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Développement d'un cadre institutionnel adapté à  l'intégration du secteur informel au Bénin: cas du commerce illicite des produits pétroliers à  Cotonou

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par Nicolas OLIHIDE
CNAM Paris (France) - MASTER RECHERCHE en Sciences de Gestion Option "Management : Spécialités Prospective, Stratégie et Organisation" 2010
  

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4.7 Discussion des résultats

La discussion est une véritable mise en débat des résultats de recherche. Cette étape consiste à éprouver par l'exercice de la confrontation, la portée et les limites des résultats obtenus.

L'ampleur qu'a prise la vente illicite des produits pétroliers ne peut plus s'expliquer par le difficile accès à la Fonction Publique, la fuite des formalités administratives par les acteurs informels, la complexité des procédures de formalisation ou par le coût élevé des formalités. Même si l'informel est une conséquence de l'échec des politiques industrielles mises en oeuvre dans les pays africains et spécialement au Bénin, un autre facteur explique cette ampleur : c'est l'urbanisme rapide et non maîtrisé qu'a enregistré le Bénin. La vente illicite des produits pétroliers est une véritable activité qui utilise une forte main d'oeuvre. On ne peut plus donc la négliger, car on peut voir le chiffre d'affaires annuel qu'elle engendre, soit plus 26 milliards pour un bénéfice annuel d'environ 3 milliards (tableau 7).

Nous pensons qu'au lieu de chercher à traquer les vendeurs illégaux des produits pétroliers (tableau 14), il vaut mieux adopter des stratégies plus souples pour amener ces acteurs à contribuer réglementairement au développement économique du Bénin. Depuis des années et à chaque venue d'un chef d'Etat à la tête du pays, toutes les tentatives pour réprimer cette activité, ont été vaines. Nous ne sommes pas contre la formalisation des acteurs informels, mais nous prônons une autre voie pour les amener à le faire. C'est l'objet de notre étude qui voudrait proposer un cadre réglementaire pour gérer tous les aspects de cette vente illicite.

Lorsque l'on adopte une stratégie qui ne répond pas aux objectifs souhaités, soit cette stratégie est mal mise en application, soit elle n'est pas adaptée. Nous pensons à notre humble avis que c'est la dernière qui l'emporte lorsque nous regardons les différentes politiques que chaque Gouvernement essaie de mettre en oeuvre. Le Chef

de l'Etat actuel du Bénin, à son accession au pouvoir, a cherché à attaquer et réprimer les trafiquants de l'essence. D'ailleurs c'est la première action à laquelle il s'est attelé après sa prestation de serment en Avril 2006. Il faut dire qu'à son arrivée au pouvoir, le pays était dans une situation où les sociétés pétrolières avaient refusé de s'approvisionner en produits pétroliers parce que, disent-elles, les prix de vente fixés par l'Etat à la pompe, ne les arrangent pas et leur occasionnent des pertes.

Le Chef de l'Etat a alors compris qu'il faut trouver de solutions à cette situation en allant négocier avec le Chef de l'Etat nigérian et en supprimant la vente tous azimuts aux abord des différentes voies. Pour ce faire, il confie à son Ministre du Commerce pour exécuter toutes ses actions. Ce dernier a aussitôt mis en place une commission composée des différentes parties prenantes (sociétés agréées, douane, impôts, gendarmerie, police, expert en commerce, etc.) à l'exception des acteurs informels. Les toutes premières semaines de travail (à peu près 2 semaines) ont montré les limites de ces mesures prises (grève des vendeurs illicites, pénurie générale de l'essence, paralysie de tous les secteurs d'activités). Le Chef de l'Etat a dû rappeler à l'ordre publiquement son Ministre du Commerce en lui disant au cours d'une séance initiée par lui (Chef de l'Etat) et réunissant au Palais de la République les vendeurs illicites des produits pétroliers, qu'il ne lui a jamais dit de traquer les trafiquants de l'essence. Depuis ce jour, tout est mis en veilleuse et aucune action n'est plus envisagée.

C'est dire qu'au Bénin, les acteurs du commerce illicite des produits pétroliers ont un « pouvoir de fait ». C'est la raison qui nous motive à proposer une autre stratégie pour arriver à bout de ce commerce qui, avouons-le, échappe à l'Etat Central.

Dans la mise en place de ce cadre institutionnel, nous voulons proposer :

· Un chronogramme (les tâches à exécuter par chaque partie prenante) de mise en place de ce cadre,

· Une structure de garantie sociale pour les mettre à l'abri des risques inhérents à leurs activités.

· Une fiscalité spéciale pour ce commerce illicite des produits pétroliers.


· Une communication institutionnelle adaptée aux parties prenantes.

Nous pensons que si l'acteur informel trouve les garanties nécessaires pour faire une bonne mutation vers le formel, il saisira toutes les opportunités qui s'offriront à lui pour que son activité profite à toutes ses parties prenantes. Car malgré le fait que l'on lui brandisse à chaque fois le caractère illégal de son activité, il a des besoins qu'il ressent et il voudrait que l'Etat les satisfasse (tableau 18). Ces besoins sont : octroyer de subventions ou prêts ; assurer la sécurité ; construire des routes, des hôpitaux, des écoles ; installation des conduites d'eau potable ; etc. L'acteur informel exprime ces besoins parce que son activité est imposée. Mieux c'est un secteur qui constitue un réservoir d'électeurs pour les hommes politiques. Et c'est au cours des campagnes électorales que ces derniers leur font des promesses qui vont dans le sens de ce que veulent ces informels. Certains acteurs informels (30%) pensent que la contribution qu'il verse à l'Administration locale peut être assimilée à de l'impôt (tableau 13). D'ailleurs d'autres (5,6%) pensent qu'ils ne sont pas dans l'informel (tableau 19).

Mais la vente illicite des produits pétroliers aux abords des voies crée tout de même des dommages aux populations. Les incendies qu'elle engendre, les maladies qu'elle crée et l'environnement qu'elle dénature, tous ces problèmes peuvent trouver des solutions dans le cadre institutionnel que nous proposons. Les acteurs eux-mêmes en sont conscients. Aussi certains ont-ils souhaité (70%) changer d'activité un jour (tableau 20). Seulement ils n'ont pas dit qu'ils quitteront l'informel pour le formel. C'est sûr qu'ils resteront toujours dans l'informel pour exercer d'autres activités.

Aujourd'hui d'après les dernières études réalisées par l'INSAE en 2008, 98% de notre économie est informelle. Nous craignons le pire dans les années à venir. Peutêtre que c'est l'appareil d'Etat (les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire) qui sera informel comme l'a déclaré le Médiateur de la Présidence du Bénin en juillet 2010 lorsqu'il remettait son rapport de travail au chef de l'Etat.

Il faut donc que nous créions des connaissances pour le développement du Bénin
dans tous les domaines vitaux du Bénin. Donc nous souhaitons que l'Administration

fiscale cherche à changer de stratégies pour permettre à tous les acteurs du secteur informels de se formaliser par son mode qui lui sera propre.

En effet la création d'une entreprise relevait avant de plusieurs structures telles que la CCIB, le Ministère de la Justice, l'INSAE et le Direction Générale des Impôts et des Domaines. Ce qui soumettait le promoteur à un véritable parcours de combattant avec pour conséquence la corruption, la brimade et une longue période d'attente entre la date de dépôt des pièces et la réponse à la demande. Aujourd'hui, c'est une structure unique logée à la CCIB qui gère toutes les formalités : c'est le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) créé par décret n°97-292 du 19 juin 1997. Son but est de permettre aux promoteurs d'accomplir en un même lieu, dans un délai minimum et à un coût réduit, les formalités liées à la création d'entreprises qu'elles soient individuelles ou sociétaires, à la création d'établissements secondaires, à la cessation de leurs activités, à leur dissolution ainsi qu'à leurs modifications.

Mais les principaux obstacles identifiés par les personnes opérant dans le secteur informel portent sur l'enregistrement et sur la fiscalité. Etant donné que c'est le caractère « illégal » de l'exercice des activités de ce secteur qui explique la plupart des problèmes qu'ils rencontrent, les mesures à prendre doivent porter sur ces questions. Ainsi pour donner une existence juridique aux distributeurs des produits pétroliers du secteur informel, il est indispensable qu'ils fassent l'objet d'une reconnaissance officielle à travers un cadre institutionnel qui leur sera mis en place.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote