WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La formation à la prévention des risques professionnels dans un système complexe : le lien entre perception, prescription et représentation pour agir

( Télécharger le fichier original )
par Céline ZIMMERMANN
Université Pierre mendès France - MASTER 2 Formation Emploi Compétence 2008
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

UNIVERSITE PIERRE MENDES-FRANCE - GRENOBLE 2

UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

MASTER 2 « FORMATION, EMPLOI, COMPETENCES »

Mémoire présenté par Céline Zimmermann

LA FORMATION A LA PREVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS DANS UN SYSTEME COMPLEXE :

LE LIEN ENTRE PERCEPTION, PRESCRIPTION ET REPRESENTATION POUR AGIR

Tuteur de stage : Patrice Urvoy

Directeur de mémoire : Jacques Baillé

ANNEE UNIVERSITAIRE 2007-2008

«  Impose ta chance  -  Serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.»

René Char , Les Matinaux (1950)

SOMMAIRE

INTRODUCTION 5

TITRE 1 La prévention des risques professionnels : normes, concepts, pratiques, acteurs 8

1-1 Evolution et aspects réglementaires ou normatifs 8

1-2 La notion de risque 11

1-3 L'aspect participatif de la prévention 17

1-4 La formation à la prévention des risques 21

TITRE 2 Caractéristiques principales de la prévention des risques au sein d'un système complexe : le contexte EDF 28

2-1 Le système d'exploitation 28

2-2 Une dimension prescriptive de l'activité 30

2-3 Les opérations de sous-traitance  37

2-4 Le facteur humain et la fiabilisation des interventions 41

2-5 La commande 44

TITRE 3 Etude des risques de plain-pied 47

3-1 La perception du risque de plain-pied 47

3-2 Objectifs et hypothèses 52

3-3 Résultats 54

3-4 Les pistes de progression 60

TITRE 4 Conception d'un cahier des charges de formation à la prévention des risques chimiques 64

4-1 Problématique 64

4-2 Méthodologie 66

4-3 Résultats 82

CONCLUSION 92

BIBLIOGRAPHIE 93

TABLE DES MATIERES 99

ANNEXES 102

INTRODUCTION

La maîtrise des risques ne peut se concevoir sans prendre en compte le comportement des individus face aux risques ainsi que de la perception qu'ils en ont. En effet, on a pu remarquer que même si on informe les individus sur les risques auxquels ils peuvent être confrontés, ces derniers n'en changent pas forcément leurs comportements, en continuant de fumer, d'avoir une conduite rapide qui dépasse les limitations de vitesse ou de ne pas porter certains équipements nécessaires à leur protection comme la ceinture de sécurité ou les casques de sécurité.

Quel est le lien entre danger, représentation du risque et comportements de sécurité ? Si nous souhaitons nous intéresser à la formation des personnes à la maîtrise des risques, nous devons considérer l'approche individuelle du risque comme élément fondateur pour l'actualisation ou la création de cahiers des charges de formation. En effet, les notions de gravité et de fréquence d'occurrence ne sont pas les seuls éléments pris en compte par les opérateurs.

D'autres variables de dimensions psychosociologiques ou cognitives modifient la perception du risque et sont par conséquent susceptibles d'influencer plusieurs piliers constitutifs d'une démarche de prévention des risques. A ce titre, les analyses d'accidents, les campagnes de prévention ou la formation professionnelle doivent prendre en compte ces aspects.

Généralement, les formations à la maîtrise des risques sont basées sur des aspects informationnels qui laissent à la marge les aspects comportementaux. On part du principe qu'une fois l'information donnée, les comportements de sécurité s'effectueront de manière appropriée et adéquate selon le message délivré. Mais ce lien n'est pas si évident.

En effet, les comportements de sécurité sont souvent plus élevés que le risque en lui même : d'un danger, peut se déduire plusieurs risques impliquant eux même une quantité importante de comportements de sécurité.

Ce mémoire est l'aboutissement d'une période de stage réalisée sur la centrale nucléaire de Cruas Meysse au sein du service de la formation continue. La commande initiale prévoyait, dans le cadre d'une future certification d'un système de management de la sécurité et santé au travail (OHSAS 18001), la mesure des écarts entre les obligations réglementaires de formation relatives à la sécurité et la santé au travail et les pratiques effectives du site. Cette caractérisation devait permettre la définition d'un plan d'action de formation adapté aux agents EDF concernés.

D'une manière générale, et au delà des exigences de formalisation et de conformité aux obligations légales de formation, il s'agissait d'appréhender, au coeur de la situation de travail et de son organisation, des indicateurs pouvant permettre l'amélioration continue de la performance des salariés et mis au service des animations pédagogiques qu'elles soient informative, sensibilisatrice ou formative.

La valeur ajoutée d'une action de formation dépend de la bonne définition des objectifs pédagogiques. Ceux-ci doivent pouvoir s'inspirer des particularités d'une situation de travail, en particulier des éléments « clés » qui la structurent. Pour le domaine qui nous intéresse, l'étude s'inscrit principalement dans le champ comportemental de l'individu en situation de travail qui présente des risques dans un environnement donné.

Aussi, l'analyse de situation réelle de travail peut également permettre d'identifier certaines difficultés sur la synchronisation entre les pratiques et le travail prescrit par le CNPE pour viser à l'amélioration des cahiers des charges de formation. Nous avons souhaité compléter la demande du CNPE par la prise en compte de la dimension de la prescription interne en rapport avec l'activité des agents dans un contexte où « la sécurité est l'affaire de tous ». Nous nous sommes donc intéressés à un second type de distance, celui de l'écart entre la prescription et l'activité réelle du travail dans un système complexe et dynamique, ainsi qu'à ses incidences en terme de prévention des risques professionnels..

Cette approche sera le prélude d'une démarche plus « locale » de l'activité pour identifier les concepts qui en permettent la conduite en nous basant sur la théorie des champs conceptuels. Le but est de prévenir le risque d'une pédagogie standardisée et déconnectée des spécificités de l'organisation, en vue de proposer un cahier des charges de formation à la prévention des risques chimiques. La source de notre réflexion sera celle des théories prévues pour le développement des compétences de l'enfant en situation quotidienne, mais qui peuvent s'adresser dans une certaine mesure aux adultes en situation professionnelle, notamment par la place de la conceptualisation dans le développement des compétences.

Une seconde approche de l'activité des agents nous permettra d'identifier certains indicateurs pouvant permettre de comprendre la genèse des accidents fréquents de plain-pied, qui ne fait pas logiquement l'objet d'un prescriptif spécifique, mais qui pose question en raison de son aspect équivoque : alors qu'il peut faire sourire, il est également susceptible de blesser gravement ou mortellement. L'objectif est de rendre plus lisible les représentations du risque propres à chaque acteur, à différents échelons hiérarchiques et dont les tâches interviennent à différents niveaux de temps, dans une logique organisée.

Nous consacrerons la première partie de l'étude à présenter les principales caractéristiques de la prévention des risques, sa dimension normative et les principales notions qui la sous tendent. Ce cadrage permettra de cerner les enjeux du domaine.

Puis, avec le souci de clarification de l'étude, il nous a paru nécessaire de présenter, au sein d'un champ d'investigation potentiellement très large, une description du contexte qui n'est donc pas exhaustive. A coté du système d'exploitation de la centrale, nous avons ainsi orienté nos analyses sur les aspects qui nous permettaient d'asseoir nos réflexions et qui seraient susceptibles de rendre opératoires nos préconisations : l'importance de la prescription dans un système à risque, l'activité de surveillance et d'appui transversale à tous les métiers du CNPE, ou les questions relatives à la fiabilisation des interventions.

Par la suite, deux axes de travail sont proposés. Nous nous consacrerons dans un premier temps à la présentation de la méthodologie employée pour détenir les indicateurs destinés à comprendre pourquoi, à un moment donné, l'agent n'a pas été en mesure d'assurer son équilibre corporel dans un environnement où la sécurité et la sûreté sont des enjeux majeurs.

Puis, toujours dans l'optique de réduire les distances entre la tâche prescrite et la tâche réelle, il s'agira de montrer dans quelle mesure l'expérience d'un agent, dans un environnement dont il ne peut en saisir tous les composants, peut assurer la maîtrise d'un risque, et de présenter la méthodologie utilisée dans la conception d'une action de formation à la prévention du risque chimique, afin de soutenir cette expertise.

TITRE 1 La prévention des risques professionnels : normes, concepts, pratiques, acteurs

1-1 Evolution et aspects réglementaires ou normatifs

.......

1-1-1 Les règles générales de prévention

L'article L230-2 du Code du Travail précise à la charge de l'employeur, la mise en oeuvre des principes généraux de prévention suivants :

a) Eviter les risques

b) Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités

c) Combattre les risques à la source

d) Adapter le travail à l'homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé

e) Tenir compte de l'état d'évolution de la technique

f) Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n'est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux

g) Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l'organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l'influence des facteurs ambiants

h) Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle

i) Donner les instructions appropriées aux travailleurs

Ces principes de conduites constituent des pré requis à la mise en place d'un Système de Management de la Sécurité (SMS) dont nous verrons les principales caractéristiques ultérieurement.

Au delà de ces différents objectifs, la démarche générale de prévention doit prendre en référence l'étude de Bird1(*) qui a démontré que pour chaque accident ayant entraîné une blessure grave, survient le ratio suivant : 10 blessures légères, 30 accidents sans gravité et 600 «presque accidents». Ces chiffres, illustrés par une pyramide (figure 1), démontrent la nécessité d'étudier les causes profondes d'un accident mineur car le résultat est toujours un accident grave. Il convient alors de lutter contre la base de la pyramide représentée par les incidents car leur diminution entraînent de façon mécanique la baisse du risque d'accident grave.

1 accident grave ou avec invalidité

10 accidents mineurs

30 accidents sans gravité

600 presque accidents

Figure 1 : pyramide de Bird ( 1969)

1-1-2 Les règles spécifiques d'un secteur d'activité : l'arrêté du 10 Août 1984.

La sûreté nucléaire consiste en l'ensemble des dispositions prévues, au regard des risques de toutes origines que peuvent présenter les installations tout au long de leur « vie » pour assurer leurs fonctions dans le respect des exigences de protection du public, des travailleurs et de l'environnement. Ce texte, relatif à la qualité de la conception, de la construction, de l'exploitation et du démantèlement des installations nucléaires, fixe des spécifications particulières dans le domaine de la sûreté nucléaire : il précise le cadre réglementaire des dispositions à prendre par l`exploitant pour viser à obtenir et à maintenir une qualité des installations et des conditions de leur exploitation, nécessaire pour en garantir la sûreté. L'article 1 énonce que : « l'exploitant s'assure qu'un système est mis en place pour définir la qualité des éléments précités, pour obtenir et maintenir cette qualité, pour en vérifier l'obtention et le maintien, et pour analyser et corriger les écarts éventuels. Ce système met en oeuvre un ensemble contrôlé d'actions planifiées et systématiques, fondées sur des procédures écrites et donnant lieu à l'établissement de documents archivés ».

L'article 5 précise les conditions de la surveillance des prestataires : « L'exploitant constitue et tient à jour un dossier résumant les mesures et moyens prévus pour appliquer le présent arrêté; en particulier il y décrit les principes de la surveillance des prestataires »

1-2 La notion de risque

Avant de devenir un phénomène explicable, dont on peut maîtriser les causes, Kouabenan2(*) rappelle que l'accident était à l'origine considéré comme une oeuvre de dieu, comme une fatalité. Il a longtemps été défini comme un fait qui survient par hasard ou comme un événement fortuit imprévisible. Certains auteurs le considéraient comme étant peu évitable. Ces approches sous-entendent ainsi une explication difficile de l'accident et donc de sa prévention. Selon l'auteur, la notion de hasard est toutefois présente, non pas dans la réalisation de l'accident mais dans la conjonction des facteurs à un moment précis qui l'ont provoqué : «le progrès, en vue de la prévention, n'est pas forcément dans une sorte d'acharnement à nier les effets du hasard mais plutôt dans le recours à des méthodes d'étude qui respectent et intègrent les aspects aléatoires des événements accidentels ».

1-2-1 Le risque et la notion de danger

Comme un événement ou une situation susceptibles d'entraîner des conséquences négatives pour l'individu, le danger éclaire le concept de risque. Le terme « risque » est utilisé dans diverses circonstances et a un caractère très diversifié ce qui engage à augmenter les classifications qui rendent problématique son étude. Ses caractéristiques négatives sont cependant toujours liées à une activité humaine dont le risque ne saurait être séparé. Le risque est la possibilité qu'un type d'événement ou de situation particulière s'actualise. Cette possibilité est traduite à deux niveaux dans l'entreprise : la probabilité d'occurrence (taux de fréquence) et le niveau de gravité des conséquences de l'événement en cause.

Il existe diverses variables susceptibles d'influencer la perception du risque chez l'individu. Cette perception du risque est liée à l'évaluation basée sur différents critères : le niveau de la tolérance de ce risque, sa gestion ainsi que son acceptabilité basée sur le bilan équilibré entre le coût qu'il demande et les avantages qu'il procure dans la situation particulière où il se trouve. Ainsi, les risques sont perçus différemment selon les individus dont l'évaluation subjective trouve sa source dans deux dimensions rappelées par Kouabenan, Hermand et Sastre3(*):

- La nature du risque qui, par son caractère familier, fréquent, contrôlable, volontaire, naturel ou technologique influe sur le degré de perception de l'individu exposé. Ses travaux ont pu montrer que les individus perçoivent les événements peu fréquents, inconnus, peu familiers, catastrophiques et involontaires comme plus risqués que les autres. Cette banalisation des risques connus se retrouve généralement confortée par la réalisation de tâches réalisées fréquemment.

- Les caractéristiques du sujet et ses variables psychosociologiques (l'expérience, la motivation, la culture, l'âge ou le sexe) ou cognitives (niveau d'expertise) qui peuvent influencer l'évaluation et la perception. D'autres facteurs peuvent intervenir comme la cible du risque (soi ou autrui), l'évaluation de son exposition personnelle et sa capacité à y faire face, les aspects socio organisationnels, culturels et politiques du système.

Kouabenan et al4(*) rappellent plusieurs travaux qui démontrent que les personnes s'estiment la plupart du temps supérieures à l'individu moyen et se croient plus capables de faire face aux risques qu'autrui. Cette tendance est confirmée par plusieurs travaux de recherche en France et à l'étranger dans le domaine de la circulation routière où les conducteurs se considèrent plus habiles que le conducteur moyen.

Par ailleurs, ces études établissent que certaines personnes peuvent avoir tendance à se considérer comme moins exposées au risque par la surestimation de leur aptitude personnelle à affronter les risques. D'autres se perçoivent comme étant invulnérables et ne sont que faiblement susceptibles de connaître les conséquences négatives d'un événement. L'expérience peut ici jouer un rôle : par exemple l'absence d'accident dans des situations en présence de dangers et pendant une longue période pourrait permettre à certains sujets de croire qu'ils seraient prémunis à tous jamais contre les accidents. Kouabenan5(*) qualifie cette vison d'illusion de l'expérience qui conduit généralement à une sous-estimation du danger et donc à une baisse de la vigilance.

D'une manière générale, ces distorsions de la perception seraient dues à un traitement partiel ou sélectif des informations disponibles sur les risques par les individus qui ont habituellement une préférence à se comparer à des personnes moins prudentes qu'eux.

Amalberti6(*) opère une distinction entre les risques externes et internes. Les risques externes renvoient à la notion habituelle de l'accident, sont objectifs et leurs mesures se situent à l'extérieur du sujet. Ce dernier l'évalue par le degré de liberté qu'il peut s'autoriser par rapport à la procédure standard. Moins l'opérateur a des degrés de liberté, plus il juge le risque externe important.

Les risques internes, quant à eux, sont subjectifs, cognitifs et donc propres à chaque individu. Il s'agit du risque de ne pas disposer suffisamment de savoir faire (le sujet apprécie ce risque grâce à ses méta connaissances) et de ne pas savoir gérer ses ressources pendant l'exécution et en perdre ainsi sa maîtrise.

Si le risque externe est très élevé (gravité des accidents), la tendance à la conduite est très dirigée sans marge de manoeuvre pour l'opérateur. Cette relation tend paradoxalement à faire augmenter le risque interne.

1-2-2 Le risque et la sécurité

La sécurité se définit comme « une tranquillité d'esprit bien ou mal fondée dans une occasion où il pourrait y avoir sujet de craindre » (Littré). Cet état d'esprit, que chacun pourrait vouloir confiant et tranquille, renvoie à une notion subjective qu'il convient de considérer lorsqu'une personne se croit à l'abri du danger.

Si on traduit la sécurité comme l'aptitude à éviter de faire apparaître, dans les conditions données, des évènements critiques ou catastrophiques, la tendance est de l'envisager comme une absence de dysfonctionnement. Elle ne se mesure alors que dans l'apparition d'accident donc à posteriori. Cette approche rend difficile la mesure de l'état sécuritaire d'une entreprise puisqu'elle renvoie à une absence d'événements.

Comme l'indiquent Roy, Bergeron et Fortier7(*) , un risque d'une autre dimension peut alors émerger : « L'idée selon laquelle une mesure fondée uniquement sur les résultats sécurité de l'entreprise peut être contre-productive parce que la sécurité ne devient une priorité qu'à partir du moment où le taux de fréquence entre dans le domaine de l'inacceptable pour les managers de l'entreprise. Dans cette situation, ces derniers accordent généralement une attention particulière au problème et mettent en place différentes actions pour faire diminuer ce taux. Lorsque l'indicateur redescend à un niveau jugé acceptable, les managers cessent de lui porter attention en croyant à tort que la situation est sous contrôle. Peu de temps après, le taux remonte et le même scénario se produit.».

Cette approche réactive par les résultats n'incite pas à dynamiser la sécurité une fois les objectifs de sécurité atteints.

A ce titre, nous rejoindrons d'autres auteurs comme Reason8(*) qui considèrent la sécurité comme la capacité à anticiper les dysfonctionnements par le renforcement d'une résistance ou résilience, par la mise en place d'un système de management en proposant des barrières ou parades aux dangers. L'aspect organisationnel est alors capital pour prévenir des dangers et mesurer l'état sécuritaire d'une organisation.

Pour Amalberti,9(*) le problème de la sécurité doit s'envisager en terme d'acceptabilité du risque encouru : « le concept d'acceptabilité du risque correspond au risque d'accident ou de défaillance que les acteurs du système acceptent consciemment d'encourir alors que des solutions pourraient encore réduire ce risque. L'acceptabilité du risque n'est donc pas liée au fait qu'il n'existe plus de solutions connues mais au fait que les solutions connues ou potentielles ont suffisamment d'inconvénients pour que l'on y renonce ». Il note que la notion d'acceptabilité est différente de celle de la perception qui correspond, selon les différentes études sur le sujet, à une sous évaluation du risque par les individus en particulier si le risque est lointain et qu'il n'existe pas d'expérience préalable.

Leplat10(*)renvoie la sécurité à ce qui «caractérise un système selon sa capacité à fonctionner sans incident et aux conséquences pour les individus des insuffisances de cette capacité.». Il marque un lien avec la notion de fiabilité humaine qui appelle une « capacité de l'homme à remplir une certaine fonction ».

1-2-3 Le risque et la fiabilité

Trois perspectives peuvent être dégagées depuis les années 50. La sécurité a reposé dans un premier temps sur la maîtrise des systèmes techniques de l'entreprise, dont l'absence de fiabilité était susceptible de causer l'accident. Puis, dès 1960, la notion d'erreur humaine apparaît comme étant un facteur et une source de défaillance pouvant provoquer l'accident. Leplat11(*) rappelle Villemeur (1988) qui envisage l'erreur humaine comme un « écart entre le comportement de l'opérateur humain et ce qu'il aurait dû être, cet écart dépassant les limites d'acceptabilité dans des conditions données » et rejoint De keyser (1982) lorsqu'il complète cette définition en précisant qu'elle n'est souvent que « l'impossibilité dans laquelle s'est trouvé un opérateur de faire face à une situation anormale - qu'il s'agisse de la défaillance d'un appareil ou d'un jeu de circonstances inattendues : changement organisationnel, d'environnement ou même altération de rapport inter-individuel ou inter-services ».

Ainsi, l'interaction poste de travail / opérateur peut expliquer l'accident et non plus seulement la seule cause technique ou la seule erreur humaine. Les bonnes pratiques liées à cette association opérateur / poste de travail ont été la mise en place de formations sur les risques identifiés et le port des équipements de protection individuelle (EPI), ou encore le développement d'une meilleure visibilité du risque par la signalétique. L'enjeu deviendra par la suite la maîtrise de l'environnement organisationnel de travail de l'opérateur, reléguant la notion de l'erreur humaine au second plan. On part ici du principe que les aspects organisationnels du travail constituent la donnée principale de la performance humaine. Ainsi, les opérateurs de première ligne ne sont plus considérés comme les seuls responsables des accidents mais également la ligne hiérarchique managériale qui « anime » le contexte organisationnel.

Pour illustrer notre propos, nous prendrons comme référence les travaux de Vidal Gomel12(*) qui remarque que certains opérateurs avaient cru avoir effectué une mise hors tension de l'élément à dépanner alors que ce n'était pas le cas en raison de modifications antérieures qui ne leur ont pas été communiquées (erreur latente au sens de Reason).Ainsi, leur phase de diagnostic a été insuffisante pour identifier le risque. L'identification de ces modifications peut dès lors être considérée comme une compétence critique des opérateurs en vue de permettre une gestion efficace des risques. Cependant, il reste difficile d'identifier de façon préventive les erreurs latentes d'un système.

Il convient de consolider le rôle actif de chaque individu dans un système organisé afin de réussir une gestion proactive de la sécurité. Leplat13(*) rappelle à ce titre Faverges (1972), qui

remarque justement que « dans un système industriel, chaque homme a une double tâche ; il doit assurer une production réglée (...), constante dans un certain laps de temps, alimentant le processus de fabrication de façon à ce qu'il respecte son programme; il doit aussi veiller à ce que ce processus ne soit pas arrêté ou anormalement ralenti par des incidents, pannes ou dysfonctionnements, c'est-à-dire avoir une activité de prévention des perturbations possibles. La plupart du temps, cette préoccupation est présente à chaque moment et dans chaque geste du travailleur; toute action de travail sera le résultat d'une nouvelle régulation effectuée par l'homme pour assurer un équilibre dans la poursuite conjointe de ces deux objectifs ».

1-3 L'aspect participatif de la prévention

1-3-1 Les acteurs

Diverses organisations agissent directement sur le thème de la prévention des risques professionnels que ce soit par l'accompagnement des entreprises dans la maîtrise de la gestion du risque (ANACT, l'INRS) ou par la création / actualisation de la réglementation ( CSPRD, direction de la sécurité sociale, le direction des relations du travail). A coté des notions comme la responsabilité de l'employeur, le rôle actif de la médecine du travail ou les pouvoirs du CHSCT, et pour lesquels nous laissons le lecteur se référer aux multiples sources existantes sur ces sujets, nous porterons ici essentiellement notre attention sur le rôle actif du salarié dans la prévention des risques auxquels lui même ou autrui peut être confronté.

Selon Amalberti,14(*)l'opérateur est doté de mécanismes cognitifs basés sur trois objectifs avec lesquels il doit produire un compromis efficace : l'objectif de sa propre sécurité et celle du système, l'objectif de performance (imposée mais également souhaitée), l'objectif de minimiser les conséquences physiologiques et mentales de cette performance (fatigue, stress, épuisement...). Ici, le risque n'est pas celui de l'accident mais celui d'avoir choisi le mauvais compromis (et d'en souffrir) et par conséquent de perdre le contrôle de la situation.

Il préconise donc que les comptes rendus d'accident doivent servir à comprendre le mécanisme de rupture du compromis pour apporter une aide efficace à l'opérateur.

Rappelant que l'erreur est inéluctable, il en conclut qu'il faut tolérer celles des opérateurs en faisant en sorte qu'elles ne se traduisent pas en accident, tout en agissant pour dépister et neutraliser les erreurs cachées du système. Il indique que l'erreur peut être acceptée voire quasiment prévue par l'opérateur car elle peut représenter un signal pour régler le compromis. Ainsi, les solutions dont le but était de supprimer les erreurs, et qui représentait souvent l'objectif pédagogique principale d'une action de formation , ne font plus l'objet du même engouement de la part des responsables de la prévention. La perte du contrôle du compromis cognitif entre la représentation du risque, le degré d'exigence de résultat et la représentation de ses propres ressources (fatigue...) est certes une source de défaillance importante, mais l'erreur constitue également un élément de contrôle du compromis choisi pour l'opérateur en jouant un rôle de signal, en étant révélatrice de la perte de contrôle.

Comme l'indique Leplat,15(*)l'activité demande la mobilisation de ressources et implique par conséquent une charge qui est plus ou moins ressentie par l'opérateur. Ce dernier va donc régler son activité de façon à ce que celle-ci ne dépasse pas un seuil de charge acceptable, selon différents moyens : développer ses compétences ou transformer les conditions de la réalisation de la tâche comme des raccourcis dans l'exécution.

La charge mentale dépend des exigences du travail mais aussi de la capacité du sujet à répondre à ces exigences. Elle dépend donc également de la manière dont ces capacités sont mises en oeuvre. Le choix des modes opératoires sont, dans notre cas, principalement négociés collectivement dans le cadre de réunions préalables à l'intervention de travail ( plan de prévention, pré job briefing, levée des préalables...) et basés sur des analyses de risques réalisées en amont. Par ailleurs, la précision des gammes opératoires peut réduire la charge mentale car le but n'est pas conditionné par la possibilité des méthodes différentes pour le réaliser.

1-3-2 Les Systèmes de Management de la Sécurité ( SMS)

1-3-2-1 La prise en compte des facteurs organisationnels dans la gestion des risques

Comme nous l'avons vu, les défaillances techniques ou dues à l'erreur humaine ne sont pas les seuls facteurs du phénomène accidentel. Depuis les catastrophes de Three Miles Island (1979), Tchernobyl (1986) ou Challenger (1988), une approche plus globale de la sécurité a été engagée par la prise en compte de la dimension organisationnelle qui peut également conduire à l'accident.

Cette gestion de la sécurité sera ainsi introduite dans un contexte législatif par diverses dispositions dont une des plus significatives concernent l'ensemble des installations dites «dangereuses» via la directive Seveso II de 1996 (article 9) qui impose la mise en place d'un système de gestion de la sécurité pour toutes les entreprises entrant dans le champ d'application de ce texte.

Quelques années plus tôt, la loi du 31 décembre 1991 avait déjà rendu obligatoire, pour toutes les entreprises, l'évaluation des risques professionnels liés à leurs activités et la mise en oeuvre d'une démarche globale de prévention (article L.230-2 du Code du Travail). Les aspects organisationnels de la sécurité (formation, organisation du travail dans l'entreprise, relations avec les entreprises extérieures, etc.) s'imposent désormais comme un des principes de management incontournables de la Santé Sécurité au Travail (SST).

Compatible avec les certifications ISO 9001 et environnement ISO 14001, l'OHSAS 18001 est le référentiel SMS le plus répandu. Cette norme donne pour objectif le renforcement du management des risques associés aux activités de l'entreprise relatif à la santé et à la sécurité au travail. Elle comprend l'organisation, les activités de planification, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les processus et les moyens nécessaires pour développer, mettre en oeuvre, réaliser, revoir et tenir à jour la politique de l'organisme en matière de SST.

L'adoption d'un tel système démontre la volonté de passer à une gestion traditionnelle de la sécurité (démarche réactive) vers un régime proactif de la sécurité afin de pouvoir anticiper les problèmes de sécurité et leurs conséquences. Il s'agit d'avoir une gestion a priori des risques.

Par ailleurs, la mise en oeuvre d'un SMS suppose généralement la formalisation d'un système documentaire fourni de procédures, instructions, spécifications, enregistrements, programmes etc. La plupart des exigences du référentiel OHSAS 18001 tombent par exemple dans le cadre d'une procédure que l'entreprise doit rédiger. Cependant, il recommande de maintenir la documentation au niveau minimal pour permettre une mise en oeuvre du dispositif efficace et efficiente.

1-3-2-2 Une gestion participative des risques

.....

.

.

1-4 La formation à la prévention des risques

1-4-1 Objectifs et caractéristiques principales

En France, la réglementation en matière de prévention des risques professionnels est importante. La protection du travailleur passe par l'information continue (orale et visuelle) et la réalisation d'actions de formation le plus souvent sorties de leur contexte. Cet aspect est lié au respect minimal des obligations qui fixent effectivement un cadre d'intervention ou d'animation sans pour autant préciser la nécessité d'une approche préalable du terrain afin de décliner les objectifs spécifiques. Un engagement de renouvellement des actions16(*) est souvent prescrit dans des temps préétablis ou laissé à la discrétion de l'employeur, dans les hypothèses de changements organisationnels ou techniques.

L'imputabilité des actions de prévention est conditionnée par des accords paritaires issus des branches professionnelles. Ces négociations aboutissent où non aux financements des formations. Certaines branches refusent le financement d'actions rendues obligatoires par les textes réglementaires.

Face à une obligation légale de contribution des entreprises à la formation professionnelle qui se situe à 1.5 % de la masse salariale, certains secteurs d'activité évoluent entre 4 et 7 %. Cet engagement supplémentaire représente la traduction réglementaire des obligations de formation à la prévention des risques professionnels dans certains secteurs comme le nucléaire ou la chimie.

Les formations à la prévention des risques professionnels ont des contenus centrés sur les dangers et les règles de sécurité efficaces pour gérer les risques. Cependant, nous rejoignons Vidal Gomel17(*) lorsqu'elle précise que d'autres moyens sont mis en oeuvre par les opérateurs pour gérer les risques comme les savoirs faire de prudence transmis par la communauté de métiers, sur lesquels nous reviendrons plus loin.

Aujourd'hui, plusieurs dispositifs de formation sont envisageables et pratiqués. Des mises en situation sont proposées aux opérateurs, et les formations peuvent prendre appui sur les communautés professionnelles par des débats organisés au sein de la communauté de travail avec comme support un film de l'activité.

A titre d'exemple, Mhamdi et Ouni18(*) se sont intéressés à une pratique mise en oeuvre sur certaines Unités de Production Nucléaire. Une opération difficile est filmée en situation réelle. Le film est ensuite projeté à un groupe d'opérateurs en présence des managers et donne lieu à des échanges entre les professionnels présents. Cette méthode intitulée ARCAV favorise la prise de conscience des spécificités de chacun, à travers ses expériences personnelles. Le travail devient un objet de réflexion et d'analyse. Selon eux, les ARCAV permettent une construction collective «de pratiques, de savoir-faire, de savoir-faire de prudence» en favorisant la transformation de la représentation des participants. Dans ce cadre, la vidéo joue un rôle médiateur entre les agents, entre leurs expériences respectives. Cet outil de «mise à distance» de l'activité de travail favorise l'explicitation de l'activité, la discussion et la production de représentations partagées.

Ces méthodes n'excluent pas les formations technico-règlementaires et les complètent : connaître les règles de sécurité est une nécessité ainsi qu'une obligation légale. De plus, ces règles de sécurité sont les premiers « instruments » pouvant s'adresser à des opérateurs novices.

Ce rôle actif des opérateurs dans cette gestion de la sécurité constitue une rupture avec une vision de l'opérateur comme appliquant des règles de sécurité et conforte l'idée selon laquelle l'aspect participatif de la maîtrise des risques constitue une des clés de la réussite de la prévention des risques.

Dans le domaine de la formation et des habilitations du personnel, chaque site de production nucléaire met en oeuvre son propre système de développement des compétences. Le rôle du management est renforcé dans cette gestion en vue d'assurer la pérennité des compétences sensibles lors du départ massif à la retraite des agents dès 2008. Depuis 2004, chaque centrale dispose pour la formation des équipes de conduite de simulateurs pleine échelle susceptibles d'intéresser d'autres métiers comme le service Automatisme et Essais. Quand l'apprentissage pratique ne peut pas s'effectuer «sur le tas» pour des questions de sécurité ou de coût, ces simulateurs se substituent au réel. On apprend la pratique par la pratique, en imitant et en reproduisant. Une autre approche est celle de l'apprentissage par résolution de problème : quand un opérateur rencontre une situation pour laquelle il ne connaît pas la procédure qui permet d'atteindre la solution à coup sûr, il doit en faire un diagnostic pour pouvoir ajuster son action à la situation. Son apprentissage consiste alors à inventer une solution, une méthode à partir de ses connaissances.

Nos différents échanges avec les formateurs ont pu révéler une difficulté à mesurer l'impact de leurs animations. La métaphore est d'un usage courant et l'utilisation de l'anecdote donne du poids aux apports des formateurs en illustrant le savoir, notamment en réalisant un parallèle avec la vie quotidienne. Le personnel administratif, par exemple, ne perçoit souvent pas le danger puisque leur environnement de travail se rapproche de celui du domaine privé. L'objectif est de leur donner la possibilité d'avoir un oeil critique de la situation pour ne pas « tomber dans la banalité » en encourageant l'auto questionnement. Dans ce cadre, l'animateur interpelle les stagiaires sur des situations « à risques » présentes dans leur vie privée ( bricolage, nettoyage...). En effet, les accidents ne sont souvent pas la où on les attend. Or, le même produit chimique peut être utilisé autant à la maison qu'au travail, les conditions de rangement de l'atelier du domicile se rapprochent de celles qui concernent le repli d'un chantier.

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que les accidents de la vie courante dépassent largement ceux qui concernent le travail. Si l'on considère les accidents ayant nécessité des soins à l'hôpital ou ailleurs, 72 % sont des accidents de la vie courante, 24 % des accidents de travail et 4 % sont des accidents de la circulation19(*).

Pour notre part, nous considérons que la conception d'une action de formation doit prendre en compte la situation de travail de l'individu évoluant dans un environnement donné.

1-4-2 Une méthode de conception pour le développement des compétences : l'approche ergonomique

Pastré et Samurcay 20(*) distinguent deux modalités principales d'interaction entre l'ergonomie et la formation dont le noyau commun est l'analyse du travail :

§ La formation est un moyen d'action pour l'ergonomie (formation qui accompagne les changements technologique et organisationnels qui nécessitent le développement de compétences nouvelles)

§ L'analyse du travail est un outil pour la formation (construction de référentiel, de contenu de formation continue)

Parallèlement, ils identifient trois grands types de situations favorisant le développement des compétences :

1) l'exercice direct de l'activité comme dans le cadre de l'apprentissage « sur le tas » ou du compagnonnage,

2) l'alternance, c'est à dire par juxtaposition de formations théoriques et pratiques,

3) l'utilisation de situations de travail transposées à des fins didactiques, dont les formations sur simulateurs.

1-4-2-1 Le développement des compétences et la conceptualisation

Les auteurs définissent les compétences comme «un ensemble organisé de représentations (conceptuelles, sociales et organisationnelles) et d'organisateurs d'activité (schèmes, procédures, raisonnements, prise de décision, coordination) disponibles en vue de la réalisation d'un but ou de l'exécution d'une tâche.».

Ils posent alors les hypothèses suivantes : «1) les compétences sont relatives à des situations et classes de situations, et 2) le développement des compétences est le produit d'un double processus : apport de connaissances opérationnelles socialisées et/ou antérieurement constituées et construction de compétences par l'activité propre du sujet.»

Dans la lignée de Vergnaud ( 1990) qui postule qu'il existe, pour réaliser l'action, des concepts qui autorisent le prélèvement d'informations appropriées à la situation, nous adhérons au modèle dynamique de développement des compétences décliné en plusieurs plans par les auteurs :

1) Les compétences commencent à se construire autour des situations «modèles» où la conceptualisation est presque confondue avec les règles d'action.

2) Elles continuent à se développer par la construction des classes de situations avec des schèmes s'organisant à l'aide de concepts pragmatiques et qui servent alors comme bases d'organisateurs d'activité incluant des critères de choix d'actions adaptées à la situation.

3) La prise de distance avec les situations concrètes, les représentations circonstancielles et le répertoire d'actions : on sait faire et on comprend pourquoi on ne fait pas autrement.

4) l'opérateur peut faire face à des situations imprévues ou très rares.

Selon eux, la notion de conceptualisation renvoie à un réseau de concepts pour organiser et coordonner l'action. Le développement des compétences consiste à conceptualiser des situations, en transformant certaines connaissances acquises en des organisateurs de l'activité. En renforçant la construction des invariants de l'action à des niveaux supérieurs, la conceptualisation permet au sujet de construire des classes de situations de plus en plus riches et ainsi de traiter la variabilité des situations.

Pour cela, Vidal Gomel21(*)avance que pour identifier des compétences critiques, c'est-à-dire ce qui caractérise l'expertise de l'opérateur, il y a nécessairement une analyse du travail préalable. L'analyse de la tâche est tributaire de celle de l'environnement. Elle ne retient pas seulement les savoirs techniques, mais également les connaissances sur l'organisation du travail. Il convient d'identifier les savoirs de référence c'est-à-dire les invariants situationnels et conceptuels inscrits dans une activité organisée22(*).

A ce titre, Vergnaud (2007) indique «qu'un champ professionnel, nourri d'une variété de situations, peut être transformé, au moins partiellement, en champ conceptuel, c'est-à-dire en un ensemble organisé de concepts, objets et relations, qui transforment cette variété en un système de variations coordonnées.».

Pour ce faire, il incite à une analyse macroscopique, que nous avons réalisé pour ce qui concerne la caractérisation des écarts, pour étudier ensuite les aspects plus spécifiques d'une activité et de ses situations variées.

Pastré et Samurcay23(*) distinguent trois moments d'apprentissage en référence aux activités professionnelles : avant, pendant et après l'activité. Cette dernière phase de débriefing (instaurant des mécanismes de prise de conscience) apparaît être comme la plus importante au sens de Vygotsky et la théorie sur la zone proximale de développement qui montre l'écart positif entre les capacités d'un sujet pouvant s'appuyer sur autrui et sur ses capacités autonomes de conceptualisation. Par l'intermédiaire du formateur, Il doit pouvoir, dans ce cadre, se remettre dans le contexte de l'action et se distancer de celle-ci.

1-4-2-2 L'activité de simulation

La didactique professionnelle est l'analyse du travail en vue de la formation professionnelle. On utilise les situations de travail comme instrument d'apprentissage par l'intermédiaire de simulation. Il s'agit de pouvoir choisir les situations cibles du développement des compétences pour les convertir en situations de simulation..

Selon Rogalski et Samurcay24(*), ces classes de situation de travail doivent être «transposées» dans des contextes de simulation, en les décomposant pour cheminer vers un apprentissage progressif. Il s'agit soit de n'aborder qu'un sous système, soit de se concentrer uniquement sur certaines dimensions des situations de référence (les tâches, les rôles des acteurs...), ou de se focaliser sur une dimension particulière de la relation Sujet / Situation, dans le cadre de multi activités ou d'interférences dans la situation de travail.

Ils complètent ces critères en rappelant Pastré (1997) et les bonnes conditions permettant une transposition pertinente vers l'activité de simulation : une sélection appropriée des traits de la tâche et de l'activité, leurs degrés élevés de réalisme, une possible modulation de la réalité.

Ainsi, la situation d'apprentissage donnera la possibilité de « rejouer » la situation, de se tromper, d'analyser les erreurs, de ralentir la situation, de créer des situations inhabituelles, de construire des paliers d'apprentissage, d'apprendre par résolution de problème ou s'entraîner pour développer des habiletés. Elle présente des similitudes avec la situation réelle car l'aspect temporel et le contexte de l'activité sont respectés, et renvoie à une multiplicité de situations à niveau de stress variable.

En décomposant le réel, la simulation permet alors un apprentissage progressif. Elle offre la possibilité de réaliser des « actes risqués », et de tester ses limites (au sens du compromis cognitif d'Amalberti) ce qui est impossible en situation réelle particulièrement dans les systèmes dynamiques et complexes. La capacité de réversibilité jouera pleinement son rôle dans un contexte où le conflit entre l'apprentissage et la production n'existe pas.

Il parait alors essentiel que la conception de situations de formation comportant des risques professionnels doit prendre en compte la compétence du formateur de pouvoir identifier un risque à temps pour la mise en oeuvre d'une activité de récupération par exemple.

Après avoir présenter les principaux auteurs sur lesquels nous nous appuierons pour une partie de notre étude, la seconde partie du document aura pour objet d'éclairer le lecteur sur les principales caractéristiques du contexte ainsi que les points d'ancrage pertinents que nous avons choisis pour nourrir notre réflexion.

TITRE 2 Caractéristiques principales de la prévention des risques au sein d'un système complexe : le contexte EDF

2-1 Le système d'exploitation

2-1-1 L'activité tranche en marche et tranche en arrêt 

Le CNPE de Cruas Meysse est composé de 4 unités de production appelées « tranches » (900MW) et organisées par paire : tranches 1 et 2, tranches 3 et 4. Les 1120 emplois se répartissent comme suit : la direction, l'ingénierie et les services, l'exploitation et la maintenance. Les métiers de la maintenance (automatisme, essai, mécanique, électricité, méthodes, outillage) se retrouvent aujourd'hui intégrés à la section exploitation (Maintenance Contrôle, Performance) ou font l'objet d'une section à part entière.

Lorsque les tranches fonctionnent, la maintenance est plus légère. Lors de l'arrêt de fonctionnement d'une unité de production (réacteur et groupe turboalternateur), les opérations de maintenance sont assurées d'une façon plus appuyée, impliquant les deux sections et les entreprises prestataires, pour permettre l'entretien périodique de l'installation où le changement de combustible qui sont de trois ordres :

· Arrêt pour simple rechargement de combustible dont la durée est généralement de un mois, et où les opérations de maintenance sont restreintes

· Les visites partielles, par numéro de tranche d'une durée de 40 jours, réalisées de façon biannuelle.

· Les visites décennales et globales, d'une durée plus longue.

En règle générale, le personnel des entreprises sous traitantes de la centrale (environ 1000 personnes supplémentaires) réalisent les interventions en arrêt de tranche qui sont extrêmement planifiées en raison des coûts liés à l'indisponibilité d'une partie de la production d'électricité. Lors de ces périodes, les agents EDF sont principalement affectés à des fonctions de surveillance des interventions du personnel sous traitant, tout en gardant en partie une partie des manipulations pour pouvoir notamment intervenir lorsque les prestataires ne sont plus en poste, en cas d'astreinte par exemple. Ici, le personnel EDF est alors dans une dimension « du faire faire plutôt que du faire ».

2-1-2 Les principaux risques

Le risque radiologique n'est pas le seul risque présent dans les centrales nucléaires. Les risques classiques ou conventionnels doivent être pris en compte par l'application des réglementations en vigueur. Il s'agit alors d'engager en permanence des évaluations des risques que présentent les équipements ou les activités. En effet, ces dernières peuvent présenter des risques importants en raison des conditions de travail particulières de luminosité, d'espace, de température, de dosimétrie, d'humidité, de chimie ou de bruit. Il s'agit de maintenir d'une façon dynamique, la mise en place de mesures de prévention appropriées, de dimensions techniques, organisationnelles ou humaines, pour des risques liés aux installations électriques, aux produits chimiques utilisés, aux circuits d'azote ou d'hydrogène, à la manutention des charges ou aux travaux en hauteur. Cette liste non exhaustive des risques et les actions de prévention qui leur sont associées, peuvent également participer à la sûreté comme la prévention du risque incendie.

Dans le domaine de la sécurité, certains sujets sont traités au niveau national. En 2007, les thèmes concernaient, entre autres, les domaines des plans de prévention (sous-traitance) ou la recherche de substituts à certains produits chimiques comme le préconise le règlement REACH évoqué plus haut.

2-1-3 Les principales contraintes dans la gestion des risques

Aujourd'hui, Amalberti25(*) constate un éloignement de l'opérateur de la conduite manuelle du système ainsi qu'une recherche ultime de la performance. Ce paradoxe se traduit par le fait que face à un savoir faire technologique toujours plus grand, on assiste à une augmentation du consentement du risque : les trains vont trois fois plus vite avec un seul conducteur à bord, les navires modernes ont moins d'équipage qu'auparavant avec des performances supérieures. Les risques résiduels (très faibles) sont donc devenus plus intolérables qu'avant, notamment avec la présence d'enjeux médiatiques importants. Comme le rappelle l'auteur, « notre société est donc condamnée à inexorablement progresser en matière de sécurité ».

Les responsables d'entreprise ont donc tendance à imposer la manière d'opérer en réduisant au maximum les degrés de liberté de l'opérateur et s'approprient par conséquent le métier de ce dernier en vue de standardiser les comportements.

L'opérateur doit jouer une double partition : celle qu'on lui impose par la prescription et celle qui lui est personnelle. Cette régulation est la source de variation la plus grande du système et donc constitue un facteur risque important.

Les opérateurs de centrale nucléaire se trouvent en permanence dans un système ou il doivent accepter de ne pas tout comprendre et doivent donc accepter un niveau de compréhension incomplet mais à priori suffisant pour l'objectif de performance qu'ils doivent atteindre. A cela s'ajoute la notion de réversibilité qui s'avère difficile dans un contexte de processus dynamique. En effet, la fonction d'annuler une action sur le système par une action inverse n'est souvent pas permise. Cet aspect est source de complexité pour l'opérateur car la maîtrise de cette réversibilité est une assurance pour la sécurité et permet d'atteindre un niveau de raisonnement approfondi sur la situation de travail (essais...). Par ailleurs, la pression temporelle affaiblit la stratégie de prise de décisions en réduisant le nombre de solutions envisagées.

2-1 Une dimension prescriptive de l'activité

2-2-1 La transparence de l'action collective

Mayen et Savoyant26(*) démontrent que c'est précisément pour empêcher d'agir de manière spontanée que la règle est édictée, car certains phénomènes sont "imprévisibles". Une partie de la situation échappe à la perception et au contrôle des agents et la circulation ferroviaire et sa sécurité sont assurées par l'activité conjointe d'un ensemble d'acteurs. Ceux-ci ne peuvent interpréter la situation et agir qu'en référence à l'action prescrite.

Il rejoint ainsi la conception d'Amalberti27(*) sur l'éloignement Homme / Système quand il complète : « La notion de confiance, dans les installations et dans les autres professionnels, est fondée sur la connaissance de la manière dont les autres, la plupart du temps éloignés les uns des autres, agissent et comprennent, et cela n'est possible que parce que leurs manières d'agir sont cadrées par le règlement.». La prescription a donc pour premier objectif de cadrer la dimension collective de l'activité pour en réguler la dynamique.

En permettant une certaine transparence de l'action collective, nécessairement interactive et dont les opérateurs ne peuvent avoir une vision en temps réel en raison de sa complexité, Berthet et Cru28(*) soulignent l'importance de la prescription avec l'idée selon laquelle « le travail ne se réalise pas n'importe comment, qu'il y a effectivement un ordre dans l'exécution des opérations, que certaines phases sont critiques et qu'un minimum de méthode et de préparation est nécessaire. Revaloriser la fonction du mode opératoire - et donc de la prescription - ne signifie pas restreindre les libertés d'action des opérateurs mais au contraire « promouvoir une notion clarificatrice de l'action collective ».

Les auteurs rappellent que : «les démarches d'analyse du travail doivent donc ouvrir leurs périmètres d'investigation à l'action des prescripteurs, à leur perception des enjeux, aux systèmes de contraintes et de prescriptions dans lesquels ils exercent leurs activités, à leurs pratiques professionnelles. »

2-2-2 la conformité au référentiel

EDF a intégré dans son fonctionnement l'expérience de l'exploitation des centrales nucléaires en France et à l'étranger. Cette progression a nécessairement joué sur les caractéristiques des prescriptions dont le respect est garanti auprès de l'Autorité de Sûreté Nucléaire. Ce référentiel prescriptif a fortement impacté les activités de travail.

En tant que système à risques, les centrales nucléaires sont soumises à des prescriptions incontournables en matière d'exploitation et de sûreté. Les documents prescriptifs sont contraignants et réduisent la marge de manoeuvre des hommes au travail.

La prescription, en tant qu' «ordre formel et détaillé qui énumère ce qu'il convient de faire »,29(*) constitue un ensemble de règles à suivre incontournables sur le plan de la sûreté nucléaire. Il convient de s'interroger sur le caractère exhaustif de «ce qu'il convient de faire » dans une activité donnée. Ce critère d'exhaustivité appelle à la multiplication de la prescription dont les objectifs sont alors quelque peu dilués dans un système complexe.

Buessard et Fauquet30(*)précisent que la prescription « représente un volume considérable de documents et il est impossible de la connaître dans sa globalité en permanence. Ainsi, l'organisation parcellise la prescription et spécialise les personnes et les activités par domaine». Il arrive, à force de la décliner à différents niveaux, que le lien entre l'objectif et l'activité de travail n'aille plus de soi.

Selon les auteurs, la prescription entretient la parcellisation des tâches et une absence de vision globale de l'activité : le sens du travail est ainsi altéré : «Nombreux sont les spécialistes qui ont mis en évidence l'injonction paradoxale à laquelle sont soumis les opérateurs : travailler selon la prescription (dont l'objectif est de rendre prévisible le comportement humain afin d'éviter l'erreur) tout en conservant une attitude interrogative vis à vis de l'activité de travail. Cela contribue à ce que l'Homme perde le sens de ce qu'il fait, et perde ainsi son efficacité dans l'accomplissement de sa tâche, et ses capacités à identifier ou à rectifier les situations dégradées.».

Ces difficultés peuvent être compensées par le professionnalisme des agents. Lors des phases d'arrêt de tranche, les équipes s'interrogent et recherchent de façon constante le respect du référentiel. Dans le cadre de notre étude, notamment pour l'analyse de l'activité, un agent interrogé sur l'utilisation des prescriptifs au sein de son activité avance que « pour l'instant, je les ai dans la tête, j'ai pas eu le temps de les relire. Après c'est des échanges avec les techniciens. Quand on a un doute, on va voir son contremaître, les ingénieurs. Quand il y a un cas particulier, on va chercher. Sinon, on perd trop de temps, on commence à chercher, on sait pas où c'est...On a des spécialistes ingénieurs et les chefs de section, nos MSI. Il y a des gens qui sont porteurs de tel et tel référentiel, donc on va les voir.».

A cette problématique de conformité au référentiel peut s'ajouter celle de la re-programmation en temps réel des activités prévues (par exemple, un défaut de matériel générant une charge de travail non prévue). Le problème est traité au détriment des activités prévues et implique de devoir éventuellement intervenir dans un état d'installation non prévu ou dans un cadre d'activités incompatibles.

2-2-3 La tâche redéfinie

Pour Mayen et al,31(*)la prescription est «un ensemble de procédures et de précédents ». En tant que capitalisation des acquis de l'expérience, les prescriptifs peuvent être analysés en termes d'organisateurs de l'activité. Ils cadrent ainsi l'activité et l'orientent.

Ils s'interrogent sur l'identification des composantes de l'activité prises en charge par une prescription : quels buts, quelles règles d'action, de prise d'information, de contrôle, quels invariants opératoires ?

Les auteurs proposent de réintégrer la prescription dans le champ des préoccupations de la formation professionnelle en tant qu'objet de formation et objet à travailler, pour analyser les situations ou en proposer la construction instrumentale aux professionnels.

Il rappelle la notion de tâche redéfinie : « un agent à qui est confiée la tâche prescrite n'est jamais un pur exécutant de celle-ci. Il se définit sa propre tâche à partir de la tâche prescrite et à partir de ses propres caractéristiques ». Le sujet doit comprendre la tâche prescrite avec ce qu'il est et sa place dans l'organisation en évaluant sa capacité en ressources dont il dispose (expertise, instrument, niveau de risque, valeurs...). Par cette appropriation, il y a donc une réélaboration de la prescription.

Toujours dans le cadre de nos interviews menées sur la perception des risques, notamment de plain-pied, à la question « Que représente la part que vous dédiez au traitement des informations relatives à la sécurité dans une journée type ? », certains éléments de réponses peuvent être ici évoqués : « toute la journée, il faut être vigilant à tout ce qu'on fait. On contrôle toute la journée. Il y a plein d'informations différentes les une des autres. Je cherche la bonne information, c'est pas forcément évident, il faut avoir une logique ». Un autre agent estime qu'il y en a trop : «  Il y en a qu'on peut pas trop appliquer parce que si on les applique, le boulot n'avancera pas. On essaye toujours d'appliquer mais bon...si on applique vraiment ce qu'on doit faire à l'accès véhicule ben, je vous garanti qu'a midi il y a encore des véhicules qui attendent jusqu'au rond point... Il y a des consignes...bien souvent elles sont en phase, ils sont obligés de se mettre en phase. La dernière, c'est pour l'arrêt de tranche. Faire attention à ça, Faire attention à ça, bien souvent c'est les mêmes qui reviennent. On va dire qu'on les lit. »

Leur étude sur le travail des agents de circulation à la SNCF démontre une remise en cause de la règle au profit de la référence à ses propres perceptions, à son propre raisonnement, à sa propre capacité d'initiative (et revendiquant une part de liberté individuelle).

Les professionnels interprètent la situation en partant du fait qu'il n'est pas nécessaire de respecter la procédure d'aussi près puisqu'ils considèrent qu'il n'y a pas de risques et qu'ils connaissent très bien le contexte.2(*)7La tâche prescrite ne peut tout définir et contient une part implicite de compétences présumées. De ce fait, il arrive, que lors de son exécution, le résultat ne soit pas celui attendu. Ainsi, le concepteur de la tâche à réaliser dont découlera la tâche prescrite doit absolument avoir une représentation fine des compétences du sujet ; On peut donner pour exemple, les notices d'utilisation d'un appareil domestique qui ne sont, par ailleurs, pas toujours adaptées aux compétences de l'utilisateur, qui réalise généralement la mise en fonctionnement indépendamment des indications données.

Comme nous l'avons vu, un des enjeux de la prescription est donc de pouvoir combiner justement les aspects collectifs du travail mais également ceux qui relèvent plus de l'individu et de sa capacité à réagir dans un environnement donné. En disposant de savoir-faire de prudence, de pratiques informelles de sécurité, qui complètent les règles prescrites ou s'y substituent, Vidal Gomel33(*)remarque que les opérateurs élaborent un ensemble de moyens qui peuvent assurer des fonctions de sécurité complémentaires.

L'auteur remarque par ailleurs que certaines règles formelles ne sont appliquées qu'en fonction du contexte. C'est le cas pour les électriciens du contrôle d'absence de tension, non mis en oeuvre ou remplacé par des contrôles locaux. Des pratiques informelles, plus ou moins efficaces, peuvent donc se substituer à la règle. Ainsi, quand l'intensité est faible, l'opérateur porte des gants de manutention plutôt que les gants de protection, un autre porte ses lunettes de vue plutôt que des lunettes de protection.

Elle fait l'hypothèse qu'avec le développement de l'expérience, l'opérateur ne fonctionne pas uniquement avec un modèle de normalité des situations. Il est capable de se représenter des situations anormales impliquant un «champ» de classes de situation plus étendu. Elle constate que l'opérateur expérimenté a mis en oeuvre des actions d'identification du risque qui se sont substituées à la règle de sécurité. En effet, dans certaines situations anormales, ces moyens sont plus précis et plus efficaces que la règle.

L'écart entre le travail prescrit et réel est très important pour l'ergonome car il lui permet de voir la variabilité de situations de travail (aléas) prises en charge par le professionnel en restant dans un objectif de production satisfaisant. Une autre gamme opératoire que celle prévue par le prescrit est mise en place. Il faut chercher alors à comprendre les raisons de ces écarts qui sont susceptibles d'être profitables aux conditions de travail.

2-2-4 La systématisation de l'analyse des risques ( Adr)

Comme nous l'avons souligné, les sites de production sont un lieu où s'interconnecte un grand nombre d'activités de maintenance et d'exploitation. Une analyse de risque (AdR) est réalisée systématiquement dans la période de préparation de l'activité qui porte sur les phases de déroulement de l'action, les conditions de l'exécution et l'identification des risques pour mettre en place les parades adéquates. Elle répond à deux exigences, celles de la sûreté et de la sécurité.

Difficile dans son élaboration et sa mise en oeuvre, notamment en ce qui concerne l'aspect de l'adéquation entre le contexte du travail et ce qu'elle peut préconiser34(*), l'analyse de risques, comme le rappelle Fauquet35(*) et dans l'hypothèse de multi activités, implique la nécessité pour l'agent de garder à l'esprit « l'ensemble des AdR associées et une prise d'informations permanentes auprès des différents acteurs de chacun des collectifs de travail ainsi qu'auprès de l'installation ».

Selon l'auteur, « l'AdR prend rarement en compte cette mixtion d'activités ; elle se focalise sur les objectifs propres de l'activité pour laquelle elle est élaborée ». L'enjeu est donc de trouver les moyens de donner à l'agent les paramètres nécessaires pour l'élargissement de la vision qu'il peut avoir du système complexe dans lequel il évolue.

Dans le cadre de nos différents entretiens, ce document, reconnu comme nécessaire et permettant «d'échanger avec les autres», ne fait pas toujours l'unanimité sur son contenu en raison de son caractère quelque fois incomplet ou « automatisé ». Si le contexte de travail a changé depuis la réalisation de l'analyse, le danger est qu'ici l'opérateur, confronté au fortuit, ne soit pas en mesure de continuer à actualiser l'analyse en phase de réalisation de l'intervention, si l'évaluation préalable est sortie du contexte réel de la situation de travail. Ainsi, sur la base de son expertise et de ses représentations du risque, l'agent va décider ou non ainsi de mettre à jour cette analyse des risques lors de son intervention.

Par ailleurs, considérée généralement comme une étape obligatoire sans laquelle l'intervention ne peut se réaliser, l'analyse de risque est perçue comme une pièce supplémentaire au document d'intervention, et peut ainsi ne pas être lue par l'ensemble des intervenants.

Lors de l'évaluation des risques d'une intervention, «l'approche est, dans la majorité des cas, essentiellement descriptive, et se base davantage sur la prescription que sur les besoins de l'activité de travail».

La démarche est globalement la suivante : après avoir placé les risques de l'activité sur une grille, l'objectif est de définir les parades possibles pour les risques inacceptables afin qu'ils deviennent acceptables, basés sur la réalisation d'événements qui peuvent s'échelonner, en terme de gravite ou de probabilité de réalisation selon les critères suivants : faible, moyen, élevé, très élevé.

Cette méthode reprise sur l'outil de Farmer ( figure 1), nous permet de rejoindre ce que nous avons présenté plus haut sur la notion de risque. Cette courbe empirique, où la fréquence et la gravité sont mises en corrélation, permet de différencier le risque acceptable du risque inacceptable. Nous rappelons qu'un risque peut être défini comme acceptable, lorsque l'on consent à vivre avec, en contrepartie d'un bénéfice et dans la mesure où il est contrôlé.

Fréquence

Risques inacceptables

Risques acceptables

R. courant R. moyen R. majeur

Gravité

Figure 2 : Courbe de Farmer (1967)

Trois domaines sont illustrés :

1/ Evénements à fréquence très élevée et de faible gravité qui sont du domaine du risque individuel : risque courant

2/ Evénements à fréquence moyenne aux conséquences graves : risque moyen

3/ Evénements à fréquence faible et de grande gravité : risque majeur

Cette appréciation des risques doit prendre en compte l'activité métier et l'environnement. La notion d'interprétation peut être importante selon le niveau de perception des risques et peut engager une certaine difficulté à rendre pertinentes les parades dans l'exécution du travail.

2-4 Les opérations de sous-traitance 
2-3-1 les prestataires du nucléaire

En France, face aux exigences de compétitivité et de productivité de l'entreprise et dans un contexte de mondialisation de marchés, une tendance à une flexibilité du travail et de l'emploi s'est traduite par une augmentation de la précarité ainsi qu'une intensification du travail.

Dans ce contexte, Raymond, Munoz et Blanc et al36(*) distinguent la notion de flexibilité selon qu'elle relève de solutions quantitatives ou qualitatives internes à l'entreprise (comme le recours aux heures supplémentaires, l'annualisation du temps de travail, le recours au temps partiel, la polyvalence des salariés, la formation tout au long de la vie active, la mobilité interne entre établissements ou services de l'entreprise...) ou de solutions trouvées à l'extérieur de l'entreprise ( le recours aux contrats d'intérim, de saisonniers, contrats à durée déterminée ou la sous-traitance).

Cet impératif entraîne donc une forte rotation de personnels au sein des entreprises, provoque une complexité croissante de l'environnement organisationnel et donc, par conséquent, un facteur de risques professionnels susceptible d'être accru.

Les auteurs précisent que la mémoire se considère comme un lieu de stockage des représentations et des connaissances constamment sollicitées tant dans l'activité quotidienne de travail que dans l'apprentissage de compétences (aspect individuel), et qui permet à un groupe d'exister à travers l'élaboration d'une histoire, d'un passé commun (aspect collectif).

En se référant à Demailly (1994), ils rappellent que les organisations doivent se considérer comme des systèmes d'interprétation d'un environnement complexe, incertain et changeant. Compte tenu de ces caractéristiques, la mémoire permet d'en repérer les invariances, les redondances ou les variations.

Selon eux, les organisations, en tant que réseaux interindividuels de significations entretenues et développées au travers d'un langage commun et d'interactions sociales permanentes, créent des croyances partagées. Ainsi, la mémoire organisationnelle va saisir la façon dont les décisions sont prises et la manière dont les problèmes sont résolus par les membres de l'organisation pour les structurer de façon plus abstraite sous forme de cadres de référence.

Ils s'interrogent sur l'absence de mémoire organisationnelle ( pour ce qui nous concerne, les salariés prestataires non permanents) qu'ils identifient comme un facteur d'augmentation des accidents du travail et des risques professionnels.

En période d'accroissement de l'activité, et plus particulièrement dans les activités de maintenance relatif aux arrêts de tranche d'une centrale nucléaire, Doniol-show et al37(*) remarquent qu'un nombre d'heures travaillées plus élevées et l'utilisation d'emplois précaires entraînent un risque plus important, tout comme le recours accru à la sous-traitance qui déplace une partie de la gestion du risque vers des employés hors du cadre organisationnel de l'entreprise d'accueil.

On peut ainsi avancer que la faible ancienneté dans l'organisation augmente de manière importante la probabilité d'accident du travail, notamment pour les salariés «nouveaux arrivants » qui n'ont pas accès à cette mémoire organisationnelle.

Ces préoccupations se retrouvent dans l'enquête SUMER38(*) dont un des objectifs était de disposer d'une carte des expositions à des nuisances ou à des situations de travail susceptibles d'être néfastes pour la santé. qui montre qu'avec l'ancienneté et l'âge, le risque d'accident diminue : 7,9 % des jeunes de moins de 25 ans ont eu un accident avec arrêt dans l'année précédente ; au-delà de dix ans d'ancienneté dans l'établissement le risque tombe à 3,2 %. Les intérimaires (8,6 %) sont beaucoup plus souvent victimes d'accidents que les autres salariés ; mais ce n'est pas tant leur statut d'emploi que leurs autres caractéristiques qui contribuent à ce risque élevé : leur jeunesse (les intérimaires sont en grande majorité des jeunes), leur faible ancienneté, le fait qu'ils exercent souvent une profession d'ouvrier, ainsi que la présence de certains risques auxquels ils sont davantage exposés (comme les horaires imprévisibles) constituent des facteurs de risques qu'il faut considérer.

2-3-2 L'activité de surveillance, d'appui et de conseil

Comme nous l'avons vu, en période d'accroissement d'activité (arrêt de tranche), un nombre important de salariés d'entreprises prestataires est présent sur l'exploitation. Les agents issus des métiers de la conduite ou de la maintenance renforcent ainsi leurs postures qui consistent à investir un rôle de surveillance et d'appui (le «faire faire»). Cette activité est «explicite» pour certains agents nommés chargés de surveillance mais peut également être une caractéristique importante d'autres référentiels métiers des différents services.

Afin de s'assurer de la qualité des activités confiées aux prestataires, la démarche de surveillance représente une part significative de l'activité des agents affectés à la conduite ou à la maintenance. Sans décharger le prestataire de ses responsabilités contractuelles , ils mettent en oeuvre la surveillance de la prestation selon les exigences du site, en veillant à ce que les biens ou services fassent l'objet de contrôles et que les parades adéquates aux risques encourus lors de l'analyse préalable ont été prévues.

Cette veille débute dès la notification des exigences des appels d'offre. Elle constitue donc une mission intégrée à l'affaire. Elle est continue, de la préparation de l'intervention jusqu'à l'analyse de sa réalisation (fiche d'évaluation de la prestation). Le champ de la surveillance couvre les thèmes comme : la qualité technique, l'organisation qualité et la culture sûreté, les délais, la sécurité et la radioprotection, les moyens mis en oeuvre (techniques et humains, habilitations et qualifications, respect de la législation), l'environnement (propreté, stockage déchets), le rapport coût/qualité et l'aptitude à faire face aux aléas.

Avant l'intervention, le chargé de surveillance doit ainsi piloter la réunion de « levée de préalables » reprenant toutes les exigences sans lesquelles une intervention ne peut avoir lieu. Il doit donc prendre connaissances des différents documents opératoires requis (analyse de risque, retour d'expérience des prestations précédents, documents de conformité...) et vérifier la conformité des moyens humains et techniques selon les enjeux particuliers de la situation.

Pendant la prestation, il participe à l'ouverture de chantier lors d'une visite contradictoire formalisée au travers d'un PV, réalise les visites de surveillance conformément au plan défini. Il évalue la qualité du geste professionnel selon les « règles de l'art » et la culture Sûreté des intervenants. Il apprécie la compétence de l'encadrement et sa capacité à proposer des améliorations. Il veille aux risques que fait encourir le fournisseur aux autres entreprises et doit détecter des risques non identifiés dans le cadre du plan de prévention.

Lorsque la prestation évolue, il redéfinit son programme et l'analyse de risques. Il réalise des fiches d'écart si nécessaire et doit pouvoir apprécier l'état d'un chantier pour l'interrompre en cas de non respect des exigences Qualité, Sûreté et Sécurité.

Après la prestation, il rédige un rapport comprenant le programme de surveillance renseigné, la liste des défaillances du prestataire et leurs traitements, le document de suivi et la fiche d'évaluation. Il évalue la conformité des résultats obtenus en fonctions des critères définis. Il participe également au retour d'expérience de la prestation pour identifier les bonnes pratiques et les dysfonctionnements et propose des améliorations.

Au sein de cette fonction, l'ensemble de ses savoirs et savoirs faire relèvent, dans un premier temps, du champ de l'évaluation et de la mesure d'une prestation et cela implique par conséquent d'être en capacité de défendre et d'argumenter une position différente de celle d'un fournisseur dans le domaine de la prévention des risques, quels qu'ils soient.

2-4 Le facteur humain et la fiabilisation des interventions

En 1979, sur la centrale de Three Mile Island, une mauvaise manoeuvre sur un circuit auxiliaire a entraîné automatiquement l'arrêt du réacteur. Cet enclenchement, prévu dès la conception de la centrale, a fonctionné normalement. Malheureusement, la situation présente n'a pas été perçue comme elle aurait dû l'être. En effet, l'opérateur n'avait pas certaines informations qui lui aurait permis de la comprendre. Il a donc réalisé des opérations qui ne correspondaient pas à la situation et mis en échec les systèmes de sûreté en arrêtant manuellement les dispositifs de secours, enclenchés automatiquement pour envoyer de l'eau dans la cuve du réacteur pour le refroidir.

Depuis l'accident, on peut retenir deux points essentiels présents dans les importantes études sur la prévention des erreurs et l'importance du facteur humain dans la maîtrise de ces dernières :

- L'importance des actions humaines pour le bon déroulement des processus car les concepteurs ne peuvent pas prendre en compte l'ensemble des situations possibles. La sûreté dépend de la capacité à comprendre les situations et à réagir aux imprévus.

- La nécessité de chercher les causes des erreurs et ne plus seulement les classifier, de proposer des solutions systémiques en ne regardant pas uniquement l'individu qui les a commises.

Amalberti39(*) rappelle la notion essentielle de « sécurité écologique » qui recouvre l'ensemble des mécanismes spontanés mis en jeu par l'opérateur pour maîtriser la situation, qui d'après lui, doivent être accompagnés et non contrés.

Il précise cette dimension de maîtrise par le fait que l'opérateur ne cherche pas la perfection mais considère que le résultat de son action est acceptable par rapport à l'objectif fixé, s'il détient les ressources nécessaires pour atteindre le but. En tant que « variable accessoire », l'erreur permet de régler la maîtrise de la situation et se couple avec la « variable essentielle » qui est l'auto estimation de la compréhension de la situation et des stratégies adoptées. Dans ce cadre, l'opérateur peut laisser l'erreur se matérialiser entièrement et ce laps de temps lui permet d'organiser d'autres activités.

Ainsi, trop de défenses peuvent déresponsabiliser les opérateurs. Dans un système où l'objectif s'approche du « risque zéro », des contraintes temporelles importantes peuvent émerger dans un contexte dynamique auquel ils doivent constamment s'adapter. Pour l'auteur, il est également important de pouvoir décloisonner les différents niveaux d'un système et envisager ainsi l'aspect systémique et collatéral de la prévention. Ainsi, dans un contexte contraignant, il convient d'insister sur le temps donné aux échanges entre le management et l'opérateur afin de renforcer la Culture Sécurité.

Le secteur nucléaire a pu s'inspirer des efforts du domaine de l'aéronautique (fiabilisation de matériels, déploiement de l'informatique, développement pour la simulation) qui ont conduit à une amélioration importante de la sécurité. En effet, la résolution des problèmes techniques a pu mettre à jour des problèmes d'origine humaine entraînant ainsi une progression de facteurs humains. Trois axes de développement ont pu ainsi émerger : la consolidation des compétences non techniques (communiquer, collaborer, gérer les conflits, le stress ou la fatigue), le renforcement du retour d'expérience et la réduction de la charge de travail.

Depuis 1980, ces efforts ont contribué à stabiliser la sécurité du système sans pour autant réduire le taux d'accident.

La création d'encadrement ou de procédures supplémentaires n'a pas permis la réduction des écarts entre le prescrit et le réel malgré les apports de l'action ergonomique. En effet, nous l'avons vu avec Amalberti, les restrictions du périmètre autorisé pour travailler ont favorisé la « violation » de la prescription. Le traitement de cette dernière doit faire l'objet d'une approche systémique pour donner la priorité à des actions directes sur le système de gouvernance et ne pas rester seulement sur un traitement individuel des erreurs.

Afin de générer une diminution notable des événements ayant une cause reliée au facteur humain et donc améliorer les résultats de sûreté, de sécurité, et de radioprotection, de l'environnement et la production, EDF préconise sur l'ensemble des parcs nucléaires et pour tout les métiers dont l'activité est en lien avec les installations, la mise en oeuvre de six pratiques de fiabilisation des interventions :

§ Le pré job briefing qui prépare individuellement et collectivement à l'action, à l'anticipation de la gestion des problèmes possibles et de leurs solutions,

§ La minute d'arrêt qui garantit la sécurité personnelle de l'intervenant en faisant en sorte qu'il ne s'engage pas trop rapidement dans l'action,

§ L'autocontrôle pour garantir l'adéquation entre l'action prévue et le matériel sollicité avant de passer à l'action,

§ Le contrôle croisé pour assurer à deux un contrôle de l'exécution des actions avant leur réalisation,

§ La communication sécurisé pour permettre une transmission orale d'une information claire, complète et ciblée,

§ Le débriefing pour retenir et capitaliser les éléments d'expérience sur l'activité et les conditions de sa réalisation, identifier les problèmes rencontrés dans la situation de travail et envisager les sources potentielles d'amélioration.

L'objectif est de faire en sorte que tous professionnels «fasse bien du premier coup » par la mise en oeuvre de pratiques standards, reconnues et éprouvées par tous, dès qu'on intervient sur l' installation. Nous sommes ici dans une dimension d'autocontrôle de soi, impliquant une vigilance de tout les instants, face à des situations à risque comme un changement récent des procédures, une activité complexe impliquant des acteurs multiples, une modification de la planification ou des conditions d'intervention, une activité longue, laborieuse engendrant une fatigue importante et un stress élevé ou au contraire, une activité habituelle et routinière.

2-5 La commande

En lien avec la mise en place du système de management de la sécurité OSHAS dont l'une des exigences est l'engagement à satisfaire à la législation en vigueur en matière de santé et sécurité au travail, l'objectif de la mission consistait en une mesure des écarts entre les obligations légales de formation, les prescriptions complémentaires de la DPN et les pratiques formatives du site dans le domaine de la prévention des risques professionnels.

Ce diagnostic devait alors prendre en compte l'ensemble des risques potentiels de la centrale (les risques liés à la formation générale de sécurité pour les nouveaux arrivants, aux agents biologiques, à la radioprotection, à la manutention manuelle, au bruit, à l'utilisation des échafaudages, à la coordination de chantiers, à l'électricité, aux équipements à écran de visualisation, aux machine neuves, à la mise en oeuvre ou à la maintenance des équipements de travail, au transport de matière radioactive, à la circulation sur voie ferrée, à la circulation/ évacuation des personnes, à l'exécution du travail, à la sécurité pour certaines catégories de personnel...) et leur mise en rapport avec l'ensemble des dispositions légales issues de différentes sources (code du travail, de l'environnement, de la sécurité sociale...) ou autorités (CRAM, CNAMTS...).

Au préalable, une analyse des procédures internes (le plus souvent déployées et adaptées du niveau national) a été réalisée afin de pouvoir comprendre les différents niveaux d'exigences et de contraintes locales.

Une lecture du plan de formation N-3 à 5 ans a permis de vérifier si les critères de renouvellement des actions de formation (recyclage) prévus légalement avaient été respectés.

Une comparaison des politiques des autres CNPE vis-à-vis de certains risques et formations associées a également été effectuée. Elle a permis la transposition des points forts de certains dispositifs (par exemple une certification OHSAS basée sur une démarche participative) pour améliorer les points faibles identifiés (plus particulièrement basés sur l'analyse des situations réelles de travail et susceptibles d'exister sur le site de Cruas)

Il convient de préciser que l'aspect réglementaire implique généralement la première base de réflexion pour induire de nouvelles situations de formation. Certains textes préconisent par ailleurs des objectifs pédagogiques précis. Il convient également de remarquer que chaque risque professionnel fait l'objet d'un article du code du travail. Cette segmentation formelle peut impliquer des conduites qui consistent, à catégoriser les risques (physiques, chimiques, électriques...), dont on tente d'en diminuer la fréquence, ou d'interposer des "écrans". Dans ce cas, la gestion des risques va consister à les détecter et à mener une action technique (comme la formation) et/ou prescriptive pour les éviter.

Un bilan général a présenté une analyse/comparaison des obligations réglementaires dans le domaine de la formation à la prévention des risques professionnels avec les pratiques de formation en cours sur le site de Cruas. L'objectif de cette mesure des écarts a permis de planifier un certain nombre d'actions en direction du personnel exposé aux risques identifiés dans le document unique et mis en lien avec les fiches de poste.

Notre démarche a privilégié la compréhension du travail réel, la connaissance de l'activité, en prenant en compte la complexité des facteurs qui déterminent la façon dont l'activité est réalisée et les conséquences en matière de santé/sécurité. L'Homme, en tant qu' «acteur des interactions qui constituent l'organisation du travail»,40(*)il ne s'agit pas de «raisonner risque par risque mais d'établir des liens entre les différents déterminants de l'activité, prendre en compte les variabilités pour comprendre les configurations singulières dans lesquelles naissent les risques ».

Ainsi et pour suivre les travaux de Munoz41(*) sur les fonctionnels de sécurité, notre démarche s'est traduite par deux niveaux de prélèvement d'information qui ont été nécessaire pour la mise en oeuvre des actions :

- La connaissance du risque et de la prescription associée

- La connaissance de l'état du système de maintenance, champs possibles d'interférences, des disponibilités matérielles, humaines et de production, les parades collectives existantes (ventilateurs, dispositifs d'alarmes, procédure d'évacuation...)

Dans son étude sur les fonctionnels de sécurité, l'auteur distingue les trois champs conceptuels pour lesquels le professionnel doit pouvoir se construire une représentation pour agir à travers une dimension triple du risque : la réglementation qu'il s'agit de respecter (la référence), l'état du niveau de sécurité de l'entreprise et son degré de conformité à la réglementation (le contexte), les actions priorisées à entreprendre au vu des deux ensembles de conceptualisation précédents (champs d'action).

Si on reprend à notre chef cette catégorisation, et pour le domaine de la prévention des risques, la référence serait pour nous la prescription d'ordre général interne et externe (notion de culture sécurité, fiabilisation des interventions...). Le contexte serait représenté par l'état du système, le niveau des interventions (usure de l'équipement ) programmées ou fortuites, le fonctionnement du système d'exploitation (TEM, TEA), les délais, le compagnonnage, l'appel à l' intérim, aux sous traitants...

L'écart entre la référence et le contexte décidera du champ d'action dans les délais impartis.

C'est sur cette base que nous présenterons ce champs d'action, qui concerne d'une part :

§ La conception d'une action de formation liée au risques chimiques en considérant une principale donnée d'entrée : la situation de travail, et d'autre part,

§ Le recueil d'indicateurs sur la perception d'un type de risque se démarquant des autres par sa fréquence et sa gravité, en l'occurrence le risque de plain-pied. Cette analyse exploratoire a pour objectif de mieux comprendre les accidents de plain-pied, de dégager des points de repères pour leur prévention.

Notons que pour ce dernier, il n'existe pas d'obligations spécifiques visant expressément la prévention des accidents de plain-pied42(*), contrairement aux risques chimiques qui font l'objet d'une multitude de règlements nationaux et internationaux.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

Amalberti, R. (1996). La conduite des systèmes à risque. Paris : Presses Universitaires de France.

Boisselier, J. (2004). Naissance et évolution de l'idée de prévention des risques professionnels. Paris : Institut National de la Recherche Scientifique.

Brousseau, G. (2004). Théorie des situations didactiques. Paris : La Pensée Sauvage.

Leplat, J. (1985). Erreur humaine, fiabilité humaine dans le travail. Paris : Armand Colin.

Leplat, J. (1997). Regards sur l'activité de travail : Contribution à la psychologie ergonomique. Paris : Presses Universitaires de France.

Kouabenan, D.R. (1999). Explication naïve de l'accident et prévention. Paris : Presses Universitaires de France.

Kouabenan, D.R., Cadet, B., Hermand, D., & Munoz Sastre, M.T. (2007). Psychologie du risque : Identifier, évaluer, prévenir. Bruxelles : De Boeck Université.

Merri, M. (2007). Activité humaine et conceptualisation : Questions à Gérard Vergnaud. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

Plot, E. (2007). Quelle organisation pour la maîtrise des risques industriels majeurs ? Mécanismes cognitifs et comportements humains. Paris : L'Harmattan

Reason, J. (1993). L'erreur humaine. Paris : Presses Universitaires de France.

THESES

Cambon, J. (2007). Vers une nouvelle méthodologie de mesure de la performance des systèmes de management de la santé sécurité au travail. Thèse de doctorat en sciences et métiers de l'ingénieur. Ecole de Mines de Paris. Paris.

Denis-Rémy, C. (2007). Approche de la maîtrise des risques par la formation des acteurs. Thèse de doctorat en sciences et métiers de l'ingénieur. Ecole de Mines de Paris. Paris.

Vidal-Gomel, C. (2001). Le développement des compétences pour la gestion des risques professionnels : Le domaine de la maintenance des systèmes électriques. Thèse de doctorat en psychologie ergonomique. Université Paris 8, Saint-Denis.

ACTE DE CONGRES

Berthet M., Cru D. (2002). Avec les évolutions de la prescription, comment se transforme le travail et comment enrichir nos démarches et instruments d'analyse? [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF, 107-120.

Buessard, M.J., Fauquet, P. ( 2002). Impact de la prescription sur les activités de travail en centrale nucléaire. [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF, 327-336.

Coutarel, F., Daniellou, F., & Dugue, B. (2002). Evaluation des risques professionnels : quelle articulation des savoirs, des règles et des acteurs. Actes du 37ème congrès de la self, 265-270.

Doniol-Shaw, G. (1998). Ergonomie, médecine du travail et épidémiologie : une collaboration nécessaire pour avancer sur les questions de santé et de travail précaire. Actes du colloque «Recherche et Ergonomie», 165-170.

Fauquet, P. (2003). Analyse de risques des activités de travail en centrale nucléaire : du contexte de l'apprentissage à l'application. [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF , 636-646.

Marchand, A.L., Falzon, P. (2006). Rôle de l'anecdote dans la formation à la gestion du risque. Actes du 41eme congrès de la SELF, 579-587.

Mayen, P., Savoyant, A. (2002). Formation et prescription : une réflexion de didactique professionnelle. [version électronique]. Actes du 27eme Congrès SELF, 225-231.

Mhamdi, A., Ouni, R. (2001). Apports et contraintes des technologies de l'information sur les activités : le cas du travail en temps partagé et des ARCAV. [version électronique]. Comptes rendus du congrès SELF-ACE, 2, 1-7.

Samurçay, R., Pastré P. (1998). L'ergonomie et la Didactique, L'émergence d'un nouveau champ de recherche : Didactique professionnelle. Actes du colloque «Recherche et Ergonomie», 119-127.

Sanglerat, M. B., Faouën, P. (2006). Une action multifactorielle de prévention dans une entreprise de production. Actes du 41eme congrès de la SELF, 525-532.

PERIODIQUES

Amalberti, R. (2006, février). Le risque. Contrôle (169), pp 34-44.

Balas-Chanel, A.(2007, décembre). Favoriser la verbalisation des connaissances implicites des experts. Expliciter, (72), 24-51.

Drais, E., (2005, 1er trimestre). La mise en place des systèmes de management de la santé sécurité : une question de gestion de projet. Cahiers de notes documentaires, (198), 47-53.

Joly, A. (2004, mai). L'approche de l'incident critique en tant que mode d'enseignement en classe : plaidoyer pour sa revitalisation. Cahier de recherche, 04(02), 1-52.

Leclercq, S., Tissot, C., Saulnier, H., & Chapouthier, A. (2005, mai). Les accidents de plain-pied en situation professionnelle. Travail et Sécurité, (651), 1-4.

Leclercq, S., Tissot, C. (2004, 1er trimestre). Les chutes de plain-pied en situation professionnelle, circonstances de chutes particulièrement grave à travers l'analyse statistique de 459 cas. Cahiers de notes documentaires, (194), 51-66.

Noizet, A., Amalberti, R. (2000). Le contrôle cognitif des activités routinières des agents de terrain en centrale nucléaire : Un double système de contrôle. Revue d'Intelligence Artificielle, 14, 107-129.

Rabardel, P., (1995, mars). Qu'est ce qu'un instrument ? Appropriation, Conceptualisation, Mises en situation. Les dossiers de l'Ingénierie éducative, (19), 61-65.

Raymond, A., Muñoz, J., & Blanc, H. (2003, février). Mémoire, flexibilité et risque professionnel. Connexion, (80), 125-135.

Samurcay, R., Rogalski, J. (1998). Exploitation didactique des situations de simulations Travail Humain, 61(4), 333-359.

Vidal Gomel, C., Rogalsky, J., 2007. La conceptualisation et la place des concepts pragmatique dans l'activité professionnelle et le développement des compétences. @ctivités, 4(1), 49-84.

Vidal-Gomel, C. (2002). Systèmes d'instruments des opérateurs. Un point de vue pour analyser le rapport aux règles de sécurité. Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, 4(2), en ligne : http://www.pistes.uqam.ca/v4n2/articles/v4n2a2.htm

RAPPORT DE RECHERCHE

Guillermain, H., Favaro, M., & Guyon, C. (1991). Identification, estimation, et représentations des risques dans un atelier de centrifugation (NS79). Paris : INRS

DARES, (2004, décembre). Premières Synthèses. L'exposition aux risques et aux pénibilités du travail de 1994 à 2003. Premiers résultats de l'enquête SUMER 2003. N°52.1. http://www.travail.gouv.fr/publications/picts/titres/titre2290/integral/2004.12-52.1.pdf

Leclercq, S. (1994). La prévention des chutes de plain-pied, Bilan, perspectives (NS157). Paris : INRS.

Roy, M., Bergeron, S., & Fortier, L. (2004). Développements d'instrument de mesure de performance en santé et sécurité des entreprises manufacturières organisées en équipes semi autonomes de travail (Rapport R-357). Montréal : IRSST.

CHAPITRE D'OUVRAGE

Pastré, P. (2007). Champs conceptuels et champs professionnels. In Activité humaine et conceptualisation. Questions à Gérard Vergnaud (pp 79-86). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

Rogalski, J. (2007). Situations et schèmes - action et connaissance. In Activité humaine et conceptualisation. Questions à Gérard Vergnaud (pp 161-178). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

Vergnaud, G. (2007). Héritages. In Activité humaine et conceptualisation : Questions à Gérard Vergnaud (pp 27-37) . Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

Vinatier, I. (2007). Présentation des contributions. In Activité humaine et conceptualisation : Questions à Gérard Vergnaud (pp 391-402). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

Munoz, G. (2007). Champs conceptuels et champs d'activités chez les fonctionnels de sécurité. In Activité humaine et conceptualisation : Questions à Gérard Vergnaud (pp 527-538). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

AUTRES SOURCES

Occupational Health and Safety Assessment Series, OHSAS 18001:2007. Systèmes de management de la santé et de la sécurité au travail - Spécification. Association française de normalisation.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION 5

TITRE 1 La prévention des risques professionnels : normes, concepts, pratiques, acteurs 8

1-1 Evolution et aspects réglementaires ou normatifs 8

1-1-1 Les règles générales de prévention 9

1-1-2 Les règles spécifiques d'un secteur d'activité : l'arrêté du 10 Août 1984 10

1-2 La notion de risque 11

1-2-1 Le risque et la notion de danger 11

1-2-2 Le risque et la sécurité 14

1-2-3 Le risque et la fiabilité 15

1-3 L'aspect participatif de la prévention 17

1-3-1 Les acteurs 17

1-3-2 Les Systèmes de Management de la Sécurité ( SMS) 18

1-3-2-1 La prise en compte des facteurs organisationnels dans la gestion des risques 18

1-3-2-2 Une gestion participative des risques 19

1-4 La formation à la prévention des risques 21

1-4-1 Objectifs et caractéristiques principales 21

1-4-2 Une méthode de conception pour le développement des compétences : l'approche ergonomique 24

1-4-2-1 Le développement des compétences et la conceptualisation 24

1-4-2-2 L'activité de simulation 26

TITRE 2 Caractéristiques principales de la prévention des risques au sein d'un système complexe : le contexte EDF 28

2-1 Le système d'exploitation 28

2-1-1 L'activité tranche en marche et tranche en arrêt 28

2-1-2 Les principaux risques 29

2-1-3 Les principales contraintes dans la gestion des risques 29

2-2 Une dimension prescriptive de l'activité 30

2-2-1 La transparence de l'action collective 30

2-2-2 La conformité au référentiel 31

2-2-3 La tâche redéfinie 32

2-2-4 La systématisation de l'analyse des risques ( Adr) 35

2-5 Les opérations de sous-traitance  37
2-3-1 Les prestataires du nucléaire 37

2-3-2 L'activité de surveillance, d'appui et de conseil 39

2-4 Le facteur humain et la fiabilisation des interventions 41

2-5 La commande 44

TITRE 3 Etude des risques de plain-pied 47

3-1 La perception du risque de plain-pied 47

3-1-1 Définition 47

3-1-2 Quelques chiffres 48

3-1-3 Problématique 49

3-1-3-1 Les facteurs de risques 49

3-1-3-2 Les contraintes à la prévention 51

3-2 Objectifs et hypothèses 52

3-2-1 Recueil des faits des accidents de plain-pied 53

3-2-2 Caractéristiques principales des situations d'accidents 54

3-3 Résultats 54

3-3-1 Représentations et facteurs de causalité 54

3-3-2 La distinction entre les risques de plain-pied et les autres risques 57

3-3-3 la notion de routine 58

3-3-4 La prise en compte de l'environnement 59

3-5 Les pistes de progression 60

3-4-1 Les biais et difficultés de l'étude 60

3-4-2 Le caractère annexe ou répétitif de l'activité est un facteur de causalité de l'accident de plain-pied 60

3-4-2-1 La gestion des ressources cognitives 61

3-4-2-2 Vers un module de formation en gestes et postures ( PRAP) 62

TITRE 4 Conception d'un cahier des charges de formation à la prévention des risques chimiques 64

4-1 Problématique 64

4-2 Méthodologie 66

4-2-1 Objectifs des entretiens individuels 66

4-2-2 Analyse préliminaire: les relations entre la prescription et l'activité 68

4-2-2-1 L'importance de l'expérience acquise dans la prise en compte de la prescription 68

4-2-2-2 Le travail effectif : la notion de tâche et d'activité 69

4-2-2-3 La mise en relation de la prescription avec le travail réel 70

4-2-3 L'approche en didactique professionnelle 71

4-2-3-1 La théorie des champs conceptuels 71

4-2-3-2 La notion de schème 73

4-2-3-2-1 Le schème : un levier du développement des compétences 73

4-2-3-2-2 Noyau dur des représentations : les invariants opératoires 77

- Les concepts pragmatiques 77

- Les relations entre concepts pragmatiques et concepts théoriques 78

- Vers un modèle opératif 79

4-2-3 Analyse des accidents du travail 80

4-3 Résultats 82

4-3-1 Les biais et difficultés de l'étude 82

4-3-2 Le choix des situations didactiques 83

4-3-3 Les applications pédagogiques 84

4-3-4 Proposition d'un cahier des charges pour le service Mécanique Chaudronnerie Robinetterie 88

CONCLUSION 92

BIBLIOGRAPHIE 93

TABLE DES MATIERES 99

ANNEXES

* 1 La pyramide de Bird a été élaborée suite à une étude effectuée aux États-Unis, en 1969, par la compagnie d'assurance Insurance Company of North America, lorsque Frank E. Bird Jr. y était directeur des services d'ingénierie. L'étude a porté sur 1 753 498 accidents rapportés par 297 entreprises participantes. Ces entreprises

représentaient 21 groupes industriels différents,employaient 1 750 000 travailleurs qui ont travaillé 3 millions d'heures durant la période étudiée ( source : ASFETM )

* 2 Kouabenan, D.R. (1999). Explication naïve de l'accident et prévention. Paris : Presses Universitaires de France

* 3 Kouabenan, D.R., Cadet, B., Hermand, D., & Munoz Sastre, M.T. (2007). Psychologie du risque : Identifier, évaluer, prévenir. Bruxelles : De Boeck Université.

* 4 idid

* 5 ibid 12

* 6 Amalberti, R. (1996). La conduite des systèmes à risque. Paris : Presses Universitaires de France.

* 7 Roy, M., Bergeron, S., & Fortier, L. (2004). Développements d'instrument de mesure de performance en santé et sécurité des entreprises manufacturières organisées en équipes semi autonomes de travail (Rapport R-357). Montréal : IRSST.

* 8 Reason, J. (1993). L'erreur humaine. Paris : Presses Universitaires de France.

* 9 Ibid 13

* 10 Leplat, J. (1985). Erreur humaine, fiabilité humaine dans le travail. Paris : Armand Colin.

* 11 Ibid

* 12 Vidal-Gomel, C. (2001). Le développement des compétences pour la gestion des risques professionnels : Le domaine de la maintenance des systèmes électriques. Thèse de doctorat en psychologie ergonomique. Université Paris 8, Saint-Denis.

* 13 Ibid 15

* 14 Ibid 13

* 15 Leplat, J. (1997). Regards sur l'activité de travail : Contribution à la psychologie ergonomique. Paris : Presses Universitaires de France.

* 16 On utilise souvent le terme de « recyclage », terme qui concerne communément les objets

* 17 Vidal-Gomel, C. (2002). Systèmes d'instruments des opérateurs. Un point de vue pour analyser le rapport aux règles de sécurité. Perspectives interdisciplinaires sur le travail et la santé, 4(2)

* 18 Mhamdi, A., Ouni, R. (2001). Apports et contraintes des technologies de l'information sur les activités : le cas du travail en temps partagé et des ARCAV. [version électronique]. Comptes rendus du congrès SELF-ACE, 2, 1-7.

* 19 Cepr.tm.fr /fr /risqdome/index.htm

* 20 Samurçay, R., Pastré P. (1998). L'ergonomie et la Didactique, L'émergence d'un nouveau champ de recherche : Didactique professionnelle. Actes du colloque «Recherche et Ergonomie», 119-127.

* 21 Ibid 16

* 22 Nous reviendrons plus tard sur ce point

* 23 Ibid 24

* 24 Samurcay, R., Rogalski, J. (1998). Exploitation didactique des situations de simulations Travail Humain, 61(4), 333-359.

* 25 Ibid 13

* 26 Mayen, P., Savoyant, A. (2002). Formation et prescription : une réflexion de didactique professionnelle. [version électronique]. Actes du 27eme Congrès SELF, 225-231.

* 27 Ibid 13

* 28 Berthet M., Cru D. (2002). Avec les évolutions de la prescription, comment se transforme le travail et comment enrichir nos démarches et instruments d'analyse? [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF, 107-120.

* 29 Larousse, édition 2004

* 30 Buessard, M.J., Fauquet, P. ( 2002). Impact de la prescription sur les activités de travail en centrale nucléaire. [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF, 327-336.

* 31 Ibid 30

* 32 Cet aspect se retrouve généralement dans le cadre d'activité habituelles et routinières.

* 33 Ibid 22

* 34 En particulier dans les cas ou il peut s'agir de collaboration inter métiers

* 35 Fauquet, P. (2003). Analyse de risques des activités de travail en centrale nucléaire : du contexte de l'apprentissage à l'application. [version électronique]. Actes du 37eme Congrès de la SELF , 636-646

* 36 Raymond, A., Muñoz, J., & Blanc, H. (2003, février). Mémoire, flexibilité et risque professionnel. Connexion, (80), 125-135.

* 37 Doniol-Shaw, G. (1998). Ergonomie, médecine du travail et épidémiologie : une collaboration nécessaire pour avancer sur les questions de santé et de travail précaire. Actes du colloque «Recherche et Ergonomie», 165-170.

* 38 DARES, (2004, décembre). Premières Synthèses. L'exposition aux risques et aux pénibilités du travail de 1994 à 2003. Premiers résultats de l'enquête SUMER 2003. N°52.1.

* 39 Amaberti R, 2006, Le risque, revue contrôle N° 169, Autorité de sûreté nucléaire, pp34-44

* 40 Coutarel, F., Daniellou, F., & Dugue, B. (2002). Evaluation des risques professionnels : quelle articulation des savoirs, des règles et des acteurs. Actes du 37ème congrès de la self, 265-270.

* 41 Munoz, G. (2007). Champs conceptuels et champs d'activités chez les fonctionnels de sécurité. In Activité humaine et conceptualisation : Questions à Gérard Vergnaud (pp 527-538). Toulouse : Presses Universitaires du Mirail.

* 42 Hormis, l'article L 230-2 qui oblige l'employeur à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs. Par ailleurs, l'article R 231-35 qui prévoit que la formation à la sécurité a notamment pour objet d'informer le salarié sur les risques liés à la circulation dans l'entreprise.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984