WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Etude linguistique et sociolinguistique de l'argot contenu dans les textes de rap au Sénégal, l' Exemple Du DAar J


par Mamadou Dramé
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2000
  

précédent sommaire

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CONCLUSION GENERALE

Parler de rap au Sénégal revient à parler des jeunes, de ce qui les intéresse, de ce à quoi ils s'identifient. C'est sortir le miroir dans lequel ils projettent leur image pour pouvoir la lire. En sociolinguistique, cette image obtenue par réflexion à permis de voir la manière dont les jeunes communiquent entre eux et avec les autres membres de la communauté. Cela a permis de découvrir un certain nombre de positionnements culturels et idéologiques qui sont en réalité de véritables revendications que les jeunes posent comme leur plate-forme à ceux qui tiennent entre leurs mains leur destinée.

Seulement, on ne peut pas évoquer le mouvement hip hop en passant sous silence son origine et son évolution jusqu'à son arrivée en Afrique et au Sénégal. Il faut cependant rappeler que le mouvement englobe une musique le (rap), un art la (peinture ou graffiti), une mode vestimentaire etc. mais nous nous sommes intéressé dans un premier temps uniquement à la musique et plus particulièrement aux textes chantés par Daara J et les autres rappeurs.

Un bref regard a permis de voir que le rap bien que né en Jamaïque, a connu une explosion extraordinaire dans les années 1970 lorsque les jeunes des ghettos de New York ont voulu crier leur ras le bol face aux traitements auxquels étaient soumis les gens de couleur aux Etats Unis. Ce même vent de contestation va souffler en France lorsque les enfants des immigrés africains noirs et arabes se rendent compte qu'ils étaient sujets à ce même traitement qui a pour nom chômage, ségrégation, échec scolaire et social etc.

Même si les conditions ne sont pas les mêmes que dans ces pays cités, le Sénégal ne sera pas épargné par le mouvement puisque la jeunesse voudra se lever et revendiquer sa place dans la société. Ainsi le mouvement hip hop sénégalais est né et s'est développé à partir de 1988 lorsque après les élections législatives et présidentielles perturbées, l'année blanche va jeter dans la rue des milliers de jeunes. D'ailleurs nombreux sont les rappeurs qui s'identifient à cette jeunesse sujette à l'échec scolaire massif. Didier Awadi du Positive Black Soul aime à rappeler qu'ils font partie ( les rappeurs PBS ) de « cette classe 1988, 77jeunesse malsaine, génération sacrifiée ». Ensuite, le mouvement prendra son essor et connaîtra cet essor qu'il a maintenant.

Il est vrai que les tendances sont différentes et variées, mais cette richesse ne fait que participer au développement de la culture hip hop. Ce qui fait que ses acteurs sont devenus des personnages importants dans la vie culturelle du pays, dans la vie sociale puisque les jeunes s'y reconnaissent et dans la vie économique puisque le rap est un marché que les producteurs ont commencé à investir avec force. En outre on peut constater que les rappeurs sont souvent sollicités pour les campagnes de sensibilisation destinés aux jeunes.

Dans cette étude que nous avons menée, nous nous sommes intéressé à l'argot employé par les rappeurs dans leur création artistique. Nous avons pu souligner la diversité des procédés employés pour la constitution du lexique qui le compose. Ceux-ci passent essentiellement par les glissements sémantiques. Nous avons pu relever entre autres l'emploi de la métaphore et de la métonymie. Il y a également les emprunts aux différentes langues qui composent le paysage linguistique sénégalais. Ce sont l'anglais, le français et l'arabe, l'argot anglais ou français. Mais le rappeur ne se limite pas seulement à cela puisqu'il va créer des procédés de structuration de son langage en procédant à l'épellation, au verlan, aux abréviations etc.

La richesse des procédés qui permettent la création lexicale pour la constitution de l'argot est révélatrice des intentions, des positionnements et des réclamations véhiculés par les textes du rap. Il demeure évident que l'allusion à l'anglais renvoie presque nécessairement à l'Amérique où est originaire le mouvement et à son influence sur les jeunes. De même, le français renvoie automatiquement au pays du colonisateur, mais l'argot dans le rap a bien d'autres significations.

Il est vrai que les premières fonctions que l'on peut assigner seront les dimensions ludique et cryptique, mais dans ce contexte la dimension cryptique doit être relativisée. Il n'est point dans l' intention du rappeur de limiter son auditoire, mais l'argot permet de procéder d'une part à l'identification des membres de la communauté. D'autre part, c'est le moyen pour ce groupe presque rejeté, puisque n'étant pas pris en considération de prendre sa revanche sur la société qui ne veut pas lui donner la place qui est sienne. Ainsi il peut prendre sa revanche sur le système qui n'a pas pris en compte ses préoccupations les plus légitimes. Il s'impose aussi, vu la teneur subversive de son message.

L'usage de l'argot permet de s'identifier au groupe, de montrer son appartenance au mouvement mais aussi d'identifier les membres du groupe. Ce qui montre que la solidarité de «corps» et le besoin de préserver son identité et son intégrité sont importants. En plus il faut se venger sur les autres en se mettant à l'abri et ne pas faire censurer ses textes. Cela est compréhensible si on connaît la teneur des messages contenus dans les textes de rap. Aussi, faut-il souligner l'importance que les rappeurs attachent à la résistance par le biais de la subversion du langage. Ainsi on montre que l'on refuse d'abdiquer même si on n'est pas pris en considération par les systèmes politiques et économiques en vigueur.

Enfin la religion devient un refuge. Comme les précurseurs du mouvement aux Etats Unis, on se réfugie dans l'Islam où le rappeur pense qu'il y a une possibilité d'Ascension et de Rédemption qui pourrait lui permettre de sortir de la misère sociale et morale qui a plongé ce pays dans cette situation qu'il décrit dans son texte.

Dans cette esquisse qui se veut une contribution à une étude sociolinguistique du phénomène hip hop, nous avons tenté d'apporter une pierre à l'édification de ce riche terrain d'étude. Nous ne prétendons pas avoir été exhaustif puisque plusieurs domaines peuvent être explorés. Et nous espérons avoir apporté un éclairage sur les pistes que nous visiterons lors de nos prochaines études sur ce phénomène

BIBLIOGRAPHIE

I- OUVRAGES SCIENTIFIQUES

1. Appel, René & Muysken, Pierre (1988): Language contact et bilingualism. Amsterdam,Institute for General Language, University, Amsterdam.

2. Auzanneau, Michèle (1999) et Alii : Paroles et musiques du rap, Deuxièmes rencontres de Rapologie, Libreville, E.N.S.

3. Benga N'diouga Adrien (1998) : L'air de la ville rend libre, musique urbaine et modernité: des groupes et musique des années 1900 ( Dakar -Saint-Louis ), Dakar, UCAD , FLSH , NP.

4. Becker, Ho Alice (1993) : Les princes du jargon, Paris, Gallimard.

5. Blonde, Jacques, Dumont, Pierre & Goutier Dominique(1979) : Lexique du français du Sénégal, Dakar, NEA ,Paris, Edicef..

6. Bloomfield Léonard (1970) : Le langage , Editions Payot, Paris.

7. Bocquet, José-Louis & Pierre Adolphe Philippe (1997): Les petits libres n°14 Rapologie, Editions de minuit.

8. Boucher Manuel (1998) : Rap expression des lascars; Significations et enjeux du rap dans la société française, Paris, L'Harmattan.

9. Charaudeau Patrick (1983) : Langage et discours éléments de sémiolinguistique (pratique et théorie ), Paris Hachette.

10. Colin Jean Paul (1999): Dictionnaire de l'argot français et de ses origines (Préfacé par Alphonse Boudard ), Paris, Editions Larousse.

11. Diakhaté Maïmouna & Samb Amadou Makhtar (1998) : Thématique et stylistique du rap: classe de troisième, Dakar, E.N.S, Mémoire de spécialité.

12. Geiger, Denise François & Goudailler, Jean Pierre ( Sous la direction de ) (1989): Langue française n° 90 : Parlures Argotiques, Paris Editions Larousse.

13. Guiraud, Pierre: L'Argot, Paris, Collection « Que-sais-je », PUF.

14. Gumperz, J.J. (1982): Discourse stratégies, Cambridge, Cambridge University Press.

15. Gumperz, J.J. (1989) : Sociolinguistique interactive : une approche interprétative. Paris L'Harmattan.

16. Hagège, Claude (1983): La structure des langues, PUF, Paris, Collection « Que-Sais-Je » n° 2006.

17. Labov, William (1976): Sociolinguistique, Paris Editions de Minuit.

18. Lapassade, Georges & Rousselot Philippe (1996 ) : Le rap ou la fureur de dire. Paris Loris Talmart.

19. Ndao, Papa Alioune(1996) : Contact de langues au Sénégal : Etude du code switching wolof-français en milieu urbain: approche linguistique, sociolinguistique et pragmatique, Dakar, UCAD, Doctorat d'Etat.

20. Touré, Abou El Caba ( sous la direction de ) (1997): Commission Nationale de Français: Nouveau Programme de Français, Dakar, Ministère de l'Education Nationale.

II- ARTICLES SCIENTIFIQUES

1. Billez, Jacqueline (1999) : « Poésie musicale urbaine, langues et identité enlacées » in Ecritures et textes d'aujourd'hui; cahier du français contemporain n°4, sous la (coordination de M.Marquilo ), Paris ENS éditions.

2. Cadiot, Pierre (1991): « Les mélanges de langues » in France, pays multilingue tome II : Pratique des langues en France, Paris L'Harmattan.

3. Melliani, Fabienne (juin 1998): « Le métissage langagier comme lieu d'affirmation identitaire : le cas des jeunes issus de l'émigration maghrébine en banlieue rouennaise » in Les parlers urbains, UPRESA, 60 65, Université de Rouen.

4. Neury, Philippe (1994): « L'argot en milieu carcéral » in Actes de la première journée d'étude de la formation doctorale, Université René Descartes. Paris V, Paris.

5. Signaté, Diamé (1994), « la norme et l'usage » in Anales de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines n° 24, Dakar UCAD.

III - ARTICLES DE JOURNAUX5(*)9

1. Sambou, Cissé : « Rap public en république » in Le Soleil du 29,30 avril et 1er mai 2000, p.14.

2. Dia, Alpha: «Sénérap : Les producteurs locaux» : http : www, africa-server

n / rumba-kali /fr. sene htlm.

3. Dia, Demba Sileye: «Hip-Hop pour les droits de l'homme» in Walfadjiri Quotidien n° 2088 du 27 28 février 1999 p. 7.

4. Dièye, Alioune Badara: «Les politiciens parlent de rap» in Sud Détente (Sud Quotidien ) n° 98 du 20 novembre 1999, pp 5-7.

5. Dièye, Alioune Badara: «le hip-hop sénégalais : Origine et perspectives» in Sud Détente (Sud Quotidien ) n°63 du 12 février 1999, pp. 7-10.

6. Diouf, Sékou: «Jant-bi : Rapadio a trahi le rap» in 7 week-end n°11 du 28 janvier 2000 p.7.

7. Fall, Joe Ousmane: « Mutation ou confirmation : non Daara J, c'est pas seulement du rap » in 7 week - end n°10 du 10 décembre 1999 p.5.

8. Fall, Joe Ousmane: « Rapadio et Dkill Rap : un seul objectif: repeindre la société » in 7 week - end n° 7 du 17 décembre 1999 p.8.

9. Fall, Lamine: « Rapadio : les soldes d'une sortie fracassante » in 7 week -end n°11 du 28 janvier 2000 p.7.

10. Lô, Mamadou Oumy: « ces nouveaux bastions conquis par le rap » in 7 week -end n°8 du 7 janvier 2000 p.12.

11. Magazine Groove n°13 février 1998.

12. Thiam, Souleymane: « Mister Kane : le jeune qui défie Talla Diagne et Sandaga » in Nouvel Horizon n°240 du 22 septembre 2000 p.19

* 59 Nous donnons à titre indicatif quelques articles de journaux ; la liste est encore plus longue.

précédent sommaire






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo