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Interaction Hommes/Animaux chez les Gisir Gabon

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par Bipikila Moukani Mambou
Université Omar Bongo - Maîtrise 2008
  

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3.9 Présentation du type de conflit

Les conflits sont de plusieurs ordres mais en général, on en distingue cinq types : le conflit d'ordre relationnel, le conflit d'ordre factuel, le conflit d'intérêt, le conflit d'ordre structurel et le conflit de valeur. Parmi ces différents types de conflits, nous allons, pour notre part, nous intéresser aux conflits liés aux ressources naturelles c'est-à-dire aux conflits d'intérêts. Les ressources naturelles sont constituées d'éléments de richesse du milieu. C'est l'ensemble des potentialités naturelles (ressources foncières, forestières, fauniques, halieutiques,...) ou artificielles (cultures agricoles) qu'offre le milieu. Et les conflits d'intérêts procèdent des désaccords et des différends sur l'accès, le contrôle et l'utilisation des ressources naturelles. Les différends naissent également en cas d'incompatibilité des intérêts et des besoins des uns et des autres, ou de négligence des priorités de certains groupes d'utilisateurs dans les politiques, programmes et projets.

Ces conflits d'intérêts sont une caractéristique inévitable de toutes les sociétés. Mais ces conflits n'opposent pas seulement les acteurs humains entre eux. Il en est qui portent sur la faune sauvage et ayant des répercussions sur les activités des projets de conservation. Il existe ainsi des difficultés de conciliation d'usage entre la faune sauvage et les agriculteurs. Ces derniers sont victimes de la déprédation de leurs cultures vivrières par les éléphants. Mais au Gabon, l'éléphant figure depuis 1989 sur l'annexe 1 de la CITES, donc des animaux intégralement protégés. Son abattage expose les contrevenants aux sanctions prévues par la loi. Les ressources privées appartenant aux populations doivent-elles être abandonnées à des utilisateurs « protégés par la loi ». Le problème mis en relief dans notre zone d'étude concerne donc les dégradations provoquées par les éléphants sur les cultures et l'abattage de cet animal par les villageois.

3.10 Le règlement du conflit : les battues administratives et la légitime défense

Au Gabon, le seul mode de règlement du conflit hommes-éléphants prévu par la loi est l'abattage administratif et en cas exceptionnel, la légitime défense. Selon l'IUCN168(*) (2001), les conflit hommes-éléphants se définissent comme étant  tout contact des deux espèce qui a pour conséquence tous effets négatifs sur la vie sociale, économique ou culturelle des humains, la préservation de l'éléphant ou l'environnement. L'abattage administratif est rendu possible par la loi 016 /2001 portant code forestier en République Gabonaise qui édicte entre autres de nouvelles règles d'aménagement des forêts et de la faune sauvage.

Cette loi en son article 196, stipule que : « A la suite des dégâts causés aux cultures par certaines espèces, l'administration des eaux et forêts peut, après enquête et dans les conditions fixées par voie réglementaire, autoriser les battues ou tout autre moyen de lutte à l'intérieur d'une zone délimitée. IL en est de même pour la lutte contre les animaux blessés ou malades. En cas l'abattage, l'administration des eaux et forêts récupère les dépouilles et les trophées. La viande est laissée aux populations locales ». Quand à la légitime défense, elle est autorisée par l'article 171 et définie par l'article 172 de la même loi. L'article 172 définie la légitime défense comme l'acte de chasse prohibé pratiqué dans la nécessité immédiate de sa défense, de celle d'autrui, de son propre cheptel domestique ou de sa récolte.

Dans les localités telles que Mandji, pour obtenir une autorisation de battue administrative, nous explique Jules Olago169(*), les populations adressent des plaintes soit au Préfet soit au chef du cantonnement des eaux et forêts. Celles qui sont adressées au préfet sont par la suite transmises au chef cantonal des eaux et forêts. Puis les agents des eaux et forêts procèdent à un constat de terrain, sur les sites des dégâts. A la suite de ce constat, un procès- verbal de constatation des dégâts est rédigé par les eaux et forêts. Ensuite, une copie de ce procès-verbal et de la plainte est envoyée chez le préfet qui se charge de les transmettre au Gouverneur de la Province de la Ngounié. Ces mêmes documents sont transmis également à l'inspection provinciale des eaux et forêts par ses collaborateurs locaux.

Et sur avis de l'Inspecteur provincial des eaux et forêts, le Gouverneur de province délivre des autorisations de battues administratives. Ces autorisations de battues administratives indiquent le nombre des bêtes à tuer et la durée de validité. Sous le contrôle de l'adjoint au chef cantonal des eaux et forêts de Mandji, M. Jules Olago, nous avons relevés 23 plaintes déposées sur leur table par les populations du département de Ndolou de 1994 à 2006. Parmi ces 23 plaintes, 10 proviennent de Mandji. Cependant, la quasi totalité des personnes ayant déposées des plaintes ont déclaré n'avoir reçu aucune suite. Certaines personnes, bien qu'ayant conduits à des constats sur le terrain par les agents des eaux et forêts n'ont pas reçu des autorisations de battue par l'administration.

Par contre, celles qui les ont reçu, n'ont pas pu rendre effective leur battue par manque d'arme appropriée ou par manque de chasseurs assermentés. De plus, après abattage, la viande des animaux abattus est laissée à la population, mais les produits d'ivoire sont récupérés par l'administration. Cependant, ce mode de règlement du conflit ne satisfait pas les populations. Premièrement, la lenteur du temps de réaction après dépôt d'une plainte, est considéré comme étant le plus grand problème, car les agents des eaux et forêts arrivent sur les lieux longtemps après que les éléphants aient quitté les cultures endommagées par manque de moyen de locomotion.

Deuxièmement, les délais qui s'écoulent entre le dépôt d'une plainte, l'obtention de l'autorisation de battue et l'intervention sont souvent longs. Troisièmement, il se pose souvent le problème de la récupération de l'ivoire par les agents des eaux et forêt au nom de l'Etat. Pour les populations locales, les pointes d'ivoire issues de ces battues leur reviennent de droit parce que les armes et les balles utilisées leur appartiennent. Ce mécontentement des populations face à la récupération des pointes d'ivoire par les agents des eaux et forêts est reconnu par Jules Olago quand il dit : « Mais les populations ne sont jamais d'accord avec cette mesure, elles se sentent souvent lésées parce que ce sont eux qui achètent les munitions, qui trouvent le fusil et le chasseur. Et les cultures détruites sont à eux »170(*).

En plus, ce sont elles-mêmes qui se chargent de satisfaire le chasseur. A cet effet, Jean Pierre Profizi (1999), reconnaît que l'un des problèmes qui se pose aux battues administratives est « la question du paiement du chasseur professionnel qui viendra procéder à la battue et qui désire se dédommager avec les « pointes », alors que le service forestier veut les récupérer au nom de l'Etat ! »171(*). Donc la récupération des pointes d'ivoire par les eaux et forêts au nom de l'Etat est la véritable pierre d'achoppement du conflit entre les populations et l'administration des eaux et forêts.

Ainsi, face à la lenteur de la procédure, aux plaintes n'ayant pas eu de suite favorable et à la récupération des produits d'ivoire par les agents des eaux et forêts, les populations locales se font justice elles mêmes en prenant le risque d'affronter les animaux, et pouvoir ainsi s'approprier à la fois la viande et, surtout les pointes. Les réponses non favorables aux plaintes des populations qui désirent des battues administratives et la soif de se faire justice est reconnu par le préfet de Mandji quand il dit : « (...) je transmets chez le gouverneur à Mouila pour obtenir une autorisation de battue. Mais depuis lors aucune suite n'a été donnée aux correspondances. Ce qui fait que les populations abattent les éléphants sans faire des déclarations»172(*).

Nous ne pouvons déterminer le nombre de battues non autorisés mais nous pouvons être tenté de dire qu'il y a un danger qui guette les éléphants. En effet, les habitants ne veulent pas vivre avec un tel problème, quel qu'en soit la réelle ampleur, sans agir. Cet agir peut s'illustre par la découverte fortuite d'une pointe d'éléphant que nous avons effectuée dans un campement sur la route de Yeno lors de nos visites de champs comme le montre la photo n°10.

Photo n°10 : pointe d'ivoire trouvée dans un campement abandonnée sur la route Mandji-Yeno.

(Cliché MOUKANIMAMBOU-BIPAKILA, le 08 mai 2007).

On peut distinguer sur cette photo, une rondelle de bois sur un espace dégagé sur laquelle se trouve une pointe d'ivoire d'environ 20 à 25 cm, autour de laquelle, on observe quelques herbes. Au regard de la taille de cette pointe d'ivoire, il semble que celle-ci provient d'un éléphanteau. Ce qui reconforte l'idée selon laquelle, les populations dans leur lutte contre les incursions des éléphants s'apprennent à n'importe quelle éléphant peu importe sa taille, son sexe ou son âge. Selon Frédéric Marchnd (1999), quel que soit le passé des interactions entre les hommes et les éléphants dans une zone, la confrontation n'est jamais exempte de danger, pour les uns comme pour les autres.

Cette soif de se faire à tout prix justice face à l'indifférence de l'administration à l'égard des plaintes des populations est également exprimée par Bas Huijbregts dans l'extrait de discours suivant : « A cause de leurs cultures qui sont détruites les villageois ont une perception négative des aires protégées parce que au Gabon il n'existe pas encore de mesures d'accompagnement par rapport aux éléphants quand ils détruisent les cultures. Donc ils se font tirer dessus. Même s'ils ne meurent pas mais ils sont blessés. Mais tuer les éléphants n'est pas une solution durable »173(*). Cependant, que ce soit de manière légale ou illégale, certains gestionnaires de faune comme Bas Huijbregts pensent que abattre des éléphants n'est pas une solution durable. Pour Frédéric Marchand (1999), si cette méthode donne à court terme une relative satisfaction aux populations humaines touchées, elle semble toutefois inefficace sur le moyen et long terme dans la mesure où les problèmes resurgissent parfois dans les mois suivant l'intervention.

Aussi, compte tenu des délais qui s'écoulent entre le dépôt d'une plainte et l'intervention, « les animaux abattus sont souvent sélectionnés au hasard et ne sont généralement pas ceux qui ont occasionnés les dégâts »174(*).De ce point de vue, l'éléphant responsable des dégâts ne peut pas être identifié et un autre est souvent tué à sa place « symboliquement » pour apaiser la colère des populations locales. Mais aucune preuve tangible ne permet d'affirmer que l'abattage d'un éléphant a un effet réellement dissuasif sur le reste du troupeau175(*). La réaction des autres éléphants peut être de changer des zones d'attaque plutôt que d'arrêter d'attaquer les cultures. Par conséquent, il importe aux autorités en charge de la faune de trouver d'autre forme de résolution du conflit hommes-éléphants. Et à cet effet, nous consentons avec Allogo constant quand il dit : « Si nous avons pris conscience qu'il faut protéger nos animaux, notre patrimoine naturel, il faut que nous trouvions des solutions. La solution facile au Gabon c'est la battue administrative or cette solution n'est pas durable. La solution durable est celle d'assumer nos responsabilités. Si nous estimons que nous nous engageons à protéger notre patrimoine animal parce que celui-ci est important sur le plan national alors il faut une solution nationale, il faut que les gens assument leurs responsabilités »176(*).

Et Jean Pierre Profizi estime pour sa part qu' « il faut donner un espoir à ces agriculteurs qui veulent profiter du fruit de leur travail, tout en évitant bien sur que réapparaissent les grands massacres d'autrefois. Il faut surtout éviter de « laisser filer » la situation qui aboutirait à renforcer des comportements irresponsables d'abattage sans merci de ces magnifiques occupants des forêts gabonaises »177(*). Cependant, nous constatons que la prise en compte des plaintes des populations relatives aux dégâts causés par les éléphants dans leurs champs est négligeable. Nombre d'entre eux pensent que les populations exagèrent l'ampleur des dégâts à l'exemple de M. Allogo Constant qui pense que : « Les récoltes sont moindres mais ils arrivent quand même à trouver des compensations. Ils font autre chose en dehors des plantations. Généralement les éléphants piétinent les cultures et prendront quelques régimes de bananes à leur passage et dans d'autres endroits, les dégâts sont fictifs, les gens dramatisent. Les éléphants font partie des espèces intégralement protégées mais il y a l'utilisation des battues administratives. Les populations en tuant l'éléphant sont sûr qu'elles auront de la bonne viande et des défenses à vendre »178(*).

Toutefois, même si des exagérations sont commises, le problème est réel. Il cause de tensions et du mécontentement entre les villageois et les autorités administratives locales d'une part et entre eux et les responsables de la CBG qui sont chargés de l'exécution du plan d'aménagement de la faune dans la région. Il a été reconnu dans le rapport d'activités annuel 2002 de l'Inspection provinciale des eaux et forêt de la Ngounié que « l'abondance des éléphants détruisant les cultures vivrières inquiètent les populations qui ne cessent de solliciter les décisions de battues administratives »179(*). De plus, aucune enquête n'a démontré la pratique d'un trafic d'ivoire à Mandji.

La lecture des discours de certains acteurs de la protection de la faune et celle de la Loi relative à l'exploitation de la faune donne l'impression que la protection des éléphants passe avant celle des hommes y compris leurs intérêts. C'est pourquoi les populations n'hésitent pas à accuser l'administration de protéger les animaux et de ne pas les aider à protéger leurs cultures comme en témoigne Charlotte Kassou quand elle dit : « Je ne sais pas la raison pour laquelle ils défendent de tuer les éléphants, qu'ils mangent que la nourriture des gens. Cela voudrait dire que les éléphants vivent et que les hommes meurent ? Regarde un tel problème où les gens doivent mourir avec famine. Nous cultivons maintenant pour l'éléphant, qu'il soit en vie et nous-mêmes, nous devrons mourir »180(*).Or comme le note Serge Bahuchet et al. (2000), « il ne peut y avoir une gestion saine de l'environnement tropical sans un épanouissement des êtres humains qui en vivent. (...) L'homme, dans quelque milieu que ce soit, est capable de gérer convenablement son milieu, pourvus qu'il dispose de bonnes conditions sociales, politiques et économiques »181(*). A la suite de Serge Bahuchet et al., il convient de dire que l'on ne peut donc protéger les animaux sans protéger les hommes y compris leurs intérêts. Ce problème est donc un sujet important pour la planification d'un plan de gestion de la chasse qui est censé être basé sur la collaboration entre la CBG, les eaux et forêts et la population locale.

En effet, le regard des autorités en charge de la protection de la faune est plus attendrissant envers les éléphants. Tout d'abord, en ce qui concerne les battues administratives, l'article 201 du code forestier précise que dans le cadre de la gestion de la faune sauvage, l'administration des eaux et forêts peut faire appel à des lieutenants de chasse pour (notamment) participer aux battues administratives à la suite des dégâts importants ou répétés causés aux cultures vivrières. Or l'administration des eaux et forêts n'a jamais envisagé cette possibilité. Les battues administratives sont toujours exécutées par les populations locales elles-mêmes qui prennent tous les risques. Ensuite, non seulement elles déterminent le nombre de bêtes à abattre mais également la durée de validité.

Or l'éléphant est animal qui parcourt des longues distances et qui apparaît dans les champs à des périodes bien déterminées notamment entre (septembre-octobre) et entre (février-avril) et se repli puis revient effectué des raids sporadiques. Ce qui revient à dire que s'il revient détruire les cultures d'une personne ayant obtenu une autorisation une semaine ou un mois après l'expiration de la durée, l'autorisation de battue devient nulle. Même si dans un secteur voisin il a été signalé la présence d'éléphants, la personne qui détient une autorisation de battue ne peut pas intervenir car celle-ci est individuelle, elle ne se prêtre pas.

A l'exception des villages où les décisions de battues sont communautaires, à Mandji, elles sont individuelles. Enfin, cette procédure exige des personnes qui parviennent à obtenir des autorisations de battues, la recherche d'un chasseur qui a un permis de chasse et pourvu d'un permis de port d'arme, mais également expérimenté. L'exécution d'une battue administrative doit s'opérer avec un fusil approprié de grande chasse du type 458 qui doit être assuré. Et la chasse ne doit pas s'effectuer au-delà de 5km du site des dégâts. En conséquence, nous remarquons qu'il y a peu de volonté de la part des autorités pour trouver une solution durable à ce conflit. Tout leur intérêt est viré vers la protection de l'éléphant dans la mesure où il constitue une richesse exploitable à préserver.

Tuer un éléphant à cause de la protection des cultures vivrières des populations locales, c'est gaspiller une ressource de valeur. C'est pourquoi d'aucuns comme Aurélien Mofouma disent que : « L'intérêt économique d'une entité comme le Rapac ne réside pas dans les produits de l'éléphant comme l'ivoire et autres. Notre intérêt économique est perçu dans l'écotourisme parce qu'un éléphant peut rapporter plus d'argent à un pays par rapport à un éléphant mort. Un touriste qui vient observer un éléphant et qui paie par exemple 5000 francs l'entrée, fait rentrer beaucoup d'argent »182(*). Il ajoute que : « (...) si les éléphants sont devenus trop nombreux, ils menacent le milieu, on peut organiser des battues administratives mais en ce moment dans le cadre des battues de la chasse sportive. Avec le tourisme, l'abattage d'un éléphant c'est un ou deux millions et le compte est bon pour tout le monde. Le touriste lui, il gagne la gloire et le prestige d'avoir abattu un éléphant puis le film et le trophée, la viande est donnée aux populations et l'administration l'ivoire et les un ou deux millions. Or lorsqu'un braconnier tu un éléphant,La viande est abandonnée, les pointes d'ivoire sont vendues à 50000 francs. Au niveau économique c'est du gâchis. Nous pensons que la nature a une valeur que l'homme peut exploiter pour le bénéfice de l'administration et les populations environnantes »183(*). Au regard de ces discours, nous nous accordons avec Arnaud Sournia qui note que : « les dégâts sur culture constituent également un argument de poids en faveur du maintien du commerce de l'ivoire, ce qui pourrait expliquer que les autorités ne semblent pas pressés de résoudre le problème »184(*). C'est pour ces raisons à notre avis, que l'exploitation de la faune sauvage est gérée au niveau des autorités provinciales. Le pouvoir institutionnel des autorités départementales en matière de gestion de la faune est dérisoire. Ainsi, les populations locales ne sentent pas le reflet de leur volonté dans la gestion mise en place par les agents des eaux et forêts de Mandji, il est compréhensible d'observer une réaction de rejet de leur part vis-à-vis des éléphants.

Selon Ronald Orenstein (1993), lors de la septième réunion de la conférence des membres de la CITES le 11 octobre 1989 à Lausanne en Suisse, un vote avait eu lieu sur la proposition du transfert de l'éléphant d'Afrique de l'Annexe II à l'Annexe I, amendée par la Somalie devant les délégués de quatre-vingt onze pays et plusieurs observateurs. Au cours de ce vote, soixante-seize (76) pays avaient voté pour et onze (11) avaient voté contre plus quatre (4) abstentions. Parmi les pays qui ayant voté contre figurait le Gabon. En effet, d'après Ronald Orenstein (1993), l'UICN et le WWF proposèrent un compromis qui aurait laissé les éléphants du Zimbabwe, du Botswana et de l'Afrique du Sud à l'Annexe II mais qui aurait imposé un moratoire de deux ans sur le commerce.

Pendant, ce temps, quelques pays de l'Afrique Centrale, comme le Gabon, annoncèrent que, si les Etats d'Afrique australe devaient recevoir un traitement de faveur simplement parce qu'ils étaient proches du Zimbabwe, ils demanderaient également une exemption. Si nos interprétations sont exactes, le vote du Gabon contre l'inscription de l'éléphant en Annexe I montre son désir de vouloir continuer à vendre son ivoire. En effet, d'après Samuel Engone-Bilong (corpus n°21, séquence n°4), le Gabon possède de nos jours un grand stock d'ivoire. Et depuis 2001, il a été attribué au Gabon un quota annuel d'exportation, cautionné par la CITES, de 150 trompes d'ivoire (75 animaux) provenant de trophées acquis conformément à la loi185(*).

* 168 Cité dans ALFA GAMBARI IMOROU Safouratou et al. (2004), Les conflits homme-éléphants (loxodonta africana) dans la zone cynégétique de la Djona (bénin) adjacente au parc régional du W : cas des villages d'Alfakoara.

* 169 Jules Olago, corpus n° 16, séquences n° 1, 2 et 3.

* 170 Jules Olago, corpus n° 17, séquence n°3.

* 171 Jean Pierre Profizi, « Trop d'éléphant au Gabon », Le FLAMBOYANT, n° 50, juin 1999, pp.18-19.

* 172 Léonce Iwangou, corpus n°, séquence n°

* 173 Bas HUIJBREGTS, corpus n°20, séquence n°5.

* 174 WWF France, 1997cité par Frédéric Marchand, « Les conflits entre homme et éléphants : quelles solutions ? », Le FLAMBOYANT, n 50, juin 1999, pp.16-18.

* 175 Richard E. Hoare 1995 cité par Frédéric Marchand, 1999.

* 176 Constant Allogo, corpus n°25, séquence n°4.

* 177 Jean Pierre Profizi, « Trop d'éléphant au Gabon », Le FLAMBOYANT, n° 50, juin 1999, pp.18-19.

* 178 Constant Allogo, corpus n°25, séquence n°3.

* 179 Inspection provinciale des eaux et Forêts de la Ngounié, rapport d'activités annuel 2002, p. 75.

* 180 Charlotte Kassou, corpus n°11, séquence n°2.

* 181 Serge BAHUCHET et al. (2000), Forêts des tropiques, Forêts anthropiques, sociodiversité, biodiversité, un guide pratique, Bruxelles, APFT, p.9.

* 182 Aurélien Mofouma, corpus n°23, séquence n°1.

* 183 Aurélien Mofouma, corpus n°23, séquence n°2.

* 184 Arnaud Sournia, « Les relations homme/éléphants au Zimbabwé : tentative de cohabitation homme/faune sauvage », Le FLAMBOYANT, n°50, juin 1999, pp.29-31.

* 185 World Conservation Monitoring Centre, 2003 cité dans Groupe des Spécialistes de l'éléphant d'Afrique (2003), Rapport de situation de l'éléphant d'Afrique 2002 : une actualisation de la base de données de l'éléphant d'Afrique, commission pour la sauvegarde des espèces de l'UICN n°29. 

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams