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les conflits de la mondialisation

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par GORA BA
Université de Nice sophia antipolis - Master 1 en economie et gestion 2006
  

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Chapitre 1 : Une approche théorique favorable au libre échange

Depuis plusieurs années le commerce international n'est pour les mercantilistes comme Colbert ou J.Bodin qu'un moyen d'augmenter l'entrée de métaux précieux dont dépend la puissance du prince. A partir du XVIllème siècle la démarche des classiques opère un renversement qui ne sera réellement remis en cause qu'à partir des années 60.Les approches théoriques du commerce international cherchent à expliquer la spécialisation des différentes économies, à analyser les avantages absolus et comparatifs ou les inconvénients qui en résultent, et à éclairer le débat libre-échange/protectionnisme.

Section 1 : Les théories classiques du libre échange

A) Le modèle des avantages comparatifs

En économie, l'avantage comparatif est le concept principal de la théorie traditionnelle du commerce international. Il a été approché par Robert Torrens en 1815, et démontré pour la première fois par l'économiste britannique David Ricardo en 1817 dans ses Principes de l'économie politique et de l'impôt. La théorie associée à l'avantage comparatif explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s'il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose de la productivité la plus forte ou la moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale. Cette production est celle pour laquelle il détient un « avantage comparatif ».

a) les hypothèses

§ il n'y a pas d'obstacles aux échanges entre les deux pays (contingentement, droits de douane, discrimination) qui fausseraient la concurrence.

§ La concurrence est pure et parfaite dans les deux pays et elle conduit donc chacun des deux pays à sa " frontière de production " : on a donc plein emploi des facteurs dans les deux pays : pas de chômage, pas de sous-utilisation des capacités de production. Puisqu'on se situe dans le cadre de la concurrence pure et parfaite, il n'y a pas de rendements croissants, les coûts de production sont indépendants des quantités produites. Il résulte aussi de ces hypothèses qu'à l'équilibre, les balances commerciales sont équilibrées.

§ Les facteurs de production sont immobiles, ils restent attachés à un territoire. Il n'y a pas libre circulation du travail et du capital

b) Le raisonnement : la démonstration des gains associés au libre-échange

L'objectif est de montrer qu'en se spécialisant dans les productions pour lesquelles ils disposent d'avantages comparatifs, deux pays ont intérêt à pratiquer le libre-échange, qui améliore leur situation par rapport à une situation d'autarcie, où ils produiraient chacun tous les biens dont ils ont besoin.

Ricardo souhaite donc aller plus loin qu'Adam Smith, qui raisonnait en termes d'avantages absolus : si dans un domaine, les coûts de production sont plus élevés qu'à l'étranger, on a intérêt à acheter le bien à l'étranger plutôt que de le produire sur place, cela permet d'économiser des facteurs de production, qui sont disponibles en plus grande quantité pour réaliser les productions pour lesquelles le pays possède un avantage absolu en termes de coûts de production. De cette spécialisation en fonction des avantages absolus, il résulte une division internationale du travail qui provoque l'abondance.

Ricardo cherche à aller plus loin dans la démonstration des gains associés au développement du libre-échange en montrant que même dans le cas où un pays n'a pas d'avantage absolu dans un domaine, il peut avoir intérêt à se spécialiser malgré tout, non pas en fonction des avantages absolus qu'il n'a pas, mais en fonction des avantages relatifs.

Démonstration :

Comme chaque pays est sur sa frontière de production, il n'est pas possible d'augmenter en même temps la production de tous les biens : si on augmente la production d'un bien 1, alors il faut renoncer à produire un peu de bien 2.

v C'est l'exemple célèbre du drap et du vin :

Les coûts de production sont exprimés en quantité de travail nécessaire pour produire 1 unité de ces biens :

PORTIGAL ANGLETERRE

DRAP 90 100

VIN 80 120

· en avantages absolus : le Portugal dispose d'un avantage absolu pour les 2 productions, puisque ses coûts de production (en travail, c'est le seul facteur utilisé dans le raisonnement de Ricardo) sont plus faibles pour les deux productions.

· Raisonnement en avantages comparatifs :

Ø Au Portugal, pour produire une unité de drap supplémentaire, il faut renoncer à produire 90/80 = 1.125 unités de vin

Pour produire une unité de vin supplémentaire, il faut renoncer à produire 80/90 = 0.888 unités de drap.

Ø En Angleterre, pour produire une unité de drap supplémentaire, il faut renoncer à produire 100/120 = 0.833 unités de vin

Pour produire une unité de drap supplémentaire, il faut renoncer à produire 120/100 = 1.2 unités de vin

· La conclusion, c'est que l'Angleterre dispose d'un avantage comparatif dans la production de drap, puisque le coût relatif d'une unité de drap par rapport à une unité de vin y est plus faible qu'au Portugal (0.833 comparé à 1.125). Symétriquement, le Portugal dispose d'un avantage relatif pour la production du vin.

v Pourquoi ces deux pays ont-ils intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle ils disposent d'un avantage comparatif ?

Ø Si le Portugal se spécialise dans le vin, quand il produit une unité de vin supplémentaire pour l'exporter, il recevra en échange sur le marché anglais 1.2 unités de drap, c'est-à-dire plus que la quantité de drap qu'il a renoncé à produire sur son territoire (0.888 unités). En se spécialisant dans le vin, le Portugal disposera en définitive de plus de drap que s'il avait continué à produire et du drap et du vin.

Ø Si l'Angleterre se spécialise dans le drap, elle y gagne elle aussi. A chaque fois qu'elle produit une unité supplémentaire de drap pour l'exporter, elle renonce à produire 0.833 unités de vin, mais elle obtiendra en échange de son drap, 1.125 unité de vin. Elle disposera donc de plus de drap que si elle avait continué à produire tout

v La modification de la répartition des revenus qui en résulte.

Les deux pays ont intérêt à se spécialiser, mais l'ouverture des frontières va modifier le prix relatif du drap et du vin dans les deux pays.

En Angleterre, le prix relatif du drap va augmenter et il va baisser au Portugal. Ce sera le contraire pour le vin. Cette conclusion est importante pour les effets du libre-échange : cette modification des prix relatifs lèse certains groupes au profit de l'intérêt général, ce qui peut expliquer au moins en partie les résistances au libre-échange.

§ le Portugal a intérêt à se spécialiser dans le vin, tant que ça lui permet d'obtenir plus de drap qu'en autarcie, c'est-à-dire tant que p, le prix relatif du drap en fonction du vin reste tel que p< 1.2

§ l'Angleterre a intérêt à se spécialiser dans le drap, tant que p' le prix relatif du vin par rapport au drap reste tel p'< 1.125

§ on a donc p' = 1/p < 1.125 (90 /80) , c'est-à-dire p> 0.888 (80/90)

§ les bornes de l'échange sont donc : 0.888 < p < 1.125

Il y a modification des prix relatifs et donc modification de la répartition des revenus. On verra ensuite le même raisonnement transposé à des productions qui nécessitent l'emploi de plusieurs facteurs de production avec les analyses de Hecksher et Ohlin. Ils insistent eux aussi sur le rôle du commerce extérieur dans la répartition des revenus. Ils montrent que si l'exploitation des avantages comparatifs augmente le bien-être général des nations, il implique aussi une utilisation différente des facteurs de production et donc une modification de leur rémunération relative. Si un pays se spécialise dans l'industrie textile et délaisse son agriculture, les prix relatifs de l'industrie textile par rapport aux prix agricoles vont augmenter. On observera une hausse des salaires et des profits dans l'industrie textile et au contraire une baisse des revenus dans l'agriculture.

Cette modification du partage des revenus, qui résulte de l'ouverture du marché intérieur est d'ailleurs un des avantages du libre-échange souligné par Ricardo : l'abolition des corn laws doit entraîner une baisse des prix du blé et donc une baisse de la rente, mais aussi une baisse des salaires, qui sont indexés sur le prix du blé, puisque ce sont des salaires de subsistance. La baisse des salaires et des rentes permet une hausse de la part relative des profits et donc une meilleure accumulation du capital, source essentielle de croissance.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote