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L'analyse des efforts de promotion de l'Investissement à‰tranger Direct (IED) au Burkina Faso

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par Saga Benjamin TAà¸TA
Ecole espagnole de négociations internationales (EENI-global business school) - Master en commerce international marketing global et internationallisation 2010
  

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CHAPITRE II : STRUCTURE ECONOMIQUE ET IMPACT DES IED

Le Burkina Faso fait face à des défis et contraintes majeurs dans sa lutte contre la pauvreté. Comme l'ensemble des pays moins avancés (PMA), le Burkina Faso a de grosses difficultés à retirer les bénéfices de la mondialisation, et il reste en marge des flux d'investissements générés par les grandes sociétés multinationales. Le développement des capacités de production dans un contexte de concurrence de plus en plus globale est particulièrement difficile pour un pays enclavé au climat semi-sahélien disposant d'infrastructures de base insuffisantes et d'un capital humain limité.

Le Gouvernement est cependant déterminé à relever le défi de la lutte contre la pauvreté. Un programme de réformes structurelles, institutionnelles et réglementaires a été mis en place en vue de dynamiser l'investissement privé, principal vecteur du développement des capacités de production et de la lutte contre la pauvreté. Le Burkina Faso cherche également à promouvoir plus activement les IED afin que ceux-ci contribuent au développement d'un secteur privé dynamique et compétitif. En outre, le Gouvernement désire renforcer son rôle dans le développement des infrastructures de base, y compris avec le soutien de ses partenaires techniques et financiers et au moyen de partenariats secteur public - secteur privé. Un tel renforcement est effectivement nécessaire pour permettre au secteur privé de se développer dans de bonnes conditions.

I- CADRE ECONOMIQUE ET ROLE DES IED

1) Structure de la production et IED

a) Cadre macro-économique

A son indépendance en 1960, le Burkina Faso a hérité d'une économie basée essentiellement sur l'agriculture d'exportation et dépendante de la Métropole pour la majorité des produits manufacturés. Le secteur industriel était très limité et les infrastructures de base (transport, électricité, système d'éducation) peu développées. De 1960 au début des années 1990, le Burkina Faso a adopté un modèle économique axé sur le développement d'entreprises publiques dans de nombreuses activités commerciales, laissant relativement peu de place à l'initiative privée.

Durant la période 1960-1990, le pays a connu une période de croissance relativement continue mais erratique, caractérisée par des déséquilibres internes et externes et quelques épisodes de récession (figure1). Le taux de croissance réel du produit intérieur brut (PIB) a été de 3,2 pour cent par an en moyenne sur la période, ce qui n'a permis qu'une augmentation du revenu réel par habitant de 1 pour cent par an en moyenne. Cette hausse a été insuffisante pour réaliser des progrès significatifs dans la lutte contre la pauvreté.

En 1991, le Burkina Faso s'est engagé dans un processus d'ajustement structurel et de libéralisation économique, avec le soutien des institutions financières internationales. Ce processus a cherché et permis d'accroître le rôle du secteur privé dans l'économie burkinabé, y compris au moyen d'un programme de privatisations. La dévaluation de 50 pour cent du franc CFA en 1994 a permis d'améliorer la compétitivité de l'économie et de réaliser un ajustement des prix relatifs. Cet ajustement était rendu indispensable par la parité du franc CFA vis-à-vis du franc français restée inchangée jusqu'alors et par le différentiel d'inflation et d'augmentation de productivité.

Figure1 : Croissance du PIB et PIB par habitant, 1960-2007

Source : Banque mondiale, indicateurs du développement dans le monde.

Le processus de réformes et la dévaluation du franc CFA ont généré une croissance annuelle du PIB réel de 5,8 pour cent en moyenne sur la période 1991-1999. Depuis l'an 2000, le Burkina a également connu une croissance supérieure à la moyenne de ses partenaires de l'Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), avec une hausse du PIB réel de 5,2 pour cent par an. L'évolution de la croissance est aussi devenue moins erratique au cours des dernières années, donnant plus de stabilité au cadre macro-économique.

L'accélération de la croissance depuis l'introduction du processus de réformes et la libéralisation de l'économie a eu un impact positif sur le niveau de vie moyen de la population et sur l'incidence de la pauvreté. Le PIB réel par habitant a augmenté de 3 pour cent par an entre 1995 et 2007, pour atteindre $430 à prix courants en 2007. En outre, le taux de pauvreté a baissé de 54,6 pour cent de la population en 1998 à 46,4 pour cent en 2003. Le Burkina Faso reste malgré tout un des pays les plus pauvres au monde, et l'impact positif de la croissance de la dernière décennie sur le niveau de vie est encore insuffisant.

La structure économique n'a pas non plus fondamentalement évolué au cours des dernières décennies. L'économie burkinabé reste peu industrialisée, peu diversifiée et vulnérable aux chocs internes et externes. Le secteur primaire représentait 31,7 pour cent du PIB en 2006, occupant plus de 80 pour cent de la population (figure2). Le secteur secondaire représentait 24,5 pour cent du PIB en 2006, en légère hausse par rapport à 1985 (20,5 pour cent du PIB). Le secteur est encore insuffisamment développé pour générer un nombre important d'emplois formels, et moins de 3 pour cent de la population active sont employés dans l'industrie. Le secteur tertiaire représentait 43,8 pour cent du PIB en 2006, en légère baisse par rapport au niveau de 1985. L'administration publique représente une part significative du secteur tertiaire, et génère environ 65 750 emplois. Le secteur tertiaire dans son ensemble, y compris dans le domaine informel, occupe environ 13 pour cent de la population active.

b) Secteur primaire

Le secteur primaire est dominé par les productions vivrières et d'auto-subsistance et par le coton. La production agricole est dépendante de la pluviométrie et des conditions climatiques, étant donné le niveau

Figure 2. Composition du PIB par secteur d'activité, 1985-2006

Source : PNUD, Rapport sur le développement humain - Burkina Faso, 2007

très limité des infrastructures d'irrigation. Les cultures vivrières représentent près de 80 pour cent de la surface cultivée, alors que le coton représente environ 7 pour cent. La production agricole est générée essentiellement par les petites exploitations familiales, qui disposent de surfaces réduites et de moyens et connaissances techniques limités.

Le Burkina Faso est un des principaux producteurs de coton d'Afrique. Les plantations ont été lancées à l'époque coloniale pour satisfaire les besoins de la Métropole, et la majeure partie de la production reste exportée à l'heure actuelle. Le taux de transformation et la valeur ajoutée locale sont peu élevés, le Burkina Faso n'ayant pas réussi à implanter une industrie textile compétitive. En 2001, l'entreprise textile publique Faso Fani a dû être liquidée, aucune société privée n'ayant indiqué d'intérêt pour la reprise de l'activité. En dépit de la baisse du cours du coton sur le marché international, la production a été multipliée par 5 entre 1995/96 et 2006/07 pour atteindre 760 000 tonnes sur une superficie cultivée de 570 000 hectares.

Comme pour l'agriculture vivrière, la production de coton est réalisée majoritairement par des petites unités familiales réunies en groupements de producteurs en vue de défendre leurs intérêts. Jusqu'il y a peu, l'achat, le transport, l'égrenage, la commercialisation et l'approvisionnement des agriculteurs en intrants agricoles étaient du ressort exclusif de la Société Burkinabé des Fibres Textiles (SOFITEX).

La SOFITEX a été créée à l'indépendance comme une joint venture entre le Gouvernement (55 pour cent du capital), des privés burkinabé (1 pour cent) et la Compagnie française pour le développement des textiles (CFDT, 44 pour cent).Le capital de la SOFITEX a ensuite évolué pour être détenu actuellement à raison de 35 pour cent par l'Etat burkinabé, 30 pour cent par l'Union nationale des producteurs de coton du Burkina, 1 pour cent par des banques burkinabé, et 34 pour cent par Dagris (ex-CFDT). De son côté l'Etat français s'est désengagé en 2008 de la société Dagris, dont les opérations vont continuer sous le nom de Geocoton. Les investisseurs étrangers sont donc présents au travers de la SOFITEX dans la filière coton depuis l'indépendance. Ce n'est cependant que depuis la privatisation de Dagris par l'Etat français que des investisseurs étrangers privés sont impliqués en partenariat avec le Gouvernement et le secteur privé burkinabé dans la SOFITEX

La libéralisation de la filière coton en 2004 a permis l'implication de deux autres groupes privés à capitaux étrangers. La Socoma, détenue en majorité par Dagris, a repris les actifs de la SOFITEX dans la zone Est du Burkina Faso. Ces actifs seront dans le futur gérés par Geocoton. D'autre part, les groupes suisse Reinhart et ivoirien Ivoire Coton détiennent ensemble 60 pour cent du capital de Faso Coton, qui a repris les actifs de la SOFITEX dans la région du centre.

La SOFITEX, Socoma et Faso Coton assurent l'achat, le transport, l'égrenage, la commercialisation et l'approvisionnement des agriculteurs en intrants agricoles dans leur zone respective. Elles offrent de l'appui technique aux producteurs (semences, engrais, pesticides) et contribuent au financement de la filière. La Socoma dispose de trois usines d'égrenage d'une capacité de 110 000 tonnes et emploie près de 200 salariés permanents et génère environ 400 emplois saisonniers. De son côté, Faso Coton s'est engagée dans un programme de promotion du coton biologique en 2002.

c) Industrie

Les principales activités du secteur secondaire sont la manufacture et la production minière. La manufacture s'est peu développée au cours des dernières décennies. Le nombre de grandes unités industrielles au Burkina Faso est très réduit et elles sont concentrées à Ouagadougou et Bobo Dioulasso. Le secteur manufacturier n'occupe aujourd'hui que 1 pour cent de la population active et se concentre principalement dans la transformation des produits alimentaires, destinés majoritairement au marché interne, la transformation métallique et la production de biens de consommation courante pour le marché local. Brakina (Brasseries du Burkina Faso) est un des principaux groupes industriels du Burkina Faso, et un des principaux employeurs du secteur formel, autant en termes d'emplois directs que d'emplois indirects. Le contrôle de Brakina a été cédé en 1992 au groupe familial Castel, une des principales entreprises françaises de production, négoce, embouteillage et distribution de vins, qui s'est diversifiée sur l'ensemble des produits de boisson. Le groupe Castel a consenti d'importants investissements dans Brakina suite à son rachat, ce qui a permis son développement et son extension.

En dépit de l'importante production de coton dans le pays et dans la sous-région, l'industrie textile est très peu développée. La valeur ajoutée locale dans la filière coton est faible, et la transformation se limite principalement à l'égrenage et la production de fibre. A l'heure actuelle, il n'existe qu'une seule filature, la Filsah, dont les débouchés sont principalement dans la sous-région. Le capital de Filsah est en partie détenu par le fonds d'investissement Cauris Management, basé au Togo et dont les fonds proviennent d'investisseurs institutionnels de la région et d'Europe. Les exportations de textiles ou de vêtements vers les Etats-Unis ou l'Europe sont inexistantes en dépit d'un accès préférentiel à ces marchés. A l'inverse de certains autres pays d'Afrique, le Burkina Faso n'a pas été en mesure d'attirer les investissements étrangers dans la confection de vêtements à destination de ces deux marchés.

Les investissements étrangers ont permis de dynamiser le secteur minier, suite à la libéralisation introduite par le code minier de 1997, révisé en 2003. A l'heure actuelle, les sociétés minières impliquées au Burkina Faso sont toutes des sociétés « juniors », telles que Orezone Resources, High River Gold Mines et Etruscan Resources. Aucune « major » ne s'est encore impliquée suite à la découverte d'un gisement par une des sociétés « juniors ». Les gisements découverts et en cours de mise en exploitation restent de taille relativement modeste, mais l'impact sur le développement du secteur minier industriel et l'emploi est important à l'échelle du Burkina Faso.

d) Services

Le secteur tertiaire, qui représente près de 44 pour cent du PIB, est plus diversifié que le secteur industriel, mais reste fondamentalement centré sur le marché national. Les entreprises de services centrées sur l'exportation sont rares et peu importantes. Le secteur du tourisme est relativement peu développé, bien que le Gouvernement désire promouvoir le tourisme culturel et de conférences. Les investissements étrangers dans le secteur sont le plus souvent de taille relativement modeste, et le seul grand groupe hôtelier présent au Burkina Faso est le groupe Accor, mais seulement en tant que gestionnaire et pas en tant qu'investisseur.

Les investisseurs étrangers sont plus impliqués dans le secteur financier, avec la présence de BNP-Paribas et de la Société Générale dans la banque et des groupes AGF (Allianz) et Colina (Côte d'Ivoire) dans les assurances. Des sociétés étrangères telles que Maersk Sealand et SDV Logistique (groupe Bolloré) sont également présentes au Burkina Faso, bien qu'elles ne disposent pas d'infrastructures propres importantes. Les télécommunications, quant à elles, ont été un des principaux pôles d'attraction des IED ces dernières années, et le secteur est actuellement dominé par les investisseurs étrangers.

Un nombre relativement important d'investissements étrangers de petite taille contribuent également à dynamiser le secteur tertiaire, y compris dans la restauration, l'hôtellerie, la distribution et le commerce de détail. Les investisseurs d'origine française représentent une part importante de ce type d'investissements. Suite à la crise récente en Côte d'Ivoire, un nombre significatif d'investisseurs d'origine libanaise établis dans le pays se sont aussi rendus au Burkina Faso pour y investir dans le commerce et les boulangeries.

Pris dans son ensemble, le secteur formel au Burkina Faso reste de taille limitée, peu diversifié et pourvoyeur d'un nombre restreint d'emplois. Ceci est illustré par la liste des « grands » contribuables de la Direction des grandes entreprises au sein de la Direction générale des impôts. Les « grandes entreprises » sont au nombre de 573 et représentent plus de 90 pour cent des impôts directs. Cette liste comprend un nombre limité de grandes entreprises privées, des entreprises publiques, et de nombreuses petites entreprises familiales ou individuelles.

L'étendue et la nature de cette liste, de même que l'importance que ces entreprises représentent en matière d'impôts directs illustrent l'importance du secteur informel au Burkina Faso. Celui-ci est présent dans toutes les activités économiques, et plus particulièrement dans le commerce et l'artisanat, où les entreprises « semi-formelles » sont nombreuses. L'intégration progressive de ce secteur « semi-formel » dans le domaine formel est importante pour le Burkina Faso, aussi bien pour la gestion macro-économique et fiscale du pays que pour promouvoir des conditions de concurrence saine et loyale au sein du secteur formel en développement.

2) Secteur externe

La capacité d'exportation du Burkina Faso est extrêmement limitée et est concentrée principalement sur le coton (brut ou en fibres) et les ressources minérales. Son aptitude future à bénéficier de la mondialisation des échanges et des chaînes de production, et à tirer parti de son accès préférentiel aux principaux marchés des pays industrialisés dépend donc du développement des capacités de production et de l'augmentation de la compétitivité de ses entreprises. En outre, le Burkina Faso est très dépendant des importations pour une large gamme de produits, ce qui a engendré un déficit persistant de la balance commerciale.

La balance des services demeure également déficitaire en raison des coûts de transport élevés pour le commerce international. Ce déficit est partiellement compensé par les transferts privés et publics, mais cela reste insuffisant pour financer l'ensemble du déficit de la balance commerciale. Les transferts privés proviennent principalement de la Diaspora burkinabé en Côte d'Ivoire et, dans une moindre mesure, ailleurs dans le monde. Il est estimé qu'environ 2,2 millions de burkinabé résidaient en Côte d'Ivoire avant la crise de 2002. Près de 400 000 seraient rentrés au pays dans les années qui ont suivi. Les transferts privés représentaient CFA 29 milliards ($69,6 millions) en 1993 et ont augmenté au taux annuel moyen de 5 pour cent jusqu'à la crise ivoirienne pour atteindre CFA 35,6 milliards ($85,4 millions) en 2000. La crise de 2002 a ensuite réduit ces flux à CFA 22 milliards ($52,8 millions) en 2003.

Les exportations sont peu diversifiées et dominées par le coton et l'or. Le coton représente à lui seul près de trois quarts des exportations, principalement sous forme brute et de fibre (figure 3). Les principaux pays de destination sont la Chine et Singapour. La part des métaux précieux a diminué au cours des dernières années pour représenter environ 7 pour cent du total en 2005, pratiquement moitié moins qu'en 1999. La découverte de gisements d'or ces dernières années devrait cependant relancer fortement les exportations à partir de 2007. Plusieurs mines sont passées en phase d'exploitation en 2007 et 2008. Les exportations d'articles manufacturés sont minimes et ont perdu de l'importance récemment, passant de 12 pour cent du total en 2002 à 4,5 pour cent en 2005.

Figure 3: Structure des exportations, 1999-2005

Source : Institut national de la statistique et de la démographie (INSD), annuaire statistique 2007

Les importations burkinabé sont beaucoup plus diversifiées que les exportations, avec néanmoins une prédominance des biens d'équipement et des biens manufacturés (figure4). Les produits alimentaires représentent également une part relativement importante des importations, ce qui illustre la dépendance du Burkina Faso pour certains produits de base et de consommation courante tels que le riz.

Figure 4 : Structure des importations, 1999-2005

Source: INSD, annuaire statistique 2007

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand