WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Pauvreté et accès aux soins obstétricaux au Tchad

( Télécharger le fichier original )
par Aristide NADJIOROUM NDINGADET
Institut de formation et de recherche démographiques (IFORD), Université de Yaoundé II au Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie (DESSD) 0000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE I Accès aux services de santé modernes et aux soins obstétricaux dans les pays en développement (PED)

Introduction Les progrès sanitaires accomplis peuvent dans une bonne mesure être attribués aux politiques de santé mise en oeuvre depuis les indépendances. Pour répondre aux problèmes de santé des populations, d'importants efforts ont été consacrés au développement de services de santé préventifs et/ou curatifs dits « modernes ». Mais depuis une dizaine d'années, la détérioration des économies, l'incapacité de nombreux gouvernements d'assumer seuls le poids de financer des systèmes qu'ils ont cherché à mettre en oeuvre et les résultats inégaux des stratégies destinées à améliorer l'état de santé des populations soulèvent des interrogations majeures. Elles se rapportent soit à la performance des services existants, soit à la pérennité des systèmes mis en place, et plusieurs se rapportent à l'utilisation de ces services par les populations et aux mécanismes susceptibles de l'utiliser.

1.1 Accès aux soins de santé modernes et aux soins obstétricaux dans les PED

Depuis plus de deux décennies, les pays du tiers monde en général et ceux d'Afrique en particulier font face à une crise économique aiguë. Cela se traduit par la baisse du pouvoir d'achat des travailleurs et par une paupérisation croissante de la population. L'indice numérique de pauvreté (47% en 1985, Banque Mondiale) de l'Afrique subsaharienne est l'un des plus élevé au monde ; en la matière, il n'y a que l'Asie du sud qui la dépasse. Cela correspond à 180 millions d'individus vivant dans la pauvreté. En l'an 2000, ce chiffre a vraisemblablement atteint 265 millions (Rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde 1990, AKOTO E., et al. 2002).

Par ailleurs, l'adoption du Programme d'Ajustement Structurel (PAS) par les pays africains s'est accompagné, presque partout, d'un dégraissage massif des fonctionnaires du secteur public. Malgré des indemnités de départ qui leur sont versées, la situation de ces « déflatés », ainsi que celle de leurs familles ne cessent de se dégrader. La plupart des individus n'arrivent tout simplement plus à satisfaire leurs besoins fondamentaux (alimentation, santé, logement, emploi et éducation), (AKOTO E. et al. 2002).

Concernant la santé en particulier, la crise économique a provoqué, à maints endroits, des effets dévastateurs, tant au niveau de l'offre que de la demande de soins. Elle a entraîné la dégradation du système sanitaire, aussi bien au niveau de la qualité du personnel qu'à celui de l'équipement médical et paramédical. Les Etats se trouvant un peu partout dans l'impossibilité d'assurer de nouveaux investissements dans le secteur de la santé, il s'en suit la multiplication des formations sanitaires privées. Guidées par l'impérieuse nécessité de rentabilité, celles-ci pratiquent souvent des tarifs inaccessibles à la majorité de la population. En outre là où l'Etat a pu maintenir les infrastructures dans un état de fonctionnement normal, leur accessibilité est devenue symptomatique à cause, entre autres, des tarifs prohibitifs pratiqués et de l'éloignement géographique, voire culturel des centres de santé. Aussi une frange importante de la population africaine serait-elle exclue du système de soins de santé moderne.

Parmi tout ce qui distingue les pays en développements et les pays industrialisés, les risques de décès pour la femme pendant la grossesse et l'accouchement constituent la différence la plus flagrante. Une femme enceinte en Afrique ou en Asie du Sud est exposée pendant sa grossesse et à l'accouchement à un risque de décès qui peut être jusqu'à 200 fois supérieur à ce que court une femme dans un pays industrialisé (IDH, 1993). Les taux de fécondité étant supérieurs dans les pays en développement, le risque sur la durée d'une vie en Afrique peut atteindre 1 sur 22 par rapport à 1 sur 6000 en Europe Septentrionale (IDH, 1993).

Les travaux réalisés sur les déterminants de l'utilisation des services de santé maternelle et infantile sont très nombreux mais les études consacrées à leur utilisation demeurent encore fragmentaires et peu abondantes. Ces études montrent que les recours aux soins prénatals et à un accouchement de qualité dépendent des caractéristiques sociales, démographiques et économiques des femmes et aussi de l'environnement institutionnel dans lequel elles vivent.

Les statistiques disponibles sur le contexte épidémiologique de la grossesse et de l'accouchement en Afrique font état d'une situation particulièrement préoccupante (Beninguisse, 2001). L'Afrique Subsaharienne est la région au monde où les risques liés à la gestation et à la parturition sont les plus élevés. D'après les estimations récentes de l'OMS (OMS, 1998 ; WHO-UNICEF, 1996 ; Beninguisse, 2001), le niveau de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes est de 870 en Afrique contre 36 en Europe, 11 en Amérique du Nord, 190 en Amérique Latine et Caraïbes et 390 en Asie. Le niveau actuel de l'Afrique

correspond à celui de la Suède il y a 250 ans (Beninguisse G., 2001). Sur le demi-million de décès maternels enregistrés chaque année dans le monde, plus du tiers concernerait l'Afrique (Beninguisse G., 2001). On estime par ailleurs que plus de deux tiers de ces décès maternels sont dus à cinq complications obstétricales majeures : les hémorragies, les infections, les troubles tensionnels de la grossesse (toxémie, éclampsie), le travail bloqué et les avortements clandestins (WHO, 1995 ; Beninguisse G., 2001). La mortalité périnatale est estimée à 75% en Afrique contre 13% en Europe, 9% en Amérique du Nord, 39% en Amérique Latine et Caraïbes et 53% en Asie.

Pour faire face à ce problème, des services obstétricaux sont déployés dans les pays africains mais le degré d'adhésion de la population est relativement faible comparativement aux autres régions du monde. Selon Fourn L. et collaborateurs (1999) cités par Tollegbé A. (2004), deux types de facteurs déterminent les comportements des femmes vis-à-vis du recours aux soins obstétricaux. L'auteur distingue d'une part les facteurs prédisposants (milieu de résidence, éducation de la femme, âge de la femme, rang de la naissance) et d'autre part, les facteurs facilitants (accessibilité aux services de santé, disponibilité des services et qualité des soins obstétricaux). Zoungrana (1993), cité par Tollegbé A. (2004), distingue deux types de facteurs qui, en fait, rejoignent un peu les deux premiers, notamment, les facteurs affectant l'offre de soins (accessibilité, coût et qualité des services) et les facteurs affectant la demande de soins qui comprennent d'une part les facteurs simples (statut socioéconomique du ménage, l'éducation de la femme, l'activité de la femme, son statut migratoire, les facteurs socioculturels, l'âge et la parité de la femme, son état matrimonial) et d'autre part, les facteurs de susceptibilité (le sexe de l'enfant, le type de naissance et l'état de santé de la femme).

La plupart des études visant à expliquer les comportements des femmes vis-à-vis des soins obstétricaux, se focalisent sur la demande de soins. Or, les femmes africaines sont en général soumises à certaines contraintes notamment l'éloignement des centres de santé par rapport à leur domicile, le manque de personnel qualifié en nombre suffisant, le sous équipement des centres de santé (en cas de complications), les files d'attente insupportables et parfois le mauvais accueil du personnel médical pour ne citer que ceux-là, qui peuvent les dissuader même si elles en avaient la volonté, à recourir aux soins obstétricaux. L'Afrique est le continent où le nombre d'habitants par sage-femme ou par médecin est le plus élevé. Selon l'OMS (1998), dans certaines régions d'Afrique et d'Asie, on trouve des ratios allant jusqu'à 300 000 habitants par sage-femme (soit une sage-femme pour 15 000 naissances). Cette situation est surtout propre au milieu rural en raison de la faible concentration des

infrastructures sanitaires et du personnel de santé qualifié comparativement au milieu urbain. Au Kenya, 56 % de tous les agents de santé, y compris les infirmières/sages-femmes, travaillent dans les zones urbaines, avec un pourcentage de 25% uniquement à Nairobi. (OMS, 1998). En Ouganda, 30 % seulement des postes de santé des zones rurales assurent des services d'accouchement, et il faudrait 7000 agents professionnels supplémentaires pour arriver à la proportion personnel/patients préconisée pour ces services. Avec un ratio de 1 médecin pour 11 472 habitants, 1 infirmier pour 3759 habitants et une sage-femme pour 10 945 en 1997 (RMDH, 2001).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite