et du temps nécessaire à l'automaticien pour rendre opérationnel ce robot. L'achat initial du robot ne suffit pas, il faut également prendre en compte toute cette phase de programmation du système. Bien que de plus en plus intelligent, l'évolution actuelle des robots de l'industrie automobile nécessite encore une connaissance extrêmement pointue dans la programmation des automates pour pallier à l'ensemble des problèmes techniques éventuels.

5.2.3 Des problèmes techniques : pannes, erreurs, optimisation.

Les robots sont constitués d'un ensemble de composants mécaniques, électriques, pneumatique mais également d'une multitude d'organes de sécurité qui ne sont pas à l'abri de défaillances. Les robots ne sont pas à l'abri de pannes et les coûts de maintenance peuvent être élevés.

Ces robots munis d'algorithme et d'intelligence de plus en plus sophistiqué requiert une série de mise à jour pour garantir la compatibilité hardware et software. Dans les cas les plus graves, l'entreprise risque de faire face à une série d'erreurs de gestion de données pouvant aller à la perte totale des données.

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Slepov (2016) prend pour exemple un capteur robot, dans une utilisation industriel automobile ces derniers sont utiles pour déterminer la présence de défaut sur pièce (présence d'impureté, discontinuité de la couleur...), mais ces mêmes capteurs peuvent être très vite source de nombreux défauts. En effet, il y a nécessité d'avoir des conditions de lumière idéale car les caméras de sont pas comme les yeux humains : trop ou peu de lumière rend le système de détection inutilisable.

5.2.4 L'attractivité du produit :

On remarque une nouvelle demande des consommateurs avec un retour de la touche humaine, qui donne le sentiment de connexion avec les autres que la robotisation est dans l'incapabilité de faire, ce qui sera d'autant plus l'enjeu de l'industrie 5.0, c'est-à-dire l'industrie réalisant un produit à fort valeur ajoutée disposant de cette touche humaine lors de la fabrication du bien. (Ostergaard, 2018).

5.3 Les robots : une menace potentielle pour l'Environnement.

Les robots utilisent d'importants matériaux et énergies à différents stade de leur cycle de vie. Ce point est très peu présenté dans les études concernant les problèmes de la robotisation car les recherches se focalisent sur les impacts économiques et sociaux. Van Wynsberghe et Donhauser, (2017) parlent de « lacunes massives » dans la littérature des études d'impact de la robotisation sur l'environnement. Pourtant le problème environnemental devrait être traité avec la même criticité que les points sociaux ou économiques. (Rupert, 2016). Le développement de ces technologies robotique nécessite la multiplication des composants électroniques (tel que les microprocesseurs) et de ce fait l'utilisation des ressources. De plus, en améliorant les performances de ces robots, ces derniers nécessiteront beaucoup plus d'énergie (Rupert, 2016). Slepov 2016 invite à repenser aux différentes énergies nécessaires pour l'utilisation d'un robot dans l'industrie automobile : utilisation d'électricité mais également d'air pour les différents capteurs de préhension ainsi que tout l'équipement nécessaire pour l'utilisation de cette énergie.

Heureusement les différents points limitant les bénéfices de la robotisation trouvent leurs solutions par des actions parfois simple à mettre en place et peu coûteuse.

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Nous allons désormais voir quelles seraient les pistes de solutions qu'apportent les différents chercheurs pour pouvoir analyser ces données et les exposer de manière synthétique.

6. Pistes de solutions apportées par la théorie 6.1 La perte de l'emploi.

La crainte de l'évaporation de l'emploi n'est pas nouvelle et est récurrente dans l'histoire du travail. Cependant, elle est à chaque fois démentie par l'observation de l'évolution économique. Ce constat a notamment été mis en avant par Sauvy (1980) en donnant le terme de déversement. Dans son article, l'auteur prend pour exemple la suppression du métier de porteur d'eau à Paris dans le début du 20éme siècle. Il constate que de nouveaux emplois ont été créés par l'installation de canalisations et que désormais personne ne regrette la disparition du travail de porteur d'eau. Ce principe est également le même pour un nombre important d'autres métiers. Il faut donc creuser le lien entre robotisation et création/destruction d'emplois. Certains le voient positivement, d'autres négativement. Les gains en productivité permettent de baisser les coûts ce qui augmente le volume de vente, donc de produire plus et par conséquent d'embaucher.

La perte de l'emploi n'est donc pas une fin en soi, cela permet de débloquer des investissements et créer de nouveaux emplois qui peuvent être plus gratifiant et plus rémunérateur pour l'individu (Sauvy 1980 ; Schumpeter). Le gouvernement français, sur son site dédié aux stratégies indique les principaux domaines de création d'emplois lié à la robotisation :

? la recherche et développement. ? la conception, la production. ? la maintenance d'automates. ? la commercialisation.

Le constat mène sur un transfert de l'emploi dont la clef réside dans la formation et la montée en compétence des personnes directement impactées. Mais ces nouveaux emplois sont créés dans des industries nouvelles où robots et humain collaborent. Pour pouvoir répondre au besoin émotionnel, de nouveaux chercheurs développent les robots sociaux.

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6.2 Les robots sociaux.

Pour certains chercheurs, dont Piçarra et Giger (2018), dans les années à venir les sociétés auront à disposition des robots sociaux qui sont destinés à interagir, collaborer et travailler avec les individus en prenant également en compte l'aspect socio-affectif pour maximiser la communication et minimiser le sentiment machine et développant chez l'Homme une forme empathie artificielle. (Tisseron, 2016). Ce dernier est qualifié comme émotionnel car il évoque des états émotionnels et affectifs grâce à des comportements, gestes, paroles et d'en susciter chez les Hommes. (Baddoura et Venture, 2016).

Park (2014) ajoute que certains de ces robots sociaux sont déjà présent dans notre sphère quotidienne tel que les assistants téléphoniques (Google, Amazon, Siri...) et prennent déjà l'aspect émotionnel de l'individu en compte. Dumonchel et Diamano (2016) indiquaient dans leur article que ces robots sociaux « sont capable d'accueillir les demandes et répondre aux expressions affectives propres aux besoins particuliers de leurs interlocuteurs humains » (p. 220).

Ainsi, en considérant que ces robots de nouvelles générations soient capables de remplacer l'humain tout en gardant une dimension sociale, la question du droit du robot reste sur table, surtout en France. On note cependant l'existence à l'échelle européenne de l'adoption le 16 Février 2017 de la Résolution et des Recommandations destinées à la Commission Européenne des règles du droit civile de la robotique dont l'objet est de considérer les robots au statut de « personnes électroniques » et donc soumises au droit civil. (Schweitzer, Puig-Verges, 2018). Mais ces robots sociaux peinent à faire l'unanimité envers les individus, dont une forme de résistance persiste, pour la comprendre et l'accompagner, les industries doivent savoir en tirer parti.

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6.3 Tirer parti de la résistance au changement

Hultman, (1979) affirme que «malheureusement, lorsque le mot résistance est mentionné, nous avons tendance à lui attribuer des connotations négatives. C'est une idée fausse. Il y a plusieurs fois où la résistance est la réponse la plus efficace disponible10».

L'auteur explique que la résistance permet d'orienter l'entreprise vers une stabilité. C'est justement cette stabilité que recherche les entreprises lorsqu'elles instaurent un parc robotisé. La résistance au changement peut même s'avérer primordiale dans cette situation. Lorsque nous parlons de résistance au changement, nous pouvons imaginer l'insatisfaction des salariés menacés par les robots mais cette résistance peut être parfaitement légitime et peut aboutir sur un consensus dont les résultantes s'avèrent être plus bénéfiques. L'auteur ajoute que les personnes ne résistent pas au changement, dans sa définition première, mais plutôt aux incertitudes et aux résultats provenant du changement : Comment garantir que ces derniers puissent bénéficier d'une montée en compétence ou d'un transfert d'emploi lorsqu'un robot les remplace ? Ils développent alors une approche par les risques et analysent une situation potentielle de perte d'emploi suite à l'instauration du robot.

Bien au-delà de ces principes, des recherches effectuées permettent de décrire que la résistance, en soi, est source d'information et permet d'être utile pour apprendre à développer de manière plus efficace une organisation (Beer et Eisenstat, 1996).

PardodelVal et Martínez Fuentes, (2003) décrivent parfaitement cette situation : «Sans aucun doute, la résistance au changement est un sujet clé dans la gestion du changement et devrait être sérieusement considérée pour aider l'organisation à réaliser les avantages de la transformation.» En d'autres termes il ne faut pas subir la résistance au changement envers la robotisation, mais l'accompagner pour en tirer les pleins bénéfices et trouver les solutions les plus adaptés à la situation.

10 «Unfortunately, when the wordresistanceismentioned, we tend to ascribenegative connotations to it. This isamisconception. There are many times whenresistanceis the most effective responseavailable» Manuela PardodelVal, Clara Martínez Fuentes, (2003) p73

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Un management du changement bien mené est synonyme d'un leadership efficace au sein de la société, mais également que cette gouvernance se transmet efficacement au sein de l'organisation par le biais d'une définition claire de l'origine du changement, et de ce vers quoi l'entreprise tend à mener. Le premier point positif du management du changement repose donc sur le fait qu'il oblige l'entreprise à se structurer avant même d'initier cette démarche, et à adopter une transparence totale afin de faire adhérer un maximum de personnes à ce changement.

En plus de ce leadership, l'entreprise sera également amenée à améliorer sa communication en interne. Comme le définissent Bamford et Daniel (2005) dans leurs recherches, communiquer la vision du changement avant toute démarche de robotisation est une nécessité. Une communication réussie est un changement réussi. (Bamford & Daniel, 2005, P. 402). Il est intéressant de constater que la génération « Y » définie précédemment, est la génération dont la résistance au changement est la plus faible.

Finalement, le changement pour la robotisation est source de motivation car il permet aux salariés de développer de nouvelles compétences et d'acquérir de nouveaux savoirs faires.

6.4 La montée en compétence et la montée en gamme des métiers

Différents économistes et chercheurs s'accordent sur le fait qu'une montée en gamme des métiers est une piste de résolution des problèmes liés à l'implantation de cette technologie dans les industries en France (Arthus, 2017). Ainsi, l'une des solutions présentée est la montée en gamme par la création de services d'élite. Les constructeurs automobiles savent désormais qu'il est nécessaire d'obtenir des individus orientés dans la résolution de problèmes et utilisation des nouvelles technologies (Bys, 2017). Ils souhaitent des individus pouvant s'adapter à l'évolution de cette technologie et misent désormais sur la formation de leur personnel (Bys, 2017).

D'après Gilbert Cette, (2017), il paraît important d'accompagner l'émergence d'un travail indépendant hautement qualifié. Il explique qu'il est nécessaire de s'émanciper des contraintes réglementaires empêchant ces transformations tout en permettant la montée en compétence des

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individus concernés. Il évoque par exemple une souplesse réglementaire permettant de faire bénéficier les travailleurs indépendants des mêmes droits sociaux que les salariés d'entreprise.

6.5 Le besoin de renouvellement

L'investissement massif pouvant être source de contraintes pour le déploiement de robots, le gouvernement français permet aux entreprises depuis 2010 de déduire des impôts liés au résultat, 40% de la valeur d'acquisition des équipements industriels acquis grâce au dispositif de suramortissement.

6.6 La taxation de la robotique

Dans les cas où les solutions proposées telles que la montée en compétences, l'ajout de robot collaboratif sans supprimer les emplois ou autre n'auraient pas d'effet, certains chercheurs et d'autres grand industriel (Bill Gates, Marc Zuckerberg) ou homme politique (Benoit Hamont) proposent de mettre en place un système de taxation sur les robots.

Même si cette idée n'est pas nouvelle (une idée de taxation similaire était proposée dès le 19ème siècle sur le travail mécanique), elle s'est développée et concrétisée ces dernières années au Parlement européen (Michelon, 2017). Cette idée consiste à taxer les robots de manière équivalente aux humains pour garantir un financement des politiques sociales. Selon Benoit Hamon, promoteur de cette taxation, lorsqu'un robot remplace un salarié, ils génèrent plus de bénéfices aux actionnaires, au capital. Ils proposent donc de considérer le robot comme un employé et d'y appliquer les mêmes charges, cotisation que connaissent les salariés.

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6.7 Des éco-robots.

Etant utilisateur de ressources, les robots peuvent être fabriqués à partir de matériaux et composants qui ne présentent pas les mêmes impacts sur l'environnement que les matériaux plus traditionnels Van Wynsberghe, A., & Donhauser, J. (2017).

De plus, les robots peuvent jouer un rôle bénéfique sur l'environnement en prenant compte les enjeux. Pour accompagner au mieux l'intégration de ces robots dans l'industrie, il est important de prendre en considération l'ensemble des étapes de cycle de vide de ce robots, à savoir : sa phase de conception, de production, d'utilisation et d'élimination - recyclage. (Van Wynsberghe 2016). Les robots possèdent une multitude d'aide pour lutter contre les impacts négatifs environnementaux : ils aident à cibler la pollution grâce à de nombreuses données pouvant être recueillies.

6.8 Des solutions économiques, et un pays tourné vers la robotique

La robotisation coûte de moins en moins cher aux entreprises. En 10 ans le cout aurait diminué de 40 % (Agromedia, 2015). Si l'acquisition d'un tel système peut être encore élevé pour certaines entreprises (particulièrement pour les TPE / PME), le retour sur investissement est désormais inférieur à 2 ans et cette acquisition permet de réduire de 30% les coûts liés à la maintenance et a l'exploitation du système.

La France veut moderniser son image et souhaite devenir leader dans la robotique. Nous l'avons vu précédemment, la France est à la traine dans ce domaine. C'est pourquoi elle a lancé le plan de France Robots Initiatives permettant de développer cet axe. Cela consiste à débloquer des fonds et aides de financement. De plus la France lance en 2013 le concept du START PME permettant aux PME le développement des solutions robotiques si cette technologie est adaptée aux tâches à réaliser. En 2014, la France met en place le fond de Robolution Capital, dédié à la robotique de service. Ce fond est constitué de 80 millions d'euros. Dans la même année des prêts ont été mis en place afin d'accompagner les petites entreprises à investir dans cette technologie.

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7. L'apport de la théorie dans la problématique

La partie théorique nous amène à préparer le terrain de la partie empirique. La littérature est riche en information et nous donne de nombreuses pistes de réflexion. La robotisation est une source de développement et de performance de l'entreprise : on y constate de nombreux aspects positifs touchant à la fois l'aspect économique, social et environnemental. Elle permet aux entreprises de se moderniser en permettant le développement de son organisme. Cependant ces apports bénéfiques sont souvent contrastés avec les obstacles. Dans certains cas la robotisation supprime les emplois, il le transfert vers d'autres secteurs, ou elle permet de créer des emplois supplémentaires. Nous constatons ainsi que la robotisation est une variable sur lesquelles certaines entreprises s'axent, certaines réussissent, d'autres échouent.

Ce présent mémoire a également exposé de manière synthétique les pistes permettant d'accompagner efficacement l'implantation de robot dans l'industrie en répondant aux exigences de chacun. Nous verrons dans la partie empirique la vision d'une entreprise automobile sur ce sujet notamment grâce à un projet de grande envergure qu'est la modernisation d'un véhicule par l'implantation de nombreuses machines robotisées. Nous verrons dans quelle mesure ces observations théoriques correspondent à la robotisation plus spécifique d'une entreprise dans le secteur automobile. C'est l'objet de l'étude empirique qui poursuit ce mémoire à présent.

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