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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal

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par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO
Université Omar Bongo - Maîtrise 2007
  

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Conclusion

Notre recherche a porté sur les rapports de l'homme à la forêt. Nous avons analysé les relations qui existent entre la population fang et les gestionnaires environnementalistes dans la gestion et la conservation de la faune et la flore du Parc National des Monts de Cristal. Nous avons cerné le fonctionnement du projet de conservation mis en place au Gabon, particulièrement aux Monts de Cristal et ses rapports avec les populations riveraines. Le principe consistait à savoir si le Parc était bien aperçu par les populations et voir s'il répond aux attentes des populations, et donc à l'amélioration de leurs conditions de vie. Notre travail était composé de quatre parties. Il a prit racine grâce à l'apport théorique interdisciplinaire reposant sur une méthodologie anthropologique. Ce dernier nous a permis de poursuivre dans une autre dynamique, celle de l'identification de la population riveraine au Parc et ces rapports avec la forêt. Il était question de faire une analyse de leurs activités et montrer l'impact que ces dernières peuvent avoir sur la faune, la flore, le sol, l'eau et l'homme. A la suite de cette partie, notre réflexion a porté sur les activités et les rapports des gestionnaires du Parc à cet espace protégé. La dernière partie a consisté à ressortir les difficultés et les avantages liés au projet de conservation, tout en ressortant la situation qui prévaut entre ces deux acteurs de la conservation.

La question relative à la conservation de l'environnement a déjà été abordée par plusieurs auteurs, parmi lesquels, George Pierre (1973), Jean Lamarque (1973), Maurice Kamto (1996), Yvette Veyret Yvette et Pierre Pêche (1997) et Sabine Rabourdin (2005). Dans son ouvrage, le premier auteur montre en effet que l'environnement est une source indispensable, une base de production pour toute vie humaine, mais aussi une menace pour l'homme, à cause des facteurs qu'il recouvre. Ainsi, il recommande à l'homme rural de faire une exploitation durable de ces ressources. A sa suite, Jean Lamarque dans son ouvrage dira que l'environnement est un problème de politique nationale et sociale alors, la santé de l'environnement doit dépendre des grandes décisions nationales concernant l'utilisation et la sauvegarde des connaissances naturelles. Le troisième auteur établit le rapport entre la science juridique et l'environnement. Il pense que le droit est utile dans la protection et la gestion de l'environnement. Le quatrième auteur va réagir sur les rapports de l'homme à l'environnement. Il recommande aux chercheurs qui orientent leurs études dans le domaine environnemental d'analyser les rapports de l'homme à son milieu en terme de conflits. Enfin Sabine Rabourdin montre dans quelle mesure le mariage entre la population villageoise et les gestionnaires des Parcs peut faciliter la gestion durable des Parcs Nationaux. A ces auteurs, nous avons associé les spécialistes des Parcs Nationaux : Marcus Colchester (1999), Joseph K Sang, Samuel Nguiffo et Ruth Malhesou (2003) etc. Les idéologies de ces auteurs reposent sur les intérêts des peuples autochtones envers les projets de conservation. Ils aimeraient que les projets aient un regard proche envers les populations autochtones. Marcus Colchester dans son article Parcs ou peuples, fait une critique des projets de conservation en Afrique. Il fait ressortir que ces projets se font uniquement au niveau du sommet. Ainsi, il recommande que cela se fasse de la base vers le sommet, et non l'inverse. C'est à ce titre qu'un projet peut promouvoir un développement durable.

Contrairement à ces auteurs, notre préoccupation s'est appuyée sur deux modes de gestion des écosystèmes au Gabon notamment traditionnelle (villageois) et moderne (CNPN, WCS). Pour trouver des solutions et élucider notre problème, nous avons constitué un guide d'entretien qui contenait un canevas de questions relatives aux manières traditionnelles et modernes de conservation de la faune et la flore des Monts de Cristal. Ces questions ont été testées pendant les mois de mars-avril 2007, mois de terrain universitaire. Nous avons mené notre enquête dans les provinces de l'Estuaire (Kango), du Woleu-Ntem (Medouneu) puis au CNPN, à la WCS et à l'IRET. Cette enquête s'est passée dans huit villages dont le critère fondamental était le nombre d'habitants, parmi lesquels, Andok-Foula, Mela, Misome (Kango), Akoga, Avang, Mbé-Akelayong, Nkann, Song, (Medouneu). Elle a été menée auprès de trente un informateurs dont onze femmes et vingt hommes dont l'âge variait entre vingt six et quatre vingt sept ans et selon les activités. Nous nous sommes intéressée particulièrement à la pêche, chasse, agriculture, sciage, artisanat et vannerie, orpaillage et cueillette. Parmi les villageois, nous avons eu trois chasseurs, trois pêcheurs, trois ramasseurs cueilleurs, deux agriculteurs, trois scieurs de long, deux orpailleurs, un artisan, deux vanniers et deux tradipraticiens. Au CNPN, WCS, et IRET, nous avons eu notre entretien avec neuf cadres gestionnaires et qui font des recherches dans le Parc.

Au terme de notre recherche, il ressort que les deux conceptions culturelles et les deux comportements culturels relatifs à la conservation de la forêt des Monts de Cristal sont difficiles à concilier. La société fang se dote d'une très grande ambition : la préservation de l'environnement et l'amélioration de la relation que les hommes entretiennent avec ce dernier. Cette ambition s'inscrit dans la recherche de la durabilité des ressources. La culture traditionnelle a sa méthode de gestion et de conservation de la forêt. Elle possède peu d'outils, mais dispose d'une vision globale de leur place dans la nature. Cette dernière a développé des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement. Elle la gère par ses activités traditionnelles et la conserve par la jachère et les « forêts sacrées ». Ces méthodes de conservation sont régulées par les interdits. Ces interdits sont sous la responsabilité du chef coutumier, et les sanctions qu'on inflige aux individus qui transgressent la loi sont du ressort des esprits surnaturels. La jachère est une méthode de conservation qui consiste à régénérer la forêt. Elle favorise une recomposition rapide du couvert végétale lorsque sa durée a été respectée. Cependant, la WCS et le CNPN met cette forêt « sous cloche » et y interdisent tout accès

La route Kougouleu-Medouneu n'est pas très praticable. On note aussi l'absence de l'électricité, de dispensaires, d'établissements scolaires dans certains villages, le manque d'écoguides. A travers ces faits, on ne peut pas encore parler de « développement » dans cette région d'autant plus que le tourisme n'est pas encore mis en place. Depuis la mise en place du Parc jusqu'à nos jours, la WCS et le CNPN ont recruté les jeunes des villages environnants comme écogardes et ont institué les jardins scolaires dans lesquels les jeunes de la région sont impliqués. Ils ont également mis en place un club d'écologie au CES de Medouneu.

Il importe aux gestionnaires du Parc d'avoir une démarche d'ensemble pour l'usage du projet et non d'imposer leur modèle qui ne tient pas compte des critères de choix des sociétés riveraines, afin que cet outil serve les ambitions qui sont les leurs et atteint le développement durable. La conservation doit respecter les ambitions sociales et culturelles au lieu de les soumettre à ses propres contraintes comme c'est le cas au Gabon. Il ne s'agit pas de rejeter les formes de développement en bloc, mais de les choisir et de les orienter de manière évolutive. D'ailleurs beaucoup des villageois sont soucieux des limites de leurs ressources. Ils refusent cependant qu'on leur impose des solutions et des techniques, mais souhaitent les connaître afin de décider elles -même de les mettre ou non en oeuvre. Il apparaît donc que l'un des principaux souhaits de la société fang est d'obtenir le droit de prendre une plus grande part à la gestion du territoire qui les entoure. L'expérience des années passées a clairement montré que le défit écologique dans les sociétés traditionnelles ne se limite pas à planter, à mettre en réserve quelques forêts, à aménager quelques secteurs humides. Il s'agit avant tout d'organiser la société afin de permettre aux communautés de s'assumer et de préserver l'environnement. La mise en place d'un cadre conceptuel qui prenne en considération les ressources privées et collectives du village, ses diverses ressources en biomasse ainsi que les intérêts et besoins des différents groupes économiques de la communauté villageoise est le préalable au développement d'un programme de gestion durable des ressources naturelles, car il ne peut y avoir de développement durable sans reconnaissance des doits des peuples autochtones sur leurs terres et sur le contrôle de leurs ressources. La mondialisation des savoirs offre de nombreux moyens pour la recherche de durabilité. Aucun des problèmes d'environnement ne peut être a priori résolu à l'aide d'une réponse simple. Pour résoudre ces problèmes, il faut avant tout adopter une démarche et une vision globale. Le savoir autochtone conjugué aux savoirs scientifiques permettraient d'acquérir une compréhension plus étendue et plus près de la réalité des écosystèmes et des communautés qui y vivent. Les populations autochtones gagneraient donc à en bénéficier des connaissances scientifiques écologiques. Il revient alors aux Etats d'organiser la participation des habitants à la gestion des ressources de leur territoire et parvenir à mieux les responsabiliser. Ces efforts devraient par ailleurs permettre une plus grande autonomie au niveau local, davantage en adéquation avec les objectifs écologiques.

Table des photographies

Photo 1: Inselberg des Monts de Cristal 29

Photo 2: Exemple de Begonia endémique des Monts de Cristal, en fang miang 32

Photo 3: Exposition d'un hocheur, en fang avem, (Cercopithecus nictitan 64

Photo 4: Un site en pleine exploitation forestière 77

Photo 5: Un site après l'exploitation minière 78

Photo 6 : Trois porcs-épics pris par braconnage 78

Photo 7: Une campagne de sensibilisation dans un village riverain 93

Photo 8 : Un site de chasseur mis à feu lors d'une patrouille 97

Photo 9: Un arbre portant les limites du Parc dans le village Mbé-Akelayong 99

Photo 10: La prise de l'eau dans la ville de Medouneu 104

Photo 11: Une voiture de la WCS et deux « routiers » 105

Photo 12: Un « garde » en activité 114

Table des cartes

Carte 1. Zone d'étude : Les Monts de Cristal 23

Carte 2: Localisation des Monts de Cristal 27

Carte 3 : La région la plus pluvieuse du Gabon, avec une saison sèche peu marquée 30

Carte 4 : Les villages de nos informateurs 44

Table des tableaux

Tableau 1 : la diversité alpha et bêta des Monts de Cristal 33

Tableau 2 : Les animaux des Monts de Cristal. 34

Tableau 3 : Liste des oiseaux de la forêt de nuage des Monts de Cristal 36

Tableau 4 : Les reptiles des Monts de Cristal 37

Tableau 5 : Répartition de nos informateurs 41

Tableau 6 : Effectif de la population riveraine au Parc d'après les huit villages enquêtés 48

Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise 48

Tableau 8 : Recensement des populations fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté 49

Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays 51

Tableau 10 : Les essences épargnées lors de l'abattage 56

Tableau 11 : Les cultigènes plantées par les femmes dans leurs plantations 57

Tableau 12 : Prix de quelques cultigènes sur le marché 59

Tableau 13 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 61

Tableau 14 : Les animaux dont la consommation est interdite dans les villages enquêtés 62

Tableau 15 : Les destinations symboliques de ces animaux 63

Tableau 16 : les espèces halieutiques de la pêche 64

Tableau 17 : Les prix des espèces halieutiques au kilogramme 66

Tableau 18 : Les essences de bois utilisés lors du sciage 66

Tableau 19 : Les arbres épargnés dans le sciage et leurs destinations symboliques 67

Tableau 20: Prix des planches sur le marché de la région des Monts de Cristal 68

Tableau 21: Les produits de la cueillette 69

Tableau 22 : Prix du produit de la cueillette sur le marché 71

Tableau 23 : Les objets de l'artisanat et de la vannerie 71

Tableau 24 : Prix de quelques essences de bois sur le marché National 74

Tableau 25: Les produits des jardins scolaires 89

Tableau 26: Prix des produits sur le marché 115

Tableau 27 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 116

Table des graphiques

Graphique 1 : L'âge des femmes enquêtées 41

Graphique 2 : L'âge des hommes enquêtés 42

Table des diagrammes

Diagramme 1 : Répartition des chasseurs des villages enquêtés

par techniques de chasse 61

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire