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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé Togo - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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1-4/ Impacts du redoublement sur la scolarisation

Ainsi, nous nous posons des questions sur l'impact du phénomène sur la performance des redoublants, et sur leur scolarité. On se demande si les élèves qui redoublent obtiennent de meilleurs résultats aux examens que les autres ou si les écoles qui font redoubler ont plus de réussite aux examens que les écoles qui font moins de redoublants. C'est cette question qui fait l'objet de la présente recherche. A ce sujet, plusieurs facteurs influencent la réussite aux examens, précisément au CEPD dans le cadre de cette étude.

Parmi les variables qui ont une influence sur l'échec au CEPD ; nous pouvons citer la dimension rural/urbain, le rapport maître/élèves, la distinction entre les écoles publiques et privées, les classes à cours multiples, la proportion de femmes au sein du corps enseignant, le niveau d'études des enseignants, une formation professionnelle initiale des enseignants, la disponibilité des manuels scolaires et la qualité du bâtiment de la salle de classe. Dans ce contexte, une étude réalisée par Mathieu Brossard, Blandine Ledoux et Francis Ndem (juillet 2006) sur l'analyse de l'éducation au Togo a estimé les impacts de chacun de ces facteurs sur la réussite au CEPD. D'après cette étude, la fréquence des redoublements est très négativement associée aux taux de réussite au CEPD. Entre une école dont le taux de redoublement serait de 10% et une autre où il atteindrait 35%, l'étude suggère que les autres facteurs étant comparables pour ces écoles, le taux de réussite au CEPD est en moyenne de 9,5 points au bénéfice de la première. Dans le plan sectoriel de l'éduction 2010-2020 pour le Togo, en comparant les résultats des écoles primaires à l'examen de fin de cycle avec les fréquences des redoublements qui y sont observées, le MEPSA (Ministère de l'Enseignement Primaire, Secondaire et de l'Alphabétisation) a réalisé que les écoles qui ont un taux de redoublement de moins de 10% obtiennent des taux de réussite au CEPD plus élevés que les écoles qui font plus de 20% de redoublants. Ainsi comme l'affirme Jean-Jacques Paul (1997),

« s'il y a bien un domaine où les chercheurs en sciences de l'éducation se donnent la main, c'est bien celui du redoublement, pour affirmer à l'unisson que le redoublement est une solution injuste, inefficace sur le plan pédagogique et coûteuse ».

Au Togo, le redoublement constitue un phénomène culturellement enraciné. Et nombreux sont les travaux qui mettent en doute son efficacité pédagogique, qu'ils fassent référence à la relation entre le redoublement et les performances scolaires ou comme lien entre redoublement et trajectoire scolaire. L'élève qui redouble ne profite pas de la reprise de son année et ses résultats scolaires continuent souvent de baisser (Côte, Kennes et al. 1995). Elle ou il réussit moins bien que l'élève qui a profité d'un passage en classe supérieure en dépit du fait que les deux présentent des difficultés scolaires comparables (Leblanc Jacinthe, 1991). A cet égard, dans la plupart des cas, même si l'élève connaît un certain succès scolaire l'année de sa reprise, obtenant la plupart du temps des résultats dans la moyenne, ce succès ne se maintient pas à long terme, (Paradis Louise et Potvin Pierre, 1993).

Si la reprise d'une année ne permet pas à l'élève de connaître des succès scolaires, si cette dernière ou ce dernier perd espoir en ses capacités et que l'intérêt n'y est plus, les risques d'abandon scolaire s'en trouvent automatiquement accrus. Si l'on compare les redoublants et les non redoublants, l'on constate que, chez les premiers, le risque de quitter l'école serait de 20% à 30% plus grand que chez les seconds (Grissom James. B. et Shepard Lorrie A., 1989). D'autres études comme Mingat et Suchaut (2000) et Brossard M. et al. (2006) montrent que les redoublements accroissent les abandons scolaires. Ils ont montré également dans ces études que ces impacts du redoublement sur la scolarisation des élèves est plus observable dans les groupes défavorisés (milieux ruraux, familles économiquement pauvres, filles...)

Par ailleurs, la reprise consécutive d'une année développe chez les élèves certains troubles de comportement qui sont défavorables à la réussite scolaire plus précisément au CEPD (1er examen dans le cursus de l'élève). Parmi ces troubles de comportement nous pouvons noter le stress, une faible estime de soi, la démotivation, une mauvaise intégration dans le nouveau groupe de pairs. En effet, la reprise d'une année est un événement stressant pour l'élève et pour sa famille. Pour l'enfant, ce serait aussi stressant de reprendre une année que d'uriner en classe ou d'être surpris en train de voler (Fuhrman Susan et autres, 1990). Aussi la reprise d'une année peut avoir comme effet une baisse de l'estime de soi chez l'élève. C'est l'un des effets négatifs les plus à craindre

puisqu'une estime de soi positive serait un facteur déterminant pour la réussite de l'élève. Les élèves qui redoublent démontrent une plus faible estime de soi que ceux qui n'ont jamais redoublé et qu'ils attribuent leurs échecs à des facteurs indépendants de leur volonté et doutent davantage de leur valeur et de leur habileté à atteindre leurs buts. Entre six et douze ans, se développe chez l'enfant, le sens de l'effort et du travail. Pendant cette période, l'élève se définit davantage par ce qu'elle et qu'il est capable de réaliser que par ses attributs physiques ou psychologiques. Ce n'est pas tellement l'objet qui stimule son comportement mais le sentiment que ses efforts ont fait une différence et qu'elle et qu'il est responsable de ses résultats (Tremblay Richard, 1992).

A la suite d'échecs répétés, les élèves en viennent à acquérir des attitudes qui les empêchent de réaliser toutes leurs capacités d'apprentissage (Tremblay, 1992). Le découragement consécutif entraîne une baisse du niveau d'activité de l'élève et si cela se répète, beaucoup se découragent et leur rendement s'abaisse sous leurs capacités réelles (Tremblay, 1992). Il s'installe alors dans un pattern de fonctionnement inférieur à son potentiel. De plus le redoublement provoque chez l'élève qui reprend sa classe une démotivation au travail. Contrairement à l'objectif du redoublement, la reprise des mêmes programmes, avec du matériel déjà vu dans un contexte semblable est souvent mal appréciée par l'élève qui échoue. L'élève anticipe le contenu et les activités qui l'ont fait échouer. Il y a alors peu de chance que le nouveau contexte dans lequel le même programme est repris augmente son intérêt pour le travail, et par là sa compétence à réussir.

Par ailleurs, il est à craindre que l'élève qui redouble soit affecté par la perte de son groupe d'appartenance. Reprendre une année quand on ne se sent pas bon, quand on a perdu contact avec ses amis et ils ne sont plus dans le même groupe et surtout dans la même classe, réduit sans doute la motivation. (Leblanc Jacinthe, 1991). Pour l'élève, cette perte du groupe de pair a non seulement une mauvaise influence sur sa motivation au travail, mais aussi sur son intégration dans le nouveau groupe, souvent plus jeune. La recherche indique que l'élève qui a obtenu le passage en classe supérieure obtient de meilleurs scores au niveau de l'adaptation personnelle que celui ou celle qui redouble. D'après les sociogrammes, les redoublants sont moins souvent choisis par leurs camarades. Ils sont vus plus négativement que les élèves qui ont obtenu le passage en classe

supérieure. Les effets négatifs sur l'adaptation sociale sont particulièrement observés après les premières classes. Cette discrimination serait en effet plus élevée en 4e, 5e et 6e années (Leblanc, 1991).

Somme toute, cette étude s'intéresse aux effets néfastes du redoublement sur la réussite scolaire, plus précisément sur l'achèvement du cycle primaire.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon