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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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2. Les conséquences

2.1. La méfiance

Il existe un climat de méfiance entre les populations et les gestionnaires du Parc. Ceci découle d'une incompréhension dans le projet de conservation. Les populations estiment que ce projet ne les concerne pas, et qu'il est du ressort de l'Etat. Les populations se sentent trompées, et elles sont persuadées que cela dissimule beaucoup d'intérêts, bien que ne gagnant rien. Elles ressentent le projet comme une expulsion, et une déposition de leurs droits. De ce point de vue, toute action entreprise doit rapporter des bénéfices, même si on ne comprend pas vraiment de quoi il s'agit. C'est dans cette logique qu'aucune crédibilité n'est donnée à l'explication, par des gens venant de si loin, garder les animaux, les plantes et autres richesses du sous-sol. La participation de la communauté dans la gestion des ressources forestières est désormais considérée comme une partie essentielle de tout projet de conservation des forêts. Néanmoins, les communautés sont encore insuffisamment consultées et leur participation demeure insuffisante. Le manque d'attention pour les caractéristiques sociales et économiques des individus, institutions et villages qui composent la communauté qui utilise les ressources de la forêt, est en partie à l'origine de cette méfiance.

Les projets de conservation des forêts ont aussi souvent oublié de prendre en considération le contexte historique des utilisateurs. Les populations se trouvent souvent exclues des discussions concernant l'aménagement des forêts bien qu'elles aient été impliquées dans certaines interventions liées au développement du projet. Cela les empêche de prendre part aux enjeux liés à l'aménagement des forêts de nuage des Monts de Cristal.

« Il est peu probable que ceux qui dépendent des ressources forestières soient tentés de les gérer de façon durable si leur accès à ces ressources, ainsi que la valeur de celles-ci, continue à diminuer. Il faut en effet que leur maintien présente de réels avantages économiques » (Mosse, 1996). Pour assurer l'aménagement durable des ressources forestières, il est crucial d'impliquer davantage les habitants de la forêt des Monts de Cristal dans les décisions concernant la forêt et ses ressources. Sans l'engagement et le pouvoir de décision de ces personnes étroitement liées à la forêt, le projet de conservation a peu de chance d'atteindre ses objectifs, et le climat de méfiance perdura.

La participation des communautés locales, premiers utilisateurs des terres, est la clé du succès. Ce sont ces dernières qui font qu'un programme réussit ou échoue. Si elles sont correctement motivées, elles ont la capacité d'apporter des changements dans l'utilisation des terres. Si la participation des populations est donc une nécessité, son application n'est pas toujours évidente dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Il existe à l'heure actuelle une documentation abondante témoignant que les communautés villageoises subissent une forte discrimination dans les sociétés où elles habitent, qu'elles sont exploitées par d'autres secteurs, et que leurs droits aux ressources dont elles dépendent pour leur subsistance n'ont pratiquement aucune protection. Beaucoup de ces groupes habitent des régions où les organisations de conservation locales, nationales et internationales ont des intérêts puissants.

Dans presque tous les cas, la plainte qui revient chez les communautés locales concerne l'absence de consultation à propos des projets de conservation. Très souvent, leurs problèmes découlent de la non-reconnaissance de l'accès dont ils disposaient traditionnellement et de leurs droits d'utilisation sur des terres qui sont maintenant délimitées en tant qu'aires protégées. Par rapport à cela, Ruth Malhesou dira : « Le plan de gestion des territoires dont dépendent les populations villageoises est accompagné de restrictions imposées aux chasseurs, cueilleurs et agriculteurs, sans leur consentement. En revanche, il n'existe encore aucun mécanisme permettant de demander aux communautés locales quels sont leurs projets » (2002 : 2-10). Il n'existe pas de gestion du site et aucune politique générale de conservation cohérente n'a été mise au point disent-elles.

Entretien 29: ANDEME NGOUA Félicité, 42 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Ossan Mbot Zam, village Avang, département du Haut-Kango, clan Efak, sur L'aménagement du territoire. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 à 10h4, dans sa boutique et il a duré 48mn.

Texte en fang

Traduction française

Bia tôbe nkele ye bot bat è mame Yo Parc. Ave be sum bisen, bâ sile edzam bia siman. Bia ning avoldâ. Ba fonane na'a ébe ba dang yeme bale mefan ye lot bia. Ve bia yeme bale afan ye lot be. Ede mefan mâ menguene dzomase. Ba yeme dzome dâ ve kil bot mefan ke bi ve ne bia bebo'o bi yén. Gue bitô yen ye be « maye kam beyeng na'a be ni mefan ma'a ; ma miéne médzeng ne me yeme baglé mefan ye dzo ébot bevo'o ne be bô ane ma'a.

Nous sommes méfiants et retissants envers les gestionnaires du Parc. Depuis qu'ils ont commencé leurs travaux, ils ne nous consultent pas comme on veut. Nos vies n'ont pas changé. Ils pensent qu'ils savent conserver les forêts plus que nous. Cependant, nous gardons mieux les forêts qu'eux. La preuve est que nos forêts sont toujours intactes. Tout ce qu'ils savent c'est nous interdire l'accès à la forêt sans nous impliquer dans leur travail. Si on nous implique, « je peux surveiller et interdire aux étrangers d'accéder à notre forêt. Moi-même je vais réguler ma conduite sur mes activités forestières et le demander aux autres.

Ce récit dénonce les raisons qui incitent les populations à la méfiance et à la réticence. En effet, les populations pensent que les gestionnaires abusent de leur générosité et de leur tranquillité. Ces dernières ne tiennent pas compte du sort qu'ils leur infligent. Les projets les marginalisent alors qu'ils sont aussi aptes à faire leurs preuves. Face à ce problème, les autorités doivent être conscientes de la nécessité d'un plan de gestion intégré et complet. Il ne semble pas y avoir de consensus en ce qui concerne la conservation, la restauration et le développement. Les acteurs opèrent dans le site selon leurs règles ou leurs intérêts spécifiques. La situation de l'infrastructure n'est pas résolue. Le mauvais état des routes, le manque et le vieillissement des infrastructures, le manque d'établissements scolaires, de dispensaires, de média, de médecin sont à l'origine de l'indifférence manifestée par les populations dans le projet de conservation. En dehors de ces problèmes, aucune construction d'ordre commercial ou résidentiel n'a été effectuée dans la région des Monts de Cristal.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway