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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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Première partie

L'agriculture périurbaine au risque de la ville ? Le cas de Diamniadio (Dakar, Sénégal)

L'espace péri-dakarois à l'assaut des espaces ruraux

Avec un rythme d'accroissement démographique extrêmement rapide de 5,6% par an,

la région capitale est confrontée à de nombreux dysfonctionnements révélés par de multiples symptômes : aggravation de la pauvreté, multiplication des zones d'habitat précaire, monstrueux embouteillages, pollution industrielle, gestion urbaine inefficace. Au niveau national, la capitale dévore plus l'espace qu'elle ne le structure, créant un malaise urbain et une impression de mal-développement. Paradoxalement signe du succès de la ville, cette tendance menace de se transformer en « implosion urbaine » en raison de la précarité des conditions de vie d'une grande majorité de citadins dakarois qui s'installent dans des quartiers dortoirs de plus en plus éloignés du centre ville. Parallèlement, les Dakarois aisés matérialisent leurs rêves de propriétaires sur l'espace périurbain, où se transposent les enjeux inhérents à une demande massive de ville.

En amorçant une politique de grands projets, le Président Abdoulaye Wade cherche donc à contrebalancer la macrocéphalie dakaroise, source de trop nombreuses nuisances. Mais

il souhaite aussi, en posant son empreinte sur le territoire sénégalais, asseoir enfin son autorité politique. Le retour de l'Etat, en s'exprimant sur les territoires locaux, permet également aux réseaux ethniques, politiques, associatifs, voire confrériques de trouver une nouvelle expression autour d'enjeux très matériels. En créant des alliances avec ces réseaux, le jeune Etat sénégalais cherche à parfaire sa légitimité, qu'un cadre législatif et réglementaire fortement influencé par l'ancien colonisateur ne pouvait apporter à lui seul. Mais ces instruments juridiques pourront être dépassés par des acteurs locaux bien positionnés sur l'échiquier local, et à même d'anticiper le processus urbain.

1 L'espace obligé de croissance d'une grande ville

Du fait de la configuration du site et de la saturation foncière dans les quartiers centraux et dans la proche banlieue, Dakar se développe vers le nord-est, sans d'autre choix que de suivre la configuration de la presqu'île. Celle-ci exerce une influence évidente sur l'organisation spatiale de la ville. L'étalement de la croissance spatiale ne peut se faire que dans une seule direction, dans les actuels départements de Pikine et de Rufisque qui concentrent les réserves foncières de la Région dakaroise, et ce dans un contexte social où la construction d'une maison est l'objectif d'une vie.

L'insertion de la ville dans plusieurs échelles (nationale, sous régionale et mondiale)

nécessite des équipements industriels qui, faute de place, ne peuvent plus s'implanter à Dakar.

Dans la mondialisation, Dakar est pour le Sénégal la tête locale de la plupart des réseaux internationaux qui irriguent le pays : réseaux économiques, d'affaires, de télécommunications, diplomatiques, migratoires... Diamniadio, par sa situation de carrefour principal du pays, à l'intersection des routes de Mbour et Thiès, à 37 Km de Dakar, apparaît ainsi comme une réponse locale à des questions insérées dans un contexte bien plus large.

A) Une ville façonnée sur un site contraignant...

C'est l'administration coloniale française qui fonde Dakar en 1857, après être longtemps restée cantonnée sur l'île de Gorée. Les lieux sont déjà occupés par plusieurs villages Lébous, l'ethnie locale probablement implantée depuis le XVIIe siècle. Lors de leur implantation sur la presqu'île, les autorités françaises ont tenté d'imposer leur droit en ignorant les occupants et en décrétant que le sol était propriété de l'Etat français. Cependant,

les Lébous ont su traiter avec les Français la reconnaissance de leur droit foncier coutumier,

et conserver une réelle force communautaire.

Les autorités françaises se sont établies à la pointe de cet îlot volcanique faisant face à

Gorée et rattachée au continent par une étroite bande sableuse qui mesure à peine plus de 4km

en son point le plus exigu. La capitale (de l'AOF, puis du Sénégal) s'accroît de 4,9% par an

en moyenne, soit un doublement des effectifs tous les dix ans environ.

Tableau 1 : Evolution démographique de l'agglomération dakaroise.

Année

Nombre d'habitants

1904

5 000

1926

40 000

1945

190 000

1966

470 000

1990

1550 000

1995

1 870 000

2000

2 250 000 (estimation)

Source : rapport du comité Habitat II, 1996

L'afflux de population s'est accentuée dans les années 70 en raison de deux faits majeurs :

d'une part, un contexte économique difficile et des conditions climatiques désastreuses qui

ont favorisés l'exode rural dans l'espoir de revenus meilleurs ; d'autre part l'attrait d'une modernité occidentale qui se cristallisant autour de la capitale, au détriment des villes secondaires.

Pourtant, la région de Dakar est une presqu'île. Sa forme, son paysage, son relief, contribue à façonner la ville autant que celle-ci façonne son site : un seul axe de

circulation permet de communiquer avec le reste du pays.

Carte 1 : la presqu'île du Cap Vert

Source : Carte IGN édition 2000

Administrativement, la région de Dakar est la plus petite du Sénégal avec seulement

0,28 % de la superficie totale. Mais, avec 2 350 000 habitants en 2001, elle représente plus de

25% de la population nationale. Elle est constituée de trois centres urbains que sont Dakar, Pikine et Rufisque et de petites villes satellites comme Bargny et Guédiawaye. Deux communautés rurales, Sangalkalm et Yène, se situent à la limite administrative de la région.

Avec 63,3 % du total de la surface de la région, le département de Rufisque, à l'Est de

la presqu'île, concentre les enjeux fonciers les plus massifs : les fronts urbains progressent peu à peu sur les espaces agricoles, on observe un mitage des espaces ruraux. Le département

de Pikine, plus saturé, constitue une réserve foncière bien plus faible avec 21,8% de la surface régionale, alors que Dakar frise l'asphyxie avec seulement 19,4% des terres, et des voies de communication saturées.

Cependant, la forme de presqu'île n'est pas la seule contrainte physique au développement de la ville. La péninsule, se terminant à l'ouest par des reliefs volcaniques, les Mamelles, qui culminent à 105 m, comprend une zone élevée au sud-est, de petites collines et

de plateaux cuirassés (massif de Ndiass). Une zone de bas plateau constitué de calcaires et de marnes gonflantes pose des problèmes de fondation (Rufisque, Bargny, Diamniadio, Sébikhotane). Une zone de dépression intermédiaire ou Niayes aux sols hydromorphes, domaine des cultures maraîchères et fruitières, connaît un affleurement de la nappe phréatique qui rend les bas fonds inconstructibles.

La mer est très présente et attaque la petite côte, affaissant les digues. Il existe également quelques lacs fortement influencés par les dunes, et la langue salée progresse en rendant les terres impropres à la culture.

Le site impose donc des contraintes techniques évidentes, et rend difficile les communications entre le Plateau, où est concentrée la majeure partie des activités commerciales et administratives, et les communes périphériques (Pikine, Guédiawaye), qui regroupent une population plus nombreuse qu'à Dakar. Les voies de communications convergent vers le Plateau, en créant un système d'entonnoir qui se transforme en goulot d'étranglement aux heures de pointe.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo