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KAFALA (le recueil legal)

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par Hafid ASSAOUI
Université de PERPIGNAN - DES Droit comparé 2006
  

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SECTION 2 :

LA KAFALA DANS LES JURIDICTION DES PAYS MUSULMANS

Paragraphe 1 : Que dit l'Islam sur l'adoption ?

La protection de la filiation compte parmi les priorités orientant la législation en Islam. Ainsi, toute pratique portant préjudice d'une façon ou d'une autre à la filiation d'un individu a été interdite.

Le Prophète Mohamed a par exemple condamné, avec des mots très durs, la femme qui tenterait d'attribuer à un homme la paternité d'un enfant qui ne serait pas de lui, mais aussi le père qui renierait la paternité de son fils légitime. Il dit en ce sens:

"Toute femme qui fera entrer dans une famille celui qui n'est pas des leurs (c'est à dire qu'elle attribue à son mari un enfant né de l'adultère) , alors elle n'a aucun lien avec Allah, et Allah ne lui fera jamais entrer dans Son paradis; et tout homme qui reniera son enfant alors qu'il l'observe (c'est à dire qu'il a conscience et il sait pertinemment que cet enfant est le sien), Allah Se voilera de lui et le déshonorera le Jour Final en présence des premiers et des derniers (c'est à dire l'humanité entière)." (Abou Dâoûd, Nasaï et Ibné Mâdjah)

De même, le fait pour quelqu'un de faire remonter sa généalogie à un autre que son père compte parmi les péchés majeurs ("Al Kabâïr") en Islam. Le Prophète Mohamed dit au sujet de ce genre de personne:

"Quiconque prétend avoir un autre père que le sien, en connaissance de cause, s'interdit l'accès au paradis." (Boukhâri et Mouslim)

C'est en gardant ces principes à l'esprit que l'on peut comprendre à présent la position juridique de l'Islam par rapport à l'adoption:

- Si l'adoption porte atteinte à la filiation de l'enfant, en ce sens que ce dernier est considéré comme étant un membre à part entière de la famille (c'est à dire qu'on attribue à son père adoptif sa paternité; on agit à son égard comme s'il était lié aux membres de la famille par des liens de sang; on lui reconnaît, à l'instar d'un enfant naturel, une part de l'héritage...), alors cela est strictement interdit en Islam. C'est pour condamner cette forme d'adoption, qui était très répandue dans le monde, et plus particulièrement en Arabie avant l'avènement de l'Islam, que ces versets du Qour'aane ont été révélés:

"Il n'a point fait de vos enfants adoptifs vos propres enfants. Cesont des propos [qui sortent] de votre bouche. Mais Allah dit la vérité et c'est Lui qui met [l'homme] dans la bonne direction.

Appelez-les du nom de leurs pères : c' est plus équitable devant Allah. Mais si vous ne connaissez pas leurs pères, alors considérez-les comme vos frères en religion ou vos alliés. Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais (vous serez blâmés pour) ce que vos coeurs font délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux." (Sourate 33 / Versets 4 et 5)


- Par contre, s'il s'agit pour un homme et une femme de prendre en charge un enfant qui est orphelin ou qui n'a aucun soutient et de s'occuper de lui comme de leur propre enfant, en lui accordant toute la tendresse et la douceur dont il a besoin, en lui assurant sa prise en charge matérielle et en lui donnant une bonne éducation (morale, spirituelle, intellectuelle...), sans porter atteinte en aucune façon qui soit à sa véritable filiation, alors, cela est considéré comme un acte très méritoire aux yeux d'Allah. C'est à ce sujet que le Prophète Mohamed disait (traduction explicative du Hadith):

"Au paradis, le tuteur de l'orphelin et moi-même seront comme ces deux doigts"; il fit alors un "V" avec l'index et le majeur et les écarta. (Boukhâri)

Il est à noter cependant que, même dans ce cas, l'enfant adopté ne deviendra pas un "Mahram" pour sa mère adoptive. Il n'aura pas non plus une part d'office dans l'héritage de ses parents adoptifs. Mais rien n'empêchent ces derniers de lui faire don d'une partie (ou même de l'intégralité) de leurs bien durant leur vivant, ou de lui léguer jusqu'à un tiers de ce qu'ils possèdent après leur mort.

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