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L'analyse des efforts de promotion de l'Investissement à‰tranger Direct (IED) au Burkina Faso

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par Saga Benjamin TAà¸TA
Ecole espagnole de négociations internationales (EENI-global business school) - Master en commerce international marketing global et internationallisation 2010
  

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II- POLITIQUES ECONOMIQUES ET STRATEGIE DES IED

Le Gouvernement burkinabé a initié dans les années 1990 une réforme en profondeur de ses politiques économiques au travers d'un programme d'ajustement structurel, qui a représenté la fin de l'interventionnisme économique et la libéralisation de l'économie. Le programme a engendré la privatisation d'une partie des entreprises publiques, la libéralisation de la plupart des secteurs commerciaux, la réforme du système bancaire, un contrôle plus strict des dépenses publiques, un programme d'augmentation des recettes fiscales, et des initiatives pour encourager le développement du secteur privé.

Aujourd'hui le principal objectif du Burkina Faso est d'atteindre une croissance durable qui engendre une réduction de la pauvreté. Le Gouvernement s'est engagé à réformer ses politiques économiques et sociales de manière à mieux soutenir le processus de développement du pays en favorisant l'émergence d'un secteur privé dynamique et compétitif et en approfondissant l'intégration régionale. Bien que la politique économique attribue une importance primordiale aux mesures visant à promouvoir le développement du secteur privé, le Gouvernement n'a pas encore réellement établi de stratégie spécifique visant à promouvoir les IED et à maximiser leur impact positif sur l'économie. Les autorités ont cependant décidé de créer une agence de promotion des investissements étrangers, même si ses contours et son environnement stratégique restent à définir.

1) Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

Le Burkina Faso a été un des premiers pays à préparer un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP). Lancé en 2000 et mis à jour en 2003, le CSLP détermine les objectifs prioritaires du Gouvernement en matière de développement tout en assurant sa cohérence avec les stratégies sectorielles. Lors de la révision du CSLP en 2003, le gouvernement burkinabé a décidé d'impliquer plus activement au projet les différentes régions du pays. Treize CSLP spécifiques aux besoins de chacune des régions administratives ont ainsi été développés en juin 2005.

Les quatre piliers du CSLP, communs à toutes les régions du pays, sont ;

§ activer la croissance à grande échelle;

§ promouvoir l'accès aux services sociaux basiques;

§ augmenter le nombre d'activités génératrices d'emploi et de revenu ; et

§ promouvoir la bonne gouvernance.

Un programme d'actions prioritaires articulé autour des quatre piliers a été mis en place pour rendre le CSLP opérationnel. On compte parmi les principales actions et objectifs :

Un programme d'actions prioritaires articulé autour des quatre piliers a été mis en place pour rendre le CSLP opérationnel. On compte parmi les principales actions et objectifs :

§ l'augmentation de la production agricole et la sécurité alimentaire;

§ la promotion du secteur minier ;

§ la promotion de la production de fruits et légumes;

§ l'accès à l'éducation;

§ l'amélioration de l'accès au crédit ;

§ la réorganisation et le renforcement du système judiciaire; et

§ la bonne gouvernance économique et la lutte contre la corruption.

Le rôle et le besoin d'investissements privés pour améliorer les infrastructures sont aussi prévus par le CSLP. La poursuite du processus de privatisation, dans lequel les investisseurs étrangers ont un rôle important à jouer, fait aussi partie des objectifs du Gouvernement pour augmenter la compétitivité et réduire ainsi les coûts des facteurs de production. Le CSLP ne définit cependant pas de stratégie spécifique des IED, que ce soit en matière de promotion, d'attraction ou de maximisation d'impact.

2) Prospective «Burkina 2025»

En 1994, le Gouvernement burkinabé a commandité la réalisation d'une étude prospective en vue de mieux orienter les programmes pour le développement à moyen et long terme. Le conseil national de prospective et de planification stratégique, créé par décret en 1997, a remis une étude complète en 2005. Selon l'étude «Burkina 2025», d'importantes faiblesses persistent dans l'économie burkinabé en dépit des réformes des années 1990, comme la faiblesse des ressources humaines, le manque de ressources naturelles, la faiblesse de l'épargne et de l'investissement ainsi que la fraude et la corruption.

Les principales faiblesses identifiées au niveau sectoriel sont le secteur agricole encore très traditionnel, l'industrie peu compétitive, les échanges commerciaux rendus difficiles par l'enclavement et le faible taux de pénétration des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Parmi les opportunités, l'étude signale la confiance renouvelée des bailleurs de fond, l'impact des conférences régionales et internationales ayant lieu au Burkina Faso, et les effets de l'intégration économique sur les ressources humaines et le développement des nouvelles technologies de l'information. Les principales menaces identifiées sont la persistance des conflits dans les pays voisins, la dépendance envers l'aide publique au développement, la dépendance envers les cours mondiaux des marchandises, le risque de délocalisation vers d'autres pays de la sous-région dû aux coûts des facteurs de production ainsi que la dégradation de l'écosystème.

Bien que la prospective « Burkina 2025 » offre une analyse intéressante des capacités et du potentiel du Burkina Faso, elle manque d'opérationnalité et ne présente pas de mesures concrètes et spécifiques à mettre en place dans les différents secteurs clés. En outre, bien que l'étude souligne l'importance des investissements pour exploiter les forces et opportunités du pays et pour les transformer en progrès économique et social, elle n'aborde pas le rôle spécifique que les IED pourraient jouer pour atteindre ces objectifs.

3) Projet d'appui à la compétitivité et au développement de l'entreprise

L'importance que le Gouvernement accorde au développement du secteur privé se reflète dans la lettre de politique pour le développement du secteur privé de 2002. Cette lettre est une déclaration d'intentions sur les réformes que le gouvernement veut adopter, en ligne avec la stratégie de réduction de la pauvreté. Parmi ces réformes, on peut signaler la libéralisation de l'économie avec l'ouverture de plusieurs secteurs aux investissements privés tels que le secteur minier, les télécommunications, l'énergie et le secteur financier. La lettre prévoit aussi l'amélioration du cadre réglementaire, juridique et fiscal des affaires ainsi que des mesures pour le développement industriel et de l'artisanat.

En soutien de cette lettre et à partir d'une étude sur la compétitivité et la croissance économique, le Gouvernement a lancé le Projet d'appui à la compétitivité et au développement de l'entreprise (PACDE) en 2003 avec l'appui de la Banque mondiale. Le PACDE, qui a principalement un rôle d'appui, agit sur deux aspects : (1) la mise en oeuvre des différentes réformes ; et (2) le soutien au secteur privé pour qu'il puisse bénéficier de ces réformes. Le PACDE soutient différents ministères dans l'accomplissement des objectifs annoncés dans la lettre de politique pour le développement du secteur privé, principalement en les aidant à trouver et financer les expertises requises. Le projet avait été conçu pour une période initiale de quatre ans, mais une prolongation de deux ans est prévue en vue de terminer la mise en place des mesures et réformes initialement prévues.

III- TENDANCES DES IED

1) Volume et performance des IED

Le Burkina Faso est resté en marge des flux d'IED mondiaux jusqu'aux années 1980. Ce n'est qu'à partir du milieu des années 1990, avec le lancement du processus de libéralisation économique et le début du programme de privatisation, que les IED ont entamé une tendance à la hausse (figure 5). Bien que fort irrégulière, cette tendance s'est affirmée et accélérée au cours des dernières années, en particulier suite aux investissements dans le secteur minier. Dans l'industrie et les services, la petite taille du marché domestique, les faiblesses en matière d'infrastructures physiques et de capital humain, l'enclavement, le coût élevé des facteurs, et les faiblesses du cadre réglementaire constituent encore des freins importants aux IED.

Figure 5 : Flux d'IED au Burkina Faso, 1980-2007

Source : CNUCED, base de données FDI/TNC

Les flux d'IED ont atteint en moyenne seulement $1,8 millions par an entre 1980 et 1991, une période durant laquelle le Burkina Faso a axé sa politique de développement économique principalement sur la promotion des entreprises publiques, y compris dans les activités purement commerciales. Durant cette période, l'Etat était le principal investisseur dans les secteurs clés de l'économie. En 1991, l'Etat était le principal ou unique actionnaire dans 41 établissements publics à caractère industriel ou commercial, 43 sociétés d'économie mixte, deux entreprises publiques à caractère professionnel, et deux sociétés d'Etat.

Le programme d'ajustement structurel de 1991 a lancé le processus de libéralisation de l'économie et l'ouverture au secteur privé. Il a aussi été à la base d'un désengagement de l'Etat des activités à caractère purement commercial au travers d'un programme de privatisations. Un total de 59 entreprises publiques a été identifié en plusieurs phases pour être privatisées (ou liquidées) à partir de 1992. Une première vague d'opérations entre 1992 et 2001 a vu la privatisation ou la liquidation de 37 entreprises. Brakina (brasserie) a été cédée au groupe familial français Castel, la CIMAT (cimenterie) vendue à la société suisse Umar Holderbank et la SOSUCO (sucrerie) reprise par le groupe Agha Khan.

Les privatisations ont donc favorisé une augmentation des flux d'IED dès le début des années 1990. La libéralisation de l'économie, les réformes structurelles et réglementaires, et la dévaluation du franc CFA en 1994 ont également contribué à dynamiser les investissements étrangers, y compris les investissements de petite taille par des entrepreneurs étrangers et des PME. Malgré tout, les flux sont restés irréguliers et dépendants d'opérations ponctuelles telles les privatisations ou l'attribution de licences de téléphonie mobile à des sociétés étrangères. Le pic d'IED de 2000 peut ainsi être expliqué par la vente de licences téléphoniques - et les investissements d'infrastructures associés - à Celtel ($11 millions) et Telecel ($8 millions).

En moyenne, les flux d'IED sont donc passés de $1,8 millions par an en 1980-1991 à $10,2 millions par an en 1992-2001. La Commission de la privatisation estime par ailleurs que les entreprises privatisées ont reçu des injections de capital (hors coût de privatisation) de CFA 35,3 milliards ($84,7 millions) entre 1995 et 2000, principalement pour l'extension et le renouvellement de l'outil de production.

Bien que le processus de privatisation ait connu un certain ralentissement au début des années 2000, les flux d'IED ont continué sur une phase croissante, pour atteindre $25,2 millions par an en moyenne sur la période 2002-2006. Le renouveau des investissements miniers, principalement dans la recherche et l'exploitation de gisements d'or, expliquent une part importante de cette tendance à la hausse. L'investissement étranger dans le secteur minier est en effet en pleine expansion ces dernières années, suite à l'ouverture du secteur aux investisseurs privés et à l'adoption d'un cadre réglementaire attractif. Plus de 300 permis de prospection et de recherche ont été attribués depuis la fin des années 1990, et cinq entreprises étrangères sont soit passées en phase d'exploitation, soit sur le point de commencer la production.

En plus des IED dans le secteur minier, la poursuite du processus de réformes structurelles a également suscité un certain regain d'intérêt de la part d'investisseurs et entrepreneurs étrangers. De plus, la cession de 34 pour cent des parts de la SOFITEX au groupe français Dagris a permis une entrée significative de capitaux en 2004.

En 2007, les flux d'IED ont atteint un pic exceptionnel de $600 millions. Celui-ci s'explique en partie par la cession de 51 pour cent du capital de l'ONATEL à Maroc Telecom pour CFA 144 milliards ($345 millions). L'opération couvre aussi bien la téléphonie fixe (environ 100 000 abonnés) que la téléphonie mobile (environ 400 000 clients au travers de la filiale Telmob). Si ce flux d'IED est ponctuel, le pic de 2007 s'explique aussi par une forte augmentation des investissements miniers. Plusieurs sociétés minières ont en effet réalisé d'importants investissements pour passer en phase d'exploitation en 2007 et 2008 suite à du travail d'exploration initié au début des années 2000. Cette augmentation des IED miniers devrait être durable étant donné les gisements aurifères découverts ces dernières années et les mises en exploitation programmée.

En dépit de la tendance à la hausse des IED au cours de la décennie passée, le Burkina Faso reste toujours largement derrière ses voisins et les PMA en termes de performance relative. Les flux d'IED par habitant ont quadruplé de $0,4 par an en moyenne en 1986-1990 à $1,6 en 2001-2006, mais ce niveau reste bien inférieur à la moyenne de $11,4 par an dans les PMA, ou d'environ $5 par an au Bénin ou au Sénégal. De même, les flux d'IED par millier de dollars de PIB sont plus de trois fois inférieurs au Burkina Faso que dans les pays de l'UEMOA, avec $4,7 par an en moyenne en 2001-2006. Cette tendance a bien entendu été renversée partiellement suite au flux exceptionnel de 2007.

Il apparaît également que le Burkina Faso n'a pas été en mesure jusqu'à présent d'attirer les investissements étrangers à la recherche d'une implantation sur le marché de l'UEMOA. Bien qu'il représente 12 pour cent du PIB régional et 15,3 pour cent de la population de la zone, le Burkina Faso n'a réussi à attirer que 3 pour cent en moyenne des IED de l'ensemble des pays de l'UEMOA durant la période 1980-2006. Ce handicap en termes d'attractivité par rapport aux pays de la zone semble cependant se retrouver chez les autres pays enclavés, même si le Mali est parvenu à attirer des investissements étrangers importants à partir du milieu des années 1990, essentiellement dans le secteur minier. Des perspectives d'investissements miniers importants s'ouvrent également à présent au Burkina Faso.

Figure 6: Flux d'IED au Burkina Faso et autres pays enclavés de la zone franc, 1980-2007

Source : CNUCED, base de données FDI/TNC.

2) Distribution par secteur et origine des IED

Etant donné son enclavement, la faiblesse de ses infrastructures physiques et humaines, et le coût élevé des facteurs, le Burkina Faso attire principalement des investisseurs étrangers dont l'objectif est d'approvisionner le marché local. En dehors du secteur minier et du coton, les entreprises étrangères orientées vers l'exportation sont extrêmement rares. Ceci explique également la taille relativement modeste de la majorité des investissements étrangers au Burkina Faso.

Dans les années 1990 et le début des années 2000, les IED ont été relativement diversifiés, dans la mesure où les investisseurs étrangers ont participé au processus de privatisation qui a touché l'ensemble des principaux secteurs productifs de l'économie. Des IED ont ainsi été effectués au cours du programme de privatisation dans le secteur agro-alimentaire (brasserie, sucre), la petite industrie (cimenterie) et la finance, entre autres. Les plus grands flux d'investissement ont cependant eu lieu dans le secteur du coton et des télécommunications, avec l'attribution de deux licences de téléphonie mobile et la cession de 51 pour cent des parts de l'ONATEL. On peut ainsi estimer que le secteur des télécommunications, y compris la privatisation de l'ONATEL, représente environ 55 pour cent des entrées totales d'IED sur la période 1992-2007.

Tableau 1 : Flux comparatifs d'IED pour certains pays ou régions, 1991-2007

Le secteur minier représente depuis quelques années le principal pôle d'attraction des investissements étrangers, hors télécommunications. Le renouveau des activités de prospection, de recherche et d'exploitation est en partie dû à des investisseurs nationaux, mais l'impulsion principale dans l'activité minière industrielle a été donnée par des sociétés « juniors » d'Afrique du Sud, d'Australie et du Canada principalement. A l'heure actuelle, aucune des « majors » n'est présente au Burkina Faso. Selon les chiffres du Groupement professionnel des miniers du Burkina, l'investissement (national et étranger) dans le secteur minier a atteint CFA 150 milliards ($360 millions) sur les 15 dernières années.

Sept principales sociétés « juniors » sont actuellement en phase avancée de recherche, de préparation à l'exploitation ou en phase d'exploitation. High River Gold Mines est passé en phase d'exploitation sur la mine de Taparko fin 2007, après un investissement total de $71 millions. Etruscan Resources a lancé l'exploitation de la mine d'or de Youga en mai 2008, après un investissement total de $70 millions. Plus tard dans l'année, SEMAFO et Cluff Gold ont commencé l'exploitation des mines d'or de Mana et Kalsaka. Iamgold, qui a finalisé l'acquisition de Orezone Resources début 2009, devrait dépenser environ $350 millions pour le développement de la mine d'or Essakane, dont $220 millions en 2009.

En outre, Wega Mining prévoit de lancer la production sur sa mine d'or d'Inata mi-2009. Le développement des autres minerais a été plus affecté par la crise économique et financière mondiale. Blackthorn Resources a ainsi mis le développement du gisement de zinc de Perkoa en suspens jusqu'à nouvel ordre suite à la baisse des cours mondiaux.

Depuis le début du programme d'ajustement structurel et la libéralisation de l'économie, les petits investisseurs représentent une autre source non négligeable de capital, d'emploi et de création de valeur ajoutée. Bien que les montants investis soient nettement inférieurs à ceux du secteur des télécommunications et des mines, ces investissements sont importants pour la diversification et le développement de l'économie burkinabé. Ils touchent principalement la petite industrie et les services, y compris l'agro-alimentaire, la distribution, la restauration, l'hôtellerie et les services professionnels. Ce type d'investissements étrangers émane dans de nombreux cas d'entrepreneurs individuels ou de petites et moyennes entreprises de la région.

Ainsi, 214 autorisations d'exercer la profession de commerçant ont été attribuées à des personnes morales (103 autorisations) et physiques (111 autorisations) étrangères en 2007, pour un montant total d'investissement de CFA 12,6 milliards ($30,2 millions). L'Afrique représente 117 autorisations, l'Europe 46, et l'Asie 45. A l'heure actuelle, la Chine n'est pas une source significative d'investissements au Burkina Faso, contrairement à la tendance qui prévaut dans beaucoup de pays d'Afrique.

La France a traditionnellement représenté une source majeure d'investissements. Au cours des dernières années, les pays source d'investissement se sont cependant diversifiés. Suite à la privatisation de l'ONATEL, le Maroc représente environ 40 pour cent des flux d'IED au cours des 15 dernières années. L'actionnariat de Celtel et de Telecel est lui aussi du Moyen-Orient et d'Afrique. De même, l'Afrique du Sud, l'Australie et le Canada sont devenus des pays source importants suite aux investissements miniers. En termes de nombre de projets plus que de pourcentage du capital investi, les pays de la région représentent également une source importante d'investissement étranger au Burkina Faso.

3) Impact des IED

Bien que les flux d'IED aient été relativement modestes au cours des dernières décennies, l'impact de l'investissement étranger est allé croissant au fur et à mesure de la libéralisation de l'économie burkinabé. Alors que les IED représentaient en moyenne seulement 0,6 pour cent de la formation intérieure brute de capital fixe (FIBCF) dans les années 1980, cette part a augmenté immédiatement après le début du programme de réformes économiques. La part des IED dans la FIBCF a évolué de manière irrégulière depuis le début des années 1990. Le niveau a oscillé entre 1 et 4 pour cent entre 1993 et 2006, et il s'est établi à 2,2 pour cent en moyenne en 2002-2006. Le pic d'IED de 2007 a ensuite poussé la part des IED dans la FIBCF à près de 40 pour cent. Si ce taux n'est pas durable, la part des IED dans l'investissement domestique devrait malgré tout rester plus élevée dans les années à venir suite aux investissements miniers.

Malgré que les données statistiques ne soient pas disponibles pour établir un lien direct entre la relative bonne tenue de la croissance économique depuis le milieu des années 1990 et les IED, il est probable que l'augmentation progressive des flux investissements étrangers ait contribué à stimuler l'activité économique et à stabiliser le niveau de croissance. De même, le Burkina Faso ne collecte pas de données sur la création d'emplois par les entreprises à capitaux étrangers. Si le nombre d'emplois dans le secteur formel est très limité, il n'en reste pas moins que des entreprises à capitaux étrangers sont parmi les plus gros employeurs

du secteur privé formel.

La brasserie Brakina dispose d'environ 450 employés permanents et génère un grand nombre d'emplois indirects dans la filière boisson, ce qui en fait le premier employeur privé du Burkina Faso. De plus, la direction indique que la société mère Castel désire mettre en place un programme d'investissement et de réinvestissement des bénéfices d'environ CFA 15 milliards ($36 millions) sur trois ans, après avoir investi CFA 6 milliards ($14.4 millions) en 2007. Le groupe Celtel (devenu Airtel en novembre 2010), quant à lui, emploie 317 personnes à temps plein. La majorité de ces employés sont du personnel semi-qualifié ou qualifié. Le personnel a une moyenne d'âge de moins de 30 ans, et le salaire de base d'un commercial est de plus de CFA 200 000 par mois. Ceci représente plus de sept fois le salaire minimum, et pratiquement le double du salaire d'un fonctionnaire.

Bon nombre d'autres grands employeurs du secteur formel sont également des entreprises à capitaux étrangers, tels que l'assureur AGF et les banques BICIA-B et SGBB, la cimenterie CIMAT et la sucrerie SOSUCO. Les sociétés minières, quant à elles, fournissent relativement peu d'emplois permanents durant les phases de prospection et de recherche. Par contre, elles deviennent de gros employeurs une fois passées en phase d'exploitation, d'autant plus qu'elles travaillent 24h/24h sur base de roulement. Les sociétés minières vont donc devenir d'importants pourvoyeurs d'emplois - en zones rurales qui plus est - dans les années à

venir suite au passage progressif aux phases d'exploitation. Etruscan Resources prévoit de créer 350 emplois à temps plein sur la mine de Youga, alors que High River Gold Mines prévoit 300 emplois sur la mine de Taparko. Le développement de l'emploi en zone rurale est particulièrement important, à plus forte mesure dans un pays où l'essentiel des investissements sont concentrés sur deux villes.

Les entreprises étrangères sont également parmi les plus actives en matière de formation et de transfert de compétences. AGF exige une formation annuelle de tous ses employés dans des domaines variés tels que la sensibilité commerciale et les aspects techniques des produits d'assurances. Un certain nombre de collaborateurs sont également envoyés dans les centres de formation AGF à l'étranger. Celtel offre des cours de formation en partenariat avec des partenaires tels que Ericsson et Nokia. Dans le secteur hôtelier, le groupe Accor gère l'hôtel Mercure Silmande en contrat de gestion et a contribué à la formation de l'ensemble du personnel. Des formateurs du groupe Accor se sont rendus au Burkina Faso dès le début du contrat de gestion, et un nombre restreint d'expatriés continue d'assurer des tâches de gestion et de formation du personnel. Jusqu'à fin 2008, le groupe Accor gérait également l'hôtel Sofitel Ouaga 2000.

La Lybian Arab African Investment Company, propriétaire de l'hôtel, a ensuite transféré la gestion de celui-ci à la société Laico Hotels and Resorts Management Company basée en Tunisie.

La contribution des IED au développement de la technologie et des méthodes de production du Burkina Faso a été limitée jusqu'à présent. L'impact le plus important dans ce domaine tient probablement au développement du secteur des télécommunications. L'attribution de licences de téléphonie mobile en 2000 et la privatisation de l'ONATEL fin 2006 ont amené un développement rapide des services de télécommunications, une hausse de la qualité et de la diversité des services, et une baisse des prix au travers d'une concurrence accrue.

La concurrence dans le secteur a également permis de faire baisser le coût des communications téléphoniques. Le prix d'un appel local fixe-fixe a baissé de CFA 142 par minute en 2000 à CFA 25 en 2008, en dessous du tarif fixé en Côte d'Ivoire ou au Mali. Sur le réseau mobile, un appel mobile-mobile coûte entre FCFA 1 et FCFA 1,5 par seconde en 2010. Cette tarification à la seconde est appliquée par tous les opérateurs à fin octobre 2010. La palette de services offerts dans le domaine des télécommunications s'est également enrichie avec l'installation d'un réseau de fibres optiques entre le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Togo. Ceci a permis une amélioration de la largeur de bande pour la transmission de données et la connexion au réseau optique mondial, via la Côte d'Ivoire.

Le Burkina Faso n'a pas été en mesure jusqu'à présent d'attirer les IED orientés vers la production de biens ou services destinés à l'exportation. On ne peut donc pas dire que l'investissement étranger ait été en mesure d'aider le Burkina Faso à surmonter ses handicaps structurels pour participer plus activement au commerce mondial. Dans les années à venir, les exportations d'or devraient cependant augmenter fortement suite au passage en phase d'exploitation de plusieurs mines développées par des investisseurs étrangers.

Le développement du secteur minier ces dernières années est en effet dû en grande partie à des investisseurs étrangers, qui ont apporté leurs connaissances techniques autant que le capital nécessaire aux opérations de prospection, de recherche et d'exploitation. Le secteur est encore dans sa phase initiale de développement et le potentiel est important. Une exploitation des ressources minières rationnelle et respectueuse de l'environnement est susceptible de contribuer au développement économique et social du Burkina Faso.

Les principaux bénéfices que le pays peut espérer retirer de l'exploitation de ses ressources minières sont : (1) une augmentation des recettes fiscales ; (2) la création d'emplois directs et indirects, en particulier en milieu rural ; (3) le développement des infrastructures et des industries associées au secteur minier ; et (4) une augmentation des recettes d'exportation. Le Burkina Faso devra cependant également être particulièrement attentif à l'impact sur l'environnement et les communautés locales.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon