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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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1.2. Absence de Cogestion dans le projet de conservation

Selon l'UICN, « la co-gestion est une situation dans laquelle plusieurs acteurs sociaux négocient, établissent et garantissent entre eux le partage équitable des fonctions, droits et responsabilités de gestion pour un territoire donné ou un groupe de ressources naturelles » (2003 : 26). Depuis la mise en place du Parc, les villageois n'ont jamais fait face à une conservation en commun de l'espace protégé de la forêt des Monts de Cristal. Ces derniers sont marginalisés. Ils sont confrontés à leur faible implication dans la gestion des ressources forestières alors qu'ils sont toujours considérés comme des « gardiens » des forêts. Les gestionnaires estiment que leur tradition est taboue et qu'ils n'ont pas de rôle à jouer dans le projet.

Au Gabon, et particulièrement dans la politique du Parc des Monts de Cristal, on constate réellement, comme cela se passe dans la majorité des pays africains que l'approche cogestion est encore tâtonnante malgré le recours à des outils de gestion performants fondés sur « l'approche patrimoniale » et « l'approche terrain ». Les ayant droit ne figurent pas autour de la table de « conciliation » ou de « négociation ».

La conservation de la biodiversité reste principalement du ressort de L'Etat central, de l'ONG verte et des décideurs internationaux, pour qui, les aires protégées constituent des outils privilégiés de protection de la faune, flore et autres ressources. Cette attitude favorise d'extrêmes difficultés pour faire appliquer la politique de conservation sur le terrain. D'où, une forte présence des contradictions entre les champs de l'autorité légale et coutumière et cela entraîne des blocages dans les projets.

Le projet d'éducation à l'environnement mis en place au Gabon, et particulièrement dans les Monts de Cristal ne s'inscrit pas dans le contexte d'aide régional, mais international, d'autant plus qu'il n'émane pas d'une demande locale et ne suscite pas l'adhésion de la population. La WCS ne consulte pas les populations dans les problèmes réels de la conservation. Les quelques fois qu'elles ont été consultées, leurs opinions n'ont jamais été considérées. On les questionne sur leur vécu, modes de vie alimentaire, sans pourtant chercher à avoir leur avis sur l'établissement d'une méthode de conservation efficace et durable, leur place dans le projet par exemple.

Les partenaires qui se nouent entre l'aide extérieure et les communautés locales doivent créer les conditions d'une participation effective : laisser exprimer leurs besoins, leur permettre une évaluation quotidienne du projet. La population veut prendre part à toutes les décisions et aimerait que leur culture soit valorisée dans ce projet de conservation. Cette dernière dit que : «  s'il y a problème, c'est parce que l'Etat ne veut pas les impliquer dans le projet ».

Entretien 28 : OVONO MBA Frédéric, 42 ans, ethnie fang, marié, père de six enfants, infirmier d'Etat, lignage Aveba-Nzame, village Mela, département Como-Kango, clan Efak sur les limites du Parc. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 dans son corps de garde. Il avait exigé que nous nous présentions et présentions les objectifs de notre présence dans le village. Cet entretien avait démarré à 19h10mn. A l'issue de cet entretien, il nous a remis des oranges.

Texte en fang

Traduction française

1 Bia belane dia ye Parc. Engueng ba konlegne ba dzo'o bia. Ve engueng bengua tchik bédzogue fe bia.

1 Nous ne sommes pas impliqués dans la gestion du Parc. Lors de la mise en place du Parc, ils nous ont informés. Cependant, lors de la délimitation, certains villages n'ont pas été au courant.

2 Bia yeme dia édzam babô mengueng medzeng be vele zo mindzo midzal na'a be dzu bi dzo na'a bi yeme belanegne. Ba kôbe mameté ve ye mintzzo'o midza'a. bia kume yén bia bebo'o ye bon'a awogane étôbe ézang bia beb'o.

2 Nous ne sommes pas impliqués dans le projet, il leur arrive parfois de demander à certains chefs de villages de sensibiliser leur population sur la conservation. Ils ne discutent pas de conservation avec le reste de la population. Notre souhait est de travailler de concert et créer une ambiance avec eux.


Après lecture de ce récit, on peut retenir que les populations riveraines sont impliquées d'une manière « partielle dans les projets de conservation. Ces derniers ne veulent plus jouer les « seconds rôles », elles veulent que leur rôle soit total, que l'Etat Gabonais leur accorde le même statut que la WCS dans la politique de conservation. Cela évitera des éventuelles difficultés et installera un climat d'ambiance.

« Les ressources naturelles doivent être gérées pour le bien de tous et les communautés locales doivent jouer un rôle central dans la gestion des ressources de leur localité » (2003 : 180-182) disait Pénninah Zaninka

La meilleure façon de traiter les questions environnementales est d'assurer la participation de tous les acteurs de la conservation. Les compromis entre environnement et développement ne se négocient pas seulement entre Etats et des organisations internationales, nationales, mais aussi à la base, au niveau local. C'est le lieu privilégié du partenariat. Le CNPN et la WCS doivent renforcer le rôle des autochtones afin de leur permettre de participer activement à la formulation des politiques de développement susceptibles de les affecter et de faire connaître leur avis sur la gestion de leurs propres conditions de vie. A ce sujet, Norbert Winner dira : « Si les hommes communiqueraient, il y aurait moins de guerre » (2003).

Allant dans le même sens, dans l' « agenda 21 »5(*) du sommet de la terre de Rio, qui s'était tenu en 1992 sur le thème « De la participation des « populations locales et autochtones » à la gestion des ressources naturelles », il était question de reconnaître le droit des populations riveraines aux aires protégées à la gestion des dits espaces. Cette Convention internationale sur la biodiversité reconnaît des droits aux « populations indigènes » sur le milieu qu'elles habitent et souligne l'importance de leur rôle dans la mise en place d'une gestion durable des forêts. Cette théorie est aujourd'hui une option incontournable des politiques de « bonne gouvernance » et des programmes de « développement durable ».

L'UICN ajoutera que : «  Les peuples autochtones maintiennent des liens de longue date avec la nature, dont ils ont une profonde compréhension. Ils ont souvent contribué de façon significative au maintien de nombreux écosystèmes parmi les plus fragiles de la planète, à travers leurs pratiques traditionnelles d'utilisation durable des ressources et leur respect de la nature fondé sur la culture. Par conséquent, il ne devrait pas exister de conflit intrinsèque entre les objectifs des aires protégées et l'existence, à l'intérieur de leurs frontières, de peuples autochtones. En outre, ces peuples doivent être reconnus comme des partenaires légitimes et égaux dans le développement et la mise en oeuvre de stratégies de conservation qui touchent leurs terres, territoires, eaux, mers côtières et autres ressources, et en particulier lors de la création et de la gestion d'aires protégées ».

Si dans les discours institutionnels et politiques dominants comme dans les énoncés des programmes de coopération internationale, les formules consensuelles du « développement durable » et de la « participation locale » se sont imposées de toute leur évidente bienveillance, leur mise en oeuvre dans la pratique ne sert guère la cause de ceux qui sont censés en être les bénéficiaires. Tel est le cas du Gabon, et en particulier dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Alors même que l'on prône partout la participation, les populations locales de la région des Monts de cristal disposent de moins en moins de contrôle sur l'accès à leurs ressources naturelles. Cependant, Pour que le gouvernement des populations fang soit totalement efficace, il faut que les individus se définissent eux-mêmes dans les termes du développement durable.

A la suite de ceux là, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement consacré à la mise en application de la Convention sur la diversité biologique de 1993 dira : « Les communautés autochtones résidant principalement dans des régions à forte diversité biologique ont cultivé et judicieusement utilisé pendant des millénaires la diversité biologique de leur environnement immédiat. Par conséquent, si les espèces et écosystèmes veulent être maintenus et utilisés valablement, ces peuples doivent avoir une part et un intérêt dans cette conservation. En tant que gestionnaires du site et possédant une connaissance approfondie de l'environnement local, ces communautés sont ultimement responsables de l'introduction de toutes politiques de conservation et d'utilisation durable » (Agenda 21). Les populations locales sont objectivées comme les dépositaires de savoirs qui ont permis la préservation de la diversité, ce qui permet de leur attribuer un rôle au sein de l'appareil de développement durable : celui de « participer ».

* 6 Programme d'actions signées à Rio de Janeiro, 1992, sur les 27 principes essentiels à un développement rationnel et réel.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault