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Mouvements de résistance et culture politique au Sud-Kivu. Mise en évidence des fondements idéologiques et des actions revendicatrices.

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par Philippe KAGANDA MULUME-ODERHWA
Université officielle de Bukavu - Diplôme d'études supérieures en sociologie politique 2009
  

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2. Contexte et état de la question

La littérature scientifique sur les mouvements de résistance et leurs idéologies est moins abondante. La production de ce phénomène dans la forme actuelle a été sujette à des interprétations scientifiques

diverses. Cependant, nombreuses études n'ont pas encore été menées (du moins au Sud-Kivu) sur ce phénomène au point d'analyser les aspects fondamentaux, et dégager, si nécessaire, des lois sociales qui en découlent.

Dans leur manifestation concrète, les mouvements de résistance se présentent comme des acteurs sur la scène politique nationale et locale en quête de la transformation sociale. Leur existence a progressivement entrainé des mutations dans les structures des sociétés concernées tant du point de vue des schèmes conceptuels que de celui des actions visibles. Les processus sociaux engagés pour la stabilisation du pays obligent les mouvements de résistance à construire des nouvelles rationalités qui tiennent compte leur intégration dans la société nationale, et partant abandonner leur idéologie. Des considérations idéologiques sur les mouvements de résistance nées d'une transposition de la pensée scientifique occidentale confèrent auxdits mouvements de résistance un statut marginal sinon un rôle perturbateur de l'équilibre social et de l'ordre politique établi. En dépit des initiatives nationales et des représentations idéologiques, les mouvements de résistance existent soit en latence soit de manière manifeste en tant que système de pensées ou d'idées.

C'est dans ce contexte d'insuffisance des recherches scientifiques sur les idées-forces des mouvements de résistances, et d'émergence des discours idéologiques d'approbation ou de désapprobation que nous voulons expliquer ce phénomène dans une approche anthropo-sociologique. Il sera question de produire une connaissance scientifique en opérant une rupture entre les discours idéologique et les discours scientifiques. Une telle entreprise recommande comme préalable la maîtrise de la position actuelle du problème par la recension des recherches antérieures étant donné que cette recherche couvre la période de 1996-2009.

Avant d'opérer un élargissement théorique aux hypothèses émises par Alain Touraine et Muncur Olson sur respectivement les mouvements sociaux et les actions collectives, il nous a paru nécessaire de faire mention de quelques études appliquées traitant sur le phénomène de mouvement de résistance.

Dans sa thèse de doctorat, Jérôme Lafargue (1) a analysé les mobilisations collectives et les actions protestataires dans un contexte de démocratisation. Grace à l'approche comparative, il a étudié les exemples Kenyan et zambien. Il a essentiellement focalisé son attention sur les motivations qui animent les acteurs du système d'action protestataire ainsi que les représentations qui les traversent. En plus, il a démontré comment dans les deux cas, les logiques factuelles et patrimoniales l'auraient importé sous couvert d'un multipartisme en trompe-l'oeil. Situé dans des processus de démocratisation, les contestations manifestées ont combiné les dimensions stratégiques et symbolico-cognitive. La protestation répressive a été plus observée au Kenya qu'en Zambie tel qu'on peut le lire dans le tableau des caractéristiques principales des systèmes d'action protestataire Kenyan et zambien.

La différence des enquêtés dans les deux exemples suite à la répression au Kenya pendant les recherches est une limite méthodologique qui se dégage. Par ailleurs, le tableau des caractéristiques fait ressortir des éléments comparatifs sans dégager, en définitive, les variables particulières et communes.

Kabuya Lumuna (2) a mené une étude sur les idéologies zaïroises. Il a démontré que celles-ci manipulent la tribu pour capturer les adhérents d'une part, et cristallise le tribalisme pour en faire une

1 J. LAFARGUE, Mobilisations collectives, démocratisation et système OfElftIRClSLRNTtEtEILIl$CElyTIllfRPSELél des exemples Kenyan et zambien, Thèse de Doctorat en science politique, Faculté de Droit,

G11( FRnRPI} }tNG}llf }stERQ EUQ3}134 G}13 au }EG}s 3 D VG} l'AGRNET11117

2 KABUYA LUMONA, Idéologies zaïroises et tribalisme (Révolution paradoxale), Thèse de doctorat, U.C.L, 1985.

ressource nécessaire dans l'espace public. Il a analysé les idéologies qui ont prévalu à la veille et au début de l'indépendance du Zaïre qui, à cause du tribalisme ont conduit à des révolutions sans projet de formation d'un Etat indépendant fort pour succéder à l'Etat colonial.

Dans son mémoire de DES, Amuri Misako (3) a étudié les milices mai-mai du Maniema comme mode de participation politique à partir de la mise en relation entre le niveau d'intégration socioéconomique et le niveau d'intégration politique, entre la pauvreté et le besoin de participation politique, entre la violence et l'existence politique chez les masses rurales dont relèvent les milices mai-mai. Après un riche travail herméneutique ayant abouti au constat que le phénomène est peu étudié au Maniema, il révèle dans son analyse dialectique que le déclin de l'Etat a favorisé la réappropriation de la violence par des entités rurales qualifiées sans atténuation de subordonné ou isolé.

Ces considérations tranchées ajoutées à celles qui attribuent aux communautés rurales la prédisposition à faire usage de la violence pour s'affirmer ou s'exprimer semblent contredire l'autonomie relative reconnue à chaque système social mais aussi son insertion dans le système global.

Quelques travaux de fin d'études réalisés par les étudiants de la Faculté des sciences sociales, politiques et administratives à l'université Officielle de Bukavu ont fait partie du patrimoine herméneutique de cette étude. Il s'agit des monographies et mémoires de licence inédits suivants :

P. MWETAMINWA WANGACHUMO, Les guerres armées comme moyen de changement de régime politique en R.D.C : Analyse des crises politiques et les événements subséquents de 1996-2004, Mémoire de licence, FSSPA, UOB, 2003-2004.

3 F.D. AMURI MISAKO, Les Milices Mai-Mai au Maniema (Août 1998- Juin 2003) : Un mode d'affirmation politique des masses rurales ?, Mémoire de DES, UNIKIS, 2007-2008.

MWISHA FUKU, Leadership et la lutte armée au Sud-Kivu. Etude appliquée aux Mai-Mai de Bunyakiri de 1996-2006, Mémoire de licence, FSSPA, UOB, 2005-2006.

G. ASA WILONDJA, Militarisation et participation politique des bembe en territoire de Fizi au Sud-Kivu, Mémoire de licence, FSSPA, UOB, 2007-2008.

ZIHALIRWA NKUBAGIRE, Les groupes armés et la problématique de développement de la chefferie de Burhinyi, TFC, FSSPA, UOB, 2005- 2006.

WAKILONGO WAUBENGA, Recours aux armes comme mode de participation politique en République Démocratique du Congo. Cas des mai-mai de Bunyakiri 1998-2007, T.F.C, F.S.S.P.A, UOB, 2006- 2007.

Quoique limités aux entités réduites et à portée plus descriptive, les travaux de fin ce cycle et mémoires de licence ci-dessus contiennent des informations de terrain sur la manifestation du phénomène mai-mai.

Sans rompre d'avec les réflexions antérieures dont les hypothèses émises sont intéressantes, notre étude, quant à elle, met l'accent sur les idéologies qui guident les actions protestataires des

mouvements de résistance. Elle s'intéresse particulièrement aux

fondements et à la nature des actions observables. Par ailleurs,

l'approche suivie écarte des déterminismes pour considérer les actions des acteurs ou sujets dans la lutte contradictoire du contrôle de l'historicité. Les faits empiriques observés sur le terrain méritent d'être problématisés.

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