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Role du haut commissariat des nations unies pour les refugiés dans la gestion de la situation des réfugiés: Le cas du Bénin

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par Pierre MUAMBA MANGALA
Université d'Abomey Calavi - Maitrise en sociologie 2006
  

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CADRE THEMATIQUE ET METHODOLOGIQUE

Dans ce chapitre, il est question de mettre en évidence la thématique du mémoire ; de définir les concepts utilisés durant nos recherches et de situer l'approche méthodologique sur laquelle nous nous sommes appuyé pour mener à bien notre étude.

I. PROBLEMATIQUE

1. Mise en évidence du problème

Le déplacement massif des populations dû aux guerres, aux crises politiques et aux catastrophes naturelles nécessite une assistance. La situation dans laquelle se retrouvent les "fuyards" est souvent précaire ; hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux, ne disposant d'aucune ressource, cherchent des moyens pouvant leur permettre de survivre. Ces moyens, sont offerts sous forme d'aide et proviennent principalement du HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés).

Il est évident que pour assurer l'encadrement des populations à la recherche de l'aide, le HCR bénéficie d'un gros budget, fruit des cotisations annuelles des Etats membres de l'Organisation des Nations Unies (ONU). Cette organisation utilise ce budget à bon escient ? Alors, pourquoi y a-t-il souvent des plaintes ? Les Nations Unies, en tant qu'institution, s'efforcent de trouver des solutions à long terme pour résoudre les problèmes des réfugiés qui n'ont guère d'espoir de retourner un jour dans leur pays d'origine.

La Déclaration universelle des droits de l'homme stipule, à son article 12, que « nul ne peut être l'objet d'immixtion arbitraire dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance ni d'atteinte à son honneur et à sa réputation »1(*). En d'autres termes, toute personne est protégée par la loi contre de telles immixtions ou atteintes

Par ailleurs, la conférence sur les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacés d'Afrique, organisée à Oslo, a démontré qu' « il est indispensable de coordonner l'aide aux réfugiés et les programmes de développement de manière à renforcer l'autonomie des réfugiés et à alléger la charge qu'ils font peser sur les pays hôtes »2(*) . Un fait est certain, en dépit de toutes ces dispositions, les réfugiés vivent dans une situation déplorable. Ainsi il revient au HCR de conduire et de coordonner l'action internationale pour la protection des réfugiés et la recherche de solutions à leurs problèmes. Beaucoup d'Etats africains sont à la fois « générateurs » et «  récepteurs » des réfugiés, c'est-à-dire que pendant que certains regagnent leur terre d'origine, d'autres la fuient. Le Bénin est une terre d'accueille des réfugiés, mais l'antenne du HCR à Cotonou est la cible de nombreuses critiques et accusations quant à sa manière de gérer la situation des populations ayant trouvé asile sur le territoire béninois. C'est dans ce cadre que nous situons la réalisation du présent mémoire. Intitulé "Rôle du haut commissariat des nations unies pour les réfugiés dans la gestion de la situation des réfugiés : Le cas du HCR/Bénin" Nous avons pris le cas du HCR/Bénin parce qu'il nous a paru intéressant ; une étude sur cette structure pourrait aider le public à se faire une idée de l'organisation et du fonctionnement de cette institution, et pousser celle-ci à revoir ses méthodes de gestion. C'est la question principale de notre recherche.

La situation des réfugiés en République du Bénin a été longtemps au centre des préoccupations de nombreux chercheurs. De plusieurs enquêtes menées, il ressort que le HCR/Bénin ne semble pas jouer pleinement son rôle de protecteur et d'assistant social des populations en détresse en séjour en terre béninoise. Nous n'en voudrons pour exemple que les plaintes des déplacés et autres réfugiés, des accusations portées contre les fonctionnaires du HCR. Le mauvais fonctionnement du HCR entraîne des conséquences malheureuses, entre autres la précarité de la vie sociale des personnes à sa charge.

Pourtant la stabilité politique et la paix observées au Bénin pourraient mieux favoriser la prise en charge des réfugiés. Dans pareilles circonstances l'incompétence et la malhonnêteté du personnel sont présentées comme les principaux facteurs du frein au bon fonctionnement d'une institution.

Quelles sont les difficultés qui entravent le bon fonctionnement du HCR Bénin? C'est là que réside l'intérêt de notre étude. En effet, celle-ci pourra, comme nous l'avons dit auparavant, aider le HCR à revoir ses méthodes de gestion et le public (lecteurs) à se faire une idée du fonctionnement de cette institution et, pourquoi pas, d'autres dont entend souvent parler mais on ne cerne pas les contours.

2. Hypothèses et objectifs

2.1. Hypothèses

Pour mettre en évidence ce problème, nous formulons les hypothèses suivantes :

1. La participation des réfugiés aux décisions ayant une incidence sur leurs conditions de vie rend leur séjour agréable dans l'Etat d'accueil.

2. Il existe des moyens pour résoudre les problèmes des réfugiés mais les fonds alloués à ces fins ne sont pas utilisés à bon escient, faute d'un appareil de contrôle.

Pour vérifier ces hypothèses, nous avons fixé quelques objectifs.

2.2. Objectifs

· Objectif général

Analyser les facteurs qui entravent le bon fonctionnement du HCR/Bénin

· Objectifs spécifiques

1. Identifier les problèmes que rencontre le HCR dans la gestion des réfugiés

2. Evaluer le coût de l'aide destiné aux réfugiés

3. Clarification conceptuelle

- Organisation humanitaire

Face à la détérioration de la paix, de la sécurité dans de nombreuses régions du monde, des structures ont été mises sur pied en vue de venir en aide aux populations en détresse. Par leur prestation, contribuant au bien-être et au bonheur de l'humanité, elles sont désignées par le terme «organisation humanitaire».

L'organisation humanitaire est définie comme une structure ayant pour rôle de rendre service à l'humanité. En tant que telle, elle vise le bien-être et le bonheur des populations sans distinction de race, de religion et de sexe3(*) Elle est soutenue, dans son rôle, par les Nations Unies qui mettent des moyens pour qu'elle réussisse sa mission. Souvent, elle a des antennes dans plusieurs Etats du monde et leurs activités sont sous contrôle des autorités locales.

Les organisations humanitaires se diffèrent les unes des autres, selon la nature des opérations qu'elles opèrent.

- Le réfugié

Un réfugié est «  toute personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques...se retrouve hors du pays dont elle a la nationalité... »4(*)

C'est également «  toute personne contrainte de quitter son pays du fait d'une agression, d'une occupation extérieure, d'une domination étrangère ou d'événements troublant gravement l'ordre public dans une partie ou dans la totalité de son pays d'origine ou du pays dont elle a la nationalité ».5(*) Pour être reconnu comme réfugié dans l'Etat d'accueil, le HCR est invité à participer à la procédure de détermination du statut. Cette participation prend différentes formes6(*) :

- dans certains pays, il intervient à titre consultatif ;

- dans d'autres, en qualité d'observateur qu'il assiste aux
délibérations ;

- ailleurs, le HCR est appelé à procéder à un premier examen de
la demande et à faire des recommandations à l'autorité chargée de reconnaître le statut.

Pour faire face à une arrivée massive de personnes en quête d'asile, les autorités du pays concernées devraient procéder sans tarder à la détermination provisoire du statut de réfugié d'une manière collective : c'est le statut prima facie, qui permet au groupe tout entier en évasion de bénéficier de l'asile et d'être ainsi protégé contre le refoulement7(*).

Toutefois, le réfugié en tant qu'étranger, ayant trouvé asile dans l'Etat d'accueil, a vis-à-vis de celui-ci des droits à faire prévaloir tout comme l'obligation de se conformer aux lois et règlement ainsi qu'aux mesures prises pour le maintien de l'ordre public.

En effet, les droits des réfugiés sont en principe ceux découlant des obligations incombant aux Etats. Ils procèdent du principe de l'assimilation, dans la mesure du possible, du réfugié aux ressortissants nationaux. Ainsi, on lui assure la liberté de religion, d'acquérir des biens meubles et immeubles ; on lui accorde le droit de travailler, d'ester en justice, de s'associer, et de s'éduquer8(*)

Quant aux devoirs, la Convention de l'OUA, en son article 3, paragraphe 1 stipule que «  tout réfugié a l'obligation de se conformer aux lois et règlements de son pays d'accueil... » Mieux, le paragraphe 2 ajoute que « le réfugié doit s'abstenir de tous agissements subversifs dirigés contre un pays membre de l'O.U.A »

A la fin de cette partie, il serait important de faire savoir que tous ceux qui se disent « réfugiés » aujourd'hui, n'entrent pas, au sens des dispositions de la Convention de Genève de 1951 et celle de l'OUA de 1969, dans la catégorie des réfugiés. Il y a, par exemple, des personnes déplacées - en raison des affrontements sur leur territoire - qui continuent de bénéficier de l'attention de leur gouvernement.

Des immigrés, à la recherche de conditions de vie « meilleures », ne méritent pas non plus d'être désignés par le terme «  réfugié ». Et pourtant, ils sont nombreux à se faire passer pour tels et à recevoir de l'aide et de l'assistance destinées aux ayants droits. Comme l'ont écrit AHOOLOU Romain et KINDJI Rogatien, dans leur mémoire commun intitulé « Le problème des réfugiés en Afrique » : « ... N'importe qui peut devenir réfugié à n'importe quel moment »9(*)

- L'asile

La Déclaration universelle des Droits de l'Homme du 10 décembre 1948 proclame que « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et d'en bénéficier en d'autres pays, sauf en cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun, ou sur les agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies » (Art.14)10(*)

Ainsi un asile est un droit octroyé à toute personne ayant fui son pays par crainte de persécution ou de violence. La procédure d'obtention d'asile comporte grosso modo trois étapes : la demande d'asile, l'audience et l'examen de la demande.11(*)

La demande d'asile est examinée sur deux points :

- le motif de la fuite et les circonstances de l'arrivée dans le pays
où la demande est présentée.

- l'asile est accordé ou refusé selon que l'autorité compétente est
ou non satisfaite du bien-fondé de la demande.

- L'acceptation a pour effet de déclencher l'application du statut
de réfugié qui réglera désormais ses rapports avec des autorités de l'Etat d'asile. Le bénéfice de l'asile s'accorde également aux parents, enfants et à l'épouse du postulant.

En cas de refus, le candidat à l'asile doit reprendre les démarches dans d'autres pays, comme le souligne BALDET M. du HCR/Bénin, «  La Convention de Genève demande aux autorités de refus d'accorder au postulant infortuné un délai raisonnable pour quitter le pays. »12(*)

Le droit d'asile, rappelle BALDET M., prend fin en cas de rapatriement volontaire qui n'est possible que si un changement intervient dans l'attitude des autorités du pays d'où est venu le réfugié, attitude montrant qu'il n'a pas à redouter d'être persécuté. Il prend aussi fin en cas de naturalisation. L'acquisition par le réfugié de la nationalité du pays d'accueil, fait-il remarquer, suppose que son bénéficiaire a perdu tout espoir de retourner dans son pays d'origine et qu'il a réussi à la suite de son séjour prolongé dans le pays à s'intégrer économiquement, socialement et culturellement.

La naturalisation apparaît ainsi comme une consécration de l'insertion totale et définitive du bénéficiaire. L'asile peut aussi cesser lorsque intervient la réinstallation dans un autre pays d'accueil.

- La fuite

Quand un conflit armé survient ou un différend politique éclate sur un territoire, s'ensuit la fuite. Des gens quittent leur pays d'origine pour s'installer dans un Etat où ils espèrent être en sécurité. Hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux se déplacent en grand nombre, n'emportant avec eux que quelques colis. Ils effectuent de longs trajets avec comme objectif atteindre un lieu les éloignant de la zone des combats. Très souvent, ils y parviennent, épuisés par la faim et la soif.

Cependant, la fuite d'un Etat concerne aussi des hommes politiques et des journalistes. Placés dans le collimateur du pouvoir en place, ils quittent leur terre d'origine pour éviter la persécution. Ils peuvent s'installer dans un Etat voisin ou dans un Etat plus éloigné du leur. Et, une fois dans l'Etat d'accueil, ils doivent se faire signaler au HCR où ils vont engager la procédure conduisant à la demande d'asile.

II. ETAT DE LA QUESTION

Partout dans le monde, les problèmes des réfugiés se posent même s'ils ne sont pas de même nature. Mais quelque soit le pays où l'on se trouve, la gestion de la situation des réfugiés doit occuper une place importante dans les stratégies des Nations Unies. C'est ce qui est soulevé dans Manuel des situations d'urgence13(*) par rapport à la prise en charge des réfugiés. En effet, l' ouvrage montre que les Nations Unies ont donné mandat au HCR de conduire et de coordonner l'action internationale pour la protection des réfugiés à travers le monde et la recherche de solution aux problèmes des réfugiés.

Selon HCR, aider les réfugiés, Genève, 2005, pp 6-7, la protection internationale est la clé de voûte de la mission du HCR. Concrètement, protéger un réfugié, c'est faire en sorte que ses droits fondamentaux soient respectés et s'assurer que nul ne soit renvoyé contre son gré ou refoulé dans son pays où il a des raisons de craindre d'être persécuté.

Le HCR encourage l'adoption et l'application des accords internationaux relatifs aux réfugiés et veille à ce que les gouvernements respectent leurs engagements en la matière. Où qu'il se trouve, dans les grandes villes, les zones frontalières ou dans les camps les plus reculés, le personnel du HCR s'efforce d'assurer ce rôle de protection et de limiter les risques de violences notamment sexuelles, auxquels, sont exposés nombre de réfugiés, y compris dans le pays d'asile.

L'organisation recherche des solutions à long terme ou dites «durables« aux problèmes des réfugiés en les aidant soit à retourner dans leur pays respectif, si les circonstances le permettent, soit à s'installer dans le pays d'asile, ou à se réinstaller dans un pays tiers.

Si l'ouvrage nous permet de comprendre la mission du HCR sur le plan international par rapport à son intervention face aux problèmes des réfugiés il n'éclaire pas sur l'intérêt de notre recherche concernant la gestion de la situation des réfugiés au Bénin.

TONINGAR A. J. dans «Réinsertion socio professionnelle des réfugiés au Bénin«14(*), souligne que la réinsertion est au carrefour de la résolution des problèmes des réfugiés. Cette intégration et réadaptation peut s'opérer avec efficacité dans certains cas au sein des collectivités. Cependant, elle est conditionnée par l'acceptation de la famille d'accueil.

Pour qu'une réinsertion socio professionnelle des réfugiés soit possible et effective, il faut que les réfugiés soient bien gérés par l'organisation de tutelle qui est le HCR, il doit les aider avec les mesures d'accompagnement à se prendre en charge et jouer le rôle de médiateur entre les réfugiés et les autochtones.

Malgré l'éclairage de l'ouvrage, il n'en demeure pas moins vrai qu'il ne permet pas de voir la place du HCR dans la gestion de la situation des réfugiés.

Dans la Convention des Nations Unies de Genève de 1951, chapitre I, article 4, Les Etats contractants accorderont aux réfugiés sur leur territoire un traitement au moins aussi favorable que celui accordé aux nationaux en ce qui concerne la liberté de pratiquer leur religion et en ce qui concerne la liberté d'instruction religieuse de leurs enfants.

Dans son chapitre 3. Article 17, Les Etats contractants accorderont à tout réfugié résident régulièrement sur leur territoire le traitement le plus favorable accordé dans les mêmes circonstances aux ressortissants d'un pays étranger, en ce qui concerne l'exercice d'une activité professionnelle salariées. En tout cas, les mesures restrictives imposées aux étrangers ou à l'emploi d'étrangers pour la protection du marché national du travail ne seront pas applicables aux réfugiés qui en étaient déjà dispensés à la date de l'entrée en vigueur de cette convention par l'Etat contractant intéressé, ou qui remplissent l'une des conditions suivantes :

- Compter trois ans de résidence dans le pays,

- Avoir pour conjoint une personne possédant la nationalité du pays de résidence. Un réfugié ne pourrait invoquer le bénéfice de cette disposition au cas où il aurait abandonné son conjoint.

- Avoir un ou plusieurs conjoints possédant la nationalité

Ces différentes dispositions donnent une vision théorique et juridique de la situation et de la prise en charge des réfugiés. Cependant, elles définissent plus ou moins l'intérêt de notre étude.

Quant à DOMINGO S., dans «Contribution du HCR à la résolution du problème des réfugiés«15(*), il n'est pas une nation au monde qui n'ait été à un moment de son histoire confronté au drame des réfugiés. Au cours du siècle dernier, des millions de personnes ont été déracinées par les guerres. Les pays en paix leur ont offert accueil et assistance. Parfois les rôles ont été inversés.

Ainsi, avant de devenir une terre promise, l'Europe a dû faire face, au lendemain des deux guerres mondiales à ses propres réfugiés.

Le voisin d'aujourd'hui peut devenir le réfugié de demain. Les déracinés ont perdu leur maison, leur travail, leur communauté, et souvent leur famille.

Loin de constituer une menace, ils ont besoin d'aide, en attendant de pouvoir reconstruire leur vie.

La plupart souhaitent retourner chez eux le plus vite possible. Mais lorsqu'ils s'établissent dans un pays d'asile, les réfugiés peuvent s'avérer un précieux atout pour leur communauté d'adoption. Bon nombre des personnalités du monde des affaires, des arts, et de la politique sont d'anciens réfugiés. Le drame des réfugiés touche désormais les pays les plus éloignés des conflits.

Inquiets, certains gouvernements tirent la sonnette d'alarme. Un tel climat risque de favoriser la propagation d'une dangereuse désinformation. Ce texte constitue un terrain favorable à notre analyse pour comprendre par quels mécanismes la relation HCR-gouvernement peut faciliter la tache aux réfugiés.

Les opérations du HCR procèdent dans leur majorité à une situation d'urgence : un afflux soudain des réfugiés. L'organisation et les procédures du HCR en témoignent : une bonne partie de l'action normale du HCR est en effet l'action d'urgence. Il y a toutefois des situations qui sont manifestement exceptionnelles. Ici, l'auteur a mis l'accent sur la protection et l'assistance matérielle qu'il faudra généralement apporter quand de très nombreux réfugiés franchissent une frontière pour chercher l'asile, en d'autres termes, quand on doit faire face à une situation d'urgence provoquée par un afflux soudain de réfugiés.

Dans Les déracinés réfugiés et migrants dans le monde16(*) , André JACQUES déclare que le HCR doit intervenir tout aussi rapidement dans les situations qui concernent la protection. Par exemple lorsque des événements mettent brusquement en danger des réfugiés qui bénéficiaient jusque-là de l'asile en toute sécurité. La chose peut également se produire durant la phase finale d'une opération, comme le rapatriement massif.

A cela s'ajoutent des situations d'urgence complexes qui sont les crises humanitaires relevant de la compétence de plusieurs institutions des Nations Unies. L'action du HCR a pour but d'assurer la protection des personnes qui relèvent de son mandat et de faire en sorte que l'assistance nécessaire leur parvienne à temps.

Il appartient aux Etats de garantir la sécurité des réfugiés vivant sur leur territoire, de veiller à ce qu'ils ne soient pas inquiétés, de leur prêter assistance et d'assurer le maintien de l'ordre parmi eux.

Les Etats demandent fréquemment à la communauté internationale de prendre sa part de fardeau tandis que le HCR fournit une assistance aux réfugiés. Le document d'information du HCR déclare que, « les réfugiés ne sont pas une menace »17(*) . C'est au HCR qu'il incombe, dans tous les cas, de s'acquitter de la fonction statutaire qui consiste à assurer la protection internationale des réfugiés et de rechercher des solutions permanentes à leur problème.

Le HCR a pour premier rôle de protéger les réfugiés. Il accompagne et complète l'action des pouvoirs publics en canalisant l'assistance fournie par la communauté internationale et en accordant la mise en oeuvre de cette assistance. Quelque soit la manière dont le HCR s'organise pour fournir l'assistance en réponse à la demande d'un Etat, c'est à lui qu'il appartient de faire en sorte que la protection et les besoins immédiats des réfugiés soient assurés de façon efficace et appropriée.

Les besoins matériels des réfugiés relèveront souvent des secteurs pour lesquels d'autres organismes des Nations Unies ont une compétence particulière. C'est ainsi que le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avec lequel le HCR collabore en étroit partenariat, assure la majeure partie des besoins d'urgence en vivres des réfugiés.

Conscients des avantages comparatifs de différentes organisations et de leurs compétences particulières, et soucieux de donner un maximum de cohérence et de visibilité à leur relation, le HCR a conclu des mémorandums d'accord avec un certain nombre d'organismes des Nations Unies. Ces mémorandums portent sur les questions relatives à l'état de préparation et à la réaction en cas d'urgence, qu'il s'agisse de dispositifs conjoints d'intervention en cas d'urgence, d'évaluation ou d'élaboration des normes et des directives, sans préjudices de la mise en oeuvre des programmes.

Ces ouvrages sont en quelque sorte la documentation qui nous a servi de piste. Certes, ils ont abordé le sujet de différentes manières et sur différents aspects. Néanmoins, à travers la lumière qu'ils ont apportée dans le problème des réfugiés en général, nous nous proposons d'analyser la gestion de la situation des réfugiés au Bénin.

III. APPROCHE METHODOLOGIQUE

En vue de réaliser notre étude, nous avons mené une enquête. Celle-ci a été basée sur les entrevues et l'observation. Une population bien déterminée a été ciblée et un échantillonnage a été constitué.

1. Population cible

Notre population d'étude, mieux notre groupe-cible regroupe les personnes ci-après :

- les hommes et les femmes réfugiés, installés dans la ville de Cotonou

- les responsables du HCR/Bénin

2. Echantillonnage

Compte tenu du caractère qualitatif de la recherche, nous avons limité la taille de notre échantillon à 120 personnes. Puisqu'il ne nous a pas été possible de connaître le nombre exact des réfugiés au Bénin, nous avons procédé par choix accidentel au niveau des 110 réfugiés et par choix raisonné au niveau des dix personnels du HCR en privilégiant le critère d'ancienneté et d'expérience professionnelle dans le domaine de la gestion des réfugiés.

Au total, l'échantillon est constitué de 120 enquêtés et se présente sous la forme de tableau à la page suivante.

Tableau n°1 :

Répartition des enquêtés selon le sexe et le pourcentage.

Sexe

Groupe cible

Masculin

Féminin

Total

Pourcentage %

Réfugiés

75

35

110

92

Autorités du HCR

4

6

10

8

Total

79

41

120

100

Source : réalisé à partir de l'enquête de terrain

3. La pré - enquête

Elle a été une étape qui a permis d'apprendre la manière dont nous allions entreprendre nos recherches. Aussi sommes-nous parvenu à avoir un échantillon témoin composé de différentes catégories de réfugiés, à élaborer un guide d'entretien et à retenir le cadre dans lequel l'enquête allait se dérouler. Un guide d'entretien a soutenu cette pré-enquête.

4. Techniques et instrument de collecte des données

Nous avons recouru à trois techniques pour recueillir les données, à savoir, le guide d'entretien et le questionnaire.

- Un questionnaire a été élaboré à partir d'indicateurs précis tels que la qualité de vie, les attitudes face au traitement reçu du HCR/Bénin, les activités quotidiennes des réfugiés dans leurs milieux de résidence. Cependant, trois techniques nous ont aidé à étoffer notre démarche, à savoir l'entretien semi-directif (orienté vers les autorités du HCR), le sondage (méthode permettant d'avoir une large et précise opinion sur le travail du HCR/Bénin) et l'observation directe (ayant consisté à examiner certains éléments de la vie et de la condition de nos enquêtés que ces derniers ne nous ont pas eux-mêmes livrés. Nous avons donc observé plusieurs fois des réfugiés au HCR/Bénin, les jours des audiences, dans leurs milieux de résidence ou de travail)

- L'interview nous a permis de recueillir des renseignements auprès des agents du HCR sur la base du guide d'entretien.

N.B : Quelque fois, nous avions eu des entretiens individuels ou avec des groupes qui, refusant de remplir des fiches, préféraient nous parler directement sans toutefois livrer leur identité. Cette technique a permis de valider les renseignements reçus au cours de l'enquête.

Comme instrument de collectes, il convient de rappeler que nous avions élaboré des questionnaires que nous avons distribués aux réfugiés. Le français et le lingala nous ont servi de moyens de communication.

5. Mode de traitement de données

Nous avons procédé au dépouillement manuel et à l'analyse du contenu. Le premier (dépouillement) nous a aidé à regrouper des données suivant les différentes articulations du guide d'entretien et du questionnaire. La seconde, c'est-à-dire l'analyse des contenus, a permis de reproduire les résultats du travail effectué sur le terrain.

Il est certain que les notes prises lors de diverses observations ont servi d'éléments de comparaison, d'appréciation et de synthèse.

6. Durée de l'étude

Les recherches documentaires ont commencé en décembre 2005. Elles nous ont permis de retenir le thème et d'élaborer la problématique. Après l'amendement de la problématique par notre maître de mémoire, nous avons formulé les questionnaires et les entretiens qui nous ont conduit sur terrain pour l'enquête.

Aussitôt après l'enquête de terrain, le dépouillement, les interprétations et les analyses ont suivi. Ainsi, commencée en décembre 2005, l'étude a pris fin en Août 2007.

7. Difficultés rencontrées

Notre enquête a été ponctuée par des difficultés qui nous ont souvent mis au bord du découragement. C'est la volonté et le désir d'atteindre l'objectif déterminé qui nous ont motivé. Ces difficultés sont entre autres :

- La réticence de certains réfugiés à répondre à nos questions sous prétexte d'être exposés. Certains nous ont jugé même d'espion.

- Sur le terrain, des réfugiés acceptaient difficilement de remplir nos fiches, préférant plutôt de répondre oralement. Et quand ils procédaient à cette dernière méthode, ils nous obligeaient à ne pas citer leurs noms. Ensuite, nous avons éprouvé d'énormes difficultés pour accéder à la bibliothèque du HCR/Bénin. Longtemps fermée, cette dernière a été réouverte après que nous étions déjà avancé dans la rédaction, aidé bien sûr par l'Internet et par d'autres centres de documentation.

- L'indisponibilité des autorités du HCR ne nous a pas permis de les rencontrer au moment voulu ;

- La rareté des documents traitant les problèmes de la gestion des réfugiés, etc....

- Notre statut de réfugiés crée une méfiance auprès des autorités du HCR et nous empêche d'avoir certaines données telles que : Le budget annuel alloué aux réfugiés, le nombre exact des réfugiés vivant au bénin ;

- Le refus des autorités du HCR de nous octroyer une autorisation officielle pouvant nous permettre d'avoir accès au camps des réfugiés nous a conduit à consacrer notre étude sur Cotonou.

- Nous nous sommes enfin confrontés aux difficultés d'ordre matériel et financier. En effet, en notre qualité d'étudiant réfugié, nous avons eu du mal à réunir des ressources nécessaires pour nos déplacements chaque fois qu'il s'agissait d'aller consulter des documents dans les bibliothèques, interviewer des réfugiés ou des responsables d'institutions gérant la situation des personnes ayant trouvé asile en terre béninoise.

Mais toutes ces difficultés ne nous ont pas empêché de réaliser cette étude qui s'articule selon le plan suivant :

Rappelons que notre étude comprend deux parties dont l'une, générale, est constituée par deux chapitres et l'autre, pratique, est composée également de deux chapitres.

Le premier chapitre est consacré au cadre thématique et méthodologique. Le second, quant à lui, présente le cadre d'étude et, retrace l'historique, les objectifs et la mission du HCR. Dans le troisième chapitre, il est question de démontrer le rôle actuel du HCR/Bénin, tandis que dans le quatrième nous décelons des failles qui entravent le fonctionnement du HCR/Bénin et nous y proposons des approches de solutions et suggestions.

CHAPITRE II :

* 1 Article 12 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, 10/12/1948, P.9

* 2 Conférence des Nations Unies sur les réfugiés et les déplacés d'Afrique, OSLO, du 06 au 09 Juin 1994

* 3 Alain BORGEL, André CLAS, Gaye DAFFE, Tahirou DIAW, Dictionnaire Universel, Hachette Edicef, Paris, 1995

* 4 KAKANOU Bessan, Problèmes sociaux des Réfugiés en Afrique de l'Ouest : portée et limites de l'action du HCR, Mémoire de Maîtrise en Sociologie - Anthropologie, UNB, 1988-1999

* 5Idem.

* 6 Tiré du Rapport du séminaire sur la situation des Réfugiés en Afrique Centrale, tenue à Yaoundé du 18 au 22 Février 1995.

* 7 KAKANOUN Bessan, op.cit

* 8 ABC des Nations Unies, publication de l'ONU, New York, 1981

* 9 AHOOLOU Romain et KINDJI Rogatien, " Le problème des Réfugiés en Afrique", mémoire de Maîtrise es - Sciences juridiques, UNB, 1988 - 1989, p.14

* 10 Déclaration Universelle des droits de l'homme, Article 14, 1948

* 11 Idem

* 12 Entretien avec BALDET M., Chargé de la Protection du HCR/Bénin, Cotonou, le 24 mars 2006

* 13 HCR, Manuel des situations d'urgence, 2è édition, Genève, 2001, PP XI-2

* 14 TONINGAR Romméloun, Insertion sociale des Réfugiés en République du Bénin : Cas de Cotonou, Mémoire de fin de formation, ENAS, 1995-1996

* 15 DOMINGO Simonella, La Contribution du HCR à la résolution du problème des réfugiés au Bénin, Mémoire ENAI/DRI/1999

* 16 André JACQUES, Les déracinés réfugiés et migrants dans le monde, Paris, la découverte, 1995, P.P 12-18

* 17 Historique et action du HCR, in Document d'information du HCR, Genève, 2005, P.4

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