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L'agriculture périurbaine au risque de la ville? (le cas de Diamniadio, Dakar, Sénégal)

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par Virgile Mendret
ULP Strasbourg I - Master I Géographie Humaine 2006
  

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D) Le Plan d'Urbanisme de Détail d'une ville exutoire ? (Voir la carte en annexe)

Les processus de concertation engagés entre les niveaux politiques locaux et ministériels cachent mal la surimposition du projet étatique sur le bâti préexistant, sauf sur les habitations des premiers arrivants, qui sont remarquablement peu remises en cause. A contrario, certains groupements Peuls présents depuis plus de 40 ans n'apparaissent pas sur le plan : cela montre une volonté manifeste de mise à l'écart de ces populations par les autorités politiques locales.

D'après les rapports des groupes de travail élaborés en collaboration avec différents ministères, les membres des collectivités locales ont réussi à peser quelque peu sur le processus décisionnel. Le maire a obtenu le détournement du tracé de l'autoroute, qui devait passer sur le tissu urbain. Un périmètre de sécurité devrait être conservé le long des industries,

à la demande des conseillers municipaux, pour éviter la situation de la baie de Hann, où les habitants sont exposés à des risques industriels.

Ainsi, Diamniadio est bien destinée à devenir une ville industrielle : la surface octroyée à ces activités est la plus importante, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, les surfaces sont affectées à des industries qui, faute de place, ne peuvent plus être implantées à Dakar. Ensuite, des activités considérées trop polluantes, et comportant des risques pour les habitants seront transférés de Dakar à Diamniadio. La grande zone industrielle de 130

hectares située au Nord accueillerait des industries polluantes et dangereuses.

Le domaine industriel situé entre la RN1 et la voie ferrée est destiné à recevoir des industries moins polluantes, sur 30 hectares. Le foirail et les abattoirs, localisés au nord de la voie ferrée, et reliés à la RN 2 par la route de Ponty, couvriraient une superficie de 27 hectares.

D'après le rapport du groupe chargé de réfléchir sur le cadre de vie et l'environnement, des espaces plantés sont prévus sous forme de bandes de petits jardins et squares dans les centres de quartiers. Ce type d'équipement devrait couvrir une superficie de

30 hectares. Mais dans la réalité, on s'aperçoit que ces espaces sont des drains permettant l'écoulement des eaux de pluie, le sol argilo marneux favorisant le ruissellement. Ils devraient être utilisés pour l'évacuation des eaux usées industrielles.

La fonction commerciale de Diamniadio est fortement dépendante d'activités spatiovores, comme le stockage de produits agricoles et manufacturés. Le marché d'intérêt national et les entrepôts (sur 23 hectares) seront situés à l'entrée de la ville, tout comme la gare de gros porteurs (13 hectares). Comme rapporté précédemment, le Port Autonome de Dakar sollicite la mise à disposition d'un terrain à Diamniadio qui devrait servir de zone tampon entre le Port de Dakar et son hinterland, pour des activités destinées à participer à la résolution des problèmes d'encombrement et d'engorgement relevés à Dakar.

Concernant la fonction résidentielle de Diamniadio, le PUD ne rend pas compte des stratégies des acteurs privés pour s'approprier l'espace. Sur le terrain, les alentours des quartiers sont entourés de nombreuses parcelles aux contours matérialisés par des blocs de ciment aggloméré, qui appartiennent à des Dakarois aisés. Etrangement, ces espaces sont notés comme zones agricoles sur la carte, comme si l'Etat voulait donner l'impression d'être

le seul maître de la terre. Diamniadio deviendra t-elle une ville dortoir ?

L'appropriation de l'espace par la classe moyenne dakaroise, et les investissements en infrastructure de transports abondent en ce sens : la construction de l'autoroute Dakar Thiès garantira un accès rapide à la capitale. Trois axes supplémentaires devraient être aménagés afin de contribuer au désenclavement de la capitale : le prolongement de la VDN entre le golf- club de Guédiawaye et Diamniadio, l'aménagement en deux fois deux voies de la route des Niayes-Pikine, et l'aménagement en deux fois deux voies de la route de Rufisque. Tout est

fait pour pouvoir habiter à Diamniadio tout en travaillant à Dakar.

Le plan d'urbanisme prévoit une bibliothèque, un centre social, une salle des fêtes pour l'ensemble de la commune. Mais il ne dégage pas de réelle centralité. Les quartiers

actuels comportant les premières implantations Lébous joueront-ils un rôle de centre urbain ?

Les activités de service qui s'y implantent progressivement pourraient être le signe d'une centralité future, non planifiée, qui profiterait de la proximité du carrefour.

Sur le plan, l'autoroute passe en partie sur le tissu urbain préexistant. Il y a bien une volonté de surimposition du projet sur la trame urbaine d'origine : les habitations locales semblent être une gêne, dont les aménageurs doivent s'accommoder, à regret.

Les conditions de relogement de personnes déguerpies feront l'objet de tractations dans lesquelles les habitants joueront également de leurs réseaux politiques, ethniques et confrériques. Le plan de l'Etat, en faisant une petite part aux acteurs locaux, oublie la faculté

des habitants à se regrouper pour entreprendre, protester et obtenir. Certaines catégories sociales comme les jeunes ont déjà démontré leur faculté d'association. Des réseaux peuvent agir et mettre à mal ce projet ambitieux. Ces acteurs jouent sur différents plans : la proximité

des travaux puis des usines est pourvoyeuse d'emploi salarié pour les autochtones. Mais il va falloir lutter contre un projet néfaste pour le cadre de vie et l'habitat, et adopter une position ambivalente, proche de l'entre deux.

A ce niveau, on peut avancer sans prendre de risques que le projet ne sera pas suivi des réalisations annoncées. En effet, les études de faisabilité sont en cours, sans que les budgets soient établis définitivement. Dans ce contexte de pénurie d'espace, quelles sont les chances

de réalisation d'une piscine olympique, ou d'un hippodrome national, comme mentionné sur

le plan ?

Conclusion : le pouvoir local est dépassé par un Etat au service des investisseurs privés, mais le problème d'appropriation précoce de l'espace par les acteurs locaux reste entier.

Suite à cette analyse, il apparaît que Diamniadio connaît une évolution guidée par la nécessité d'avoir un exutoire pour Dakar, et non par une volonté de créer une vraie ville nouvelle. Dans une telle perspective, Diamniadio sera un lieu de décompression des nuisances

de la capitale (pollution, spéculation et forte pression foncière) guidé par des impératifs urbains et permettant à celle-ci d'accroître son poids sur le territoire.

Les nouveaux arrivés à Diamniadio transformeront la commune en ville dortoir. Tout

en conservant leur emploi, ces habitants devraient profiter d'une meilleure accessibilité suite

au prolongement de la VDN et la construction de l'autoroute Dakar Thiès. Cette ville ne sera-

t-elle donc qu'une banlieue de plus dans l'histoire de la capitale ?

L'apparente satisfaction des acteurs politiques locaux, (« on voulait une nouvelle ville, mais l'Etat s'en charge à notre place ! », « les industries seront sources d'emplois pour nos jeunes et de taxes professionnelles pour notre commune») cache mal le dépassement d'acteurs dépossédés de leur maîtrise des terres par un Etat accapareur (qualifié de « rapace » par d'autres interlocuteurs!). La logique étatique et présidentielle s'inscrit, elle, au sein d'une demande urbaine puissante, bien antérieure au projet de ville. Mais en jonglant avec les modes qui agitent les bailleurs de fonds, l'Etat devient le serviteur des grands acteurs économiques qui étouffent dans la capitale, et pour lesquels Diamniadio est une réponse locale d'enjeux s'inscrivant en dehors du seul cadre national. Cependant, les bailleurs de fonds américains ne sont pas dupes du processus de concertation inégal qui a été engagé : ils posent à nouveau le problème de l'appropriation du projet par les populations locales comme condition sine qua non du déblocage des fonds. L'Etat sénégalais devrait revoir a nouveau sa copie, afin de réaliser son très ambitieux projet.

Tableau 3 : Des grands chantiers en gestation : état des lieux en juin 2005.

Projets

Etat

Superficie

(ha)

Emplacement

Université du Futur Africain

Démarrage des

Constructions

300

Entre l'ex Bud-Sénégal et le quartier de Déni Malick Guèye

APROSI (Sodida/ Parc

Sénégalo-Chinois)

Démarrage des installations

50

Derrière le quartier de

Déni Ndiarkhathie

Marché d'intérêt national

(MIN)

Non encore démarré

52

 

Zone Artisanale

Terrassement du terrain

20

Entre la Nationale I et le quartier de Dougar

2 Gares de stationnement de gros porteurs

Projet non encore démarré

40

 

Zone industrielle

Projet non encore démarré

180

 

Zone d'aménagement concertée

Zone en cours de délimitation

2 500

 

Source : Diagnostic participatif, Commune de Diamniadio, 2003

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote