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Les populations rurales du Burkina Faso à  l'épreuve du déboisement : l'exemple du département de Toma

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par Jean Paulin KI
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA en sociologie 2009
  

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III.2.3. La diffusion technologique

L'arrivée de certaines technologies nous a été signalée comme faisant partie des causes du déboisement et de la dégradation de l'environnement dans le Département de Toma. En effet, si autrefois la chasse et les battues se faisaient au gourdin, l'introduction du fusil de chasse par les anciens combattants a été une véritable révolution dans les méthodes de chasse. Grâce à ce nouvel outil, un individu pouvait abattre, à lui seul, le gibier que tout un village mettait des jours à traquer. C'est ainsi que progressivement, les grands mammifères carnassiers et herbivores ont totalement disparu de la région.

D'un autre côté, l'introduction, dans les années 1965-1970, de la charrette et de la culture attelée et, aujourd'hui, des tracteurs continue d'avoir un impact sérieux sur l'environnement. Du point de vue de l'organisation sociale traditionnelle du travail, dans la société san, la coupe du bois pour les besoins domestiques (cuisines et jardins potagers) est attribuée aux femmes qui collectent généralement en brousse le bois mort et le transportent sur leurs têtes avec un outil appelé gian en langue san. Le chargement de cet outil est fonction, d'une part, de la capacité de chaque femme à porter une charge plus ou moins lourde et, d'autre part, de la distance à parcourir pour arriver à domicile. De nos jours, la charrette et le vélo ont remplacé cet ancien moyen de chargement du bois.

Photo 3 : Un gian Photo 4 : Photo 5 : Femme Photo 6 : Un

Technique de gian transportant du bois chargement de

sur la tête avec un gian charrette

Cliché KI J.P., Toma, le 10/08/2010.

Cliché KI J.P., Toma, le 10/08/2010.

Cliché KI J.P., Sien, le 18/08/2010.

Cliché KI J.P., Sien, le 26/08/2010.

Les nouvelles technologies ont non seulement permis de transporter une plus grande quantité de bois, mais ont également introduit de nouveaux acteurs que sont les hommes dans la coupe du bois. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre IV. Et si le nombre de charrettes, il y a une vingtaine d'années, était réduit, aujourd'hui, dans la plupart des villages du Département de Toma, on compte une à deux charrettes par concession.

III.2.4. Les traditions culturelles de feux de brousse

La société san, comme tant d'autres du monde, vit au rythme de fêtes coutumières suivant le cycle des activités agricoles. Parmi ces fêtes culturelles se trouve la fête traditionnelle du feu de brousse qu'on appelle tèdiè : chaque année, dans chaque village san, le feu est rituellement mis à la brousse à la fin des récoltes (novembre-décembre) par un chef coutumier, responsable de cette fonction coutumière du feu de brousse. Ce rituel de tèdiè ouvre également la saison des flûtes qui s'arrêtera avec l'hivernage suivant. A l'occasion, tout le village prépare du dolo et de la nourriture : c'est la fête. Le jour du tèdiè, ainsi que le lendemain, le village organise une battue pour traquer le gibier. Ce rituel du tèdiè a pour conséquence l'embrasement de la nature, chaque année, par les feux de brousse malgré les sensibilisations des agents des eaux et forêts. Selon les responsables coutumiers, les feux de brousse ont traditionnellement pour rôle d'éloigner les fauves, les reptiles et les esprits mauvais qui rôdent autour du village.

Ces traditions culturelles de feux de brousse, comme nous les désignons, révèlent que la coupe du bois n'est pas le seul facteur important de déboisement. Elles montrent également qu'une part du déboisement peut être liée à la culture d'un peuple. Dans ce cas, le déboisement lui-même devient un trait culturel dont la société aura de la difficulté à s'en défaire malgré ses conséquences négatives sur l'environnement et sur la société elle-même fortement ancrée dans ses traditions.

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