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Essai d'analyse critique du role de la philosophie à travers les ouvrages de Paulin Hountondji et de Marcien Towa

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par Issiaga DIALLO
Université de Sonfonia Conakry - Maitrise 2005
  

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CONCLUSION

Marcien Towa et Paulin Hountondji ont produit respectivement dans les ouvrages : Essai sur la problématique philosophique dans l'Afrique actuelle, Editions Clé Yaoundé, 1979 (2ème édition) et Sur « la philosophie africaine » critique de l'ethnophilosophie, Éditions Clé Yaoundé, 1980, une analyse pertinente dans le débat sur la problématique philosophique en Afrique. Dans les deux ouvrages il se dégage un effort sans cesse renouvelé visant à invalider la littérature africaine et même européenne existante sur la question, notamment celle qu'ils qualifient d'ethnophilosophie. Pour eux il incombe donc de reconsidérer la problématique philosophique africaine sous un angle nouveau dans le but ultime de forger une philosophie qui ne sera plus seulement une réfutation stérile des négations civilisations africaines par les Occidentaux ; mais une philosophie qui fonctionne selon les exigences théoriques, méthodologiques propre à cette discipline. A cet effet, chacun dans son ouvrage a proposé des rôles qui doivent échoir à la philosophie pour que naisse sur le continent africain une véritable culture philosophique. C'est ainsi que pour Towa, il revient essentiellement à la philosophie de déterminier et d'orienter les conditions de la révolution démocratique des peuples africains. Dans son argumentation, il considère qu'il existe un destin commun pour les peuples africains. C'est de cela q'il est question lorsqu'il parle de dessein fondamental, de sens de notre-être-là dans le monde etc. Il revient à la philosophie de caractériser ce dessein et déterminer la direction vers laquelle on doit l'infléchir pour un meilleur futur des peuples africains. Cette démarche doit être faite en tenant compte de la défaite retentissante des civilisations africaines face à l'Occident. En sorte que notre combat ne soit celui de pleurnicher sur notre sort; mais d'envisager les voies et moyens susceptibles d'éviter non seulement que cela se reproduise mais aussi d'équilibrer les échanges entre nos civilisations et les civilisations occidentales. Il imagine à cet effet une démarche dialectique qui à terme doit conduire à l'appropriation du secret de l'Occident afin d'être comme lui et donc incolonisable par lui. Pour cela, de son point de vue, le discours philosophique doit dépasser la problématique de l'ethnophilosophie et de la négritude senghorienne pour constituer un débat fécond qui à terme conduire les peuples africains vers l'avènement de la démocratie sur le continent. Cette tâche considérée la principale doit s'accompagner de taches secondaires, qui concernent essentiellement le rejet du culte de la différence et du culte du passé.

En ce qui concerne Hountondji, il estime qu'une littérature abondante se qualifiant de philosophique existe sur le continent africain. Mais de son point vue, celle-ci, pour plusieurs raisons n'a jusque là fait l'objet que d'une exploitation mythologique. Il convient donc corriger cette impasse et de faire de toute philosophie en Afrique, le véhicule d'un vaste débat contradictoire qui engage les tous Africains entre eux-mêmes et qui traite des questions philosophiques les plus diverses. Car pour lui, le discours ethnophilosophique s'adresse essentiellement au monde occidental devant qui ses auteurs veulent se réhabiliter. Mais en le faisant, ils en arrivent à des résultats où ce qui est qualifié de philosophie ne répond nullement aux exigences théoriques, méthodologiques propres à cette discipline tel que cela a toujours été observé dans la tradition philosophique internationale et particulièrement occidentale. Il estime donc qu'il urge de mettre fin à cette extraversion mendiante de la philosophie africaine en disqualifiant l'ethnophilosophie et toute sa problématique et faire de toute philosophie sur le contient africain un débat contradictoire produit par des Africains et s'adressant à des Africains. De plus Paulin Hountondji pense que la philosophie africaine doit fonctionner sur le modèle de l'héritage théorique, méthodologique, etc. de cette discipline. Cet héritage offre toute une palette d'outils théoriques et conceptuels qu'elle peut exploiter pour produire un discours universellement valable. Pour cela il en appelle à une remise en cause de son statut théorique. Partant donc de l'hypothèse althussérienne que toute philosophie est en dernier ressort une réflexion sur la science, il estime qu'en Afrique il est plus urgent de promouvoir une science africaine, une recherche scientifique africaine qu'une philosophie africaine. Cela est du reste facilité de nos jours par le fait que les civilisations africaines qui étaient essentiellement des civilisations orales, subissent de nos jours des mutations qui peu à peu les transforment en civilisation de l'écrit. Ceci de son point de vue constitue un atout incontestable compte tenu du fait que chez lui une philosophie n'est digne d'elle appelée telle que si elle est écrite. L'absence d'écriture est défavorable à toute philosophie car cela l'empêche d'être véritablement consigné pour constituer un préalable théorique appelé à être améliorer par d'autres discussions selon de nouvelles perspectives sur les mêmes thèmes.

Il faut cependant souligner que faute de ramener constament le débat sur le champ spécifique occidental, les analyses de nos auteurs appellent à certaines réserves. Pour n'avoir pas entrepris des recherches sur le terrain, ils semblent préférer la spéculation gratuite fondée sur la répétition de doctrines occidentales qu'une démarche sérieuse qui tiendrait compte des spécificités incontestables des civilisations négro-africaines. Il est très aisé de faire ressortir des travers récurrents dans le discours ethnophilosophique, cependant le tout est d'être capable de corriger ces travers et les remplacer par un discours cohérent fondé sur les réalités propres des civilisations négro-africaines. En réalité, le rôle de la philosophie sur le continent africain dépasse de loin ces éternelles discussions entre intellectuels Africains et Occidentaux sur les rapports de la philosophie et la science, la philosophie et l'idéologie, la philosophie et la politique etc. Car c'est de cela qu'il est fondamentalement question ici. D'ailleurs pour d'aucuns le fait même de poser une problématique de la philosophie sur le continent spécifique africain est un faux débat. En ce sens que l'Afrique ne saurait se soustraire de l'espace et du temps et constituer à elle seule une dimension particulière de la réalité humaine où la philosophie aurait à jouer un rôle particulier. Daniel Tchapda Piameu dans un article intitule De l'engagement politique ou philosopher en Afrique en changeant de mode dans la revue en ligne Motspluriels N° 10 de mai 1999, il n'est pas question de se laisser aller à de tels particularismes. La philosophie en tant que discipline universelle joue le même rôle sous tous les cieux. Pour défendre ce point de vue, il estime qu'elle avant tout une sagesse. Or « la sagesse est toujours relationnelle. Elle est relation de l'homme au temps. Il en est ainsi parce que la philosophie est non seulement une manière de penser mais aussi une manière d'être dans le temps. Mieux encore, même si elle n'était qu'une manière de penser, la philosophie serait encore une manière de penser le temps. Aucune philosophie proprement dite ne se développe loin de ce concept. Toute philosophie est pensée du temps ». Le philosophe pose sa réflexion sur un particulier sur la base de concepts et de méthodes universels. Cela signifie entre autre que même si la philosophie doit jouer un rôle sur le continent africain, celui-ci est à mettre en relation avec le contexte historique, économique, culturel etc. qui l'a vu maître; donc qu'on ne peut pas à proprement parler fixer une pour tout un rôle a la philosophie en Afrique. Mais il convient de dépasser ce fétichisme de l'universalité pour constater que sur le continent, justement dans le temps il existe quelque chose que l'activité humaine nommée philosophie puisse faire pour répondre à des défis indéniables qui se posent.

Ainsi nous pouvons dire qu'il incombe entre autre à la philosophie de se poser sur le quotidien des peuples africains confrontés aux guerres sanglantes, aux violations des droits de l'homme, à la pauvreté et autres calamités du même genre. Dans ce cas seulement elle pourra non seulement démentir cette image récurrente qu'on lui attribue et qui fait d'elle une activité oisive, un discours creux et sans importance qui en dernière analyse, a tendance à compliquer plus le monde qu'il n'apporte de solutions. Ainsi de notre point l'un des défis qui attendent la philosophie dans notre continent est celui qui fait référence à l'élucidation de concepts en tout genre et qui engagent les Africains dans leur vie de tous les jours; sur des plans aussi variés que la politique, l'idéologie, la science; mais aussi l'art, le droit, la religion, etc. En procédant ainsi elle sort de sa sphère académique où elle engage donc un public académique pour être un instrument de sensibilisation et d'éducation des masses. Cela ne signifie pas pour elle, se transformer en une instance normative seule capable de fixer les priorités de tout sur le continent africain. Elle doit plutôt combattre toute forme d'unanimisme et envisager donc les nombreux défis qui attendent l'Afrique en tenant compte non seulement des spécificités inhérentes à chaque région, à chaque peuple africain, mais aussi du contexte historique, économique, idéologique etc. actuel. En le faisant elle se sera plus seulement confinée dans les départements de philosophie des Universités africaines; mais elle en sortira pour se poser dans le quotidien de tout le monde. Cela peut être réalisé par l'organisation de conférences publiques répétées, de publications de documents, de prospectus, de création de sites internet etc. dans un langage destiné à compris par le plus grand nombre de persones. Bien entendu cela est étroitement lié à la liberté d'expression dans nos différents pays et à la contribution des pouvoirs publics pour encourager son enseignement dans les systèmes éducatifs. Cette démarche peut avoir entre autres conséquences heureuses la maîtrise d'un certain nombre de phénomènes sociaux, politiques, économiques, culturels, religieux etc., en relation non seulement avec le quotidien peuples mais aussi qui déterminent leur futur. A côté la détermination d'un appareil théorique et conceptuel à même de restituer la pensée philosophique africaine notament précoloniale. L'Afrique précoloniale a conu de brillantes civilisations. En témoignent toutes les réalisations techniques et technologiques de cette période subsistent en certains endroits, mais aussi toute cette manière particulière de concevoir et d'organiser le monde qui existe et qui se manifeste à travers les contes, légendes, cosmogonies etc. Mais on doit convenir avec Towa que le contact des civilisatiosn africaines avec le monde occidental nous a été déafavorable, en sorte qu'il est possible de parler de la défaite de l'Afrique face à l'Occident. La démarche de l'intellectuel Africain ne doit pas être de rester dans un bureau confortable et de conjecturer sur les questions qui concernent cette période de notre histoire. Autrement il faut non seulement faire le constant de cette défaite mais aussi faire des recherches informées sur le terrain afin de de savoir le niveau de connaissance qui avait été atteint par ces civilisations. Cela passe par la construction de tout un arsénal d'outils théoriques et conceptuels qui serait propre au monde africain. Car comme le dit Pathé Diagne jusque là l'Europe a définit toute seule, sur la base de ses intérêts les termes théoriques de toute connaissance scientifique. L'intellectuel africain formé à l'école occidentale en est fortement influencé et tout ce qu'il produit sur la question est presque toujours superficiel. De plus il revient à la philosophie de faire son auto-promotion sur le continent africain. Il n'est pas nécessaire de dire que de nos jours, pour plusieurs raisons elle est marginalisée et reléguée au dernier échelon des disciplines à étudier. Cette situation doit changer et cela passe entre autre par la démystification de la philosophie elle-même. La philosophie doit arriver à faire qu'elle ne construit certes des ponts ni de buildings, elle n'a pas pour vocation changer le quotidien immédiat des individus. Mais d'un autre côté elle ne se résume pas en une négation de l'existence de Dieu ou toutes les autres négativités qu'o lui attribue. Elle est simplement une plate forme où toutes les questions peuvent faire l'objet de discussion libre et dépassionnée avec comme seul instrument d'argumentation la raison.

En un mot tous ces défis et bien d'autre encore attendent la philosophie dans nos différentes sociétés pour véritablement constituer un discours en adéquation avec son temps sur le continent africain.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus