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Pauvreté et accès aux soins obstétricaux au Tchad

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par Aristide NADJIOROUM NDINGADET
Institut de formation et de recherche démographiques (IFORD), Université de Yaoundé II au Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie (DESSD) 0000
  

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1.2 L'utilisation des services de santé modernes dans les pays africains

Dans des contextes où l'offre de services de santé modernes est peu importante et les ressources sanitaires plus ou moins accessibles, l'émergence de questionnements relatifs à l'utilisation de ces services peut a priori sembler paradoxal. En effet d'une part, les besoins sont immenses et les services trop rares pour y répondre convenablement, et d'autre part, l'on constate, lorsqu'on implante des services censés répondre à ces besoins, que les populations ne les utilisent pas autant que l'on pourrait s'y attendre. L'utilisation des services de santé est diversifiée du fait de la pluralité de l'offre et de la relative indépendance des utilisateurs vis-à-vis des prestataires. Dans ce contexte, il est très difficile sinon impossible de se faire une idée générale de la répartition et de la séquence de l'utilisation des services offerts par les différents prestataires. Dans une analyse systématisée de plus de cent études sur l'utilisation des services de santé en pays en développement, Haddad et Fournier rapportent qu'à la suite d'une plainte, environ une fois sur deux on ne recherche pas d'aide extérieure mais quand cela est le cas, les services de santé modernes, privés ou publics, sont utilisés par la moitié des plaignants. Sinon, les patients ont recours à la médecine traditionnelle ou à une ressource du secteur informel.

1. 3 Les facteurs associés à l'utilisation des services de santé modernes

Différentes méthodes sont employées pour étudier les facteurs susceptibles d'influencer l'utilisation des services de santé. Les études corrélationnelles analysent les associations et les covariances de l'utilisation avec une ou plusieurs variables qui peuvent référer aux individus, à leur maladie et/ou dispensateurs de services. Les liens de causalité

entre ces variables et les comportements d'utilisation sont extrapolés à partir des associations empiriques observées.

Il a été proposé de regrouper en trois grandes catégories les facteurs associés à l'utilisation des services de santé :

· Caractéristiques des sujets : on y trouve d'abord des caractéristiques sociodémographiques telles que l'âge, le sexe, l'éducation, la taille de la famille, le statut familial, l'ethnie et la religion. Les facteurs économiques comme le revenu sont une autre composante retenue. Enfin, l'on retrouve des caractéristiques sociopsychologiques : l'interaction avec le réseau social, le degré d'acculturation et la réceptivité à l'innovation ;

· Caractéristiques de la maladie et des perceptions qu'en ont les patients. On y retrouve le caractère chronique ou aigu et sévère ou modéré de la maladie, l'étiologie attribuée à celle-ci et les bénéfices attendus (en termes d'amélioration de l'état de santé) de l'utilisation de telle ou telle ressource de santé ;

· Caractéristiques des services offerts et les perceptions qu'en ont les patients. Il s'agit de facteurs susceptibles d'encourager ou de rebuter des utilisateurs potentiels. On y retrouve l'accessibilité géographique, l'acceptabilité des dispensateurs de services, de l'attrait lié à la qualité attendue, les coûts d'utilisation.

Les caractéristiques individuelles influençant l'utilisation des services de santé sont : l'âge, le sexe. Les caractéristiques culturelles concernent le niveau d'instruction, l'ethnie et la religion.

Les caractéristiques du ménage concernent la taille de la famille, le nombre d'enfants, les attributs de chef de famille et d'autres composantes familiales ont été liés à l'utilisation des services de santé. L'éducation formelle (ou la scolarisation) est l'un des principaux moyens d'exposition à la culture occidentale. Ainsi, à mesure que les populations sont scolarisées, l'on peut s'attendre d'une part à un renforcement de l'utilisation des soins de santé modernes, d'autre part, à une réduction de l'utilisation des médecines traditionnelles. On attribue fréquemment la sous-utilisation des formations sanitaires modernes et notamment des services préventifs à un manque d'éducation des personnes desservies.

L'acculturation, la transition culturelle : le contact avec les valeurs, les idées et les techniques de la culture occidentale a entraîné des changements considérables dans les sociétés traditionnelles et, selon les seuls dispensateurs modernes appartenaient au réseau public, la présence d'une télévision conduisait à un renforcement de l'utilisation des formations

sanitaires publiques au dépens des pratiques médicales traditionnelles. En revanche, l'acculturation n'induit aucun changement dans les conduites thérapeutiques traditionnelles, ce qui traduit la persistance d'attitudes pluralistes de recours aux soins.

Les innovateurs ou « adopteurs précoces » peuvent se définir comme des personnes qui adoptent des croyances, des attitudes ou des comportements nouveaux bien avant les autres membres du groupe social. Les théories de l'innovation suggèrent que ces personnes vont par un effet d'entraînement influencer les autres individus de la collectivité. Dans le champ de la santé, cela signifie que certains individus vont être des précurseurs dans l'utilisation de nouvelles thérapeutiques et en particulier de la médicine moderne.

Différents facteurs sont susceptibles d'interférer avec le niveau d'éducation. Il peut s'agir de l'acculturation, du niveau de revenu ou de la couverture sociale. Comme dans le monde occidental, les couches les moins éduquées sont souvent plus démunies. La plus grande utilisation des services de santé modernes chez les personnes scolarisées peut donc en partie s'expliquer par des capacités d'utilisation supérieure.

La mesure du revenu des ménages dans des sociétés où le salariat reste l'exception et où la prise en charge des individus est largement assumée par le groupe de référence constitue une difficulté d'importance. L'estimation directe des revenus monétaires est souvent difficile à réaliser et c'est habituellement par des mesures indirectes comme le statut ou la classe sociale des individus qu'il va être approché. Dans quelle mesure les capacités de mobilisation des ressources, le revenu monétaire ou le statut socio-économique vont-ils influencer les comportements d'utilisation ? Cette question fait l'objet d'une attention particulière du fait de ses conséquences sur les politiques de santé. Le revenu n'est pas une importante barrière à l'utilisation des services. Il n'y a pas de liens entre le revenu et l'utilisation des services sur le fait que quel que soit le système de santé et quels que soient les dispensateurs de services utilisés, les populations, même très pauvres, ont toujours eu à payer quelque chose pour leur santé. Le second point de vue consiste au contraire à souligner les inégalités en termes d'utilisation entre les différentes classes de revenu et de statut social.

Des observations concordantes militent en faveur d'une diminution de la fréquence des abstentions thérapeutiques à mesure que s'élève le niveau de revenu ou le statut socio-

économique. Par exemple au Zaïre (République Démocratique du Congo), ce sont principalement les plus pauvres qui ne se font pas soigner quand ils sont malades.

Les dépenses de santé des individus ou des ménages varient avec le statut socio-économique. En Ethiopie, il a été observé une corrélation négative entre le revenu et l'abstention thérapeutique. En Indonésie, les chercheurs ont rapporté des résultats semblables et ont conclu que « le revenu est une barrière importante au traitement ». Ils remarquent également que les plus riches parcourent de plus grandes distances pour se faire soigner, sans que leurs déplacements prennent plus de leur temps que ceux des pauvres.

Le recours à la médecine moderne est clairement associé au revenu ou à la classe sociale et les inégalités dans l'utilisation des services de santé peuvent être considérables. Des études réalisées dans différents contextes montrent que les couches sociales élevées sont les principales utilisatrices des services modernes publics et privés.

Des recours moins fréquents à la médecine traditionnelle sont parfois associés à des revenus ou à des statuts sociaux plus élevés

Les soins de santé modernes sont toujours plus utilisés par les bénéficiaires de l'assurance maladie. En revanche, le recours à l'autotraitement est habituellement plus rare chez les assurés sociaux et il en est de même pour l'utilisation des services de praticiens traditionnels. Enfin, lorsque la couverture médicale s'étend à des dispensateurs de services privés, la tendance à plus utiliser ces services est évidente.

Cette littérature renforce la thèse selon laquelle le revenu est une des principales barrières à l'utilisation des services de santé modernes. En effet, la couverture médicale peut être assimilée à un revenu additionnel qui procure un accroissement des capacités individuelles et familiales d'utilisation des services de santé modernes.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon