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La diversité et sa gestion dans un comité local d'ATTAC.

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par Jean Engel
Université Paris 1 - Sorbonne - Dea Sociologie Politique 2004
  

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Les actions souhaitées

Les anciens militants, rôdés au militantisme classique ont tendance à recréer les conditions dans lesquelles ils militaient avant. Ils sont souvent les premiers lorsqu'il s'agit de manifester, tracter, coller... c'est donc l'action conventionnelle qui les attire. Les nouveaux militants eux, ont tendance à vouloir impulser des pratiques différentes. La façon dont les militants comptent toucher les gens à l'extérieur de l'association dépend en grande partie de leur génération. Alors que les anciens préfèrent organiser des conférences ou manifester, les jeunes sont beaucoup plus tournés vers des actions spectaculaires, dans la tradition des mouvements nés depuis les années 70 :

« Mais ils ont vachement secoué en même temps. Parce que les gens, en fait au départ, les gens qui sont venus à ATTAC, c'était plutôt des vieux syndicalistes, des vieux militants socialistes, PC ou LCR. Donc ils étaient hyper rodés dans l'action tu vois. Ils savaient tracter, afficher, manifester. Mais ces gens-là, ils sont venus, notamment des gens des art-décos, ils sont venus avec des idées vachement sympas pour faire bouger les gens de manière différente. En disant « ouais mais les jeunes, ils veulent entendre autre chose », et ça, ça a été vachement positif. »94(*)

Deux types d'actions existent donc dans l'association. Des actions classiques, traditionnelles et des actions plus spontanées. Les AG mensuelles, pendant lesquelles chaque groupe présente ses activités sont d'ailleurs révélatrices de ces différences de points de vue sur les actions à mener. Les actions spectaculaires comme le déversement de prospectus sur la place Kléber, sont considérées comme des « actions gadget » ou des  « blagues de potaches » par certains anciens qui préfèrent les actions plus sérieuses. Alors que les plus anciens restent plus axés sur des manifestations traditionnelles, les jeunes militants sont plus marqués par les types d'action éclos depuis les années 70, sur le registre du festif et du spectaculaire :

« Ouais donc je pense que je vais aller de plus en plus vers des choses spectaculaires. Les mouvements de foule tu vois, les gens qui te regardent et qui ils savent pas pourquoi t'es là, « oh ils manifestent encore ! », « qu'est-ce qu'ils viennent nous faire chier, ils nous bloquent la rue, on peut plus circuler », voilà. Les médias, ils relayent ce qu'ils ont envie de relayer donc après, les trucs spectaculaire, ça a pas non plus l'impact qu'on voudrait que ça ait, mais en même temps, si au lieu de toucher un tout petit peu 500 personnes, ça convainc 3 personnes, c'est autre chose.[...] et puis ça apportera quelque chose de neuf dans ATTAC aussi parce que c'est aussi des reproches qui nous sont fait, c'est de pas rire beaucoup et d'agir pas beaucoup, voir pas du tout. Donc nous voilà, on est plus jeunes et donc on a plus envie justement de choses plus spectaculaires, plus rigolotes, un autre esprit dans l'action, quoi. »95(*)

La différence est également sensible dans la perception de l'action militante. Pour les anciens, il s'agit d'avoir une action longue et de faire pression pour obtenir des avancées légales. Pour les jeunes, il s'agit plus de transformer la société au quotidien :

« J'ai pas trouvé d'autre mot à part militant, parce que pour moi, militant pour moi ça veut dire, « milite pour quelque chose ».  Alors pour moi c'est plutôt l'idée qu'on peut essayer de faire tout de suite. On va pas militer pour le commerce équitable, on va pas militer pour quelque chose. On essaye de le faire. Pour l'affichage, on demande une fois à la Mairie, on fait un courrier et si ils nous répondent pas, on considère qu'ils disent non et dans ce cas-là on colle quand même nos affiches. On va pas être dans une situation de revendication et d'attente tout le temps. Je milite pas pour mais j'essaie de faire. »96(*)

Il y a donc coexistence de formes d'engagement traditionnelles, où c'est l'action à travers une structure déterminée qui doit faire avancer les choses de manière concrète, et de formes plus modernes où l'engagement revêt des dimensions variables et doit transformer la vie au quotidien à travers des cadres variés97(*). Ceci s'illustre très bien dans l'autonomie que les militants affichent vis-à-vis de l'association.

* 94 Entretien 20.

* 95 Entretien 15.

* 96 Entretien 16.

* 97 Du coup, l'inscription dans l'histoire de l'engagement de chacun est très différente. Le rapport au temps n'est pas le même pour les différentes catégories de militants. Ce qui crée quelque fois des divergences de vue sur le rythme de l'action politique que doit avoir l'association. Ainsi, les militants chevronnés trouvent souvent trop rapide le développement et l'éparpillement des actions de l'association, se heurtant par-là à l'impatience des plus jeunes.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius