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Les stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises: facteurs économiques, facteurs politiques.

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par Geoffrey BONNEL
IEP d'Aix en Provence - Master 2011
  

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d) Vers une augmentation des investissements ?

Parler des intentions des entreprises pour leurs futurs investissements demeure un travail difficile, en effet, comme toute spéculation les intentions varient que les buts soient définis pour un avenir proche ou lointain. Il est vrai que selon la distance de la projection, les facteurs sur lesquels se basent les entreprises pour établir leurs prévisions ne sont plus les mêmes. Jusqu'ici, on a pu identifier deux facteurs principaux qui influencent fortement les possibles actions futures des entreprises : le rebondissement de l'économie mondiale après la crise de 2008, et les intentions de Pékin d'assouplir encore plus son contrôle sur les IDE chinois.

Selon une étude, la tendance globale des entreprises chinoises est à une reprise modérée des investissements à l'étranger. Cependant, cette reprise n'a pas la même ampleur selon qu'elle se situe dans 12 mois ou dans 2 à 5 ans (voir graphiques II.A.4 et II.A.5).

Graphique II.A.4 : Tendance des IDE chinois dans 12 mois

Augmentation modérée

Aucun investissement

Forte Augmentation

Niveau Original

Diminution

0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%

1%

5%

21%

30%

43%

Graphique II.A.5: Tendance des IDE chinois à 2-5 ans

Augmentation modérée

Aucun investissement

Forte Augmentation

Niveau Original

Diminution

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%

2%

9%

12%

28%

49%

Source: China council for the promotion of international trade.

En effet, d'après les graphiques (page précédente), les intentions des entreprises chinoises concernant leurs politiques d'investissement varient fortement qu'elles soient définies pour dans un an ou pour dans deux à cinq ans.

Si l'on regarde tout d'abord les intentions des investissements des firmes chinoises à l'étranger d'ici un an, pour une grande partie d'entres elles, elles n'ont aucun projet d'investissement (43%). Elles sont par contre 56% à avoir décidées d'investir durant la même période. On constate quand même que 1% a décidé de diminuer leurs investissements. Cependant, parmi les firmes chinoises qui ont décidé d'investir à l'étranger, on ne peut manquer de faire la différence entre celles qui maintiennent leur niveau original d'IDE (30%) et celles qui ont décidé de l'augmenter (26%). Ces chiffres permettent de voir que les conséquences de la crise économique de 2008 sont loin de n'avoir plus d'effets, et ce, malgré l'aide que le gouvernement chinois a mis en place afin de soutenir les investissements chinois à l'étranger. Les entreprises chinoises restent globalement prudentes face à la reprise économique et attendent encore que la situation s'améliore pour pouvoir investir à l'étranger. Le cas des entreprises chinoises qui ont décidé d'augmenter leurs IDE d'ici 12 mois, fait écho aux 20% d'entreprises chinoises qui jugent que la crise économique fut une source d'opportunités pour elles (cf. page.34). Il semblerait qu'elles soient alors plus nombreuses à estimer cela en 2010 que durant le pic de la crise économique, ceci permet de déceler un certain optimisme dans une frange réduite des firmes multinationales chinoises.

Or, l'étude des intentions des investissements d'ici deux à cinq ans montrent des tendances complètement différentes. En effet, alors que les entreprises qui prévoyaient de ne pas investir dans les 12 mois étaient de l'ordre de 43%, elles ne sont plus que 28% quand on parle de projet de deux à cinq ans. Ceci ce confirme aussi pour les entreprises qui désirent investir, elles passent de 56% à 70%, dont 61% qui désirent augmenter leurs investissements et 9% qui désirent maintenir leur niveau actuel d'investissement. A l'inverse, le nombre d'entreprises souhaitant diminuer leurs investissements passe de 1% à 2%. Au-delà de l'évolution du nombre d'entreprises qui désirent investir, c'est le rapport entre les entreprises qui maintiennent leurs niveaux d'investissements et celles qui désirent augmenter leurs investissements qui est intéressant à analyser. En effet, alors

que pour des projets à 12 mois, les intentions étaient majoritairement tournées vers une stagnation des investissements, ce rapport évolue largement en faveur d'une augmentation des investissements pour des projets dans deux à cinq ans. Deux raisons peuvent alors expliquer cette tendance à une augmentation massive des IDE chinois d'ici deux à cinq ans. Tout d'abord, cela montre que les firmes multinationales chinoises estiment que les effets de la crise économique de 2008 ne se feront plus du tout sentir d'ici deux à cinq ans. Or pourquoi une différence de trois années ? On peut penser que selon les secteurs d'activité de l'entreprise, les effets mettront plus ou moins de temps à totalement disparaître : deux ans au minimum et cinq ans au maximum. De plus, ces chiffres datent d'une étude de 2009/2010, cela voudrait donc dire que les entreprises chinoises estiment que les derniers effets de la crise devraient disparaître d'ici 2012 au minimum et 2015 au maximum, on pourrait alors estimer que les tendances demeurent quand même assez pessimistes au moment où certains économistes35 commencent à parler pour cette même année 2010 d'une reprise de l'activité économique dans de nombreux pays et d'une augmentation du commerce international. La seconde raison pouvant alors expliquer cette reprise de l'investissement, est la volonté du gouvernement chinois de continuer les réformes autour de la procédure de contrôle des IDE chinois afin s'assouplir cette dernière. Les entreprises chinoises jugent, en effet, que cette procédure limite la taille des apports de capitaux étrangers et ralentit les projets, des défauts inacceptables dans un contexte de concurrence mondiale (voir graphique II.A.6).

Graphique II.A.6 : Défauts assimilés à la procédure d'évaluation des IDE chinois

Limitation des capitaux étrangers. Lenteur de la procédure. Limitation de la taille des IDE. Coût élevé de la procédure.

Procédure trop stricte d'évaluation de l'origine des fonds.

17%

44%

24%

35%

58%

Source: The Foreign Investment Advisory System, the International Finance Corporation, and the Multilateral Investment Guarantee Agency.

35 L'actuel directeur général du Fond Monétaire International (FMI), Dominique Gaston André Strauss-Kahn estimait, en avril 2009, la reprise de l'économie mondiale en 2010. Source AFP.

Nous pouvons ainsi voir les cinq défauts majeurs que les entreprises chinoises reprochent à la procédure du PCC d'évaluation des IDE chinois. En tête vient la limitation des apports de capitaux étrangers, suivit de près par la lenteur de la procédure et la limitation de la taille des IDE. Face à ces défauts, le gouvernement chinois tente de répondre à ces critiques par une augmentation de la souplesse de cette procédure voire sa complète annulation dans certains cas. En effet, le gouvernement pense rehausser les plafonds des investissements et permettre un plus grand apport de capitaux étrangers. Des solutions tournent aussi autour de sortir les entreprises les plus fragiles de ce processus afin de les encourager à investir à l'étranger. Le but final saurait pour Pékin d'être plus incitatif que proactif, et d'aider les entreprises chinoises via un meilleur accès à l'information, et une meilleure préparation, à l'intégration de marchés locaux via les ambassades de la République Populaire de Chine. En effet, plus que le gouvernement, les entreprises restent les plus aptes à choisir leurs débouchées et s'auto évaluer36. Or, malgré cette volonté affichée de réforme, il semblerait hasardeux d'affirmer qu'elle est à l'origine de l'augmentation des IDE chinois d'ici deux à cinq ans. Il faut pour cela regarder les tendances d'évolution de l'échelle des IDE chinois (graphique II.A.7).

Graphique II.A.7 : Echelle des projets d'IDE chinois pour dans 2 à 5 ans

16%

6%

9%

36%

33%

Investissement inférieur à 1 million de dollars

Investissement compris entre 1 et 5 millions de dollars

Investissement compris entre 5 et 10 millions de dollars

Investissement compris entre 10 et 100 millions de dollars

Investissement supérieur à 100 millions de dollars

Source: China council for the promotion of international trade.

L'analyse de ce graphique et sa comparaison avec le précédent (cf.page.30) permet de mesurer les possibles évolutions d'échelle des IDE chinois. On peut en effet remarquer, que par rapport à aujourd'hui, les entreprises chinoises envisagent d'augmenter les investissements supérieurs à un million de dollars, au détriment des IDE

36 Comme toute réforme en préparation, le gouvernement chinois reste très discret et n'avance pas de chiffres officiels. Il semblerait qu'il faille attendre le prochain congre du PCC (le XVIIIe) en 2012.

inférieurs à cette même somme. Par exemple : les IDE supérieurs à 100 millions de dollars passent de 1% à 6%, à l'opposé, les IDE inférieurs à un millions de dollars sont passés de 61% à 33%. Alors qu'à l'heure actuelle, la première catégorie des IDE chinois sont les investissements inférieurs à un million de dollars avec 61%, il semblerait que la première catégorie dans deux à cinq ans soit les investissements compris entre un et cinq millions de dollars, avec 36%. Ceci marque une augmentation significative de la taille des IDE chinois, et peut s'expliquer, entre autres, par la fin des conséquences de la crise économique. Or, cette augmentation de la taille des IDE peut aussi s'expliquer par les possibles réformes à venir du processus d'évaluation des IDE chinois par le PCC. En effet, n'oublions pas d'une part que le PCC voudrait augmenter la part de capitaux étrangers dans les IDE chinois, ce qui pourrait expliquer cette augmentation rapide la taille des IDE chinois. D'autre part, le PCC entend assouplir la procédure d'évaluation des IDE, ce qui vaudrait à une diminution des refus et un allègement du coût total de traitement des dossiers, ceci peut alors convaincre de nombreuses entreprises d'augmenter leurs investissements ou bien de se lancer dans des investissements vers l'étranger pour la première fois. Cependant, ceci ne reste que de la spéculation, et il faudra attendre les réformes proposées par le XVIIIe congrès du PCC en 2012, ainsi que de nouveaux rapports pour infirmer ou confirmer les hypothèses avancées précédemment.

De façon générale, l'analyse des IDE chinois permet de comprendre la situation actuelle de l'investissement chinois à l'étranger et les possibilités d'évolution. La Chine fait face à de nombreuses difficultés qu'elle tente petit à petit de surmonter, malgré certaines réticences pouvant venir du gouvernement central de Pékin, qui entend garder le plus longtemps possible la main sur les leviers de l'économie du pays. Ceci n'empêche, les IDE chinois connaissent une progression fulgurante malgré des difficultés récentes. Les firmes multinationales chinoises ont su s'adapter à la crise économique de 2008 et aux lourdes procédures administratives qu'imposent le PCC. Les IDE semblent dans un avenir plus que proche devoir encore augmenter. Ceci caractérise bien le mouvement que connaissent les firmes chinoises depuis les années 2000, c'est-à-dire, une expansion bien que récente qui n'en demeure pas moins rapide, même si elle reste limitée.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote