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La diversité et sa gestion dans un comité local d'ATTAC.

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par Jean Engel
Université Paris 1 - Sorbonne - Dea Sociologie Politique 2004
  

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La coexistence dans le mouvement d'un axe théorique et d'un axe plus concret d'actions (déplacements, manifestations, tractage...) est essentielle pour des militants souhaitant rester en contact avec la réalité et avoir une action sur le terrain en plus de la formation :

« Dans les mouvements que j'ai fréquentés, les mouvements dans le fond me plaisaient mais c'est la forme qui me plaisait pas toujours, quoi. Amnesty international est un mouvement intéressant, seulement c'est un mouvement qui est très théorique où on a pas de lien avec... la vérité. On ne peut pas aller sur place, on ne peut pas voyager. »

(...)

« L'essentiel, c'est que j'aime bien lier la réflexion à l'action. Dans ATTAC, il y a ce genre de choses là donc je m'y retrouve. Mais je m'y suis aussi retrouvé ailleurs, hein. Dans le parrainage d'enfants, il y avait aussi ce... c'était très proche d'ATTAC au niveau de l'action, il y avait à la fois de l'action et de la réflexion. »89(*)

Comme la réflexion peut favoriser un « esprit-maison » dans le cadre du mouvement, l'action avec les autres militants va favoriser l'intégration au mouvement. Daniel Gaxie90(*) souligne l'importance de moments intenses et partagés comme le collage d'affiche, par exemple, dans les déterminants du militantisme. Les actions et moments partagés avec les autres militants donnent le sentiment d'appartenir à une grande famille participant à un combat noble. La plus ou moins grande intensité des actions, le sentiment commun qui peut se développer face à la sourde-oreille des dirigeants, installent ou renforcent les liens qui existent déjà entre les militants.

Sans vouloir simplifier à outrance, il faut noter que le facteur de l'âge joue un rôle déterminant dans le type d'engagement choisi. Alors que les anciens, les « têtes chenues » de l'association s'inscrivent plus dans le domaine intellectuel, c'est-à-dire dans le travail des commissions ou l'organisation des conférences, les jeunes ont tendance à privilégier l'action sur le terrain en instiguant de nouveaux types d'action. Les premiers ont une action plus tournée vers l'intérieur de l'association alors que les seconds sont tournés vers l'extérieur.

Régularité de l'engagement

Selon leur sensibilité politique et les thèmes qui leur tiennent à coeur, les militants n'envisagent pas le même type d'engagement à l'intérieur du mouvement. Premièrement, on peut distinguer une catégorie de militants, très restreinte il est vrai, ayant un engagement constant et régulier dans le temps ( trois militants s'engageant soit dans le travail des commissions ou ayant des responsabilités administratives dans l'association depuis sa création ) et ceux qui connaissent de grandes variations d'intensité du militantisme. Ceci dépend grandement du type d'actions choisi. L'engagement dans une commission par exemple engendre souvent une action régulière avec des rendez-vous à dates fixes. Même si l'action n'est pas répartie de manière homogène dans le temps et qu'il y a évidemment des moments où il faut beaucoup travailler avant de boucler un sujet par exemple, la manière de s'engager est très régulière et ne varie pas beaucoup depuis cinq ans comme pour N91(*). Chaque thème abordé prend quelques mois à raison de quatre heures par semaine en moyenne. Il s'ensuit une phase de stand-by en attendant de trouver un nouveau thème. En moyenne, la commission « presse » a présenté 5 ou 6 documents depuis sa création soit un document par an. Les phases de travail sont souvent très concentrées mais régulières.

D'autres militants s'engagent plutôt au gré des actions ponctuelles, leur militantisme est donc plus variable. Il dépend alors fortement de l'actualité et le militantisme prend des formes différentes à travers le temps. Il existe en effet une catégorie de militants qui ne s'inscrivent pas durablement dans des groupes particuliers. Soit qu'ils n'aient pas de thèmes particuliers qui leur tiennent à coeur, soit qu'ils ne peuvent pas avoir un engagement régulier. Ils évoluent dans l'association au gré des besoins du groupe, de leurs intérêts à un thème ou du temps dont ils disposent :

« J'ai l'impression de picorer un peu. C'est-à-dire, je... parce qu'ATTAC c'est organisé en ateliers... j'ai l'impression d'aller d'un atelier à un autre au fil de mes humeurs parfois. C'est-à-dire qu'il y a des gens à ATTAC qui font un travail continu, qui sont dans un atelier, qui ont décidé de travailler sur une question par exemple pendant deux ans et vraiment, ils montent un groupe etc... Moi, j 'ai l'impression que je suis plus... Là je dis ça, c'est tout un débat interne en moi. Je ne sais pas pourquoi... Ou alors j'ai encore des traces comme ça de cette espèce d'idéologie de la pyramide, tu suis le chef comme ça. Je sais pas, ça c'est peut-être un truc que j'ai encore à régler en moi et j'ai tendance à picorer. Je vais dans un atelier, parce que je trouve l'idée génial et hop, je participe à l'atelier, je m'investis là-dedans. »92(*)

Pour des militants n'ayant pas beaucoup de temps à consacrer à l'association ou militant par phases en fonction des aléas de leur emploi du temps (les étudiants connaissent par exemple ce genre d'engagement avec des moments de grande disponibilité et des périodes sans possibilités de s'investir), ce type d'engagement est assez répandu.

On peut trouver également d'autres explications à ces différentes manières de s'engager. On peut bien sûr trouver dans les parcours des militants certaines prédispositions à certains types d'engagements. Le réinvestissement des pratiques héritées influent sur les manières de s'engager. Les anciens militants ont par exemple des prédispositions pour faire partie des instances administratives de l'association comme M, ancien secrétaire de section du PS :

«  et puis je me suis mis là-dedans parce que précisément, j'avais eu quelques responsabilités politiques avant. Bon, savoir organiser sans dirigisme, ça j'aime assez, voilà. »93(*)

Ce type d'engagement entraîne bien-sûr un engagement beaucoup plus régulier (avec des réunions périodiques) et un suivi de la vie de l'association presque au jour le jour.

L'intensité et la régularité de l'action militante dépendent donc grandement de chaque militant. Selon son inscription dans un ou plusieurs types d'actions par exemple, le temps consacré à l'engagement est très variable d'un militant à l'autre. Alors que certains choisissent une seule forme d'engagement, d'autres panachent les activités et sont à la fois au journal, au bureau et dans une commission. Ainsi, alors que certains militants sont satisfaits en s'engageant quelques heures par mois, d'autres ont un engagement quasi-quotidien et consacrent trois à quatre heures par semaines à l'association.

Dans la durée également, certains militants connaissent une multitude de formes d'engagement. Le turn-over de l'association étant très important, chaque militant a l'occasion d'essayer différents postes dans l'association. Nous avons pu remarquer chez les militants interrogés en 2001 puis en 2004 que leur engagement avait connu différentes phases avec des variations d'intensité ou de type d'engagement. Ces variations d'intensité dépendent à la fois du rythme de l'association (de ses moments d'activité ou de ses temps-morts), de l'ambiance qui existe dans l'association et des disponibilités personnelles. A propos de ces dernières, il faut dire que ce qui lie les militants d'ATTAC Strasbourg, qu'ils aient ou non été militants auparavant, est la grande fluidité de leur engagement. Respectant par-là les modifications de l'engagement étudiées par Bathélémy ou Ion, les militants d'ATTAC adoptent une forme d'engagement flexible. Nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard.

Les attentes vis-à-vis du militantisme et les formes d'engagement escomptées sont donc variables d'un militant à l'autre et variables dans le temps pour un même militant. De la formation à l'action, avec une plus ou moins grande régularité, les militants ont des attentes particulières. Celles-ci se retrouvent dans les types d'actions que les membres souhaitent mener.

C. Les types d'action privilégiés

En fonction de leurs attentes, de leurs objectifs ou de leur âge, les militants souhaitent adopter des manières d'agir particulières. Ils peuvent être attirés par un militantisme classique ou plus moderne, le point commun étant chez tous les militants la recherche d'autonomie par rapport au mouvement.

* 89 Entretien 7.

* 90 Daniel Gaxie, « Economie des partis et rétribution du militantisme », RFSP, N°27, 1977, P :123-154.

* 91 Entretiens 9 et18.

* 92 Entretien 14.

* 93 Entretien 17.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand