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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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c) Les difficultés caractéristiques aux IDE chinois :

Nous avons pu voir jusqu'ici que les IDE chinois se caractérisent par : un faible montant, mais qu'ils sont néanmoins en nette progression, et que la crise financière de 2008 eu un impact non négligeable sur ces derniers même si certaines firmes, et grâce à l'aide du PCC, ont pu trouver des opportunités. Il est désormais nécessaire dès lors pour totalement comprendre les IDE chinois, de se pencher sur les difficultés que rencontrent ces derniers. La Chine étant encore un pays communiste encadre fortement ses IDE, elle maintient en place des procédures d'évaluation et d'autorisation de ces derniers même si ces procédures se sont nettement assouplies depuis 2000. Ces procédures administratives peuvent expliquer en partie le faible montant des IDE, en effet, bon nombre de firmes multinationales chinoises sont découragées pour entreprendre une procédure administrative longue et lourde.

Il existe trois administrations principales qui gèrent et contrôlent les IDE des firmes multinationales chinoises : l'Administration d'Etat des Devises Etrangères (AEDE, \u22269ç%oÆO?\u31649ÇùÇ : Guójiã wàihuì gudnli jú), la Commission de Développement National

et des Reformes (CDNR, \u22269ç \u23478%oÆ ? \u23637«W \u21644a \u25913%oü \u-26775v \u22996àÏ ? \u20250%oï : Guójiã Fãzhdn hé Gdigé Wëiyuánhuì) qui dépend du Conseil d'Etat Chinois ( \u22269ç ? \u-27038%o@ : Guówùyuàn), et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine (\u20013'†?\u20154êl-açè?\u-28440ï» :

Zhonghuá Rénmín Gònghéguó shãngwù bù).

L'AEDE est l'administration en charge du contrôle et de la régulation de l'utilisation de monnaies étrangères dans les projets d'IDE chinois. Avant d'évaluer le projet d'IDE en lui-même, les fonds soulevés doivent être vérifiés et être capables de prouver leur origine. Le but de cette administration est pluriel : elle permet de lutter contre le blanchiment d'argent d'une part, et d'autre part elle permet d'établir un premier

filtre pour les projets d'IDE. Sans accord de l'AEDE, le projet d'IDE est stoppé et ne peut dès lors passer à l'étape suivante qui est le contrôle par le CDNR et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Selon un réforme de 200633, les projets inférieurs à dix millions de dollars sont évalués par les antennes locales de l'AEDE, tandis que tous les projets excédants cette somme doivent être évalués par la commission principale. Avant cette réforme, le plafond était de trois millions de dollars. Cette réforme eu aussi un autre impact majeur qui est la suppression d'un plafond maximum d'IDE. Avant cette réforme, l'AEDE ne pouvait autoriser au maximum qu'un montant global d'IDE de 3,3 milliards de dollars, plafond qui passa à 2005 à 5 milliards. De toute manière, même si de jure l'administration devait se tenir à un maximum d'IDE, de facto l'AEDE n'appliquait plus cette règle. Par exemple en 2001, le montant global des IDE chinois atteignit 6,9 milliards de dollars, soit un dépassement de l'ordre de plus de 100%. Le but de ce plafond était alors d'empêcher une sortie massive de capitaux chinois qui aurait ainsi par la suite pus faire défaut au marché local. Or, avec l'accentuation de la mondialisation, le PCC autorisa cette réforme afin de permettre aux firmes chinoises d'égaler les autres firmes multinationales. Cependant, un autre problème plus important persiste : la longueur administrative. En effet, après l'évaluation préliminaire du projet d'IDE par l'AEDE, ce projet doit obtenir l'aval de la CDNR et du ministère du commerce chinois. Le temps entre chaque autorisation est inadmissible dans un contexte de concurrence mondiale surtout quand il s'agit d'acquérir un contrat ou une entreprise (à travers une OPA ou une OPE). Cette lourdeur administrative coûte chère aux firmes multinationales chinoises qui se retrouvent désavantagées face à d'autres firmes qui peuvent instantanément fournir les fonds nécessaires. C'est pour cela que la réforme de 2006 prit ce critère en compte, à travers un assouplissement de la procédure. En effet, l'AEDE (à travers la commission principale ou l'antenne locale) peut donner une autorisation de délivrer 15% (au maximum) de la totalité du montant de l'IDE. Cette réforme essaye de contenter les besoins de la vie économique des firmes chinoises, ainsi que les attentes des administrations chinoises. Cependant en cas de refus de l'autorisation du projet d'IDE par la CDNR ou le ministère du commerce, l'entreprise est obligée de rapatrier les fonds qu'elle avait investi (15% du montant total de l'IDE). Ainsi, rien qu'à ce stade de la procédure, bon nombre d'entreprises chinoises peuvent être découragées

33 Circular on the Revision of Certain Foreign Control Policies Relating to Overseas Investment, rapport de 2006.

d'investir à l'étranger. En effet, la lourdeur de l'administration d'une part désavantage ces dernières qui ne peuvent fournir immédiatement la totalité des fonds exigés. De plus, en cas de refus d'autorisation de la part des autres administrations concernées, les firmes chinoises sont obligées de rapatrier leurs capitaux. Ce rapatriement forcé peut leurs coûter très cher (obligation de rembourser le désistement à la dernière minute, voire l'obligation d'abandonner les fonds sur place).

Cependant, l'obtention de l'accord de l'AEDE n'est pas suffisante pour pouvoir mener un projet d'IDE à terme. Le projet doit être par la suite, évalué par la Commission de Développement National et des Reformes (CDNR) et le ministère du commerce de la République Populaire de Chine. La CDNR, qui dépend du conseil d'Etat Chinois, a pour mission de formuler des politiques économiques et sociales pour le développement et d'évaluer l'intérêt ainsi que la validité de chaque projet d'IDE. Plus précisément, au sein de la CDNR, c'est le département d'utilisation des capitaux étrangers qui évalue les projets d'IDE. Le projet d'IDE pour être validé, doit être conforme : aux lois et règlements de l'Etat chinois, à la politique industrielle officielle, contribuer au développement de l'économie et de la société chinoise, suivre les « instructions » recommandées par le PCC en terme d'accès aux capitaux étrangers et enfin, démontrer la capacité réelle de l'entreprise à mener à terme le projet. Ces cinq conditions sont nécessaires pour obtenir l'autorisation du CDNR, avant enfin de pouvoir obtenir l'autorisation finale du ministère du commerce (qui se base sur les cinq même critères que le CDNR pour réexaminer le projet), aucune dérogation n'est alors permise sauf sans certains cas précis d'un projet mené par une entreprise d'Etat. En effet, avant une réforme en 200434, tous les projets supérieurs à un million de dollars devaient obtenir l'aval du bureau central de la CDNR ainsi que du ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Le but de cette réforme était d'assouplir les procédures administratives afin de pouvoir augmenter la compétitivité des IDE chinois. Cette réforme permit de plus de classer et regrouper les IDE en cinq types :


· Les projets d'IDE dont le montant total est supérieur à 200 millions de dollars, ou dont le montant de capitaux étrangers est supérieur à 50 millions de dollars. Ces

34 The Reform of the Investment System Decision, juillet 2004, par le Conseil d'Etat Chinois.

projets doivent alors répondre à des critères plus sélectifs. En effet, ces derniers passent par le bureau central de la CDNR qui évalue le projet dans sa totalité. Après l'accord du CDNR, le projet doit obtenir l'aval non du ministère du commerce, mais du conseil d'Etat Chinois.

· Les projets qui se situent dans le secteur de l'extraction de matières premières et dont le montant total est supérieur à 30 millions de dollars, ainsi que tout ceux dont le montant des capitaux étrangers sont supérieurs à 10 millions de dollars doivent obtenir l'aval du bureau central du CDNR.

· Les projets menés pas les entreprises d'Etat, et avec l'aval du gouvernement central n'ont besoin que de s'enregistrer à la CDNR. Il n'est pas nécessaire pour ces derniers de passer les phases d'évaluation si le montant total du projet n'excède pas 30 millions de dollars ou dont le montant de capitaux étrangers n'est pas supérieur à 10 millions de dollars. Cependant, l'autorisation du ministère du commerce reste nécessaire, et le projet doit être évalué par ces services. En même temps, le ministère est obligé de communiquer à l'entreprise toutes les données récoltées par l'ambassade de Chine du pays hôte, c'est-à-dire qui va recevoir les IDE.

· Tous les projets inférieurs à un montant total de 30 millions de dollars, ou dont le montant total de capitaux étrangers est inférieur à 10 millions de dollars sont évalués pas les antennes locales de la CDNR et du ministère du commerce. Les rapports des antennes locales sont par la suite envoyés aux bureaux centraux des administrations respectives.

· Enfin, tout projet qui a pour destination Taiwan ou un pays non reconnu officiellement par la République Populaire de Chine est évalué par les antennes locales de la CDNR et du ministère du commerce. Cette évaluation doit amener à la constitution d'un rapport, soumis par la suite, au conseil d'Etat Chinois.

Ainsi, il est désormais intéressant de mettre en relation l'ensemble des procédures qu'une entreprise doit remplir afin de pouvoir valider son projet d'IDE. L'AEDE évalue tout d'abord l'origine des fonds du projet d'IDE, et autorise à délivrer 15% du montant total avant l'autorisation officielle de la CDNR et du ministère du commerce. Or la CDNR et le ministère du commerce exigent des conditions très strictes, qui le sont

d'autant plus si le projet concerne de fortes sommes d'argent et à une destination « sensible ». Il est désormais facile de comprendre que cette lourde procédure administrative limite les IDE chinois. Rares sont les entreprises qui sont en effet capables d'investir plus de 200 millions de dollars, et d'oser délivrer avant l'autorisation finale des administrations officielles, 15% de cette somme avec le risque de devoir l'abandonner sur place, si le projet est rejeté au dernier moment. Pour preuve, le cas de l'entreprise Sichuan Tengzhong qui tenta le rachat à General Motors de sa marque Hummer. L'entreprise sichuanaise après l'accord de l'AEDE délivra 15% de la somme exigée pour cet achat, or au dernier moment, le ministère du commerce rejeta le projet prétextant un manque d'expérience de cette entreprise pour pouvoir mener à bout un tel projet. L'entreprise fut contrainte d'annuler le contrat et de rapatrier cette somme sans délai. Cet exemple récent qui date de 2009, montre qu'encore actuellement l'Etat chinois peut faire preuve d'un manque de souplesse dans les affaires économiques. Aussi, cette procédure administrative révèle bien la discrimination du privé par rapport au public et l'existence des « chapeaux rouges ». Dans certains cas (sous la tutelle du PCC), les entreprises publiques sont beaucoup moins contraintes par les procédures administratives et peuvent se permettre de se passer de l'accord de certaines institutions (comme la CDNR), cela pousse donc les entreprises chinoises à favoriser le public au détriment du privé, ainsi que des investissements de petites tailles afin de gagner en souplesse et en rapidité.

Ces défauts récurrents semblent pouvoir contraindre durablement les investissements chinois à l'étranger, or d'après une récente étude, les entreprises chinoises pensent dans l'avenir investir plus que par le passé. Ce paradoxe attire donc notre attention, en effet, même si l'on peut espérer une reprise forte du commerce international après la crise économique, cette seule condition ne peut expliquer ce choix à elle toute seule. Il est vrai que d'une autre part, le gouvernement chinois semble laisser entrevoir des possibilités de nouvelles réformes autour des procédures d'analyse des IDE. Ce retrait dans l'économie de Pékin, et donc une cette augmentation de la souplesse peut aussi jouer un rôle décisif pour expliquer le regard optimiste que pose les entreprises chinoises sur leurs futurs IDE.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984