WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Subjectivité et intersubjectivité dans la conversion indiviuelle masculine à l'islam en France au XXI siècle

( Télécharger le fichier original )
par Marie Bastin
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris -  2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy
De l'intersubjectivité

Ces 7 cas de « conversion » sont des cas de « conversion » individuelle participative puisqu'elles font intervenir le collectif. Celui-ci intervient de double façon. Il s'agit d'une part du groupe des siens d'origine que l'on « quitte » et celui que l'on « rejoint », le groupe d'appartenance.

L'intersubjectivité que développe le « converti » avec ces deux groupes se répartit sur les domaines professionnel, éducatif et familiaux, ascendants et descendants. Remarquons que d'une part, les activités professionnelles et de formation continue continuent à être accomplies après la « conversion » dans le domaine du groupe d'origine, l'univers non musulman du « converti ». C1 est une exception limite puisqu'il a destiné sa formation en informatique à l'usage professionnel et missionnaire de la diffusion du message de paix mouride. En revanche, si C6 se distingue aussi des autres, c'est pour avoir, les circonstances aidant, cesser son activité missionnaire en devenant musulman. C'est à cette période-là qu'il expérimente la vie professionnelle dans le privé pour la première fois. A la connaissance du chercheur, certains et certaines « convertis » à l'islam ont orientés l'ensemble de leur vie sociale vers le groupe d'appartenance, quittant une activité professionnelle qu'ils estimaient incompatible avec leurs aspirations de musulmans, ne conservant d'avec le groupe d'origine que les relations parentales.

D'autre part, la vie « affective » intime en vue de l'établissement d'un foyer et d'établir de nouvelles amitiés, est envisagée sous la nouvelle tutelle spirituelle islamique du « converti ». L'exception est faite par C6. A la connaissance du chercheur, cette configuration interrelationnelle est majoritaires chez les « convertis » à l'islam et au bouddhisme, exclusion faite de ceux et de celle qui se « convertissent » à l'occasion d'une rencontre avec un musulman ou une musulmane sociologiques, et pour s'harmoniser avec leur futur compagnon conjugal.

Quant, il s'agit des enfants, il est possible d'observer qu'ils souhaitent les élever dans l'islam (sauf C6 et C4). Mais, à ce stade, ils sont saisis par la potentielle dynamique d'individuation ultramoderne de leurs descendants. Ils se trouvent en porte-à-faux : éduquer, certes, tout en respectant les choix spirituels éventuels de leurs enfants.

Les univers sociaux dans lesquels les « convertis » paraissent cloisonnés. L'univers des musulmans sociologiques semble être essentiellement destiné à satisfaire leur identité spirituelle et la dimension des relations chaudes. C2, dans ce cadre, se distingue des autres, en entretenant des relations avec des musulmans sociologiques sur le lieu de travail.

Quand ils sont à la recherche de relations avec l'univers du groupe d'appartenance, c'est le plus souvent pour assouvir le besoin d'apprentissage de l'islam, le besoin de la communauté des croyants et peut être le besoin de régulièrement se sentir un peu différent. Ces relations sont complexes et difficile dans l'après-conversion, de leur point de vue, en tous cas.

Ainsi, le « converti » est une sorte de stéréotype de la dimension métasociale du religieux ultramoderne. Il sacralise d'une part l'ordre social de la Umma et d'autre part tout ordre social.170(*) Cette identité est marquée par la différence que l'individu vit d'avec son groupe d'origine et d'avec son groupe d'appartenance. Il est doublement différent de des siens d'origine, par ce qu'il est croyant d'une part, croyant musulman, d'autre part. IL se distingue des siens d'appartenance par le bagage socio-psychologique et religieux de la société majoritaire. C'est en cela que sa situation est minoritaire.

Les relations entre « convertis » mériteraient à leur tour d'être passés au crible d'une lecture qui dégagerait leurs spécificités en tant que groupe minoritaire, triplement minoritaires qu'ils sont, vis-à-vis de leur communauté d'origine, d'une part, de leur communauté d'appartenance d'autre part, et eu sein même de leur communauté d'appartenance. En effet, ultérieurement, approfondir les relations et les perceptions des convertis avec leurs groupes d'appartenance et d'origine, du point de vue des acteurs sociaux de ces mêmes groupes, permettrait de croiser les regards et d'élaborer un portrait social plus complet du converti à l'islam dans la société française ultramoderne. Prendre en considération les convertis menés par leur parcours en terrorisme et ceux qui ont choisi de vivre en société musulmane majoritaire comme en Syrie ou au Maghreb nous permettrait d'essayer l'étude des tous les phénomènes inhérents à la conversion à l'islam au XXIème siècle en Europe.

* 170 selon M. Touraine, «La recherche de soi », Seuil, Paris, 2000

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon