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Associations ethniques en milieu estudiantin de l'Université de Kinshasa (RD Congo) : Neo-fraternité, lutte hégémonique et citoyenneté segmentée

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par Jean Pierre Mpiana Tshitenge
Université de Kinshasa -  DES en Sociologie 2006
  

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En dépit de l'autonomie qu'il a toujours revendiquée et de l'image insulaire qu'il reflète dans l'imaginaire collectif, le champ universitaire est traversé par les flux de la société dont il émerge et se trouve même surdéterminé par d'autres champs avec lesquels il interagit, notamment le champ politique. Sa dynamique interne et la structuration des forces sociales qui y opèrent procèdent de la nature de ces interactions.

L'Université de Kinshasa n'échappe pas à cette loi générale et implacable du fonctionnement du champ universitaire. La vie associative dans cette université, comme dans d'autres universités et instituts supérieurs du pays, intègre les dynamiques impulsées au niveau de la société globale. Celles-ci s'actualisent en trois périodes de l'histoire nationale post-coloniale allant de l'accession du Congo à l'indépendance en 1960 à la transition politique actuelle déclenchée depuis le 24 avril 1990 en passant par les 25 ans (1965-1990) de pouvoir autocratique du feu Président Mobutu. Ces trois périodes coïncident avec trois manifestations différentes de la vie associative en milieux universitaires.

La première période est marquée, pour l'Université de Kinshasa, par des associations estudiantines dont les unes inscrivaient leurs actions dans une perspective purement syndicale (le cas de l'Association Générale des Etudiants de l'Université Lovanium « AGEL ») alors que d'autres, à l'instar de l'Union Générale des Etudiants et Elèves du Congo (UGEC), ne cachaient pas leur inclinaison politique. Mais globalement, ces associations, comme le font remarquer Abemba et Ntumba, étaient animées par un faisceau de clivages dont les plus important sont : le clivage politique entre nationalistes et modérés d'une part et, d'autre part, le clivage régional entre les étudiants de l'Est et ceux de l'Ouest du pays.3(*) Cette physionomie offerte par l'univers associatif épouse la fracture idéologique et politique de la scène politique nationale entre les partisans de Lumumba (nationalistes-progressistes) et ceux de Kasa-vubu (modérés). Toute la première république a été marquée du sceau de cet antagonisme à la base de la crise sociopolitique ayant donné prétexte au coup d'Etat militaire le 25 novembre 1965.

Au cours de la seconde période inaugurée par ce coup d'Etat, la vie associative des étudiants s'organise sous l'égide de la Jeunesse du Mouvement Populaire de la Révolutionnaire (JMPR), unique institution d'encadrement des jeunes zaïrois (congolais). Cette jeunesse devait réaliser sur le campus universitaire le projet social, économique, politique et idéologique du parti unique MPR institué par le Président Mobutu.

En effet, « l'ambition du MPR a été de former au coeur de l'Afrique une société monolithique, fortement intégrée sur le plan politique d'abord, mais aussi, certes, sur celui des idées et des valeurs culturelles. En d'autres termes, le MPR était l'ennemi des particularismes politique, social, culturel...En ce sens la tribu et le tribalisme étaient une bête noire, dans ce qu'ils pouvaient représenter de négatif pour l'action globale du parti unique. Le monolithisme, le consensus social et politique, le MPR les voulait même de façade, car le plus important pour lui était l'image extérieure du pays et du régime.

Dans cette optique, la JMPR devait bénéficier du monopole sur le champ universitaire comme seul cadre dans lequel l'intégration politique, sociale et économique était destinée à se réaliser. Elle devait et pouvait, par conséquent, satisfaire toutes les aspirations collectives et individuelles du monde étudiant : aspiration à l'unité et à la cohésion, aspiration à la sécurité, à la solidarité et à l'entraide »4(*).

Dans ces conditions, l'université en tant que segment de la société zaïroise se posait en moule où étaient pétris les futurs cadres à l'image du MPR parti-Etat. Au terme de ses études universitaire, le citoyen zaïrois ainsi socialisé était supposé s'identifier à la nation zaïroise politiquement organisée que se voulait le MPR.

Mais la prétention de la JMPR à régenter toute la vie estudiantine n'avait pas gommé le sentiment ethnique dans le chef des étudiants. Si elle avait réussi à confiner toutes les associations qui se constituaient en dehors d'elle dans la zone d'illégitimité, elle portait néanmoins officiellement les stigmates de la fracture de l'antagonisme entre les étudiants du bloc Est et ceux de l'Ouest dont la conscience régionale était aiguisée par la politique de quota. Sous le couvert de ces deux blocs, plusieurs associations ethniques avaient investi l'Université de Kinshasa. Maquis où s'organisait la révolution cachée, les associations ethniques « offraient le cadre dans lequel l'étudiant se réfugiait pour agir et penser non seulement en dehors de la JMPR, mais souvent contre elle » 5(*), par ricochet, contre le MPR parti-Etat.

La JMPR, comme le MPR dont elle était l'émanation, n'a pas résisté au tsunami de la démocratisation. A l'absence d'une structure fédérative et au regard de la conjoncture politique, la communauté estudiantine avait éclaté en plusieurs groupuscules antagonistes en dépit des tentatives de réunification initiées au lendemain du 24 avril 1990 par le « Groupe de réflexion pour l'unité estudiantine ».

La troisième période, qui est sous examen dans cette étude, s'ouvre avec la démocratisation de la vie politique le 24 avril 1990. Elle inaugure la transition vers la troisième république conjecturée fondatrice d'un Etat démocratique, respectueux des libertés et des droits humains. La suppression du rôle dirigeant du MPR (JMPR) et la consécration du principe de liberté d'association qui en résultent ont provoqué la floraison des associations estudiantines à l'Université de Kinshasa. Celles-ci, sans doute, accusent d'une polymorphie qui astreint à une typologie basée sur le critère au fondement de leur constitution6(*).

* 3 ABEMBA B. et NTUMBA L., Mouvements étudiants et évolution politique en République Démocratique du Congo, 1971-1991, Cahiers du C.E.P., n°004, Kinshasa, 2004, p.5.

* 4 ABEMBA B. et NTUMBA L., Op-Cit, p.124.

* 5 Idem p.132.

* 6 Il existe plusieurs types d'associations à l'université de Kinshasa, nous pouvons notamment cité les associations des anciens élèves, les associations ethniques, les associations religieuses, les associations scientifiques, etc.

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