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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé Togo - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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Conclusion de l'analyse des données

La plupart de nos enquêtés ont des âges inférieurs à 16 ans. Les plus âgés sont rencontrés dans les écoles publiques tandis que les moins jeunes fréquentent les écoles privées. Parmi eux, on rencontre plus de filles que de garçons. Ils sont en majorité chez les parents mais ils sont plus nombreux dans les écoles publiques à vivre avec les tuteurs. Ils proviennent des différentes couches socioprofessionnelles. Cependant, ils sont plus représentés à déclarer leurs mères comme des commerçantes. Ils sont aussi plus nombreux à reconnaître que leurs parents ont reçu d'instructions. Ainsi plus de la moitié des enquêtés ont situé le niveau d'instruction de leurs mères au primaire. Ils parlent dans la majorité une langue locale en famille.

Par ailleurs, nombreux sont nos enquêtés qui fréquentent les écoles situées à moins d'un kilomètre de chez eux. Ils sont plus nombreux dans les établissements publics à rentrer au CP1 à un âge dépassant 6 ans. Par contre, dans les écoles privées, ils sont plus représentés à rentrer au CP1 à un âge inférieur à 6 ans. Au cours de leurs cursus scolaires, moins de 50% de nos enquêtés ont rencontré des femmes enseignantes. Ils sont aussi nombreux à posséder des livres de lecture, mais peu représentés à disposer les livres de calcul quotidien. Ils entretiennent de bonnes relations avec les enseignants. Ils

sont moins insultés par ces derniers, moins tapés et sont parfois sollicités en classe. Malgré cela ils ne sont pas réguliers en classe pour des raisons d'ennui, des cours répétés et de leur complexe d'infériorité en classe. Ils ne sont pas souvent en retard aux cours.

Ainsi présentés, nos enquêtés sont nombreux à redoubler au moins une fois le CP1 et le CE1. Ceux qui ont redoublé deux fois le CP1 et ceux qui ont redoublé deux fois le CE1 ne sont pas non plus négligeables. D'autres parts, certains de nos enquêtés ont redoublé aussi le CP2 et le CE2. Mais, nous avons constaté qu'ils ne sont pas très représentés. Dès lors, ces redoublements ne sont pas sans relation avec les difficultés rencontrées au CM2 et les échecs au CEPD. En effet, nous remarquons que la plupart de nos enquêtés ont affirmé qu'ils ont des difficultés en lecture, en compréhension d'un texte écrit et en grammaire française. Ils se reconnaissent faibles également en calcul rapide, en problème et en calcul mental. Par conséquent, ils sont plus nombreux à passer plus d'une fois l'examen du CEPD. Plus de la moitié de nos enquêtés ont passé au moins deux fois le CEPD.

En croisant le nombre de redoublement au CP1 et au CE1 avec le nombre de CEPD passé, il nous est donné de constater que près de la moitié de nos enquêtés ont redoublé une seule fois le CP1. Parmi ces derniers (133 enquêtés), plus de la moitié, soit 55,64% ont passé une fois l'examen de CEPD. Dans l'ensemble des enquêtés qui ont redoublé deux fois le CP1 (56 enquêtés), 66,07% ont passé deux fois le CEPD. Ce qui nous laisse croire que plus on redouble le CP1, plus la chance d'échouer au CEPD s'augmente. Par ailleurs, la majorité de nos enquêtés qui ont redoublé le CE1 ont passé au moins deux fois le CEPD.

2-2/ Interprétation des résultats de l'analyse

Si nous considérons la limite du champ de cette étude, nous ne pouvons pas extrapoler ces résultats sur l'ensemble du système éducatif du Togo. D'autres caractéristiques peuvent toutefois influencer ces résultats de l'analyse qui feront objets dans ce chapitre de notre interprétation. Dans cette partie interprétative, nous essaierons de comprendre les relations entre ces données et les facteurs explicatifs du phénomène de redoublement précoce au Togo. En effet, les influences de ces différents facteurs s'expriment à travers les indicateurs des différentes variables. Ainsi certains facteurs seront plus déterminants que d'autres.

2-2-1/ Pratiques scolaires des redoublants et les pratiques pédagogiques des enseignants

Pour porter un regard sur les résultats de la pratique du redoublement, il faut aussi considérer les évolutions des attitudes, des comportements des redoublants. Il importe également de percevoir les situations particulières des élèves et les difficultés auxquelles ils font face en classe. C'est à la fois l'analyse des problèmes posés par les conduites des redoublants et l'attention particulière que les enseignants portent à leurs égards que nous allons aborder dans cette partie.


· Caractéristiques scolaires de l'élève redoublant au CM2

L'analyse des données recueillies met en évidence l'apport de différents facteurs dans l'identification des différents effets négatifs du redoublement sur la réussite au CEPD. Les tableaux ci-dessus ne visent qu'à donner un aperçu des caractéristiques générales des rapports qui déterminent un redoublant dans son établissement scolaire. Quelques unes de ces caractéristiques que sont la distance que parcoure un redoublant pour arriver à l'école, l'âge d'entrée du redoublant au CP1, la disponibilité des manuels scolaires, la régularité et la ponctualité du redoublant en classe, être enseigné par une femme, etc...permettent de se faire une idée des probables résultats de l'instruction de ce dernier. Ce type d'analyse s'inscrit dans le cadre d'analyse contextuelle de la scolarisation formulé par Duru-Bellat et al. (2004). Ainsi, les contextes dans

lesquels les redoublants continuent leurs scolarisations au Togo ne sont pas favorables à leur sortie de ce cycle diplômés.

Cependant, par rapport à la distance qui sépare les écoles de nos enquêtés et leurs domiciles, il nous est donné de constater que la majorité de nos enquêtés parcourent une distance moins d'un kilomètre pour arriver dans leurs établissements scolaires. Cette distance, par rapport à la distance moyenne (500m en milieu urbain et 1000m en milieu rural) ne peut pas agir de façon significative sur les échecs au CM2 dans ce champ d'étude. Cet indicateur, même s'il est significatif, il est dans cette étude peu influençant sur les échecs au CEPD.

D'autre part, l'âge d'entrée au CP1 est un indicateur relatif aux redoublements et/ou à l'achèvement du cours primaire. Il peut aussi influer sur les dispositions d'acquisition des connaissances, et est très déterminant dans les relations entre le groupe des pairs. Au Togo, l'âge d'entrée au CP1 est de six ans. D'après l'analyse des données de cette étude, la majorité de nos enquêtés entrent au CP1 avant l'âge de sept ans. Ce qui nous permet d'affirmer que le retard scolaire, malgré son influence approuvée sur les redoublements et les échecs scolaires n'est déterminant dans le cadre de cette étude sur les échecs au CEPD. Près de 56% de nos enquêtés entrent au CP1 avant l'âge de sept ans. Par contre, nous remarqué également que certains élèves, environ 33% de nos enquêtés ont pris de l'avance sur les autres. Ils sont entrés au CP1 avant l'âge proprement dit. Par ailleurs, le groupe minoritaire dans cette analyse (près de 44% des enquêtés) a concédé un retard scolaire en moyenne de deux ans sur leurs scolarisation. Mais ces distinctions qui déterminent le groupe minoritaire dans cette étude, n'influencent pas significativement la réussite de nos enquêtés dans l'ensemble.

A la suite de cette analyse, la proportion d'élèves constituant notre échantillon qui ont été enseignés au cours de leurs scolarités par les enseignantes ne sont pas nombreux. Il est conseillé au cours d'une scolarité d'un enfant, qu'une femme enseignante encadre ce dernier dans les classes de base préparatoires et élémentaires (CP1et CE1). Dans ce contexte, il est recommandé une attention particulière et une affection significative aux élèves, surtout à ceux qui sont en

difficulté de réussite dans ces classes de base. Or au Togo, les femmes ne sont pas privilégiées dans l'enseignement des classes préparatoires et élémentaires. Elles sont d'ailleurs mal appréciées dans l'enseignement du CP1 et du CE1 (entretien avec les enseignants et les directeurs). Néanmoins le préscolaire leur est confié. Par rapport à cette étude, nous avons observé que moins de la moitié de nos enquêtés ont rencontré dans leur cursus scolaire les enseignantes. Près 41% de nos enquêtés ont été instruits au préscolaire par les enseignantes. Ils sont moins nombreux à être enseignés par les institutrices au CP1 et au CE1. Par contre, ils sont plus représentatifs à rencontrer les enseignants-femmes dans les classes de CP2 et CE2. Ceci témoigne le fait que les femmes ne sont pas très appréciées dans l'enseignement des classes de base (CP1et CE1) au primaire. Par ailleurs les établissements publics emploient les enseignantes plus que les écoles privées. Ici, ces résultats peuvent influencer les performances des redoublants au CM2. Mais ces impacts sont moins explicatifs que les redoublements précoces des échecs de nos enquêtés au CEPD.

Un autre indicateur est très explicatif des performances des élèves au niveau primaire. C'est la disponibilité des manuels scolaires. Les livres sont les supports des cours ou des prestations des enseignants pour les élèves. La disponibilité des livres scolaire au niveau des élèves permet à ces derniers de s'appliquer en classe et de s'exercer à la maison. Au-delà de leurs aspects pratiques, les livres constituent une source de motivations scolaires aux élèves du primaire au Togo. Il est ainsi remarqué que les élèves qui ne disposent pas de livres ne sont pas actifs en classe et ne sont pas souvent intéressés par l'école. Ceci est plus significatif dans les premières classes du primaire c'est-à-dire dans les classes de CP et CE. Au Togo, les manuels scolaires mis à la disposition des élèves ne sont pas très suffisants. Ceci est encore plus observable dans les écoles publiques. Au Togo, dans les écoles primaires les livres de lecture sont exigés de chaque élève. Mais, les disparités socioéconomiques des familles mettent des différences dans la disponibilité des livres scolaires entre les élèves issus des familles nanties et les enfants des familles pauvres. Les élèves des milieux favorisés possèdent plus que les élèves des milieux défavorisés les livres de lecture. Ce qui explique le fait que ces livres sont plus utilisés par les élèves des écoles privées que les élèves des établissements publics. Hormis cette

différence, les livres de lecture sont utilisés par la plupart des élèves de niveau primaire. Par contre les livres de calcul quotidien sont moins utilisés par nos enquêtés. Dans les écoles publiques, à peine 30% de nos enquêtés ont faits usage de ce type de livre avant les classes de CM, alors que les élèves des écoles privées qui disposent de ce livre représentent plus de 46% de nos enquêtés. En général, les livres de calcul quotidien sont moins disponibles au niveau des élèves que les livres de lecture. Par ailleurs, on peut retrouver chez une minorité de nos redoublants enquêtés d'autres types de livres comme celui des sciences de la vie et de la terre, les livres de géographie et d'histoire, certains manuels conçus pour aider les élèves en difficulté. Nous pouvons ainsi déduire que les redoublants enquêtés n'ont pas manqué de manuels scolaires quand ils étaient aux niveaux inférieurs de l'école primaire. Ce qui suppose que cet indicateur ou la non disponibilité des livres au CP et au CE n'influe pas de manière significative sur la performance des redoublants au CM2.

En s'interrogeant sur ces facteurs contextuels, nous nous sommes intéressés également aux comportements scolaires de l'élève redoublant au CM2. Nous entendons par ces comportements scolaires, la régularité et la ponctualité en classe des redoublants que nous avons enquêtés. Ces indicateurs décrivent d'une part l'adhésion ou la non adhésion des redoublants à la pratique du redoublement et expliquent d'autre part la performance des redoublants au CM2. Dans le contexte de cette étude, en évoquant les raisons de ces comportements, les redoublants expriment l'état psychologique qui oriente leurs comportements. Au moyen de cette étude, nous constatons que les redoublants sont moins réguliers en classe. Moins de 46% des redoublants enquêtés sont réguliers en classe. Ils sont ainsi plus nombreux dans les établissements publics à manquer les classes que les élèves qui fréquentent les écoles publiques. Et, en justifiant leurs absences en classes, ils sont plus nombreux à accepter qu'ils s'absentent parce qu'ils possèdent déjà les cours dispensés en classe. Ce qui explique que beaucoup d'enseignants, surtout dans les écoles publiques ne changent pas de fiches des cours au fil des années. C'est ce qui confirme les mêmes cours que possèdent les redoublants les années suivant son année de redoublement. D'autres parts, 55,52% des redoublants enquêtés expliquent leur absence par l'ennui en classe. Ce qui montre qu'ils ne seraient pas impliqués dans la

participation des cours. Ils se sentent nul en classe et préfèrent l'école buissonnière que de s'ennuyer en classe. Ils ne sont pas non plus les moindres à se sentir mal appréciés par leurs enseignants en classe. Ces tendances sont plus exprimées dans les écoles publiques que dans les écoles privées. En fait, cet indicateur pourrait être un facteur très influant sur les performances en classe de CM2 expliquerait significativement l'échec des redoublants au CEPD. Ces redoublants ne seraient pas nombreux à être en retard aux cours. Ceux qui sont souvent en retard ne représentent que 6,21% de nos enquêtés. Ils sont rarement en retard surtout dans les écoles privées. Ces derniers expliquent cette situation par leur occupation à la maison, et par l'amusement qu'ils font en route. Ainsi nous découvrons, après cette analyse que les redoublants enquêtés ne sont pas réguliers en classe, mais ils sont souvent à l'heure en classe. Ils sont alors moins influencés dans leurs performances par le retard en classe que par les redoublements successifs concédés dans les classes antérieures.


· Qualité des relations en classe entre les enseignants et les redoublants L'attitude de l'enseignant, ses valeurs éthiques et ses choix pédagogiques influencent la réussite des élèves qui lui sont confiés. L'enseignant ne doit pas être indifférent aux différences. Ce qui va l'amener nécessairement à surveiller ses attitudes et à rechercher des solutions pour ses propres pratiques. Au risque d'adopter de la pédagogie différenciée il faut s'efforcer d'enseigner parfois autrement que ses sentiments incitent à le faire. On favorise, faute de quoi, les élèves avec lesquels il existe une entente culturelle ou ceux qui répondent à ses attentes. P. Perrenoud (1995) évoque à ce sujet : « Dans ce métier de l'humain, on

entre en relation avec des enfants [...] qu'on n'a pas choisis. Certains vous plaisent, vous

attirent, vous font du bien, d'autres vous irritent, vous mettent mal à l'aise, éveillent en vous des sentiments troubles ou agressifs. ». Il faut ainsi identifier ses sentiments sans les nier pour s'efforcer de les maîtriser et de ne pas les laisser guider son action.

Malheureusement, au Togo en général les élèves surtout les redoublants réveillent souvent en leurs enseignants les sentiments de colère allant parfois aux sentiments de haine par leurs comportements scolaires négatifs et leurs mauvaises performances en classe. Ce qui s'exprime souvent dans les rapports qu'entretiennent ces enseignants envers leurs élèves. Nous avons pris en compte les insultes, les coups de bâtons et la négligence que subissent les redoublants

enquêtés dans cette étude. Dans notre champ d'étude, les enquêtés ne sont pas souvent insultés par leurs enseignants. Peu d'élèves sont parfois insultés tandis que la majorité des redoublants enquêtés ne sont jamais insultés. Cependant, nous avons constaté que dans les écoles publiques beaucoup de redoublants sont parfois insultés par les enseignants alors que dans les écoles privées la majorité des élèves ne sont jamais insultés par leurs enseignants. Cette tendance positive explique d'une part que les enseignants de l'école primaire au Togo ne détestent pas les redoublants de leurs classes. D'autre part, on peut penser que ces enseignants mettent en pratique les normes pédagogiques de leur profession. Par ailleurs, les enseignants ne tapent pas souvent les redoublants enquêtés. Environ 65% de nos enquêtés ne sont jamais tapés par leurs enseignants. Ceux qui sont souvent tapés ne sont pas nombreux que ce soit dans le public que dans les privées. Nous pouvons confirmer par cette analyse que les redoublants ne sont pas tellement inquiétés par les enseignants au Togo. Ce qui ne pourrait pas être la cause d'une mauvaise performance des redoublants au CM2. D'ailleurs, pour s'en convaincre les redoublants enquêtés reconnaissent qu'ils sont parfois sollicités à participer aux cours en classe. Ceux qui, parmi les redoublants qui ne sont jamais sollicités à participer aux cours sont moins nombreux que les premiers. Ils sont ainsi considérés ou vus de la même manière que les non redoublants par leurs enseignants. En s'interrogeant ainsi sur leurs sentiments en classe, plus de la moitié des enquêtés se sentent préoccupés par leurs enseignants. Presque le tiers des redoublants reconnaissent être abandonnés par leurs enseignants. Nous pouvons alors définir comme bons comportements pédagogiques les relations que nouent les redoublants enquêtés avec leurs enseignants en classe. Ces indicateurs, en définitive n'ont de mauvais impacts sur les mauvaises performances des redoublants au CM2. Du coût, leurs échecs au CEPD ne pourraient être déterminés par les relations qu'entretiennent les enseignants avec les redoublants enquêtés.

2-2-2/ Caractéristiques individuelles et sociales des redoublants au CM2 L'appartenance sociale des élèves est une des causes les plus souvent évoquées pour expliquer la réussite scolaire. Dès 1966, Bourdieu montre une forte corrélation entre l'origine sociale d'un élève et ses chances de réussite à l'école. Cette corrélation a ensuite été régulièrement vérifiée et elle reste toujours

importante aujourd'hui. On peut interpréter ce phénomène selon plusieurs facteurs. En invoquant les déficiences du milieu familial (handicap socioculturel), l'héritage culturel (intérêt pour la lecture et les activités intellectuelles, etc...) est parfois fort éloigné des normes scolaires. Aussi l'écart entre le langage à l'école et le langage à la maison est parfois important, en particulier lorsque la langue maternelle est différente. D'autre part, le système des valeurs de la famille détermine l'attitude de l'élève vis à vis de l'école. Certains parents accompagnent la scolarité de leurs enfants. D'autres l'ignorent, ou sont bloqués par des obstacles (activité professionnelle, tâches domestiques). A l'inverse, d'autres parents, du fait de leurs exigences « entravent la volonté propre de leurs enfants ». (G. Chabert-Ménager, 1996). Il apparaît donc que du fait de leur origine familiale, certains enfants doivent faire un travail d'apprentissage beaucoup plus important que d'autres. Jacques Lévine (2001) exprime ces difficultés familiales en ces termes ; « il devient de plus en plus fréquent de voir des enfants envahis par les problèmes familiaux, qui arrivent donc en classe en étant ailleurs, qui ne sont pas disponibles pour les apprentissages ».


· Caractéristiques démographiques de l'élève redoublant aux CM2

Les caractéristiques démographiques de l'élève redoublant que nous considérons dans le cadre de cette étude sont l'âge, le sexe, résidence en famille ou en tutorat.

L'âge de l'élève redoublant au CM2 peut influencer ces performances en classe et lors des examens. Un enfant de seize ans n'aurait pas les mêmes réactions qu'un élève de onze ans face aux exactions de leurs enseignants. Il serait moins soumis que le second, et n'est donc pas disposé à apprendre comme ses pairs. Ce sont les élèves plus âgés qui deviennent les élèves perturbateurs, dont l'influence serait imitée par les autres redoublants (Duru-Bellat, 2004). Au Togo, surtout dans cette étude nous avons constaté que la majorité des élèves de CM2 ont moins de seize ans. Moins de 50% de nos enquêtés ont entre 6 ans et 11 ans, et moins de 50% également ont un âge situé dans l'intervalle de 11 ans et 16 ans. Le croisement de cette donnée avec les données de l'âge règlementaire au CP1 nous permet d'affirmer que cette seconde moitié de notre échantillon a un retard scolaire qui peut être dû à un retard d'entrée au CP1, ou aux redoublements

précoces successifs. Dans cette seconde moitié, nous avons observé plus d'élèves dans les établissements publics que dans les établissements privés.

De même, le sexe est déterminant dans la réussite scolaire au Togo. Au Togo, comme dans la plupart des pays de l'Afrique la fille est plus proche de sa mère que le garçon. Elle aide plus souvent sa mère dans les tâches ménagères. Chaque matin, avant d'aller à l'école, une fille au Togo a l'obligation de rendre la maison propre avec sa mère avant de se préparer pour l'école. Dans l'exécution de ces tâches, elle se fatigue avant d'arriver à l'école, elle est souvent en retard ou elle se réveille vite et ne dort donc pas suffisamment, elle n'a pas autant de temps que le garçon pour la révision de ses cours. Cette étude nous confirme que la majorité des redoublants au CM2 sont de sexe féminin. Elles font plus de la moitié de nos enquêtés. Elles représentent 56,90% des élèves enquêtés. Ce fait est observé tant dans les écoles publiques que dans les écoles privées.

Par ailleurs, nous avons également identifié un autre facteur qui influence significativement la réussite à un examen, ici le CEPD. Il s'agit de la résidence de l'enfant. Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à la résidence des élèves avec leurs parents ou avec les tuteurs. Il a été prouvé par d'autres études que le suivi des élèves en classe par leurs parents soit un facteur de réussite des enfants. Ainsi selon que l'enfant réside avec ses parents est un facteur de motivation scolaire. Ces derniers, qu'ils soient du milieu favorisé pour la réussite scolaire ou pas transmettent à l'enfant leur vision ou leur attente de ce dernier. Ce qui constitue une motivation pour les performances scolaires des enfants. Dans le contexte de cette étude, un élève redoublant a beaucoup plu besoin d'un soutien financier, d'affections et d'encouragement pour pouvoir s'adapter aux conditions requises pour la réussite scolaire. En interrogeant les redoublants enquêtés dans cette étude, nous constatons que la plus part des redoublants résident avec leurs parents. Ils seraient alors suffisamment protégés, motivés et soutenus par leurs parents pour réussir au CEPD. Cependant, s'ils reprennent plusieurs fois le CEPD, il serait plus raisonnable d'identifier les causes plus dans les redoublements successifs que dans une manque de soutien familial.


· L'origine sociale des redoublants qui échouent au CM2

Certaines approches théoriques ont essayé d'expliquer, par le passé la réussite et/ou l'échec scolaire au moyen de leurs disciplines respectives comme la psychologie, la sociologie, la philosophie, la biologie et autres. Certaines tendances utilisent le déterminisme social pour expliquer la réussite et/ou l'échec scolaire des élèves. Ces courants de pensée tiennent pour principales responsables des redoublements les familles des redoublants. Les redoublements ont pour origine essentielle l'environnement socioculturel du redoublant. Même si ces théories ont été nuancées par Duru-Bellat et Mingat cités par Francine Best (1997), force est de constater après analyse de cette étude que les redoublements sont plus fréquents dans les familles en situation défavorisée pour réussir à l'école. Dans le cadre de cette étude les indicateurs tels la profession du père et de la mère de famille, le niveau d'instruction du père et de la mère de famille et la langue parlée à la maison sont très déterminants pour la réussite au CEPD des redoublants enquêtés.

La profession du père de famille conditionne la réussite scolaire des enfants au Togo. Le père étant le premier responsable de la famille, sa profession détermine sa disponibilité et sa capacité de financement pour l'éducation des enfants. Au moyen de cette analyse, on compte sur le champ de cette étude presqu'autant de redoublants dans les catégories professionnelles considérées. Ces résultats n'infirment pas les résultats des études antérieures qui ont vérifié que certaines catégories professionnelles sont plus favorisées dans la réussite scolaire des enfants que d'autres. Dans le champ de cette étude, certaines catégories professionnelles sont sous représentées. Les catégories professionnelles considérées sont les commerçants, les enseignants, les bureaucrates, les cultivateurs et d'autres (le zémidjan, le travail domestique, la menuiserie, la coiffure, la couture, ect...). Aussi, nous avons considéré la profession des mères de famille. Ce sont les mères de famille qui sont plus en contact avec les enfants au Togo. Ainsi leurs professions pourraient aussi déterminer la performance, la motivation et la persévérance des redoublants. Elles sont celles qui apportent plus d'affection aux enfants surtout ceux qui sont en difficulté. Or dans le champ de notre étude la majorité des redoublants ont pour mères ou tutrices des commerçantes. Cette fonction qui est libre par définition, demande des mères ou

tutrices un sacrifice de temps pour suivre leurs enfants redoublants à l'école. Ces analyses nous permettent d'affirmer que la profession des parents, malgré qu'elle soit déterminante pour la réussite scolaire, n'est pas très significative dans cette étude. Nous avons compté presqu'autant de redoublants des les catégories des pères, et enquêté plus de redoublants dont les mères ou tutrices sont des commerçantes.

D'autre part le niveau d'étude atteint par les parents surtout les mères de familles a été démontré très déterminant pour la réussite scolaire des élèves. Il l'est encore plus pour les enfants en difficulté de réussite. Le niveau d'étude du père et de la mère de famille oriente et définit une vision d'instruction et de formation pour les enfants de la famille. Cet indicateur permet également de suivre la scolarité des enfants. Il peut également déterminer le niveau et les types de soutien que peuvent apporter les parents aux enfants en difficulté de réussite scolaire. C'est ce que Pierre Bourdieu et Jean Claude Passeron ont démontré à travers le concept du capital culturel. Ils définissent le capital culturel comme « les biens culturels qui sont transmis par les différentes actions pédagogiques familiales » (Bourdieu et Passeron, 1970). Ce capital culturel agirait sur les performances scolaires de l'enfant par un processus de développement de compétences et de dispositions logiques préparant à la réussite scolaire, ou encore par la prise en compte des comportements des parents envers l'école (Dumais Susan, 2002). Dans notre champ d'étude, la majorité des redoublants ont au moins des pères de niveau d'instruction primaire. Seulement peu des redoublants enquêtés ont des pères qui n'ont aucun niveau d'instruction. Ce qui suppose que les pères des redoublants enquêtés ont la compétence et la capacité de les suivre du moins à ce niveau d'instruction. Et si nous considérons le niveau d'instruction des mères de nos enquêtés, la majorité d'entre elles ont un niveau d'instruction limité au primaire. Elles sont également plus nombreuses que les pères à n'avoir aucun niveau d'instruction. Elles sont néanmoins disposées à suivre et à soutenir leurs enfants en difficulté de réussir au CEPD. Par ailleurs, la langue parlée à la maison est également mis en corrélation avec les performances scolaires des élèves. Au Togo, la langue d'instruction est le français. Les familles qui pratiquent cette langue comme langue maternelle disposent avantageusement leurs enfants à l'école que les familles qui parlent à la maison les langues locales. La langue étant un véhicule de transmission des

valeurs culturelles, les élèves issus des familles qui pratiquent le français comme langue maternelle possèdent avant leur entrée à l'école d'un vocabulaire français leur permettant de communiquer avec l'enseignant. Ils sont ainsi plus proche des enseignants et bénéficient de leur estime, et de leur affection. Aussi le français parlé à la maison permet aux élèves de ces familles de vite et mieux comprendre les enseignements que les élèves qui n'utilisent pas cette langue à la maison. Au Togo, plus de la moitié des élèves ne parlent pas le français à la maison. Ils partagent avec les parents la langue locale. Nous observons ces élèves plus dans les écoles publiques que dans les écoles privées. Parmi les élèves qui partagent la langue française avec leurs parents, les écoles privées abritent plus de 30% de nos enquêtés. Ceci dit, la langue parlée à la maison n'influence pas de trop les performances des redoublants au CM2 dans le contexte de cette étude. C'est ainsi que d'autres facteurs d'analyse comme les redoublements précoces pourraient plus éclairer sur les échecs des redoublants au CEPD.

2-2-3/ Effets du redoublement précoce sur la performance des redoublants au CM2

Il nous semble que plus le redoublement intervient tôt dans la scolarité plus il est associé à une faible réussite ultérieure. Au fur et à mesure que le redoublement survient plus tardivement, les difficultés de réussite diminuent en conséquence. Le redoublement entraine un retard scolaire qui constitue un handicap dans la scolarité d'un élève. Plus un enfant redouble précocement, plus il accumule les difficultés de réussir plus tard. Ces difficultés sont plus appréciées au niveau des disciplines de français et des épreuves de mathématique. Ces difficultés accumulées dans les classes antérieures constituent des handicapes à la réussite des épreuves au CM2, et surtout à l'examen de CEPD.


· La performance des redoublants précoces au CM2

En s'intéressant au nombre de redoublements connus par nos enquêtés dans les classes antérieures, nous avons observé que les élèves en difficultés de réussite au CEPD sont nombreux à redoubler le CP1 et le CE1. Ces classes de base sont des classes d'initiation aux sous cycles. Ainsi les élèves qui accumulent des handicaps dans ces classes pourraient les garder tout au long de leur scolarité. Par l'analyse des résultats des tableaux 6 et 8, nous constatons que les élèves en

difficulté au CM2 sont moins nombreux à concéder de redoublement dans les classes de CP2 et de CE2.

Les élèves qui ont redoublé une fois le CP1 auront moins de difficultés de lecture que ceux qui aurait redoublé deux fois la même classe. De même, ceux qui ont passé plus d'années au CE1 connaitraient plus de difficultés dans les exercices mathématiques que les élèves qui avaient connu un seul redoublement à ce niveau de scolarité. C'est ainsi qu'il est constaté que les redoublants précoces qui arrivent au CM2 ont beaucoup de difficultés de lecture. Ils déchiffrent difficilement les mots et font difficilement des liaisons en lecture. Ils ont également des difficultés à faire des liaisons. Ces carences en lecture sont plus observées dans les écoles publiques que dans les écoles privées. Ces difficultés de lecture déterminent alors les difficultés rencontrées par les redoublants au CM2 à comprendre les textes étudiés en classe. Parmi l'ensemble des redoublants enquêtés, à peine 17% de l'échantillon ont affirmé qu'ils comprennent aisément un texte qui est soumis à leur étude. D'autres parts ils ont des freins dans les exercices de grammaire. Les élèves en difficultés au CM2 ont des problèmes dans la rédaction d'un texte en français à accorder les verbes aux sujets. Ils accordent difficilement aussi les participes passés. Dans l'accord des noms aux articles, les redoublants au CM2 se débrouillent dans cet exercice. Presque la totalité de nos enquêtés reconnaissent leur difficulté à accorder les adjectifs aux sujets. Ces difficultés en français sont l'expression des lacunes accumulées dans les classes antérieures au cours des redoublements successifs.

Non seulement nos enquêtés connaissent des difficultés de compréhension d'un texte de leur niveau rédigé en français, mais aussi ils ont des handicapes à satisfaire aux épreuves de mathématique. Alors que ces élèves redoublants ont bénéficié des années de scolarité dans les classes de base, ici au CE1, ils arrivent au CM2 avec des niveaux d'acquisition en mathématique inférieurs à ceux des élèves qui n'ont pas connu de redoublement dans ces classes. Le tableau 12 de notre analyse nous informe que la majorité de nos enquêtés n'ont pas souvent la moyenne en calcul rapide. Ceux qui obtiennent rarement la moyenne cumulés à ceux qui n'ont jamais obtenu de moyenne représentent plus de 82% des redoublants enquêtés. Leurs performances en calcul mental et dans la résolution

d'un problème mathématique ne sont pas si différents de ce que nous avons observé en calcul rapide. En générale, les mauvaises performances sont plus observées dans les écoles publiques que dans les écoles privées.


· L'impact du nombre de redoublement précoce sur la réussite au C EPD

L'examen du CEPD sanctionne les élèves qui ont satisfait aux épreuves qui définissent les compétences exigées de la scolarité primaire. Les difficultés que rencontrent les redoublants à satisfaire à ces épreuves sont certainement des lacunes accumulées dans les classes de base après plusieurs redoublements. Le nombre de redoublements précoces connus détermine quelque part le nombre de CEPD passé au CM2. En croisant le nombre de redoublement connu au CP1 et le nombre de CEPD passé, on peut conclure que la plus part des élèves qui ont redoublé une seule fois au CP1 ont passé le CEPD une seule fois également. Et, la majorité des élèves enquêtés qui ont connu deux redoublements au CP1 ont échoué aussi à leur deuxième examen de CEPD. Ces résultats confirment notre hypothèse qui stipule que beaucoup de redoublements d'un élève au cours primaire influence sa réussite au CEPD. Par ailleurs cette hypothèse reste vérifiée en croisant le nombre de redoublement au CE1 et le nombre de CEPD passé. D'après ce croisement, la majorité de ceux qui ont redoublé le CE1 plus d'une fois ont passé également l'examen du CEPD plus d'une fois. Tout comme les redoublements, les élèves qui fréquentent les établissements publics accumulent beaucoup d'échec au CEPD que les élèves rencontrés dans les écoles privées.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein