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L'identité et le spectacle vivant à La Réunion

( Télécharger le fichier original )
par Virginie Verbaere
Université Aix-Marseille III - Administration des Institutions Culturelles 2004
  

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UNIVERSITE D'AIX-MARSEILLE III

Faculté d'Economie Appliquée - Antenne universitaire d'Arles

IUP Administration des Institutions Culturelles

MEMOIRE RECHERCHE ET ACTION

en vue de l'obtention de la maîtrise en Administration des Institutions Culturelles

( 3ème année IUP AIC )

L'identité et le spectacle vivant à

La Réunion

Présenté par :

Virginie Verbaere

Sous la direction de :

Jacques DEFERT, Enseignant à l'Ecole d'Art d'Avignon.

Serge AMABILE, Maître de Conférences, Université d'Aix-Marseille.

Soutenu le 6 septembre 2004

UNIVERSITE D'AIX-MARSEILLE III

Faculté d'Economie Appliquée - Antenne universitaire d'Arles

IUP Administration des Institutions Culturelles

MEMOIRE RECHERCHE ET ACTION

en vue de l'obtention de la maîtrise en Administration des Institutions Culturelles

( 3ème année IUP AIC )

L'identité et le spectacle vivant à

La Réunion

Présenté par :

Virginie Verbaere

Sous la direction de :

Jacques DEFERT, Enseignant à l'Ecole d'Art d'Avignon.

Serge AMABILE, Maître de Conférences, Université d'Aix-Marseille.

Soutenu le 6 septembre 2004

Fiche technique du stage

Lieu du stage : Service communication de l'Office Départemental de la Culture à Saint-Denis, île de La Réunion.

Personne responsable : Nadine Gardon

Missions :

- Elaboration du dossier de presse et mise en place des conférences de presse pour chaque spectacle.

- Création d'outils pour fidéliser les comités d'entreprise (programme spécifique par mailing).

- Plan de diffusion des supports de communication pour chaque spectacle

- Mise à jour et exploitation du fichier de contacts (artistes, partenaires, public adhérents de l'ODC, divers)

Période : du 04 mars au 16 juillet 2004.

Des remerciements bien mérités !

Je tiens à remercier le directeur du mémoire, monsieur Defert, qui a bien voulu me guider tout au long de cette étude.

Un grand merci également aux joyeux lurons du service communication de l'ODC : Nadine, Elise, Charles et Nathalie qui m'ont tant appris pendant mon stage et dont la bonne humeur communicative a rajouté de la saveur à cette expérience !

Je n'oublierai pas les autres employés de l'ODC qui ont su, chacun à leur manière, apporter leur pierre à l'édification de ce travail en me fournissant des informations sur la structure.

J'apprécie également la disponibilité des responsables de service culturels et des salles de spectacle vivant qui ont accepté de consacrer du temps à répondre à mes questions.

Enfin un remerciement spécial à vous, Mouma et Jeeway, pour vous être penchés sur l'élimination des fautes d'orthographes. Il n'en reste plus aucune ...enfin je l'espère !

"Ils rêvent à un destin qui les réconcilie

Avec leurs nostalgies des Indes et de l'Afrique

Avec leur héritage de France et de Navarre

Au large de Maurice et de Madagascar

Sous le dard du Scorpion sous la garde d'Orion

Ils font la Créolie Ils sont La Réunion."

Michel Levallois

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : la formation d'une identité originale...

I. Introduction : le passé pour mieux comprendre le présent

II. L'identité culturelle réunionnaise : Pluralité ou unité ?

III. Mutations socio-culturelles et formation identitaire

DEUXIEME PARTIE : ... exprimée à travers les secteurs culturels

I. Introduction : définition du terme « culture »

II. Identification des vecteurs d'une culture

III. Les vecteurs de l'identité

TROISIEME PARTIE : l'expression identitaire : analyse sur le terrain

I. Introduction

II. L'environnement de l'O.D.C.

III. L'Office Départemental de la Culture

CONCLUSION

TABLE DES MATIERES

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

Introduction

La Réunion c'est la France et ça ne l'est pas.

Ses habitants sont arrivés sur cette île1(*), à l'origine non habitée et à l'écart de la route des marchandises, souvent par déplacement forcé. La Réunion est ainsi devenue le creuset d'une identité multiple, mêlant les cultures africaines, européennes, asiatiques et indiennes (hindouiste et musulmane), à tel point qu'en ce lieu le terme même d'identité devient une notion difficilement situable.

Le sens du concept d'« identité » est fluctuant et les définitions qu'on lui attribue sont multiples, qu'il s'agisse de l'identité individuelle ou de l'identité collective.

Selon le dictionnaire Robert, l'identité est « le caractère de ce qui demeure identique à soi-même ». Si l'on se réfère au « Dictionnaire des notions philosophiques » de PJ. Labarrière, on peut même dire que c'est le « caractère de ce qui est identique, qu'il s'agisse du rapport de continuité et de permanence qu'un être entretient avec lui-même, à travers la variation de ses conditions d'existence et de ses états, ou de la relation qui fait que deux réalités, différentes sous de multiples aspects, sont cependant semblables et même équivalentes sous tel ou tel rapport ». L'identité culturelle désignera alors « le fait, pour une réalité, d'être égale ou similaire à une autre dans le partage d'une même essence...».

Elle est un système structuré, ancré dans le passé (les racines, la permanence), dans des comportements actuels et dans une perspective (projet, idéaux, valeurs). Elle coordonne des identités multiples associées à la personne (identité corporelle, caractérielle...) ou au groupe (rôles, statuts). Tous ces éléments de définition renvoient essentiellement à l'identité individuelle.

Claude Lévi-Strauss2(*), quant à lui, a défini l'identité comme un concept inséparable de celui d'altérité. Exclure l'autre entraîne une vision réductrice car il est impossible de concevoir l'individu en dehors des relations qui le lient à l'autre.

En ce qui concerne l'identité collective, il faut l'envisager comme un concept pluriel car il implique plusieurs acteurs. Les concepts de «caractère national» et d'«identité authentique», traditionnellement perçus comme relevant d'une réalité stable, font aujourd'hui l'objet d'un réexamen critique, pour être conçus comme des notions pluridimensionnelles plus modernes, les identités bâties par différents groupes sociaux, à différents moments de leur histoire, se juxtaposant pour constituer une mosaïque. Les parties s'organisent alors pour former le tout.

Qu'il s'agisse d'une société, d'un groupe ou d'un individu, la définition de leur identité fait toujours appel à un ensemble d'éléments, de définitions et de sentiments. Le sentiment d'identité est lui-même composé de différents sentiments : sentiment d'unité, de cohérence, d'appartenance, de valeur, d'autonomie et de confiance, organisés autour d'une volonté d'existence. Ces « référents » sont multiples : référents matériels et physiques, référents historiques, référents psychoculturels (croyances, codes, vision du monde, normes groupales, système de valeurs, expressions diverses), les référents psychosociaux (statut, grade, qualités/ défauts, vécu, projets, motivations, stratégies). L'identité est toujours en transformation puisque ses contextes de références sont toujours en évolution.

Lorsque l'on essaie de définir sa propre identité, l'identité de son groupe d'appartenance ou l'identité d'un autre individu ou groupe, on choisit quelques éléments de définition dans cet ensemble de catégories et rares sont les définitions identitaires complètes qui utiliseraient tous les déterminants ci-dessus.

Selon quels référents, peut-on alors appréhender l'identité (ou les identités) réunionnaise ?

En tant que zone particulièrement active de traduction, d'interprétation et d'appropriation culturelle, la culture réunionnaise est devenue exemplaire de tous les phénomènes de créolisations.

Le mot « créole » a de nombreux sens. Il peut aussi bien désigner une personne qu'une langue. Créole veut dire « mélange ». En ce qui concerne le créole réunionnais, les avis sont partagés. Certains parlent d'un vieux français transformé mais sans apport d'autres langues. D'autres expliquent que le Réunionnais est un mélange de français, de dialectes africains, de malgache, de chinois, d'hindi et même d'anglais. Le créole parlé à La Réunion diffère sensiblement des créoles parlés à Maurice, à Rodrigues ou aux Seychelles mais les habitants de ces îles arrivent à se comprendre les uns les autres. Il s'est constitué au cours de la période coloniale au 18ème siècle, né du besoin de communication entre esclaves de différentes origines, d'une part, et entre les esclaves et les colons, d'autre part. Cette langue a été progressivement forgée par les esclaves, par déformation et simplification du français usité par leurs maîtres dans les plantations. Chaque population d'origine diverse a contribué à l'élaboration sur place d'un parler et d'une culture typique qu'est le créole. Un véritable système linguistique émergea alors : à la langue maternelle de chacun s'ajouta un nouveau parler commun à tous qui est l'expression d'une culture spécifique et un facteur d'identité insulaire.

La grammaire et l'orthographe de cette langue orale et métissée n'ont été fixées que tardivement. Nous ne pouvons faire la moindre étude sur l'identité des réunionnais sans prendre en compte le terme « créole » ainsi que la notion de « métissage ». Le mot métissage doit également être manié avec précaution car son emploi dans un sens biologique favorise les paradoxes et la stigmatisation. Au début, dans ces tropiques qui reçoivent les premiers français, le métissage rappelle l'illégitimité et fait même l'objet d'une réglementation spéciale: on se met à surveiller l'hérédité et à prendre des dispositions pénales contre les mariages mixtes dangereux pour l'ordre colonial. La société coloniale, « tout en mélangeant les couleurs et en atténuant du même coup les différences, en perpétue les distinctions »3(*). L'apparition d'une catégorie apparentée à la fois aux maîtres et aux esclaves brouille en effet la hiérarchie installée. La doctrine coloniale applique alors le cantonnement par la fameuse ligne de couleur, qui faisait un partage sans faille entre les Blancs et tous les autres, pour contrer leur ascension sociale.

Dès lors, comment avoir à propos du mot métissage un jugement positif, comme on semble le faire aujourd'hui ? Le mot est dans «l'air du temps», permettant de qualifier les sociétés plurielles dans lesquelles nous vivons, de reconnaître la richesse des apports multiples. L'usage du terme n'est en fait pas innocent. Qui dit métis ou métissage, émet l'idée d'une fusion entre deux êtres séparés par des apparences différentes. Ceci explique sa puissance symbolique qui renvoie de l'accouplement des corps jusqu'au mariage des cultures.

Pourquoi l'expression métissage culturel est rentrée dans le discours courant alors que d'autres termes signifient déjà les rencontres de culture, comme acculturation, assimilation, intégration ? Ceux-ci donnent peut être le sentiment d'un déséquilibre dans les contacts, renvoyant à l'impression d'une perte pour l'une des partie. Lorsqu'il est débarrassé de ses connotations négatives, le terme de métissage donne au contraire l'image d'une rencontre plus symétrique et d'un lien plus serré (au-delà d'une union physique...) L'usage actuel évoque aussi une continuité où les individus assument leurs choix dans une société où la pluralité des traditions renvoie à une pluralité d'origines. Chaque choix aboutit à une réalité nouvelle formée de diverses composantes. Cette vision est cette fois-ci positive car elle donne une chance au «mixte d'exister comme réalité ».

L'exemple réunionnais prouve que le métissage, en tant que phénomène social, peut servir de lien à la société car il favorise des relations privées et intimes entre des individus d'origines divers. C'est grâce à lui que peut être évitée la formation de communautés repliées sur elles-mêmes et sur leurs cultures.

C'est sur ce que René Depestre4(*) appelle joliment le «métier à métisser» que s'est fabriqué la créolisation, ce «métabolisme culturel né sur place». Les individus ne peuvent que reconnaître l'Autre en eux, intérioriser la diversité et être capable de donner un sens global à ce qui paraît hétérogène. D'où le refus désormais proclamé, chez certains créoles, de choisir parmi leurs héritages mais au contraire de tous les assumer. Mais il arrive fréquemment aux habitants de l'île de reformuler de multiples manières la question : « qui sommes-nous ? ». Serait-ce que les identités sont aujourd'hui bousculées ou en crise ?

Il faut s'interroger sur les transformations de la culture et le désir de partir à la recherche des origines perdues, sur la manière dont les identités culturelles se créent, se fixent et peuvent remettre en cause l'adaptabilité de la société réunionnaise. Cette question en appelle une autre qui implique l'analyse des modalités de revalorisation des cultures d'origines, car ce processus peut aller de pair avec l'affirmation d'une identité multiculturelle, qui s'est pourtant façonnée en ce lieu au dépend de son ouverture sur le monde. Elle participe ainsi à l'enrichissement et à la diversité de la Francophonie en évoluant parallèlement à la culture métropolitaine française dans laquelle, elle doit aussi, à sa manière, s'intégrer.

Dans un monde confronté au défi de la globalisation des échanges dont l'une des conséquences est l'uniformisation de la culture, la Réunion semble vouloir définir et affirmer sa culture, comme son identité, dans une forme de multiplicité.

Pour mieux cerner donc ce qui façonne l'identité des réunionnais et comprendre comment elle s'exprime et se fait entendre il semble important de se pencher sur leur passé.

En effet, l'analyse historique concernant la formation, la composition et l'évolution de la société réunionnaise pourra nous permettre d'appréhender plus justement ses attentes en matière de quête identitaire.

Une fois ce thème exploré, nous porterons ensuite notre intérêt sur la façon dont cette identité s'exprime et par l'intermédiaire de quels vecteurs culturels et artistiques elle le fait.

Nous nous pencherons enfin sur un exemple concret à travers l'observation et l'analyse effectuée durant un stage à l'Office Départementale de la Culture, pour tenter de mieux comprendre comment une telle structure culturelle, et l'environnement dans lequel elle s'inscrit, peuvent répondre aux attentes des réunionnais en matière d'identité...

* 1 Cf. Annexe 1 : carte de La Réunion

* 2 LEVI-STRAUSS C., 2000, L'Identité, Presses Universitaires De France, Paris, 344p.

* 3 LUCAS R., 2003, Sociétés plurielles dans l'océan Indien, Edition Karthala, Université de La Réunion, 228p.

* 4 DEPESTRE R., 1998, Le Métier à métisser, Stock, Paris, 264p.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams