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La couverture du risque maladie: essai d'une étude comparative entre les systèmes français et marocain

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par Jamila Zakour
Université Bordeaux IV Montesquieu - DEA de droit du travail et de la Protection Sociale 2006
  

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Chapitre II) Quels relais légaux pour une meilleure prise en compte des particularismes et une réactivation des solidarités?

Dans un système économique mondial où le modèle de l'Etat-Nation est mis à mal parce que inadapté pour faire face aux phénomènes transnationaux, il apparaît primordial de repenser de nouveaux modes de solidarités dans le domaine du risque maladie. Un modèle qui ne jure pas par le marché, mais plutôt une nouvelle forme de gouvernement des risques, un remodelage institutionnel dans lequel il faut définir la part des tâches qui incombent à chaque protagoniste. Cette entreprise ne postulera pas des mêmes éléments en France et au Maroc. Dans ce dernier le lien entre le Droit et la Religion est plus intime (Section 1). Tandis qu'en France, la toute puissance de la norme ayant montré ses limites, il faut se demander comment en sortir (Section 2).

Section 1) Le lien intime entre le Droit et la Religion au Maroc.

Contrairement à la France, le Maroc est une Monarchie qui a une religion d'Etat, l'Islam. La place prépondérante occupée par le Coran dans l'édification du droit musulman et particulièrement dans le domaine de la protection du risque maladie n'étonnera pas donc (§1).

§1) L'importance du Droit musulman.

Les développements portant sur le droit musulman quant à l'organisation de la Cité et notamment à la gestion de la prise en charge du risque social qu'est la maladie, nous ont permis de montrer que préalablement à la période du Protectorat, il existait déjà une forme de solidarité entre les sujets de droit musulman même si cette dernière n'était pas instituée dans un cadre légal. Elle se caractérisait par une généralisation de la protection accordée aux sujets de droit, sans condition d'appartenance socio professionnelle. La présence française va jeter les bases d'une nouvelle philosophie de la protection qui va bousculer les habitudes des marocains. La prise en charge du risque maladie va être déterminée selon l'appartenance catégorielle du bénéficiaire. Celui n'exerçant pas d'activité professionnelle est donc exclu de toute logique de protection. Un développement des groupes mutualistes va laisser de profondes traces dans la gestion du risque maladie par le droit marocain, celui-ci se référant plus volontiers à une notion éminemment européenne du risque maladie et de sa prise en charge. Il s'agit moins de faire le procès du Législateur marocain que de démonter qu'il s'est appuyé sur une culture qui n'était pas la sienne, sur une culture largement imposée par l'ancien colonisateur. Si cela pouvait se comprendre au lendemain de l'Indépendance, cette justification est en déclin aujourd'hui car les normes de référence sont inadéquates aujourd'hui eut égard à aux traits particuliers de la société marocaine. Au lieu d'une culture aliénante et inappropriée quant à la gestion du risque maladie, il convient de rechercher une culture juridique maghrébine en ce domaine. Il ne s'agit pas ici d'affirmer que la solution se trouve dans un repli sur soi et un rejet des influences extérieures puisque ces influences ont déjà eut lieu (la diversité de la cuisine de la musique marocaine) en témoignent, mais force est de reconnaître les limites du modèle importé en ce qu'il exclut une grande partie de la population du pays. L'application des principes tirés de l'exégèse du Coran en matière de logement, d'éducation, de droit patrimonial de la famille, et ce qui nous intéresse ici la mise en place d'une couverture généralisée du risque maladie, peut constituer une piste de réflexion intéressante pour favoriser l'émergence d'une vraie protection de type universaliste telle que l'on a pu la retrouver dans la doctrine de Sir Beveridge lors de l'élaboration du système de protection sociale en Grande Bretagne. Cette approche servira à contribuer à l'apparition d'une véritable conception humaine et solidaire de la gestion du risque maladie, une vision qui s'inspire de principes fondamentaux des droits de l'homme conformément aux préceptes musulmans et par là, conformément aux préceptes propres à la civilisation maghrébine.

Donner un cadre légal a des pratiques dont le respect est aussi important que d'effectuer son pèlerinage ou les cinq prières quotidiennes relève d'un enjeu fondé sur une solidarité réelle. La Zakate, l'entraide familiale sont autant de pratiques qui jouent un rôle non négligeable dans le développement de la couverture du risque maladie. A partir de ce constat il serait aisé pour le Législateur de réfléchir à un cadre légal à ces méthodes de gestion du risque maladie d'autant que les sources constitutionnelles, religieuses, légales sont en totale interaction les unes avec les autres. Enfin cela correspondrait plus à la typologie de la société marocaine. Ce sont des us qui existent déjà, la loi se contenterait de leur donner une existence légale ce qui renforcerait leur portée.

Le Maroc a longtemps regardé vers l'Europe et la France en particulier pour ce qui était de la gestion de la couverture maladie, car la norme semblait être la seule réponse. Elle montre aujourd'hui que sa toute puissance est bien relative.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus