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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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C) Le face à face entre acteurs locaux et aménageurs : entre conflits et jeux d'alliances, des légitimités très relatives face à la montée des enjeux.

La situation rencontrée s'apparente à une partie d'échec : face à la montée des enjeux apportés par le projet de ville de Diamniadio et le MCA, les différents groupes locaux politiques, ethniques, familiaux, confrériques ou associatifs développent une stratégie qui dépend de leur marge de manoeuvre.

Avant tout, la répartition ethnique du conseil municipal reflète le pouvoir des dignitaires autochtones Lébous, qui détiennent les postes-clé, tout comme à l'époque de la communauté rurale de Yène, dont Diamnadio dépendait avant 2001. Les Lébous sont les plus anciens occupant du territoire d'étude, et se considèrent comme les véritables autochtones,

vis-à-vis des « étrangers » arrivés après eux. Une filière officielle d'acquisition de parcelles avait été mise en place en 1997 : un lotissement de 12 000 parcelles avait été autorisé, mais depuis, près de 20 000 demandes ont été reçues. La commission d'attribution des parcelles pilotée par l'ancienne communauté rurale exigeait pour les célibataires le versement de la somme de 31 000 F CFA et de 33 000 F CFA pour les personnes mariées. Mais, la commune

de Diamniadio craint de devoir reverser cet argent aux demandeurs de parcelles. La plate forme multimodale, par sa forte consommation d'espace remet en cause la politique de lotissement héritée de l'ancienne communauté rurale de Yène. De plus, cette filière d'acquisition est contestée par des autochtones, qui ont arrachées les bornes qui servaient au lotissement pour ne pas céder leur champ. Le comité de pilotage d'attribution des parcelles

n'arrive donc pas à maîtriser l'emprise foncière et l'attribution des lots octroyés.

Une filière parallèle d'attribution des parcelles semble avoir été mise en place, ce qui montre que la légitimité de l'autorité municipale est toute relative vis-à-vis de la forte pression foncière. Dès l'époque de la communauté rurale de Yène, certains conseillers ruraux Lébous avait mis en place des commissions parallèles ne se contentant pas de recueillir des demandes de bornages, mais vendant des terrains de manière illégale, en profitant de leur situation pour gagner de l'argent.

A ce jour, le problème d'appropriation de l'espace de manière informelle a atteint une telle ampleur que les américains du MCA ont demandé au gouvernement du Sénégal de résoudre de manière précise le problème avant même de débloquer les fonds. Les réseaux locaux informels pèsent donc dans un processus de décision mettant à la fois en jeu des bailleurs de fonds internationaux et le plus haut niveau de l'Etat sénégalais.

Mais tous les acteurs locaux ne sont pas sur un pied d'égalité, et certains craignent de rester à l'écart des nouveaux enjeux. Par exemple, les jeunes, nouveaux venus dans l'arène politique locale, subissent de plein fouet la forte spéculation foncière. Ceux-ci contestent de plus en ouvertement les pratiques foncières des notables. La création du Mouvement des jeunes pour la défense des intérêts de Diamnadio révèle la prise de conscience de cette catégorie sociale face à la montée de la tension foncière et en même temps traduit une profonde volonté de s'émanciper de la tutelle des anciens. Ces jeunes, en organisant un climat

de tensions ont conduit les autorités à suspendre le programme d'octroi des parcelles, alors même que de nombreuses personnes, dont des commerçants, avaient déjà reçu des parcelles

sur la base des délibérations de l'ancien conseil rural.

Diamnadio est également marqué par une logique d'accaparement foncier d'une confrérie soufie. Déjà détenteur de plusieurs titres de propriété sur le site, notamment au niveau du lieu le plus stratégique, le croisement des routes de Thiès et de Mbour, l'actuel khalife des Tidjanes a profité du projet de lotissement lancé par l'ancienne communauté rurale pour parrainer une demande de 100 parcelles pour le compte de ses talibés (disciples).

Face aux pouvoirs publics, les acteurs ne semblent donc pas avoir la même marge de manoeuvre. Les réseaux ethniques, confrériques, familiaux et politiques semblent être efficaces pour accéder au foncier. Mais on peut dès lors tracer une frontière entre ceux qui ont accès à un réseau et ceux qui en sont exclus. Par exemple, les agro éleveurs Peuls sont absents

des réseaux politiques et associatifs, et deviennent les véritables parias de ce territoire en formation. Par contre Lébous et Séreres ont un accès aisé aux informations issues de la

mairie.

Cette multitude d'acteurs sur un territoire restreint et l'importance de la pression foncière hypothèquent les projets de l'Etat sur la commune. Le projet est tardif par rapport à l'anticipation urbaine dont la commune a fait l'objet. C'est pourquoi les institutions étatiques, manquant cruellement de légitimité nécessaires à débloquer les fonds internationaux, cherchent de nouveaux alliés. En créant un processus de concertation incluant les élus locaux

et des membres de l'équipe municipale, en permettant à ceux-ci de formuler des doléances concernant le déroulement du projet, l'Etat s'octroie de nouvelles alliances, bien qu' à contre courant des sensibilités politiques.

Les groupes de travail ont été formés à la fois des représentants des collectivités territoriales, de groupes industriels, et de différents ministères (Aménagement du Territoire, équipement, environnement, agriculture et élevage). Ils ont abouti à la création d'un Plan d'Urbanisme de Détail (PUD) de Diamniadio.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand