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Une approche de mesure du bien-etre des enfants et de la pauvreté des ménages au Congo

( Télécharger le fichier original )
par Anaclet Géraud NGANGA KOUBEMBA
Institut Sous-régional de Statistique et d'Economie Appliquée (ISSEA) - Ingénieur Statisticien 2008
  

Disponible en mode multipage

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COMMUNAUTE ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE

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INSTITUT SOUS-RÉGIONAL DE STATISTIQUE ET D'ÉCONOMIE APPLIQUÉE

9sse,oi

ORGANISATION INTERNATIONALE

B.P : 294 -Yaoundé (République du Cameroun)
Tél. : +237 22 22 01 34 Fax : +237 22 22 95 21 E-mail : isseacemac@yahoo.fr

Année Académique 2007/2008

UNE APPROCHE DE MESURE
DU BIEN-ÊTRE

DES ENFANTS ET DE
LA PAUVRETÉ DES MÉNAGES
AU CONGO

Memoire de fin de formation en vue de l'obtention
du Diplame d'Ingenieur d'Application de la Statistique

Redige et soutenu par : NGANGA KOUBEMBA Anaclet Géraud

Technicien Supérieur en Statistique et Planification

Devant le jury compose de :

Dr KAMGA TCHWAKET Ignace, Président
NGBANZA Jeannot, ISE, Examinateur
MOUNKALA Évrard Ulrich H.,
Directeur de Mémoire

Juin 2008

DÉDICACE

À la mémoire de mon père Alphonse NGANGA ;

à ma mère Alice OUMBA, à ma fille Rébecca Vertu C. GANGAT-GFASTU et à ma fiancée Faïda Chrislène KAYI-MABOUNGA.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail n'aurait pas été possible sans l'intervention de tous ceux qui de près ou de loin ont voulu rehausser sa qualité. Je leur exprime ici ma profonde gratitude. Il s'agit particulièrement de :

· M. Léoncio F. ESONO NZE OYANA, Directeur Général de l'ISSEA et tout le personnel de l'ISSEA, pour leur évidente contribution à ma formation ;

· M. Samuel AMBAPOUR, Directeur Général du CNSEE, pour le thème ici abordé qu'il a bien voulu me proposer et pour la documentation qu'il m'a offerte ;

· M. Évrard Ulrich H. MOUNKALA, Economiste-Statisticien, Agent d'encadrement supérieur à la BEAC, directeur de ce mémoire, pour ses précieux conseils et directives sans lesquels ce travail n'aurait pas été réalisé jusqu'au bout ;

· M. Symplice NGAH NGAH, professeur permanent à l'ISSEA, Codirecteur de ce mémoire, pour l'orientation du sujet soumis à ma réflexion et l'inestimable encadrement qu'il m'a offert à cet égard ;

· MM. Dieudonné KINKIELELE, Directeur des études des 1er et 2ème cycles et Robert NGONTHE, Directeur des études du 3éme cycle de l'ISSEA ; pour le suivi accordé aux étudiants de l'ISSEA, suivi dont j'ai également joui de façon toute particulière ;

· MM. Michel Noé Gui-Diby, Dieudonné KINKIELELE et tous les cadres de la BEAC et de l'Ambassade du Congo au Cameroun ; pour l'appui financier qu'ils ne cessent d'offrir à la Mutuelle des Étudiants Congolais au Cameroun (MECC) ;

· Tous mes frères et soeurs consanguins (notamment ma grande soeur Gertrude Fernande NGANGA), mes nièces et ma belle famille (famille KAYI) ; qui sans relâche, m'ont apporté leurs indéfectibles appuis moral et matériel ;

· Mes amis et camarades : Emmanuel LAO, Gaston DIKWE, Harris Benito KOUBEMBA, Laurent OBIANG MBELE et Rouane FATA ; pour la touche corrective apportée à ce travail ;

· Mes promotionnaires, pour les moments d'échange de connaissances à l'ISSEA ;

· La MECC qui m'a tant fait confiance à sa tête et m'a encouragé moralement à achever ce travail.

Que ceux qui ont contribué sous une forme ou une autre à la réalisation de ce travail, et qui n'ont pas été énumérés ici, y trouvent également l'expression de ma reconnaissance.

ACRONYMES ET SIGNES CONVENTIONNELS

ACH/CAH Classification Ascendante Hiérarchique

ACM Analyse des Correspondances Multiples

AFC Analyse Factorielle des Correspondances

BAMSI Bureau d'Application des Méthodes Statistiques et Informatiques

BEAC Banque des États de l'Afrique Centrale

BM Banque Mondiale

C3ED Centre d'Écologie et d'Éthique pour l'Environnement et le Développement

CED Centre d'Économie du Développement

CEMAC Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale

,

CERAPE Centre d'Études et de Recherche sur les Analyses et Politiques Economiques

CNLS Conseil National de Lutte Contre le Sida ,

CNSEE Centre National de Statistique et des Études Economiques

COPAF Consistance Ordinale sur le Premier Axe Factoriel

COS2 Cosinus carré

CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté

CTR Contribution

DSCN Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

DUDH Déclaration Universelle des Droits Humains

ECOM I Enquête Congolaise auprès des Ménages, 1ère édition

ECOSIT 2 Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel, 2ème édition

EDSC-I Enquête Démographique et de Santé du Congo, 1ère édition

F CFA Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale

FGT Foster, Greer et Thorbecke

IAS Ingénieur d'Application de la Statistique

IBW Institution de Bretton Woods

ICP Indicateur Composite de Pauvreté

IDH Indice de Développement Humain

INS Institut National de Statistique

INSEED Institut National de Statistique, des Études Économiques et Démographiques

IPH Indicateur de Pauvreté Humaine

IPPTE Initiative Pays Pauvres Très Endettés

IRM Indicateur de Richesse du Ménage

ISSEA Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée

MECC Mutuelle des Étudiants Congolais au Cameroun

MICS 2 Enquête à Indicateurs Multiples, 2ème édition

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONU Organisation des Nations Unies

OOO ORANA-ORSTOM-OMS

ORC Macro Opinion Research Corporation

ORSTOM Office de Recherche Scientifique pour les Territoires d'Outre-Mer

PEP Politiques Économiques et Pauvreté (Poverty and Econmic Policy)

PEV/C Programme Élargi de Vaccination au Congo

PIB Produit Intérieur Brut

PNDS Programme National de Développement Sanitaire

PNP Politique Nationale de Population

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PVD Pays en Voie de Développement

RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SNDE Société Nationale de Distribution d'Eau

SPAD Système Pour l'Analyse des Données

SPSS Statistical Package for the Social Sciences

T.C.É.P.A. Toutes choses égales par ailleurs

UNFPA Fonds des Nations Unies pour la Population

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

V.Test Valeur Test

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE i

REMERCIEMENTS ii

ACRONYMES ET SIGNES CONVENTIONNELS iii

TABLE DES MATIÈRES iv

LISTE DES TABLEAUX vi

TABLE DES ILLUSTRATIONS vii

AVANT-PROPOS viii

RÉSUMÉ ix

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

1ère partie CADRE CONCEPTUEL ET FONDEMENTS THÉORIQUES 9

Chapitre 1 LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA PAUVRETÉ 10

1.1 LES GRANDS COURANTS DE PENSÉE SUR LA PAUVRETÉ 10

1.1.1 L'école welfarist 11

1.1.2 L'école des besoins de base 12

1.1.3 L'école des capacités 13

1.2 LE BIEN-ÊTRE DES ENFANTS DANS L'APPREHENSION DE LA PAUVRETÉ 14

1.2.1 Mesure indirecte du bien-être des enfants 14

1.2.2 Mesure directe du bien-être des enfants 15

1.2.3 Analyse critique de la littérature et choix de l'option d'étude 16

1.3 DÉFINITION ET MESURE DE LA PAUVRETÉ 19

1.3.1 Les dimensions de la pauvreté 19

1.3.1.1 La notion de bien-être 19

1.3.1.2 Pauvreté monétaire 20

1.3.1.3 Pauvreté non monétaire 20

1.3.2 Concepts de ligne et de profil de pauvreté 22

1.3.2.1 La notion de seuil de pauvreté 22

1.3.2.2 Pauvreté absolue et pauvreté relative 24

1.3.2.3 Le concept de profils de pauvreté 25

1.3.3 Quelques autres identités de la pauvreté 26

1.3.3.1 Pauvreté objective et pauvreté subjective 26

1.3.3.2 Pauvreté structurelle et pauvreté transitoire 27

1.3.3.3 Pauvreté, inégalité et vulnérabilité 27

Chapitre 2 INDICES DE PAUVRETÉ ET REVUE DES TRAVAUX EMPIRIQUES 30

2.1 L'AGRÉGATION DE LA PAUVRETÉ 30

2.1.1 Les Indices G-H-I 32

2.1.1.1 Indice G : inégalité 32

2.1.1.2 Indice H : incidence de la pauvreté 32

2.1.1.3 Indice I : intensité de la pauvreté 33

2.1.2 Les agrégations axiomatiques SShT (Sen, Shorrocks et Thon) 34

2.1.2.1 Sen et la mesure axiomatique de la pauvreté 35

2.1.2.2 Indice Sh de Shorrocks 35

2.1.2.3 Indice T de Thon 35

2.1.3 Les indices K et CHU (Kakwani et Clark-Hemming-Ulph) 36

2.1.3.1 Indice de Kakwani 36

2.1.3.2 Indice de Clark-Hemming-Ulph 36

2.1.4 Les indices classiques de FGT (Foster, Greer et Thorbecke) 37

2.1.5 Les indices de développement humain : IDH, IDSH, IPH et ISPH 38

2.2 ÉTUDES EMPIRIQUES DANS LA LITTÉRATURE 42

2.2.1 Les travaux sur la pauvreté dans les régions autre que le Congo 42

2.2.2 Les travaux récents sur la pauvreté au Congo 45

2ème partie CADRE EMPIRIQUE DE L'ÉTUDE 47

Chapitre 3 APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES ET RÉSULTATS DESCRIPTIFS SOMMAIRES
48

3.1 PRÉSENTATION DE L'EDSC-I ET DES PROCÉDÉS STATISTIQUES 48

3.1.1 Présentation de la source des données : l'EDSC-I 2005 48

3.1.1.1 Justification, contexte institutionnel et objectifs de l'EDSC-I 48

3.1.1.2 Questionnaires et plan d'échantillonnage 49

3.1.1.3 Cadres physique, politique et socio-économique 50

3.1.2 Méthodologie et procédés statistiques utilisés 50

3.1.2.1 De l'élaboration de l'indicateur composite de pauvreté 51

3.1.2.2 De la mesure de la pauvreté infanto-juvénile 53

3.1.2.3 De l'élaboration d'un profil de pauvreté infanto-juvénile 55

3.1.2.4 De la relation pauvreté enfants/pauvreté ménages 55

3.2 RÉSULTATS SOMMAIRES DE L'ÉTUDE 55

3.2.1 Pauvreté et conditions de vie des ménages 56

3.2.1.1 Simulation de l'indice de richesse des ménages 56

3.2.1.2 Habitat et zone de résidence des ménages 61

3.2.2 Bien-être infanto-juvénile 67

3.2.2.1 Vaccination 67

3.2.2.2 Allaitement, iodation du sel et vitamine A 68

3.2.2.3 Alimentation 69

Chapitre 4 PROFIL ET DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ INFANTO-JUVENILE 71

4.1 PROFIL DE PAUVRETÉ DE LA PETITE ENFANCE 71

4.1.1 Indicateur composite de pauvreté (ICP) 71

4.1.2 Indice composite de pauvreté : construction et décomposition 77

4.1.2.1 Le seuil absolu de pauvreté 78

4.1.2.2 Incidence, profondeur et sévérité de pauvreté 79

4.2 LE RISQUE DE PAUVRETÉ DANS LA PETITE ENFANCE 82

4.2.1 Modélisation du risque de pauvreté infanto-juvénile 82

4.2.1.1 Présentation théorique du modèle probit 82

4.2.1.2 Modélisation et spécification des variables 83

4.2.2 Les options économétriques, résultats et interprétation 85

4.2.2.1 Options économétriques 85

4.2.2.2 Résultats et interprétation 86

4.3 LIMITES DE L'ÉTUDE ET PERSPECTIVES 92

4.3.1 Limites de l'étude 92

4.3.2 Perspectives 94

CONCLUSION GÉNÉRALE 95

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 98

ANNEXES I

Annexe A : Objectifs du Millénaire pour le Développement et leurs cibles I

Annexe B : Limites des IPH - Principes, structure et limites des DSRP III

Annexe C : Objectifs spécifiques et plan d'échantillonnage de l'EDSC-I 2005 IV

Annexe D : Aperçu sur l'analyse factorielle : AFC, ACM et ACH VI

Annexe E : Résultats additionnels de l'ICP et partitionnement en 2 classes VIII

Annexe F : Détails sur la modélisation probit X

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2 : Expressions formelles des indicateurs de développement humain présentés 41

Tableau 3.1 : Répartition des enfants congolais de moins de 5 ans par sexe, en 2005 50

Tableau 3.2 : Indicateurs d'analyse et de mesure de la pauvreté des enfants de moins de 5 ans 53

Tableau 3.3 : Distribution (en %) des ménages selon la principale source d'eau potable et la zone de résidence 61

Tableau 3.4 : Distribution (en %) des ménages par type de sanitaires, selon la zone de résidence 62

Tableau 3.5 : Fréquences relatives en %, par autres caractéristiques de l'habitat et la zone de résidence
des ménages 64

Tableau 3.6 Pourcentage de la population des ménages selon de l'indice de richesse des ménages
(IRM) et le domaine de résidence 65

Tableau 3.7 : Proportion en %, des ménages ayant certains biens durables, par zone de résidence 65

Tableau 4.1 : Tri-à-plat des 47 modalités pour 17 variables actives 72

Tableau 4.2 : Scores, contributions, cosinus carrés et valeurs-test des modalités significatives sur l'axe
1 76

Tableau 4.3 : Discrimination enfants riches-enfants pauvres (après consolidation des classes) 78

Tableau 4.4 : Indices de pauvreté (en %) selon le sexe et selon l'âge en années révolues de l'enfant 79

Tableau 4.5 : Indices de pauvreté (en %) selon l'Indicateur de Richesse du Ménage (IRM) et selon le
niveau d'instruction de la mère 80

Tableau 4.6 : Indices de pauvreté (en %) par certaines caractéristiques environnementales 81

Tableau 4.7 : Coefficients de régression et effets marginaux des estimations Probit 86

Tableau 4.8 : Perspectives du bien-être en bas-âge : points d'ancrage et suggestions 94

Tableau 4.E.2 : Description de la coupure de l'arbre en 2 classes et caractéristiques par les modalités
IX

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Schéma synthétique. Dimensions, écoles de pensée et type de mesure de la pauvreté 21

Figure 2 : Quelques indices de développement humain : sens, origine, dimensions impliquées et motif d'agrégation 40

Figure 3.1 : Dendrogramme [ou arbre] de classification des ménages selon les biens durables possédés
et certaines caractéristiques de logements 57

Figure 3.2 : Hypercube de contingence de la catégorisation des ménages semblables selon la zone de
résidence et certaines caractéristiques de la qualité d'habitation. 59

Figure 3.3 : Ménages qui mettent plus de quinze minutes pour s'approvisionner en eau, en fonction de
la zone de résidence 62

Figure 3.4 : Indice de peuplement du logement des ménages selon la zone de résidence 63

Figure 3.5 : Ménages par nombre de pièces utilisées pour dormir, en fonction de la zone de résidence
63

Figure 3.6 : Fréquences (en %) des ménages selon la nature de combustible de cuisine utilisé et par
zone de résidence 66

Figure 3.7 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans ayant été vaccinés 67

Figure 3.8 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans ayant reçu tous les vaccins du PEV/C
selon le niveau d'instruction de la mère. 68

Figure 3.9 : Répartition des enfants de moins de 5 ans ayant été allaité au sein, en fonction du sexe de
l'enfant, du niveau d'instruction de la mère et du type d'assistance à la naissance de l'enfant 68

Figure 3.10 : Distribution en %, des enfants de moins de 5 ans par région, selon la nature du sel utilisé
dans le ménage 69

Figure 3.11 : Évolution selon l'âge de l'enfant de l'indice anthropométrique taille pour âge 70

Figure 4.1 : Hypercube de contingence. Indicateur composite de pauvreté multivariée de la petite
enfance 73

Figure 4.2 : Procédure d'élaboration et d'archivage de partition de l'ICP sous SPAD 77

Figure 4.E.1 : Représentation simultanée des individus et des variables sur le plan (1,2) VIII

AVANT-PROPOS

Ce travail de recherche s'inscrit dans la perspective académique de fin de formation des Ingénieurs d'Application de la Statistique (IAS) à l'Institut Sous-régional de Statistique et d'Économie Appliquée (ISSEA). Il répond au contexte académique de l'ISSEA qui inclut dans le programme d'études, notamment dans la division des IAS, la rédaction d'un mémoire devant faire l'objet d'une soutenance publique devant un jury dédié. Ce mémoire réservé aux élèves ingénieurs de 4ème année est une initiation à la recherche et offre une opportunité d'application de quelques connaissances acquises le long de la formation. Il doit, selon les exigences de l'Institut, porter sur un travail de recherche sur un sujet scientifique à caractère statistique ou économique. Le thème soumis à notre réflexion s'intitule : « Une approche de mesure du bien-être des enfants et de la pauvreté des ménages au Congo ».

Ce thème a retenu notre attention, compte tenu du fait que la communauté internationale est plus que jamais engagée dans la lutte contre la pauvreté. La réduction de ce phénomène s'inscrit désormais parmi les objectifs prioritaires des États, dans les axes d'un processus de développement durable et solidaire. Notre ambition consiste à partir des recherches sur les études faites dans le cadre des autres économies et celle de l'économie congolaise notamment, pour illustrer la perception, les manifestations socio-économiques, la mesure du niveau de pauvreté et les stratégies de lutte contre ce phénomène. À cet effet, nous analyserons les données de la première Enquête Démographique et de Santé du Congo (EDSC-I 2005) tenue en 2005, pour construire une facette du bien-être des enfants et des ménages congolais. L'accent sera mis sur les enfants : l'on déterminera une ligne de bien-être non monétaire, au-dessous de laquelle ils seront considérés «pauvres» puis l'on mesurera l'ampleur de leur pauvreté. L'idée est d'essayer de capter les facteurs non monétaires, susceptibles de modifier le bien-être des « touts petits » Congolais.

Comme toute oeuvre intellectuelle, ce travail pourrait être entaché des imperfections, surtout que l'on a rapproché des sources diverses. L'on voudrait dire que ce travail est certainement imparfait ; " la perfection étant atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer " disait A. de SAINT EXUPERY. De ce fait, il est sollicité la bienveillance des personnes qui, par nécessité ou par curiosité, seraient amenées à lire ce mémoire.

RÉSUMÉ

L'étude explore l'analyse de la pauvreté non monétaire infanto-juvénile au Congo. La finalité est de capter les facteurs qui sont susceptibles d'altérer le niveau de vie des enfants avant leur 5ème anniversaire. À cette fin, il est utilisé principalement d'une part une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) pour construire un indicateur composite de pauvreté (ICP) et, d'autre part, une modélisation « Probit » pour élaborer un profil de vulnérabilité infanto-juvénile. L'analyse est basée sur 4326 enfants issus de l'EDSC-I tenue en 2005.

En premier lieu, l'ICP montre que les enfants congolais de moins de 5 ans sont enclins à trois types de pauvreté : (i) une pauvreté héritée des parents, (ii) une pauvreté occasionnée par les paramètres communautaires et (iii) une pauvreté induite par l'âge et le sexe de l'enfant. Notons aussi qu'un seuil absolu de pauvreté infanto-juvénile est calculé, lequel vaut 0,347. Ce dernier sépare les enfants « non pauvres » d'un côté et les enfants « pauvres » de l'autre. De même un indice composite de pauvreté est calculé, notamment l'incidence qui est estimée à 42,2 %.

En deuxième lieu, l'estimation économétrique du profil de vulnérabilité infantojuvénile révèle que, T.C.É.P.A : (i) il y a plus de « chance » de vulnérabilité des garçons que des filles; (ii) l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant d'être pauvre et la sensibilité de cette probabilité est réduite de 7 % en passant de 0 an à 1 ou 2 ans révolus. Côté niveau de vie du ménage, les estimations rapportent que, T.C.É.P.A : (i) en termes de commodités, les « chances » d'être pauvre dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage ; (ii) les caractéristiques de modernisation sont en mesure de rehausser le niveau de bien-être infanto-juvénile [notamment la consommation de l'eau potable est susceptible de rehausser le niveau de bien-être infanto-juvénile d'environ 10 %] ; (iii) le risque de pauvreté infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la mère. Enfin, l'environnement rapporte que : T.C.É.P.A, (i) l'administration aux enfants de la vitamine A et la jouissance à tout l'éventail des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C rehaussent chacune le niveau du bien-être des enfants d'environ 10 %, ceci respectivement, par rapport aux enfants à qui il n'est pas administré de vitamine A et n'ayant pas été couvert par la vaccination ; (ii) l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé accroître le bienêtre infantile ; (iii) appartenir le pôle « Brazzaville-Pointe Noire » rehausse le niveau du bienêtre des enfants, par rapport à leurs homologues qui appartiennent au pôle « Nord Congo-Sud Congo ». En somme, réduire la pauvreté infanto-juvénile au Congo passerait prioritairement par de bonnes opportunités socio-économiques offertes aux femmes.

Une approche de mesure de la pauvreté des ménages et du bien-être des enfants au Congo

INTRODUCTION GÉNÉRALE

CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE

La lutte contre la pauvreté est un thème d'intérêt croissant pour bon nombre de gouvernements du monde. De même, il est communément accepté que la pauvreté reste actuellement, l'un des grands fléaux auxquels les sociétés de notre ère font face. Combattre la pauvreté se situe aujourd'hui au coeur des politiques de développement des pays d'Afrique subsaharienne et le Congo n'est pas en marge de cette préoccupation. Ce combat est justifié dans la mesure où les conséquences de la pauvreté vont au-delà de ses plus grandes manifestations que sont essentiellement la souffrance humaine et la malnutrition. Parmi ses autres manifestations l'on peut citer : les conflits militaires, le terrorisme, la prostitution, la corruption, l'alcoolisme, la délinquance, la faible longévité, l'exclusion sociale (chômage de longue durée, non participation aux grandes décisions), le manque d'instruction (analphabétisme et/ou illettrisme), les difficultés d'accès à des conditions de vie décentes, la morbidité et même la mortalité. Notons toutefois que ces conséquences diffèrent selon les régions. Alors que l'exclusion sociale prévaut dans les Pays avancés, la malnutrition, l'inaccessibilité aux soins de base et la mortalité prévalent dans les Pays en Voie de Développement (PVD). Dès lors, il urge pour les gouvernements de diagnostiquer la pauvreté afin de choisir une stratégie optimale de lutte contre ce fléau. C'est d'ailleurs à ce titre qu'il n'est pas étonnant de constater que « réduire l'extrême pauvreté et la faim » apparaît en «tête» des Objectifs du Millénaire pour le Développement1.

Dans la quête de l'atteinte des OMD cependant, il est complexe de mesurer avec précision la pauvreté d'une région et d'en déduire une politique qui la réduirait le mieux. Ce choix se révèle loin d'être décidé parce que la pauvreté revêt un caractère multiforme. C'est d'ailleurs ce pourquoi la définition de la pauvreté a difficilement fait un consensus à l'échelle internationale. En effet, tout dépend de l'objectif visé par l'analyste2. Néanmoins, il convient de reconnaître que les définitions de la pauvreté se construisent toutes en fonction d'un `'comparateur universel» classiquement reconnu sous le vocable `'bien-être», qui traduit le niveau d'utilité ou de satisfaction que retire un sujet (ce terme désignera dans toute la suite un individu, un ménage, un foyer ou une famille). Ce niveau d'utilité est lui-même fonction des biens et services que consomme le sujet. De ce fait, la lutte contre la pauvreté s'identifie à la recherche du bien-être au niveau macroéconomique à travers les politiques de développement.

1 Cf. annexe A : Tableau A.1, l'exhaustivité et les détails des OMD avec leurs cibles respectives.

2 Le but pourrait être politique, social, administratif, scientifique, développement, etc.

Une approche de mesure de la pauvreté des ménages et du bien-être des enfants au Congo 1

Elle passe par des stratégies visant à répondre à deux questions cruciales à savoir : «qui est pauvre?» et «combien de pauvres y a-t-il ?» ; lesquelles renvoient respectivement à l'identification de la pauvreté et à son agrégation.

Selon le PNUD : « la pauvreté est un état de dénuement ou de privation tant de besoins fondamentaux de l'existence nécessaires pour vivre une vie décente, saine, longue et constructive, que des opportunités et perspectives liées à la participation des sujets à la vie active, socio politique et culturelle de la société »3. Sur l'optique relative aux dimensions de la pauvreté, l'on parle souvent de la pauvreté monétaire et de la pauvreté non monétaire. L'approche monétaire (unidimensionnelle) de mesure de la pauvreté est la plus utilisée dans la littérature (peut être faute de mieux!). Elle suppose agréger la pauvreté par un seul type de données à savoir le revenu ou la dépense de consommation d'un sujet, qui serait censé indiquer à lui seul le niveau de bien-être du sujet [Angeles et Luis (1999), Miceli (1997)]. Elle assimile le pauvre à une personne dont le niveau de revenu ou de consommation est inférieur à un niveau prédéfini appelé `'seuil de pauvreté'. Pour le sujet ménage, l'on prend comme dimension de mesure le revenu ou la consommation tandis que pour le sujet enfant, l'on utilise séparément les statistiques sur la malnutrition, l'éducation, etc. L'approche non monétaire (multidimensionnelle) quant à elle suppose agréger la pauvreté en construisant via une technique factorielle, un indicateur composite de bien-être avec un ensemble de données (commodités) qui seraient censées indiquer toutes à la fois le niveau de bien-être du sujet considéré (Foko B. et al, 2005). Pour ce courant, le pauvre est une personne privée d'un minimum de conforts de base ou besoins de base, préalables à l'atteinte d'une certaine qualité de vie à savoir : nourriture, eau, logement, services sanitaires, éducation de base, etc. Toujours pour ce courant, l'on parle aussi de l'approche de la pauvreté par les capacités, qui voit la pauvreté sous l'angle des habiletés humaines dont disposent les sujets pour transformer leurs ressources en satisfaction4.

Une question se pose à ce stade, notamment celle de savoir ce qu'il en est du bien-être des enfants dans ces différentes approches. La réponse à cette interrogation précise est que deux courants opposés sont rencontrés dans la littérature : un dit indirect et l'autre direct. L'approche indirecte de mesure de la pauvreté des enfants (la plus courante dans la littérature) se consacre aux ménages/familles. Elle suppose une étroite relation entre la pauvreté des ménages et celle des enfants [Bradbury (1999), Corak (2005), Micklewright

3 PNUD, 1999, la lutte contre la pauvreté en Afrique subsaharienne, Édition ECONOMICA.

4 L'IDH et l'IPH, indices de grande renommée internationale constituent les produits de cette approche.

(2003)]. Cette considération est ipso facto dite indirecte car considérant le bien-être d'un enfant comme exclusivement induit par le ménage dans lequel il est issu. À l'inverse, l'approche directe de mesure de la pauvreté des enfants (rarement utilisée dans les pays du tiers monde), se focalise sur la situation spécifique des enfants avec diverses statistiques reflétant directement le profil de pauvreté des enfants et des ménages, et non des ménages uniquement [Asselin (2002)]. Parler de la pauvreté des enfants en tant que telle pourrait paraître un peu «incongru» ou «insensé» pour les profanes ; le concept semblant plus adapté aux ménages/familles/foyers ou simplement aux personnes adultes de qui échoient la décision de travailler ou de dépenser. Cependant, il n'en est plus le cas parmi les économistes actuels. Déjà, en 2004, l'ONU suggère d'intégrer les dimensions essentielles des droits de l'homme qui élargissent les choix des individus et leur permettent de donner la pleine mesure de leurs capacités. Elle recommande le renforcement de la définition de la pauvreté chez les enfants en dépassant les conceptualisations classiques que prône l'approche monétaire. De même, l'UNICEF (2005) propose la définition suivante de la pauvreté des enfants : « les enfants vivant dans la pauvreté sont privés des ressources dont ils ont besoin sur les plans matériel, spirituel et affectif pour survivre, se développer et s'épanouir, ce qui les empêche de jouir de leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de participer à la vie de la société en tant que membre à part entière et à parts égales. » De cette dernière définition, il ressort que les variables communautaires (telles accomplir un travail dur, vivre dans un milieu de moindre stimulant affectif), peuvent altérer significativement le bien-être d'une enfance même si elle est passée dans une famille matériellement aisée. Il ne s'agit plus là d'une pauvreté matérielle des ménages induite sur les enfants mais d'une pauvreté sous-estimée de court terme, qui pourtant a nécessairement des répercussions sur le développement à long terme des enfants. Les variables les plus utilisées dans ce courant sont l'accès à l'éducation, la santé, le cadre de vie, l'alimentation, l'eau potable, les sanitaires, etc.

De ces différentes approches, il ressort que mesurer la pauvreté d'une façon générale et la pauvreté infanto-juvénile en particulier reste un épineux problème, surtout dans les PVD où les statistiques relatives à la mesure de tels fléaux ne sont toujours pas exhaustives et fiables, quand bien même éradiquer la pauvreté continue à faire la une de la presse. En effet, dans presque toutes les études menées au Congo tout comme dans la quasi-totalité des pays subsahariens, l'objet de mesure de la pauvreté est le plus souvent le ménage plutôt que le ménage et l'enfant simultanément, et encore moins d'une approche à plusieurs dimensions.

Cependant, adopter le point de vue de l'enfant implique la prise en considération de nombreux éléments les concernant ; l'enfant étant :

ü une personne ayant des droits et des besoins spécifiques ;

ü en situation de dépendance vis-à-vis de sa famille et de son milieu social5 ;

ü une personne en devenir, source de développement de toute nation.

Certes, l'on trouve dans ces PVD un grand nombre d'analyses impliquant les enfants, mais celles-ci ne traitent de leur bien-être que séparément sur des domaines comme l'état nutritionnel, l'éducation, la santé etc. Il y existe certes quelques considérations multidimensionnelles d'agrégation de la pauvreté telles l'IDH et l'IPH, mais ces derniers indicateurs sont limités. En effet, ces indicateurs élaborés par le PNUD, quoi qu'importants, ne peuvent aucunement préciser le nombre d'enfants en situation de pauvreté. Ces indicateurs ont un caractère « macro » et s'élaborent avec un arbitraire dans les pondérations des ses souscomposantes (voir la section 2.1.4 du chapitre 2, relatif à la définition formelle de ces indices). Par ailleurs, notons que la majorité des études sur la pauvreté dans les PVD mesurent le bienêtre des enfants indirectement avec l'hypothèse suivante : « un enfant est pauvre si le ménage dans lequel il est issu en est un » ; laquelle montre pour ces pays, une quasi inexistence des études sur la pauvreté des enfants selon une approche directe et multivariée. La limite de cette hypothèse est que le revenu utilisé à cet égard a l'inconvénient majeur d'être souvent considéré comme une donnée intrinsèque pour chaque individu. Dès lors, l'on pense que son obtention serait confrontée soit à un refus catégorique soit à une déclaration erronée de la part des détenteurs de cette information. Raison pour laquelle le revenu, qui pourtant est un indice capital du niveau du pouvoir d'achat d'un individu, n'est jamais apparu de façon exhaustive et fiable comme diverses autres informations statistiques et c'est d'autant plus pénible que dans le contexte des PVD comme le Congo, il est plus ardu de reconnaître une personne à faible revenu qu'une personne privée de certains biens et services précis. En guise d'exemple, l'étude de 2003 sur la pauvreté au Congo par les chercheurs du Centre d'Études et de Recherche sur les Analyses et Politiques Économiques (CERAPE) révèle que l'ampleur de la pauvreté reste importante au Congo et que les politiques publiques n'ont presque pas d'incidence sur les pauvres. Cette même étude montre qu'à un seuil de pauvreté de 1406 F CFA, les valeurs de l'incidence de la pauvreté estimée à partir des dépenses totales par tête relève une pauvreté dans trois grandes métropoles du pays : 62 % à Ouesso, 53 % à Nkayi et 38 % à Brazzaville». Il est clair que ces incidences régionales ne renseignent pas sur l'enfance.

5 CREC (2005) cité par Matchinidé S., Titi V., Matongo S-A et Zabolo E., 2006, « Pauvreté multidimensionnelle des enfants et des ménages. Analyse appliquée en RCA».Projet présenté au PEP, IDRC, P.3.

En outre, bien que les indicateurs macroéconomiques congolais ne soient plus au rouge ces dernières années (par exemple taux de croissance du PIB égal à 64.9 % de 2004 à 2005), cela n'a pas la même visibilité dans toute la population. Il existe plusieurs classes sociales en allant des plus pauvres aux plus riches. Et alarmante semble être la situation des enfants : un tour de la ville de Brazzaville par exemple permet de constater que nombre d'entre eux sont enclins à toutes sortes de maux (consommation de tabac, d'alcool, domiciliation instable, délinquance juvénile, analphabétisme, commerce ambulant, quémandeurs, malades abandonnés dans les grandes artères, etc.). Pourtant, ces signes, révélateurs d'un potentiel recul de bien-être, restent cependant sans étude statistique focalisée sur l'enfant lui-même.

Globalement, l'approche monétaire a beaucoup de limites qui la rendent moins robuste. L'on peut en citer quatre. En premier lieu, la dépense totale ne tient pas compte de la capacité qu'a un individu de combler ses besoins minimaux : c'est-à-dire, s'il décide de dépenser le revenu ou de l'épargner, cela n'est qu'un problème de préférences. D'où l'on pense qu'il serait plus intéressant de se demander si le sujet est en mesure de mener une vie appropriée ou non. En deuxième lieu, maintenant s'il choisit de dépenser ou pas, cela n'est-il pas un problème qui relève des choix de chaque individu ? En troisième lieu, une meilleure compréhension de la pauvreté en termes monétaires ne peut être obtenue que dans le cas où plusieurs éditions d'enquêtes successives auprès des ménages sont disponibles, tout particulièrement si elles comportent un panel des mêmes ménages visités périodiquement, ce qui n'est pas évident pour les PVD. En quatrième lieu, en indexant le revenu, cela rend impossible la mesure de la pauvreté des enfants. Alors, puisque identifier les pauvres est un label primordial des stratégies qui consistent à combattre la pauvreté, celle-ci devrait englober plusieurs axes qu'il serait insuffisant de dévoiler par la seule considération monétaire des analyses existantes. La mesure indirecte de la pauvreté des enfants est mieux adaptée aux pays riches plutôt qu'aux PVD, où elle n'est forcément pas vérifiée au cas où les considérations familiales soulageraient ou aggraveraient les conséquences sur les enfants de la pauvreté subie par leurs parents. Les enfants ayant des besoins spécifiques, il conviendrait d'analyser la pauvreté les concernant, en faisant recours aux conventions qui leur confèrent des droits spécifiques. Par exemple la convention de 2005 (UNICEF et PNUD) offre une base conceptuelle permettant une mesure directe de la pauvreté des enfants. Elle enseigne que : « la pauvreté des enfants doit être mesurée directement et en rapport avec leurs droits». La présente étude s'appuie sur les données de l'enquête EDSC-I 2005, réalisée par le CNSEE dans l'optique de la poursuite des OMD et notamment pour la finalisation du DSRP. Elle s'inscrit, compte tenu des données

essentiellement qualitatives disponibles, dans le cadre d'une mesure et d'une analyse du niveau de la pauvreté des enfants de moins de cinq ans, selon une approche non monétaire et directe ; l'enfant étant pris lui-même comme unité d'analyse. Notons que toute analyse de la pauvreté doit pouvoir spécifier ses choix, lesquels choix ne sont pas toujours acceptés comme «les meilleurs » car dépendant du jugement de la personne qui réalise l'étude et des possibilités que lui offrent les données disponibles. Le choix d'un indicateur de bien-être dépend de l'aspect sur lequel l'on veut mettre l'accent. En ce sens, le cadre empirique du présent mémoire considérera la pauvreté comme une carence ou une inaccessibilité à un minimum de biens et services de base indispensables à l'atteinte d'une certaine qualité de vie. Ce cadre explorera cinq dimensions à savoir : (i) l'alimentation, (ii) l'eau potable, (iii) les équipements sanitaires, (iv) la santé et (v) le cadre de vie.

Le contexte susmentionné conduit aux questions principales suivantes : Combien d'enfants pauvres y a-t-il au Congo ? Doit-on admettre, en l'absence des données monétaires fiables, que la pauvreté des enfants congolais est exclusivement héritée des ménages d'où ils sont issus ? Quel est le risque pour un enfant congolais d'être pauvre, étant donné ses caractéristiques biologiques, les caractéristiques de ses parents et celles de son environnement ? Sur la base de ces préoccupations, la nature des réponses provenant des analyses de la présente étude va certainement contribuer à améliorer la réflexion examinée.

OBJECTIFS DE L'ETUDE

Le principal objectif de cette étude est d'une part de mesurer et d'analyser les déterminants du bien-être infanto-juvénile au Congo et, d'autre part, d'analyser les facteurs de vulnérabilité infanto-juvénile, selon une approche directe centrée sur l'enfant. De façon spécifique, il s'agit de :

· O1 mettre en place une mesure directe du bien-être des enfants de moins de 5 ans ;

· O2 élaborer un indicateur composite de la pauvreté de long terme6 aussi bien pour les ménages que pour les enfants de moins de 5 ans ;

· O3 : concevoir un profil de pauvreté des enfants de moins de 5 ans, moins étroit (moins dépendant) de celui des ménages auxquels ils appartiennent ;

· O4 : offrir une lecture de la pauvreté infanto-juvénile par la mesure et la mise en évidence des facteurs de risque de cette pauvreté. Il s'agit d'expliciter le risque pour un

6 D'après Sahn et Stiefel (2001), l'indice de pauvreté construit à base des conditions de vie et du patrimoine (approche multidimensionnelle) est un indice de long terme contrairement à l'indice monétaire qui est sensible aux chocs de conjoncture et nécessitant une réévaluation.

enfant de moins de 5 ans d'être pauvre compte tenu de ses caractéristiques biologiques, des caractéristiques de son ménage et de celles de son environnement ;

· O5 : suggérer, à l'aide des déficits identifiés, des stratégies ciblées cadrant la réduction de la pauvreté en général, et l'affermissement du bien-être infanto-juvénile en particulier.

HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

L'hypothèse principale de la recherche est celle la plus répandue dans la théorie, à savoir : «un enfant est pauvre par déduction immanente de la pauvreté du ménage auquel il appartient». Trois sous-hypothèses peuvent être formulées, à savoir

· H01 : la vulnérabilité des enfants de moins de 5 ans est fonction du niveau de vie (en termes de besoins de base) des ménages desquels ils appartiennent ;

· H02 : les caractéristiques biologiques (âge, sexe) d'un enfant congolais n'influencent aucunement la probabilité pour cet enfant d'être pauvre;

· H03 : la structure environnementale modifie le risque de pauvreté d'un congolais pris dans la petite enfance.

INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

Les objectifs susmentionnés donnent un aperçu de l'intérêt du sujet abordé. Sous l'angle académique et professionnel, l'intérêt de l'étude est d'une part de développer notre engouement et nos aptitudes pour la recherche et, d'autre part, de mettre en relief nos connaissances scolaires. De même, l'étude devrait nous permettre de formuler quelques actions ciblées devant aider le décideur dans ses missions relatives à la réduction de la pauvreté. Par rapport aux portées socio-économiques des résultats, nous pourront dire que :

--> ils sont une modeste contribution pour ériger un profil de la pauvreté des enfants. Ce profil qui pourra faire partie du CNSEE, lui permettra, en tant que Banque de données statistiques, de renforcer ses appareils statistiques en matière de pauvreté en « bas-âge » ;

--> ils sont un intrant des politiques d'affermissement du bien-être des populations, notamment des enfants de moins de 5 ans (stratégies sanitaires, développement durable, etc.) ;

--> ils proposent une mesure à la fois directe et multidimensionnelle, telle que conseillée par Gordon-Pantazis-Townsend (2001). Ces derniers ont constitué 27 indicateurs en 7 thématiques basées sur les articles extraits de la DUDH (2004)7. Et de ces 27 indicateurs, 10

7 Déclaration Universelle des Droits Humains, révélée dans la convention relative aux droits des enfants [UNICEF et PNUD (2005)] ; ce sont : droit à la vie, droit à l'absence de discrimination, droit à des conditions de vie adéquates, droit à la sécurité sociale, droits économique et culturelle, droit à un accès équitable aux services publics, droit à l'éducation, droit de participer à la vie culturelle. Ce sont ces droits qui sont mis en valeur dans la `'mesure directe de la pauvreté infantile».

quantifient directement le droit de l'enfant8. Selon eux : «le bien-être des enfants doit évaluer leur accès à un certain nombre de droits socio-économiques» ;

PLAN DE REDACTION DU MEMOIRE

Pour répondre aux différents objectifs assignés à ce travail, la démarche analytique adoptée consiste à procéder à un examen de quelques résultats antérieurs qui expliquent la pauvreté en général et notamment sur l'angle non monétaire. L'on commencera par axer la réflexion sur les pistes auxquelles on a fait référence pour cadrer la pauvreté dans une société, même s'il n'est pas exclu que d'autres pistes pourraient être parcourues. Ensuite, on se servira des données de l'EDSC-I 2005 pour l'étude empirique et la proposition de quelques issues susceptibles d'atténuer ce fléau. L'étude est inspirée de la méthodologie déjà utilisée par différents travaux au sein du réseau PEP ces dernières années. Elle est une tentative de calcul des indices composites de long terme aussi bien pour les ménages que pour les enfants de moins de 5 ans. L'étude n'agrège pas la pauvreté des ménages, mais celle des enfants. Le travail est organisé en deux parties. La partie 1 développe deux chapitres : le premier (chapitre 1) a trait aux théories relatives à la pauvreté, à travers différentes approches de définitions alors que le deuxième (chapitre 2) présente le problème d'agrégation de la pauvreté et son application sur quelques travaux empiriques dans la littérature. La partie 2 comprend également deux chapitres : le premier (chapitre 3) traite de la méthodologie générale du cadre empirique et la présentation des principaux résultats descriptifs. Enfin, le dernier (chapitre 4) est consacré à l'élaboration d'un profil de pauvreté et à une analyse économétrique des déterminants de la pauvreté infanto-juvénile au Congo.

8 Tel le droit à l'éducation.

1ère partie

CADRE CONCEPTUEL ET FONDEMENTS THÉORIQUES

«... la pauvreté est un phénomène pluridimensionnel très complexe dont les différentes facettes et leur variabilité dans le temps et dans l'espace ont conduit à une série de définitions généralement liées à chaque dimension.»

MBONG MBONG, in : Impact de la pauvreté urbaine sur la dynamique des villes : enjeux pour les municipalités africaines, p.6, Dakar, 2001.

Il est abordé dans cette partie, différents aspects théoriques fondamentaux de la pauvreté. Le cadre conceptuel, les approches de définitions, les indices de mesure de la pauvreté, ses manifestations, les stratégies de lutte ainsi que quelques travaux empiriques, feront l'ossature des deux chapitres qui la constituent. Il s'agit principalement des leçons construites sur la base des études qui ont été menées par certains auteurs dans certaines économies en rapport avec la pauvreté. Le chapitre 1 a trait aux théories de la pauvreté alors que le second insiste sur les indices de mesure de la pauvreté et présente certains résultats empiriques, notamment ceux du Congo.

Chapitre 1

LES ASPECTS CONCEPTUELS DE LA PAUVRETÉ

Il est à noter a priori que la pauvreté reste à l'évidence un thème récurrent en économie du développement, voire en économie tout court. Selon les estimations de la Banque mondiale, plus de la moitié de la population des PVD vit en deçà de 2 dollars par jour9, ce qui correspond à environ un total de 2.8 milliards de pauvres. Dans la population de ces pays, un quart des habitants, soit environ un total de plus d'un milliard d'habitants vit avec moins de 1 dollar par jour10, considéré comme seuil de pauvreté absolue. En Afrique subsaharienne, zone où la proportion des pauvres dépasse celle de toutes les grandes zones géographiques du monde, ce taux avoisine 50 %11. Ces quelques considérations sont à même de susciter donc une attention croissante de la question de pauvreté parmi les analystes du développement. Il y a tellement d'approches qu'il serait difficile de les dénombrer. Cela a un impact immédiat sur le choix de la dimension par laquelle la pauvreté doit être saisie, et donc une diversité d'analyses. Qu'à cela ne tienne, nous tentons de présenter les opinions les plus usitées et de fixer notre position. En effet, il nous est important d'étaler, avant d'entrer dans le vif de notre travail, certains concepts qui entourent la notion de pauvreté. Le chapitre a trois sections. La première présente les grands courants de pensées sur la pauvreté. La seconde est consacrée à la littérature sur la pauvreté des enfants. Enfin, la dernière étaye une série de définitions d'analyse et de mesure de la pauvreté.

1.1 LES GRANDS COURANTS DE PENSEE SUR LA PAUVRETE

Conceptualiser le bien-être est une question qui se heurte, nous l'avons mentionné plus haut, à une difficulté dans le choix de l'option de mesure. Le problème a toujours fait l'objet d'un débat théorique au regard des diverses approches empiriques. Toutefois, le principe commun de toutes ces approches est la distinction entre les indicateurs monétaires et non monétaires. Notons que, de façon générale, les indicateurs monétaires et non monétaires ne s'opposent pas nécessairement au sens pur du terme. Par exemple, le revenu peut être considéré en lui-même comme l'objectif de bien-être, tout comme il peut être une bonne approximation des variables non monétaires telles l'éducation, la santé et le cadre de vie.

9 Mesurée en PPA (parité de pouvoir d'achat).

10 Ibid.

11 Jean-Pierre Cling, 2003, in : « la croissance ne suffit pas pour réduire la pauvreté : le rôle des inégalités », p.5.

Lachaud (2000) parle de deux options majeures qui semblent constituer le cadre actuel de mesure de la pauvreté : l'option des utilitaristes et l'option des capacités. «L'approche de l'utilité stipule qu'il existe des fondements théoriques suffisants pour considérer que les dépenses des ménages sont une bonne approximation du bien-être pour l'analyse de la pauvreté. Dans ces conditions, les dépenses ou les revenus des ménages constituant des instruments de réalisation du bien-être, il est possible d'assimiler l'insuffisance des ressources à la pauvreté, cette dernière reflétant à la fois la faiblesse quantitative et la précarité des rendements des actifs physiques, humains, sociaux et naturels. L'approche des capacités quant à elle examine la pauvreté comme une privation de droits, une situation à l'origine d'un manque de capacités fonctionnelles élémentaires pour atteindre certains minima acceptables, le bien-être étant fonction à la fois de la disponibilité des biens matériels et de l'élargissement des possibilités des choix».

Même s'il est vrai qu'il est ardu, sur un plan purement conceptuel, d'éclairer sur les avantages et les inconvénients de telle ou telle autre approche empirique pour jauger la pauvreté (les données disponibles demeurent la plupart du temps insuffisantes), la discussion théorique se révèle importante car elle a toujours des retombées significatives. En effet, pour prendre position dans une démarche scientifique, il faut d'abord mieux connaître l'existant. Nous avons recensé comme dans Asselin et Dauphin (2000), trois grands courants économiques qui sont les plus usités dans le cadre conceptuel usuel des dimensions d'appréhension de la pauvreté : le courant des welfarist, le courant des besoins de base et le courant des capacités. Les lignes qui suivent présentent ces trois courants après quoi suivra une analyse critique sur leur façon de s'intéresser à la situation des enfants.

1.1.1 L'ecole welfarist

L'école welfarist est la plus usitée des trois écoles de pensée des dimensions d'analyse de la pauvreté. Elle est une approche monétaire12 ou unidimensionnelle de mesure de la pauvreté. Amplement utilisée dans la littérature (peut être faute de mieux), elle suppose agréger la pauvreté par un seul type de données qui serait censé indiquer à lui seul le niveau de bien-être du sujet, à savoir le revenu ou la dépense de consommation [A. Soliz et L. Alejandro (1999), Lachaud (2000)]. Le cadre de cette école assimile le pauvre à un sujet dont le niveau de revenu ou de consommation est inférieur à un niveau prédéfini appelé `'seuil de

12 L'aspect monétaire de la pauvreté et la notion d'actifs dominent à la Banque mondiale, tandis que l'orientation majeure du Programme des Nations Unies pour le développement fait référence à la pauvreté humaine [PNUD (2000)].

pauvreté'. Presque tous les pays d'Afrique subsaharienne utilisent cette approche dans l'élaboration de leurs profils nationaux de pauvreté. Elle est aussi très pratiquée dans les pays développés. Les partisans de cette école sont aussi appelés des « utilitaristes ». Simplement parce que, selon eux, en considérant les ressources que sont le revenu ou la consommation, le sujet opte parmi toutes les combinaisons de biens et services abordables, ceux qui lui procurent une plus grande satisfaction ou utilité13. Dans le même sens, Lachaud précise que dans cette approche, le bien-être est fondé sur une fonction d'utilité, définie par rapport à des consommations de biens et de services, et susceptibles de reproduire les préférences des individus pour des ensembles alternatifs de consommations.

Mais cette approche n'échappe pas à certains inconvénients majeurs :

· d'abord, la consommation mesure assez grossièrement le bien-être. Consommer moins qu'une autre personne est un problème de préférence et non un problème lié au pouvoir d'achat du consommateur : tel consommateur peut beaucoup dépenser pour être à l'équilibre et tel autre peut décider de ne dépenser qu'à la limite et se sentir même plus à l'équilibre que le premier ;

· ensuite, cette approche nécessite des données monétaires fiables et actuelles, si bien qu'elle est subjective et inadaptée, surtout dans le contexte des PVD.

1.1. 2 L'école des besoins de base

Comme le mot l'indique, c'est une approche basée essentiellement sur des considérations non monétaires appelées besoins de base. Il faut entendre par besoins de base, les commodités qui remplissent les besoins physiologiques et de sécurité d'un individu. Lorsque les différentes commodités sont utilisées simultanément, cette approche est qualifiée de multidimensionnelle. De façon pratique, l'approche non monétaire multidimensionnelle suppose agréger la pauvreté en construisant via une technique de l'analyse factorielle [Asselin (2002), Bry (1995)], un indicateur composite de bien-être avec un ensemble de données14 qui seraient censées indiquer toutes à la fois le niveau de bien-être du sujet considéré. Ainsi, pour ce courant, le pauvre est une personne privée d'un minimum de confort de base jugé élémentaire ou préalable à l'atteinte d'une certaine qualité de vie ; il s'agit de l'accès : à la nourriture, à l'eau potable, au logement, aux soins de santé, à l'éducation de base, aux aménagements sanitaires, au service de transport public, etc.

13 La théorie microéconomique appelle cette attitude de `'comportement rationnel ou comportement « maximisateur » du consommateur.

14 Commodités ou besoins de base.

L'inconvénient de cette façon de traiter la pauvreté réside dans le fait que les commodités sont à l'évidence une satisfaction variable en fonction des tranches d'âges et du sexe des individus. Par exemple, l'éducation scolaire peut être utile pour une personne de 15 ans alors qu'elle ne l'est pas pour un enfant de 2 ans.

1.1.3 L'école des capacités

L'école des capacités insiste sur les moyens humains, c'est-à-dire les habiletés humaines dont disposent les sujets pour convertir leurs ressources en satisfaction (Serge Matchinidé et alii, 2006). C'est encore ici une option non monétaire de la pauvreté. Sen, chef de file de cette considération, assimile le bien-être aux droits susceptibles de fournir des informations sur des dimensions fondamentales pour les individus, laissées en marge par le concept d'utilité. Vue comme telle, l'approche par les capacités concerne les droits positifs des sujets en essayant via le concept de «fonctionnements», de transposer ces droits dans un espace plus aisément mesurable. Selon Sen (1992), les consommateurs désirent les biens pour leur valeur instrumentale, et non pour leur utilité directe. Et dans la mesure où les biens peuvent être représentés comme des blocs de «caractéristiques» ou d'«attributs», il est concevable d'exprimer les comportements individuels en termes d'exécution d'une fonction de production spécifique, permettant de transformer les caractéristiques incorporées dans les biens en satisfaction des besoins.

En conséquence, cette conceptualisation implique que l'utilité n'est pas une variable objective, mais le sous-produit d'un processus15. Notons que cette approche de la pauvreté en termes de «facultés», contestant l'idée que la ligne de pauvreté puisse être représentée par un point de la fonction de dépenses des consommateurs, a d'importantes conséquences au niveau empirique. En effet, contrairement aux mesures de la pauvreté en termes de besoins de base, de ressources ou de revenus réels, l'insuffisance des facultés élémentaires nécessaires pour atteindre certains minima acceptables d'un ensemble de besoins de base, peut être, en principe, directement appréhendée. A cet égard, chaque sujet est caractérisé par un ensemble d'attributs : être nourri, vêtu, logé, éduqué, soigné, etc. ; et la pauvreté est spécifiée dans une perspective multidimensionnelle, indépendamment de toute référence à des hypothèses spécifiques plus ou moins vérifiées, liées au comportement de consommation. Ainsi, cette option analytique suggère une supériorité de la méthode directe, comparativement à celle indirecte du revenu ou des dépenses. Le plus grand mérite de cette école qui vient en

15 L'option analytique du Rapport Mondial sur le Développement Humain 2000 du PNUD s'inscrit dans cette perspective.

complément de l'école des besoins de base, est d'avoir reçu une résonance propice du PNUD qui publie désormais (et depuis 1990) une série d'indicateurs composites de grande renommée internationale servant de comparaison des profils de pauvreté des différents pays ; parmi lesquels nous pouvons citer l'IDH et l'IPH16. Le chapitre 2 présente davantage de détails d'élaboration de ces indices ainsi que leurs valeurs dans certains pays du monde.

1. 2 LE BIEN-ETRE DES ENFANTS DANS L'APPREHENSION DE LA PAUVRETE

Parler de la pauvreté des enfants pourrait paraître quelque peu « excentrique » ou « insensé » pour les profanes ; le thème semblant plus adapté aux ménages/familles/foyers ou simplement aux personnes adultes à qui échoient la décision de travailler ou de dépenser. C'est une attitude normale d'autant plus qu'il apparaît évident qu'un enfant issu d'un ménage pauvre l'est aussi systématiquement. Cependant, le problème peut être vu autrement. Nous avons dit que la pauvreté peut s'appréhender en termes d'insatisfaction des besoins de base que ressent un individu. Et alors, que dirons-nous d'un enfant issu d'une famille «riche» mais à qui il est interdit d'aller à l'école pour se consacrer aux travaux ménagers par exemple ? Ou encore, sommes-nous prêts à répondre «oui» à la question de savoir si tous les enfants appartenant aux familles non pauvres jouissent de tous leurs droits socio-économiques? N'avons-nous pas encore rencontré une famille «pauvre» et de laquelle est originaire un enfant décemment logé, bien éduqué, bien soigné et bien nourri ? L'examen de ces quelques questions semble dès lors susciter un sens à la notion de pauvreté des enfants, mesurable à partir des dimensions qui leur sont consacrées. À cette fin, l'on peut s'interroger pour savoir ce qu'il en est de la littérature sur la mesure de la pauvreté des enfants ? En réponse à cette dernière question, il est souligné que deux options de mesure de la pauvreté sont rencontrées dans la littérature : une dite indirecte et une autre dite directe.

1. 2.1 Mesure indirecte du bien-être des enfants

Les analyses fréquentes en rapport avec la pauvreté des enfants sont essentiellement unidimensionnelles. Dans presque tous les pays du monde, des analyses qui ont été faites se basent sur les consommations des ménages : ce sont des mesures monétaires indirectes et unidimensionnelles. En effet, l'approche indirecte de mesure de la pauvreté des enfants est la plus couramment rencontrée dans la littérature, et est celle qui suscite intuitivement la

16 Alors que l'IDH (datant de 1990) a été élaboré par la Banque mondiale, l'IPH (1997) quant à lui, a été conçu par le PNUD en raison des faiblesses que présentait l'IDH.

première idée développée dans cette partie, à savoir : renvoyer la pauvreté des enfants à leurs parents. Elle se consacre sur les ménages ou familles et suppose une étroite relation entre pauvreté des ménages et celles des enfants. Ainsi, cette considération est dite indirecte car considérant le bien-être d'un enfant comme exclusivement tributaire du ménage dans lequel il est issu.

Il sied de faire remarquer que les aspects monétaires prônés par les utilitaristes sont rangés dans cette catégorie d'approches avec la logique que les questions relatives aux dépenses de consommation incombent aux parents, mettant ainsi de côté les considérations socio-économiques relatives aux enfants.

1. 2. 2 Mesure directe du bien-titre des enfants

L'on se doit préalablement de faire remarquer que, de façon générale, les études sur le bien-être des enfants, selon un cadre focalisé sur l'enfant et intégrant diverses variables, ne sont pas nombreuses, surtout dans les pays subsahariens. Signifions aussi que presque tous les pays du monde ont déjà fait usage des études sur la pauvreté des enfants avec l'utilisation séparée de quelques variables spécifiques aux enfants telles la malnutrition, l'éducation, les crimes contre les enfants, la dictature contre les enfants, la violence, le travail des enfants, la vaccination, etc. (ce sont des mesures directes mais unidimensionnelles). C'est le cas des études sur la pauvreté des enfants menées par Lachaud (2000), Ahovey et Vodounou (2001) et Kobiané (2003) pour le compte du Sénégal, du Bénin et du Burkina Faso, respectivement.

L'approche directe de mesure de la pauvreté des enfants est rarement utilisée dans les pays du tiers monde. Pourtant, jusque-là, aucun aspect critique n'est prononcé à sa conceptualisation. C'est une approche qui se focalise sur la situation spécifique des enfants avec diverses statistiques reflétant directement le profil de pauvreté des enfants et des ménages et non des ménages uniquement. Les variables les plus utilisées dans cette option sont l'accès à l'éducation, la santé, le cadre de vie, l'alimentation, l'eau potable et les sanitaires.

Toutefois, il conviendrait d'indiquer que certains analystes utilisent conjointement les deux approches précédentes (mesure directe et indirecte) dans les études cadrant l'affermissement du bien-être en bas âge. Au rang de ces études, l'on peut citer l'étude sur la pauvreté monétaire et non monétaire des enfants en Afrique du Sud, menée par Cassiem (2000).

1. 2.3 Analyse critique de la littérature et choix de l'option d'étude

Les différentes options d'agrégation de la pauvreté citées précédemment, alimentent la discussion parmi les analystes de la pauvreté. Quelle option retenir ? L'opportunité d'une approche non monétaire (école des besoins de base, écoles des capacités) conduit-elle à l'abandon des mesures de la pauvreté monétaire (école welfarist) ? L'on pense que non, car cela sous-tendrait une conception trop étroite du bien-être en faveur d'indicateurs non monétaires. Le revenu étant lié aux dimensions non monétaires, ces différentes approches sont complémentaires. Cependant, il conviendrait de préciser qu'il vaut la peine d'adapter chaque option aux contextes régionaux, aux données disponibles et aux objectifs visés. La présente étude s'inscrit dans le courant de l'école des besoins de base : une approche non monétaire multidimensionnelle, avec un accent particulier sur les droits des enfants. Ces droits sont liés soit à la privation absolue de biens et services (nutrition, allaitement, sel iodé, etc.) soit à la privation relative de biens et services (santé, absence de discrimination, conditions de vie décentes, accès équitable aux services publics). L'on sait que ce sont ces droits qui sont valorisés dans la mesure directe de la pauvreté infantile. Précisément, le choix de notre cadre d'analyse de la pauvreté infantile est motivé par six raisons inter reliées :

ü Premièrement, les données qualitatives disponibles ne sauraient se prêter à une étude monétaire de la pauvreté. Rappelons-le, toute analyse de la pauvreté doit pouvoir spécifier ses choix et ces choix dépendent du jugement de l'analyste et des possibilités que lui offrent les données disponibles. Le choix d'un indicateur de pauvreté dépend de l'aspect sur lequel l'on veut mettre l'accent. Puisque les objectifs de la présente étude sont focalisés sur les enfants, l'approche monétaire s'avère donc inopportune.

ü Deuxièmement, l'utilité prônée par les welfarist n'est jamais observable directement. La contre-partie utilisée dans cette approche est la consommation. De ce fait, le cadre monétaire ne s'intéresse pas spécifiquement aux enfants. Non seulement il reconnaît que les préférences varient d'un sujet à un autre, les comportements rationnels ne s'appliqueraient nullement aux enfants. Ces derniers en effet, n'ont pas la décision dans la consommation, laquelle incombe aux parents. Et même si certains analystes essayent de contourner la difficulté en prenant en compte à cet égard, des inégalités entre les âges des membres du ménage (par l'entremise des échelles d'équivalence), cela biaise la mesure directe du bienêtre des enfants. Sur ce, les besoins de base reprocheraient à la monnaie son caractère subjectif fondé sur l'utilité.

ü Troisièmement, s'agissant particulièrement des ménages, l'approche monétaire, bien qu'ayant des mérites cités en introduction générale, a le désavantage de donner une analyse

moins robuste par rapport à l'approche par les besoins de base. En effet, consommer ou épargner le revenu est plus un problème de préférence et non de bien-être. Dès lors, estimer le nombre de ménages pauvres par les seules données financières se prêterait à une quantification grossière de la pauvreté ; le problème se situant à l'équilibre de chaque sujet. Par exemple : l'année A, un ménage M dépense 100 000 FCFA pour la consommation d'un bien B. La même année (A), un autre ménage M' dépense 5 000 F CFA pour la consommation du même bien (B). Doit-on conclure que M a un niveau de bien-être «meilleur» que celui de M' ? L'on pourrait répondre par l'affirmative, car tel peut être le cas. Mais plus pertinente serait la comparaison des niveaux de satisfaction procuré à M et à M'. Alors, l'on voit clairement que les stratégies consistant à réduire la pauvreté, devraient englober plusieurs axes et qu'il serait insuffisant de la révéler par la seule considération monétaire. Par contre, c'est ce caractère multivarié qui est intégré dans le courant des besoins de base, même s'il lui est reproché, l'arbitraire choix des composantes : l'on pense qu'il suffirait d'adapter ce choix au but visé, au contexte du pays ainsi qu'à la nature des données disponibles. Une fois de plus, l'approche non monétaire paraît moins subjective que l'approche monétaire.

ü Quatrièmement, les indices de pauvreté construits selon une optique des besoins de base ont un caractère durable. En effet, le profil de pauvreté infantile qu'offre ce cadre est censé être élaboré par l'entremise des indicateurs composites, ce qui offre à ce cadre l'avantage de robustesse sur l'approche monétaire. Cela est approuvé par nombre des analystes. Parmi eux, l'on pourrait citer Sahn et Stiefel (2001), qui enseignent que : «l'indice de pauvreté construit à base des conditions de vie et du patrimoine est un indice de long terme contrairement à l'indice monétaire qui est sensible aux chocs de conjoncture.

ü Cinquièmement, c'est le contexte économique du pays. En effet, le Congo tout comme la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne est un PVD. Compte tenu de ce qui précède, l'analyse multivariée du bien-être semblerait dessiner une agrégation plus objective de la pauvreté. Il s'avère que l'approche monétaire nécessite des données monétaires exhaustives, fiables et actuelles, voir même de panel, ce qui ne l'est pas toujours dans les PVD. Du coup, l'approche par les besoins de base semblerait plus pertinente pour ces pays, et c'est d'autant plus pertinente que dans le contexte congolais, il est plus difficile de reconnaître un individu à faible revenu qu'un individu privé de certaines commodités précises.

Enfin, l'on pourrait citer l'inopportunité de l'école des capacités. Bien que cette école mesure «directement» le bien-être des enfants et ait eu un écho favorable du PNUD, elle ne saurait être à même de répondre aux objectifs de la présente étude. En effet, la série d'indicateurs composites du PNUD (IDH, IPH, etc.) est bien séduisante, en ce sens qu'elle permet des comparaisons internationales de profil de pauvreté, mais reste, de par ses limites, inadaptée à la présente étude. D'abord, ces indicateurs n'ont qu'un caractère `'macro» et en plus, pour ne parler que de l'IPH, il s'élabore avec un arbitraire dans les pondérations de ses sous-composantes. Pire encore, cet indicateur est absorbé par sa composante «taux d'analphabétisme des adultes», créant un grand biais dans l'analyse (voir Minvielle, 2003).

De la sorte, la présente analyse critique a essayé de motiver le choix de l'angle sous lequel est circonscrit le cadre de la présente étude. Il ressort qu'en optant pour une analyse de la pauvreté infantile dans une approche multivariée non monétaire, l'on admet implicitement que la pauvreté présente des visages multiformes et que l'efficience des stratégies de lutte contre la pauvreté dépend de l'efficience dans le ciblage des pauvres. L'on a aussi retenu que ni l'indicateur de revenu de la Banque Mondiale, ni les indicateurs composites du PNUD n'ont été spécifiquement conçus pour mesurer la pauvreté infantile. Tous les deux n'indiquent aucunement le nombre d'enfants pauvres. De même que tous les deux ne centralisent pas l'attention sur les droits dont ces enfants sont privés. Cela est seul du ressort de l'école des besoins de base, dans laquelle la présente étude est censée se ranger. L'école des besoins de base est pour ainsi dire la mieux adaptée dans les PVD. Quasiment inexistante en Afrique centrale, la pauvreté infantile a pris le train de l'analyse et est très encouragée au sein du réseau PEP. Par ailleurs, Townsend (2001), l'ONU (2004) et l'UNICEF (2005) auraient posé des labels concernant l'élargissement de la conceptualisation de la pauvreté, de manière à intégrer les spécificités infantiles. Ces labels sont le fait que : (i) les enfants ont des besoins spécifiques ; (ii) il conviendrait d'analyser la pauvreté des enfants selon une approche directe ; (iii) le bien-être des enfants devrait donc intégrer l'accès à quelques droits socioéconomiques. L'examen de ces labels montre que les variables communautaires (faible indice de richesse du ménage, difficulté d'accès à une source d'eau potable, absence d'infrastructures sanitaires, etc.) peuvent altérer significativement le bien-être d'une enfance même si elle est passée dans une famille matériellement aisée. Il montre de même qu'en privant les enfants de certains besoins vitaux, l'on pourrait paralyser leurs potentialités, plonger leur vie dans la détresse maintenant, et voire entraver leur développement de demain

1.3 DEFINITION ET MESURE DE LA PAUVRETE

Il est présenté ici les dimensions de mesure de la pauvreté, la notion de ligne et de profil de pauvreté.

1.3.1 Les dimensions de la pauvreté

Il est question ici de présenter les angles essentiels sur lesquels se fonde le diagnostic de la pauvreté. L'on parlera de la notion du bien-être, de la pauvreté monétaire et de la pauvreté non monétaire.

1.3.1.1 La notion de bien-être

Le bien-être est un comparateur universel, à partir duquel s'élaborent toutes les différentes définitions de la pauvreté. Vocable très reconnu, il traduit le niveau de satisfaction qu'un sujet perçoit, soit par usage de son revenu soit par l'accessibilité aux biens et services fondamentaux. La littérature classique montre qu'il y a des bases théoriques suffisantes pour assimiler les dépenses comme une `'bonne» approximation du bien-être pour l'analyse de la pauvreté. Deux préceptes sont attachés à cette théorie :

n la maximisation de l'utilité des individus/ménages17 ;

n les principaux éléments de la fonction de bien-être sont les biens consommés18.

Cependant, il faut noter que la conception du bien-être varie en fonction de l'importance accordée à la perception de la personne quant à son bien-être : le bien-être est de ce fait une notion subjective. De même, le bien-être varie selon les dimensions ou les choix considérés. Notons que par rapport à l'importance ci-dessus explicitée, importance accordée à la perception personnelle dans l'interprétation du bien-être, deux grandes écoles de pensée ont émergé. Ce sont les `'utilitaristes» ou `'welfaristes» et les `'non utilitaristes» dont les détails ont été fournis au point 1.1.2 plus haut.

Il est apparu au vu de ce qui précède que le champ thématique de mesure de la pauvreté change au fil du temps. Ceci parce que les besoins économiques évoluent dans le temps, faisant ainsi naître chez l'homme d'autres sources d'insatisfaction. A cela s'ajoute le contexte de chaque pays ou de chaque groupe social. Sur ce, les rubriques qui doivent être retenues devraient être contextualisées. Cela fait tellement progresser la réflexion et l'analyse de la pauvreté dans le temps à telle enseigne que le PNUD est parvenu à faire la proposition selon laquelle l'appréhension de la pauvreté doit se faire en fonction des grandes thématiques

17 Lachaud, 1998, « Concepts, mesure et analyse de la pauvreté en Afrique ».

18 Ibid.

qui ont été retenues au fil de l'évolution de la réflexion et de la pratique: le revenu, la santé et l'alphabétisation.

1.3.1.2 Pauvreté monétaire

La notion de pauvreté monétaire est le propre des utilitaristes ou welfaristes. Or l'on sait que ces derniers assimilent le bien-être au niveau de satisfaction atteint par un individu dans la consommation des biens, c'est-à-dire aux dépenses de consommation voire du revenu. Alors, la pauvreté monétaire traduit de ce fait une carence de ressources engendrant une consommation insuffisante, et vue comme telle, la pauvreté monétaire équivaut à la situation d'une personne qui a un niveau de revenu ou de consommation inférieur à un niveau prédéfini. C'est ce niveau de revenu ou de consommation prédéfini qui est connu sous l'appellation de seuil de pauvreté.

1.3.1.3 Pauvreté non monétaire

La pauvreté non monétaire se conçoit sur des dimensions opposées aux variables telles salaire, revenu ou dépenses de consommation. Elle concerne les axes suivants :

n l'exclusion sociale (chômage, solitude, restriction des liens sociaux) ;

n l'insuffisance culturelle (analphabétisme, illettrisme, etc.) ;

n la vulnérabilité politique (absence de pouvoir de décision/participation aux décisions, etc.) ;

n l'atteinte à l'éthique (terrorisme, violence, incarcération, corruption, etc.).

Cependant, nous ne saurons mésestimer un axe capital de la pauvreté non monétaire. Il s'agit de l'axe constitué d'importantes dimensions telles les conditions de vie. C'est précisément, une pauvreté se matérialisant par une absence ou insuffisance de satisfaction des besoins de base : soins élémentaires de santé, éducation de base, ..., auxquels sont assez souvent annexées les prestations (capacités) fondamentales (facilité d'accès à une source d'eau potable, à un centre de santé, à un marché public, à une voie publique, etc.) que la communauté se doit de fournir aux sujets pour ne pas que ceux-ci vivent dans des conditions de vie précaires.

La prise en compte simultanée des dimensions et des écoles de pensée de la pauvreté, nous a permis, après examen de la littérature, de construire le schéma présenté à la figure 1 ci-après.

Figure 1 : Schéma synthétique. Dimensions, écoles de pensée et type de mesure de la pauvreté

Non monétaire

Monétaire

Dimension

 
 

Pauvreté

 
 

Ecole de pensée
[Cadre conceptuel]

Welfarist

Besoins de base

Capacités

Autres écoles

Est pauvre :

Un sujet dont le niveau de
revenu/

consommation est inférieur à un seuil de pauvreté prédéfini.

Commodités :

. Accès eau potable

. Accès à l'éducation

de base

. Accès aux soins

de santé

. Accès au transport public

. Aménagements

sanitaires . Logement . Nourriture

. Patrimoine ménage . Etc.

Est pauvre :

Un sujet privé d'un minimum de commodités préalables à l'atteinte d'une certaine qualité de vie.

Habiletés ou facultés :

. Culture

. Insertion sociale . Liberté/droit

. Longévité

. Nutrition . Fécondité

. Autonomie

. Santé

. Se vêtir . Trappe à pauvreté . Invulnérabilité

. Etc.

Est pauvre :

Un sujet ayant une insuffisance des facultés
élémentaires

nécessaires pour atteindre un
minimum acceptable de besoins de base.

Psychologie : . Capitulation . Complexe

d'infériorité . Délire

. Exclusion
sociale

. Incrédulité

. Humiliation . Lâcheté/stress . Mépris autrui . Mépris de soi . Scepticisme . la Honte

. Dignité

. Etc.

Est pauvre :

Un sujet nanti d'un maximum d'états

psychologiques négatifs lui
privant ainsi les perspectives positives d'une vie décente.

Eléments de
dimensions
[Variables]

Ressources :

. Consommation ou

. Revenu réel [ou Salaire]

Considération
de la pauvreté
pour un sujet

Type d'analyse
ou agrégation de
la pauvreté

Unidimensionnelle

Mesure indirecte :
Pauvreté des
enfants, héritée
des parents.

Unidimensionnelle

 

Multidimensionnelle

 
 

Mesure indirecte :
Pauvreté des
enfants, héritée
des parents.

Mesure directe :

Pauvreté des enfants, intrinsèque

et héritée des

parents.

Nature de mesure
du bien-être des
enfants

Source : l'auteur à partir de la revue de littérature

NB : les cases et lignes en vert représentent respectivement les dimensions et leurs modes d'association en vue d'une analyse selon le cadre conceptuel empirique de la présente étude (une approche directe par les besoins de base, multivariée et focalisée sur les enfants).

1.3. 2 Concepts de ligne et de profil de pauvrete

Mesurer et analyser la pauvreté nécessite le choix d'une ligne de pauvreté séparant les « pauvres » et les « non pauvres ». Cette ligne peut être absolue ou relative. L'on parle ainsi de pauvreté absolue et de pauvreté relative. La finalité ici est d'élaborer un profil de pauvreté.

1.3.2.1 La notion de seuil de pauvreté

Il est communément appelé seuil de pauvreté (ou ligne de pauvreté), une ligne de bien-être prédéfini, que l'on considère comme la frontière qui sépare les pauvres des non pauvres. Tout sujet ayant un niveau de bien-être (revenu, consommation, niveau d'accessibilité à certaines commodités de base comme l'éducation, la santé, le travail, ...) inférieur à la ligne de pauvreté fera donc partie des pauvres. Nous parlerons dans cette section de deux seuils de pauvreté rencontrés dans la littérature et conçus sous l'impulsion de la Banque mondiale : seuil absolu d'une part et seuil relatif d'autre part.

1. Le seuil absolu de pauvreté

Le seuil absolu de pauvreté est classiquement présenté en deux grandes catégories : la catégorie des seuils de pauvreté à des fins de comparaisons internationales et la catégorie des seuils nationaux de pauvreté. Parmi les seuils de pauvreté destinés aux comparaisons internationales le plus usité est celui calculé par la Banque Mondiale, à l'aide de la consommation ; il est égal à 1 dollar (en parité de pouvoir d'achat, ou PPA de 1985) par jour et par personne. En principe, chaque année, la Banque Mondiale élabore un seuil de pauvreté absolue en convertissant le seuil de pauvreté d'au moins 30 PVD en PPA aux prix de 1985, puis, retient comme nouveau seuil de pauvreté absolue la médiane des dix (10) seuils de pauvreté en queue. En définitive, le nouveau seuil de pauvreté absolue choisi a un pouvoir d'achat similaire à celui de 1 dollar par jour en PPA aux prix de 1985.

Les seuils de pauvreté nationaux sont confectionnés par chaque pays. Sachant que le problème de développement en Afrique et dans la presque totalité des pays du tiers monde reste la famine, les PVD qui ont essayé d'élaborer des seuils de pauvreté l'ont construit autour d'une approche alimentaire. Nous allons présenter trois modes d'évaluation de ce seuil de pauvreté absolue vu sous l'optique alimentaire.

a) Méthode du coût des besoins essentiels

Ici sont déterminées une composante alimentaire et une composante non alimentaire. La composante alimentaire est fonction d'un panier de biens de consommation. C'est ce panier qui est valorisé pour accéder à la quantité de calories fixées par le seuil calorique

retenu19. La composante non alimentaire est estimée par exemple en se donnant a priori une fonction de demande de denrées alimentaires ( si ) sous la forme d'une fonction linéaire du rapport entre les dépenses totales xi (alimentaires et non alimentaires) et la composante alimentaire ( za ) du seuil de pauvreté. Notons i un ménage donné et åi le terme d'erreur :

x

- la fonction de demande de denrées alimentaires est : si =a + fi ln( i) + åi Avec á et

za

(3 des coefficients à estimer. L'ordonnée à l'origine (a) est la valeur estimée sans biais de la proportion de la consommation alimentaire moyenne des ménages qui se situent tout juste au niveau du seuil de pauvreté, c'est- à- dire ceux pour lesquels x i= za ;

- La composante non alimentaire ( za ) du seuil de pauvreté est déduite comme suit :

za = za - áza za = (1 - á)za ;

- Le seuil de pauvreté absolue au niveau national est alors : z = z a + za Notons

qu'un inconvénient majeur de cette méthode réside dans le fait qu'en pratique le choix des composantes alimentaire et non alimentaire de l'ensemble considéré est arbitraire.

b) Méthode de l'équilibre calorique

La technique de l'équilibre calorifique ou apport énergétique alimentaire est fondée sur une dépense de consommation qui permettrait uniquement à une personne de se procurer une quantité de nourriture suffisante pour satisfaire un besoin calorique prédéterminé. L'on estime ainsi la quantité d'énergie alimentaire absorbée à partir de la consommation des ménages convertie en équivalents adultes.

c) Méthode de la ration alimentaire

Cette technique consiste à évaluer le budget alimentaire permettant d'acheter des éléments nutritifs en quantité tout juste suffisante. Dans la pratique, il est souvent supposé d'obtenir le seuil de pauvreté de telle manière que la consommation totale corresponde au triple du niveau du coût des nutriments essentiels. Cela est tributaire d'un biais et constitue l'inconvénient majeur de cette méthode : le seuil de pauvreté est surestimé car les sousgroupes pour lesquels les niveaux de consommation réelle ou de revenus enregistrés sont plus élevés consacrent en général une part moins importante de leur budget à la consommation.

19 Il peut valoir (en Kilot calories), selon les pays 2000, 2200, 2400, etc. La valorisation tient compte du coût d'une ration alimentaire de base, aussi bien pour les principaux groupes d'âges que pour les deux sexes.

2. Le seuil relatif de pauvreté

En référence à la définition de la notion de pauvreté relative définie plus haut, le seuil de pauvreté relative est évalué par rapport à une source prédéfinie. Très couramment, il est utilisé le principe qui suit : il est fixé à une proportion égale à la moyenne arithmétique ou à la médiane20 de la répartition de la consommation voire du revenu, par exemple le quintile des dépenses moyennes. Une fois cette proportion fixée, les sujets au-dessous du premier quintile sont considérés comme relativement pauvres alors que ceux qui sont situés au-dessus de ce même quintile sont non pauvres. Le seuil de pauvreté relative induit une propriété intéressante d'invariance de la mesure de la pauvreté. En effet, la mesure de la pauvreté ainsi réalisée ne subit aucun impact par un doublement de la distribution de tous les revenus et du seuil de pauvreté, puisque le seuil de pauvreté croît avec le revenu dans la même proportion. Notons que la propriété reste valable avec la répartition de la consommation. Par contre, il sied de préciser que cette propriété est non valide dans le cas de la pauvreté absolue pour laquelle l'accroissement du revenu ou de la consommation impacte différemment le seuil de pauvreté.

Nonobstant cette nuance, il est souvent reconnu que c'est d'un grand intérêt que d'utiliser conjointement les deux seuils de pauvreté (absolue et relative) pour s'offrir un moyen direct de déterminer des seuils de pauvreté multiples via des comparaisons de pauvreté. De même, il est opportun, pour deux dates distinctes données, de comparer différemment les fluctuations des pauvretés absolue et relative. Ainsi, l'on s'aperçoit que ces deux seuils appellent les notions de pauvreté absolue et de pauvreté relative.

1.3.2.2 Pauvreté absolue et pauvreté relative

La pauvreté absolue apparaît lorsqu'un individu, un foyer ou un ménage, ne dispose pas des attributs considérés comme ceux du bien-être. Les seuils de pauvreté élaborés à partir des données relatives à la consommation des individus et des ménages où l'on construit une ligne de pauvreté normative au-dessous de laquelle les individus et les ménages sont considérés comme pauvres, relèvent d'une approche absolue. Bien entendu, il convient de distinguer deux cas. Dans l'approche par les besoins de base, la pauvreté absolue renvoie à un seuil de pauvreté (exprimé en valeur absolue) et correspond à la potentialité de combler des besoins minimaux. Ensuite, de la même manière, en ce qui concerne l'approche absolue par le revenu, un sujet est qualifié d'absolument pauvre si son revenu est au-dessous d'un seuil de

20 Par rapport à cette caractéristique de tendance centrale, de nombreux pays utilisent aussi un seuil de pauvreté qui correspond à environ 50% de la dépense médiane nationale.

pauvreté normatif défini à partir des revenus de la population. Cette approche trouve ainsi sa légitimité dans un consensus autour d'une norme sociale reconnue comme illustrative d'un minimum vital. Il s'agit par exemple des seuils suivants : seuil calorique de 2400 Kcal par jour et par personne, seuil de 1$ par personne et par jour (Banque Mondiale, 1984).

La pauvreté relative s'intéresse aux différences relatives entre sujets (individus ou ménages) d'une même communauté. Elle est variable et change de nature à l'intérieur même de la communauté ou du groupe social soumis à l'étude. Elle peut donc se retrouver dans n'importe quelle couche sociale d'un groupe, aussi bien chez les «pauvres» que chez les «non pauvres». L'on désigne par conséquent sous le vocable de pauvreté relative des personnes qui sont moins bien loties que les autres membres de la communauté. En termes de revenu, une personne est relativement pauvre si elle appartient à un groupe considéré comme à faible revenu. En revanche, en termes de besoins de base, la personne sera considérée comme relativement pauvre si elle fait partie d'un groupe moins accessible à un minimum de biens et services jugés de base à l'atteinte d'une certaine qualité de vie.

C'est à l'aide de ces seuils de pauvreté que les analystes essayent de discriminer les groupes de population en «pauvres», «non pauvres», .... L'analyse qui en résulte est souvent qualifiée de profil de pauvreté ; concept qui est défini à la section suivante.

1.3.2.3 Le concept de profils de pauvreté

Au début des années 80, beaucoup de travaux africains avec les partenaires internationaux en matière de développement (notamment les IBW et le PNUD) avaient pris en compte la définition des stratégies de lutte contre la pauvreté dans les PVD. Cela, parce que mesurer et analyser le bien-être des populations de ces PVD se situerait au niveau des cibles cognitives [c'est-à-dire, des critères relatifs à la connaissance ou à l'identification de la pauvreté]. Ces mesures et analyses se situent aussi au niveau des intérêts analytiques [le bon entendement des déterminants de la pauvreté] et des objectifs stratégiques [l'élaboration des axes d'intervention ajustés, des prototypes de surveillance et d'évaluation de la dynamique de la pauvreté]. De tels travaux devraient offrir le maximum d'informations utiles aux besoins des DSRP dont les contenus sont appelés profils de pauvreté.

La Banque Mondiale (1993) a donné une définition au concept de profil de pauvreté ; laquelle a été soutenue puis améliorée par le PNUD (1999). Selon la Banque Mondiale : « le profil de pauvreté est un dispositif analytique qui résume l'information sur les sources de

revenu, les modes de consommation, les activités économiques et les conditions de vie des pauvres ». Pour le PNUD : «c'est un outil analytique qui résume la somme des informations recueillies sur le phénomène et la structure de pauvreté d'un pays en tentant à la fois de définir la pauvreté du pays, d'identifier et localiser les pauvres, et de souligner les principales manifestations de la pauvreté».

L'intérêt d'un profil de pauvreté réside assurément dans sa définition même. Il indique les manifestations essentielles de la pauvreté et donne une facette enrichie sur la façon dont la pauvreté varie d'une localité à une autre, d'un groupe particulier de population à l'autre. Dans notre étude empirique, il nous permettra aussi [compte tenu du fait que l'étude soit focalisée particulièrement sur les enfants] de formuler des stratégies en faveur des enfants [via bien sûr leurs parents à qui incombent leurs décisions!]. L'élaboration d'un profil de pauvreté en cinq étapes : (i) établir un consensus sur l'approche conceptuelle ; (ii) choisir un seuil qui sépare les pauvres et les non- pauvres ; (iii) choisir les indicateurs spécifiques qui capturent le mieux les dimensions de la pauvreté ; (iv) analyser ces indicateurs ; et (v) formuler des stratégies adaptées. De larges informations concernant notre démarche en matière d'élaboration des profils de pauvreté des ménages et des enfants sont données dans la partie 2 de ce travail.

1.3.3 Quelques autres identites de la pauvrete 1.3.3.1 Pauvreté objective et pauvreté subjective

La notion de pauvreté objective renvoie à la capacité de satisfaire les besoins vitaux. Mais, l'on peut différencier trois principales dimensions de cette approche. La première dimension sous-tend la pauvreté en termes d'exclusion. C'est une dimension qui se caractérise au niveau individuel par un niveau de vie matérielle insatisfaisant ou par une insuffisance de capital social pour établir des liens sociaux stables ou suffisamment intenses grâce auxquels l'on pourrait travailler dans des conditions acceptables et réaliser ses droits en tant que citoyen. La seconde parle de pauvreté d'existence ou de conditions de vie. Enfin, l'on parle de vulnérabilité, c'est-à-dire de la situation des personnes qui n'ont pas la capacité de réaliser les ajustements nécessaires pour préserver leur bien-être lorsqu'elles sont exposées à des évènements externes défavorables.

La notion de la pauvreté subjective quant à elle, admet que les seuils de pauvreté dérivent des jugements essentiellement subjectifs de ce que constitue un niveau de vie minimum acceptable par la population d'une société donnée. La subjectivité de la pauvreté

réside sur la façon dont les sujets perçoivent eux-mêmes leur bien-être. Les questions du type «Selon vous, quel est le niveau du revenu mensuel au-dessous duquel vous ne pourriez pas joindre les deux bouts ?», sont assez souvent posées pour appréhender ce type de pauvreté. Cette pauvreté revêt un intérêt manifeste pour comprendre la satisfaction des populations par rapport à leur niveau de vie. Mais à cause justement des réponses subjectives collectées lors des enquêtes en la matière, la méthode est difficilement exploitable pour donner un sens normatif à des comparaisons subjectives dans le temps ou dans des contextes différents.

1.3.3.2 Pauvreté structurelle et pauvreté transitoire

Le concept de pauvreté structurelle ou organisationnelle fait référence à une situation dans laquelle l'amélioration du statut des pauvres ne peut s'envisager qu'à la suite d'un important saut qualitatif aléatoire, à court ou à moyen terme. Elle découle directement du mode d'organisation/structuration de la société qui fait en sorte que sa forte hiérarchisation induise la pérennisation des strates les plus dénuées dans la pauvreté. Un exemple serait le cas des bergers d'une localité qui sont en bas de la pyramide sociale, investissant énormément dans le cadre de leur fonction alors qu'ils n'en tirent qu'un moindre profit économique. L'on pourrait dire que c'est le mode d'organisation de la société qui est ainsi fait.

A contrario, la notion de pauvreté conjoncturelle ou transitoire se prête à une situation de pauvreté induite par un choc ou une conjoncture quelconque. Un exemple serait le cas de la fin des conflits militaires congolais en 1998 : la fin de la guerre civile a provoqué un exode rural massif des populations vers Pointe-Noire qui était censé offrir un cadre de vie sécurisé. La conséquence inhérente de cette migration a été un surpeuplement et donc une insuffisance nutritionnelle dans nombre de ménages «Ponténégrins» jugés pauvres. Puisque la situation des résidents de Pointe-Noire peut se modifier sous d'autres conjonctures, l'on reconnaîtrait ces ménages comme étant en situation de pauvreté transitoire.

1.3.3.3 Pauvreté, inégalité et vulnérabilité

Dans la littérature économique relative à la pauvreté, plusieurs autres concepts autour de la pauvreté sont utilisés par les analystes. Au rang de ces concepts, les plus prépondérants utilisés sont l'inégalité, la vulnérabilité, la pauvreté durable, la pauvreté revisitée et la sensibilité. L'on s'intéresse exclusivement à l'inégalité et à la vulnérabilité.

a) L'inégalité

Une des explications traditionnelles du bien-être réside dans l'approche de la pauvreté relative (avoir moins que les autres membres d'une société donnée au regard d'un aspect spécifique du bien-être). Cependant, il est simple de remarquer que le niveau général des inégalités à l'intérieur d'une localité donnée, et plus généralement de la répartition de la consommation ou même des besoins de base, est également un angle d'observation capital du niveau de bien-être de cette localité. L'on pourrait, à tort, assimiler cela à la pauvreté relative. Il s'agit plutôt de l'inégalité. La justification n'étant pas tout à fait avérée, il conviendrait de préciser que la pauvreté se focalise sur la situation des sujets qui se situent au-dessous de la distribution des éléments du bien-être, tandis que les mesures de l'inégalité ne se focalisent pas nécessairement sur une moyenne connue d'une distribution. Coudouel et al (2002) expliquent que : «les indicateurs d'inégalité peuvent être plus difficiles à développer que les indicateurs de pauvreté, parce qu'ils résument essentiellement un des aspects d'une variable double. Ces mesures peuvent être calculées même pour les terres et pour d'autres variables continues ou cardinales.»21. De ce fait, bien que faisant partie de la quasi totalité des études cadrant la théorie de la pauvreté, l'inégalité se perçoit comme une notion plus large que la notion de pauvreté elle-même.

b) La vulnérabilité

Le phénomène de vulnérabilité, parfois cité sous le vocable insécurité, est aussi assez fréquent dans la définition de la pauvreté. Il est de plus en plus évoqué pour prendre des dispositions particulières quant à la façon d'appréhender certains aspects économiques. Par exemple, les enfants et les personnes du troisième âge sont souvent traités à part (vulnérables) vu leur âge. Les enfants sont fragiles de par leur extrême immaturité, inexpérience et sensibilité aux divers fléaux socio-économiques (maladies infantiles telles rougeole, varicelle, kwashiorkor), tandis que les «vieillards» le sont par devers leur extrême maturité, expérience et sensibilité aux anomalies de vieillesse du genre presbytie22 et rhumatisme. Selon le PNUD, la vulnérabilité correspond à deux réalités : « vis-à-vis de l'extérieur, elle représente le manque de moyens de défense face aux chocs, aux tensions et au risque », alors que « vis-à-vis de l'intérieur, elle correspond à la fragilité, c'est-à-dire le manque de possibilités permettant à l'individu de faire face à une situation de précarité »23.

21 Coudouel et al, 2002, « Mesure et analyse de la pauvreté », Chapitre 1, pp.25-33.

22 Anomalie oculaire de vieillesse se manifestant par une mauvaise distinction des objets rapprochés, par suite d'une diminution de l'élasticité du cristallin et de son pouvoir d'accommodation.

23 PNUD, 1997, Rapport Mondial sur le Développement Humain.

En définitive la vulnérabilité peut être définie comme la probabilité ou le risque existant actuellement pour un sujet de se trouver en situation de pauvreté, s'il ne l'est pas ; ou d'y demeurer et même s'y enfoncer davantage s'il l'est déjà. Dans cette optique, il est plausible d'assimiler la vulnérabilité, non seulement à la chance ou au risque existant actuellement de se trouver en situation de pauvreté mais aussi au risque de s'y enfoncer plus avant à l'avenir. En conséquence, l'insécurité pourrait s'interpréter comme un certain degré de vulnérabilité à un recul du bien-être. L'événement qui déclenche le recul du bien-être peut se présenter au niveau microéconomique du ménage (maladie, décès, etc.), au niveau mésoéconomique ou d'une communauté (accident écologique ou émeutes), ou au niveau national, voire international (catastrophes nationales ou chocs macroéconomiques) ;

En définissant les aspects relatifs à la conceptualisation du bien-être, l'on s'est contenté de présenter les aspects jugés les plus pertinents. Bien que ces aspects soient plus orientés vers la situation des ménages, ils pourraient s'appliquer au cas des enfants. Par exemple, les concepts de seuil de seuil de pauvreté, de pauvreté structurale, de profil de pauvreté et de vulnérabilité seront fréquemment utilisés aux chapitres 3 et 4. Toutefois, il reste un problème, celui de savoir comment mesurer l'ampleur de la pauvreté sur l'ensemble des sujets considérés dans une étude, une fois la pauvreté identifiée. Là-dessus les économistes ne se sont pas mis en marge de la réflexion. Ils se sont basés sur le calcul des indices, lesquels sont utilisés à cette fin par le politique et les organismes internationaux. La présentation des indices les plus usités ainsi que de quelques résultats empiriques dans certaines économies, constituent l'objet du chapitre suivant.

Chapitre 2

INDICES DE PAUVRETÉ ET REVUE DES TRAVAUX

EMPIRIQUES

Ce chapitre comporte deux sections. La première section brosse en revue la théorie de la mesure de la pauvreté à travers les indices les plus rencontrés dans la littérature [nombre d'entre ces indices se déduisent les uns des autres par de simples transformations mathématiques et nous n'insisterons pas sur ces transformations]. Dans la deuxième section, quelques travaux empiriques dans les autres coins du monde [Afrique du Sud-Afrique au Sud du Sahara-Allemagne, Bénin, France, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Côte d'Ivoire, États-unis, Sénégal et Tchad] sont examinés. Au bout de cette deuxième section, un accent particulier est mis sur la revue de la littérature sur la pauvreté dans l'économie congolaise, laquelle est particulièrement choisie pour l'étude empirique au chapitre 3.

.1 L'AGREGATION DE LA PAUVRETE

Le problème de l'élimination de la pauvreté reste comme souligné dans le chapitre précédent, sans solution commune. Cela est la conséquence de la multitude de mesures du bien-être qui ne font pas l'unanimité parmi les économistes. Les instruments de mesure de la pauvreté devraient traduire correctement les valeurs et les préférences. Autrement, les efforts fournis dans le domaine de la mesure et de l'analyse de ce fléau seraient un gaspillage, portant ainsi préjudice aux sujets qui en sont affectés.

Fort heureusement, les économistes ne se sont pas délaissés face à cette difficulté, mais se sont davantage penchés, sur la mesure de la pauvreté. La tâche est certes fastidieuse mais l'expérience en vaut la peine. Et c'est d'autant plus complexe dans la mesure où les économistes approchent le problème en essayant généralement d'agréger la pauvreté en attribuant une mesure cardinale à un phénomène qui par sa nature à « visages » multiformes, ne peut évidemment point se réduire à un nombre. L'agrégation de la pauvreté succède à son identification tout en précédant l'analyse et la formulation des politiques inhérentes à sa réduction. L'objectif visé renvoie aux questions du genre « quelle est l'ampleur de la pauvreté dans le pays ? » et « comment cette pauvreté est-elle vécue dans tel ou tel autre groupe de populations ? ». D'où l'usage des indices ou ratios de pauvreté, pour

solutionner la difficulté qui réside dans l'attribution d'un ordre en termes d'importance donnée à la situation des personnes les plus démunies.

Par indice de pauvreté, il faut entendre une fonction dont les variables sont des indicateurs de bien-être de l'ensemble des pauvres et de la ligne (le seuil) de pauvreté. Par convention, un indice de pauvreté devrait prendre ses valeurs dans l'intervalle [0 ; 1], et plus il est petit, meilleure est la situation au vu du bien-être. La valeur 0 de l'indice traduit une inexistence de la pauvreté24 alors que la valeur 1 est l'état d'extrême précarité, en termes de bien-être.

La notion d'indice ayant ainsi été définie, il conviendrait de noter qu'il existe une multitude de familles d'indices relatifs à la pauvreté et donc à la vulnérabilité et à l'inégalité. Il ne sera présenté dans cette section, essentiellement, que les indices appartenant à la famille (F) définie ci-dessous. A cette fin, nous adoptons les notations suivantes qui seront utilisées dans la description des indices :

~ z : valeur du seuil de pauvreté [ou ligne de pauvreté]

~ n : nombre total de sujets [pauvres et non pauvres]

~ q : nombre de sujets pauvres [et évidement, n - q : nombre de sujets non pauvres]

q> xi : mesure du bien-être du i ième sujet pauvre. L'on fera l'hypothèse que les pauvres sont ordonnés par ordre décroissant de leur bien-être [ x1 = x2 = ... = xq -1 = xq ]

~ gi = z - xi : déficit ou écart de bien-être au seuil de pauvreté du sujet i

tt> A(x, z) et mi(x, z): une fonction (de x et z) et une pondération sur gi, respectivement.

Il convient aussi de faire remarquer que le concept « sujet » garde le même sens que celui donné en introduction générale, c'est-à-dire une personne (un individu), un ménage, une famille, un foyer, un pays, etc. Par ailleurs, sous l'angle monétaire particulièrement, x sera assimilé à la distribution soit des revenus soit des consommations des sujets à traiter. Les lignes qui suivent décrivent l'origine et la chronologie de l'élaboration des indices d'agrégation de la pauvreté chez les analystes économistes les plus connus25.

La famille (F) des indices que nous allons présenter a la stature des fonctions du type :

q ( x)

F = IF n ( x , z) ? [0,1] / F n ( x , z ) = z ) g i m i( x , z ), avec q =n

i = 1

24 À notre avis, une inexistence de pauvreté ne saurait rester sans équivoque ; il est toujours possible (même pour les individus appartenant aux régions les plus riches) de compter certains sujets au-dessous d'un seuil défini de pauvreté.

25 Les sources utilisées sont essentiellement STATECO n° 90-91, Août-Décembre 1998/ Soliz et Alejandro (1999)/Miceli (1997).

.1.1 Les Indices G-H-I

Les indices G, H et I ont été crées avant que l'agrégation de la pauvreté ne soit axiomatisée par les économistes. Ils ont de ce fait de nombreuses limites à partir desquelles d'autres indices ont été formulés à mesure que la science économique évoluait.

2.1.1.1 Indice G : inégalité

L'indice de Gini, noté G, est le seul des trois (G, H et I), qui soit une mesure de

l'inégalité. Il se déduit de la famille (F) en posant A ( x , z ) = 1 2 n , gi = 1 et

2

m i ( x , z)

1

 

x x

-

i j

, avec x , xi et xj désignant respectivement le niveau moyen de la

 
 

x

j

mesure du bien-être dans l'ensemble de la population, la part de bien-être de l'individu i et la

1

part de bien-être de l'individu j. Ainsi : 2

G =

2 xn

i j

x i - xj

Notons cependant que

l'indice G a plusieurs autres formulations mathématiques, surtout en statistique descriptive.

v

En prenant par exemple A ( x , z ) = 1 x , gi = 1 et mi x z v x r -

( , ) cov[ ,(1 ) ]

1

= - - , l'on obtient,

- 1

d'après (F) l'expression de l'indice de Gini élargi : arg { cov[ ,(1 ) ]}/

v

G él i = - v x r

- x . Dans

cette deuxième expression, r désigne le rang occupé par un sujet donné dans la distribution des xi alors que í est un coefficient qui consolide cette même distribution. L'on standardise ce dernier indice élargi en faisant í =2, ce qui formalise alors G sous sa forme classique :

2 cov( x , r)

G = Gs tan dard = x

Cet indice mesure la concentration de la pauvreté ou en d'autres termes sa dispersion relative. Par exemple, une région où G est plus élevé est celle pour laquelle l'inégalité est plus accentuée (c'est-à-dire plus concentrée). Malheureusement, il est souvent détecté un point nodal de cette mesure. En effet, G n'est pas additif pour tous les groupes, à telle enseigne que le coefficient de Gini d'une société n'est pas la somme des coefficients Gini de ses sous-groupes.

2.1.1.2 Indice H : incidence de la pauvreté

En faisant par exemple A ( x ,z ) = 1 n et en choisissant gi et mi(x, z) tels que

g i mi ( x , z ) = 1 dans la famille (F), l'on obtient un indice simple Fn ( x , z ) = q /n = H, le plus
simple au point de l'interpréter comme étant la proportion de pauvres dans la population

totale. Il est souvent abrégé H d'après son nom anglais «headcount index» désignant en français l'expression «incidence ou ratio de pauvreté»:

H = q / n

L'indice H est parfois interprété comme indicateur de l'étendue ou incidence de la pauvreté (par exemple, le pourcentage des enfants de 14 ans ayant bénéficié de moins de cinq ans d'éducation). L'inconvénient majeur de H est qu'il considère que tous les sujets sont dans la même situation dès lors qu'ils ont une valeur de bien-être inférieure au seuil de pauvreté, attribuant ainsi la même importance aussi bien à une personne à un niveau de bien-être juste inférieur au seuil qu'à une personne de niveau de bien-être quasiment nul. Une dernière faiblesse de H réside dans le fait qu'il ne dépend pas de x, mais seulement de q, c'est-à-dire du nombre de pauvres. Ainsi même si le niveau de bien-être d'un sujet croit, H reste invariant, contrairement à ce que à quoi l'on s'attendrait d'un bon indice de pauvreté26 qui doit dépendre de la valeur du seuil de pauvreté.

2.1.1.3 Indice I : intensité de la pauvreté

En faisant par exemple A ( x , z ) = 1 q et mi ( x , z ) = 1/ z dans la famille (F), l'on

obtient un autre indice simple F n ( x , z)

q

= . Il est souvent abrégé I dérivé I

= (1/ q )[ Eg i(1/ z)]

i

=

1

de l'initial de son appellation anglais «income gap ratio» ou «poverty gap ratio» (c'est le niveau du bien-être nécessaire pour sortir la population ciblée de la pauvreté):

1 q

I = E ( g i / z)

q i=1

L'indice I mesure la profondeur ou le déficit moyen de la valeur du bien-être exprimée en pourcentage du seuil de pauvreté, ce qui est intéressant car, contrairement à H, l'indice I s'élève avec la diminution de la valeur attribuée à la mesure du bien-être. Cependant, il a l'inconvénient d'être insensible au nombre de personnes qui vivent en situation de pauvreté. En effet, il est possible d'obtenir d'un même I deux fois plus de pauvres dans le pays ciblé, situation indésirable dans les politiques d'éradication du fléau.

Les faiblesses enregistrées des indices H et I ont été à même de booster les analystes de la pauvreté vers des formulations plus rigoureuses que nous présentons plus bas.

26 Si un gouvernement se basait exclusivement sur cet indice pour la lutte contre la pauvreté, les efforts ne seraient pas concentrés sur les personnes les plus démunies.

n 1. 2 Les agregations axiomatiques SShT (Sen, Shorrocks et Thon)

Il sera présenté dans cette partie des indices assez améliorés, dérivant toujours de la famille (F). Avec pour chef de fil Sen, les constructeurs des trois indices qui vont être mis en exergue mettent l'accent sur l'établissement d'un certain nombre d'axiomes que devrait satisfaire un « bon » indice ; cela, dans le but de corriger quelques faiblesses de mesures traditionnelles susmentionnées. Certains axiomes (exception faite pour les indices G, H et I) sont donnés à titre indicatif dans l'encadré 1 ci-après.

 
 
 
 

Encadré 1 : Quelques axiomes des indices de mesure de la pauvreté

n axm1. Axiome Monotonie : T.C.É.P.A. [Toutes choses égales par ailleurs], une réduction du revenu d'un sujet qui se trouve au-dessous de la ligne de pauvreté doit accroître la mesure de pauvreté (Sen).

n axm2. Axiome Transfert : T.C.É.P.A., un transfert de revenu entre une personne qui se trouve en dessous de la ligne de pauvreté et une personne qui est plus riche doit accroître la mesure de pauvreté (Sen).

n axm3. Axiome focus : La mesure de pauvreté reste inchangée si le revenu d'un sujet qui se trouve au-dessus de ligne de pauvreté augmente (Sen).

n axm4. Axiome faible transfert : Un transfert régressif où le bénéficiaire continue à être pauvre doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté (Thon).

n axm5. Axiome fort transfert : Un transfert régressif doit augmenter la valeur de l'indice de pauvreté dans tous les cas (Thon).

n axm6. Axiome sensibilité aux transferts : T.C.É.P.A., un transfert régressif d'un montant x du i-ème vers le j-ème pauvre provoquera une plus grande augmentation de la mesure de pauvreté qu'un transfert régressif du même

n

 

montant du k-ème vers le l-ème pauvre si. xj --- xi = xl --- xk > 0 et xk > xi (Sen et Kakwani).

n axm7. Axiome cohésion aux sous-groupes : soit une population composée de m groupes d'individus. La pauvreté agrégée de l'ensemble de la population augmente lorsque la pauvreté d'au moins un groupe augmente, celle des autres groupes restant constante. (Foster, Greer et Thorbecke)

n axm8. Axiome dissociation : Soit une population composée de m groupes, chaque groupe contenant nj individus ( j = 1, 2,..., m et n1 + n 2 + ... + n m = n ) . Si on note P la mesure de pauvreté agrégée calculée sur l'ensemble

m

de la population et pj celle qui est calculée sur le jème groupe alors : p = En j p j/n (Foster, Greer et

j 1

Thorbecke).

n axm9. Axiome symétrie : Une permutation des allocations initiales entre deux sujets laisse constante la mesure de la pauvreté.

n

 

Source : STATECO n°90-91, Aout-Décembre 1998 ; Soliz et Alejandro, 1999.

Les axiomes ci-dessus cités expliquent les fondements éthiques et moraux qu'il conviendrait d'avoir à l'égard des démunies, de sorte qu'un indice de pauvreté se construise en reflétant assez bien ces axiomes.

2.1.2.1 Sen et la mesure axiomatique de la pauvreté

L'histoire de l'économie confère à Sen (1976) l'office de pionnier dans l'agrégation

de la pauvreté, en raison de l'approche qu'il aborde pour la quantifier. Les travaux de Sen ont eu un écho favorable aux IBW qui depuis une décennie élaborent des indicateurs de pauvreté humaine (IDH, IPH,...), publiés pour nombre de pays riches et PVD. Son approche a été largement utilisée par de nombreux autres économistes pour créer d'autres mesures. En agençant quelques axiomes additionnels, Sen a pu déterminer la configuration authentique de son indice.

2 q

L'indice de Sen s'écrit : S = E g i( q + 1 - i)

( q + 1)nz i=1

. Cet indice peut en outre être

 

exprimé en fonction des trois indices G, H et I présentés précédemment. Sen montre que pour
des valeurs grandes de q, S peut se mettre sous la forme: S = H [ I + (1 - I ) G] L'examen de

cette expression illustre que l'indice de Sen tient compte à la fois de l'incidence de la pauvreté (H), de la profondeur de la pauvreté (I) ainsi que des inégalités qui existent parmi les pauvres (G). D'où l'authenticité et la spécificité de cet indice ; puisqu'il permet finalement d'identifier les origines d'une modification du bien-être affilié via les composantes de la mesure de Sen.

Cependant, l'indice S n'échappe pas à certaines faiblesses telle l'incohérence par sous-groupe. Des critiques et avantages de S ainsi que d'autres indices27, peuvent être consultés dans Zheng (1997).

2.1.2.2 Indice Sh de Shorrocks

Il est donné par la formule : Sh = 2

q

1 E g i[1 + 2( n - i)]

n z i=

1

Cet indice a l'avantage de vérifier certaines propriétés intéressantes à savoir la monotonie, le transfert et la continuité. Mais, contrairement à S qui est décomposable en G, H et I, l'indice Sh ne l'est pas.

2.1.2.3 Indice T de Thon

Thon (1979) remarque que l'indice de Sen ne satisfait pas l'axiome de transitivité

dans tous les cas. Ce défaut vient du fait que les poids attribués aux écarts gi sont des
fonctions de q : lorsqu'un sujet rencontre le seuil de pauvreté (z), le poids de tous les autres
sujets baisse, faisant dès lors décroître S. Thon essaye alors de modifier le système de

27 Qui ne sont pas présentés dans le présent travail.

pondération, de manière à le rendre indépendant du nombre de pauvres q. Il propose un
indice très proche de celui de Sen, à la seule différence que la pondération q+1-i devient n+1-

2 q

i. L'indice de Thon est formulé ainsi qu'il suit : T = g i ( n + 1 - i)

( q + 1)nz i=1

Précisons que pour n et q suffisamment grands, l'indice de Thon est décomposable, en indice de Sen, indices H et I présentés plus haut. L'indice se décompose donc comme suit :

T = H [ S + 2(1 - H ) I]

.1.3 Les indices K et CHU (Kakwani et Clark-Hemming-Ulph)

2.1.3.1 Indice de Kakwani

Les travaux de Kakwani (1980) constituent un prolongement des travaux de Sen,

comme il en est de même d'ailleurs pour tous les autres auteurs cités après lui. Kakwani développe l'indice de Sen, en y incorporant un nouvel axiome dit axiome de sensibilité aux transferts. Il pense solutionner la difficulté en changeant les pondérations. Malheureusement son indice fut 17 ans après critiqué par Zheng en détectant que l'indice K de Kakwani ne satisfaisait pas totalement l'axiome de sensibilité qu'il était sensé corriger . C'est pour cette raison qu'il n'a pas été largement utilisé par la suite.

L'indice K est défini par la relation :

K = g

nz q i=

q

k i q 1

( q + 1 - i) k

, relation dans

i

=

1

laquelle k est un paramètre supérieur ou égal à 1 (k=1 établissant l'égalité K= S) et la sensibilité étant vérifiée au-delà de k=1.

Notons que la faiblesse constatée sur K n'exclut pas le fait que l'axiome suggéré fut accepté et utilisé par nombre des chercheurs parmi lesquels on peut citer Clark, Hemming et Ulph, entre 1981 et 1996.

2.1.3.2 Indice de Clark-Hemming-Ulph

C'est en 1981 que les auteurs Clark, Hemming et Ulph affinent les travaux de Kakwani, en proposant un indice qui satisfait exhaustivement l'axiome de sensibilité aux transferts en même temps que les axiomes préétablis par Sen. Soulignons que l'indice de ces derniers se démarque considérablement de celui de Sen. Il est souvent qualifié d'indice «éthique » parce que construit à partir d'une fonction de bien-être social des sujets. C'est un véritable prélude aux indices classiques que nous allons présenter plus bas, lesquels bouclent la série d'indices appartenant à la famille (F).

q

nz [ qEgiâ]

q1 i = 1

L'expression suggérée par ces trois auteurs est :

CHU =

1

â

Dans cette expression â [ â = 1 ] est un paramètre qui, de par ses valeurs croissantes, élève le poids (ou l'importance) accordé aux sujets les plus démunis, d'où sa sensibilité.

Les indices de pauvreté déjà présentés, utilisés dans nombre d'études ont suscité un intérêt majeur : l'agrégation du bien-être de groupes de populations hétérogènes. En d'autres termes, la question qui a persisté est celle de savoir quelles sont les contributions des niveaux de pauvreté des divers groupes de population à la pauvreté de tout un pays ? Autrement dit, comment comparer la pauvreté d'un pays au regard des spécificités du genre : groupes ethniques hétérogènes, groupes d'âges, genre, profession exercée, département d'origine, niveau d'instruction, degré d'accessibilité aux services de santé, etc. C'est ce problème d'intérêt gouvernemental, notamment dans la définition des stratégies sectorielles de lutte contre la pauvreté, que résolvent les indicateurs FGT ; indicateurs largement utilisés aujourd'hui, dans l'élaboration des profils de pauvreté à travers les DSRP.

2.1.4 Les indices classiques de FGT (Foster, Greer et Thorbecke)

Foster, Greer et Thorbecke (1984) ont proposé un indice qui est une agrégation corrigée de l'indice CHU tenant compte de toutes les remarques étalées plus haut. De Foster, les amendements ont été progressivement apportés par Greer jusqu'à la version définitive de Thorbecke. L'indice proposé par ces auteurs est aussi du type dérivé de (F) et s'écrit formellement :

FGT á =

1 ( )

q z x

- i á

=

n i=1 z

, avec á = 0 (FGT)

 

Dans cette formule,á est un paramètre appelé degré d'aversion pour la pauvreté ; il est une mesure de l'importance donnée aux individus les plus pauvres. Notons que l'indice FGT satisfait l'axiome de transfert dès que á = 1et l'axiome de sensibilité aux transferts dès que á = 2 . En plus, il est aisé de voir que les indices H et I présentés au début de cette partie et qui sont les indices de pauvreté les plus connus sont des cas particuliers de l'indice FGT. En plus il est fort intéressant de constater que FGT est décomposable et cela pour tout á.

Vu tous ces avantages qui sont assignés à cet indice, l'on basera le cadre travail empirique de la présente étude dans cette famille.

Nos paramètres d'intérêt sont á ? { 0, 1, 2} 28.

1 q

= E (1 - z / x i) = I

n i=1

qui est le income gap ratio (intensité

 

tt> Pour á = 0 : FGT0 = p 0 = q / n = H qui est le Headcount ratio (incidence de la pauvreté) ;

tt> Pour á = 1 : 1

FGT = P1

ou profondeur de la pauvreté) ;

1 q

tt> Enfin, pour á = 2 : FGT2 = P2 = E(1 - z / xi )2 exprime la sévérité de la pauvreté

n i=1

ou indice d'inégalité parmi les sujets pauvres.

Nous noterons « 3 I » pour parler de ces trois indices (incidence, intensité, inégalité).

2.1.5 Les indices de developpement humain : IDH, IDSH, IPH et ISPH

Il sera présenté dans cette sous-section des indicateurs dits composites, résultant des travaux de Sen, selon l'approche dite non monétaire et multidimensionnelle mentionnées au chapitre 1. Ces indicateurs, élaborés par les IBW, sont nés du contenu du développement, concept qui n'a jamais fait, à la même hauteur que la pauvreté, l'unanimité dans l'économie de développement. Indiquons que la gestion des ressources rares (économie) date des temps immémoriaux, alors que l'acte de naissance de l'économie de développement a été signé en 1943, par Paul Rosenstein-Rodan, dans un célèbre article de l'Economic journal portant sur les problèmes de l'industrialisation de l'Europe de l'Est et du Sud-Est29. Le concept est aussi complexe que la pauvreté. Pour saisir le concept de l'économie de développement, les économistes passent par le truchement de quatre paradigmes tels la dépendance extérieure, le faible degré d'intégration de l'appareil productif, le rôle capital du secteur public et la diversité croissante des situations sociales. D'autres notions aidant à comprendre ce concept sont : l'économie politique et la politique économique. Ce sont, dans leurs acceptations les plus larges, la science des hommes affrontant les problèmes de la rareté et de l'organisation rationnelle de la société et l'art de l'État dans le domaine économique30. Sans nuire à la généralité, retenons que le développement est à nuancer de la croissance. La croissance

28 « ...il est souvent conseillé de calculer ces trois indicateurs en raison de la complémentarité des informations qu'ils apportent » enseigne l'analyste, MBONG MBONG (2001), dans «Impact de la pauvreté urbaine sur la dynamique des villes : enjeux pour les municipalités africaines et l'engagement des municipalités africaines dans l'élaboration de politiques, programmes ou projets visant la réduction de la pauvreté», p.13

29 Cf. KAMGA T-I, 2007/2008, « Économie de développement », Support de cours pour IAS 4, septembre 2007, ISSEA, p.8

30 Nos notes de cours de politique Économique.

désigne généralement un accroissement de la production alors que le développement est un phénomène, une expression quantitative et réelle attendue d'une croissance soutenue. Il s'agit des progrès enregistrés dans les communications et les transferts, lesquels réduisent le coût relatif de ces services et permettent de localiser la production dans tout endroit assurant le coût de réalisation le moins élevé. On parle aussi d'un développement local qui est une stratégie de diversification et d'enrichissement des activités sur un territoire donné à partir de la mobilisation de ses ressources et de ses énergies. Cette politique passe par des projets, des stratégies de formation et de financement31. Cela étant, le sous-développement sous-entend la non réalisation des objectifs fondamentaux. Plusieurs courants de pensées s'affrontent, que ce soit pour pourfendre le terme «développement», accusé d'être fer de lance d'une forme de colonialisme économique, ou au contraire pour défendre telle ou telle définition. À l'heure actuelle, les deux principaux courants opposés sur les théories du sous-développement sont:

q> le courant libéral tolérant, qui considère le sous-développement comme un simple

retard du développement ;

q> le courant radical protestataire, qui considère le sous-développement comme produit de la révolution industrielle, c'est-à-dire comme un produit du développement des pays capitalisés et avancés.

Pourquoi doit-on chercher à évaluer le développement si sa définition n'est pas établie ? Cela n'est-il pas incongru ? La réponse est simple. Autant la pauvreté se résume au bien-être, autant le développement s'assimile à la création annuelle de la richesse monétaire, calculée souvent en termes de PIB réel par habitant. C'est en référence à cette dernière considération que sont nés les indicateurs ci-après représentés sur la figure 2. Notons que ces indicateurs ont été proposés par un groupe d'experts du PNUD (à la fin des années 80), en commençant par l'IDH, puis d'autres indicateurs améliorés, et ce dans la visée d'une comparaison internationale du niveau de développement à une date donnée.

31 Cf. DEFFO Thomas, «111 mots clés de la politique économique », notes de cours pour IAS 4, ISSEA, P.536.

Figure 2 : Quelques indices de développement humain : sens, origine, dimensions impliquées et motif d'agrégation

Signification

Raisons
d'agrégation

Dimensions
impliquées

Origine

Indice

BM et PNUD, 1990

. Santé . Longévité . Longévité

. Connaissances . Instruction . Instruction

. Égalité sociale . Conditions . Conditions (Multiples)

. Niveau de vie entre les 2 sexes de vie de vie

. Exclusion

sociale

. Santé

. Connaissances

Indice de
Développement
Humain

Agrégation
première
du niveau
de
développement

IDH

Indicateur
sexospécifique
du
développement
Humain

PNUD, 2001 PNUD, 1997

OMD n° 3 et
limites de l'IDH

ISDH

Indicateur
de Pauvreté
Humaine pour
les PVD

Limites de l'IDH

IPH-1

PNUD, 1997

Limites de l'IDH

Indicateur de Pauvreté Humaine pour les

pays

avancés

IPH-2

Jean Paul Minvielle* et Xavier Bry**, 2003

Critique de l'IPH à partir du cas du Sénégal

Indice
synthétique
de Pauvreté
Humaine

ISPH

* : Économiste du C3ED (Centre d'Écologie et d'Éthique pour l'Environnement et le Développement). ** : Statisticien

Source : l'auteur, sur la base de la revue de la littérature

n L'IDH indique dans quelle mesure les habitants d'une région indexée mènent une vie longue (saine), ont accès à l'éducation (instruction) et jouissent d'un niveau de vie décent ;

n L'ISDH par contre porte le même jugement mais intègre les inégalités sociologiques entre les femmes et les hommes ;

n L'IPH intègre les mêmes dimensions que l'IDH mais les considère en termes d'élargissement de la capacité de choix des individus (développement humain au sens du PNUD, 2005) ; capacité déterminée notamment par l'accès à un certain niveau de vie, une bonne éducation et une bonne santé. Ce dernier indicateur est calculé différemment : IPH1 pour les PVD et l'IPH2 pour les pays de l'OCDE (sauf la Hongrie, le Mexique, la Pologne, la République de Corée, la République Tchèque et la Turquie).

Dans le tableau 2 suivant, sont inscrites les formules de calcul de ces indices.

Tableau 2 : Expressions formelles des indicateurs de développement humain présentés

Indice de développement

Dimension

Indicateur de mesure

Formule

IDH

Santé/longévité

Espérance de vie à la naissance (p1)

IDH = p 1 + p 2 + p3

Connaissance

% d'alphabétisation des adultes et TBS
(p2)

3

Niveau de

vie/Conditions de vie

PIB réel*/habitant (p3)

ISDH

Santé/longévité

Espérance de vie à la naissance (p1)

+ +

p p p

1 2 3

ISDH =

Connaissance

% d'alphabétisation des adultes et TBS

(p2)

 
 

% du revenu du travail Des femmes et du travail des

Hommes dans le PIB

(p3)

(p2)

IPH 1

Santé/longévité

% de personnes risquant

de décéder avant l'âge de

40 ans (P1)

1

3 3

P + P P 3 3

+

1 2 3

I P H 1 =

3

(

avec p3 = ( p3.1 + p3.2 + p3.3) / 3

P31 : % d'individus privés d'accès à l'eau potable ;

P32 : % des personnes n'ayant pas accès aux services de santé ;

P33 : %des enfants de moins de 5 ans souffrant d'insuffisance pondérale modérée ou aiguë

Connaissance/Instruction

% des adultes analphabètes (P2)

Niveau de

vie/Conditions de vie

% de personnes

privées de

conditions de vie

décentes (P3)

IPH 2

Santé/longévité

% d'individus risquant de décéder avant l'âge de 60 ans (P1)

1

3 3 3

IPH 2 p 1 + p 2 p 3 + p4

--

Connaissance

% des adultes illettrés (P2)

Niveau de

vie/Conditions de vie

% d'individus vivant en deçà du

seuil de pauvreté (P3)

4 )3

Exclusion sociale

% des individus actifs en situation

de chômage de longue durée (p4)

ISPH

Multiples

Pm ; m allant de 1 à M

M 1

1 p

ISPH = [ ( m ) a r ; a ? IR

M = R

m 1 m

Pm, Rm et a désignent respectivement le niveau de référence du degré de la pauvreté, les composants ou sousindicateurs de la pauvret et le degré d'aversion de la pauvreté.

Source : l'auteur, sur la base de la revue de la littérature32

La présentation de ces quelques indices étant achevée, il appartient aux prochaines sections de présenter leurs applications dans certaines économies.

32 La littérature reproche quelques limites aux indicateurs de développement humain. Nous en avons relevé certaines qui sont ventilées en encadré B.1 de l'annexe B. Pour une exhaustivité à l'égard des critiques à ces indices, voir : PNUD, « notes techniques », Rapport sur le développement humain, 2004, p.8 ; www.wikipedia.org ; PNUD, Rapport sur le développement humain, 1997, 2000, 2001,2004

2. 2 ETUDES EMPIRIQUES DANS LA LITTERATURE

Dans la présente section il sera passé en revue quelques travaux empiriques de mesure de la pauvreté. Cela permettra de comparer les divers choix opérés par les chercheurs dans le cadre de diagnostic de la pauvreté, ceci malgré le fait que la littérature sur la pauvreté des enfants, selon une approche directe et multivariée est quasi-inexistante en Afrique.

2.2.1 Les travaux sur la pauvreté dans les régions autre que le Congo

1) En Afrique du Sud, une étude menée par Cassiem et al, en 2000, détermine l'incidence de la pauvreté des enfants, non seulement à partir des caractéristiques des ménages mais aussi avec des variables tirées des droits des enfants (violences et crimes). L'auteur trouve que ces variables contribuent significativement à plus de 5 % à l'incidence de la pauvreté nationale. L'étude la plus proche de la présente recherche axée sur les enfants a été menée par Gordon et al. (2003). Sur la base des dimensions comme une nutrition adéquate, l'eau potable, les installations d'assainissement, la santé, le logement, l'instruction et l'information, toutes issues des EDS, elle révèle que (i) en Allemagne, la pauvreté infantile est de 10 % en 1990 ; incidence au- dessus de la moyenne de celle des autres pays industrialisés, de l'ordre de 7 % ; (ii) en Afrique au Sud du Sahara l'incidence de la pauvreté infantile est de 62 % contre une sévérité de 82 % des enfants privés d'au moins un besoin de base.

2) En 2000, une étude menée par Lachaud au Burkina Faso, dénonce une incidence de l'insuffisance pondérale et de l'absence d'immunisation, plus forte dans les ménages qui occupent des logements précaires. En 2003, le même auteur montre que dans ce pays, un retard de croissance est négativement corrélé au niveau de vie des ménages.

3) Au Cameroun, une recherche menée par la Direction de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DSCN) en décembre 2002 donne quelques tendances sur l'état de la pauvreté. Pour la province de l'Extrême Nord (province qui représente 17,7% de la population totale du Cameroun) et au regard du seuil de pauvreté évalué à 232 547 FCFA par an et par équivalent adulte, il ressort une incidence de la pauvreté des ménages égale à 56,3% ; laquelle s'écarte de 16 points par rapport au niveau national qui est de 40,2%. Elle révèle aussi que (i) le gap moyen séparant les pauvres du seuil de pauvreté correspond à une somme de 78 000 FCFA par an et par personne ; (ii) selon le sexe, l'incidence de la pauvreté est légèrement plus haute chez les ménages conduits par les femmes ; (iii) l'incidence de la pauvreté croît avec l'âge du chef de ménage et elle varie en sens inverse du niveau

d'instruction. Un résultat aussi particulier de cette étude est l'aspect subjectif des déterminants de la pauvreté : les déterminants du bien-être des populations sont, par ordre d'importance : l'absence de l'emploi, la baisse ou l'insuffisance des revenus, l'absence de la terre, le faible niveau d'instruction et la corruption ou mauvaise gestion des ressources publiques. De même, l'analyse du cadre de vie montre que (i) à peine 1% des ménages utilisent des toilettes modernes avec chasse-eau alors qu'on en trouve dans 3 à 4 logements dans les grandes villes ; (ii) l'habitat est majoritairement de type traditionnel caractérisé par l'utilisation de matériaux provisoires aussi bien pour les murs, le toit que le sol ; les murs sont généralement en terre et en paille, les toits en paille ou en chaume, et les sols en terre non revêtue. Coté enfant (i) un élève de la province de l'Extrême Nord doit parcourir à pied un trajet trois fois plus long (1 à 10 Km) que son camarade de Yaoundé ou de Douala pour se rendre à l'école. De plus la couverture vaccinale des enfants vis-à-vis des maladies cibles du Programme Élargi de Vaccination (PEV) révèle que seulement un tiers des enfants âgés de 12 à 23 mois ont joui de tout l'éventail des vaccins préconisés, soit un taux d'immunisation complète inférieur à la moyenne nationale qui est de 55,3%.

4) En République Centrafricaine, l'ECAM 1995/1996 indique que 49 % des Centrafricains vivent en-dessous du seuil de pauvreté monétaire national, 57 % en zone rurale et 36 % en zone urbaine. Cette même année, 73 % des ménages ruraux vivaient au-dessous du seuil de pauvreté calculé pour la zone rurale33. En 2003, la RCA est classée au 18ème rang des 192 pays du monde ayant la performance la plus modeste en termes de bien-être des enfants [UNICEF (2005)], avec 39 % des enfants de moins de 5 ans souffrant d'un retard de croissance et 56 % des enfants âgés de 5-14 ans engagés au travail. Le niveau d'instruction du chef de ménage a un effet important sur la pauvreté et les enfants dont les parents sont décédés sont moins scolarisés [UNICEF (2004)]. En 2005, une étude de la pauvreté non monétaire multidimensionnelle révèle que la pauvreté d'existence (vulnérabilité humaine) affecte plus de 50 % des Centrafricains. Celle-ci a un caractère rural et les ménages les plus pauvres sont ceux dont le chef est une femme et notamment en rupture d'union. Il y a toutefois lieu de relever que les conflits armés à répétition dans ce pays ont certainement contribué à la détérioration du bien-être des populations, en général, et les plus vulnérables en particulier.

5) En Côte d'Ivoire, un rapport basé sur les données de l'Enquête sur le "Niveau de Vie des Ménages de 2002 (ENVM 2002)", réalisée par l'Institut National de la Statistique (INS)

33 PNUD (2004), cité par Matchinidé et al, 2006.

se focalise surtout sur la pauvreté en termes des conditions d'existence. A chaque ménage propriétaire du logement occupé ou logé à titre gracieux, a été affecté un montant de loyer déterminé à partir de la méthode de régression multiple avec comme explicatives le type de logement, le statut d'occupation, le principal matériau du mur, le principal matériau du toit, le mode d'approvisionnement en eau, la principale source d'éclairage, la principale source de combustible, le type de toilette, le type de meuble possédé, etc. Entre autres résultats il est cité la ville d'Abidjan qui enregistre le plus faible ratio de pauvreté (14,9%) et contribue pour 7,3% à la pauvreté nationale. La structure par âge de la population pauvre donne 48,4% de jeunes de 0 à 14 ans, 46,2% de personnes de 15 à 59 ans et 5,4% de personnes âgées de 60 ans et plus, soit un taux de dépendance de 53,8% chez les pauvres (INS, Profil de pauvreté en Côte d'Ivoire, 2002).

6) Une étude, réalisée aux États-unis, par Zheng et alii (1995), est particulière, puisque les auteurs analysent les changements dans la pauvreté agrégée aux Etats-Unis entre 1975 et 1990 à l'aide de plusieurs indices de pauvreté. Basée sur les enquêtes réalisées annuellement par le gouvernement américain concernant la consommation des ménages, six lignes de pauvreté ont été considérées : 50 %, 75 %, 100 %, 125 %, 150 % et 175 %. Pour l'année 1975 la ligne de pauvreté officielle était de 2618 USD/an, laquelle est ajustée annuellement à cause de l'inflation tandis qu'elle était de 6120 USD/an en 1990. Pour chaque année et pour chaque ligne de pauvreté les indices H, I et FGT (à a = 2 et a =3) et deux indices CHU (à 9 = 0.25 et 9 = 0.55) furent calculés. Et somme toute, le pourcentage de pauvres était plus élevé en 1975 pour certaines lignes de pauvreté et en 1990 pour d'autres. Pour des résultats complémentaires voir Zheng, Cushing et Chow (1995).

7) En France, Rizk34 (2003) dans « les enfants pauvres : quartier et qualité du cadre de vie », montre que qu'en plus du niveau de vie du ménage, l'éducation de la mère et l'existence des infrastructures de soins de santé sont des facteurs qui contribuent à la prévention des problèmes de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans.

8) Au Sénégal, l'analyse monétaire est contestée. Par contre, une analyse multidimensionnelle a permis de construire un ICP (indicateur composite de pauvreté) à partir des besoins de base. L'analyse de cet ICP révèle que les formes de pauvreté les plus répandues au Sénégal sont liées à la vulnérabilité de l'existence humaine, au manque d'infrastructures, et au manque d'éléments de confort et d'équipement. L'indice de la pauvreté

34 Cité par Matchinidé et al (2006) in « pauvreté multidimensionnelle des enfants et des ménages. Analyse appliquée à la RCA ».

multidimensionnelle vaut 60% contre 48,5% pour la pauvreté monétaire (voir détails dans « Pauvreté multidimensionnelle au Sénégal : une approche non monétaire par les besoins de base », Rapport de recherche, Ki, J. (2005).

9) Au Tchad, le profil de pauvreté le plus récent est élaboré en 2006 par l'Institut National de la Statistique, des Études Économiques et Démographiques (INSEED). Les résultats basés sur la seconde Enquête sur la consommation et le secteur informel au Tchad (ECOSIT 2) renseignent que le minimum vital journalier d'un tchadien est à 396 F CFA (ligne de pauvreté). Un peu plus de 75 % des ménages tchadiens habitent des logements dont les murs sont en matériaux traditionnels non durables. Il a aussi été calculé le nombre de personnes par pièce : 55 % des ménages tchadiens sont au moins à quatre dans une pièce pour dormir. Un autre produit de cette étude est l'indice FGT qui fournit, notamment l'incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté : au niveau national, ces trois indices sont respectivement 55,0 %, 22,6 % et 10,8 % (cf. INSEED, «Tchad, profil de pauvreté», ECOSIT 2, 2006, p.32).

2.2.2 Les travaux récents sur la pauvreté au Congo

En 2003, une étude menée par les chercheurs du Centre d'Études et de Recherche sur les Analyses et Politiques Économiques (CERAPE), basée sur l'Enquête de consommation de 528 ménages dans les localités urbaines de Nkayi, Ouesso et Brazzaville révèle quelques résultats selon une approche monétaire de la pauvreté. Notons d'abord que dans le résumé analytique de cette étude du CERAPE, l'approche est inopportunément appelée «par les besoins de base», car par la suite, ce sont des résultats monétaires qui sont chiffrés. Il a été calculé un seuil de pauvreté égale à la ligne de pauvreté alimentaire, Z = 1406 FCFA. Et pour ce seuil, l'incidence de la pauvreté est plus élevée à Ouesso (61,65%), suivie de Nkayi (53,27%). La queue est occupée par Brazzaville où l'indice numérique de pauvreté est le plus faible, ressortant à 38,32%. Ainsi, soulignent les analystes, «la pauvreté connaît une grande ampleur au Congo. Les politiques publiques n'ont presque pas d'incidence sur les pauvres. L'importance des inégalités de revenu liées à la politique salariale peut freiner le fait que les pauvres puissent bénéficier des fruits de la croissance,...». En termes d'inégalités, l'étude basée sur l'analyse des courbes de Lorentz et le calcul du coefficient de Gini révèle à la fois que les inégalités sont plus accentuées à Nkayi, Ouesso et Brazzaville, qui à nouveau apparaît comme pour l'incidence de la pauvreté, la localité de moindre distribution inégalitaire des dépenses de consommation.

Une autre facette de la pauvreté est révélée, indirectement, au terme des travaux de l'EDSC-I 2005. Les résultats rapportent que dans l'ensemble, un ménage congolais sur trois dispose de l'électricité. Près de la moitié des ménages utilisent l'eau de la SNDE (Société Nationale de Distribution d'Eau) contre 20 % de ceux qui s'approvisionnent à des sources de diverses natures. En outre, environ 69 % des ménages ne disposent que des fosses/latrines rudimentaires comme lieu d'aisance et pour la plupart, ce sont des lieux partagés avec d'autres ménages. S'agissant de la situation des enfants, l'EDSC-I 2005 renseigne que 88 % des enfants orphelins souffrent d'un désavantage scolaire et sanitaire par rapport aux autres enfants.

La dernière étude sur la pauvreté au Congo est le fruit des travaux de Ambapour (2007), au sein du BAMSI (Bureau d'Application des Méthodes Statistiques et Informatiques). Bien que ne portant pas sur le cas des enfants, l'analyse brosse une facette de la pauvreté des ménages congolais, selon une approche multidimensionnelle par les besoins de base tels l'éducation, la santé, l'eau potable, la nutrition, l'habitat, etc. Un ICP est calculé, lequel dévoile trois types de pauvreté multidimensionnelle : pauvreté en infrastructures, vulnérabilité de l'existence humaine et pauvreté en confort. Un autre produit de cette étude est l'incidence de la pauvreté multidimensionnelle égale à 70,67 % ; laquelle a été calculée via un seuil absolu de pauvreté déterminé à 0,67, par une ACH. Par ailleurs, l'auteur termine par une importante et expresse indication sur le seuil de pauvreté fixé à 0.67 et pouvant permettre l'élaboration d'un profil de pauvreté multidimensionnelle. La présente recherche est aussi proche de cette perspective, mais s'attarde comme déjà mentionné, sur la petite enfance congolaise.

Ainsi, c'est par la présentation de ces indices de pauvreté ainsi que leurs applications dans les pays sélectionnés, que s'achèvent les fondements théoriques et empiriques jugés utiles dans la présente étude. Compte tenu des différents choix des auteurs dans les études explorées, nous sommes confortés dans notre position de mesure et d'analyse de la pauvreté infanto-juvénile, dans une optique multidimensionnelle par les besoins de base et certains de leurs droits socio-économiques. Appliquée au Congo, ce travail proprement dit fait l'objet de la partie 2.

2ème partie

CADRE EMPIRIQUE DE L'ÉTUDE

Cette partie est consacrée au cadre empirique de notre recherche. Elle est composée de deux chapitres. Le premier (chapitre 3) présente la méthodologie générale du cadre empirique de la recherche et les résultats descriptifs. Le second (chapitre 4) est consacré à l'élaboration du profil de pauvreté non monétaire et à une analyse économétrique des déterminants de la pauvreté infanto-juvénile. Il permet de voir à quel niveau d'évidence entériner les résultats présumés à la section 2 du chapitre auquel il succède.

Chapitre 3

APPROCHES MÉTHODOLOGIQUES ET RÉSULTATS

DESCRIPTIFS SOMMAIRES

L'intérêt de ce chapitre réside dans une orientation de la démarche méthodologique adoptée dans la présente étude. Le chapitre a deux sections. Une succincte présentation de la source de données et une description de la méthodologie ainsi que des techniques statistiques utilisées font l'ossature de la section 1. La section 2 est le lieu devant permettre de se familiariser avec la base des données, en présentant les résultats analytiques descriptifs.

3.1 PRESENTATION DE L'EDSC-I ET DES PROCEDES STATISTIQUES

En rapport avec la méthodologie qui sera détaillée au point 3.1.2 et l'atteinte des objectifs de l'étude définis plus haut (introduction générale), les données utilisées sont celles de l'EDSC-I 2005. La nature de ces données mérite d'être présentée après quoi suivra la méthodologie adoptée.

3.1.1 Presentation de la source des donnees : l'EDSC-I 2005

Il sera présenté tour à tour la justification du choix de la source des données, le contexte institutionnel et les objectifs, la structure de la base des données et le plan d'échantillonnage puis enfin les cadres physique et socio-économique du pays.

3.1.1.1 Justification, contexte institutionnel et objectifs de l'EDSC-I

Pourquoi l'EDSC-I 2005 comme source des données ? Le CNSEE disposant de diverses données qui nous permettraient d'atteindre nos objectifs [par exemple vol.I RGPH 1996-Provisoires, ECOM I 2005, Enquête sur les Revenus d'Activités (ERA 2002), l'EDSC-I 2005], la présente étude se base essentiellement sur l'EDSC-I 2005 compte tenu de ce que (i) elle a l'avantage d'avoir été conçue dans le cadre de la finalisation du DSRP et du suivi des OMD, notamment les OMD numéro 2, 4, 6 et 7 privilégiant le bien-être infantile ; (ii) elle est une base de données disponible, suffisamment récente et représentative au niveau national. À titre indicatif, les principes du dispositif DSRP, sa structure et ses limites, sont donnés en encadrés B.1 et B.2 de l'annexe B.

Pour ce qui est du cadre institutionnel, relevons que l'enquête EDSC-I a été exécutée par le CNSEE. Faisant partie du Programme International des Enquêtes Démographiques et de Santé (Demographic and Health Survey-DHS) de ORC Macro, Calverton, Maryland (USA), cette investigation a été réalisée avec l'appui technique de ORC Macro International grâce à l'assistance financière du Gouvernement Congolais, du Conseil National de lutte Contre le Sida (CNLS) par le truchement de l'Agence International de Développement (IDABM) et de l'UNICEF. Sa coordination a exigé des linguistes de la chaîne nationale de télévision et du personnel de la santé pour traduire le questionnaire et guidé les interviews en Lingala et Kituba, les deux langues nationales au Congo. Les résultats de l'EDSC-I, complétés par ceux du RGPH de 2006 en cours de traitement, devraient alimenter les réflexions relatives à l'élaboration de la politique nationale de la population. L'enquête a été exécutée conformément aux dispositions de l'arrêté ministériel n°5629 du 21 juin 2004 portant institution et organisation de cette investigation (cf. Rapport EDSC-I 2005 PP1-5). En effet, le Gouvernement congolais ayant un intérêt pour l'élaboration des PNP, il était judicieux d'établir un pont entre le CNSEE et les différentes structures traitant de la question de pauvreté.

La population cible de l'EDSC-I est un échantillon national des hommes de 15-59 ans et des femmes de 15-49 ans. Le but visé par cette enquête est de poser des labels socioéconomiques, notamment la construction des indicateurs démographiques et de santé indispensables à la mise en place des politiques et des programmes et plus particulièrement à la finalisation du DSRP35 et au suivi des OMD et de l'IPPTE36. Des objectifs spécifiques de l'enquête (objectifs en rapport au présent travail) sont donnés en annexe C.1.

3.1.1.2 Questionnaires et plan d'échantillonnage

S'agissant de la structure de la base de données, l'EDSC-I dispose de trois questionnaires (ou fichiers) : fichier ménage, fichier hommes 15-59 ans et fichier femmes 15- 49 ans. Le questionnaire ménage comprend les sections suivantes : identification du ménage, caractéristiques socioculturelles et démographiques du ménage, travail de l'enfant, caractéristiques des logements des ménages, mesure du poids/taille, et niveau d'hémoglobine. Le questionnaire femmes 15-49 ans est formé des sections : caractéristiques

35 Par définition, il répond à un certain nombre de règle. Il doit : concevoir un cadre stratégique multisectoriel de réduction de la pauvreté, avoir été préparé par le pays lui-même, associer la société civile, mettre l'accent sur la réduction de la pauvreté, être soutenu par la communauté internationale et servir de référence pour la conduite des politiques d'aide au développement.

36 Est apparue au sommet du G8 à Lyon et a été officialisée par les IBW en septembre 1996. Son objectif central est la réduction de la charge de la dette pour les pays très pauvres.

sociodémographiques des enquêtés, reproduction, planification familiale, santé des enfants37, mariage et activité sexuelle, préférence en matière de fécondité, caractéristiques du conjoint et travail de la femme, VIH/SIDA et autres IST, et mortalité maternelle. Enfin, le questionnaire hommes 15-59 ans a comme section : caractéristiques sociodémographiques des enquêtés, reproduction, mariage et activité sexuelle, VIH/Sida et autres IST, et mortalité maternelle.

S'agissant maintenant, du plan de sondage, précisons que l'échantillon de l'EDSC-I est représentatif au niveau national, et est stratifié à 2 degrés. La méthodologie adoptée lors de cette investigation pour le choix des unités constitutives de l'échantillon est brièvement rappelée à l'encadré C.2 de l'annexe C. Quelques caractéristiques nationales de cette investigation sont les suivantes :

· Nombre de ménages : [sélectionnés : 6020 ; identifiés 5 926 ; enquêtés : 5 879]

· Régions ou domaines : Brazzaville, Pointe Noire, Nord Congo et Sud Congo

· Population totale considérée (selon RGPH 1996) : 2 584 186 habitants

Tableau 3.1 : Répartition des enfants congolais de moins de 5 ans par sexe, en 2005

 

filles garçons Ensemble

Tranche infantile (moins d'1 an)

Tranche juvénile (1 à moins 5 ans) Ensemble (moins de 5 ans)

561 564 1125

1929 1850 3779

2490 2414 4904

Source : EDSC-I 2005

3.1.1.3 Cadres physique, politique et socio-économique

Des éléments sur les cadres économique, physique, politique et social sont inscrits en encadrés C.3 et C.4 de l'annexe C. Ces éléments pourraient servir à comprendre et nuancer les stratégies sélectionnées cadrant la lutte contre la pauvreté infanto-juvénile.

3.1. 2 Methodologie et procedes statistiques utilises

La démarche adoptée pour la mesure puis l'analyse de la pauvreté des enfants est inspirée de celle qui est maintenant utilisée dans la gamme des travaux au sein du réseau PEP, en l'occurrence celle du rapport final, 2005-05, Réseau PEP. (site : www.pep-net.org),

37 Grossesse, soins prénatals et allaitement, vaccination, santé et malnutrition.

avec Ki J. et alii (2005), in : « Pauvreté multidimensionnelle au Sénégal : Approche non monétaire fondée sur les besoins de base ». Nous allons successivement :

a) d'une part construire l'indicateur de niveau de vie des ménages et, d'autre part, décrire le bien-être infanto-juvénile38 ;

b) construire puis analyser un indicateur composite de pauvreté (ICP) supposé comme mesure du bien-être des enfants ;

c) déterminer un seuil absolu de pauvreté au-dessous duquel les enfants seront dits pauvres ;

d) élaborer un profil de pauvreté infanto-juvénile, en calculant un indice composite de pauvreté et décomposer ce dernier selon les variables ciblées ;

e) d'une part, expliquer les facteurs significatifs du profil de vulnérabilité des enfants en matière de leur bien-être et, d'autre part, proposer des actions ciblées à cet égard.

3.1.2.1 De l'élaboration de l'indicateur composite de pauvreté

A l'étape b), compte tenu à la fois de nos données qualitatives et du fait que nous avons choisi l'approche non monétaire multidimensionnelle par les besoins de base et les droits des enfants, l'indicateur composite de pauvreté (ICP) sera élaboré à partir d'une technique factorielle, notamment de l'ACM affinée par l'ACH [méthode inspirée de Asselin (2002) et Bry (1995)]. En effet, la coordonnée d'un individu sur le premier axe factoriel, correspond aussi à sa valeur pour l'ICP. Avec K indicateurs catégoriels et N enfants, le poids (le score) d'une catégorie correspond à la moyenne des scores normalisés des unités de

population appartenant à cette catégorie. Notons de plus JK , k

wj et k

k Ij , respectivement le

k

nombre de catégories de l'indicateur k, le score sur le premier axe factoriel de la catégorie JK et la variable binaire 0/1. La forme fonctionnelle de l'ICP est :

1 K J

ICP = EEw j k k I j k =c

K k = 1 jk=1

(1)

Signalons que toutes les variables candidates à l'ACM n'entreront pas forcément dans l'élaboration de l'ICP ; celles qui ne vérifieront pas la propriété COPAF (Consistance Ordinale sur le Premier Axe Factoriel) seront éliminées. Il s'agit d'une propriété capitale qui suppose que le bien-être s'abîme lorsque l'on passe d'une situation de richesse à une situation de pauvreté le long du premier axe factoriel. S'agissant de nos variables qui seront

38 Lors de cette étape, si nécessité s'impose, la liaison entre deux variables sera confirmée ou infirmée par un test du khideux décrit à travers une méthode factorielle, l'AFC (voir encadré D.1, annexe D). Par ailleurs, les étapes allant de b) à e), ici expliquées, trouveront leur application dans le chapitre suivant.

dichotomisées, le critère COPAF équivaudra aisément, au simple fait que les postes décrivant le bien-être se rapprochent des sujets riches le long du premier facteur.

Note1 : Signifions que la présente étude se restreint au cas des enfants de moins de 5 ans. Le groupe d'âge 0-5ans est choisi en raison de l'importance qui lui est accordé dans l'EDSC-I. Tel est le cas de la plupart des études traitant du bien-être des enfants, notamment sur la santé nutritionnelle (émaciation, insuffisance pondérale, retard de croissance,...) et la mortalité. C'est en fait une tranche d'âge sensible, car elle concerne les premiers moments de la vie. Elle est appelée « petite enfance ». Et dans certaines études, elle se trouve scindée en deux : moins de 1 ans « infantile » et 1-4 ans « juvénile ». D'où son autre appellation (surtout par les démographes) classe infanto-juvénile.

Par ailleurs, compte tenu des indicateurs opérationnels définis pendant le sommet mondial sur les enfants (New York 1990) et en se situant dans le courant de l'école des besoins de base de Townsend (1987), il est retenu les dimensions indiquées dans le tableau 3.2. Ces dimensions se rapportent directement aux commodités nécessaires et indispensables à la bonne évolution de la petite enfance. Elles sont aussi choisies à travers des variables dichotomiques, par exemple un enfant souffrant de malnutrition pérenne ou de retard de croissance présente un indicateur taille-âge au-dessous de 99 % de la moyenne de référence. Cet indicateur traduira un état de déficience alimentaire fonction d'une fréquence de malnutrition aiguë (état précaire de santé de long terme39). Le critère que nous utiliserons est fondé sur les normes `'OOO» (ORANA, ORSTOM et OMS)40. Selon ces normes, et en comparaison avec les caractéristiques d'une population de référence dont le zscore/fréquence suit une distribution normale (centrée réduite), un enfant est malnutri si son z-score/fréquence est inférieur à la limite de moins 2 écarts-type de la médiane de référence, chroniquement (ou sévèrement) malnutri si son z-score est inférieur à moins 3.

C'est ainsi que pour l'élaboration de l'ICP infanto-juvénile, nous avons retenu 5 dimensions. Finalement, c'est sur la base de ces dimensions que l'ICP sera construit. Les techniques ACM affinée par une ACH, utilisées à cet effet sont brièvement rappelées dans les encadrés D.2 et D.3 de l'annexe D. Il sied de relever que pour des raisons de taille élevée d'échantillon des enfants de moins de 5 ans (4 904), et donc d'encombrement graphique, la représentation simultanée des lignes et des colonnes liée à l'ACM, bien qu'importante, n'est point interprétée dans le présent travail. Elle est donnée en annexe, juste pour observer la forme du nuage. L'on fera correspondre tous les points-lignes à des enfants anonymes qui ne

39 L'indice poids-taille, recommandé par la FAO (Food and Agriculture Organization) n'est pas concerné par notre étude. Certes, cet indice donne la mesure du poids corporel d'un enfant par rapport à la taille mais il ne reflète que l'état nutritionnel actuel en indiquant une insuffisance alimentaire sévère récente engendrée par une maladie (Delpeuch, 1991). Les enfants présentant une telle malnutrition ont le symptôme d'amaigrissement et sont dits cachectiques ou émaciés.

40 Les nomes « OOO », de Delpeuch (1991), servent de comparaison internationale en fixant une proportion d'enfants malnutris en dessous d'une limite puis confronter cette proportion à celle de la population de référence qui est de 2,3 % (respectivement 0,1 %) pour un z-score strictement inférieur à moins 2 (respectivement strictement inférieur à moins 3).

seront intéressants que par leurs caractéristiques. Les enfants n'interviendront ensuite dans l'analyse que par l'entremise des variables supplémentaires [option recommandée par Lebart L. et al (1994), P.140]

Tableau 3.2 : Indicateurs d'analyse et de mesure de la pauvreté des enfants de moins de 5 ans

 

Dimension

Indicateurs

Localisation dans l'EDSC-I 2005

Alimentation

Taille- âge*
Poids- âge*

Questionnaire ménage ; section mesures anthropométriques (Questions Q38, Q41)

Eau potable

Principale source d'eau potable

Temps mis pour aller chercher de l'eau potable

Questionnaire ménage ; questions eau et sanitaires (Q21, Q22)

Sanitaires

Existence et types de toilettes utilisées Mode de gestion des toilettes

Questionnaire ménage ; questions eau et sanitaires (Q23, Q24)

Santé

L'enfant a-t-il reçu les vaccins suivants : BCG, 3 doses de vaccin antipolio, 3 doses de vaccin DTcoq, Vaccin contre la rougeole ?

L'enfant a-t-il pris de la vitamine A ?

L'enfant a-t-il été allaité au sein ?

Le ménage utilise-t-il du sel iodé ?

Questionnaire femme ; section

vaccination, santé et nutrition (Q463A, Q463B, Q460, Q463D, Q463E, Q463G) Question sur la vitamine A (Q457) Question allaitement maternel (Q440) Questionnaire ménage, module test
d'iodation du sel (Q35)

Cadre de vie

Indice de peuplement du logement Nature du mur

Nature du sol

Nature du toit

Indice de richesse du ménage (IRM) **

Questionnaire ménage, section

informations ménage (Q26A, Q27B, Q27, Q27A, QHWLTHI)

Source : Sélection de DIKWE Gaston (Élève Ingénieur Statisticien, finissant à l'ISSEA) à partir des

questionnaires EDSC-I, et de l'auteur à partir de la revue de la littérature.

*: Indicateur anthropométrique rendant compte de l'état nutritionnel des enfants, et révélateur de la qualité de l'environnement voir même du niveau de développement socio-économique d'une population.

** : Comme dans le cas de l'étude de la mortalité infantile dans les pays de l'UEMOA, à base des enquêtes MICS-2, cet indice est disponible dans la base de données de l'EDSC-I 2005 (QHWLTHI). Mais sera simulé puis adapté à notre approche non monétaire, par les besoins de base, par une ACH.

3.1.2.2 De la mesure de la pauvreté infanto-juvénile kt::. Détermination d'un seuil de pauvreté absolue

Selon les fondements théoriques posés dans la partie 1, une fois construit l'indicateur composite de pauvreté [ICP à la phase b)], il y a lieu de procéder à la détermination d'un seuil absolu de pauvreté non monétaire [phase c)]. La littérature présente trois procédés plus ou moins équivalents de fixation d'un tel seuil : seuil z1viaACM, seuil z2via ACH et seuil z3via EnfantRéférence :

· le seuil absolu déterminé comme score maximal des dimensions de l'ACM, en considérant que l'ICP moyen est supérieur à ce seuil (seuil z1viaACM) ;

· le second seuil élaboré de telle manière que les sujets aux conditions de vie jugées les plus sobres présentent un bien-être inférieur à ce seuil. Pour ce second cas, l'on fait souvent usage de la technique ACH41. La classification ACH spécifie deux classes (pauvres et non pauvres) et le seuil est une valeur comprise entre classes ainsi constituées. Ki et al. (2005) propose la formule suivante pour calculer ce seuil :

z 2 viaACH = Max (ICPi / classePauvre )* scorei / classePauvre + Min (ICPi /classeRiche ) * scorei /classeRiche (2)

· le troisième seuil est déterminé étant donné un enfant de référence «Non pauvre» à qui est attribué un vecteur d'informations tel : être issu d'un ménage de niveau de vie modeste, être vacciné, être bien nourri. Il est d'abord calculé un score z'3, moyenne des scores des modalités constituant ce vecteur d'informations. Ensuite, il est calculé un second score z»3, moyenne des poids des modalités non retenues précédemment, de telle sorte que ICP'3 soit plus petit que z'3. En définitive, l'on a :

z 3 viaEnfantRéférence = z '3 + z"3

kt> Calcul de l'indice composite de pauvreté

Une fois l'indicateur composite de pauvreté (ICP) établi et qu'un seuil de pauvreté est déterminé, la théorie enseigne qu'il faut dorénavant agréger l'indicateur composite de pauvreté en indice composite de pauvreté [phase d)]. Là-dessus, le recours aux indices de pauvreté s'avère utile. Rappelons que la présente étude mesurera ou agrègera la pauvreté par l'indice FGT que nous avons présenté et justifié au chapitre 2 (partie 1).

Note 2 : Une attention particulière sera accordée à la valeur des indices FGT. En effet, par définition (cf. chapitre 2, partie 1), la valeur d'un indice doit être comprise entre 0 et 1. Or, les ICPi calculés (poids ou scores) sont des coordonnées sur le premier axe et peuvent prendre de ce fait des valeurs négatives. Dans de tels cas, les ICP sont rendus positifs par la translation (T)42 suivante qui ne modifie aucunement l'analyse de la pauvreté (Sahn et Stifel, 2003):

ICP ? ICP+

i i

max

1.,.1

j ICP

, 0

i

ICPj

( T)

41 Nous utiliserons l'approche des coupures des dendrogrammes (pour les détails de la méthode, cf. Lebart et Morineux (1997). Les détails ne seront pas fournis ici car seules les coordonnées factorielles seront récupérées puis archivées pour déduire les indices FGT.

42 Cette transformation signifie que la valeur positive de l'ICP est obtenue par ajout à chaque valeur initiale de l'ICP, de la valeur absolue de la plus grande valeur négative d'entre les ICP pour chaque individu i. Les courbes FGT traitant des dominances stochastiques ne font pas l'objet de notre étude.

3.1.2.3 De l'élaboration d'un profil de pauvreté infanto-juvénile

Ici, il sera simplement question de répartir l'indice composite de pauvreté selon les variables spatiales (urbain/rural), communautaires (IRM, alimentation, etc.) et individuelles relatives aux enfants (sexe, âge). L'intérêt d'une telle répartition est d'apprécier par exemple si les changements de milieux de résidence ou de régions avec des niveaux différents de pauvreté influent sur l'indice de pauvreté de l'ensemble [c'est la phase d)].

3.1.2.4 De la relation pauvreté enfants/pauvreté ménages

S'agissant de la phase f), un indice ICP construit sans prise en compte des dimensions communes avec l'ICP des enfants serait utile, mais cette étape intermédiaire ne sera pas présentée dans ce travail ; la démarche restant identique à celle qui permettra le calcul de l'ICP des enfants. Il est question ici d'analyser le lien existant entre les 2 postes possibles de pauvreté pour les enfants : pauvreté intrinsèque de l'enfant et pauvreté héritée du ménage dont est issu l'enfant. L'on veut tester (rejeter ou accepter) l'hypothèse classique Ho selon

laquelle la pauvreté des enfants est héritée de celle des ménages dont ils sont issus. Disposant des indices de richesse des enfants et des ménages, l'idée est de les éprouver. La concordance peut être analysée en utilisant un test statistique permettant de suggérer l'existence ou non d'une liaison non linéaire entre 2 indicateurs. Notons qu'un test du chi-deux (noté ÷2 dans

toute la suite du travail) dans une modélisation bien choisie pourrait solutionner le problème. Dans le présent travail, une modélisation probit servira de détection des facteurs déterminants de la pauvreté infantile [phase e)].

Après cette présentation de la méthodologie, vient le lieu de présenter les résultats.

3. 2 RESULTATS SOMMAIRES DE L'ETUDE

Cette section donne les statistiques descriptives de l'état de bien-être des enfants. Elle cerne les liens entre les différentes caractéristiques des ménages et les droits socioéconomiques de l'enfant. Certaines variables, bien que n'ayant pas été candidates dans la construction de l'ICP, le sont ici dans un intérêt d'analyses socio-démographique, économique et spatiale de la pauvreté ; par exemple l'assistance à l'accouchement, le niveau d'instruction de la mère, la nutrition, la localisation du ménage, etc. Ces résultats produits à partir d'une analyse descriptive devraient être confirmés par une analyse explicative permettant d'entériner les principaux déterminants de la pauvreté.

3. 2.1 Pauvreté et conditions de vie des ménages

Il a été précisé au début de ce travail que le but principal de l'étude est de mesurer et d'analyser la pauvreté infanto-juvénile au Congo. Cependant, il est simple de constater qu'un profil de la pauvreté des ménages s'avère indispensable à cet effet ; les enfants étant naturellement issus des ménages. Des raisons secondaires justifient cette nécessité. D'abord, au sens de l'approche indirecte de mesure de la pauvreté des enfants qui fait une présomption d'une induction du bien-être des enfants par celui des ménages. Ensuite, la disponibilité préalable dans la source des données, de l'indice de richesse des ménages dont nous voudrions simuler la compréhension, selon notre optique par les besoins de base.

3.2.1.1 Construction de l'indice de richesse des ménages

L'indice de richesse des ménages (IRM) par l'approche des seuils relatifs nommés «quintiles de bien-être économique» a été élaboré par les experts de ORC Macro via une (ACP), sur la base des informations relatives aux biens durables possédés par les ménages et certaines caractéristiques du logement. Cependant les cinq quintiles ne sont pas décrits dans le rapport final (Cf. Rapport d'analyse EDSC-I 2005, p.22), bien que l'IRM ait été inséré dans le fichier EDSC-I 2005 disponible. Cet indicateur ne nous étant pas familier, nous en faisons une simulation, question d'approcher, un tant soit peu, une facette des variables caractéristiques de chacune des 5 classes ou quintiles. Les notations suivantes sont adoptées dans le présent travail :

Le plus pauvre F Plus pauvre : classe 1

Second F Pauvre : classe 2

Moyen F Moyen Pauvre : classe 3

Quatrième F Riche : classe 4

Le plus riche F Plus riche : classe 5

L'agrégation du type Ward (minimisation à chaque étape de la perte d'inertie inter-classes) a permis de classifier les 5879 ménages à partir d'un ensemble de 11 dimensions :

- Biens durables culturels et de cuisine (1) ;

- Biens durables de locomotion (2) ;

- Indice de peuplement de logement (3) ;

- Électricité (4) ;

- Natures : du sol (5), du toit (6), des murs (7) et des combustibles de cuisine (8) ;

- Équipements sanitaires (9) ;

- Source d'eau potable (10) et durée d'aller-retour pour prendre de l'eau potable (11).

Les résultats sont inscrits sur l'arbre de la figure 3.1 ci-dessous.

Figure 3.1 : Dendrogramme [ou arbre] de classification des ménages selon les biens durables possédés et certaines caractéristiques de logements

Classification hierarchique directe

Source : I'auteur I EDSC-I 2005

ATM

ATCC

ATSE

ATT

ATMS

VNGFX

VOCA

TRSAB

SCE

TRBA

SANWC

CHASC

TOLT

CHASM

CARO

GAZ

ORDI

CELEC

TELFIX

TV

CIAG

CHRB

TELPORT

CIM

TOLM

PAY

RIVFL

PUITS

BRIQ

FRGPU

BPLS

FSLATM

NELEC

IPL2

BPLM

IPL3

IPL1

FSLATC

RDIO

MQMN

RBPCL

FSLAMC

RFGR

RBLOG

RBEXT

PTRL

FSLAMM

ELEC

Coupe verticale imposée ici

Cet arbre, à travers la coupure que nous lui avons imposé, renseigne sur le nombre de classes souhaitées, à savoir cinq (5). Notons qu'une coupure idéale du dendrogramme,

réaliserait une partition en trois classes au lieu de cinq, ce qui serait un résultat plus pertinent mais manquerait d'adhésion à l'approche des «quintiles» dont nous faisons une simulation. Les cinq catégories de ménages sont:

· classe 1 : regroupe les ménages qui se rassemblent autour des variables que sont l'approvisionnement en eau potable tantôt par les sources (SCE) tantôt par les rivières/fleuves. Leurs logements présentent des murs faits en terre battue (TRBA) ou d'autres matériaux (ATM), de toiture en paille/chaume (PAY) et le sol en terre ou sable (TRSAB). De par les caractéristiques du Congo, voire des PVD en général, l'on présumerait ces types de spécificités comme tributaires des ménages ruraux. Et l'on sait que de tels ménages sont plus enclins à la pauvreté en infrastructures et à la vulnérabilité de l'existence humaine ;

· classe 2 : regroupe les ménages qui se rassemblent autour des variables que sont l'utilisation de fosses ou latrines traditionnelles dans le ménage (FSLATM) comme sanitaires, des murs en briques faites de terre cuite/non cuite (BRIQ) et le sol couvert de bois/planches (BPLS) ou d'autres matériaux (ATMS). Ces ménages sont sans toilette/ Nature (SANWC), utilisent d'autres combustibles de cuisine (ATTC) et consomment de l'eau potable issue des puits (PUITS), des forages publics (FRGPU) ou d'autres sources d'eau potable (ATSE). En outre, ils ne sont pas électrifiés (NELEC). Il s'agit des ménages «semiruraux», vulnérables mais ayant des conditions de vie relativement meilleures que celles des ménages de la classe 1;

· classe 3 : ménages aux caractéristiques suivantes : murs en bois ou planches (BPLM), 1 à 6 pièces à coucher (IPL1, IPL2 et IPL3), fosses/latrines traditionnelles en commun (FSLATC) comme sanitaires. Ces spécificités sont communes aux ménages ruraux et aux ménages urbains ;

· classe 4 : chasse d'eau en commun (CHASC) ou fosses/latrines modernes dans le ménage (FLAMM) comme sanitaires, possession de radio (RDIO), toiture en tôles (TOLT), moins de 15 minutes pour chercher de l'eau (MQMN). De telles spécificités caractérisent les ménages «semi-urbains», présumés avoir un bien-être meilleur que celui des deux premières classes43 ;

· classe 5 : renferme les ménages qui utilisent le butane (GAZ), le pétrole (PTRL) et le charbon de bois (CHRB) comme combustibles de cuisine. Ils sont électrifiés (ELEC) au point qu'ils utilisent des combustibles électriques pour la cuisine, la réfrigération pour les aliments (RFGR), la télévision (TV), le téléphone fixe (TELFIX) et l'ordinateur (ORDI). La

43 Jusque-là nous nous réservons de localiser et d'apprécier le bien-être des ménages de la classe 3.

possession d'un téléphone portable (TELPORT), d'une voiture/Camion (VOCA), les logements aux murs cimentés/agglos (CIAG), au sol en vinyle/gerflex (VNGFX), cimentés (CIM) ou carrelés (CARO) sont aussi leurs caractéristiques d'habitation. Pour les lieux d'aisance, ces ménages utilisent les fosses/latrines modernes en commun (FSLAMC), aux fosses/latrines modernes dans le ménage (FSLAMM) ou chasse-eau dans le ménage (CHASM). Enfin, pour s'approvisionner en eau potable, c'est l'eau de la Société Nationale de Distribution d'Eau (SNDE) qui est consommée à travers un robinet extérieur (RBEXT), le robinet privé du logement (RBLOG) ou le robinet de la parcelle (RBPCL). L'on voit qu'il s'agit dans cette classe des ménages caractérisés par des indicateurs qui leur confèrent le statut de ménage urbain et donc de niveau de vie relativement meilleur par rapport aux classes 1, 2 et 4. En effet, ils ont un cadre de vie assaini, possèdent des actifs modernes et bénéficient d'un accès aux moyens de communication et de transport.

Ces résultats pourraient être assimilés à un prélude d'une facette de profil de pauvreté des ménages congolais : bien-être inégalitaire discriminant les plus pauvres des plus riches. Mais ils restent toutefois mitigés même après cette séparation catégorielle. En effet, à l'intérieur même de chacune des «classes socio-économiques» de ménages, existent des disparités, lesquelles sont révélées par la figure 3.2 qui complète l'arbre précédent.

Note : Les valeurs affichées sur l'axe horizontale sont les scores normalisés. Pris sur le facteur 1, ces scores ou poids constituent un indicateur composite de pauvreté des ménages, au point de l'assimiler à l'indice de richesse des ménages (Asselin, 2002). Le passage de ces scores à un indice de pauvreté multidimensionnel a fait l'objet d'une description plus haut. Pour le cas des ménages, notons que ce passage ne relève pas de nos objectifs. A l'inverse, il s'avérera indispensable pour le cas des enfants dont nous essayerons de mesurer l'incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté.

Classe 5

Classe 4

Classe 2

Classe 3

Source : I'auteur EDSC-I 2005

Classe 1

Figure 3.2 : Hypercube de contingence de la catégorisation des ménages semblables selon la zone de résidence et certaines caractéristiques de la qualité d'habitation.

Comme l'on sait que la classification produit des résultats plus robustes qu'une ACM (M. Volle, 1981), cela est corroboré ici, d'autant plus que certaines variantes sont confuses sur la représentation de la figure 3.2 ci-dessus : la visualisation n'est guère élégante au point de confondre le positionnement de certaines modalités de variables sur un facteur, d'en oublier d'autres et d'affecter de manière grossière une modalité dans une classe voisine. Tel est le cas des postes NELEC ET ATMS, qui apparaissent dans la classe intermédiaire (classe 3 encerclée), alors qu'elles sont caractéristiques de la classe 2. Il en est de même des postes VOCA, CELEC, TELEFIX, PTRL, RBPCL et CHASM, qui ne sont pas visualisables alors qu'ils devraient apparaître dans la classe 5 du bas. Cependant, cette représentation a ses avantages. Ici particulièrement, non seulement elle fait apparaître sans ambiguïté les cinq classes matérialisées par cinq rectangles, elle les oppose deux à deux le long du premier axe factoriel, par rapport au milieu de résidence. Le premier axe (facteur 1) est pour ainsi dire un axe spatial, centré autour des ménages de classe intermédiaire (classe 3) ou classe des ménages «moyen pauvre». Il oppose les classe 1 et 2 aux classes 4 et 5 ; c'est-à-dire les ménages urbains «plus riches» et «riches» aux ménages ruraux «plus pauvres» et «pauvres». Une autre particularité de ce graphique résiderait dans la hiérarchisation de l'ordre des modalités des variables qui sont ordonnées de manière à positionner celles décrivant le bienêtre, proches des ménages riches le long du facteur 1, simulant à cet effet une détérioration du bien-être lorsque l'on se déplace de la gauche vers la droite : c'est la consistance ordinale sur le premier axe factoriel (COPAF).

Note 3 : L'on fera attention sur les signes des scores le long de l'axe 1. Ici particulièrement, ils sont inversés. Cela ne modifie aucunement l'interprétation des oppositions entre les classes 1, 2 avec les classes 4, 5. C'est le comportement d'un hypercube de contingence restreint à un seul axe : il se présente sur une diagonale et inverse les signes des coordonnées.

Cela étant, il apparaît un second prélude de profil de pauvreté des ménages congolais, à savoir une pauvreté qui revêt un caractère régionale.

Malheureusement, les deux précédentes analyses échappent à la mesure quantitative de l'état de bien-être des ménages. En effet, elles illustrent des considérations générales, en termes d'indicateurs qui regroupent les ménages homologues à la vue de certains attributs fondamentaux de l'habitat. Aussi, elles permettent de comprendre les dimensions impliquées dans chaque modalité de l'indice de richesse des ménages (IRM) dont elles ont donnée une facette. Cependant, elles ne décrivent pas plus ou moins exactement ce qui se passe à l'intérieur de chaque classe identifiée. Afin de connaître le nombre de ménages en déficit de telles ou telles autres caractéristiques, des détails chiffrés sur les caractéristiques de l'habitat s'avèrent indispensables.

3.2.1.2 Habitat et zone de résidence des ménages

Nous analysons ici les dimensions : eau potable, sanitaires, cadre de vie et patrimoine. a) Eau potable

Le tableau 3.3 donne la répartition des ménages par principale source d'approvisionnement en eau potable, selon le milieu de résidence.

Tableau 3.3 : Distribution (en %) des ménages selon zone de résidence

la principale source d'eau potable et la

 

Zone de résidence

Principale source d'eau potable

Urbaine Rurale

Ensemble

Robinet privé dans le logement

4,1

0,7

2,4

Robinet dans la parcelle

45,0

9,0

27,0

Robinet extérieur

37,0

6,0

21,5

Puits

4,0

17,0

10,5

Forage public*

4,0

4,0

4,0

Source**

3,2

32,0

17,6

Rivière et/ou Fleuve

0,1

18,0

9,1

Autre source

2,6

13,3

7,9

Total

100,0

100,0

100,0

Effectif total de ménages

3096

2783

5879

* : y compris les robinets publics

** : il ne s'agit pas de l'eau minérale mais plutôt l'eau des sources naturelles protégées ou non.

Source : I'auteur I EDSC-I 200

A la lumière de ce tableau, plus de la moitié (51 %) des ménages congolais consomment de l'eau à partir d'un robinet. Il s'agit, dans la majorité des cas, de l'eau d'un robinet situé dans la parcelle (27 %) ou à l'extérieur (21,5 %). À l'inverse, environ deux ménages seulement sur 100 (2,4 %) utilisent de l'eau provenant d'un robinet privé installé dans le logement. Le tableau montre aussi que le forage public, bien qu'utilisé dans très peu de cas (4 %), est la seule source d'approvisionnement en eau potable qui ne tient pas compte du milieu de résidence. Alors que l'eau du robinet est beaucoup plus consommée par les ménages urbains, c'est la situation inverse pour les ménages ruraux (86,1 % contre 15,7 %). Il est aussi relevé une différenciation telle que les ruraux consomment plus de l'eau en provenance des sources naturelles protégées ou non (32 ménages sur 100) que les urbains qui consomment plus de l'eau à partir d'un robinet fixé dans la parcelle (45 ménages sur 100).

Quant à la durée effectuée pour s'approvisionner en eau, la figure 3.3 ci-après distribue les ménages en fonction de leur zone de résidence.

Figure 3.3 : Ménages qui mettent plus de quinze minutes pour s'approvisionner en eau, en fonction de la zone de résidence

Source : EDSC-I 2005

Fréquence
en %

100

50

0

Urbaine

28,9

Rurale

70,7

Congo

48,98

Ainsi, c'est environ un ménage congolais sur deux (49 %) qui fait plus de quinze minutes pour prendre de l'eau. Toutefois, cette proportion masque un effet spatial. En effet, elle est de 29 % en milieu urbain, alors qu'elle est dominante et égalise 71 % en milieu rural.

b) Sanitaires

Le tableau 3.4 donne la répartition des ménages par nature de type de lieu d'aisance,

Tableau 3.4 : Distribution (en %) des ménages

résidence

par type de

sanitaires, selon

la zone de

selon le milieu de résidence.

 
 
 
 

Zone de résidence

Type de sanitaires

Urbaine

Rurale

Ensemble

Chasse d'eau privée du ménage

6,0

2,0

4,0

Chasse d'eau collective

4,0

0,1

2,1

Fosse* moderne privée du ménage

5,0

2,5

3,7

Fosse* moderne collective

18,0

1,8

9,9

Fosse* traditionnelle privé du ménage

15,0

30,0

22,5

Fosse* traditionnelle collective

48,0

30,0

39,0

Sans

4,0

33,6

18,8

Total

100,0

100,0

100,0

Effectif total de ménages

3096

2783

5879

* : et/ou latrines

Source : I'auteur / EDSC-I 2005

L'examen de ce tableau révèle que la chasse-eau n'est pas classique dans les ménages congolais. En effet, six ménages seulement sur cent (6,1 %) utilisent la chasse-eau et cette proportion est d'environ cinq fois plus grande dans les ménages urbains que dans les ménages ruraux (10 % et 2,1 %).

Par ailleurs, on note que l'utilisation de la fosse traditionnelle est une caractéristique qui domine dans les ménages urbains (près de la moitié des ménages urbains : 48 %) contrairement à l'absence de WC qui prévaut dans les ménages ruraux (plus du tiers : 33,6 %).

c) Cadre de vie

L'indice de peuplement du logement (IPL), la nature des murs, du sol et du toit des logements habités par les ménages ainsi que l'IRM sont analysés ici.

c1.)Peuplement de logement

Figure 3.4 : Indice de peuplement du logement des ménages selon la zone de résidence

Urbaine

Rurale

Congo

2,2 2,4 2,6 2,8 3 3,2

Source: I'auteur / EDSC-I 2005

Ce graphique montre que, que ce soit en milieu urbain ou rural, il n'y a pas de différence significative concernant le nombre moyen de personnes qui dorment par pièce (IPL), lequel avoisine 3. Cependant, la figure 3.5 qui lui succède, apporte la précision selon laquelle la proportion des ménages habitant un logement possédant au plus 2 pièces à coucher, domine aussi bien en ville qu'en campagne, et vaut 3/5. En somme, le peuplement du logement est indépendant de la zone géographique, exception faite aux 9 rares cas sur 100 des ruraux qui ont leur logement de 5 à 6 pièces.

Figure 3.5 : Ménages par nombre de pièces utilisées pour dormir, en fonction de la zone de résidence

Prove:dim en °A

40

80

60

20

0

Urbaine Rurale Congo

0 à 2 pièces
3 à 4 pièces
5 à 6 pièces

Source : I'auteur / EDSC-I 2005

c2.)Nature des murs, du toit et du sol, et utilisation de l'électricité

Le tableau 3.5 suivant récapitule les proportions en pourcentage, des ménages par d'autres caractéristiques de l'habitat (matériaux du sol, des murs, du toit et l'utilisation de l'électricité) en fonction de la zone de résidence.

Tableau 3.5 : Fréquences relatives en

zone de résidence des ménages

%, par d'autres caractéristiques

de l'habitat et la

 

Zone de résidence

 

Autres caractéristiques de l'habitat

Urbaine

Rurale

Congo

1. Nature du sol

 
 
 

Terre, Sable

10,0

75,0

42,5

Bois, Planches

0,1

0,2

0,1

Vinyle, Gerflex

7,0

0,3

3,7

Carreaux

6,0

0,2

3,1

Ciment

72,0

18,0

45,0

Autres nature

4,9

6,3

5,6

Ensemble

100,0

100,0

100,0

2. Nature des murs

 
 
 

Terre battue

1,0

32,0

16,5

Bois, Planches

15,0

15,0

15,0

Brique tout genre

2,0

33,0

17,5

Tôle

8,1

4,0

6,0

Ciment, Agglos

71,9

8,0

40,1

Autre nature

2,0

8,0

4,9

Ensemble

100,0

100,0

100,0

3. Nature du toit

 
 
 

Pailles

0,1

44,1

22,3

Tôle

99,1

52,9

76,3

Autre nature

0,8

3,0

1,4

Ensemble

100,0

100,0

100,0

4. Électrification

 
 
 
 

Électrifié

55,1

16,1

36,0

Non électrifié

44,9

82,9

64,0

Ensemble

100,0

100,0

100,0

Source : l'auteur / EDSC-I 2005

Ce tableau révèle que la majorité (64 %) de logements des ménages congolais ne sont pas électrifiés. Ces logements sont à toiture tôlée, aux murs cimentés (ou en agglos) et aux sols en ciment. Les ménages à la toiture tôlée, aux murs cimentés/en agglos et au sol cimenté prédominent en zone urbaine (respectivement 99 %, 72 % et 72 %). À l'inverse, les ménages à la toiture tôlée, aux murs en briques de tout genre et en terre battue, et au sol couvert de terre/sable prédominent en zone rurale (respectivement 53 %, 33 % et 32 %, et 75 %). Des 36 % des ménages utilisant l'électricité, il y a 55 chances sur 100 que ce soit un ménage urbain alors que la probabilité qu'il soit un ménage rural n'est que de 16 chances sur 100.

c.3) Indice de richesse des ménages (IRM)

Le tableau 3.6 ci-après donne, par domaine, et en fonction du niveau de vie moyen, les fréquences des ménages. A la lumière de cette distribution, il ressort que l'incidence de la pauvreté fluctue entre 19 et 21 %.

Tableau 3.6 Pourcentage de la population des ménages selon (IRM) et le domaine de résidence

l'indice de

richesse des ménages

IRM

Brazzaville

Domaine de résidence Pointe Noire Sud Congo

Nord Congo

Congo

Plus pauvre

0,2

0,0

28,7

49,2

20,9

Pauvre

2,7

2,0

40,1

25,6

21,0

Moyen pauvre

18,0

25,5

22,4

15,9

19,0

Riche

31,3

34,1

6,2

7,7

19,1

Plus riche

47,8

38,4

2,6

1,5

21,0

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Total Ménage

9720*

4668*

10158*

5790*

30336*

* : population de droit des ménages Source : l'auteur / l'EDSC-I 2005

Le seuil relatif de 19 % sépare les riches et les pauvres. Ainsi, le ratio numérique de pauvreté (incidence) est d'environ 42 % dans les deux premières classes alors qu'il est de 40 % dans les deux dernières classes. Les pauvres et plus pauvres sont plus fréquents au Sud et au Nord du Congo (respectivement 69 % et 75 %). À l'inverse, les plus riches et riches sont plus fréquents à Brazzaville et Pointe-Noire (respectivement 79 % et 72 %). Alors que dans l'ensemble le pays semble ne pas présenter un grand écart entre les proportions des cinq classes, les régions qui le constituent présentent toutes une grande inégalité en matière de bien-être. Et c'est d'autant plus remarquable à Brazzaville. Notons qu'autant il est plus probable de trouver un sujet plus riche à Brazzaville (48 %), autant il est plus probable de trouver un sujet plus pauvre au Nord Congo (49 %), ce qui est justifié, Brazzaville et Pointe-Noire sont les deux principales agglomérations du pays.

d) Patrimoine

Le patrimoine est ici entendu comme ensemble des biens, avoirs ou actifs dont les ménages sont détenteurs (conforts culturel, de transport, de communication, de cuisine).

Tableau 3.7 : Proportion en %, des ménages ayant certains biens durables, par zone de résidence

 
 

Zone de résidence

Biens de consommation durable

Urbaine

Rurale

Congo

Radio

65,5

46,0

56,9

Télévision

41,7

5,0

24,4

Téléphone fixe

2,0

0,2

1,5

Téléphone portable

54,0

11,0

32,9

Ordinateur

3,0

0,2

2,0

Réfrigérateur

18,0

2,0

10,4

Voiture, Camion

5,0

0,4

1,4

Ensemble des biens

13,0*

1,9*

-

* : moyenne géométriques des proportions de la zone

Source : EDSC-I 2005

Dans les deux zones considérées, la radio est le bien durable le plus possédé parmi les ménages congolais. En effet, près de 3 ménages sur 5 dispose de la radio et parmi eux, il y a 46 (respectivement 66) chances sur 100 que ce soit un ménage rural (respectivement urbain). Alors que le téléphone fixe est le bien le moins rencontré dans les ménages (moins de 2 %), la probabilité est d'environ 33 % pour ces ménages de posséder un téléphone portable. Il faut remarquer cependant, qu'il est 5 fois plus probable qu'un téléphone portable soit un actif d'un ménage urbain que celui d'un ménage rural (54 % et 11 %). En moyenne, les urbains ont une fréquence 7 fois plus grande que les ruraux de posséder l'ensemble de ces biens44. Il n'est pas surprenant que la voiture et l'ordinateur soient presque l'apanage des ménages urbains seuls. Cela à cause, certainement de la non électrification et de l'enclavement qui prévaut en zone rurale.

De même, la figure 3.6 ci-dessous répartit les ménages selon la zone de résidence et la possession des combustibles de cuisine.

Figure 3.6 : Fréquences (en %) des ménages selon la nature de combustible de cuisine utilisé et par zone de résidence

Source : l'auteur I EDSC-I 2005

Electrique

GAZ butane Pétrole

Charbon

Autre s combustible

Congo Rurale

 

Urbaine

0,0 50,0 100,0 150,0

 

Urbaine

Rurale

Congo

Autre s combu stible s

25,0

86,9

55,9

Charbon

50,0

10,0

30,0

Pétrole

7,0

1,8

4,4

GAZ butane

14,0

1,0

7,5

Electrique

4,0

0,4

2,2

Fréquences en 0/0

Il se trouve illustré sur cette figure (renforcée par sa table de données), que toutes zones de résidence confondue, les combustibles électriques sont les moins fréquemment utilisés (2,2 %). Et pour ce type de combustible, il y a 10 fois plus de chance de le trouver

44 Rapport entre 13 % et 1,87 %.

chez les urbains que chez les ruraux (4 % contrebalancé par 0,4 %). Un ménage urbain sur deux utilise le charbon de bois par opposition à une fréquence d'utilisation des autres combustibles égale à 87 % par les ménages ruraux.

Au terme de cette analyse descriptive des caractéristiques des ménages, l'analyse et la mesure de la pauvreté infanto-juvénile s'avèrent opportunes.

3. 2. 2 Bien-etre infanto-juvenile

Les variables à analyser sont : vaccination, allaitement, assistance à l'accouchement, iodation du sel, vitamine A et alimentation.

3.2.2.1 Vaccination

Cinq vaccins sont pris en compte : anti-tuberculeux (BCG), anti-rougeoleux, anti-

Diphtérique/Tétanique/Coqueluche (DTCoq), anti-poliomyélitique (POLIO) et anti-fébrile jaune (FVJaune). Les maladies associées sont des cibles du programme élargi de vaccination du Congo (PEV/C). Les chiffres 1, 2 et 3, attachés à DTCoq et POLIO désignent respectivement la 1ère, 2 ème et 3 ème dose.

Figure 3.7 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans ayant été vaccinés

ENSEMBLE

FVRJaune

ROUGEOLE

POLIO3

POLIO2

POLIO1

POLIO/0

DTCoq3

DTCoq2

BCG

0,0% 20,0% 40,0% 60,0% 80,0%

Proportion des enfants vaccinés

Source : l'auteur / EDSC-I 2005

DTCoq1

Dans l'ensemble, la couverture vaccinale totale45 n'est que d'environ 18 %. Selon le type de maladie, le vaccin contre la polio est le plus administré, notamment à la première dose, avec une fréquence avoisinant 62 %. Trois enfants sur cinq sont vaccinés contre la

45 Proportion d'enfants ayant reçu la globalité des vaccins anti- maladies du PEV/C.

tuberculose, contre environ 44 % vaccinés contre la rougeole. La proportion des enfants vaccinés contre la fièvre jaune vient en queue, avec 22 % seulement. A la naissance, 1 enfant seulement sur 2 reçoit la vaccination anti-poliomyélitique. Il faut noter la baisse de la couverture vaccinale anti DTCoq et anti POLIO, lorsque l'on passe d'une dose à la suivante : sa chute moyenne est de 10,45 % et 13,67 %, en passant de la dose 1 à la dose 3, respectivement pour la vaccination DTcoq et POLIO. L'influence d'une variable parentale (le niveau d'instruction) sur ces proportions est analysée à travers le graphique 3.8 ci-après.

Figure 3.8 : Distribution en % des enfants de moins de 5 ans ayant reçu tous les vaccins du PEV/C selon le niveau d'instruction de la mère.

Analphabète
12,30%

Supérieur

39,86%

Prim aire

19,64%

Secondaire
28,20%

Source : l'auteur / EDSC-I 2005

La probabilité qu'un enfant reçoive la totalité des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C s'élève avec le niveau d'instruction de la mère.

3.2.2.2 Allaitement, iodation du sel et vitamine A

Figure 3.9 : Répartition des enfants de moins de 5 ans ayant été allaité au sein, en fonction du sexe de l'enfant, du niveau d'instruction de la mère et du type d'assistance à la naissance de l'enfant

98,00

100,0

%

0%

Seule

Traditionelle

Personnel santé

Supérieur

Secondaire

Primaire

Analphabète

Féminin

Masculin

Source : l'auteur / EDSC-I 2005

84,00 86,00 94,00 96,00

Pro

% ortio

88,00 90,00 92,00

%

L'allaitement maternel est très classique au Congo. Un peu plus de 9 enfants sur 10 sont allaités au sein. Cependant, cette figure semble tenir lieu de présomption qu'au Congo, la fréquence d'allaitement est plus grande chez les mères de niveau d'instruction plus bas et

accouchant avec une assistance de moindre qualité. Toutefois, c'est la qualité d'assistance à l'accouchement qui influence plus sur la fréquence d'allaitement ; cette dernière chutant de 98 % à 93 % lorsque la qualité d'assistance varie d'un accouchement non assisté à un accouchement assisté par un personnel de santé.

Figure 3.10 : Distribution en %, des enfants de moins de 5 ans par région, selon la nature du sel utilisé dans le ménage

Source : EDSC-I 2005

Proportion

100,00%

80,00%

40,00%

60,00%

20,00%

0,00%

Urbaine

Rurale

0PPM

<15PPM

>15PPM

O PPM : sel sans iode, incolore ;

<15 PPM : sel insuffisamment iodé, de couleur faible ;

>15 PPM : sel suffisamment

iodé, de couleur foncée

Le constat sur le caractère régional de la consommation du sel iodé qui se dégage de cette figure n'est pas étonnant. Quelle que soit la région, très peu de ménages consomment du sel non iodé. En revanche, la proportion des ménages qui consomment du sel iodé est moins élevée en zone rurale qu'en zone urbaine (81 % contre 4 % pour le sel bien iodé par exemple). Par ailleurs, en tenant compte des liens présumés dans les analyses précédentes, nous pourrons en déduire que ce sont les ménages les moins pauvres et dans lesquels le niveau d'instruction de la mère46 est relativement élevé qui consomment plus du sel suffisamment iodé. Enfin, pour les mêmes raisons, nous pensons que les résultats précédents peuvent s'étendre à la proportion des enfants de moins de 5 ans ayant reçu de la vitamine A.

3.2.2.3 Alimentation

Nous voulons ici, saisir l'état de santé de long terme des enfants de moins de 5 ans à travers l'indice «taille pour âge» défini plus haut. Nous voulons aussi capter l'influence d'une variable individuelle sur l'état nutritionnel infanto-juvénile : l'âge. Les résultats sont consignés sur la figure 3.11 ci-dessous qui présente l'état nutritionnel des enfants concernés. Les chiffres en marge du cadre graphique sont les tendances nationales de l'indicateur anthropométrique «taille pour âge». Ils indiquent qu'au Congo près d'un quart des enfants endure une malnutrition pérenne (26 %).

46 Surtout. On fait la présomption qu'on trouverait les mêmes résultats avec le niveau d'instruction du père.

Figure 3.11 : Évolution selon l'âge de l'enfant de l'indice anthropométrique taille pour âge

Source : I'auteur I EDSC-I 2005

frequence en %

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

0 1 2 3 4 Infanto-

11%

3%

32%

16%

27%

11%

30%

29%

14%

11%

juvénile

26%

10%

z-score<-3
z-score<-2

La figure montre que l'état de déficience alimentaire est enduré sévèrement par 10 % des enfants de moins de 5 ans et modérément par 16 % (26 %-10 %) du même groupe d'âges. Les critères « OOO » permettent de conclure que la petite enfance congolaise est en état de mauvaise santé alimentaire. En outre, il en ressort le constat selon lequel les ratios de déficit alimentaire pérenne croissent exponentiellement de la naissance à 1 an révolu, après quoi ils affichent une allure décroissante sinusoïdale. De façon précise, l'indice «taille pour âge » traduisant le retard de croissance infanto-juvénile, varie en deux phases : une phase exponentielle entre 0 et 1 an révolu et une phase oscillante entre 1-4 ans révolus. Pendant la phase exponentielle, le ratio des enfants malnutris croît de 11 % jusqu'à atteindre sa valeur maximale 32 % à 1 an révolu. Dans le même temps, le ratio des enfants sévèrement malnutris, s'élève de 3 % jusqu'à sa dominance 16 % à 1 an révolu. À l'inverse, pendant la phase oscillante, le ratio des enfants malnutris ralentit son incidence de façon ondulatoire tout en conservant une tendance supérieure au minimum 29 % atteint à 2 ans. Dans la même phase, le ratio des enfants sévèrement malnutris ralentit de façon ondulatoire, sans être en dessous de son minimum 11 % à 2 ans. L'on pourrait dire, à la vue de ces deux derniers résultats, que les enfants déficients alimentaires jusqu'à 2 ans révolus, sont condamnés à rester dans cet état pour le long terme. Ils sont, en imitant Marx, dans une situation de «trappe à malnutrition».

Ainsi, ces résultats descriptifs semblent dessiner trois facteurs inhérents au bien-être infanto-juvénile : les caractéristiques des enfants, le niveau de vie du ménage et l'environnement. Le chapitre 4 validera ou non ces diverses liaisons encore vraisemblables.

Chapitre 4

PROFIL ET DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ

INFANTO-JUVENILE

Le chapitre est organisé en trois sections, lesquelles présentent des résultats supplémentaires de la recherche. La section 1 généralise les analyses descriptives faites au chapitre précédent et dresse un profil de pauvreté de la petite enfance congolaise. La section 2 exhibe une option économétrique pour appréhender les déterminants de la pauvreté des enfants. Il s'agit de l'estimation d'un modèle «probit » devant servir de prédiction du risque pour un enfant d'être pauvre étant donné certains facteurs associés ciblés. La section 3 enfin propose quelques suggestions des stratégies ciblées en vue de l'affermissement du bien-être des enfants, compte tenu des résultats escomptés et des carences décelées.

4.1 PROFIL DE PAUVRETE DE LA PETITE ENFANCE

Rappelons que, l'intérêt d'un profil de pauvreté réside assurément dans l'indication des manifestations essentielles de la pauvreté, en donnant une facette sur la façon dont elle varie d'une localité à une autre ou d'un groupe particulier de population à un autre. Dans la présente étude focalisée sur les enfants, il nous permet de formuler des stratégies en faveur du bien-être des enfants. L'élaboration d'un profil de pauvreté passe par cinq étapes : (i) le consensus sur l'approche conceptuelle, (ii) le choix d'un seuil qui sépare les pauvres et les non- pauvres, (iii) le choix des indicateurs spécifiques qui capturent le mieux les dimensions de la pauvreté, (iv) l'analyse de ces indicateurs et (v) la formulation des stratégies adaptées.

4.1.1 Indicateur composite de pauvrete (ICP)

L'ICP infanto-juvénile est construit sous un angle non monétaire axé sur les besoins de base et les droits socio-économiques des enfants, par opposition à l'approche monétaire. Une première ACM sur 18 variables/57 modalités et 4904 enfants s'est soldée par un échec dû au non respect par certaines modalités, de la propriété COPAF. La solution a nécessité l'isolement d'une variable, 10 modalités et 578 enfants. Notons que les modalités ont été apurées (triées) avec le critère de poids relatif inférieur à 2 %. Finalement, l'ACM

ayant permis la construction de l'ICP a porté sur 4326 individus actifs et 47 modalités de 17 variables actives. La liste des 17 variables vérifiant la COPAF est traduite par le tableau 4.1.

Tableau 4.1 : Tri-à-plat des 47 modalités pour 17 variables actives

15. Temps pour Approvisionnement en eau potable

10. Sanitaires WC1 - WC Moderne

W - WC Traditionnelle

WC3 - Sans WC

16. Indice taillepourâge (alimentation)

17. Iodation du sel EL1 - Sel OPPM

SEL2 - Sel <15PPM

SEL3 - Sel >15PPM

11. Nature du sol SOL1 - Sol Moderne

SOL2 - Sol Traditionnelle

SOL3 - Autre Sol

12. Nature du toit TOI1 - Toit Moderne

TOI2 - Toit Traditionnelle

TOI3 - Autre Toit

13. Nature des murs

14. Principale source d'eau potable

Variables Modalités actives

Source: Travaux de l'auteur/EDSC-I 2005

MUR1 - Murs Moderne

MUR2 - Murs Traditionnelle

MUR3 - Autres Murs

EAU1 - Citerne/Bouteilles

EAU2 - Robinet

EAU3 - Puits/For Salubres

EAU4 - Puits/For Insalubres

EAU5 - Autres Eaux

TEM1 - Surplace

TEM2 - >30mn

TEM3 - <=30mn

TAG1 - sévèremt malnutris

TAG2 - malnutris

Variables Modalités actives

1. Indicateur de Richesse du Ménage IRM1 - Plus pauvre

IRM2 - Pauvre

IRM3 - Moyen pauvre

IRM4 - Riche

IRM5 - Plus riche

2. Allaitement au sein ALL1 - Allaité

(maternelle) ALL2 - Non Allaité

3. Vitamine A VIT1 - Vitaminé A

VIT2 - Non Vitaminé A

4. Vaccination BCG BCG1 - Vacciné BCG

BCG2 - NonVacciné VBCG

5. Vaccination POLIO POL1 - Vacciné POLIO

(Poliomyélite) POL2 - NonVacciné POLIO

6. Vaccination DTCOQ DTC1 - Vacciné DTCoq

(Diphtérie/Tétanos/Coqueluche) DT - NonVacciné DTCoq

7. Vaccination ROUGeole ROU1 - Vacciné Rougeole

ROU2 - NonVacciné Rougeole

8. Gestion des sanitaires (type de lieu d'aisance)

9. Indice de peuplement du logement (Nombre de personnes par pièces)

GWC1 - WC Collectif

GW - WC Privé

IPL1 - ipl 0-1

IPL2 - IPL 2-3

IPL3 - IPL >3

L'on sait que l'inertie totale expliquée par la matrice soumise à l'analyse est égale au nombre moyen des 47 modalités divisé par les 17 variables actives, diminué d'une unité ; soit 1,7647. Sur le plan (1,2), la diagonalisation de la matrice analysée donne les valeurs propres respectives ë1 = 0,3106 et ë2 = 0,1466 . Le facteur 1 décrit 17,60 % de l'inertie

totale de la matrice de départ tandis que le facteur 2 en décrit 8,31 %. Cela signifie que le plan d'analyse (1,2) restitue environ 26 % de l'information contenue dans le nuage initial. Est-ce un taux de projection d'informations significatif ? Oui :

ü la faible part de la variance expliquée sur les premiers axes est une caractéristique de l'ACM qui donne généralement des mesures pessimistes de l'information extraite. En effet, l'inertie totale (somme des valeurs propres) dépend uniquement du nombre de variables et de modalités, et non des liaisons entre les variables : elle n'a donc pas de signification statistique47 ;

ü chaque axe absorberait une inertie de 1/46, soit environ 2 points, au cas où les modalités étaient indépendantes. Ainsi, le plan (1,2) choisi a un pouvoir descriptif des liaisons entre modalités, 13 fois plus grand.

47 Notons que, contrairement à cette inertie totale qui n'a pas de sens statistique, la somme des carrés des valeurs propres est un indicateur de liaison entre variables. Elle est d'autant plus élevée que les liaisons entre variables sont plus fortes [Lébart et al (1994), Benzécri (1973), Volle (1980)].

L'analyse de l'indicateur composite de pauvreté des enfants, va être facilitée par l'examen préalable des formes des graphiques résultant de l'analyse factorielle.

Figure 4.1 : Hypercube de contingence. Indicateur composite de pauvreté multivariée de la petite enfance

Source : I'auteur sur les donnée s de I'EDSC-I 2005

Quadrant 2

Quadrant 3

Quadrant 1

Quadrant 4

L'examen de la figure ci-dessus (appuyé par une visualisation de la représentation simultanée : figure 4.E.1, annexe E), montre que le nuage des enfants décrit en même temps que l'IRM et leur ICP, une trajectoire parabolique : c'est l' «effet Guttman». Il apparaît ici de façon mécanique, comme c'est habituellement le cas dans la plupart des variables échelonnées avec un ordre naturel (ici l'ICP et l'IRM). Cet effet, s'avère important dans l'étude des phénomènes périphériques, afin d'interpréter véritablement les axes. L'effet Guttman oppose, suivant la parabole d'une part les modalités extrêmes sur l'axe 1 et, d'autre part, les modalités extrêmes aux modalités moyennes sur l'axe 2, les points de rupture de la parabole méritant une attention particulière (Bry,1995, p.94). Cela étant, l'on pourrait assimiler l'axe 1 à un axe d'«extrême pauvreté/extrême richesse» et l'axe 2 à celui de «pauvreté intermédiaire». Le facteur 2 étant une fonction de second degré du facteur 1, la pauvreté infanto-juvénile impose une interprétation sur le plan (1,2). Ainsi, l'axe 1 oppose les deux extrémités de la parabole ; les enfants « extrêmement pauvres » à gauche (quadrant 3) aux enfants «extrêmement riches» à droite (quadrant 4). Cette opposition (encore hypothétique à cette étape) est telle que :

® les enfants «extrêmement pauvres» sont issus des ménages les plus pauvres. Faute de cela, il n'est pas étonnant que ces enfants habitent des logements traditionnels (toit en paille/chaume, sol en terre/sable/bois/planches, murs en d'autres matériels) et sont sans lieu d'aisance. De même, ils consomment de l'eau issue des puits/forages insalubres et sont exposés au risque de presque toutes les maladies cibles du PEV/C (Tuberculose, Polio, Diphtérie, Tétanos et Coqueluche). Ces résultats confirment les liens entre les variables croisées lors des analyses faites au chapitre 3. C'est pourquoi, l'on pourrait ajouter que de tels enfants sortent des ménages où la mère a un niveau d'instruction faible. Cela corrobore une des analyses faites par Ambapour (2007) traitant le cas spécifique des ménages congolais. Il appelle cette pauvreté liée au manque/faible d'accès aux infrastructures de base ; «vulnérabilité de l'existence humaine». Il ajoute que «c'est la pauvreté la plus perceptible et frappe surtout les ménages analphabètes»48. Somme toute, il est clair que le quadrant 3 illustre non seulement une pauvreté infanto-juvénile héritée des ménages (position de l'IRM), mais aussi une pauvreté en termes de manque d'accès aux besoins de base49 et en termes de violation de leurs droits socio-économiques50. Il s'agit-là des enfants des zones rurales, privées d'infrastructures de base.

(c) les enfants «extrêmement riches» sont issus des ménages les plus riches. Fort de cette liaison, il n'est pas non plus étonnant qu'ils disposent d'un cadre de vie agréable caractérisé par des logements modernes (murs en ciments/agglo/parpaings, etc.). Ils utilisent des sanitaires décents (chasse eau/fosses et latrines modernes), consomment de l'eau du robinet pour laquelle la durée moyenne d'approvisionnement n'excède pas une demi heure. Toutefois, ces enfants ne sont pas allaités au lait maternel et l'on sait que cela est tributaire des ménages où la mère a un niveau d'instruction élevé. Ce qui pourrait conférer au quadrant 4 le pouvoir descriptif d'une pauvreté non monétaire infanto-juvénile, en termes de privation de lait maternelle (pauvreté nutritionnelle).

L'axe 2 oppose les enfants appartenant aux deux premières catégories susmentionnées aux enfants en situation de pauvreté intermédiaire (le sommet et l'axe de symétrie de la parabole). Il ne reste donc plus qu'à décrire les quadrants 1 et 2. Ces quadrants concernent les enfants issus de parents pauvres, moyens pauvres et riches. Toutefois, il y a lieu de préciser que deux sous-classes opposées sembleraient naître dans cette catégorie : la sous-classe du

48 Ambapour S., 2006, «Pauvreté multidimensionnelle au Congo : une approche non monétaire », DT 13/2006, p.22.

49 Aménagement sanitaires, eau potable, logement et soins de santé.

50 Droit à des conditions de vie adéquates, droits économiques, droit à un accès équitable aux services publics de santé.

quadrant 2 dont le niveau de bien-être semble relativement plus bas que celui de la sousclasse abritant le quadrant 1.

® La sous-classe du 2ème quadrant concerne les enfants issus des ménages « pauvres ». Leur habitat est caractérisé par des murs traditionnels, des autres toits et des personnes dormant à plus de trois par pièce. Ces enfants sortent de ménages qui n'utilisent pas de sel iodé, sont privés de micronutriments à vitamine A ; sont donc malnutris bien qu'ils utilisent de l'eau provenant des puits/forages salubres, des citernes/bouteilles et des autres sources. Ils sont vaccinés contre les maladies cibles du PEV/C, exceptée la rougeole. Notons aussi que leurs WC sont de type traditionnel ou moderne collectif. En somme, cette sousclasse attribue à l'axe 2 le caractère descriptif d'une pauvreté en termes de cadre de vie non assaini et d'alimentation de basse qualité. C'est la tendance des enfants en zone « semirurale ».

(c) La sous-classe du 1er quadrant concerne les enfants issus de parents « moyens pauvres » et « riches ». Ils utilisent des sources d'eau autres que celles que l'on a déjà citées précédemment. L'habitat est relativement confortable avec toit et sol modernes. Ils sont vaccinés contre les maladies cibles du PEV/C excepté la rougeole et sont allaités dans les 1éres périodes de leur existence. C'est seulement en termes de désavantage pour la non vaccination contre la rougeole que leur pauvreté s'exprime. Nous assimilons ce type de pauvreté comme tributaire des enfants dont le milieu de résidence est relativement celui des grandes villes.

Il y a lieu de relever que cette description de classes reste encore moins rigoureuse, notamment en ce qui concerne le facteur 1. En effet, tous les individus décrits (au sens des modalités de leurs variables caractéristiques), ne contribuent pas de la même façon à la formation de cet axe. De même, tous ne sont pas bien représentés sur ce même axe. Les modalités qui ont le plus contribué à sa formation sont celles pour lesquelles la contribution (CTR) est au-dessus de la tendance centrale théorique autour de laquelle elle oscillerait si ces modalités contribuaient équitablement ; c'est-à-dire 2,12 % (100/47). Aussi, seules sont très bien représentées sur l'axe 1, les modalités dont le cosinus carré (CO2) avoisine 0,02 (1/47). Enfin, un autre élément d'aide à la pertinence des modalités est la valeur test (V.TEST). Elle édite les modalités les plus marquantes de chaque classe. Une modalité est significative si V.TEST est en valeur absolue supérieure à 2. Cela étant, les modalités de variables jugées rigoureusement interprétées (dites aussi «modalités bien photographiées»), sont récapitulées dans le tableau 4.2. Rappelons par ailleurs que la forme fonctionnelle des scores Ci (ICPi) est donnée au chapitre 3 [voir formule (1)]. Toutefois, les résultats ici donnés sont

générés automatiquement avec les procédures HOMALS Command de SPSS et COREM/CORMU de SPAD.

Tableau 4.2 : Scores, contributions, cosinus carrés et valeurs-test des modalités significatives sur l'axe 1

Variables/Modalités Score Ci CTR en % CO2 V.TEST

2. Vitamine A

Non vitaminé A -0.26 0.20 0.01 -5.3

10. Sanitaires WC moderne Sans WC

13. Nature des murs Murs modernes

Murs traditionnels

15. Temps pour approv. Eau > 30 minutes

<=30 minutes

1. Indicateur de Richesse du Ménage Plus pauvre

Pauvre

Riche

Plus riche

12. Nature du toit Toit moderne

Toit traditionnel

14. Principale source d'eau Robinet

Puits/Forages insalubres

11. Nature du sol Sol moderne

Sol traditionnel

- 1.12

- 0.81

- 1.45

- 0.68

- 0.99

- 0.27

- 1.33

- 0.67 0.82 1.21

1.18

0.77

0.33

0.62

0.73

0.30

11.20

11.20 2.40 3.90 6.60

4.60

8.70

2.60

5.70

7.60

1.10

1.20

6.80

9.10

6.20

9.60

0.51 0.10 0.17 0.28

0.29

0.19

0.63

0.63

0.48

0.48

0.42

0.42

0.55

0.52

0.08

0.08

- 46.7

- 21.0 27.2 34.6

- 28.5

- 52.2

- 45.8

- 41.8

- 47.2

- 18.5

35.4

51.5

45.8

43.4

48.7

19.0

Source : l'auteur sur les données de l'EDSC-I 200

Ainsi, l'on voit que 8 variables (17 modalités) seulement ont significativement contribué à la formation de l'axe 1 et sont bien ou relativement bien représentées sur cet axe. Ces 17 modalités contribuent ensemble pour 99 % à la formation l'ICP. Certaines modalités ayant contribué de façon prépondérante sont : les ménages plus pauvres (11 %) et plus riches (7 %), la non alimentation des enfants en micronutriment vitaminé A (0.2 %), les infrastructures sanitaires adéquats (7 %), les logements à sol, toit et murs traditionnels (respectivement 9 %,11 % et 6 %), l'eau insalubre (10 %) et le temps excessif pour s'approvisionner en eau (1 %). Dans cet esprit, les indications de l'ICP révélées par l'hypercube de contingence (figure 4.1) deviennent plus souples et l'opposition «enfants pauvres» contre «enfants riches » devient plus claire.

n D'une part, les enfants «pauvres» sont caractérisés par : (i) un cadre de vie précaire (parents «pauvres» ou «plus pauvres», logement indécent de type traditionnel), (ii) une carence de vitamine A, (iii) une absence de WC, et (iv) une consommation de l'eau provenant des puits et forages non protégés situés à des distances demandant plus de 30 minutes d'approvisionnement ;

n D'autre part, les enfants «riches» sont caractérisés par : (i) un cadre de vie décent (parents «riches» ou «plus riches», logement décent de type moderne), (ii) évoluent dans un environnement assaini, et (iii) des facilités d'accès à l'eau potable provenant des robinets qui ne leur coûtent que moins de 30 minutes d'approvisionnement. Néanmoins, ils sont

vulnérables et leur pauvreté est attribuable au manque d'allaitement maternel et à la faiblesse de la vaccination anti-rougeoleux.

D'une manière globale, l'examen combiné des résultats antérieurs et surtout de l'ICP, illustre trois types de pauvreté non monétaire infanto-juvénile au Congo. Une pauvreté héritée des parents (IRM, IPL, niveau d'instruction de la mère, qualité de logement, eau potable, type de WC), une pauvreté occasionnée par les paramètres communautaires ou environnementaux (couverture vaccinale, alimentation, allaitement, assistance à l'accouchement)51 et une pauvreté induite par les caractéristiques de l'enfant. Le problème qui reste, c'est le comptage et la répartition de ces enfants pauvres, ce qui ne saurait être fait à l'aide des indices de mesure de la pauvreté.

4.1. 2 Indice composite de pauvreté : construction et decomposition

L'ICP élaboré précédemment, sert à la détermination d'un seuil absolu de pauvreté. Ce dernier permet de dresser un profil de pauvreté à l'aide des indices FGT. La détermination du seuil de pauvreté étant le point focal dans l'élaboration d'un profil de pauvreté, il est important de préciser les procédures y afférentes. La fenêtre suivante (figure 4.2) matérialise la filière exécutée par le logiciel SPAD, pour le traitement du nuage soumis à l'analyse.

Figure 4.2 : procédure d'élaboration et d'archivage de partition de l'ICP sous SPAD

Source : I'auteur

51 Certaines des variables peu significatives pour l'ACM sont récupérées, pour tenir compte des 74 % (100 % - 26 %) d'inertie du nuage non restituée sur les plans factoriels ; % qui aurait suscité des fluctuations locales.

1) La fonction CORMU/COREM (correspondances multiples/ correspondances multiples avec choix des modalités) permet d'élaborer l'ICP des enfants ; les scores normalisés sur le facteur 1 ;

2) La commande SEMIS (classification sur les facteurs) permet de faire une classification mixte. La procédure classifie les 4326 enfants caractérisés par leurs scores factoriels calculés à l'étape précédente52 ;

3) La commande PARTI-DECLA (coupure de l'arbre et description des classes de typologies) réalise la coupure de l'arbre en optimisant les partitions obtenues53 ;

4) Enfin, la commande ESCAL.ARCHIV (archivages des coordonnées factorielles et partitions) traduit les deux classes ainsi imposées en deux variables nominales qui sont désormais archivées et disponibles dans la matrice initiale soumise à l'analyse.

4.1.2.1 Le seuil absolu de pauvreté

Les caractéristiques de chacune des classes sont décrites dans le tableau 4.E.2 de

l'annexe E. Dans le même temps, la synthèse des 4 étapes ci-dessus est donnée par le tableau 4.3.

Tableau 4.3 : Discrimination enfants riches-enfants pauvres (après consolidation des classes)

Ident. CO2 V.test Min.score Max.score Poids Global %

Classe 1/2 «Pauvres» 0.98 -57.7 -1.33 0.89 1827 42.23

Classe 2/2 «Riches» 0.97 57.7 -0.05 1.21 2499 57.77

Classe 1 et 2 - - - -1.33 1.21 4326 100.00

Source : I'auteur sur les donnée s de I'EDSC-I 2005

Entre autres, ce tableau donne dans :

a) la colonne Poids, le nombre d'enfants « pauvres » : q = 1827 pour une population totale de n = 4326 enfants ;

b) la colonne Global, l'incidence de la pauvreté non monétaire infanto-juvénile : 42,2 %.

De même, les données des colonnes Min.score, Max.score et Global, appliquées dans la formule (2) du chapitre 3 fournissent le seuil de pauvreté non monétaire utile pour calculer les indices FGT. Soit z1viaACH = 0,347. Nous l'appellerons z tout court.

En guise de rappel,

FGT á =

1 (q z - xiá

)=

ni=1z

, avec á = 0,1, 2 ; xi = ICPi. (FGT)

52 Une première classification est obtenue par croisement de plusieurs partitions de base construites autour des centres mobiles, puis les classes stables ainsi formées sont agrégées par une méthode de classification hiérarchique. Le critère d'agrégation est le critère de Ward. L'arbre d'agrégation ainsi créé est sauvegardé (voir les détails avec Lebart, 1995, « Statistique exploratoire multidimensionnelle » Chapitre 2, Section 3, pp. 177-184.

53 Le but est de trouver les modalités qui discriminent le mieux les classes. Les partitions des classes de poids trop faibles sont éliminées pour être réagrégées ensuite, jusqu'à 10 itérations

4.1.2.2 Incidence, profondeur et sévérité de pauvreté

L'utilisation conjointe de la translation (T) du chapitre précédent et de la formule

(FGT) ainsi que de quelques variables caractéristiques des ménages, de l'environnement et des enfants, donne un profil de pauvreté infanto-juvénile.

a) Indices de pauvreté et caractéristiques biologiques des enfants

Tableau 4.4 : Indices de pauvreté (en %) selon le sexe et selon l'âge de l'enfant

 

Incidence (po)

Intensité
ou Profondeur (p1)

Inégalité
ou Sévérité (p2)

Sexe

Masculin
Féminin

41,1
43,1

13,9

4,5

14,2

4,6

Age

0 an

41,0

14,0

4,4

1 an

59,3

20,2

7,0

2 ans

34,4

11,1

4,1

3 ans

36,0

11,0

4,1

4 ans

39,2

12,7

4,5

Ensemble

42,2

14,0

4,6

Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I 2005

Le niveau du seuil de pauvreté est z = 0,347 (confère supra).

Nous constatons que l'incidence de la pauvreté qui est de 42,2 % au Congo ne discrimine pas le sexe de l'enfant. Toutefois, elle marque un léger écart de 2 points entre les garçons et les filles (41 % contre 43 %). Par ailleurs, le déficit moyen de la valeur du bienêtre au seuil de pauvreté est de 7 enfants sur 50 (14 %). Enfin, l'inégalité parmi les enfants pauvres frappe environ 1 enfant sur 20 (4,6 %). Par rapport à l'âge, les enfants de 1 an révolu sont plus enclins à la pauvreté, que ce soit l'incidence, la profondeur et la sévérité (respectivement 59 %, 20 % et 7 %). Au-delà de 1 an, ces valeurs sont presque constantes. Cela pourrait être lié à l'indice «taille pour âge » expliquant le retard de croissance. En effet, il a été signifié plus haut que les ratios des enfants malnutris et sévèrement malnutris évoluaient rapidement entre 0 et 1 an révolu et qu'au-delà de cet âge, l'indicateur de retard de croissance semblerait se stabiliser. La constance des « 3 I » à partir de 2 ans montre que les enfants ayant un déficit de bien-être à cet âge, restent dans cet état jusqu'à 4 ans révolus.

b) Indices de pauvreté et caractéristiques des ménages54

Comme dans l'approche indirecte de la mesure de la pauvreté infantile, il ressort qu'au Congo, la structure ordinale de la pauvreté infanto-juvénile suit celle de la pauvreté des ménages desquels les enfants sont issus. Le tableau 4.5 met en relief de telles observations.

54 L'examen des liens entre le niveau de vie des ménages et les indices FGT relatifs à la pauvreté des enfants, est au coeur de la présente recherche. En effet, l'affermissement du bien-être infanto-juvénile implique la connaissance préalable du niveau de pauvreté du ménage. L'on précise dans cet esprit que mesurer directement la pauvreté des enfants signifie prendre des en considération des variables spécifiques aux enfants et prendre ces derniers comme unités d'analyse. Toutefois, cela ne signifie pas l'élimination du ménage ; étant entendu que c'est sur les parents que l'État agirait même si la finalité est de rehausser le bien-être infantile.

Tableau 4.5 : Indices de pauvreté (en %) selon l'Indicateur de Richesse du Ménage (IRM) et selon le niveau d'instruction de la mère

 

Incidence (po)

Profondeur ( p1)

Sévérité (p2)

Indicateur de Richesse du Ménage

Plus pauvre

67,9

16,0

4,9

pauvre

59,3

11,2

4,0

Moyen pauvre

23,0

7,6

2,5

Riche

8,0

2,5

0,6

Plus riche

5,2

1,1

0,2

Niveau d'instruction de la mère

Analphabète

58,1

19,0

4,8

Primaire

59,5*

19,7*

4,8*

Secondaire

30,6

10,2

3,4

Supérieur

16,7

4,8

1,0

 

Ensemble 42,2 14,0 4,6

Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I 2005

Ces observations sont obtenues à travers les « 3 I » de la pauvreté : l'incidence, l'intensité et l'inégalité. Ces indices chutent brutalement de 70 % à 5 %, de 16 % à 1 % et de 5 % à environ 0 % lorsque l'on passe respectivement des enfants des ménages plus pauvres à ceux des ménages plus riches. Cependant, nous relevons l'existence d'une part considérable des enfants de moins de 5 ans qui, bien qu'issus de ménages riches ou plus riches, sont frappés d'un manque d'au moins un besoin de base (ou de privation d'au moins un droit socio-économique) ; soit un peu plus de 6 %. Nous relevons aussi que les disparités sont énormes. Par exemple, le ratio de pauvreté infanto-juvénile (p0) dans les ménages pauvres est 7,5 fois plus grand que celui des ménages riches. Le constat est presque le même avec le niveau d'instruction : les enfants dont la mère est plus instruite ont plus d'opportunité en termes de qualité de bien-être. Ce résultat n'est pas étonnant. Deux raisons sont plausibles à cette fin. Premièrement, il a été démontré (voir notre revue des travaux empiriques : cas du Cameroun par exemple) que l'incidence de la pauvreté varie souvent en sens inverse du niveau d'instruction de la mère (DSCN, 2002). Plus la mère est instruite mieux elle connaît les règles d'hygiène, de santé et mieux elle connaît les droits et besoins vitaux des enfants. Deuxièmement, le niveau d'instruction est un bon indicateur du « bon » niveau de vie du ménage. Il conviendrait de remarquer la particularité des valeurs cotées *. Ces valeurs montrent une situation étonnante selon laquelle la pauvreté est relativement plus accentuée chez les enfants dont la mère est de niveau d'instruction primaire par rapport à ceux dont la mère est sans instruction. La présente étude se réserve d'interpréter ce résultat qui nous semble tout à fait singulier : une étude particulière basée uniquement sur la pauvreté des enfants et le niveau d'instruction de la mère révélerait, certainement des explications concernant cette occurrence.

c) Indices de pauvreté et certaines caractéristiques communautaires

Tableau 4.6 : Indices de pauvreté (en %) par certaines caractéristiques environnementales

 

Incidence (po)

Profondur ( p1)

Sévérité (p2)

Domaine de résidence

Brazzaville

23,8

7,0

1,6

Pointe Noire

25,3

8,8

2,1

Nord Congo*

60,3

19,8

5,0

Sud Congo**

52,5

15,1

4,2

Qualité logement

Moderne

24,2

8,0

2,6

Traditionnelle

63,3

21,1

5,3

Lieu d'aisance

Moderne

21,7

7,3

1,8

Traditionnelle

59,0

18,6

4,9

Sans WC

72,2

21,0

6,0

Eau potable

Salubres

23,0

8,7

1,9

Insalubres

72,8

23,2

6,0

Vaccination complète
/maladies cibles PEV

Vacciné

41,8

11,1

3,4

Non vacciné

47,0

14,9

4,8

Micronutriments

Vitamine A

39,0

14,0

3,9

Sans vitamine A

42,2

15,6

4,0

Assistance accouchement

Personnel santé

20,1

9,0

2,2

Traditionnelle

52,4

15,7

5,0

Seule

90,4

30,0

8,8

 

Ensemble

42,2

14,0

4,6

* : comprend 5 départements : Plateaux, Cuvette, Cuvette-Ouest, Sangha, Likouala ** : comprend 5 départements : Kouilou, Niari, Lekoumou, Bouenza, Pool

Source : Travaux de l'auteur / l'EDSC-I 2005

- La pauvreté infanto-juvénile revêt un caractère régional. Pour un seuil de pauvreté

estimé à 34,7 %, l'indice numérique de pauvreté est plus élevé au Nord Congo (60 %), suivi du Sud Congo (52 %) par rapport à Pointe Noire et Brazzaville où il vaut respectivement 25 % et 24 %. La raison plausible est que les deux 1eres zones couvrent plus de localités rurales alors que les deux dernières sont les plus grandes villes du pays. En général, les « 3 I » de la pauvreté sont souvent plus élevées dans les régions rurales que dans les grandes métropoles urbaines. Cela s'explique par le fait que les conditions d'hygiène et donc l'accès aux services de base concernent plus les zones urbaines ; les régions rurales souffrant d'un manque d'infrastructures adéquates. Soulignons aussi que, Brazzaville dégage les plus faibles incidence, profondeur et sévérité de la pauvreté.

Une autre raison serait la corrélation positive entre détérioration du bien-être infantile et conditions communautaires précaires (valeurs prédominantes de p0, p1 et p2 pour les enfants non vaccinés, en carence de vitamine A, dont la naissance n'a pas été assistée et qui sont privés des conditions de logement décentes).

- La décomposition du ratio po par domaine permet de constituer deux blocs

administratifs. D'un côté, Brazzaville et Pointe Noire avec un indice numérique de pauvreté
infanto-juvénile modéré ; un peu plus de la moitié de la moyenne du Congo (42 %), et de

l'autre, Nord Congo et Sud Congo avec un ratio de pauvreté infanto-juvénile accentué ; un peu plus du double de la même tendance centrale.

- Au Congo, l'accouchement sans assistance, l'eau potable et le WC sont les facteurs

communautaires qui impactent le plus sur les niveaux des indices de pauvreté des enfants.

Cependant ce profil de pauvreté infanto-juvénile, bien que confirmatif de la quasitotalité des résultats antérieurs, reste assez descriptif. Il ne permet pas d'évaluer le risque pour un enfant de moins de 5 ans d'être pauvre, étant donné les caractéristiques individuelles de cet enfant, les caractéristiques de son ménage et les caractéristiques environnementales. Or, la prise en compte de tels facteurs serait capitale dans le ciblage des stratégies qui doivent être envisagées pour réduire la pauvreté ; d'où le recours à une analyse explicative à partir d'une approche économétrique.

4. 2 LE RISQUE DE PAUVRETE DANS LA PETITE ENFANCE

Note 1 : Les liens « tissés » entre les variables cibles, ne sont jusque-là que «admissibles». En fonction des variables définies, cette section vise à valider si besoin est, les principaux facteurs jugés significatifs (individuels, communautaires, ménages). De tels facteurs découlent d'une analyse économétrique qui vise, essentiellement, à déterminer d'une manière empirique les lois économiques, en complétant la théorie par la vérification des liaisons entre les variables et la stature de ces liens grâce aux observations chiffrées. Elle est un outil de mesure en économie. Son cadre d'expression est la modélisation ; un modèle étant une représentation schématique formelle d'une réalité.

4. 2.1 Modelisation du risque de pauvrete infantoluvenile

Il est question ici de présenter théoriquement le modèle postulé, de modéliser,

spécifier les variables, indiquer les options spéciales d'analyse puis interpréter les résultats.

4.2.1.1 Présentation théorique du modèle probit55

Soit un échantillon de n individus indicés i, i = 1,..., n. Pour chaque individu, l'on

observe si un certain événement s'est réalisé et l'on note yi la variable codée associée à

événement. Posons ? i ? { 1, 2, ..., n} : y= I 1

0

si l'événement s'est réalisé pour l'individu i si non

L'on appelle modèle dichotomique univarié (logit, probit, plus-value, etc.), un modèle statistique dans lequel la variable expliquée ne peut prendre que deux modalités discrètes. Il explique la survenue ou non d'un événement, en définissant la probabilité de survenue de l'événement comme l'espérance de la variable codée yi .

E ( y i ) = prob ( y i = 1)*1 +prob(yi = 0)*0 = prob(yi = 1)=pi

55 Sauf indication additive éventuelle, cette partie se réfère essentiellement à nos notes de cours d'économétrie et au polycopié de Cours initié par Christophe Hurlin, 2003, « Économétrie des Variables Qualitatives ». Des détails sur le modèle Probit sont donnés en encadré F1 et F2 (Annexe F).

4.2.1.2 Modélisation et spécification des variables

Modélisation

L`analyse économétrique des déterminants de la pauvreté infanto-juvénile requiert un fondement théorique. Ce fondement fait référence à l'hypothèse selon laquelle la pauvreté d'un enfant est exclusivement héritée de celle du ménage dont il est issu ; cette dernière devant être confirmée ou infirmée par la modélisation. La démarche suivie se réfère à une variante qui est actuellement utilisée au sein du réseau PEP, notamment l'optique de Lachaud (2000) et de Deaton (1997). Dans ce contexte, ayant présumé la causalité des facteurs individuels, communautaires et du ménage, sur le bien-être des enfants, l'on suppose que les déterminants du bien-être infanto-juvénile dérivent de la maximisation d'une fonction de demande réduite de santé à trois vecteurs (enfant, ménage et structure communautaire). Cette option tient compte de nos hypothèses sous-jacentes, des données disponibles et calculées puis des objectifs poursuivis. Par conséquent, l'unité d'analyse est l'enfant lui-même. La modélisation de son risque de pauvreté peut se faire à partir des équations réduites et l'analyse de la demande de santé infantile peut se faire en maximisant une fonction de demande de santé. Compte tenu de ces éléments d'analyse, la modélisation des chances de pauvreté des enfants est exprimée par la relation (I) :

Rpi = R ( Xi , Xm , Xc , u i) ( I)

--> Xi est un vecteur des caractéristiques de l'enfant [age, sexe] ;

Xm est un vecteur des caractéristiques du ménage [Indice de Richesse du Ménage,

niveau d'instruction de la mère, qualité du logement, iodation du sel, sanitaires (lieu d'aisance et son mode de gestion) et eau potable (source et durée d'approvisionnement)] ;

Xc est un vecteur des caractéristiques de l'environnement [domaines, vaccination,

nutrition, vitamine A, allaitement et assistance à l'accouchement de la mère] ; --> ui est l'erreur aléatoire du modèle.

L'équation (I) exprime le risque pour un enfant congolais de moins de 5 ans d'être pauvre compte tenu des caractéristiques décrites ci-dessus. En d'autres termes, contrairement à une approche indirecte qui prendrait en compte la mère (ou le ménage) comme unité d'analyse, l'approche directe considérée ici, prend comme unité d'analyse l'enfant. Ainsi, la présente approche économétrique veut examiner dans quelle mesure les caractéristiques susénumérées influencent le bien-être des enfants. Sur ce, cette modélisation appelle une spécification sommaire des variables.

Spécification des variables

D'abord, la variable dépendante du modèle est l'indicateur composite de bien-être des enfants (ICP) ou les scores, archivés comme indiqué plus haut à l'issue de la classification mixte de la section 4.1. Cette variable dépendante ordinale a été dichotomisée en deux classes catégorielles d'enfants : classe 1/2 = « pauvres » et classe 2/2 = « riches » ou « non pauvres ». Nous reprécisons que l'échantillon concerne 4326 enfants âgés de 4 ans révolus au moment de l'enquête (année 2005). Ensuite, s'agissant des variables explicatives du modèle, elles sont considérées comme exogènes. Le bien-être des enfants considérés est supposé être déterminé par trois groupes de facteurs :

(i) Au niveau du ménage : l'éducation de la mère est censée agir sur la santé de l'enfant. Par exemple, l'accès à l'information en matière de santé pour une mère qui sait lire et écrire. Pour mieux capter l'information, nous avons distingué le niveau d'instruction de la mère en analphabète, primaire, secondaire, supérieur ; l'IRM en plus pauvres, pauvres, moyen pauvres, riches, plus riches ; le type de logement en traditionnel, moderne ; le type de WC en traditionnel, moderne, sans WC ; le mode de gestion des sanitaires en collectif, privé ; la principale source d'eau potable en salubre, insalubre ; le temps d'approvisionnement en eau (moins 30 minutes, plus de 30 minutes). Ces modalités sont censées avoir une incidence sur le bien-être infantile comme nous l'avons constaté dans les analyses précédentes ;

(ii) Au niveau individuel : l'âge et le sexe sont des indicateurs biologiques de santé physique. Par exemple, il a été supposé plus haut que l'indice taille-âge qui indique le retard de croissance chez les enfants, est fortement corrélé avec l'âge. Ces deux variables sont potentiellement agissantes sur le bien-être infantile. Leurs modalités sont : masculin, féminin pour le sexe et 0 an, 1-2 ans, 3-4 ans révolus pour l'âge ;

(iii) Au niveau communautaire, les facteurs candidats à un impact sur le niveau de vie des enfants sont le domaine (modalités : Sud Congo, Nord Congo, Pointe Noire, Brazzaville), la vaccination complète contre les maladies visées par le PEV/C : BCG, Polio, DTcoq, Rougeole (modalités : « oui », « non »). Le pouvoir explicatif de ces variables a été pressenti lors de l'analyse descriptive (chapitre 3) puis dans le profil de pauvreté (section 4.1 du présent chapitre). Toujours au niveau communautaire, l'analyse descriptive révélait l'influence, sur le développement infantile, de la vitamine A (modalités : « vitaminé A », « Non vitaminé A »), du type d'assistance à l'accouchement de la mère (modalités : personnel de santé, traditionnel, non assisté), de l'indice taille-âge : ITAG (modalités : sévèrement malnutris, malnutris) et de l'allaitement au sein (modalités : « oui », « non »). Ce sont des potentielles variables explicatives.

Note 2 : Une étude qui étendrait l'âge des enfants au-delà de 5 ans, se révélerait intéressante si elle intègre l'aspect éducation scolaire aussi bien dans l'élaboration de l'ICP des enfants que dans le modèle. Cette option est à l'évidence excentrique pour la présente étude.

4. 2. 2 Les options econometriques, resultats et interpretation

Il est présenté ici, les options économétriques et les résultats de la modélisation.

4.2.2.1 Options économétriques

L'approche économétrique des déterminants de la pauvreté infanto-juvénile avec le

modèle probit se réfère à l'équation (I). Fondée sur l'enfant comme unité d'analyse, l'on sait qu'il est plus aisé de maximiser l'équation (II) ci-après, laquelle équivaut au même modèle, mais cette fois sous la forme latente.

p i = âi Xi + âm X m + â c Xc + u i

*( II)

Où, X i , X m ,X c garde la même signification que dans l'équation (I), de même que ui se réfère toujours au terme aléatoire, et :

p i

1 si p i >c
0 si p i=c

Avec : c = nombre réel, limite de tolérance rapportée à la variable latente *

yi , elle-même se

rapportant au risque de pauvreté infanto-juvénile.

Notons que56 :

--> les coefficients estimés seront jugés significatifs à travers la statistique du test du ratio de vraisemblance : le Likelihood Ratio Test (LRT);

--> les observations d'un même contexte étant souvent fortement corrélées (par exemple, il est simple de voir que l'IRM est une combinaison linéaire de type de logement, eau potable, etc.), l'on tiendra compte de cette interaction sans laquelle la recherche des déterminants de la pauvreté infantile par le modèle probit conduirait à une sous-estimation de l'inertie des coefficients du modèle et donc à une perte d'information. Ce phénomène (nommé multicolinéarité) sera testé via les statistiques de Klein/VIF/Glauber (automatiquement). De même, l'évaluation de la qualité du modèle sera faite en estimant soit le nombre de fausses prédictions (nfp) soit le nombre d'unités bien classées (% ubc) ;

- Une fois la multicolinéarité levée, il sera procédé à une application systématique de

la correction d'hétéroscédasticité de Huber (1967)/White (1980), car l'on suppose que l'effet taille de l'échantillon pourrait altérer la robustesse du modèle.

56 Toutes ces indications sur les tests sont explicitées en encadré F.3 de l'annexe F.

4.2.2.2 Résultats et interprétation

Le tableau 4.7 ci-après donne les résultats des estimations probit du risque de pauvreté

infanto-juvénile, notamment les coefficients de régression et les effets marginaux.

Tableau 4.7 : Coefficients de régression et effets marginaux des estimations Probit

Dependent Variable : Partition from score_ICP

Method : Binary Probit of Newton-Raphson

 
 
 

Variable

Coeff

Std.Error

t-Stat

Prob.

Effet marg.

Const.

-3.5931

1.2402

-2.8971

0.0038

-0.0738*

Sexe enfant/féminin

masculin

âge enfant/3-4 ans révolus

-0.0578

0.0238

-2.4285

0.0012

-0.0212*

0 ans révolus

-0.4079

0.0608

-6.7038

0.0011

-0.1390*

1-2 ans révolus

-0.4042

0.0541

-7.4730

0.0019

-0.1297*

IRM/plus riches plus pauvres

-2.1482

0.1057

-20.3210

0.0000

-0.2028*

pauvres

-0.1677

0.0384

-4.3722

0.0411

-0.0553*

moyen-pauvres

-0.1100

0.0482

-2.2830

0.0417

-0.0254*

riches

-0.0281

0.3513

-0.0800

0.1139

-0.0098

Qualité logement/traditionnelle moderne

3.4667

0.2402

14.4334

0.0000

0.0666*

IPL/4-6 personnes par pièce

 
 
 
 
 

0-1 personne par pièce

-0.2388

0.3326

-0.7179

0.1660

-0.0019

2-3 personnes par pièce

0.6540

1.8031

0.3627

0.2707

0.0014

Lieu d'aisance/sans wc wc moderne

2.3035

0.5922

3.8898

0.0000

0.0226*

wc traditionnel

-1.0930

0.3691

-2.9613

0.0000

-0.0989*

Gestion wc/privé collectif

-0.1407

0.1055

-1.3335

0.1824

-0.0402

Sel iodé/> 15 ppm sel 0 ppm

0.2406

0.2572

0.9355

0.1340

0.0465

sel < 15 ppm

0.2100

0.2819

0.7449

0.1337

0.0501

Source eau/insalubre salubre

1.2135

0.1051

11.5505

0.0000

0.0963*

Temps approvisionnement Eau/> 30 mn

 
 
 
 
 

<= 30 mn

-0.1461

0.0999

-1.4612

0.1440

-0.0305

Niveau d'instruction mère/supérieur analphabète

0.0013

0.0004

3.2500

0.0429

0.0001*

primaire

0.0246

0.0118

2.0804

0.0493

0.0145*

secondaire

0.0689

0.0381

1.8100

0.0721

0.0246**

ITAG/malnutris sévèrement malnutris

-0.0097

0.2357

-0.0413

0.9671

-0.0024

Allaitement au sein/ « non » oui

-0.0351

0.5397

-0.0650

0.9481

-0.0070

Micronutriment/« non vitaminé A »

 
 
 
 
 

« vitaminé A »

0.5303

0.0839

6.3206

0.0039

0.0956*

Vaccination complète/« non »

 
 
 
 
 

« oui »

0.5096

0.0318

16.0250

0.0000

0.0985*

Assistance accouchement/non assisté personnel santé

0.0027

0.0005

5.4002

0.0048

0.0011*

traditionnelle

-0.2357

0.0888

-2.6530

0.0044

-0.0056*

Domaine de résidence/Brazzaville

 
 
 
 
 

Pointe Noire

0.1301

0.0685

1.8992

0.0854

0.0396**

Nord Congo

0.0299

0.0151

1.9808

0.0222

0.0135*

Sud Congo

0.1219

0.0580

2.1017

0.0295

0.0294*

Mean dependent var

 

0.4223 = (1)

 
 

Log likelihood

-444.117

= vraisemblance logarithmique modèle

non contraint

Restr.log likelihood

-2919.982

= vraisemblance logarithmique modèle

restreinte

LRT [Prob.(LRT)]

4951.727

[0.000]= (2)

 
 

Khi-deux (Prob.)

4971,845

(0.000)= (3)

 
 

% ubc

 

84.79 % = (4)

 
 

Obs with Dep=0 2499 = effectif classe enfants «non pauvres»

Obs with Dep=1 1827 = effectif classe enfants «pauvres»

Total obs 4326 = taille de l'échantillon

/... = base ou modalité de référence

t-stat = t statistique i.e, coefficient (coeff) par l'erreur type (std.error)

Prob. = plus-value ; Effet marg. = effet marginal * = significatif au niveau d'évidence 5 % au plus ** = significatif au niveau d'évidence compris entre 5 % et 10 %

Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I 2005

Avant de procéder à l'interprétation de ces résultas, nous faisons au préalable des remarques suivantes :(r1) il ne faut pas perdre de vue que le risque de pauvreté estimé par le modèle sera interprété en termes de vulnérabilité, c'est-à-dire la probabilité existant actuellement (ex anté) pour un enfant de se trouver à l'avenir (ex post) en situation de pauvreté s'il ne l'est pas, ou d'y demeurer et même s'y enfoncer davantage s'il l'est déjà ; (r2) il ne faut pas également perdre de vue que la pauvreté s'interprète plus aisément en termes de «bien-être», surtout chez les enfants, ce qui suppose que les expressions «rehausser le niveau de bien-être» et «baisser le risque de pauvreté», sont équivalents .Il en est de même pour les expressions « déterminant», «facteur explicatif'' ; (r3) le modèle maximise une fonction de demande de santé ; (r4) l'interprétation des paramètres du modèle est faite par rapport aux modalités de référence des différentes variables.

L'interprétation des résultats consignés dans le tableau 4.7 ci-dessus est déclinée en deux parties à savoir, les statistiques sur l'évaluation de la robustesse des résultats (partie surlignée en gris), d'une part les coefficients et les effets marginaux (respectivement sur les 2ème et 6ème colonne), d'autre part.

S'agissant des statistiques relatives à l'évaluation de la qualité du modèle ; il ressort

que :

--> (1) désigne le risque pour un enfant congolais d'être pauvre avant d'atteindre son 5ème anniversaire. Ce risque lié à la distribution des caractéristiques de la population à coefficients constants, est en moyenne égal à 42,23 %, toutes choses étant égales par ailleurs (T.C.É.P.A.). Cette moyenne n'est autre que l'incidence de la pauvreté non monétaire infanto-juvénile, estimée dans la section 4.1.2, et nous savons qu'un tel ratio est indépendant du seuil absolu de pauvreté que nous avons fixé à 34,7 % ;

--> (2) correspond à la statistique du test du ratio de vraisemblance (LRT) montrant la significativité à 5 % des paramètres du modèle. De par la présentation du modèle, nous savons que cette statistique dérive du produit par moins 2, de la différence entre les deux logarithmes de vraisemblance qui la précèdent ;

--> (3) est la statistique du khi-deux, garantissant la significativité du rejet de l'hypothèse d'indépendance entre la variable dépendante et les régresseurs significatifs ;

--> (4) est la statistique d'évaluation de la qualité de notre modèle, une fois les phénomènes de multicolinéarité et d'hétéroscédasticité pris en compte de façon automatique et systématique. Cette proportion estimée à 84, 8 % (soit près de 3 668 enfants de moins de 5 ans sur 4326), représente le nombre d'unités bien classées ou, en d'autres termes, l'équivalent

du coefficient de détermination du modèle, c'est-à-dire le pourcentage de la variabilité expliquée par le modèle.

En ce qui concerne les coefficients du modèle et les effets marginaux, deux types d'informations sont à relever :

Premièrement, l'approche économétrique des déterminants de la pauvreté infantile met en évidence un résultat mitigé. Celui-ci en effet s'inscrit à l'opposé des résultats des analyses descriptives faites précédemment. En effet, le modèle probit binaire montre qu'il y a quatre (4) variables caractéristiques des ménages, pour lesquels au seuil de confiance d'au plus 10 %, nous ne saurons admettre l'existence de leur influence sur le niveau de bien-être des enfants. Il s'agit : (i) de l'utilisation du sel iodé, (ii) du mode de gestion des sanitaires, (iii) de l'indice de peuplement du logement et (iv) de la modalité « riches » de l'indicateur de niveau de vie des ménages. Pour les mêmes raisons, il y a deux dimensions communautaires qui ne sont pas liées à la vulnérabilité infantile congolaise à savoir l'allaitement au sein et l'alimentation.

Deuxièmement, lorsque nous nous intéressons aux coefficients significativement non nuls, c'est-à-dire ceux qui « impactent » sur le risque de pauvreté infanto-juvénile, des commentaires, en termes de bien-être peuvent être formulés :

--> au niveau individuel, le modèle révèle que le risque de pauvreté dans la petite enfance est fonction du sexe et de l'âge.

Pour le sexe, cela se matérialise par un coefficient de régression négatif ; ce qui signifie qu'il y a plus de « chance » de vulnérabilité des garçons que des filles eu égard à la modalité de référence. Toutefois, la sensibilité inhérente à la probabilité pour un garçon d'être « pauvre » est faible et vaut -0,0212, toutes choses étant égales par ailleurs (T.C.É.P.A.). Ce résultat corrobore une observation mise en relief dans le tableau 4.4 relatif aux « 3 I »57 du profil de pauvreté, résultat qui stipulait que la pauvreté infanto-juvénile est très faiblement liée au sexe de l'enfant. Qu'à cela ne tienne, et même si « une approche genre » nécessiterait une prise en charge par les décideurs de la petite enfance sans distinction de sexe, l'étude suggère une réduction de la pauvreté devant accorder une attention particulière aux garçons qui sont plus vulnérables que les filles.

Par rapport à l'âge, il est à souligner qu'il est un facteur explicatif du risque de pauvreté. Les coefficients négatifs et significativement non nuls y relatifs prouvent que l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant d'être pauvre. En effet, la sensibilité de la

57 Incidence (ou ratio), Intensité (ou profondeur) et Inégalité (ou sévérité).

probabilité pour un enfant d'être pauvre est réduite de 0,1390 à 0,1297 ; soit une baisse d'environ 7 % en passant de 0 an à 1 ou 2 ans révolus. Ainsi, T.C.É.P.A., le risque pour un enfant d'être en situation de pauvreté à l'avenir est plus élevé dans sa vie « infantile » que dans sa vie « juvénile ». Une telle disparité de la sensibilité de la survenue de la pauvreté se voudrait similaire à celle révélée par la figure 3.11 et consignée dans le tableau 4.4. Cependant, il est d'une grande importance de ne pas entériner les résultats de la figure 3.11 via cette analyse économétrique. Cette figure en effet, illustrait des ratios de déficit alimentaire chronique croissant entre 0-1 an. Malheureusement, les résultas économétriques relatifs à l'indicateur anthropométrique (ITAG) sont très loin d'être statistiquement significatifs. À l'opposé, les observations du tableau 4.4 sont valides, parce qu'elles dénotent des «3 I» du profil de pauvreté de s'amortir avec l'âge de l'enfant. En effet, ce tableau rapporte que les enfants de 1 an révolu sont plus enclins à la pauvreté pour tous ses « 3 I ». Il semble qu'il n'est pas accordé une place de choix à l'âge de l'enfant dans l'allocation des ressources et infrastructures adéquates surtout durant les 24 premiers mois de la vie.

--> au niveau du ménage, le risque de pauvreté en bas âge s'explique par cinq (5) variables : (i) l'IRM, (ii) la qualité de l'habitat, (iii) le type de lieu d'aisance, (iv) l'eau potable et (v) le niveau d'instruction de la mère.

En premier lieu, le niveau de bien-être du ménage en termes de commodités se révèle comme facteur déterminant du bien-être infanto-juvénile. Les effets marginaux des ménages les plus démunis sont négatifs et significatifs, et les enfants issus des ménages plus pauvres sont les plus vulnérables. Ces effets dévoilent, T.C.É.P.A., que les « chances » d'être pauvre dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage. La sensibilité (valeur absolue d'un effet marginal) de ces « chances » est relativement plus élevée pour les enfants des ménages plus pauvres (0,2028) que leurs homologues des ménages plus riches. Ce résultat montre qu'une régulation de l'État est nécessaire, notamment dans une répartition intelligente des revenus, afin de permettre à toutes les couches de population de jouir des fruits de la croissance.

En second lieu, nous constatons, T.C.É.P.A., que habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le niveau de bien-être des « tout petits ».

En troisième lieu, nous soulignons que, par rapport aux ménages sans WC, il y a, T.C.É.P.A, un impact positif des ménages ayant des sanitaires modernes (0.0226) sur le niveau de bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est contrebalancé un peu plus de quatre (4) fois par un effet négatif des ménages ayant des sanitaires traditionnels (-0,0989). Nous pensons que l'ajout aux PNDS congolais d'un volet « sensibilisation » sur

l'impact des aménagements sanitaires et le soutien aux actions de modernisation de sanitaires pourrait freiner le risque de vulnérabilité infantile ;

En quatrième lieu, la consommation de l'eau potable provenant des sources salubres se révèle comme principal facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile, T.C.É.P.A.. Elle est susceptible de rehausser le niveau de bien-être infanto-juvénile (et donc de baisser le risque de pauvreté infanto-juvénile) d'environ 10 % (0.0963), résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau d'évidence au-dessous de 1 %. Ces deux derniers résultats corroborent l'élaboration de l'ICP faite à l'issue de l'ACM (voir conclusion relative au tableau 4.2) ;

En cinquième lieu, le modèle montre que le niveau d'instruction de la mère est un déterminant de la vulnérabilité infanto-juvénile. Et bien que le coefficient rattaché à la modalité « secondaire » ne soit significatif qu'à un niveau d'évidence de plus de 5 % (7,21 %), tous les coefficients sont positifs et significatifs. Ainsi, T.C.É.P.A., le risque de pauvreté infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la mère : « le comportement des femmes ayant un niveau d'instruction avéré modifie positivement le niveau de bien-être des enfants de moins de 5 ans ». Cette modification est d'une sensibilité graduelle ; elle passe d'une valeur minimale de 0,01 % à une valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la mère varie d'analphabète au secondaire. Quelques commentaires méritent d'être faits sur cette variable qui a souvent attiré l'attention de nombre d'analystes du bien-être. L'on pourrait admettre que l'aptitude à préserver le bienêtre des enfants est, dans une certaine mesure, liée aux opportunités économiques des femmes (résultat constaté dans le cas du Congo, du Cameroun et certainement dans d'autres PVD). Si tel est le cas, alors les canaux envisageables d'affermissement du bien-être de l'enfant seraient par exemple (i) les appels d'offres spécifiques aux mères ; (ii) l'amélioration du capital productif pour celles qui ont déjà été insérées ; (iii) l'encouragement à l'effort dans la compréhension des conseils lors des visites post accouchement ; (iv) l'octroi aux femmes, de certaines facilités dans l'accès aux services sociaux (informations sanitaires, éducation, etc.).

--> enfin, au niveau environnemental, il ressort quatre (4) variables significatives : (i) la vitamine A, (ii) la vaccination, (iii) le type d'assistance à l'accouchement et (iv) la géographie

En premier lieu, nous relevons le rôle prédominant sur la santé des enfants, de la vitamine A et de la vaccination complète contre les maladies cibles du PEV/C. Ces deux pôles sont des principaux déterminants communautaires, du risque de pauvreté infantile. En

effet, le modèle montre que, T.C.É.P.A., l'administration aux enfants de la vitamine A et la jouissance de tout l'éventail des vaccins préconisés par le PEV/C, rehaussent chacune le niveau du bien-être des enfants d'environ 10 %, ceci respectivement, par rapport aux enfants à qui il n'est pas administré de vitamine A et n'ayant pas été couvert par la vaccination. Par conséquent, il serait judicieux pour l'État de faciliter l'accès aux formations sanitaires et de diffuser largement les programmes de vaccination, surtout en milieu rural. En effet, nous savons que pour des raisons aussi bien de disponibilité et de transport, les formations et informations de santé sont plus accessibles en zone urbaine qu'en zone rurale. L'instruction des mères peut une fois de plus être citée comme palliatif.

En deuxième lieu, il s'ajoute aux deux précédents facteurs, l'incidence significative du type d'assistance à la naissance de l'enfant. Les estimations probits révèlent que, T.C.É.P.A., l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé accroître (bien que faiblement) le bien-être infantile, mais, cet effet marginal positif est quelque peu équivoque, parce qu'il est contrebalancé (5 fois plus) par une sensibilité des femmes qui accouchent traditionnellement (0,0011 contre -0,0056). Ce résultat conforte celui mentionné à la section 3.2.2 : les mères de niveau d'instruction plus bas, et donc des ménages plus pauvres, accouchent avec une assistance de moindre qualité, d'où une mauvaise préservation de la santé infantile pour ces mères. Un accent sur l'instruction des mères demeure à fortiori un canal de remède en la matière, et peut-être il y a lieu de suggérer une meilleure efficience des formations sanitaires en termes d'accouchements et de soins prénataux couplés à une réduction des coûts relatifs à l'accouchement couplés à une baisse du coût du médicament.

En troisième lieu, un autre élément communautaire attire notre attention : la localisation géographique. En effet, par rapport à la capitale politique (Brazzaville), les effets marginaux relatifs à Pointe-Noire, au Nord Congo et au Sud Congo sont tous positifs et significatifs. Ainsi, la localisation spatiale de l'enfant (ou du ménage) est un déterminant de sa vulnérabilité. T.C.É.P.A., les sensibilités au bien-être infantile sont toutes positives et plus grandes dans la capitale économique (3,96 %). Elles sont de 2,94 % et 1,35 %, respectivement au Sud Congo et au Nord Congo. Un tel résultat s'expliquerait par la nature du modèle qui assure un contrôle de toutes les raisons évoquées précédemment par l'IRM en termes de besoins de base, ce qui conforte le profil de pauvreté élaboré plus haut, lequel révèle notamment une pauvreté infanto-juvénile ayant au même titre que la pauvreté des ménages, un caractère régional. En effet, les « 3 I » de la pauvreté se sont révélés plus grands dans les domaines Nord Congo et Sud Congo (qui regorgent plus des zones rurales) par rapport à Pointe-Noire et Brazzaville, dans lesquelles ces « 3 I » apparaissent relativement

plus faibles. Un désenclavement de l'arrière-pays et une dotation en infrastructures de base, surtout sanitaires constituerait une solution dans les régions encore mal loties.

Ainsi, l'analyse économétrique, bien qu'ayant rejeté le caractère explicatif du bienêtre infantile pour six (06) variables supposées potentiellement explicatives lors des analyses descriptives, en a qu'en même validé onze (11). Parmi ces onze variables pertinentes, le modèle a validé l'hypothèse classique de l'approche indirecte d'analyse de la pauvreté infantile : « les enfants issus des ménages pauvres le sont systématiquement ». Cependant, relevons une nuance établie à deux niveaux dans la présente approche directe. D'une part, la richesse des ménages est entendue ici en termes de commodités (besoins de bases) et non en termes monétaires. D'autre part, elle ne cadre pas avec le côté que nous pouvons appeler « fort » de l'hypothèse traditionnelle préconisée par l'approche indirecte [« ...une pauvreté infantile exclusivement héritée des ménages... »]. En effet, le modèle exhibé montre trois catégories de facteurs qui sont en mesure d'influencer le niveau du bien-être en bas-âge : (i) toutes les deux (02) caractéristiques postulées sur l'enfant lui-même ; (ii) cinq (05) caractéristiques des ménages sur les neuf postulées ; et (iii) quatre (04) caractéristiques communautaires sur les six envisagées. En conséquence, l'analyse faite ne contredit nullement l'approche monétaire mais la complète : le point commun à ces analyses directe et indirecte réside en une pauvreté infantile héritée des parents, l'effet additionnel étant par conséquent les deux autres catégories de facteurs déterminants de la pauvreté infantile, à savoir les variables biologiques de l'enfant (pauvreté intrinsèque) et les variables communautaires (pauvreté structurale ou communautaire).

4.3 LIMITES DE L'ETUDE ET PERSPECTIVES

Cette section présente les faiblesses et les recommandations découlant de cette étude.

4.3.1 Limites de l'étude

Les résultats obtenus dans la présente étude méritent d'être nuancés dans la mesure où

ils exhibent quelques faiblesses liées à la fois aux techniques utilisées d'une part et à la nature

des données traitées d'autre part. Au nombre de celles-ci l'on peut retenir les suivantes :

Le manque de robustesse de l'ICP infanto-juvénile élaboré est imputable à la nature du logiciel SPAD qui attribue une pondération uniforme à toutes les composantes, alors qu'il n'est pas faux d'admettre que le niveau d'instruction de la mère (par exemple), a plus d'importance que l'administration à l'enfant des nutriments contenant de la vitamine A.

n Le profil de pauvreté élaboré ici n'a pas été en termes d'analyse de la sensibilité. En effet, bien que ce profil ait permis un classement des enfants des trois catégories de variables sélectionnées (enfant, ménage, environnement) en fonction des niveaux de pauvreté (les « 3 I »), il n'a cependant pas procédé à une vérification de la robustesse de ce classement au choix de la ligne absolue de pauvreté z fixée à 34,7 %. Cette faiblesse nécessite des tests de dominance stochastique qui permettent d'étudier la sensibilité envisagée. À cette fin, une possibilité consisterait à faire varier le z fixé à des valeurs croissantes ou décroissantes de 5 %, et d'observer la conséquence sur les « 3 I », c'est-àdire : appliquer une méthode de balayage avec un pas de 5 % à chaque simulation.

n Une des principales insuffisances de l'approche d'analyse de la pauvreté utilisée ici est liée au fait qu'elle n'est pas dynamique. En effet, la pauvreté n'étant pas un phénomène statique, son étude en coupes instantanées ou encore en coupes transversales ne saurait rendre compte des facettes de ce problème. Une approche longitudinale utilisant les modèles de durée serait plutôt appropriée pour l'analyse de la pauvreté et l'élaboration de son profil. Par ailleurs, la disponibilité des données sur les panels suivis régulièrement aurait permis d'envisager une alternative par laquelle la modélisation probit/logit s'utiliserait pour analyser les déterminants d'une pauvreté infantile conjoncturelle ou transitoire. Notons qu'en plus de ce dernier volet de pauvreté, les données de panels pourraient servir à évaluer les performances de stratégies de réduction de la pauvreté en bas-âge.

n Enfin, l'analyse directe choisie occulte le volet monétaire de la pauvreté des ménages. En effet, tout au long de l'analyse des résultats, nous nous sommes aperçus qu'un meilleur ciblage des stratégies de consolidation du bien-être des enfants passe, dans une certaine mesure, par un brassage des indicateurs monétaires et non monétaires. Cela permettrait de mieux allouer les ressources et donc de mieux orienter les stratégies de prise en charge de la petite enfance. Par exemple, l'étude a révélé que le niveau d'éducation de la mère est un des principaux déterminants de la santé infanto-juvénile. À ce titre donc, la pauvreté monétaire peut aussi être associée étroitement à la même variable, de sorte que les politiques visant à améliorer l'éducation des femmes soient susceptibles d'avoir des effets de synergie simultanément sur la santé et sur la pauvreté des ménages.

4.3. 2 Perspectives

À la lumière de quelques principaux résultats de notre analyse empirique, nous essayons de formuler les suggestions suivantes, en plus des orientations stratégiques consignées dans le DSRP du Congo.

Tableau 4.8 : Perspectives du bien-être en bas-âge : points d'encrage et suggestions

 

Points d'encrage

Activités ou Suggestions

Vulnérabilité infanto-juvénile intrinsèque

Une attention particulière aux garçons, lesquels sont plus vulnérables que les filles.

Une place de choix à l'âge de l'enfant dans l'allocation des ressources et infrastructures adéquates, surtout durant leurs 24 premiers mois de leur vie

Lutte contre la pauvreté infanto- juvénile héritée du ménage

Répartition intelligente des revenus à toutes les couches de population de manière à offrir une meilleure préservation du bien-être en bas-âge

Initiation et Encouragement des projets de construction des habitations modernes : palliatif à l'exacerbation de la pauvreté des « touts petits ».

Ajout d'un volet « sensibilisation poussée » sur l'impact des

aménagements sanitaires sur le PNDS congolais et Soutien des initiatives de modernisation sanitaires : frein à la vulnérabilité infantile

Installation de davantage de robinets publics : atout majeur pour la réduction de la pauvreté infantile

Offres de plus d'opportunités économiques aux femmes (appels d'offres spécifiques, amélioration du capital productif, encouragement à l'appréhension des conseils lors des visites pré/postnataux, octroi de certaines facilités dans l'accès aux services sociaux)

Lutte contre la pauvreté infantojuvénile environnementale

Octroi aux femmes des facilités d'accès aux formations sanitaires, Large couverture vaccinale, Infrastructures (désenclavement, transport, communication, hôpitaux)- surtout en milieu rural.

Instruction/ Éducation de base aux femmes : priorité

Efficience des formations sanitaires en termes d'accouchements et de soins prénataux, Réduction des coûts relatifs à l'accouchement et au médicament.

Désenclavement de l'arrière-pays et Dotation en infrastructures

sanitaires, surtout dans les régions encore mal loties

Source : l'auteur

 
 
 

À cette fin, une synergie serait par exemple d'engager de concert avec les institutions tant nationales qu'internationales impliquées dans l'évaluation de la pauvreté, l'élaboration des termes de références suivant une optique directe de mesure du bien-être infantile tels que : (i) Pauvreté des enfants et dépenses publiques de modernisation ; (ii) Pauvreté des enfants et accès de la femme à l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et opportunités socioéconomiques pour la femme ; (iv) Pauvreté des enfants et genre au Congo ; (v) vulnérabilité des enfants et environnement.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Au terme de cette étude, outre l'atteinte des objectifs de nature académique et professionnelle, l'étude empirique a tenté de prendre en main certaines dimensions descriptives et explicatives de la pauvreté des ménages et des enfants au Congo. À cette fin, basée sur l'EDSC-I 2005, la présente étude avait pour finalité d'une part de mesurer et d'analyser les déterminants du bien-être infanto-juvénile et, d'autre part, d'analyser les facteurs de vulnérabilité infanto-juvénile. L'analyse permet de présenter cinq principales catégories de résultats.

En premier lieu, l'objectif de l'étude était de simuler le niveau de vie de ménages. Une analyse des correspondances multiples (ACM) affinée par une agrégation de type Ward a permis de classifier 5879 ménages à partir d'un ensemble de onze variables relatives au cadre de vie et aux actifs possédés. Cinq classes regroupées en trois catégories ont été distinguées en termes de pauvreté par les besoins de base. Cette pauvreté est vécue sous trois angles : une carence en infrastructures, une insécurité à l'existence humaine et un déficit en confort. La première catégorie de ménages, assimilée globalement aux ruraux, oppose d'une part le Nord Congo qui vit une situation de pauvreté accentuée et, d'autre part, le Sud Congo qui la vit modérément. La deuxième catégorie de ménages est assimilée à la zone « semiurbaine, semi-rurale ». Elle vit une situation intermédiaire de pauvreté. Enfin, la troisième catégorie de ménages, assimilée globalement aux urbains, oppose d'une part les grandes métropoles (Brazzaville et Pointe Noire) qui vivent une situation de vulnérabilité modérée et, d'autre part, les villes secondaires (Nkayi, Dolisie, Ouesso) qui vivent une pauvreté sévère.

En deuxième lieu, l'objectif de l'étude était de décrire sommairement le bien-être infantile. Ce dernier a été analysé à base d'un échantillon national de 4904 enfants de moins de 5 ans. Premièrement, dans l'ensemble, la couverture vaccinale totale n'est que d'environ 18 % et la probabilité qu'un enfant reçoive la totalité des vaccins contre les maladies cibles du PEV/C s'élève avec le niveau d'instruction de la mère. Deuxièmement : (i) un peu plus de 9 enfants sur 10 sont allaités au sein ; (ii) la qualité d'assistance à l'accouchement est le majeur déterminant de la fréquence d'allaitement ; (iii) la fréquence d'allaitement varie très légèrement avec le sexe de l'enfant. Troisièmement : (i) quelle que soit la région, très peu de ménages consomment du sel non iodé ; (ii) le niveau d'instruction élevé de la mère influe positivement sur la fréquence d'administration aux enfants de la vitamine A. Quatrièmement, un peu plus d'un enfant sur quatre endure une malnutrition pérenne au Congo (26 %).

En troisième lieu, l'objectif de la recherche était d'élaborer et d'analyser un indicateur composite de pauvreté (ICP) infanto-juvénile. À cette fin, une ACM a été utilisée,

portant sur un échantillon de 4326 enfants. Deux classes sont distinguées : la classe « enfants pauvres », caractérisée par un cadre de vie précaire et une privation d'au moins un besoin de base et, la classe « enfants non pauvres », caractérisée par un cadre de vie relativement décent et une jouissance d'au moins un besoin de base. L'ICP a montré que les enfants congolais de moins de 5 ans sont enclins à trois types de pauvreté : (i) une pauvreté héritée des parents, (ii) une pauvreté structurale et (iii) une pauvreté induite par l'âge et le sexe de l'enfant lui-même.

En quatrième lieu, l'étude a estimé trois types d'indices composites de pauvreté : l'incidence, l'intensité et l'inégalité (« 3 I »). D'abord, une classification a permis de déterminer d'une part un seuil absolu de pauvreté infanto-juvénile, lequel a été fixé à 0,347 et, d'autre part, une incidence de pauvreté de 42, 2 %. Ensuite, les « 3 I » ont été estimé selon la formulation de FGT. Sous l'angle intrinsèque, l'étude a révèlé que d'une part, l'incidence de la pauvreté ne discrimine pas le sexe de l'enfant et, d'autre part, les enfants de 1 an révolu sont plus enclins à la pauvreté. S'agissant des caractéristiques du ménage, la recherche a montré que les « 3 I » de la pauvreté chutent brutalement lorsque l'on passe des enfants des ménages plus pauvres à leurs homologues des ménages plus riches. En particulier, il a été trouvé qu'un peu plus de 6 % d'enfants de moins de 5 ans qui, bien qu'issus de ménages riches ou plus riches, sont frappés d'un manque d'au moins un besoin de base. Sous le même angle, les enfants dont la mère est plus instruite ont plus d'opportunité en termes de qualité de bien-être. Enfin, sous l'angle communautaire l'étude a montré que : (i) la pauvreté infantojuvénile revêt un caractère régional [l'indice numérique de pauvreté est plus élevé au Nord Congo (60 %), suivi du Sud Congo (52 %) par rapport à Pointe Noire et Brazzaville où il vaut respectivement 25 % et 24 %] ; (ii) il y a discrimination entre deux blocs administratifs, d'un côté « Brazzaville et Pointe Noire » avec un indice numérique de pauvreté infanto-juvénile modéré et avoisinant plus de la moitié de la moyenne du Congo (42,2 %), et de l'autre, « Nord Congo et Sud Congo » avec un ratio de pauvreté infanto-juvénile accentué (un peu plus du double de la même tendance centrale) ; (iii) au Congo, l'accouchement sans assistance est le principal facteur de l'extrême précarité de l'existence en « bas-âges ».

En cinquième lieu, l'étude a essayé d'élaborer un profil de vulnérabilité infantojuvénile à l'aide d'une estimation économétrique basée sur un échantillon de 4326 enfants. La modélisation probit a été utilisée à cet effet. Elle a suggéré quelques résultats qui tendent à confirmer certaines relations établies dans le cadre des analyses descriptives. Côté individuel de l'enfant, le modèle révèle qu'il y a plus de « chance » de vulnérabilité des garçons que des filles et que l'âge influence à la baisse la probabilité pour un enfant d'être pauvre, T.C.É.P.A. Côté niveau de vie du ménage, les estimations rapportent que : (i) T.C.É.P.A., les

« chances » d'être pauvres dans la petite enfance diminuent avec le niveau de vie du ménage ; (ii) T.C.É.P.A., habiter un logement moderne est en mesure de rehausser le niveau de bienêtre infanto-juvénile ; (iii) T.C.É.P.A, un impact positif des ménages ayant des sanitaires modernes s'exerce sur le niveau de bien-être des enfants de moins de 5 ans, impact qui est contrebalancé par un effet négatif des ménages ayant des sanitaires traditionnels. De même : (i) T.C.É.P.A, la consommation de l'eau potable provenant des sources salubres se révèle comme principal facteur explicatif du bien-être infanto-juvénile (résultat qui est statistiquement significatif jusqu'à un niveau d'évidence au-dessous de 1 %) ; (ii) T.C.É.P.A., le risque de pauvreté infanto-juvénile fléchit avec le niveau d'instruction de la mère et la sensibilité inhérente à cet effet positif passe d'une valeur minimale de 0,01 % à une valeur maximale de 2,46 %, lorsque le niveau d'instruction de la mère varie d'analphabète au secondaire. Côté environnement, il ressort que : (i) T.C.É.P.A., la vitamine A et la jouissance de tout l'éventail des vaccins préconisés par le PEV/C, rehaussent chacune le niveau du bienêtre des enfants d'environ 10 % ; (ii) T.C.É.P.A., l'accouchement assisté par un personnel de santé est censé accroître (bien que faiblement) le bien-être infantile ; (iii) T.C.É.P.A., appartenir à un au pôle « Nord Congo et Sud Congo » rehausse le niveau du bien-être des enfants, par rapport à leurs homologues qui appartiennent au pôle « Brazzaville et Pointe Noire ».

Globalement, l'étude montre que, malgré les efforts consentis par le Gouvernement dans l'élan de la croissance, réduire la pauvreté infanto-juvénile pourrait nécessité une synergie. Ce serait, par exemple, d'engager de concert avec les institutions tant nationales qu'internationales impliquées dans l'évaluation de la pauvreté, l'élaboration des termes de références suivant une optique directe de mesure du bien-être infantile. Ces termes pourraient être : (i) Pauvreté des enfants et dépenses publiques de modernisation ; (ii) Pauvreté des enfants et accès de la femme à l'éducation ; (iii) Pauvreté des enfants et opportunités socioéconomiques pour la femme ; (iv) Pauvreté des enfants et genre au Congo ; (v) Pauvreté des enfants et environnement.

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

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[2] Ambapour S., 2006, « Pauvreté multidimensionnelle au Congo : une approche non monétaire », Document de Travail n° 13/2006 pp : 20-27, BAMSI.

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[37] Lebart L., Morineau A. et Piron M., 1995 « Statistique Exploratoire Multidimensionnelle »,2nd édition DUNOD, Paris, chapitre 2, section 3, pp : 177-184,439.

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[48] Ponty N., 1998, « Mesurer la pauvreté dans un PVD », STATECO n° 90-91, AoûtDécembre, pp : 50-70.

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[54] Tsiengeny T-J, 2006, « Analyse critique des profils de pauvreté et orientation des politiques pour le suivi des DSRP : Pertinence, limite et perspectives d'amélioration souhaitées », Rapport de stage, ENSEA-Abidjan.

[55] UNICEF, 2005, « La situation des enfants dans le monde : l'enfant en péril ».

[56] Volle M., 1980, Analyse des données, Economica, Paris.

[57] Yélé-Maweki, 2007, « Dominance stochastique et pauvreté multidimensionnelle dans les pays de l'UEMOA »,

[58] Zheng B., Cushing B-J. et Chow V-K, 1995, « Statistical tests of changes in U.S poverty, 1975 to 1990 », Southern Economic Journal, Vol.62, pp: 334-347.

[59] Zheng, 1997, «Aggregate poverty measures», Journal of Economic Surveys, Vol11, n°2.

ANNEXES

Annexe A : Objectifs du Millénaire pour le Développement et leurs cibles

Objectifs

Cibles

1

Réduire l'extrême pauvreté et la faim.

1

Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion des personnes vivant en dessous su seuil de pauvreté.

2

Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion des personnes qui souffrent de la faim.

2

Assurer l'éducation primaire pour tous.

3

D'ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires.

3

Promouvoir l'égalité des sexes et

l'autonomisation des femmes.

4

Éliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d'ici à 2005 si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015 au plus tard.

4

Réduire la mortalité infantile (enfants de moins de 5 ans).

5

Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans.

5

Améliorer la santé maternelle.

6

Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle.

6

Combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies.

7

D'ici à 2015, avoir stoppé la propagation du VIH/SIDA et commencé a inverser la tendance actuelle.

8

D'ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d'autres grandes maladies, et avoir commencé à inverser les tendances actuelles.

7

Assurer un environnement durable.

9

Intégrer les principes du développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales

10

Réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des services d'assainissement de base.

11

Réussir, d'ici 2020, à améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants de taudis.

8

Mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

12

Poursuivre la mise en place d'un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire. Cela suppose un engagement en faveur d'une bonne gouvernance, du développement et de la lutte contre la pauvreté, au niveau tant national qu'international.

13

S'attaquer aux besoins particuliers des pays les moins avancés. La réalisation de cet objectif suppose l'admission en franchise et hors contingent des produits exportés par les moins avancés ; l'application du programme renforcé d'allègement de la dette des PPTE et l'annulation des dettes bilatérales envers les créanciers officiels ; et l'octroi d'une APD plus généreuse aux pays qui démontrent leur volonté de lutter contre la pauvreté.

14

Répondre aux besoins particuliers des petits États insulaires en développement (en appliquant le Programme d'action pour le développement des petits États insulaires en développement et les conclusions de la vingtdeuxième session extraordinaire de l'Assemblée générale).

15

Traiter globalement le problème de la dette des pays en développement, par des mesures d'ordre national et international propres à rendre leur endettement viable à long terme.

16

En coopération avec les pays en développement, formuler et appliquer des stratégies qui permettent aux jeunes de trouver un travail décent et utile.

17

En coopération avec l'industrie pharmaceutique, rendre les médicaments essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement.

18

En coopération avec le secteur privé, mettre les avantages des nouvelles technologies, en particulier des technologies de l'information et de la communication, a la portée de tous.

Source : http://www.un.org.millennium/declaration.

Note : Déclaration du millénaire/OMD

Dans le prolongement des conférences mondiales organisées par les Nations Unies au cours des années 1990, la Déclaration du Millénaire de 2000 a manifesté une volonté forte

d'oeuvrer pour le droit au développement, la paix et la sécurité, l'égalité des sexes, l'élimination de la pauvreté sous ses nombreux aspects et le développement durable de la personne humaine. C'est cette déclaration, adoptée par 147 chefs d'État et 189 États, qui a défini les huit OMD, comportant 18 cibles assorties d'un calendrier précis

Annexe B : Limites des IPH - Principes, structure et limites des DSRP

Encadré B.1 : Quelques limites des IPH

n La mesure de l'illettrisme pose des problèmes. Dans les textes du PNUD, ce dernier est défini comme la proportion des adultes de 16 à 65 ans ayant des difficultés à comprendre un texte suivi. Rappelons que l'analphabétisme utilisé dans l'IPH suppose une incapacité totale de réaliser un exercice de lecture ou d'écriture d'un texte simple. L'illettrisme, dans cette acceptation internationale, se définit quant à lui par rapport à la capacité à comprendre un texte - au-delà donc du seul déchiffrage des mots. De ce fait, les chiffres d'illettrisme sont toujours plus élevés que les chiffres d'analphabétisme ;

n Les enquêtes auprès des ménages se basent sur la déclaration de l'enquêté pour connaître son niveau d'illettrisme ce qui créé un biais au niveau de la mesure de cet estimateur ;

n Contrairement à l'IDH, l'IPH nécessite une pondération spécifique de ses composantes car celles-ci sont partiellement substituables et pas simplement additives. En effet, les pondérations d'une manière générale sont choisies de manière arbitraire, ce qui ne donne évidemment pas des résultats très satisfaisants ;

n En plus de l'arbitraire dans les pondérations des sous composantes de l'IPH, l'IPH a un caractère exclusivement macro (Minvielle et Bry, 2003). Il ne prend donc pas en compte les spécificités de certaines sous populations cible des politiques économiques (disparité urbain/rural, tranches d'âges, etc.) ;

n Ces deux derniers auteurs, alors traitant le cas du Sénégal ont pu monter que l'IPH a le majeur inconvénient d'être phagocyté par l'un de ses composants à savoir : le taux d'analphabétisme des adultes de 16 à 65 ans ;

n La faiblesse majeure de l'IPH réside dans le fait d'une existence d'une dimension forte de la pauvreté de type `'sanitaire» (p1 et p3). Cette dimension importante est masquée par les caractéristiques de la composante analphabétisme (p2) qui s'approprie, de facto, l'indicateur : elle phagocyte ou absorbe l'IPH [Bourguignon et Chakravarty (2002), cités par Yélé Maweki Batana (mai 2007), in : « Dominance stochastique et pauvreté multidimensionnelle dans les pays de l'UEMOA »

Encadré B.2 : Principes fondamentaux, structures et limites des DSRP

Principes fondamentaux du dispositif des DSRP

Les stratégies de réduction de la pauvreté doivent être :

ü pilotées par les pays qui devront contribuer à favoriser leur internalisation grâce à une large participation de la société civile;

ü axées sur les résultats et les mesures susceptibles d'avoir un effet bénéfique sur les pauvres;

ü globales, dans la mesure où elles reconnaissent la nature multidimensionnelle de la pauvreté;

ü orientées sur le partenariat en favorisant la participation concertée des partenaires au développement

ü et inscrites dans une perspective à long terme du recul de la pauvreté.

Structure globale des DSRP

ü Description de l'état des lieux:

ü Description du processus participatif

ü Objectifs et axes stratégiques pour réduire la pauvreté

ü Évaluation des coûts et allocation des ressources

ü Dispositif de suivi/Évaluation

Limites des DSRP

Les critiques faites aux IBW et donc sur les DSRP proviennent des IBW elles-mêmes qui cherchent à évaluer leurs actions pour asseoir leur crédibilité. Le débat porte d'abord sur la pertinence des approches retenues en faveur de l'aide au développement ensuite sur la légitimité même des institutions bilatérales ou multilatérales en post-PAS. Selon une étude de la Banque Mondiale :

ü l'aide a un impact positif seulement dans le contexte de bonne politique de réformes futures efficaces. Il convient donc d'aller vers un déblocage des ressources d'aide en fonction des résultats et des politiques ;

ü Globalement, les politiques d'aide n'ont qu'un impact limité sur la réduction de la pauvreté et l'amélioration des indicateurs sociaux comme la santé et l'éducation ;

ü La teneur des DSRP est relativement uniforme. Les stratégies sont uniformes avec une faible prise en compte des réalités propres aux pays ;

ü Dans la majorité des cas, il s'agit d'une reprise des politiques antérieures avec des ajustements à la marge pour inclure des liens avec la pauvreté ;

ü En termes de processus, la démarche participative ne permet pas la gestion des conflits d'intérêt des acteurs nationaux dans le partage inégalitaire des ressources. Les questions liées à la redistribution sont peu évoquées. L'accent est mis sur la pauvreté dans une dimension anglo-saxonne plutôt que sur les inégalités (position française).

Source : Banque Mondiale (2002), repris par TSIENGENY T. J., Élève ISE/ENSEA-Abidjan, 2006

Annexe C : Objectifs spécifiques et plan d'échantillonnage de l'EDSC-I 2005

C.1 Les objectifs spécifiques de l'EDSC-I 2005, relatives avec la recherche

Ce sont : (i) collecter des données permettant de calculer divers indicateurs

démographiques; (ii) recueillir des données détaillées sur la santé maternelle et infantile ; (iii) évaluer le niveau de consommation de sel iodé ; (iv) déterminer l'état nutritionnel des mères et des enfants de moins de 5 ans ; (v) servir de comparaison internationale et renforcer les capacités du CNSEE

Encadré C.2 : Plan d'échantillonnage de l'EDSC-I

Les 12 départements du pays ont été regroupés en 4 domaines : (i) Brazzaville (ii) Pointe Noire, (iii) Sud Congo (Kouilou, Niari, Lekoumou, Bouenza, Pool) stratifié en urbain et rural et (iv) Nord Congo (Plateaux, Cuvette, Cuvette-Ouest, Sangha, Likouala) stratifié en urbain et rural. Au 1er degré, 225 grappes ont été tirées, proportionnellement à leur taille, à partir de la liste des ZD établies lors du RGPH 1996. Les ménages des grappes sélectionnées ont été exhaustivement dénombrés. Quant au 2ème degré les ménages ont été tirés de façon équiprobable, à partir de la liste des ménages établie lors du dénombrement. Un total de 24 ménages a été tiré dans chaque grappe urbaine contre 34 dans chaque grappe rurale pour un total de 6012 ménages sélectionnés pour l'enquête ménage. Par ailleurs, tous les individus des ménages tirés ont été identifiés à l'aide du questionnaire ménage. Toutes les femmes âgées de 15-49 ans (résidentes habituelles ou visiteuses) qui se trouvaient dans ces ménages ont été interrogés individuellement. En outre, ces femmes, de même que tous les enfants âgés de moins de 5 ans, ont été mesurés, pesés et ont fourni un échantillon de sang pour estimer la prévalence de l'anémie. De plus, dans un ménage sur deux, tous les hommes de 15-59 ans (résidents habituels ou visiteurs) ont également été interrogés individuellement. Rappelons enfin que toutes les 225 grappes sélectionnées dans l'échantillon ont pu être enquêtées. Par contre, sur les 6012 ménages sélectionnés, 5926 ménages ont été identifiés et trouvés au moment de l'enquête dont 5879 enquêtés avec succès (taux de réponse égal à 99 %). Et à l'intérieur des 5879 ménages enquêtés avec succès, 7440 femmes de 15-49 ans ont été identifiées éligibles. Et parmi elles, 7051 ont été interrogées (taux de réponse égal à 95 %). L'enquête homme par contre a été réalisée dans un ménage sur deux et 3515 hommes de 15-59 ans ont été identifiés. Parmi eux, 3146 ont été enquêté avec succès (taux de réponse à 90 %).

Source : EDSC-I 2005, repris par NGANGA, « Rapport de stage IAS 3 », ISSEA, 2007

Encadré C.3 : Cadre économique

Au sortir des conflits armés de la période 1997-1999, le Gouvernement s'est investi dans la mise en place des bases de la relance effective de l'économie nationale en s'inscrivant dans la double dynamique du sommet de Copenhague 1996 visant la réduction de moitié de la pauvreté d'ici à l'an 2015, conformément aux OMD et de l'IPPTE. En 2005, le Gouvernement a crée les conditions nécessaires à l'accession du pays au point de décision conformément aux exigences du programme appuyé par la Facilité pour la Réduction de la pauvreté et la Croissance (FRPC) signé en décembre 2004 avec les IBW. L'objectif fondamental demeure l'atteinte du point d'achèvement en 2007 grâce au DSRP en cours d'élaboration, qui circonscrit parfaitement les politiques de consolidation du cadre macroéconomique et de relance des secteurs clés de l'économie nationale. En fin d'année 2005, la situation macroéconomique du Congo s'est caractérisée entre autres, par la consolidation de la croissance économique (6,8 % en 2005 contre 4,2 % en 2004) grâce à la forte montée de la production pétrolière. Le PIB à prix courants a enregistré une hausse de 64,9 % en 2005 contre 20,9 % l'année précédente, passant de 2307.8 milliards de F CFA en 2004 à 3 157.8milliards de F CFA en 2005. La situation monétaire s'est consolidée : accroissement de 34,4 % de la masse monétaire, qui a été à 443,4 milliards en 2005 contre 330,0 milliards en décembre 2004, de même il eut désinflation : 2.1 % en 2005 contre 3.5 % en 2004, etc.

Note : Les estimations du RGPH 1996 fournissent un effectif de la population du Congo à cette période à 2 590 811 habitants. Les résultats des deux derniers RGPH (1984, 1996), menés à termes révèlent que la population congolaise est relativement jeune (45 % de la population est âgé de moins de 15 ans contre 51 % pour les 15-59 ans et 4 % de 60 ans et plus) et à prédominance féminine (51 %). Ces 45 % de ces jeunes dépassent de 7 points la tendance mondiale fixée à 38% par l'UNICEF et, vue comme telle, il va sans dire que la jeunesse congolaise est une frange de la population qui mériterait une attention particulière.

Source : EDSC-I 2005, pp : 2-3

Encadré C.4 : Cadre physique, politique et social du pays

Cadre physique

Situé en Afrique centrale, le Congo s'étend au sud-ouest sur 11 degrés de longitude est et de 5 degrés de latitude sud, et au nord-est sur 18 degrés de longitude est et 4 degrés de latitude nord. Le pays couvre une superficie de 342 000 Km2, possède une façade maritime de 170 Km sur l'Océan Atlantique et bénéficie d'un réseau hydrographique important et particulièrement arrosé par le fleuve Congo. Ce fleuve à débit de 40 000 m3, est le second fleuve le plus puissant au monde après l'amazone, conférant au pays un avantage hydrographique ; aspect climatique qui justifie l'activité agricole comme prioritaire dans la politique de développement. Il est limité au Nord par le Cameroun et le Centrafrique, au Sud par le Congo Kinshasa et l'Angola, au Sud-Ouest par l'Océan Atlantique, à l'Est par le fleuve Congo et à l'Ouest par le Gabon.

Cadre politique

Le Congo est une ancienne colonie française. Il est indépendant depuis 1960 et a connu l'instauration de la démocratie pluraliste en 1992, régime multipartiste qui s'est accompagné de troubles, en 1993 puis en 1997-1999, qui ont occasionné des préjudices au sein de la population et la destruction d'une partie du tissu économique du pays. Il est membre des institution sous-régionales, régionales et internationales suivantes : CEEAC, CEMAC, UA, ONU, AFRISTAT, OHADA. L'actuel constitution du pays, promulguée le 20 janvier 2002, fait du Congo un état de droit trois pouvoirs : pouvoir exécutif dirigé par un président de la République, chef de l'État, chef du Gouvernement, élu pour 7 ans au suffrage universel, pouvoir législatif composé de deux chambres dont l'Assemblée Nationale et le Sénat et le pouvoir judiciaire exercé par la Cours suprême, la Cour des Comptes et des Disciplines Budgétaires, les cours d'appel et les autres juridictions nationales. Les prochaines élections présidentielles s`annoncent pour début 2009.

Contexte social

Au Congo, les préoccupations sur la pauvreté remontent du milieu des années 80 à la suite de l'échec des PAS. Plusieurs partenaires au développement ont fait progresser le champ conceptuel de la pauvreté au Congo (l'UNICEF, le PNUD, la Banque mondiale, le FMI, la BAD, le G7,...). La problématique de la paupérisation a évolué des PAS (1980-1990) à l'IPPTE (1989-1999) en passant par diverses autres politiques soldées par des échecs marqués par l'aggravation de la pauvreté. À partir de 1999 a été envisagé, sous l'impulsion des IBW, une nouvelle vision des stratégies de lutte contre la pauvreté (et donc du développement) consistant à l'élaboration des programmes privilégiant l'amélioration des conditions de vie économiques et sociales. Ce sont en substance, les objectifs de réduction de la pauvreté déclinés dans les DSRP ou CSLP en cours de finalisation. S'agissant de la santé spécifiquement, le Congo abrite le siège de l'OMS et se trouve à ce titre prédisposé à souscrire aux déclarations et actes internationaux majeurs relatifs à la santé en Afrique. La loi n°014-92 du 29 avril 1992 portant institutionnalisation du Programme National de Développement Sanitaire (PNDS) démontre parfaitement l'intérêt des autorités congolaises pour ce secteur vital. En mai 2000 a été adoptée la Politique Nationale de Santé (PNS) dont l'objectif global est d'améliorer l'état de santé des populations afin de promouvoir leur participation au développement socio-économique du pays.

Source : CNSEE, Annuaire statistique 2004 ; EDSC-I 2005, pp : 1-5

Annexe D : Aperçu sur l'analyse factorielle : AFC, ACM et ACH

D.1 L'AFC

Encadré D1 : l' AFC

L'analyse des correspondances binaires (ACORBI) ou analyse factorielle des correspondances (AFC) permet d'étudier la dépendance de 2 variables qualitatives. Elle est basée sur une décomposition du Chi-Deux de contingence. Elle s'applique par excellence aux tableaux de contingence (dits aussi tableaux de dépendance ou tableaux croisés) formés d'individus décrits par 2 caractères qualitatifs. Une AFC sur un tableau de contingence se justifie si : (i) on est intéressé par l'analyse des relations entre les catégories de l'une et l'autre variable (ii) on dispose au moins 3 modalités par variable et suffisamment bien remplies (par regroupement au besoin)

· L'AFC est simultanément une analyse des profils-lignes et des profils-colonnes. La métrique utilisée pour mesurer la proximité entre deux individus est la distance du Chi-Deux. L'objectif de l'AFC est de résumer et de décrire les liens entre les profils-lignes et les profils-colonnes puis mettre en relief les proximités entre les profils- lignes, entre profils-colonnes et la nature de la liaison entre les lignes et les colonnes ;

· La qualité globale de la représentation du nuage initial par le sous-espace de dimension q

[1 = q = r = inf( n - 1, p - 1)] est mesurée par le pourcentage d'inertie pris en compte par les q premiers axes factoriels

définissant ce sous-espacers non corrélés. Cela signifie que la valeur de l'inertie totale (somme des valeurs propres) est un indicateur
de la dispersion du nuage et mesure la liaison entre 2 variables A et B, et avant toute interprétation, il faut s'assurer que le

÷observé 2

dans la table de contingence est suffisamment grand et supérieur au point critique X

( n - 1),( p- 1)(1 - á) pour que la liaison

entre les deux variables qualitatives A et B soit jugée significative. C'est seulement dans une telle circonstance qu'exhiber l'AFC
interviendra utilement, pour décrire cette dépendance entre lignes et colonnes du tableau de contingence ; On rappelle

que

2

 

( o ij t

-

2

k i kj

, avec : oaf = : effectif observé ; t.. =

k : effectif théorique d'indépendance ; i =

÷

observé

i , j L tai

 

1,...,n ; j = 1,...,p et k : l'effectif total de la table de contingence.

Source : Cléophas Ondo, Cours analyse des données, IAS 3, ISSEA-2007 ; LEBART L. et al (1994)

D.2 L'ACM

Les travaux de l'ACM sont dus à Guttman (1941) et à Benzécri (1973). L'ACM généralise

l'AFC et permet de représenter sur le même graphique les modalités de réponses de plus de 2 variables. Elle permet de décrire de vastes tableaux binaires. Elle s'applique à un tableau disjonctif complet (qui présente en ligne les individus et en colonne les modalités des variables qualitatives retenues, les cases d'intersection comportant la valeur 1 si l'individu répond au critère en colonne et 0 dans le cas contraire) ou à un tableau de Burt. Le choix la dimension q du sous-espace de projection est révélé soit par le critère du coude de Cattell (décrochement ou décroissance des 1 ères valeurs propres) soit le critère de Kaiser, et très souvent par la règle de la valeur propre

supérieure à la moyenne des valeurs propres ( ëá ? 1 ). Notons qu'en ACM, une variable continue

p

n'est active que si elle est rendue nominale (découpée en classes ou recodée selon 2 colonnes numériques)

Encadré D2 : Indices d'aide à l'interprétation en ACM

La contribution relative d'un axe à un individu : elle représente la qualité de la représentation d'un individu par le sous-espace qui ajuste le nuage initial. Elle se mesure par l'indice CO2 ; le cosinus carré de l'angle formé par l'individu i et l'axe factoriel. Si CO2 est proche de 1, l'individu est bien représenté sur cet axe, si au contraire CO2 est proche de 0, l'individu i est très mal représenté sur cet axe. On peut généraliser cette notion en passant d'un axe à un sous-espace généré par les q premiers axes factoriels.

? La contribution relative du sous-espace généré par les q premiers axes factoriels : elle est désignée par QLT. Si un point est bien représenté sur un sous-espace à q dimensions (c'est-à-dire, QLT 1), on en déduira qu'il est inutile de chercher à améliorer la représentation de ce point par la prise en compte d'autres axes factoriels ;

? La contribution relative d'un individu à un axe : on dispose pour la mesurer d'un indice désigné CTR. La somme des CTR vaut 1 et une modalité est d'autant plus importante dans la construction du á ième axe factoriel que son CTR est élevée ; Remarques

? La faible part de la variance (inertie) expliquée sur les premiers axes est une caractéristique de l'ACM qui donne généralement des mesures pessimistes de l'information extraite ;

? L'ACM présente une propriété particulière redevable à la nature même du tableau disjonctif complet. En effet, elle met en évidence des types d'individus ayant des profils semblables quant aux attributs choisis ;

? On exprime : (i) la proximité entre individus en terme de ressemblances : deux individus se ressemblent s'ils ont choisi globalement les mêmes modalités ; (ii) la proximité entre modalités de variables différentes en terme d'association : ces modalités sont proches si elles concernent globalement les mêmes individus (individus semblables) ; (iii) la proximité entre 2 modalités d'une même variable en terme de ressemblance : par construction, les modalités d'une même variable s'excluent et si elles sont proches, cette proximité s'interprète en terme de ressemblance entre les groupes d'individus qui les ont choisies (vis-à-vis d'autres variables actives de l'analyse) ;

? L'inertie totale est donnée par Ito tale = J-1 et exprime le nombre moyen des J modalités par les p variablesp

actives, diminué d'une unité. Dépendant uniquement du nombre de variables et de modalités et non des liaisons entre les variables, elle n'a donc pas de signification statistique. Mais contrairement à cette somme des valeurs propres (inertie totale) qui n'a pas de sens statistique, la somme des carrés des valeurs propres est un indicateur de liaison entre variables : elle est d'autant plus élevée que les liaisons sont plus fortes ;

Source : LEBART L. et al (1994).

D.3 La classification

Pourquoi une classification ? (i) Il est toujours difficile d'interpréter les axes factoriels au-

delà du plan factoriel ; (ii) la compression excessive de l'espace de projection peut entraîner des distorsions fâcheuses et des superpositions de points occupant des positions distinctes dans l'espace ;(iii) les visualisations peuvent manquer de robustesse et (iv) les visualisations peuvent concerner des milliers de points et donner lieu à des graphiques illisibles. D'où la nécessité d'une classification ; méthode robuste en ce sens que, les parties basses des dendrogrammes produits sont indépendantes des éventuels points marginaux isolés.

Encadré D.3 : l'ACH

La technique de classification fournit une autre forme de synthèse des données qu'une analyse factorielle. Elle constitue des classes homogènes d'individus, les classes étant distinctes les unes des autres le plus probable relativement aux variables considérées. Les individus qui se ressemblent au niveau des variables actives sont rassemblés dans une même classe et la synthèse de toute l'information contenue dans le tableau de données se ramène alors à la caractérisation de ce petit nombre de classes homogènes. Il s'agit d'une classification sur facteurs issus de l'AFC ou de l'ACM. Elle revient à créer une variable qualitative qui correspond à l'appartenance à une classe ; SPAD propose la classification hiérarchique (CAH/RECIP) qui fournit une hiérarchie de partitions, et la méthode d'agrégation autour de centres mobiles qui conduit directement à une seule partition.

n La méthode de classification sur les facteurs de SPAD effectue une classification des individus à partir d'un ensemble de p variables (ou p facteurs) issus d'une analyse factorielle préalable. Elle est effectuée selon le critère de Ward.. L'arbre d'agrégation appelé dendrogramme ainsi créé peut ensuite être coupé en un nombre donné d'éléments «terminaux»où les individus sont regroupés selon une hiérarchie H de façon ascendante : on regroupe les individus les plus proches et on recommence pour les n-1 points suivants... On produit donc une suite de partitions emboîtées ;

n L'Indice de niveau donne la valeur de l'indice d'agrégation de chaque noeud et mesure, au sens de Ward, la dissimilarité entre les classes. Et le choix du niveau de coupure du dendrogramme, et donc, du nombre de classes de la partition n'étant pas toujours facilité par simple inspection visuelle, sera fait par examen de l'histogramme des indices croissants de niveau, en réalisant la coupure après agrégation correspondant à des valeurs peu élevées qui regroupent les éléments les plus proches à des valeurs élevées de l'indice, qui dissocient, les groupes bien distincts dans la population (coupure au niveau pour lequel cet histogramme marque un palier important). La CAH présente l'avantage de laisser libre le choix du nombre de classes qui est imposé avec la méthode des centres mobiles. De plus, elle est déterministe.

Source : LEBART L. et al (1994) ; Notes de cours IAS 3, ISSEA-2006/2007, Analyse des données.

Annexe E : Résultats additionnels de l'ICP et partitionnement en 2 classes

Source : Travaux de I'auteur sur I'EDSC-I 2005

E.1 : Figure 4.E.1 : Représentation simultanée des individus et des variables sur le plan (1,2)

Tableau 4.E.2 : Description de la coupure de l'arbre en 2 classes et caractéristiques par les modalités

CLASSE 1 / 2 («Pauvres»)

V.TEST PROBA POURC MODALITES IDEN POURC POIDS

MOD/CLA CARACTERISTIQUES DE LA VARIABLE MOD/ENS

CLASSE 2 / 2 («Non-pauvres» ou «Riches»)

V.TEST PROBA POURC MODALITES IDEN POURC POIDS

MOD/CLA CARACTERISTIQUES DE LA VARIABLE MOD/ENS

LA CLASSE : CLASSE 1 / 2 CONTIENT ... aa1a 42.2 1827

0.57 0.284 99.3% de Allaité Allaitement au sein ALL1 99.2 4290

- 2.62 0.004 99.3% de VPOL VaccinationPOLIO POL1 99.6 4309

- 3.96 0.000 98.6% de VBCG VaccinationBCG BCG1 99.3 4294

- 5.57 0.000 97.0% de VDTCoq VaccinationDTCOQ DTC1 98.3 4254

- 3.53 0.000 96.9% de NVRoug VaccinationROUGeole ROU2 97.9 4234

56.84 0.000 95.1% de SolTrad Nature du sol SOL2 48.3 2091

0.80 0.213 95.1% de sévèremt malnutris Indice taillepourâge TAG1 94.7 4098

- 3.98 0.000 89.3% de VitaminéA Vitamine VIT1 91.4 3952

33.96 0.000 76.2% de MursTrad Nature des murs MUR2 46.7 2022

3.91 0.000 73.0% de WCTrad Sanitaires W 69.8 3020

45.88 0.000 72.0% de Puits/ForInsalubres Principale source d'eau EAU4 34.6 1497

- 5.20 0.000 69.7% de Sel>15PPM Iodation du sel SEL3 73.8 3192

- 4.03 0.000 64.0% de WCCollectif Gestion des sanitaires GWC1 67.4 2917

10.72 0.000 61.6% de >30mn Temps pour approv en eau TEM2 52.1 2252

- 40.21 0.000 55.9% de ToitMod Nature du toit TOI1 81.3 3519

- 0.40 0.346 54.4% de IPL2-3 Indice de peuplement du logement IPL2 54.8 2370

45.19 0.000 52.5% de Pluspauvre Indice de Richesse du Ménage IRM1 22.2 960

40.15 0.000 44.0% de ToitTrad Nature du toit TOI2 18.6 805

0.22 0.413 43.7% de IPL>3 Indice de peuplement du logement IPL3 43.5 1880

30.43 0.000 39.0% de Pauvre Indice de Richesse du Ménage IRM2 18.6 804

- 10.78 0.000 37.2% de <=30mn Temps pour approv en eau TEM3 46.7 2021

4.03 0.000 36.0% de WCPrivé Gestion des sanitaires GW 32.6 1409

22.99 0.000 26.4% de SansWC Sanitaires WC3 12.9 560

- 36.22 0.000 20.4% de MursMod Nature des murs MUR1 51.7 2237

4.94 0.000 16.1% de SelOPPM Iodation du sel SEL1 13.1 566

1.78 0.037 14.2% de Sel<15PPM Iodation du sel SEL2 13.1 568

5.77 0.000 12.5% de Puits/ForSalubres Principale source d'eau EAU3 9.4 408

3.98 0.000 10.7% de NVitaminéA Vitamine VIT2 8.6 374

- 47.38 0.000 10.6% de Robinet Principale source d'eau EAU2 50.6 2187

- 20.75 0.000 8.1% de Moyenpauvre Indice de Richesse du Ménage IRM3 22.9 990

- 0.80 0.213 4.9% de malnutris Indice taillepourâge TAG2 5.3 228

- 56.16 0.000 4.8% de SolMod Nature du sol SOL1 50.9 2204

- 2.31 0.010 3.6% de AutresEaux Principale source d'eau EAU5 4.5 194

0.00 0.500 3.4% de AutresMurs Nature des murs MUR3 1.5 67

3.53 0.000 3.1% de VRoug VaccinationROUGeole ROU1 2.1 92

0.00 0.500 3.0% de NVDTCoq VaccinationDTCOQ DT 1.7 72

0.00 0.500 1.9% de ipl0-1 Indice de peuplement du logement IPL1 1.8 76

0.00 0.500 1.4% de NVBCG VaccinationBCG BCG2 0.7 32

0.00 0.500 1.4% de Citerne/Bouteilles Principale source d'eau EAU1 0.9 40

0.00 0.500 1.3% de Surplace Temps pour approv en eau TEM1 1.2 53

0.00 0.500 0.7% de NVPOL VaccinationPOLIO POL2 0.4 17

0.00 0.500 0.7% de NonAllaité Allaitement au sein ALL2 0.8 36

- 28.48 0.000 0.6% de WCMod Sanitaires WC1 17.2 746

- 32.46 0.000 0.3% de Riche Indice de Richesse du Ménage IRM4 20.4 883

0.00 0.500 0.2% de AutreSol Nature du sol SOL3 0.7 31

0.00 0.500 0.1% de AutreToit Nature du toit TOI3 0.0 2

- 29.02 0.000 0.0% de Plus riche Indice de Richesse du Ménage IRM5 15.9 689

LA CLASSE : CLASSE 2 / 2 CONTIENT ... aa2a 57.8 2499

40.21 0.000 99.9% de ToitMod Nature du toit TOI1 81.3 3519

2.62 0.004 99.8% de VPOL VaccinationPOLIO POL1 99.6 4309

3.96 0.000 99.7% de VBCG VaccinationBCG BCG1 99.3 4294

5.57 0.000 99.3% de VDTCoq VaccinationDTCOQ DTC1 98.3 4254

- 0.57 0.284 99.1% de Allaité Allaitement au sein ALL1 99.2 4290

3.53 0.000 98.6% de NVRoug VaccinationROUGeole ROU2 97.9 4234

- 0.80 0.213 94.5% de sévèremt malnutris Indice taillepourâge TAG1 94.7 4098

3.98 0.000 92.8% de VitaminéA Vitamine VIT1 91.4 3952

56.16 0.000 84.7% de SolMod Nature du sol SOL1 50.9 2204

47.38 0.000 79.8% de Robinet Principale source d'eau EAU2 50.6 2187

5.20 0.000 76.8% de Sel>15PPM Iodation du sel SEL3 73.8 3192

36.22 0.000 74.6% de MursMod Nature des murs MUR1 51.7 2237

4.03 0.000 69.9% de WCCollectif Gestion des sanitaires GWC1 67.4 2917

- 3.91 0.000 67.5% de WCTrad Sanitaires W 69.8 3020

0.40 0.346 55.1% de IPL2-3 Indice de peuplement du logement IPL2 54.8 2370

10.78 0.000 53.7% de <=30mn Temps pour approv en eau TEM3 46.7 2021

- 10.72 0.000 45.1% de >30mn Temps pour approv en eau TEM2 52.1 2252

- 0.22 0.413 43.3% de IPL>3 Indice de peuplement du logement IPL3 43.5 1880

32.46 0.000 35.1% de Riche Indice de Richesse du Ménage IRM4 20.4 883

20.75 0.000 33.7% de Moyenpauvre Indice de Richesse du Ménage IRM3 22.9 990

- 4.03 0.000 30.1% de WCPrivé Gestion des sanitaires GW 32.6 1409

28.48 0.000 29.4% de WCMod Sanitaires WC1 17.2 746

29.02 0.000 27.6% de Plus riche Indice de Richesse du Ménage IRM5 15.9 689

- 33.96 0.000 25.2% de MursTrad Nature des murs MUR2 46.7 2022

- 56.84 0.000 14.2% de SolTrad Nature du sol SOL2 48.3 2091

- 1.78 0.037 12.3% de Sel<15PPM Iodation du sel SEL2 13.1 568

- 4.94 0.000 10.9% de SelOPPM Iodation du sel SEL1 13.1 566

- 45.88 0.000 7.3% de Puits/ForInsalubres Principale source d'eau EAU4 34.6 1497

- 5.77 0.000 7.2% de Puits/ForSalubres Principale source d'eau EAU3 9.4 408

- 3.98 0.000 7.2% de NVitaminéA Vitamine VIT2 8.6 374

0.80 0.213 5.5% de malnutris Indice taillepourâge TAG2 5.3 228

2.31 0.010 5.1% de AutresEaux Principale source d'eau EAU5 4.5 194

- 30.43 0.000 3.6% de Pauvre Indice de Richesse du Ménage IRM2 18.6 804

- 22.99 0.000 3.1% de SansWC Sanitaires WC3 12.9 560

0.00 0.500 1.6% de ipl0-1 Indice de peuplement du logement IPL1 1.8 76

- 3.53 0.000 1.4% de VRoug VaccinationROUGeole ROU1 2.1 92

0.00 0.500 1.2% de Surplace Temps pour approv en eau TEM1 1.2 53

0.00 0.500 1.1% de AutreSol Nature du sol SOL3 0.7 31

0.00 0.500 0.9% de NonAllaité Allaitement au sein ALL2 0.8 36

0.00 0.500 0.7% de NVDTCoq VaccinationDTCOQ DT 1.7 72

0.00 0.500 0.6% de Citerne/Bouteilles Principale source d'eau EAU1 0.9 40

0.00 0.500 0.3% de NVBCG VaccinationBCG BCG2 0.7 32

0.00 0.500 0.2% de AutresMurs Nature des murs MUR3 1.5 67

0.00 0.500 0.2% de NVPOL VaccinationPOLIO POL2 0.4 17

- 40.15 0.000 0.1% de ToitTrad Nature du toit TOI2 18.6 805

0.00 0.500 0.0% de AutreToit Nature du toit TOI3 0.0 2

- 45.19 0.000 0.0% de Pluspauvre Indice de Richesse du Ménage IRM1 22.2 960

Annexe F : Détails sur la modélisation probit

Encadré F 1 : Définitions sur le modèle probit
L'objectif d'un modèle dichotomique consiste à expliquer la survenue de l'événement considéré, en fonction d'un certain nombre de

caractéristiques observées : l'on cherche à spécifier pi . Il admet pour variable expliquée, non pas un codage quantitatif associé à la réalisation d'un événement, mais la probabilité d'apparition de cet événement, conditionnellement aux variables exogènes.

Définition 1 : Modèle Probit

Soit un modèle dichotomique : p i= pr ( yi = 1/ xi ) = F ( x i â ) ? i = 1,..., n

'

Dans cette formule, F(.) désigne une fonction de répartition. Le modèle Probit est le modèle dichotomique qui admet pour fonction de répartition la fonction de distribution d'une loi normale centrée réduite N (0, 1) :

Définition 2 : Effet marginal dans un modèle probit

Si l'on note f (.) la fonction de densité des résidus du modèle dichotomique, l'effet marginal associé à la j ème

Définition 3 : Élasticité dans un modèle probit

Il est parfois plus aisé de calculer une élasticité plutôt qu'un effet marginal. En effet, l'élasticité a l'avantage d'être indépendante des unités de mesure. L'on définit l'élasticité comme la variation (en %) de la probabilité de

survenue de yi = 1/ xi, suite à une variation de 1 % de la j ème explicative xij :

Autrement, pour les individus pour lesquels l'on est sûr de la survenue d'un événement ( pi = F( x 'iâ) = 1 ou '

xi â

positif et très élevée), l'élasticité sera faible : seule une variation très importante des variables explicatives pourra modifier sensiblement la probabilité. Inversement, les individus pour lesquels l'on est sûr de la non survenue d'un événement ( pi = F( x 'iâ) = 0 ou '

xiâ négatif et très élevée en valeur absolue), l'élasticité sera faible.

Le modèle probit définit la probabilité associée à l'événement yi = 1 , comme la valeur de la fonction de répartition de la loi de la loi normale centrée réduite considérée au point xi' â ; c'est-à-dire :

variable explicative xij est : p i = f

Puisque par définition f (.)>0, le signe de cette dérivée dépend de celui de âj . Il en découle que la hausse

d'une variable associée à un coefficient positif induit une hausse de la probabilité de réalisation de l'événement yi = 1 . À l'inverse, la hausse d'une variable associé à un coefficient négatif induit une baisse de la probabilité de réalisation de l'événement yi = 1 .

La fonction de densité f (.) du modèle Probit est symétrique, uni modale et atteint son maximum en zéro. Dès lors,

l'impact d'une variable explicative est d'autant plus important pour les individus ayant le scalaire

x

i ij ' ij

p x f x

å = = ( )

â â

p x

i ij

/ i j

? x p F x

( ' )

â

ij i i

?

? w ?

xi ' â t 2

1

( )

'

p = Ö x exp( ) ,

- dt i 1,..., n

i i â = ? = 2 ð -8

2

?

?

xij

R

: F(w)

' 2

1 ( )

x â

( ).

x ' i

â â = e x p [ - ]. â

i j 2 ð 2

2ð

1

-

w

8

exp(-

t

2

2

)dt =Ö(w)

j

xiâproche de zéro. '

Source : Travaux de l'auteur sur l'EDSC-I 2005

variable associée influence à la hausse ou à la baisse la probabilité pi considérée. Le signe des coefficients et les effets marginaux restent les seules informations directement exploitables.

Remarque 3 : Un « probit » plutôt qu'un « logit »

Un modèle aussi proche du probit est le logit. Il n'existe que peu de différences entre ces deux modèles dichotomiques. Cela, à cause de la proximité des familles de lois : logistique pour un logit et normale pour un probit. Elles donnent des résultats similaires. Dès lors, la question du choix entre les deux ne présente que peu d'importance. Cependant, bien qu'il soit souvent cité

l'avantage du modèle logit dans la facilitation de l'interprétation des paramètres â associés aux variables, l'argument avancé

dans le choix d'un modèle probit réside dans le fait que la loi logistique tend à attribuer aux événements «extrêmes» une probabilité plus forte que la distribution normale ; ce qui surestimerait dans le cas d'espèce, le risque de pauvreté infanto-juvénile. Remarque 4 : Estimation des coefficients d'un modèle probit par maximisation de la vraisemblance (EMV)

L'on considère un échantillon de n individus indicés i = 1, ..,n. Pour chaque individu, on observe si un certain événement

s'est réalisé et l'on note yi la variable codée associée à l'événement. Posons pour tout i =1,..., n :

permet d'estimer la totalité des paramètres â .

Remarque 2 : Variance de l'erreur dans un modèle probit

Dans un modèle probit, la variance de l'erreur du modèle n'est pas identifiable. Elle est normalisée à l'unité. De ce fait, la

valeur numérique des paramètres estimés n'a pas d'intérêt en soi dans la mesure où ils ne correspondent aux paramètres â de
l'équation de la variable latente qu'à une constante multiplicative près. De plus, la limite c n'est pas identifiable car elle se confond
au terme constant du vecteur des explicatives xi . Ainsi, la seule information réellement utilisable est le signe des â , indiquant si la

Encadré F2 : Des remarques sur le modèle probit

Remarque 1 : Modèle Probit sous la forme latente

Tout modèle dichotomique (Probit ici) peut s'écrire sous la forme d'une équation de mesure du type :

vecteurs des paramètres est donné par la résolution de l'équation :

nG ) =

[ y - Ö ( x;â )]ö ( x;,6" )

Ex = 0

' ' i

( à )[1 ( à )]

Ö x â - Ö x â i i

inobservable), définie en fonction des caractéristiques observables xi et d'une perturbation (erreur) ui indépendante et

identiquement distribué (i.i.d.), Ui -3 N(0, ón2

) ; '

y * = x i â + u i . En général, une adoption de normalisation c = 0 et ó = 1

observables et où fi = (fi1,...fik YE Rk est un vecteur de paramètres inconnus. La vraisemblance associée à l'observation yi

est :

garantit l'unicité de cette fonction et implique que les EMV sont convergents vers les vraies valeurs des paramètres. Le gradient ou

L ( y , â) = ? F ( x j13 ) yi [1 - F ( xiâ )]1-yi . Finalement, la vraisemblance logarithmique est :

y i

log L ( y , â) = E lo g F ( x ;â ) + E log [1 - F ( x;â )] . Notons que log L ( y , â ) est strictement concave, ce qui

i : yi = 1 i :y i=o

=

'

1 p i = F ( xiâ)

0 1 - p i = 1 - F ( xiâ)

L y i â p i

( , ) y i (1

= -

i

=

n

1

y i

i =1

pi )1 -yi ; la vraisemblance associée à l'échantillon de taille n s'écrit :

=

1 s i y * > c

0

a ille u r s

xi = ( x 1i ,..., xki ) , ? i = 1,...,n , désigne un vecteur de caractéristiques '

où c est une limite réelle et y* une variable latente (tolérance

avec ö fonction dérivée deÖ au point â

à

à

*

à

yi

à

n

n

1

1

i

i

=

=

Évaluation de la qualité du modèle

Notons pi = F(xiâ) la probabilité de la survenue de l'événement yi = 1 . Il est possible d'estimer cette

probabilité par pà i = F ( xi'âà) = yài . De plus, l'on peut réaliser une prédiction de yi en utilisant :

3. Prise en compte de l'hétéroscédasticité

L'hétéroscédasticité apparaît quand on traite des unités pour lesquels il peut exister un effet taille. Elle correspond à une situation où la variance des erreurs n'est pas constante pour toutes les observations. Sa détection se fait à l'aide des principaux tests, tels : tests de White, de Huber, de Golfeld-Quant et de Gleister [voir Y. Tillé (2004) pour les détails relatifs à ces tests]. Parfois, la prise en compte de l'hétéroscédasticité demande juste la pondération par la racine carrée du nombre d'individus.

Encadré F3 : Tests de spécification et inférence

1. Test sur les coefficients du modèle

Il y a trois principaux tests couramment usités : le test de Wald, le test du score ou du multiplicateur de Lagrange (LM : Lagrange Multiplicator) et le test du rapport des maxima de vraisemblance (LRT : Likelihood Ratio Test). Ces trois tests sont asymptotiquement équivalents. Mais le LRT reste localement le plus robuste. Il est le test indiqué lorsque la nécessité de l'estimation du modèle avec ou sans contraintes s'impose. Son calcul ne nécessite que la connaissance des valeurs de la vraisemblance maximisée. De plus il ne demande aucun calcul analytique de dérivées ni de variance (P. Deschamps, 2007). Dans un modèle probit, l'on peut appliquer sans difficulté particulière la logique du test du rapport des maxima de vraisemblance. L'on estime le modèle non contraint et le modèle contraint :

*

soient âj et ,0 j les deux estimations respectives ainsi obtenues. La statistique LRT correspond alors tout simplement

à l'écart des vraisemblances logarithmiques. La statistique LRTj du test du rapport des maxima de vraisemblance associée au test unidirectionnel H0 : â j= â0 contre H1 : â j? â0 admet la loi suivante sous H0 :

L'on rejette H0 si LRTj x0 95(1), le membre de droite désignant le quantile à 95 % de la loi du khi-deux à 1 degré de liberté. Notons que si le test porte sur plus d'un paramètre, l'on utilise la statistique suivante : LRT = - 2log ë = - 2[log( , â à ) - log( , â à * )] ??? ÷ 2 ( )

L

y y r , lorsque n ? 8 ;

r étant le nombre de restrictions imposées sur les paramètres.

2. Tests de spécification du modèle

Il s'agit ici des tests qui permettent d'évaluer la qualité de l'ajustement par le modèle. En effet, il se peut que l'on ait estimé le modèle avec des explicatives fortement corrélées (l'on parle de multicolinéarité ou dépendance linéaire approximative entre les colonnes des explicatives). La multicolinéarité se définit comme le fait que la matrice

des exogènes ne soit pas de plein rang. Dans ce cas, les

aux faibles fluctuations d'échantillonnage. Ce phénomène est détecté par plusieurs tests. Au rang de ces tests l'on peut citer : le test de Klein, de Farrar-Glauber, de Theil, du VIF [pour les détails théoriques sur ces tests, voir Y. Tillé (2004)].

Dès lors, deux indices sont souvent utilisés pour évaluer la qualité globale du modèle : (i) le coefficient de détermination calculé entre les yi et les yài ; (ii) la proportion d'unités bien classés, définies par :

% ubc = [ n- E( y i - A) 2]/

LRT = - 2 log ë = - 2 Llog( y ijj ) - log( y , /3; ) 1 ÷2 (1) , lorsque n ?8

n ou alors, le nombre de fausses prédictions nfp = E (yi -- A)2

0 si .A= F (xiâ) < 1 / 2

1 si y i = F (xiâ) =1 / 2

â j ont soit des fortes variances estimées soit une instabilité






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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire