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Réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés et construction de la paix: analyses des approches organisationnelles

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par Justin SHERIA NFUNDIKO
Université Officielle de Bukavu - Licence 2009
  

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B. Constitution Du kit de réinsertion

Une fois la formation terminée, les enfants sortis des forces et groupes armés ont été regroupés en différentes équipes pour constituer des ateliers de travail selon le type de métier suivi. C'est au groupe que le kit de réinsertion est donné ; ce kit dépend d'une filière à une autre.

Ainsi donc, pour

· La soudure et ajustage/Moyens de réinsertion : les éléments suivants étaient remis au groupe de travail :

1poste à souder, une meuleuse, une foreuse, un étau, deux boîtes de baguettes, deux portes déjà prêtes à la vente, une garantie locative.

· La menuiserie : Un rabot, une équerre, un sergot, vitreuse, un vilebrequin, un marteau terraille, râpe, mètre, garantie locative.

· Coupe et couture : machine à coudre, deux ciseaux, deux tissus, garantie locative à six mois.

· Automobiles/Conduite : un permis de conduire national, l'outillage des pièces de réparation (clés), garantie de stage dans un atelier

· Agriculture et élevage : deux chèvres étaient remises à chaque enfant. Pour les autres (petit commerce), une somme ne dépassant pas 150$ leur étaient remise.

C. Correspondance entre la formation suivie et les activités exercées après la réinsertion

Il s'agit de voir si les activités effectuées à ce jour par les enfants sortis des forces et des groupes armés correspondent aux formations suivies.

100% de nos enquêtés de la catégorie de responsables d'organisations oeuvrant dans le domaine de la réinsertion sociale des ex enfants combattants nous ont affirmé que les activités exercées actuellement par les enfants sortis des forces combattantes correspondent bien aux formations reçues de ces organisations.

Cependant, les enfants ex combattants que nous avons interviewé nous ont affirmé qu'il y a eu mobilité dans leurs activités compte tenu de plusieurs facteurs.

Tableau N°6: correspondance entre activités exercées et formations suivies

Activités exercées actuellement

Effectif

pourcentage

Soudure et ajustage

17

28.3

Mécanique auto

5

8 .3

Menuiserie

4

6.6

Petit commerce

10

16.6

Briqueterie

17

28.3

Coordonnerie

3

5

Intégration scolaire

2

3.3

Coupe et couture

2

3.3

Total

60

100

 

18

 
 
 

16 14 12 10 8 6 4 2 0

 

Soudure et ajustage Mécanique auto Menuiserie

Petit commerce briqueterie Coordonnerie Intégration scolaire Coupe et couture

 
 
 

Source : nos enquêtes de terrain

Le tableau ci haut nous renseigne qu'il y a eu changement considérable dans le chef des enfants sortis des forces et de groupes armés entre la formation suivie et la profession exercée après la réinsertion dans la communauté.

changement est du à l'importance trouvée dans ce métier dans la ville de Bukavu compte tenu de l'intérêt qu'il génère.

De même, le secteur de la briqueterie a intéressé les enfants sortis des forces combattantes. Aucune organisation n'a formé les enfants dans la briqueterie mais force est de constater que 17 enfants soit 28.3% ont opté pour prester dans la briqueterie. Cet engouement dans la briqueterie nous l'avons observé à Nyangezi et cela compte tenu des conditions pédologiques (sol) favorables pour la fabrication des briques, ces dernières constituent une denrée dans le milieu surtout dans la ville de Bukavu en pleine urbanisation croissante. Cette activité prouve à suffisance le manque d'étude approfondie du milieu avant la réinsertion des enfants par les organisations en milieu rural.

Le petit commerce a également intéressé les enfants ex soldats. Ayant passé de 3.3% à 16.6%, les enquêtés enfants ex soldats ont affirmé qu'ils ont souhaité travailler dans ce domaine car ils seront chaque fois en contact avec l'argent et les intérêts immédiats seront perceptibles.

Les secteurs d'activité comme la mécanique automobile ainsi que la cordonnerie ont gardé leurs scores de départ, avec respectivement 8.3% et 5% de nos enquêtés.

Les enfants qui évoluent dans la cordonnerie nous ont affirmé avoir voulu évolué dans cette activité compte tenu du fait que ce métier leur procurait la stabilité , mais aussi tenant compte du gain qu'ils y ont tiré. Grâce au revenu généré cette activité, ces enfants ont mis en place des nouvelles unités de production en l'occurrence deux « publiphones »ainsi qu'un kiosque pour la ventes des petites articles diverses au quartier Panzi.

La menuiserie ainsi que la coupe couture ont pris les cotes respectives de 6.6% et 3.3%, ce qui traduit une diminution par rapport au taux d'enquêtés ayant suivi ces formations. Ce ci est dû aux fluctuations des modèles de fabrication au jour le jour. Ce qui exige des techniciens, et somme suffisante d'argent pour fabriquer des oeuvres innovées, susceptibles d'être exposées au public ; qui seront vendues sous forme des

prêts-à-porter. Les ateliers d'enfants sortis des forces combattantes qui ne disposent pas de capitaux leur permettant de répondre à cette exigence ont du fermer leurs portes.

L'intégration scolaire est passée de 13.3% à 3.3% d'enfants sortis des forces combattantes qui ont évolué dans le cursus académique et scolaire, les autres ont fait mouvement ailleurs.

Il est à constater qu'aucun enfant n'a évolué dans le domaine de l'art plastique contre le 1,6% de formés. Ce ci prouve que ce secteur n'a pas été intéressant pour ces enfants. Les questions relatives à l'écoulement des oeuvres issues de ces métiers sont à se poser.

D. Facteurs ou raisons de ce changement

Nos enquêtés nous montrent que 27 enfants sortis des forces et des groupes armés soit 45% de nos enquêtés nous ont déclaré n'avoir pas évolué dans le domaine dans lequel ils ont été formés. Les raisons qui ont milité au changement de filière de réinsertion sont les suivantes :


·. La mauvaise constitution des équipes de travail : tout travail en équipe nécessite une cohésion pour la réalisation des objectifs assignés à l'équipe. Les organisations ayant réinsérées les enfants ex combattants dans la communauté, pour des raisons liées au suivi après la réinsertion ont constitué des équipes travail pour ces enfants. Ces derniers ont été répartis suivants les types de formations reçues. ces équipes n'ont pas été homogènes dans leur constitution, on y trouvait des individus avec des objectifs diamétralement opposés .Aussi la constitution ; des ateliers n'a pas nécessairement tenu compte des lieux de provenance des enfants ex combattants. Certains, du fait qu'ils habitaient loin de leur lieu de travail ont purement et simplement abandonné. Sur demande de membres, certaines équipes ont dû vendre leurs kits pour se partager l'argent.

Quitte à chaque enfant de redémarrer sur sa propre base. Certains enfants nous ont affirmé qu'au lieu de constituer deux ateliers de douze personnes dans le quartier, l'organisation a préféré implanter un seul avec la pléthore d'individus, avec tous les problèmes de travail en équipe. Dans un entretien avec un enfant sorti des forces des forces et groupes armés, dans un atelier de travail à Bukavu, il nous a déclaré ce qui suit : « j'ai été réinséré dans un atelier de travail avec des enfants de la rue déguisés. Contrairement à moi, le souci de mes amis étai de vendre le kit pour partager le montant. ».

· . Insuffisance du kit de réinsertion : certains enfants ont jugé insuffisant le nombre de kits de réinsertion mis à leur disposition par les organisations obligées pour cette raison à les regrouper en équipe. ne leur permettant pas de s'adapter à la vie ainsi qu'aux exigences du métier embrassé. Il s'agit principalement des enfants trouvés dans la briqueterie à Nyangezi ; ces enfants nous ont déclaré avoir été formé en élevage mis à qui on avait donné ne fut ce que deux têtes de chèvres sans autre moyens de survie ; ils ont du vendre ces chèvres pour s'orienter ailleurs.

· . Kit de réinsertion de mauvaise qualité : il s'agit des outils de mauvaise qualité qui avaient été remis aux enfants réinsérés. Des rabots en panne le première jour de son utilisation pour le cas de la menuiserie, des meuleuses de soudure non appropriées ; bref des outils qualifiés de pirates par les bénéficiaires.

· . Manque d'étude préalable du milieu : il s'agit des études de faisabilité qui n'ont pas été faites dans le milieu où les sont appelés à exercer leurs activités. Les organisations n'ont pas tenu compte des potentialités du milieu et sont parties des suppositions. Des études prospectives des perspectives ont fait défaut à la veille de la formation de enfants.

· . Formation insuffisante : la formation pour certains enfants n'a pas été bien donnée ; le défit pour les organisations de recourir à des expertises bien aguerries pour former les enfants ex-combattants en métiers.

· . Difficulté de paiement du loyer : pour les enfants ex combattants qui prestent à Bukavu, certains nous ont affirmé que les frais de loyer étaient trop exorbitants pour des petits bénéfices réalisés. Face à cela, certains enfants ont abandonné le lieu de travail pour s'installer à un nouveau site moins coûteux avec les risques de perdre la clientèle. D'autres ont dû carrément changer de profession.

· . Inadaptation à la mode : cette raison intéresse surtout les enfants ayant opté pour la menuiserie et la coupe couture ; ces deux métiers ont beaucoup d'exigences et les modèles cloisonnent au jour le lendemain, et pour s'adapter à cette exigence, les enfants sont obligés de disposer d'un capital suffisant leur permettant de fabriquer des oeuvres à exposer au public.

3. DE L'NTEGRATION SCOLAIRE

Comme nous l'avons remarqué précédemment, 13,3% de nos enquêtés enfants sortis des forces et des groupes armés ont été réintégrés dans le système éducatif formel, c'est-à-dire dans les écoles de la ville de Bukavu et ses périphéries. Cette réintégration avait été faite dans tous les cycles (primaire, secondaire, supérieur).

De13, 3% de nos enquêtés ayant opté pour la réintégration scolaire à la sortie des forces combattantes, seuls 3 ,3% ont poursuivi leurs études. Les autres ont migré dans d'autres secteurs des métiers pour diverses raisons.

Au niveau primaire et secondaire, les organisations locales ayant organisé la réintégration scolaire pour les enfants ex combattants (BVES et RECOPE) ont procédé à la signature des protocoles de collaboration avec les écoles qui accueilli les enfants retournés des forces combattantes.

Cet accord de partenariat accordait le privilège aux enfants retournés d'étudier gratuitement sans être chassés pendant une période ne dépassant pas deux années scolaires en contre partie d'un kit du matériel scolaire et pédagogique qui a été remis aux écoles. Ce kit était constitué des livres, des boites des craies...

Il est à constater que cette action en faveur des enfants réintégrés des écoles est éphémère ; pour des enfants qui n'étaient qu'à un stade inférieur et qui s verront leur assistance suspendue deux après.

Pour d'autres ayant été inscrits dans les institutions d'enseignement supérieur soit 5% des nos enquêtés enfants sortis ders forces combattantes, seule la première tranche des frais d'études leur aurait été payée. Ce qui a fait que la majorité de leur collègue abandonne les études par manque de sponsor et d'autres activités économiques pour générer des ressources pour payer les frais restants.

L'éducation est un droit pour tous les enfants, notamment les enfants soldats.

Elle peut aussi les aider à retrouver une vie normale dans la communauté.

Le système officiel d'enseignement a du mal à répondre aux besoins des enfants dans la mesure où les conflits armés ont eu des effets négatifs sur l'accès à l'éducation pour tous les enfants.

Il est impérieux de donner des possibilités d'éducation aux enfants de la communauté en général en même temps qu'aux anciens combattants.

Pour ce faire, 50% de nos enquêtés constitués des responsables d'organisations nous ont affirmé que pour éviter la discrimination dans la communauté en général et au sein des écoles où sont réintégrés les enfants soldats, la réinsertion scolaire a profité non seulement aux enfants ex combattants, mais aussi aux autres enfants vulnérables dans le respect d'une certaine proportion.

connaissances sur les systèmes de moyens d'existences des communautés vers les quelles les enfants retournent.

Le soutien aux enseignants et aux écoles plutôt qu'aux enfants individuellement, ainsi qu,'une formation appropriée, ont été autant d'éléments qui ont aidé les écoles à faire face aux difficultés de fonctionnement causées par la guerre.

L'éducation au rétablissement est essentielle pour rétablir du sentiment de normalité dans la vie et pour son aide à faire une coupure nette avec le passé militaire surtout lorsque les enfants commencent a se rendre compte des avantages qu'ils en gagnent (l'assurance et l'amour propre augmentent).

L'éducation de base offre aux enfants une fondation d'une formation et un travail dans l'avenir. Ce qui permet, aux enfants plus âgés en particulier, de contribuer à la vie du ménage et de la communauté.

Offrir une éducation, ce n'est pas seulement construire des nouvelles écoles : ce que les enfants apprennent doit être adapté à leur vie et répondre à leurs besoins. C'est là un aspect extrêmement important, non seulement pour les enfants anciens combattants, mais aussi pour tous les enfants touchés par les conflits dans la communauté.

Une approche inclusive, visant à répondre aux besoins de tous les enfants de la communauté, est plus équitable et peut aussi faciliter la réconciliation dans une communauté divisée et le rétablissement du système de l'éducation.

Nicklas LUHMANN45 souligne que le système éducatif est un système partiel de la société dont la fonction consiste dans un mécanisme de rendre possible les prémisses improbables pour les contacts sociaux qui se situent au dehors du système éducatif lui-même. Le système éducatif est un système transitoire par où passe tout individu avant d'être inclus au sein des autres systèmes sociaux du système sociétal.

45 Nicklas LUHMANN Cité par MUSIMBI MUGANZA, Syllabus du cours des systèmes sociaux : structures et pouvoirs, L1 SOCIOLOGIE, FSSPA, 2007-2008.

Le système éducatif porte l'individu à apprendre la capacité d'apprentissage nécessaire pour affronter les vicissitudes et les problèmes de la vie dans un horizon du futur.

Les organisations intervenants dans la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés sont appelés à plus d'effort pour renforcer plusieurs enfants ex combattants dans le système scolaire formel dans la mesure où la famille et la communauté n'ouvrent plus à l'apprentissage plutôt au système éducatif.

Les contraintes suivantes ont été exprimées comme obstacle à l'intégration scolaire des enfants ex combattants au sein des écoles :

a. le manque de financement à long terme

Le financement de projets d'éducation des enfants sortis des forces et des groupes armés est insuffisant et ne couvre qu'une période ne dépassant pas deux ans. Cette situation démotive les enfants s'il faut tenir compte du fait que les enfants rentrent dans leurs familles sinistrées à cause des effets de la guerre et d'autres disloquées et par conséquent, incapables de prendre leur cursus scolaire et académique de leurs enfants.

Il faut remédier aux contraintes liées à la conception et à la mise en oeuvre des programmes et aux ressources pendant la transition entre les opérations humanitaires, la reconstruction et le développement si l'on veut que les droits de l'enfant soient respectés pendant la période post conflits.

Il se pose le problème de disparité de financement entre les pays pour ce qui est du secours d'urgence et de la reconstruction.

En RDC, on a toujours avancé que l'absence de leadership international est responsable de l'échec des opérations de réinsertion des ex combattants. Le financement est l'expression concluante de l'engagement politique de la communauté internationale.

Les disparités sont aussi signalées entre les pays du nord et ceux du sud pour ce qui concerne l'aide au rétablissement des personnes victimes des conflits armés.

En 2000 par exemple, cette aide se montait à 237 dollars américains par personne en Bosnie- Herzégovine, tandis que pour les pays du sud, elle était de 12dollrs américains pour un burundais et de 3 dollars américains pour un congolais de la République Démocratique du Congo.46

b. la non priorisation de l'éducation des enfants ex soldats

Les organisations intervenant dans le domaine de la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés n'ont pas mis au centre de leurs préoccupations la question de l'éducation ; ce ci car leurs bailleurs de fond ne font pas de l'éducation des enfants soldats une priorité dans les activités permettant le retour à la vie civile des enfants ex combattants.

Les efforts des organisations locales sont focalisés sur l'aide psycho sociale ainsi qu'à la formation en divers métiers.

En effet, offrir aux enfants un enseignement de base pendant leur prise en charge provisoire n'a qu'une utilité restreinte s'ils ne peuvent entrer en suite dans le système scolaire. Il en est de même de la formation professionnelle si elle n'est pas accompagnée par une aide pratique pour une familiarité avec le monde des métiers et éventuellement trouver du travail.

C. Défis des organisations locales de la réinsertion dans la formation en métiers et l'éducation des enfants ex soldats

Ces défis sont énumérés ici en terme de support pouvant permettre aux organisations d'être plus efficace dans le domaine de l'éducation et de la formation en faveur des enfants ex combattants.

> Travail en synergie avec le gouvernement : la responsabilité globale des politiques et services offerts en matière d'éducation incombe au gouvernement. Ainsi, les prestations du système politique au système éducatif étant entre autre, de mettre en place les programmes des enseignements, de décerner les titres scolaires et académiques (diplômes), fixer la date de la rentrée ainsi que celle de la clôture de l'année scolaire. Cependant, il est possible que les capacités étatiques soient limitées en matière d'intégration des enfants sortis des forces et groupes armés ; un travail de synergie et de collaboration est nécessaire entre les organisations de la réinsertion et le gouvernement de la République dans la mesure ou ce dernier maîtrise le problèmes ainsi que les besoins du pays. Parmi les supports ou contribution des organisations, on peut retenir :

· La réhabilitation des écoles détruites pendant les guerres,

· La fourniture et distribution du matériel scolaire,

· La formation des enseignants dans la prise en charge des enfants touchées par la guerre. Ces enfants ont des problèmes particuliers nécessitant des solutions particulières,

· L'élaboration d'un programme d'enseignement comprenant des solutions estimées aux problèmes des enfants soldats, à soumettre au gouvernement de la République pour approbation et amendement.

Il faut voir ces supports comme contribution à, la réhabilitation du système éducatif. Une assistance technique à plus long terme peut aussi être nécessaire.

> Intégrer l'éducation des enfants ex combattants avec d'autres enfants : cette stratégie pourra permettre aux organisations locales à faire intégrer les enfants sortis des forces combattantes dans leur communautés respectives.

> Tenir compte des problèmes particuliers des enfants : les adolescents auront évidemment des besoins d'éducation et de formation différents de ceux des enfants plus jeunes. Certains jeunes âgés de plus de 18 ans sont peut être entrés dans les forces combattantes quand ils étaient adolescents ou même avant. Il est alors impérieux de baser les services d'éducation sur les éléments tels que :

· L'âge des enfants quand ils sont entrés dans les forces combattantes,

· Leur niveau d'éducation à ce moment là,

· Le temps passé dans les forces combattantes et le nombre d'années scolaires perdues,

> L'Adoption d'une approche équitable des frais de scolarité et autres

coûts associés. Pour permettre aux enfants sortis des forces combattantes de se réinsérer dans leur communauté en général et au sein des écoles en particulier, les organisations ayant des activités dans la réinsertion scolaire ont dans certains cas pris en charge les frais de scolarité pour certains enfants. c'est le cas du RECOPE et BVES. Ce ci revient à favoriser un groupe d'enfants par rapport aux autres groupes vulnérables de la communauté qui éprouvent le même besoin. Cette situation peut provoquer un ressentiment dans les familles et communauté, une stigmatisation encore plus marquée des enfants sortis des forces et des groupes armés. C'est un dilemme pour les organisations car si elles n'aident pas les enfants à payer leurs frais de scolarité ou à acheter leurs uniformes, l'école ne

peut plus fonctionner. Les organisations doivent donc cibler l'aide à apporter aux enfants pour qu'ils retournent à l'école. L'aide qui profite à tous les enfants de la communauté équitablement est la meilleure. Nous citons entre autre une assistance de grande envergure aux écoles.

~ Une formation professionnelle basée sur les besoins locaux en terme de

main d'oeuvre et sur les besoins de l'économie locale.

SECTION DEUXIEME : REINSERTION SOCIALE DES ENFANTS EX COMBATTANTS EN MILIEU URBAIN ET EN MILIEU RURAL

La problématique des enfants soldats n'a pas été observée seulement en milieu urbain mais aussi en milieu rural. Le recrutement des enfants dans les forces combattantes a été fait dans les deux milieux à la fois pour ce qui est de la province du sud kivu. Ce qui explique la réinsertion de ces enfants dans les deux milieux.

Nos enquêtes nous ont réveillé que les caractéristiques de ces deux milieux sont pour beaucoup dans la réussite de ce processus de réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés.

Ainsi, pour le milieu urbain (la ville de Bukavu), toutes les activités de réinsertion mises en place par les organisation qui ont été axées prioritairement sur les métiers fonctionnels s'expliquant la campagne d'urbanisation par la mise en place des grandes agglomérations urbaines.

Des métiers tels que la soudure et ajustage pour la fabrication des portes et fenêtres en dur, la mécanique et la conduite auto (du fait d'un nombre énorme des véhicules du à la propension de l'importation des véhicules à Bukavu car la ville est ouverte aux ports océaniques de l'Afrique de l'Est. Tous ces véhicules ont besoin des chauffeurs et de mécaniciens pour des éventuels entretiens, réparation), la coupe et couture ( par soucis d'adaptation à la mode), le petit commerce ( du fait de la fonction commerciale de la

ville toujours en croissance) ;sont là des métiers qui se rapportent directement aux caractéristiques de l`urbanité.

Pour ce qui est du milieu rural et en l'occurrence le groupement de Nyangezi où nous avons mené des recherches en plus de la ville de Bukavu, nous y avons observé le fait que les activités principales de la réinsertion ont été axées sur l'agriculture et l'élevage. L'agriculture et l'élevage sont parmi les activités qui font fonctionner le milieu rural comme Nyangezi.

Les potentialités du milieu sont à tenir en compte dans la planification des activités de réinsertion compte tenu de l'importance croissante observée dans la briqueterie à Nyangezi. Pourtant, cette activité qui n'a pas été planifiée dans la série de métiers dans lesquels devraient évoluer les enfants sortis des forces combattantes à Nyangezi. Ainsi, 28,3% de nos enquêtés enfants sortis des forces combattantes trouvés dans différentes briqueteries à Nyangezi nous ont affirmé avoir vendu leur kit de réinsertion reçu des organisations pour avoir les moyens leur permettant de démarrer leurs activités dans les briqueteries compte tenu du gain que les exploitants en tirent mais aussi du fait de la demande toujours croissante en brique cuites par la ville de Bukavu et la cité de Nyangezi en évolution.

CHAPITRE TROISIEME : CONTRIBUTION DE L'ANALYSE PRAXEO CONFIGURATIONNELLE A LA CONSTRUCTION DE LA PAIX

SECTION PREMIERE : CONSIDERATIONS PRAXEO

CONFIGURATIONNELLES

L'analyse praxéo configurationnelle consiste à miroiter une réalité quelconque pour relever ses problèmes et ses besoins dans le but de déterminer les moyens de changement des ce milieu quelconque en un autre milieu par une forme de créativité.47

Cette analyse préconise deux diagrammes à savoir le diagramme OSA (objectifs, stratégies et actions) et diagramme SWOT qui analyse les forces, les faiblesses, les opportunités, et les menaces d'un environnement. Ces deux digrammes sont consécutifs à l'élaboration d'un arbre à problème.

1. ARBRE A PROBLEME DE BVES, LAV, RECOPE, ET LA CELPA

En effet, plusieurs auteurs ont réfléchi sur le concept de problème et ses origines : en voici quelques uns :

Horton place les problèmes sociaux dans le cadre du changement social, de la relativité culturelle et dans le processus d'apprentissage culturel. Il ramène la typologie des problèmes sociaux à trois démarches à savoir :

· La désorganisation sociale expliquée par le changement socio culturel,

· La déviation individuelle qui suppose l'analyse du mode de comportement conformiste et déviant,

· Le conflit des valeurs qui s'efforce de dégager une relation entre instabilité de la disparition des valeurs d'une part, et l'apparition des problèmes sociaux d'autre part.48

47 M.NDAY WA MANDE, Cours de service social, Inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2006-2007

48 Horton, cité par RUGAMBWA SEBUJANGWE, Cours de service social, inédit, FSSPA, U.O.B, G3 SOCIOLOGIE, 2005-2006

Mascotsh NDAY WA MANDE définit praxéologiquement le problème comme un ensemble de difficultés qui s'érigent en obstacles dans le cours normal d'une société, d'un milieu social et qui indisposent les habitants.

La difficulté est dès lors conçue par le même auteur comme la qualité de ce qui ne rend pas facile, qui complique et qui embarrasse. C'est aussi ce qui empêche d'agir, de réagir, de reproduire dans le temps ; alors que l'obstacle consiste en des objets qui se mettent sur une voie et l'obstruent.

Couvrant un champ sémantique plus large, l'obstacle comprend l'accroc, l'impasse et ou l'entrave.49Au regard des considérations ci haut évoquées, nous pouvons dire que l'enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés a ses origines (causes) ainsi que ses conséquences que nous allons découvrir dans l'arbre à problème ci-dessous :

49 M .NDAY WA MANDE, Op cit

Handicaps physiques

Regain

de l'insécur ité

Enrôlement des enfants dans les forces
combattantes et leur réinsertion sociale

Agressivité accrue

Absence de
l'éducation

Déperditio n scolaire

Absence des mécanismes sociaux

Détresse spirituelle

Perspective s d'avenir négatives

Relations sociales endomma gées

Problème
d'identité

Stigmatisation

MST

Mariage précoce

Rejet par la communauté

Situation

 

Guerres à

Explosion

 

Enfants

Pauvreté

Aptitudes

Rupture

Manque

Désacra

 

Accord

Milicis

politico

 

répétition

démograph

 

moins

de la

physique

des liens

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l'armée

 

GOMA

jeuness e

 
 
 
 
 
 
 

De l'analyse de cet arbre à problème des organisations intervenant dans le domaine de la réinsertion des enfants sortis des forces et des groupes armés, il ressort que les taches de celles-ci sont de plus en plus nombreuses et lourdes. L'enrôlement des enfants dans l'armée et leur réinsertion posent de sérieux problèmes qui comportent diverses causes entre autres l'instabilité politique du pays, la destruction du tissu social , extrême estimation des enfants dans les conflits armés par les acteurs. Ces problèmes ont comme conséquence majeure la perte des mécanismes sociaux chez les enfants sortis des forces et des groupes armés, l'agressivité.

1. LES CAUSES OU ORIGINES

> La situation politique et militaire troublante : cette situation a été caractérisée en RD Congo par une instabilité politique avec chaque fois des risques d'affrontements entre mouvements armés actifs dans la partie orientale du pays et dans la province du sud Kivu en particulier. Ainsi, pour renforcer leurs ossatures et rester actifs, les forces et groupes armés opérationnels au sud Kivu ont recouru à l'enrôlement massif des enfants dans leurs rangs pour gonfler leurs effectifs.

> Les guerres à repetition : ont permis la suppression des barrières traditionnelles entre la vie civile et la vie militaire du fait de la succession des événements et des faits militaires créant une certaine familiarité dans le chef des certains enfants qui considèrent les faits militaires comme ordinaires.

> L'explosion démographique : en vue de réduire le boom démographique de la population, certaines entreprises multinationales appliquent les théories de la guerre en faisant de l'Afrique en général et Du Congo en particulier, un champ d'expérimentation des armes. Aussi, par le fait que les enfants, devenant de plus en plus nombreux, peuvent constituer des grandes troupes du fait du taux élevé de natalité.

> Les enfants constituent une main d'oeuvre moins chère : leur utilisation dans les forces et groupes armés n'exige pas beaucoup de dépenses. Il suffit de les nourrir d'espoir et jouer sur leur psychologie. le rôle de l'idéologie en tant force séductrice est remarquable. Des simples promesses suffisent aux enfants pour qu'ils tiennent jusqu'au bout.

> La paupérisation ou pauvreté généralisée : les familles dans lesquelles les enfants naissent sont pauvres. Elles ne parviennent pas à scolariser leurs enfants, ne répondent pas à leurs besoins, même les plus élémentaires. Toute opportunité qui se présente à eux est la bienvenue pour ces enfants pourvus que leurs besoins soient satisfaits. Ils croient

que leurs salut se trouve au bout du fusil et que rien n'est impossible si et seulement si l'on dispose d'une arme.

> Aptitudes physiques des enfants : les enfants sont considérés comme des véritables guerriers, redoutables. Ils n'ont pas la peur de tuer. Ils sont capables d'effectuer beaucoup de kilomètres de marche à pied que les vieux hommes ne peuvent. Ils sont audacieux et ont un coeur dur peuvent affronter toute situation facilement ils peuvent se droguer pour atteindre ce but. Les atouts physiques des enfants c'est-à-dire du fait qu'ils soient légers, petits, agiles. Les enfants soldats se camouflent facilement et se faufilent partout. De plus, la grande disponibilité des armes légères faciles à manier et à transporter par les enfants constitue le facteur déterminant.50 La témérité fait à ce que les enfants soldats se montrent impitoyablement cruels que les adultes. Leur inexpérience de vie et le fait qu'ils soient souvent nés dans situation de guerre les prédisposent au combat.

> La rupture des liens familiaux : la désorganisation des certains foyers par suite des problèmes d'ordre social entraîne ainsi la dislocation des ménages. Séparés de leurs familles, les enfants cèdent facilement à l'enrôlement forcé ou volontaire. L'armée constitue alors le lieu de leur réorganisation sociale, de compensation des troubles sociaux.

> La non application des règlements interdisant l'association des enfants à des conflits armés à quelques fins que ce soient : porteurs, espions, éclaireurs, messagers,...règlements contenus dans l'arsenal juridique tant national qu'international.

> La désacralisation de l'armée : elle est due à la démystification de l'armée et des armes .L'armée est devenue l'affaire de tout le monde, même sans aucune formation, aucune entrée dans l'académie militaire. L'on se réveille le matin et l'on devient officiers général, supérieur, subalterne selon le cas. Le mythe qui entourait l'armée a été enrayé par les pratiques quotidiennes.

> Les accords de paix de Goma de janvier 2008 : les groupes armés ayant participé à la conférence de Goma sur la paix, la sécurité, et le développement avaient présenté des effectifs dont ils ne disposaient pas. Ainsi pour accéder à des traitements privilégiés de la part du gouvernement de la RD Congo, ils ont procédé au recrutement des enfants pour grossir leurs effectifs. A ce titre, plusieurs enfants ont été sollicités pour faire partie de tel ou tel autre groupé armé en échange d'espoir et ambitions nourris par les responsables des groupes armés. Ce

50 SOPHIE NOLET, op. Cit. P.21.

ci valait aussi bien pour les groupes armés qui n' existaient que de nom,

qui n'étaient pas actifs que pour ceux qui étaient opérationnels.

2. Les consequences

> L'agressivité accrue : après une longue vie dans l'armée, les enfants n'en sortent pas comme ils y sont entrés. Ils développent une agressivité liée au fait qu'ils y étaient déjà habitués, par la consommation excessive des boissons alcoolisés, et d'autres drogues diverses.

> L'Absence d'éducation : ces sont des enfants qui, suite à la participation aux activités des forces combattantes, ont perdu des notions élémentaires d'éducation, de respect envers les supérieurs. Généralement ils ne sont plus soumis.

> La déperdition scolaire : ces enfants ont interrompu la scolarité pour l'armée. Ils ont du mal à s'adapter au système éducatif formel après leur réinsertion sociale.

> L'absence des mécanismes sociaux : du fait de leur enrôlement, ces enfants ont interrompu le processus de socialisation familiale, ont perdu les mécanismes sociaux élémentaires qui leur permettraient de s'intégrer dans la société globale.

> Problème d'identité : du fait de l'interruption du processus normal de socialisation familiale, ils ont perdu l'identité d'enfant car certains d'entre eux se sont engagés et sont devenus époux ou épouses. Ils ne sont plus identifiés comme enfant mais comme responsables des ménages du fait des unions conjugales précoces.

> Handicaps physiques : certains enfants ont été touchés par des bales,des bombes, ou des mines ou autres engins explosifs qui les ont amputés soit d'un bras, soit d'une jambe. Dès lors, ils deviennent et invalides et inaptes à tout travail. Ce qui constitue une charge pour la famille et pour la communauté entière car désormais il faut faire tout pour cet enfant.

> Les maladies sexuellement transmissibles : du fait de viol et violences sexuelles dont certains ce sont rendus coupables et d'autres encore victimes, ils se retrouvent porteurs des maladies sexuellement transmissibles dont le SIDA, deviennent une charge médicale de plus pour la famille et constituent une menace d'infection pour les autres enfants de la communauté.

> Détresse physique : elle est liée à des traumatismes psychosociales dues à la participation pendant une longue durée dans les conflits armés, laquelle participation ayant entraîné les enfants à la tuerie même des personnes innocentes, au viol, au vol, à la consommation des stupéfiants,...Tous ces éléments se constituent en charge morale

insupportable par les enfants sortis de forces combattantes qui ont besoin de la détraumatisation en guise des soins.

> La stigmatisation et le rejet par la communauté : certains enfants ont été rejetés et refoulés par les membres de leur communauté les accusent d'avoir commis des atrocités ou de suite de leur comportement antérieur dans leur milieu.

> Perspectives d'avenir négatives : ces enfants n'ont plus en eux des ambitions positives mais voient leur vie entachée des beaucoup d'irrégularités. Ils ont perdu tout espoir.

> Regain de l'insécurité et risque de re-recrutement : la réinsertion ratée des enfants soldats a favorisé dans certains coins la montée de l'insécurité.

2. LE DIAGRAMME OSA (OBJECTIFS, STRAREGIES ET ACTIONS) DES ORGANISATIONS Tableau n° 8

ENROLEMENT ET REINSERTION

Objectif 1 : Facilitation du retour des enfants sortis des forces dans la communauté Stratégie 1 : Identification des enfants

Actions :

- Descentes dans les zones d'activités des groupes combattants ;

- Visites dans des différentes brigades pour vérification des enfants dans les rangs militaires ;

- Enregistrement des enfants identifiés ;

- Entretien avec les enfants ;

- Remplissage de la fiche d'identification des enfants associés aux forces et groupes armés (Fiche A) ; de la fiche de vérification individuelle des enfants ex EAFGA (B)

Stratégie 2: Négociation de la sortie

- Prise des contacts avec les autorités militaires de la zone ;

- Entretien avec les autorités militaires

- Vérification avec les autorités de la présence des enfants dans les rangs ; - Obtention de l'autorisation de la sortie des enfants dans l'armée.

Objectif 2 : Accueil de l'enfant dans le centre de transit et d'orientation

Stratégie 1 : Documentation de l'enfant

Action :

- Remplissage de la fiche de documentation individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés, fiche C - Constitution de la base des données des enfants sortis de force et groupes armés (différentes adresses)

Strategie 2: Accompagnement psychosocial

- Activités récréatives: detraumatisation, promenade,

- Activités créatives ;

- Entretien communautaire ;

- Diagnostic sanitaire

- Réveil scolaire et la remise à niveau

- Animation thématique.

Stratégie 3 : Recherche familiale et Réunification

- Localisation et visites du domicile des enfants sortis des forces combattantes - Préparation du retour des enfants dans la communauté

- Médiation familiale

Objectif 3 : Réinsertion socio-économique des enfants des sortis des forces et des groupes armés Stratégie 1 : Apprentissage de métiers

Actions :

- Recueil des desiderata des enfants quant aux filières de formation

- Orientation des enfants selon leurs capacités (intellectuelle et physique) et opportunités offertes par leurs milieux - Formation en divers secteurs (menuiserie, soudure, ...).

- Remise d'un Kit de formation

- Appui en AGR (Activité Génératrice des Revenus).

Stratégie 2: Intégration scolaire

- Identification des enfants pouvant être réintégrés dans les écoles ; - Identification des écoles pouvant accueillir les enfants retournés ; - Signature des protocoles de collaboration avec les écoles

- Remise des kits pédagogiques aux écoles; rehabilitation ou construction des nouvelles écoles

- Intégration des vulnérables.

- Suivi des enfants intégrés

Objectif 4 : Prévention et lutte contre l'enrôlement des enfants dans l'armée Stratégie 1 : Rencontre des couches de la population dans leurs milieux

Actions:

- Sensibilisation des autorités politiques et militaires

- Vulgarisation des textes interdisant l'enrôlement des enfants

- Sensibilisation de la crème intellectuelle (conférence dans les universités) - Sensibilisation en milieu religieux

- Sensibilisation des autres composantes de la société civile

- Sensibilisation des partis politiques

- Sensibilisation des enfants contre l'enrôlement

Stratégie 2: Lobbing international

- Contact avec les gouvernements extérieurs

- Echange d'expérience avec les organisations étrangères

- Plaidoyer à la CPI (Cour Pénal International)

- Contact avec les agences du système des nation Unies (UNICEF, PNUD,...)

Ce diagramme des objectifs, stratégies et actions diagramme OSA en sigle essaie de dégager les objectifs, les stratégies ainsi que les actions entreprises par les organisations (BVES, CELPA, LAV, RECOPE) d'une manière compilée.

Parmi ces objectifs, stratégies et actions, certains sont à envisager pour rendre efficace les actions sociales en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés.

Globalement, le diagramme OSA préconise 4 objectifs assignés à ces organisations à savoir : la facilitation du retour en famille ou dans la communauté des enfants sortis des forces combattantes, l'accueil des enfants dans le centre de transit et d'orientation, leur réinsertion socio-économique et enfin la prévention et la lutte contre leur enrôlement .

1. La facilitation du retour des enfants sortis des forces combattantes dans la communauté

Il est question, pour les organisations de la réinsertion des enfants, d'entamer le processus du retour à la vie civile des enfants ex-combattants.

Pour ce faire, deux stratégies découlent de cet objectif à savoir l'identification des enfants sortis des forces combattantes et la négociation de la sortie des enfants des forces combattantes.

* L'identification des enfants sortis dans forces combattantes, est matérialisée sur le terrain par les actions suivantes :

- Les descentes dans les zones d'activité des groupes armés ; il s'agit d'une série de sortie effectuée dans les zones où sont opérationnels les groupes armés par les animateurs sociaux des organisations, en vue de se familiariser avec le milieu. C'est une sorte de pré étude du milieu.

- Les visites dans les différentes brigades pour vérification : ces visites sont organisées par les organisations pour affirmer exactement la présence des enfants dans les groupes armés actifs dans la région.

- L'enregistrement des enfants identifiés comme tel :il consiste à noter tous les cas considérés comme anormaux ; c'est-à-dire tous les enfants devant être démobilisés des forces combattantes où ils prestent.

- L'entretien avec les enfant ; permet aux animateurs de terrain des organisations sociales de recueillir les premiers besoins déclarés par les enfants soldats mais aussi de

se rassurer de la présence ou pas d'autres enfants étant donné que certains groupes armés les cachent , surtout les filles, considérées comme épouses des militaires.

- Le remplissage de la fiche d'identification des enfants consiste à recueillir le nom du groupe armé dans lequel l'enfant preste, la région militaire, le nom du commandant bataillon ou de la brigade, la signature du commandant de bataillon ainsi que des renseignements individuels de l'enfant.

* La seconde stratégie consiste à la négociation pour obtenir la sortie des enfants

des forces ou groupes armés, elle se matérialise par les actions suivantes :

- La prise de contact avec les autorités militaires de la zone ; ces contacts sont soit la sollicitation des audiences par écrit, soit par contact téléphonique de la part des animateurs des organisations auprès des autorités militaires.

- Une fois l'accord d'audience obtenue, l'entretien entre les responsables des organisations et les commandants militaires a lieu. Des questions relatives à la sortie des enfants sont traitées.

- La vérification commune est effectuée par les autorités militaires et les responsables des organisations pour le rassurer que les individus identifiés par les organisations sont de moins de 18 ans.

- Après la vérification, l'obtention de la sortie des enfants des forces combattantes est accordée, l'enfant ainsi rejoint le centre de transit et d'orientation.

2. L'accueil de l'enfant dans la structure transitoire

Trois stratégies ressortent de cet objectif à savoir la tenue de la documentation de l'enfant ex-soldat, l'accompagnement psychosocial, la recherche familiale et la réunification familiale et communautaire de l'enfant.

* La documentation de l'enfant : cette stratégie est rendue effective grâce à deux actions qui sont :

- Le remplissage de la fiche de documentation individuelle des enfants associés aux forces et groupes armés. Cette fiche contient les renseignements relatifs à l'histoire de l'enfant.

La photo de l'enfant ex-soldat, le code de l'agence, l'identité complète de l'enfant
(nom, post nom, âge, lieu et date de naissance, province d'origine, territoire), son

contexte de la séparation d'avec sa famille lors de l'enrôlement dans le groupe armé, les adresses successives de l'enfant, les lieux où l'enfant a habité successivement), ses frères et ses soeurs, sa prise en charge actuelle, sa situation nécessite une attention particulière (autrement dit si l'enfant est chef de ménage, handicapé, a un problème enfant mère), les voeux de l'enfant de l'enfant (le familier qu'il voudrait retrouver), la liste des documents et bien importants que l'enfant possède.

- D'autres indications non contenues sur la fiche C devient constituées la base des données de l'enfant.

* L'Accompagnement psychosocial : il est effectif à travers :

- Les activités récréatives : ce sont des activités grâce auxquelles les enfants sortis des forces et groupes armés parviennent à être détraumatisés ; ce sont par exemple les promenades, les sports, les jeux, les contes...

- Les activités créatives : ce sont des activités qui consistent à aider l'enfant à concevoir un idéal en concevant un projet individuel de vie grâce aux dessins.

- L'entretien : cette action est entreprise pour permettre à l'enfant de sortir de l'angoisse, de la solitude et d'être en communication avec les encadreurs sociaux ainsi que ses pairs trouvés au centre transit.

- Le diagnostic sanitaire : initié pour détecter les maux (maladies) dont souffrent l'enfant et qui pourraient mettre mal à l'aise les autres enfants.

- Le réveil scolaire et remise à niveau : cette activité a comme but d'inculquer aux enfants sortis des forces et groupes armés des connaissances. Pour certains, il s'agit de savoir lire et écrire ; et pour d'autres de savoir les opérations fondamentales (addition, soustraction, multiplication, division) pour s'adapter à la vie pratique.

- L'animation thématique : elle consiste en une série d'exposés en faveur des enfants sortis des forces combattantes. Elles portent sur des thèmes relatifs à la prévention du VIH/SIDA , les droits de l'homme, la conservation de l'environnement, les valeurs civiques...

Ces animations doivent être approfondies en tenant compte du passé récent de l'enfant soldat. Elles doivent être tenues dans les langues locales (Swahili) et même les langues vernaculaires pour une meilleure compréhension de la cible. (Enfant soldat)

Elle se matérialise par trois actions entreprises par les organisations à savoir les visites à domicile des enfants sortis des forces combattantes, la préparation morale des parents au retour de leurs enfants et enfin la médiation familiale.

- En cas de refus des familles au retour des enfants, les animateurs sociaux des organisations intensifient des séances de médiation au sein de famille dans le but de les persuader à accepter leurs enfants. Cette résistance au retour des enfants est souvent vécue si les enfants ont été auteurs des exactions contre les membres de leur communauté, ou si leur comportement laissait à dévier lors de leur incorporation dans les forces combattantes.

3. Réinsertion socio-économique des enfants ex-soldats.

Cette étape est la plus fondamentale dans le processus du retour à la vie ainsi qu'aux activités civiles des enfants sortis des forces et groupes armés. Elle se réalise à travers l'apprentissage des métiers et que la réintégration scolaire des enfants exsoldats.

* L'apprentissage des métiers passe par les démarches suivantes:

- Le recueil des desiderata des enfants en rapport avec leur projet de métiers souhaités. Cette action consiste à recueillir les avis des enfants pour avoir une idée sur les types des formations à organiser à leur intention.

- Une orientation en filière des métiers est faite en tenant compte des capacités intellectuelles et physiques de l'enfant.

- La formation proprement dite intervient dans les domaines suivants : coupe et couture, soudure et ajustage, menuiserie, agriculture et élevage, cordonnerie, arts plastiques, maçonnerie,... La durée de ces formations varie de 6 à 8 mois.

- Après la formation, un appui en activités génératrices de revenu est accordé aux enfants. Cet appui est constitué des outils de travail de la filière de formation de chacun. Pour d'autres enfants, ceux ayant opté pour le petit commerce, une somme ne dépassant pas 150 $ leur est accordée pour leur permettre d'entreprendre l'activité. Ceux ayant opté pour l'élevage, chacun deux chèvres pour le démarrage. Enfin, ceux ayant opté pour les métiers reçoivent en plus des outils, une garantie locative du bâtiment (atelier) pour une durée de plus ou moins trois mois.

* La réintégration scolaire se matérialise par les actions qui suivent :

- Le processus de l'identification consiste à enregistre les enfants ayants opté pour la réintégration scolaire. Il s'agit des enfants ayant été pour la plupart enrôlés au bas âge et n'ayant pas passé beaucoup de temps dans l'armée.

- L'identification des écoles pouvant accueillir les enfants ex-soldats. Elles sont choisies dans les milieux où sont réinstallés les enfants.

- Les organisations de la réinsertion procèdent à la signature d'accord de partenariat avec les écoles. Il s'agit pour les écoles à s'engager à ne pas chasser les enfants sortis des forces combattantes pendant une période ne dépassant pas deux ans. et fournir de kits aux écoles constitué des craies, des livres, et autres fournitures scolaires diverses en compensation des frais scolaires.

- A côté d'un enfant ex-soldat inséré dans les écoles, les associations associent un enfant vulnérable du milieu pour éviter la discrimination.

4. La prévention et lutte contre l'enrôlement des enfants dans l'armée

Elle constitue le quatrième objectif du diagramme OSA objectif stratégies et actions des organisations intervenant dans la réinsertion sociale des enfants soldats. Cet objectif se réalise par 2 stratégie à savoir : la rencontre des couches de la population dans leurs milieux ou espaces-temps (milieu de vie) et le lobbing international.

* La Recherche des couches de la population dans leurs milieux, a pour activités principales :

- La sensibilisation des autorités politiques et militaires sur le phénomène enfant soldat et sur la nécessité pour les autorités d'instruire les commandants des troupes à toutes les instances de bannir la pratique d'enrôlement des enfants et surtout sanctionner les individus qui s'en redent coupables.

- La vulgarisation, par des dépliants, affichages des textes des lois nationales et/ou des traités et principes internationaux interdisant l'utilisation des enfants dans une force combattante.

- La sensibilisation de la crème intellectuelle sur le phénomène enfant soldat ainsi que sur ses conséquences par des séances d'activités académiques, des symposiums, des colloques, des conférences-débats dans les universités.

- La sensibilisation en milieu religieux ; celle-ci doit tenir compte du fait que la religion ou le phénomène religieux occupe une place importante dans les activités des

individus et la nécessité d'impliquer les acteurs religieux à sensibiliser à leur tour leurs fidèles croyants (dirigeants et parents) sur le phénomène enfant soldat.

- La sensibilisation des autres composantes de la société civile, comme la composante femme, la composante jeunesse à s'engager résolument à éradique ce phénomène.

- La sensibilisation des partis politiques : ces derniers ont la destinée de la nation dans leurs différents projets de société, d'où la nécessité d'inclure dans ces derniers la lutte résolue contre le phénomène enfant soldat.

* Lobbying international :certaines de ces organisations, d'exécuter des projets financés de l'extérieur, disposent déjà de la reconnaissance internationale (réputation) ; d'où ,la nécessité d'exploiter cet aspect.

Elle se matérialise par les actions suivantes :

- Les contacts avec les gouvernements extérieurs : ces contacts doivent concerner les gouvernements ayant une certaine capacité de convaincre les autorités du pays, faire une certaines pression sur elles pour qu'elles s'engagent à ne plus utiliser les enfants dans l'armée.

- Certaines organisations internationales disposent déjà de l'expérience dans le phénomène enfant soldat pour avoir travaillé depuis très longtemps sur la question. D'où la nécessité pour ces dernières de profiter de cette expérience pour renforcer le système de monitoring, (relèvement des cas ou dénonciation des cas de flagrance) et de faire le plaidoyer en faveur de son éradication.

- Les contacts au niveau des agences du système des Nations Unies (comme l'UNICEF, le PNUD) doivent permettre de renforcer cette lutte contre le phénomène enfant soldat.

Les objectifs, les stratégies ainsi que les actions que préconise le diagramme OSA ci haut détaillé, ont pour la plupart déjà été envisagés, d'autres sont envisageables ou susceptibles d'être améliorés par les organisations de la réinsertion étudiées.

Ainsi, leur efficacité requiert la connaissance des forces et faiblesses de ces organisations ainsi que les opportunités et les menaces qu'elles subissent de l'extérieur (environnement).

3. DIAGRAMME SWOT Tableau n°9

FORCES (Strenght)

FAIBLESSES (weakness)

- Sortie des EAFGA de l'armée - Assistance psycho morale

- Formations en divers métiers - Réinsertion scolaire

- Octroi des Kits

- Appui aux AGR

- Exécution de divers projets

- Certaines ont négligé les autos démobilisées

- Manque du personnel compétent pour la prise en charge psychosociale

- Manque des fonds suffisants

- Niveau bas de l'administration

- Insatisfaction des enfants

- Mauvaise composition des équipes de travail

- Enregistrement des faux enfants soldats (vulnérables, enfants de la rue)

- Appui scolaire à court terme

- Mauvais kit de réinsertion rémis

- Obligation des enfants de faire le métier qui n'est pas de leur choix

- Détournement des frais de location des enfants (Ateliers) - Retard dans la remise des kits

MENACES (Thread)

OPPORTUNITES (opportunity)

- implication statique dans la réinsertion à travers l'UEPN, DDR. - Partenariat local (...)

- Financement des projets à divers instances, agences des Nations

Unies : PNUD, UNICEF, BIT, OIT, PYM NORVEGE.

- Existences des instruments internationaux CDE, DUDH,

principes du CAP, principes de Paris ;

- Existences des lois interdisant l'enrôlement des enfants - Cadre opérationnel DDR

- Collaboration avec les communautés locales.

- Pauvreté généralisée, 99% d'enfants viennent de familles pauvres

- Fonds de financements à court terme

- Instabilité socio-politique

- Existence de plusieurs milices Maï Maï

- Stigmatisation des EAFGA

- Régit des EAFGA par la communauté

- Difficulté de fonctionnement des ateliers (fonds, courant)

- Dépendance des enfants qui voudraient avoir de l'aide à tout instant.

Le SWOT est un sigle anglais qui signifie Strenght (Force), Weaknes (Faiblesses), Opportunity (Opportunité) and Thread (Menace). Ce diagramme nous permet d'analyser les forces, les faiblesses, les opportunités ainsi que les menaces que connaissent les organisations intervenant dans la réinsertion sociale des enfants soldats que nous voudrions présenter dans les lignes qui suivent.

Lorsqu'on procède au croisement de ces différents éléments de l'environnement interne et externe, on en obtient des issues stratégiques en terme de : les forces croisées aux opportunités donnent le succès ; les forces croisées aux faiblesses donnent de la réussite ; les faiblesses croisées aux opportunités donnent l'équilibre.

1. Forces des organisations

Les forces des ces organisations sont la sortie des enfants dans l'armée, à ce titre 74 % de nos enquêtés constitués d'enfants sortis des forces et groupes armés ont exprimé leur reconnaissance envers ces organisations dans la mesure où elles leur ont permis de sortir des forces et groupes armés grâce aux contacts et négociations avec les autorités politiques et militaires. L'assistance psycho morale et médicale, les formations en métiers, la réintégration scolaire des enfants ex-soldats, l'octroi des kits de réinsertion, l'appui aux AGR ainsi que l'exécution de divers projets constituent les forces de ces organisations locales facilitant le retour aux activités civiles des enfants ex-combattants.

2. Les faiblesses

Elles sont :

- Le manque du personnel compétent pour la prise en charge des problèmes particuliers des enfants ; dans la mesure où ces enfants posent des problèmes divers et qui nécessitent des solutions particulières. D'où, la nécessité d'intégrer dans leur structures les technocrates (sociologues, psychologues) qui sont rodés en matières des aux problèmes sociaux et psychologiques.

- Le manque d'une administration qui fonctionne rationnellement. Ceci est dû au cumul des fonctions que nous avons observé dans certaines organisations où un seul agent réalise les tâches réservées à plusieurs. Aussi, la lenteur dans le traitement des dossiers, un gestion du type familial étant donné les relations parentales qui caractérisent les agents.

- Certaines comme organisations le BVES refusent carrément la prise en compte des enfants auto démobilisés .

Deux organisations sur les quatre contactées nous ont affirmé qu'elles ne se chargent que des enfants ayant été démobilisés officiellement. Ce qui crée une menace pour la paix dans les communautés où vivent les enfants non pris en compte .Pour ceux-ci les moyens sont possibles pourvu qu'ils satisfassent leurs besoins dans la mesure où ils sont délaissés.

- La mauvaise composition des équipes dans les ateliers de travail ; des personnes venant des coins différents avec des ambitions déférentes sont forcés de travailler ensemble. Ce ci n'a pas permis à ces groupements de travail de durer longtemps.

- L'incorporation dans les listes d'enfants soldats, des enfant n'ayant jamais été enrôlés dans l'armée, que nous avons découvert lors des nos enquêtes à travers les interviews ; des enfant confirmés par les organisations comme étant des enfants excombattants mais qui en pleine interview nous ont rassuré qu'ils n'avaient jamais été dans l'armée ou groupe armé ; ce sont des enfants de la rue, avec des enfants vulnérables d'autres qui ont de liens de parenté avec les responsables des organisations de la réinsertion,

- Appui aux enfants ex-soldats scolarisés à court terme ne permettant même pas d'achever un cycle d'études. En plus, il a manqué des activités d'auto-financement qui permettraient de subvenir aux frais après la rupture de l'aide.

- Remise des kits non adaptés aux enfants (outils), ne permettant pas de réaliser efficacement le travail. Lesdits kits comportent des matériels soit insuffisants,soit fragiles.

- Obligation pour certains enfants de faire le métier qui n'est pas de leur choix, ces enfants après la formation, certains nous ont affirmé avoir vendu le kit qui leur avait été donné pour exercer l'activité de leur choix. A ce titre KALONGA LUSELUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU51 soulignent que si bon nombre d'acteurs qui ont tenté de réinsérer socialement et ou économiquement les enfants sortis des forces et des groupes armés ont échoué, c'est parce qu'ils ont négligé l'interdépendance qui doit toujours exister entre trois éléments qui sous-tendent une orientation professionnelle véritable, à savoir :le métier, le marché de l'emploi et la personne à orienter en tenant aussi bien compte de ses aspirations et ses des aptitudes .

51 KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO

MBULU, « problématique de l'orientation professionnelle des enfants sortis des forces et des groupes armés » cas de la ville de Bukavu in Recherches Africaines, N°20 décembre 2008

- L'insatisfaction des enfants : les enfants déclarent que l'aide est insignifiante et ne leur permet pas de s'adapter aux exigences de la vie civile après plusieurs mois (années) passés dans les forces combattantes.

- Les organisations manquent des fonds suffisants pour satisfaire tous les besoins ressentis par les enfants.

- Le détournement de la garantie locative des enfants, pour certains enfants au lieu d'une garantie de 6 mois, seul 3 mois leur avaient été payés, et d'autres se sont vu entasser dans un atelier des 8 à 10 personnes.

- Le retard dans la remise des kits : la fin de la formation pour certaines organisations ne correspond pas à la remise du kit. Les enfants formés à Nyangezi par le RECOPE n'ont reçu le kit de réinsertion que 6 mois après. En attendant, ils avaient déjà d'autres ambitions que celles pour lesquelles ils avaient opté pour la formation suivie.

Ils ont purement et simplement vendus leur kit de réinsertion qui leur avait été remis.

3. Les opportunités des organisations de la réinsertion sociale

L'environnement extérieur offre aux organisations de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés des opportunités suivantes dans leurs actions sociales en faveur desdits enfant .Il s'agit des opportunités suivantes :

- L'implication étatique dans la réinsertion sociale des enfants sortis des groupes armés.

Les organisations de la réinsertion ont d'abord collaboré avec la CONADER, la commission nationale de désarmement et réintégration depuis 2004 jusqu'en fin 2007. Cette commission avait pour mission d'exécuter et coordonner les activités du PN DDR ou programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion. Ensuite, la CANADER a cédé la place à l'Unité d'exécution du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion qui a vu le jour en 2008.

Ces deux institutions qui se sont succédé ont travaillé en collaboration aussi bien avec les organisations internationales que les organisations locales intervenant dans la réinsertion des enfants ex-soldat s dont les organisations que nous étudions dans le présent travail.

Pour ce faire, le cadre opérationnel pour enfants associés aux forces et groupes armés avait été adopté le 7 mai 2004 par le Gouvernent de la République Démocratique du Congo. Ce document constituait la partie spécifique et pratique du programme national de désarmement, démobilisation et réinsertion qui établissait les

principes directeurs, les normes et procédures pour la prévention du recrutement des enfants dans les forces et groupes armés, leur retrait ainsi que leur réinsertion dans la vie civile.

D'autres institutions étatiques travaillent en collaboration avec les organisations locales. Il s'agit des divisions provinciales des affaires sociales, de la femme, famille, enfant et du genre, de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, de la justice et garde des sceaux, l'inspection provinciale de la santé,...

- Le partenariat organisationnel au niveau local : à travers d'autres organisations, associations sans but lucratif, intevenant dans la réinsertion des enfants sortis dans forces combattantes, hormis les 4 organisations que nous analysons, nous pouvons citer la Fondation Solidarité des Hommes FSH, la Solidarity Action for Children in Detress) SACD, le Group One,

- Le financement des projets diverses instances internationales ; les organisations sont financées les unes par les agences du système des nations unies (UNICEF, PNUD, UNHCR), les autres par des organisations internationales comme PYM/Norvège, Afrika Leve / Norège, War Child Hollande, Norvegian Church aid NCA, AMNESTY INTERNATIONAL,SAVE THE CHILDREN, la coalition stop pour l'utilisation des enfants soldats Londres, Save the Children Grande Bretagne, USAID, Banque Mondiale, MDRP, Organisation Internationale du Travail OIT,...

- Existences des instruments juridiques internationaux protégeant les enfants, la convention relatives aux droits des enfants CDE, la charte africaine de droit et de bien être de l'enfant, la déclaration universelle des droits de l'homme DUDH,

- Existence des principes internationaux interdisant l'enrôlement des enfants dans les forces combattantes dont,

~ Les principes du Cap ont été adoptés en 1997 à l'issue d'un

colloque organisé par l'UNICEF et le groupe de travail des ONG pour la convention relative aux droits de l'enfant en vue de formuler des stratégies de prévention du recrutement d'enfants, de démobilisation des enfants soldats et d'assistance à ces enfants aux fins de leur réinsertion dans la société. Ces principes ont pris valeur de norme inspirant l'élaboration des règles, de la législation internationale ainsi que l'évolution des orientations aux niveaux national, régional et international.

~ Les principes de Paris, principes directeurs relatifs aux enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés. Ces principes mettent en exergue les modalités informelles selon lesquelles des garçons et des filles s'associent aux forces armées et groupes armés et les quittent. Ils montrent à quel point il est essentiel, du

point de vue humanitaire, de faire en sorte que les enfants puissent quitter sans conditions les forces armées ou groupes armés à tout moment, même au plus fort d'un conflit et pour toute la durée de ce conflit. Ces principes ont une approche sexo spécifique tendant à renforcer les mécanismes pour persuader les filles à sortir des forces combattantes

- Loi nationale

Une loi nationale avait été votée en Juin 2000 qui interdit clairement la participation

des enfants de moins de dix-huit ans dans un groupe armé.52

- La collaboration avec les communautés locales d'où les enfants doivent être réinsérés constitue une garantie de l'appropriation du processus de la réinsertion et gage d'une intégration réussie des enfants soldats.

4. Menaces

Les menaces auxquelles ces organisations de la réinsertion des enfants excombattants font face dans le processus de construction de la paix dans les milieux d'intervention sont les suivantes :

- La pauvreté généralisée des familles dans lesquelles les enfants reviennent ; les enfants qui sont réinsérés n'ont pas la garantie de satisfaire leurs besoins dans leurs familles. D'où le risque de se rallier à un groupe criminel qui aura comme conséquences de troubler la quiétude des citoyens ou même retourner dans l'armée où le salut des besoins se trouve au bout du fusil.

- Le fonds de financement des projets accordés par les donateurs extérieurs ne permettent pas d'étendre les projets de réinsertion à long terme ni même de les pérenniser dans les actions par les petits projets productifs dans les milieux où sont réinsérés les enfants.

- L'émergence des milices armées (Maï Maï) : après la conférence sur la paix, la sécurité et le développement tenue à Goma en 2008, les groupes armés qui avaient pris part à ses assises s'étaient engagés à déverser leurs troupes dans les rangs de forces armées régulières. Le constat qui avait été fait, était que ces groupes armés

52 Décret-loi n° 066 de Juin 2000

n'avaient pas les effectifs et ont dû entamer des compagnes de sensibilisation au recrutement des troupes y compris les enfants sortis des forces en groupes armés.

15 enquêtés enfants ex-soldats soit 25 % de nos enquêtés trouvés à Nyangezi, nous ont affirmé que beaucoup de leur collègues avaient été incorporés dans ces groupes armés à cette époque là car beaucoup d'avantages leur avaient été promis par les anciens seigneurs de guerre.

Tableau n°10 : Enfants sortis des forces et groupes armés ayant été sollicités de réintégrer les forces combattantes.

Enfants ex-combattants

sollicités ou pas

TOTAL

%

Enfants sortis des forces

combattantes ayant été

sollicités de réintégrer les
Forces

48

80

Enfants n'ayant pas été

sollicités

12

20

TOTAL

60

100

80 70 60 50 40 30 20 10

0

 

%

Enfants sortis des forces combattantes ayant été sollicités de réintégrer les

Enfants n'ayant pas été sollicités

Source : nos enquêtes sur terrain 2009.

Les résultats de nos enquêtes nous révèlent que sur 60 enfants enquêtés soit 100 % de nos enquêtés de la catégorie d'enfants sortis des forces et groupes armés, 48 enfants soient 80 % nous ont affirmé avoir été sollicités par les groupes armés opérationnels au Sud Kivu pour y prester comme combattants en contre partie d'une importante somme d'argent comme salaire, de transport et d'autres ont été promis d'être élevés à des grades d'officier, d'officiers supérieurs dans ces différentes composantes armées.

Seuls 12 enfants soit 20 % de nos enquêtés ont affirmé n'avoir pas été contactés pour faire partie d'une force ou groupe armé.

Au cours de nos enquêtés, 15 enfants ex-soldats trouvés à Nyangezi nous ont affirmé que beaucoup d'enfants ex-soldats avec qui ils avaient été réinsérés dans la vie civile, avaient déjà réintégré les groupes armés qui prestent dans leur contrée.

La construction de la paix est un effort qui doit être fourni par tous les acteurs, qu'ils soient sociaux ou politiques. Les actions des organisations s'inscrivent dans la logique de la construction de la paix dans la province du Sud Kivu en général et dans les zones où elles interviennent. Cet effort se traduit par l'ensemble des actions entreprises par les organisations en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés. Cependant, cet effort semble être mis à mal par l'environnement politique qui semble être incertain dans les milieux où retournent les enfants ex-combattants avec l'émergence des milices armées avec des effectifs importants d'ex-combattants pour leur positionnement politique.

Tableau n°11 Cartographie des forces et groupes armés du Sud Kivu ayant enrôlé des enfant soldats.

Groupes armés

Zone d'intervention

Effectif approximatif

d'enfant utilisé

RCD GOMA

SUD KIVU

698

MAIMAI

FIZI UVIRA

437

MUDUNDU 40

WALUNGU

325

FRF

FIZI

353

 
 
 

FDLR/ Rwandais

FIZI UVIRA KABARE

WALUNGU KALEHE

69

 

SHABUNDA MWENGA

 

FDD/Burundais

UVIRA FII

80

FARDC

 

532

MILICE LOCALE Luhwinja

MWENGA

253

INSURGE 106

KALEHE

48

GROUPEMENT COMBATTANT

MWENGA

124

PARECO

KALEHE

340

DISSIDENT KIFUAFUA/ MAIMAI SIDO

 

342

FARDC NON BRASSES

KABARE

221

MAIMAI BRIGADE

COBRA

FIZI

458

EAFGA Congolais

associés aux FDLR

 

353

MAIMAI SHIKITO

UVIRA MWENGA

117

MAIMAI CORTINO

SHABUNDA

69

MAIMAI KIRIKICHO

 

16

MAIMAI SIMBA

 

53

MAIMAI LEOPARD

 

72

AUTRES

 
 

TOTAL

 

4938

Source : statistiques de l'UE PN DDR

Comme on le constate, le tableau ci haut nous montre que tous les territoires de la province du Sud-Kivu à l'exception de celui d'Idjwi ont connu l'enrôlement des enfants dans les forces combattantes.

- Le Rejet par la communauté des certaines enfants ; d'autres sont stigmatisés comme les filles.

- La difficulté pour les ateliers de certains enfants soldats surtout ceux de la ville de Bukavu organisant la formation dans sa filière de soudure et ajustage suite aux coupures intempestives du courant électrique.

Un ESFGA de l'atelier de Nyawera nous a déclaré ce qui suit : « il nous arrive de passer 3 à 4 jours sans courant électrique. Cette situation nous crée des problèmes avec nos clients... »53

Ce problème peut renforcer la dépendance des enfants tenanciers des ateliers vis-à-vis des organisations.

SECTION DEUXIEME : MECANISMES DE CONSTRUCTION DE LA PAIX

La section précédente a mobilisé l'analyse praxéo-configurationnelle avec la construction d'un arbre à problème, le diagramme OSA et le diagramme SWOT en vue de comprendre pratiquement les actions des organisations de la réinsertion des enfants ex-soldats pour la construction de la paix.

La section suivante va étudier l'implication communautaire sollicitée par les organisations pour soutenir les efforts de paix dans les milieux de retour des enfants.

a. Mécanismes d'auto prise en charge

Les mécanismes d'auto prise en charge consistent pour les organisations de la réinsertion à mettre en place des activités, telles qu'expliquées précédemment, en faveur des enfants sortis des forces combattantes en vue d'évoluer dans une unité de production (atelier) selon la filière de formation suivie et grâce à l'appui financier offert par les organisations pour le démarrage des activités génératrices de revenu.

Ces rendent directement l'enfant sorti des forces combattantes responsable de luimême.

L'autre volet consiste au fait que l'enfant réinséré en milieu scolaire est également encadré dans une structure même si l'action n'est pas durable (deux ans d'appui scolaire).

Après ces deux ans, on peut redouter des actions contraire à la paix comme les tentatives de re-enrôlement des enfants sortis des forces combattantes du fait que si les parents n'ont pas été en mesure de prendre le relais des organisations, cette approche empiète l'élan de la paix dans la mesure où ces enfants vont se rallier à des groupes criminels en souvenir des leur séjour dans les forces et groupes armés pour subvenir à

53 Entretien avec MIKE le 14 mai 2009

leurs besoins. Il en est de même des enfants dont leurs métiers de réinsertion professionnelle ne sont pas productifs. Le fait de fixer des attentes irréalistes dans les avantages immédiats de la paix peut faire plus du mal que de bien, et risque d'amener ceux qui auront le sentiment d'être perdants du processus de paix à tenter de le faire échouer en provoquant des troubles ou en recourant à d'autres formes des violences, notamment des activités criminelles.54

Les organisations locales procèdent par des mécanismes permettent de contribuer à la réduction du chômage, de la déscolarisation, de la prostitution, du vagabondage, de l'oisiveté, du vol et de résorber tant d'autres situations qui engendrent une crise sociétale dans le chef des enfant sortis des forces et groupes armés.

Pour ce qui est de la contribution à la construction de la paix, les organisations locales qui ont fait l'objet de notre étude, nous ont affirmé que c'est grâce à leurs actions ci haut énumérées, qu'elles contribuent à la construction de la paix au Sud Kivu.

b. De l'implication des communautés locales

L'apport des communautés locales est important dans l'appropriation des actions de la réinsertion sociale et par ricochet de la construction de la paix, gage pour le développement des communautés.

L'apport des organisations passe également par la mise en oeuvre au sein des communautés des structures locales ayant pour charge de faire le suivie des activités de réinsertion.

Tableau N°11 : Des structures communautaires

Structures implantées

Effectif

%

Organisations avec

structures propres créées

3

75

Organisations travaillant

avec des partenaires
autonomes

1

25

TOTAL

4

100

54ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, Prévenir les conflits violents : quels moyens d'action ?,Paris, OCDE,2001,p59

80
70

 
 
 

60 50 40 30 20

 

Organisations avec structures propres créées

Organisations travaillant avec des partenaires autonomes

10

0

 
 

%

Source : Nos enquêtes

L'interprétation du tableau et du graphique ci haut fait ressortir le fait trois organisations locales travaillant dans la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés, les 75 % de notre échantillon des organisations mettent en place leurs propres structures pour suivre les activités de la réinsertion au niveau de leur base. Tandis qu'une seule organisation travaille avec des partenaires autonomes à la base pour cette même fin.

Ces structures ainsi implantées fonctionnent grâce aux allocations des organisations locales mais sont censées être bénévoles dans la pratique.

Elles ont pour charge de suivre les actions, des organisations au niveau de base et de les pérenniser à. Ces structures étant l'émanation de la communauté sont dirigées pour la plupart par les représentants de diverses couches de la communauté.

Les collectivités locales constituent des entités incontournables pour la mise en oeuvre et l'exécution d'activités de construction de la paix. Ainsi tout effort tendant à initier des actions dans la communauté doit travailler avec celle-ci là dans le but de pérenniser les actions au profit de ses membres et les actions puissent continuer à produire des effets positifs.

Ces structures mises en place ont implanté de clubs de paix qui sont des noyaux communautaires où les diverses couches (enfants et adultes) se rassemblent pour parler des actions en faveur de la paix. Cette expérience nous l'avons vécu à Nyangezi,...

Les organisations intervenant dans la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés doivent aider au renforcement des capacités et des structures locales et communautaires qu'elles accompagnent pour participer à la construction de la paix dans la communauté.

Pour ce qui est de l'Aide à la communauté où les enfants retournent, soulignons que 3 organisations soit 75 % de nos enquêtés ont affirmé qu'à part l'appui économique en faveur des enfants ex-combattants, aucune autre aide matérielle n'est apportée dans la communauté où les enfant retournent. Les organisations se contentent du lobbying auprès des autorités pour les conscientiser à tenir compte des besoins exprimés par les populations. Pour susciter les membres de la communauté à accueillir et à intégrer les enfants ex-combattants, il serait important que ces organisations mettent en place des projets communautaires impliquant la participation des tous les membres de la communauté en terme d'adduction d'eau en milieu rural et perurbain ainsi qu'un appui en AGR aux membres de la communauté...

c. La réinsertion des filles ex-combattantes

Les organisations de la réinsertion des enfants ex-combattants nous ont affirmé que les filles demeurent invisibles et ne participent pas nombreuses au processus de réinsertion sociale des enfants ex-combattants pour des raisons diverses.

Tableau N°12. : Répartition des nos enquêtés par sexe

Sexe

Effectif

%

Masculin

52

86

Féminin

8

14

TOTAL

60

100

Source: Nos enquêtés 2009

109

masculin feminin

60

50

40

30

20

10

0

Sexe

Le constat qui se dégage de ce tableau est que 86 % des nos enquêtés de sexe masculin tandis que 14 % sont du sexe féminin, on remarque que la participation féminine est largement inférieure à celle garçons.

Les organisations avancent une moyenne de 35 % de participation au processus de réinsertion dans la province du Sud Kivu et justifient cette faible participation par :

- Les filles sont cachées par les autorités (commandants) militaires qui les considèrent comme leurs femmes malgré les viols et violences sexuelles commises sur elles et donc elles sont leur propriété personnelle. A ce titre, elles n'ont pas la chance de participer à la démobilisation formelle. La seule solution qui leur reste c'est la désertion. Les organisations nous ont affirmé que 65 % d'auto démobilisation sont constitués des filles qui ont trouvé la seule solution d'échapper aux violences ; c'est la désertion.

- Le problème de la culture : la tradition considère qu'une fille qui a déjà passé plusieurs jours en dehors de toit paternel est considérée comme femme d'autrui, les filles ont intériorisé cette tradition. Lorsqu'une fille a eu un contact sexuel avec un homme que ce soit de manière volontaire, par viol ou par présomption, du fait d'avoir été prise par un groupe armé, en dehors du mariage et du système de dot, elle est considérée comme n'ayant plus aucune valeur par la société. Connaissant ces points de vue, les filles pourraient ne pas chercher à être relâchées et démobilisées de la même manière que les garçons car elles craignent davantage la stigmatisation sociale à laquelle elles devront faire face à leur retour dans leurs familles et leurs communautés. Cette situation se complique certainement encore davantage si la fille attend un enfant ou a eu des enfants de ses relations.

Pour Beth VERHEY, quand les groupes armés se déplacent ou se redéploient, on peut observer peu après des groupes de « jeunes femmes » se déplaçant à l'arrière troupe,... les filles se sentent obligées de rester ou même le désirent avec le groupe armé ou leur « époux militaire » car elles ne profitent pas de ces occasions pour s'échapper. Alors l'idée du manque de choix pour ces filles impliquées dans des relations avec les groupes armés est bien ancrée, l'ignorance des filles de la possibilité de démobilisation ou de l'irrégularité de leur enlèvement en premier lieu par des groupes armés.55

Pour persuader les filles à participer au processus de réinsertion sociale, les organisations procèdent par la sensibilisation sur le genre à travers les théâtres, les visites à domicile des filles et par des conseils psychosociaux en vue de conscientiser les membres des familles ainsi que les filles elles-mêmes.

Dans le processus de construction de la paix, il est impérieux de tenir compte de la fille ou des femmes. Les femmes sont des bâtisseuses de la paix ; en se limitant à considérer les femmes (filles soldats comme victimes des conflits), on peut occulter le rôle qu'elles sont susceptibles de jouer en tant que conciliateurs dans le processus de reconstruction et de rétablissement de la paix.

Pour le CAD, dans le monde entier, des femmes et leurs organisations ont amorcé le dialogue et la réconciliation dans des communautés et des villages. Leurs expériences de survie durant la guerre leur ont fait acquérir des points de vue et des connaissances spécifiques non négligeable. De ce fait, leurs opinions en ce qui concerne les questions de paix et de sécurité sont essentielles pour le processus de paix à tous les niveaux.56

C'est ainsi qu'il est important pour les organisations de la réinsertion de sensibiliser les autorités et vulgariser le cadre opérationnel des enfants cités aux forces combattantes en vue d'obtenir la sortie officielle des filles dans les forces combattantes. Celles s'étant auto démobilisé ou déjà été réinsérés doivent de créer des regroupements en vue de les suivre pour envisager la stigmatisation qui les embourbe et de renforcer leur capacité de production aussi de faire de leur éducation une priorité parmi tant d'autres.

Les organisations nous ont affirmé au cours de nos enquêtes que les filles qui parviennent à participer au processus de réinsertion optent de plus en plus pour les

55 Beth VERLHEY, Atteindre les filles, Etudes sur les filles associés aux forces et groupes armés, Londres, SAVE THE CHILDREN, 2004, P16.

56 Les lignes directrices du CAD, prévenir les conflits violents : quels moyens d'action.

activités génératrices de revenu que la réintégration scolaire. Ainsi il faut arriver à marier l'adage selon lequel « éduquer une femme c'est éduquer toute une nation. »

d. La réinsertion sociale et l'Age des enfants sortis des forces et groupes armés.

La construction de la paix, un processus qui doit passer plusieurs étapes. Elle doit tenir compte de l'âge de l'entrée et celui de sortie de l'enfant des forces et groupes armés. Il est clair que la question de l'âge est un facteur secondaire lorsqu'il faut réinsérer les enfants soldats.

Le temps passé dans les forces et groupes armés est important pour savoir les problèmes spécifiques de chaque enfant. Il y a des enfants qui ont été enrôlés à 12 ans pour n'être démobilisés qu'après leur majorité. Passer sous silence cet aspect constitue une menace grave pour la paix dans la communauté dans la mesure où ces enfants ont passé toute leur adolescence dans l'armée, sans éducation, ni morale ni affection.

Tableau n°13 : Age d'entrée des ESFGA enquêtés dans l'armée

Tranche d'âges

effectif

Total

10 - 15

42

70

16 - 20

18

30

Total

60

100

112

effectif

45

40

35

30

25

20

15

10

5

0

10 - 15
16 - 20

Source : Enquête de terrain 2009

Les résultats de terrain nous renseignent que 70 % de notre population d'étude constituée de la catégorie d'enfants sortis des forces et des groupes ont été enrôlés dans l'armée dans l'intervalle d'âges de 10 et 15 ans et 30 % avait l'âge entre 16 et 20 ans.

Ainsi, nous constatons que la majorité de nos enquêtés ont pratiquement été enrôlés quand ils n'avaient pas encore franchi la 4ème Année des Humanités.

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