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Effets négatifs du redoublement précoce sur la réussite au CEPD au Togo

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par Komivi OGOUWA
Université de Lomé Togo - DEA sociologie de l'éducation 2009
  

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3-2/ Faut-il redoubler tôt ou tardivement l'école primaire ?

Il n'y a pas d'année idéale pour le redoublement (Ziegler Suzanne 1992). Les effets de la reprise d'une année sur le rendement scolaire seraient différents pour chaque classe du primaire. Dans la pratique, la première année a été et demeure une année fréquemment reprise, quand les techniques de base en lecture ne sont pas maîtrisées. Elle est suivie de près par la troisième année.

Une étude de Leblanc Jacynthe (1991) indique qu'il est préférable de redoubler tôt. Le redoublement des élèves du primaire semble donner lieu à des résultats plus favorables que les reprises plus tardives. Il semble que la reprise de la première année aide l'enfant qui n'avait pas acquis la maturité suffisante et lui permet de consolider son bagage scolaire. L'auteur suggère que s'il faut faire reprendre une classe à l'élève qui éprouve des difficultés persistantes, il vaut mieux le faire lorsqu'il ou lorsqu'elle est jeune. Ils indiquent la fin de la première année comme le meilleur moment et déconseillent de le faire après la troisième année, jugeant la mesure inefficace à partir de ce moment. Les résultats scolaires sont encore moins satisfaisants si l'élève redouble une classe avancée. Si le redoublement survient après la 2e ou la 3e année, comme on l'a dit précédemment, un stigmate social semble rattaché à l'échec. Leblanc affirme qu'il faut éviter de faire redoubler un ou une élève de plus de 12 ans car le redoublement, vu comme un échec par l'adolescent ou l'adolescente, affecte sa motivation et mène à l'abandon. Comme le souligne Brais Yves (1994), il y a probablement des différences de capacités entre les redoublants et les redoublantes du cours préparatoire et ceux et celles du cours élémentaire. Leblanc (1991) indique dans sa thèse que le cours préparatoire du primaire est un cycle d'éveil et de maturation alors que le cours élémentaire a pour but de consolider les apprentissages.

Dans la même optique, Seibel et Leivasseur (1983) ont fait une étude sur les « effets pédagogiques du redoublement ». Cette étude a concerné plus de 1000 élèves scolarisés au cours préparatoire. C'est une étude qui confirme que le redoublement précoce ne semble pas conduire, en moyenne, à des évolutions pédagogiques aussi favorables pour les élèves redoublants que pour les élèves promus. L'évolution comparée des deux populations considérées révèle un écart

croissant variable selon les exercices proposés, mais très souvent (dans 7 cas sur 10) en faveur des non-redoublants faibles. Les cinq exercices (sur 45) où les redoublants progressent davantage que les promus faibles se rapportent tous au domaine mathématique. Ce résultat peut s'expliquer, en partie, selon ces auteurs « par une pratique plus fréquente de ce type d'activités qui sont mises en oeuvre au début du cycle préparatoire ». En conclusion, on peut dire que le redoublement précoce ne permet pas aux élèves de progresser. Pour un élève faible, il n'est pas nécessaire de redoubler pour continuer à progresser. La décision de fin d'année scolaire n'est pas neutre à ce niveau (cours préparatoire) d'enseignement. Elle a un effet « démobilisateur » chez les enfants invités à recommencer leur cours.

Plus tard en 2002, Thierry Troncin commence de nouvelles recherches en France dont les résultats vont confirmer ceux de l'étude de Seibel. Il se base sur un échantillon de près de 4000 élèves. En septembre 2002, à leur entrée en CP, il leur fait passer un ensemble de 4 tests, puis il recommence en juin 2003 (fin de CP), en septembre 2003 (début de CE1) et en juin 2004 (fin de CE1). Il constate alors qu'au cours de l'été 2003 (qui suit le premier CP) les performances des « futurs redoublants » diminuent. En septembre 2003, les résultats aux tests des élèves ayant fait l'objet d'un redoublement en juin 2003 baissent (d'environ 3 points), alors que les résultats des élèves faibles promus augmentent systématiquement (d'environ 4 points) par rapport aux tests du mois de juin. Il met alors en évidence l'effet « démobilisateur » de la décision de redoublement pour les enfants qui en font l'objet en opposition avec l'effet « dynamisant » de la promotion des élèves faibles. A l'issue des tests de juin 2004, il constate que la progression des élèves promus faibles est nettement supérieure à celle des redoublants. Les moyennes des redoublants aux tests sont au moins 5% inférieures à celles des promus faibles. Plus loin, il constate que les élèves ayant redoublé leur CP réussissent environ 22 % en moins que les non redoublants en français, et 23,7 % en moins en mathématiques. Il conclut par le fait que le redoublement du CP ne suffit pas à résoudre les difficultés scolaires.

A en croire l'étude de Shane Jimerson de l'université de Californie qui évalue les
conséquences à long terme d'un redoublement précoce, le redoublement aux
cours préparatoires et élémentaires handicape la progression scolaire, provoque

les abandons scolaires et le comportement scolaire des redoublants. En prenant pour sujets 190 enfants suivis dans le cadre du Minnesota Mother-Child Interaction Project, cette étude a suivi les enfants depuis leur naissance jusqu'à leurs vingt et un ans, en collectant une masse de données sur eux et leur famille. L'auteur a constitué un groupe de 40 enfants de cette cohorte qui ont redoublé la grande section de maternelle, ou le CP, ou le CE1, ou le CE2 ; elle les compare à un groupe de 50 enfants qui, dans les mêmes classes, avaient un niveau aussi bas que les précédents, mais n'ont pas redoublé (le groupe des non redoublants), et un groupe témoin de 100 enfants de la même cohorte qui, au départ, ont de bons résultats scolaires. Elle a ensuite comparé les performances scolaires en fin de parcours des trois groupes. Les résultats sont sans appel. En fin de la classe de première, l'adaptation au lycée, évaluée à partir de la moyenne des notes, mais aussi de l'assiduité et du comportement à l'école est beaucoup moins bonne chez les redoublants que chez les non redoublants, lesquels font presque aussi bien que le groupe témoin. A 19 ans, 69 % des redoublants ont abandonné le lycée en cours d'études, contre 46 % des non-redoublants et 29 % des témoins. A 20 ans, 42 % des redoublants ont obtenu leur certificat de fin d'études secondaires (qui, aux Etats-Unis, tient lieu de baccalauréat), contre 72 % des non-redoublants et 88 % des témoins. En conclusion, l'auteur constate que son étude prolonge dans le temps des études antérieures, mais va dans le même sens. Le redoublement précoce à l'école primaire est nuisible et devrait être abandonné, au profit de mesures telles que le tutorat, un entraînement spécifique à la lecture, etc.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry