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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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2-2 Les résistances

Il est difficile pour la population riveraine aux Monts de Cristal de concevoir une vie normale sans aller à Mbé. Ce massif forestier, particulièrement la partie de forêt mise « sous cloche » est perçue comme un « grenier ». La restriction de leurs déplacements à cause des nouveaux règlements crée des doutes quant à leur avenir. Les populations vivent une situation délicate.

Entretien 30 : ADA NDOUTOUME Léontine, 58 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Aveba-Nzame, chef de village, village Mela, département Como-Kango, clan Efak, sur les causes dues aux résistances vis-à-vis du Parc.

Texte en fang

Traduction française

bia deng dia niegue edzam ba bo'o akal na'a ebot ba te dzam ete ba biane bia. bi sefe ji betsit ke na'a ebot ba kal afan ba siime bia. ve bébiéne ébo be vele lom borena'a be ke bo'o be ji be tsite. za ayiane buane y'afan, za ka yiane ke buana'a dô ? gue ngomane a tsine ye dzang bwaneté, bi woguane dia. bia yeme dia édzam ba kum bia. bia bine fe ane bô.

Nous sommes retissants envers le projet parce que les gestionnaires nous négligent. On ne peut plus exercer librement la chasse sans qu'un agent des eaux et forêt t'arrête. Cependant, ils sont les premiers à envoyer les braconniers faire la chasse pour eux. Qui doit bénéficier de cette forêt et qui ne le mérite pas ? si l'Etat continue de cette façon, on ne va jamais s'entendre. On ne sait pas exactement ce qu'ils nous veulent. Nous aussi, nous sommes des hommes comme eux.

Ce texte ressort les raisons qui rendent les populations résistantes au projet. Les populations dénoncent la mauvaise attitude de l'Etat dans la gestion de ce massif forestier. L'Etat encourage l'exploitation illicite de la forêt des Monts de Cristal. Les étrangers accèdent à cette forêt pour la chasse irrationnelle. Cependant cela y est formellement interdit à la population autochtone. Elles sont soumises à des législations strictes en matière de la chasse commerciale ou toute autre activité forestière. Cette attitude inégale envers les populations fait en sorte que les projets de conservation mis en place dans tous les pays africains rencontrent inévitablement des difficultés. Le projet de conservation Monts de Cristal-Gabon est confronté sans doute à des dysfonctionnements internes, institutionnels, de moyens, à des réticences voire des résistances de l'ayant droit. Face à cela, Samuel Nguiffo dira : « Il en découle pour les projets de conservation la nécessité de s'adapter en permanence, de chercher sans cesse des réponses à des questions nouvelles » (2003 :211-212).

Ce projet a une autonomie de fonctionnement par rapport à la population locale. De ce fait, il se heurte à des résistances qui se manifestent de plusieurs manières. Généralement, les populations expriment leur mécontentement d'une manière pacifique. Ces dernières craignent éventuellement des sanctions qui peuvent découler de l'Etat. D'aucuns pensent même que ce projet est ambigu et peu pertinent, d'autant plus qu'il manque de directives claires. Les gestionnaires répondent : «  Le parc est encore dans ses débuts. Il faut attendre une dizaine d'années pour que les choses soient stables ». Le manque de coordination entre les interventions de développement est un frein incontestable à ce projet.

Tous les intervenants sont d'accord pour le projet mais des instances efficaces de coordination ont du mal à voir le jour car souvent les gestionnaires se voient bien en « coordonnateur » mais acceptent mal « d'être coordonné ». Outre ce point, le projet fait également face à peu d'opportunités économiques pour les communautés villageoises. Depuis la création du Parc, aucun villageois n'a pu trouver un travail stable. Ces derniers occupent les tâches de « garde » et sont rémunérés à moindre coût. Le projet est perçu comme une « illusion » sans lendemain, car il n'intègre pas une approche de développement local.

Le cadre juridique dans lequel évolue le projet n'est pas toujours adapté. Les statuts légalement prévus en matière de gestion des Parcs manquent parfois de souplesse. Dans le domaine foncier, on note une distance parfois importante entre les textes qui réglementent officiellement l'appropriation et la gestion des terres et les pratiques qui ont lieu sur le terrain. Des contradictions existent entre le « droit moderne » et le « droit coutumier », on parle alors de « flou juridique ». le flou juridique est un obstacle au projet. A cet effet, Sang Joseph K dira : «  Le flou juridique peut placer les agents des projets dans des situations embarrassantes quand l'analyse des pratiques devient publique et que les communautés locales sont lésées » (2003 : 126-128).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille