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La Littérature Hypertextuelle, analyse et typologie

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par Aurélie CAUVIN
Université de Cergy Pontoise - Maitrise de lettres Modernes 2001
  

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D. Les spécificités de l'hypertexte

Les principes du rhizome énoncés ci-dessus vont ainsi permettre de mettre en évidence les caractères fondamentaux de l'hypertexte. On accorde aux hypertextes les caractéristiques de l'information sur support informatique soit : l'immatérialité, la mobilité, l'interactivité, la délocalisation, l'instantanéité, la non-linéarité. Dans un premier temps sera abordé l'imatérialité du support, dans un second temps la non-linéarité, puis le caractère multidimensionnel de l'hypertexte et enfin l'interactivité.

1. L'immatérialité

2. la multidimensionnalité

L'hypertexte permet une lecture non-linéaire, proche de la consultation d'une encyclopédie. Vannevar Bush a théorisé l'hypertexte comme une structure fondée sur l'analogie. Le dictionnaire comme ouvrage de consultation permet une lecture non linéaire, ou plus précisément tabulaire. La tabularité56(*) se définit comme la possibilité pour le lecteur d'accéder à des données visuelles dans l'ordre qu'il choisit, en cernant d'emblée les sections qui l'intéressent, tout comme à la lecture d'un tableau l'oeil se pose sur n'importe quelle partie, dans un ordre décidé par le sujet. Il est rare que le dictionnaire appelle une lecture linéaire dans la mesure où il ne se lit pas de la première à la dernière ligne, mais qu'il a une fonction essentiellement de réponse à des recherches. Le lecteur est en position de demandeur. La comparaison de l'hypertexte au dictionnaire est fréquente, que ce soit du point de vue de l'écriture ou de la lecture. La recherche est avant tout analytique, analogique.

Les métalexicographes et notamment Bernard Quemada distinguent le classement onomasiologique (ou classement sémantique) du classement sémasiologique (le classement formel). L'onomasiologie permet une consultation du dictionnaire du signifié vers le signifiant, ce sont généralement les dictionnaires analogiques alors que la sémasiologie, qui part du signifiant vers le signifié et qui est généralement le plus utilisé, permet un classement formel selon l'ordre alphabétique, la forme du mot, qui n'a pas de sens en soit mais qui est le plus utilisé. Cette distinction peut expliquer d'une part le classement des liens hypertextuels selon le lien organisationnel ou le lien sémantique. La lecture d'une encyclopédie ou d'un dictionnaire sur support papier s'inscrit dans une démarche associative. Par exemple Hélène Godinet Hustache se sert du schéma de Reichedau pour expliquer la lecture d'une encyclopédie (voir annexe). Par exemple l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert peut servir d'exemple, l'encyclopédie signifie étymologiquement « instruction embrassant tout le cycle du savoir »57(*). Elle permet une lecture non linéaire et associative grâce au système de renvoi. Le renvoi favorise la circulation du savoir d'un thème à un autre, d'un mot à un autre, suivant des mécanismes sémantiques tels que la métonymie ou la métaphore. Selon l'histoire des dictionnaires, la tabularité est déjà présente au Moyen-Age avec notamment les gloses de Reichenau ( VIIIe siècle). La glose est une note en marge du texte afin d'expliquer les mots difficiles ou intraduisibles, les gloses de Reichenau se présentent comme un rassemblement de traduction pour aboutir à un glossaire. Pierre Lévy a souligné dans Les technologie de l'intelligence cette analogie entre la consultation d'un dictionnaire et la consultation d'un hypertexte :

« l'hypertexte détourne aussi à son profit un certain nombre de dispositif propres à l'imprimerie, index, thesaurus, références croisées, tables des matières (...) La note de bas de page ou l'aiguillage vers le glossaire par un astérisque brisent aussi la séquentialité du texte. »58(*)

Dans le domaine de la littérature, des livres comme le Dictionnaire Khazar, sous-titré roman lexique de Milorad Pavic59(*) reprennent le dictionnaire comme un modèle de consultation. Cette oeuvre est considérée comme un proto-hypertexte ou comme un hypertexte de papier60(*), car elle remet en cause la lecture du roman, comme structure fermée. Dans son mode d'emploi du dictionnaire Milorad Pavic explique comment on peut utiliser le dictionnaire :

« ainsi le lecteur pourra utiliser cet ouvrage de la façon qu'il lui plaira. Les uns chercheront un mot ou un nom, comme dans un quelconque dictionnaire, d'autres liront ce livre comme n'importe quel livre, du début à la fin, d'un seul trait afin d'avoir une vision globale de la question khazare et des personnages, objets et événemment s'y rapportent. On peut feuilleter ce livre de droite à gauche comme c'était le cas pour l'édition prussienne.(...) D'ailleurs on n'est pas obligé de lire entièrement ce livre, on peut en parcourir la moitié ou une partie seulement, et en rester là, comme c'est généralement le cas avec les dictionnaires. 61(*)»

Les notions de lien, de renvoi et de transtextualité comme mode de lecture peuvent être rattachées à la théorie du texte comme réseau, et à la distinction établie par T. H. Nelson entre l'hypertexte par bloc et l'hypertexte par fragment. mais le lecteur selon Barthes n'est pas à confondre avec le critique :

« Or écrire, c'est d'une certaine manière fracturer le monde (le livre) et le refaire. Que l'on veuille bien penser ici à la manière profonde et subtile, comme à l'accoutumée, dont le Moyen-Âge avait réglé les rapports au livre et de ceux qui avaient la charge de reconduire cette matière absolue (absolument) respectée à travers une nouvelle parole. Nous ne connaissons aujourd'hui que l'historien et le critique (encore veut-on nous faire croire qu'il faut les confondre) ; le Moyen-Âge, lui, avait établi autour du livre quatre fonctions distinctes : le scriptor (qui recopiait sans rien ajouter), le compilator (qui n'ajoutait jamais du sien), le commentator (qui n'intervenait de lui-même dans le texte recopié que pour le rendre intelligible et enfin l'auctor (qui donnait ses propres idées, en s'appuyant toujours sur d'autres autorité. »62(*)

* 56Christian Vandendorpe, Du papyrus à l'hypertexte, essai sur les mutations du texte et de la lecture, Paris, science et société, Editions la découverte, 1999 p 41

* 57 Petit Robert cédérom, 1996

* 58 Cité par Hélène Godinet Hustache,

* 59 Milorad Pavic, Le dictionnaire Khazar, « roman lexique, exemplaire féminin », Paris, Belfond, 1988

* 60 Jean Clément est à l'origine de dette distinction entre le proto-hypertexte ou l'hypertexte de papier et l'hypertexte sur écran. Il estime que le proto-hypertexte peut être considéré comme un modèle, « un prototype » de l'hypertexte sur support informatique, mais qu'il ne faut pas non plus les confondre si on veut analyser l'hypertexte comme un outil informatique.

* 61 Milorad Pavic, Le dictionnaire Khazar, roman lexique, exemplaire féminin, Paris, Belfond, 1988, pp20-21

* 62 Roland Barthes, Critique et vérité, pp 83-86

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