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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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3.11 Les activités forestières et pétrolières

Les activités forestières et pétrolières sont l'une des causes des dommages causés aux cultures par les éléphants. Comme l'indique nos cartes n°3, n°5 et n°6, plusieurs compagnies pétrolières et forestières dont la CBG est la plus importante opèrent dans et en périphérie de la région de Mandji. Cependant, les activités de ces entreprises ont un impact parfois négatif sur l'environnement et en particulier sur le sol, les cours d'eau, les espèces floristiques, le climat, la faune, et le bien-être social. Pour notre part, nous allons nous intéresser uniquement sur les effets induits sur la végétation, la faune et le bien être social. Selon Daniel-Yves Alexandre (1999), « le régime alimentaire des éléphants de forêts africaines (Loxodonta africana aucun) est constitué, pour une part appréciable, de fruits, surtout ceux des arbres. L'animal ne dédaigne pratiquement aucun fruit, mais il a ses préfères »186(*). Et parmi ses préférés identifiés dans notre zone d'étude, nous avons ceux de : Irvingia gabonensis (mwiba), Panda aleosa (poga), du Baillonella toxisperma (moabi), Piptadenia africana Hook. (meduka), Dacryodes buettneri (mesigu), etc.

Il mange ces fruits en fonction de leur fréquence dans le milieu, mais il peut rechercher activement ceux qu'il apprécie le plus. Or ces arbres sont intensivement exploités à des fins commerciales. Les rapports d'activités de l'Inspection des eaux et forêts de la province de la Ngounié, mentionnent que la production des exploitants forestiers s'élevait à 142158,244m3 pour l'Okoumé et l'Ozigo et à 56305,24m3 pour le bois divers en 2004. Cette année, la production a été concentré à Mouilla, Fougamou, Mandji et Ndendé. Mandji occupait le premier rang avec 125270,028m3. En 2005, la production forestière était de 36774,008m3 pour l'Okoumé, l'Ozigo et de 29512,274m3 pour le bois divers.

Le rapport 2005 indique la production forestière avec 66286,282m3 est très marquée par les sociétés forestières comme « CBG ; EGG ; IFL et SONE BOIS » qui à elles seules produisent la plus grande quantité de bois de la province. Signalons que les Sociétés CBG et EGG opèrent à Mandji. Cette année, la production forestière de Mandji a occupé le 2e rang avec 21195,287m3 derrière Fougamou avec 24916,633m3. Bien que ces données n'expriment pas de manière objective la part du volume des espèces telles que le Moabi, l'Ozigo et autres appétées par les éléphants, elles montrent quand- même que l'exploitation du bois divers est assez importante dans la région de Mandji. Et c'est à ce titre que Paul Marie Louga dit : « qu'il s'agisse de l'Okoumé ou des bois divers très prisés sur le marché international des bois tropicaux, ils sont intensivement exploités dans la région de Mandji »187(*).

Cette intensification de l'exploitation des bois d'oeuvre autres que l'Okoumé a été rendu possible par le fait que le Gabon a vu « ses exploitations de grumes diminuées de plus de 10% et de près de 25% pour l'Okoumé en 2004 »188(*).En effet, selon le PFBC, le Gabon est le plus grand exportateur de grumes de la région, principalement l'Okoumé, et le 3e plus grand exportateur de l'OBIT. Cependant le secteur de l'exportation de grumes a subi une succession de crises depuis 1998. Celles-ci ont pour origine le mode d'organisation de la filière, une fiscalité qui freine la compétitivité, les voies de transport et la concurrence de pays à main d'oeuvre et à fiscalité plus avantageuses. De ce point de vue, bien que l'Okoumé demeurait l'essence prépondérante, une diversification des essences exportées en grumes s'imposait. Elle s'accentue du fait des plans d'aménagement rendus opérationnels, mais aussi de la possibilité d'exportation de grumes pour certaines essences dont la commercialisation est interdite sous cette forme depuis d'autres pays notamment le Cameroun : moabi, bossé, iroko, douka, acajou, sapelli,etc.

Aussi, le secteur bois s'est caractérisé par un premier semestre 2005 favorable. La production des grumes, toutes essences confondues, a progressé de 4,7% par rapport à la même période un an auparavant. Cette production est dominée par celle des bois divers. On note ainsi une inversion de tendance de l'okoumé, qui historiquement représentait la plus grande partie de la production gabonaise, en faveur des bois divers. La production de bois divers a augmenté de 22% entre juin 2004 et juin 2005, alors que pendant la même période, celle de l'Okoumé reculait de près de 11%. Cependant dans les zones de l'aire de répartition d'éléphants au Gabon, l'exploitation intensive du Moabi et autres essences exploitables dont les fruits servent à l'alimentation des éléphants, est l'une des causes de la destruction des cultures vivrières par les éléphants comme le témoigne Jules Olago189(*) en ces termes : « Dans le département l'exploitation forestière est intensive et parmi les espèces exploitées, il y a des espèces telles que le moabi, l'acajou, le douka. Or les éléphants se nourrissent des fruits de ces arbres. La rareté de ces espèces fait que les éléphants descendent vers les villages ». En effet, tous nos informateurs sont d'avis que l'exploitation de ces essences est l'une des raisons pour laquelle les éléphants se rabattent dans les champs des populations. La destruction d'un certain nombre d'arbres et d'autres formes de vie est indubitablement une conséquence directe et inévitable de l'exploitation forestière. Outre l'exploitation abusive de certaines essences, l'exploitant forestier est aussi responsable du déséquilibre et de la destruction de l'habitat naturel des éléphants.

Carte5 : Situation de l'exploitation forestière dans la zone écologique du CAPG (WWF-Gamba, 2004)

L'exploitation d'une forêt nécessite la construction d'un certain nombre d'infrastructures : campements, réseaux routiers, parcs à bois, pistes, etc. Le réseau routier est composé de routes principales et secondaires qui sont utilisées par les grumiers pour transporter le bois depuis les parcs à bois en forêt. La présence d'un réseau routier, même bien conçu entraîne par ailleurs comme conséquence indirecte une fragmentation du massif forestier à diverses échelles. Puis une fois les accès assurés, les opérations liées à l'abattage et à la sortie des grumes jusqu'aux parcs à bois en forêt vont aussi détruire ou endommager une partie de la végétation. La percée des engins à travers la forêt, détruit l'habitat naturel des animaux et accentue le déplacement de ces derniers vers les zones de stabilité (savane et périphérie des villages).

Dans ces déplacements, les éléphants provoquent la dégradation des cultures des populations. Ensuite, toutes les équipes qui parcourent la forêt font généralement beaucoup de bruit, en particulier lorsqu'elles utilisent les engins à moteur et perturbent la faune. C'est dans cette logique que Paul Marie Louga dit que: « les engins motorisés, par les bruits qu'ils produisent ameutent les animaux et ces nuisances sonores constituent une véritable source de traumatisme qui nuit à l'équilibre de la faune »190(*). Les auteurs de l'ouvrage, Les forêts du Bassin du Congo : Etat des forêts 2006 admettent qu'en dépit du manque d'études rigoureuses sur les impacts de l'exploitation forestière sur la faune, « il est probable que les perturbations liées a la présence humaine et au bruit sont peu dommageables pour la faune sauvage tant celle-ci à la possibilité de bouger des zones perturbées vers des zones plus tranquilles »191(*). Elie Hakizumwami (2005) de préciser que « L'exploitation forestière et minière menacent également l'intégrité des populations d'éléphants gabonais et de leurs habitats, car elle entraîne le braconnage de cette espèce et les migrations d'éléphants vers les zones où ils sont mieux sécurisés. Les éléphants deviennent de plus en plus rares dans les zones forestières exploitées par certaines sociétés forestières probablement à cause de la dégradation de leurs sources alimentaires résultant du déboisement ou de la fuite des bruits des tronçonneuses et d'autres engins utilisés dans l'exploitation forestière »192(*).

Mais pour Sally Lahm (1994, cité dans Halford Thomas et al., 2003), l'augmentation de l'agressivité de l'éléphant (et des conflits) est due à l'installation des conduites, des routes etc. qui coupent les couloirs de migrations et perturbent leur comportement. Tout comme l'exploitation forestière, celle des gisements pétroliers a également des conséquences sur la faune. Cependant, de la même manière que l'exploitation forestière, celle du pétrole dans ses activités de prospection et de forages, influence le comportement écologique des animaux et partant, des éléphants. Au cours des campagnes sismiques, il est fait usage régulier des feux et des dynamites dans les zones marécageuses.

Elles sont également accompagnées de bruit causé par le personnel. Les activités de forages quant à elles, utilisent aussi un équipement motorisé et des installations électriques à grande intensité dans la mesure où celles-ci s'effectuent 24h/24h. Ainsi, toutes ces activités sont donc une source de stress pour les animaux qui sont obligés de se déloger de leurs habitats pour s'installer ailleurs en particulier vers les villages. Mais leur installation dans ces nouveaux espaces causent souvent du tord aux populations en occasionnant la destruction de leurs cultures.

Cette idée est soutenue par Allogo Constant qui pense que : « A cause de la présence de ces engins les éléphants se déplacent et vont s'installer là où on ne les voyait pas avant mais ils vont causer du tord aux populations qui exploitent ce milieu. Une fois les engins disparus, ils reviennent mais ils auront déjà causés du tord. Mais ils vont avoir des problèmes pour se réadapter dans leur ancien environnement parce que lorsqu'ils y étaient, ils avaient déjà développé certaines habitudes alimentaires. Ils ne vont plus trouver de moabi, ils vont avoir des problèmes pour se familiariser donc ils sont obligés de retourner là où ils étaient ou aller ailleurs mais là bas ils vont causer du tord »193(*).Ce scénario est le même dans les zones où s'effectuent les activités pétrolières. Toutefois, étant donné que les installations pétrolières y demeurent pendant des longues périodes, ces animaux vont se familiariser avec celles-ci y compris avec la présence humaine. La conséquence immédiate de cette situation est vécue surtout par les populations car s'étant familiarisé avec les installations électriques des compagnies pétrolières, les éléphants n'auront plus peur des feux et des lumières des lampes placées dans les champs. C'est d'ailleurs ce que nous dit Mboula Yakouya Adolphe : « Ces éléphants se sont familiarisés avec les lumières électriques de Rabi, tu peux allumer les lampes dans la plantation, ils n'ont plus peur, ils vont y pénétrer »194(*).

* 186 Daniel-Yves ALEXANDRE (1999), Eléphants et gestion forestière, LE FLAMBOYANT, n°50, pp.11-12.

* 187 Paul Marie LOUGA (1999), L'exploitation forestière dans l'économie de la région de Mandji, Mémoire de Maîtrise, Université Omar Bongo, p.66.

* 188 PFBC (2006), Les forêts du Bassin du Congo : Etat de Forêt 2006, p.98.

* 189 Jules Olago, corpus n°18, sequence n°2.

* 190 Paul Marie Louga (1999), L'exploitation forestière dans l'économie de la région de Mandji, Mémoire de maîtrise, Libreville, Université Omar Bongo, p. 67.

* 191 PFBC, Les forêts du Bassin du Congo : Etat des forets 2006, p. 109.

* 192 Elie HAKIZUMWAMI (2005), Elaboration de la Stratégie Régionale pour la Conservation des Eléphants en Afrique centrale, WWF, p.50.

* 193Constant Allogo, corpus n°25, séquence n°2.

* 194 Mboula Yakouya Adolphe, corpus n° 13, séquence  n°3.

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