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Protection de l'environnement et commerce international

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par Cheick Oumar TOURE
Université de Limoges - Master droit international et comparé de l'environnement 2008
  

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Section II: Faiblesse des conventions environnementales

Cette faiblesse est due au fait que ces conventions sont établies par secteur (paragraphe I) et posent quelques problèmes dans leur mise en oeuvre (paragraphe II).

Paragraphe I: conventions surtout sectorielles

L'architecture des régimes environnementaux internationaux doit refléter la structure du problème traité. Un régime institué pour protéger la diversité biologique ne peut utiliser les mêmes instruments, mobiliser les mêmes parties prenantes et faire appel aux mêmes dispositions institutionnelles que le cadre réglementaire conçu pour protéger les océans contre la pollution par les hydrocarbures ou celui élaboré pour réglementer le commerce international des espèces en danger.

A Profusion normative

27 "Etats-Unis - L'article 337 de la Loi douanière de 1930", IBDD, S36/386, paragraphe 5.11 (rapport adopté le 7 novembre 1989).

1 Origine

Responsable pour partie de la crise écologique actuelle, le droit se présente aussi comme un des principaux moyens d'y faire face(28). Son utilité a été très tôt reconnue. Ainsi, au IIIe siècle avant Jésus-Christ, l'empereur indien Asoka adoptait le premier édit protégeant différentes espèces de faune(29).

Le développement du droit international de l'environnement est toutefois beaucoup plus récent. Si quelques jalons sont posés plus tôt telle la Convention de Paris relative à la protection des oiseaux utiles à l'agriculture de 1902 , c'est véritablement dans la seconde moitié du XXe siècle, et en particulier depuis la fin des années 70, que les réglementations visant la protection de l'environnement connaissent une croissance rapide, de façon concomitante dans la plupart des Etats, « à la suite de la prise de conscience que notre planète est menacée par l'explosion démographique et ses conséquences, par l'impact d'une technologie toujours plus envahissante et par la multiplication désordonnée des activités humaines >>(30). Sous la pression des opinions publiques, alertées par les scientifiques, relayées par de nombreuses associations et organisations non gouvernementales puis internationales, les gouvernements trouvent dans les instruments juridiques un moyen de lutter contre l'aggravation brutale de l'état de l'environnement. Simultanément, la conscience du caractère planétaire du danger et de la solidarité qui unit les éléments de l'environnement, méconnaissant les frontières politiques, stimule une coopération internationale.

S'inscrivant d'abord dans un cadre bilatéral, celle-ci se manifeste rapidement aussi sur un plan multilatéral et donne naissance à une activité réglementaire sans précédent par son ampleur et sa rapidité. Les développements sont rythmés par une série de catastrophes écologiques.

Aujourd'hui, en faisant abstraction des traités bilatéraux, encore bien plus abondants, plus de cinq cents traités multilatéraux, pour l'essentiel régionaux, ont été adoptés dans le domaine de l'environnement. Plus de trois cents ont été négociés après 1972. La voie conventionnelle a permis de formaliser, secteur après secteur, domaine après domaine, des régimes internationaux, institutionnalisés, organisés et soutenus par des engagements financiers.

2 Conséquences

Ce foisonnement conventionnel présente certains risques, poussés par divers facteurs, les Etats multiplient les engagements.

Faut-il s'étonner, dès lors, que les moyens de mettre en oeuvre les instruments adoptés - les « capacités >> dans le jargon onusien - soient insuffisants, aussi bien sur le plan institutionnel que financier, et en particulier dans les pays en développement ?

La multiplication des conventions et autres instruments ne va pas non plus sans poser des problèmes de cohérence. Le droit international souffre d'une relative fragmentation, et d'autant plus forte et préjudiciable qu'elle correspond à un compartimentage. Construits dans l'urgence et sans réflexion préalable d'ensemble, les espaces conventionnels ne sont pas

28 C.Huglo, C. Lepage-Jessua, 1995, La véritable nature du droit de l'environnement. In Esprit, no 5, pp. 70 et ss.

29 N. de Sadeleer, 1993. La conservation de la nature au-delà des espèces et des espaces : l'émergence des concepts écologiques en droit international. In Images et usages de la nature en droit, P. Gerard, F. Ost, M. Van de Kerchrove ed. Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, Bruxelles, p. 172.

30 A. Kiss, 1989. Droit international de l'environnement, Pedone, Paris, p. 5.

hiérarchisés, sauf de très rares exceptions comme les systèmes constitués par une convention-cadre et ses protocoles additionnels.

Peu reliés entre eux, ils n'offrent pas non plus l'image d'un réseau, mais davantage celle d'une juxtaposition d'espaces parallèles. Les espoirs exprimés en 1992 dans Action 21 (chapitre 38) sont déçus de ce point de vue. Comme le résume une résolution de l'Institut du droit international de 1997, « le développement du droit international de l'environnement s'est effectué d'une manière non coordonnée, se traduisant par des doubles emplois, des incohérences et des lacunes »(31).

Au regard de la modestie des résultats, la prolifération normative a pris des allures de fuite en avant.

Aussi le plan d'application du Sommet mondial pour le développement durable (SMDD) de Johannesburg déclare qu'il est nécessaire de « consacrer moins de temps à la négociation des textes à adopter et davantage à l'examen des questions concrètes d'application » (156)... Par ailleurs, il insiste à de multiples reprises sur la nécessité de ratifier et d'appliquer les différentes conventions existantes(32).

B Vitalité institutionnelle

1 Structures inadaptées

Au réseau conventionnel très dense auquel a donné naissance le champ de l'environnement sur le plan international, correspond un réseau institutionnel, non moins dense et complexe. La pratique tend, tout au moins depuis le début des années 70, à créer des institutions ad hoc pour chaque nouvelle convention adoptée. Ces structures présentent une grande diversité, qui tient en partie à leur date de mise en place, à leur caractère régional ou universel, et à leur objet. Leur nature juridique est incertaine et sans doute variable ; leur composition, leurs attributions et leurs moyens s'avèrent très disparates. Leur organisation semble toutefois converger vers un modèle institutionnel en forme de triptyque, chaque nouvelle convention s'inspirant des précédentes. Les structures de coopération instituées sont composées généralement d'un ou plusieurs organes directeurs de nature politique - instance(s) décisionnelle(s) -, de structures scientifiques - instances consultatives composées d'experts - et de structures administratives chargées du secrétariat ; parfois s'y ajoutent des mécanismes d'échange d'information (clearing-house mechanism), des mécanismes financiers ou encore des centres régionaux.

Par ailleurs le PNUE conçu à l'origine comme un catalyseur devant stimuler l'action de ces différentes institutions, souffre de déficiences structurelles. De par son statut et ses moyens, il ne peut exercer une grande autorité ni sur les Etats, ni sur les organisations internationales. En particulier, il ne dispose pas de moyens de contrainte. A cela s'ajoute sa structure institutionnelle lourde et complexe, dont beaucoup d'Etats critiquent l'opacité, et qui ne constitue pas un gage d'efficacité

2 La difficile coordination entre les institutions

La profusion institutionnelle ne va pas sans poser de difficultés pratiques. Ainsi,
« l'accroissement de la complexité et du morcellement de la gouvernance internationale en

31 IDI, 1997. Procédures d'adoption et de mise en oeuvre des règles en matière d'environnement, Résolution du 4 septembre, RBDI, no 1997/2, p. 497.

32 Notamment aux conventions PIC et POP (23, a)), à la Convention de Bale (e), à celle des Nations unies sur le droit de la mer (30, a)), à la Convention sur la diversité biologique et à son Protocole sur la biosécurité (44).

matière d'environnement tient en partie à l'augmentation du nombre des acteurs, tant gouvernementaux que non gouvernementaux, dans le domaine de l'environnement. En outre, la prolifération des organes des Nations unies et d'autres organismes internationaux qui s'occupent de questions d'environnement ne fait qu'ajouter à cette complexité » : tel est le constat dressé par un récent rapport du PNUE(33).

La situation actuelle y est parfaitement résumée : << La multiplication des institutions, des problèmes et des accords relatifs à l'environnement met les systèmes actuels et notre aptitude à les gérer à rude épreuve. L'accroissement continuel du nombre des organes internationaux compétents en matière d'environnement comporte le risque d'une réduction de la participation des Etats du fait que leurs capacités sont limitées alors que la charge de travail augmente, et rend nécessaire l'instauration ou le renforcement de synergies entre tous ces organes. Appuyées mollement et oeuvrant en ordre dispersé, ces institutions sont moins efficaces qu'elles ne pourraient l'être, tandis que les ponctions sur leurs ressources continuent d'augmenter. La prolifération des exigences internationales a imposé des contraintes particulièrement lourdes aux pays en développement, qui, souvent, ne disposent pas des moyens nécessaires pour participer efficacement à l'élaboration et à l'application des politiques internationales en matière d'environnement»(34).

Dans ces conditions, les questions d'articulation institutionnelle deviennent centrales. Elles ont fait l'objet d'une série de décisions intergouvernementales ; diverses initiatives ont été lancées pour réfléchir aux moyens d'améliorer le fonctionnement du (non-) système. Le renforcement de la coopération inter-institutions suscite à son tour la création de nouveaux organes et institutions dits de << coordination ». Certes, la coopération s'ébauche entre espaces conventionnels(35), mais toutes les possibilités sont loin d'être explorées(36)

Un regroupement géographique des secrétariats conventionnels, l'amélioration de la coopération entre eux, sont sans doute souhaitables.

De nombreuses pistes sont à explorer dans cette thématique du clustering.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery