1.1.1.2.Un marché du risque :
L'exposition au risque de change touche toute entreprise ou
tout investisseur bénéficiant de recettes ou devant effectuer des
règlements dans une monnaie étrangère et/ou
possédant des actifs (ou un endettement) en monnaie
étrangère.
Dès lors qu'un agent économique perçoit
ou règle des flux en monnaie étrangère, il est
exposé aux conséquences des mouvements de taux de change sur ses
recettes ou règlements et sur ses avoirs (son endettement). Il est
nécessaire de bien cerner la nature et l'ampleur du risque de change
résultant des positions de change et des mouvements de taux de change,
afin de choisir judicieusement les instruments propres pour couvrir ce
risque.
Le titulaire de recettes en devises étrangères
(par exemple l'exportateur basé en euro de produits libellés en
dollars ou l'investisseur recevant des dividendes ou intérêts en
dollar) a une position longue sur le dollar. Inversement, le débiteur
qui acquitte des intérêts ou effectue des remboursements ou encore
l'importateur qui doit régler ses fournisseurs en dollars aura position
courte en dollar.
En réalité, de nombreux agents
économiques sont à la fois créanciers et débiteurs
en devises étrangères, leur position nette en devise pourra selon
le cas être courte ou longue (par exemple, un exportateur de produits
électroniques libellés en dollars qui achète des
composants eux aussi libellés en dollars).
Un agent économique en position longue est
favorisé par une appréciation de la
devise étrangère dans la mesure où la contre-valeur en
monnaie domestique de ses recettes nettes ou
de ses avoirs nets augmente avec l'appréciation de la
devise étrangère. Inversement, l'agent économique en
position courte sera pénalisé par cette appréciation, la
contre-valeur de ses règlements en monnaie locale est alourdie, sa dette
est accrue.
De telles évolutions ne sont pas neutres en
matière de compétitivité ; les exportateurs nationaux, par
exemple seront avantagés par l'appréciation des devise,
étrangère, Celle-ci accroît les prix des produits
concurrents en monnaie locale et augmente la contre-valeur des recettes
tirées des ventes à l'étranger, soit du fait des gains
accrus réalisés lorsque les prix en devise restent
inchangés, soit encore du fait des gains de compétitivité
liés à une politique de prix plus agressive (ils pourront
générer le même flux des recettes avec des prix plus bas en
monnaie étrangère du fait même du mouvement de change). A
l'inverse, les exportateurs étrangers sont pénalisés par
l'appréciation de leur monnaie. La contre-valeur de leurs ventes
à volumes et à prix inchangés diminue, la
compétitivité-prix est érodée par
l'enchérissement de leurs produits sauf a imaginer une politique de
défense des parts de marché qui suppose un sacrifice de leurs
marges.
Un investisseur européen, détenteur de titres
obligataires en dollars bénéficiera de même de
l'appréciation de cette devise (contre-valeur en euros des coupons et du
prix de l'actif détenu)6. Il serait en revanche
défavorisé pour des raisons inverses en cas de
dépréciation du dollar. L'existence d'une position de change
nulle sur une devise à un moment donné (créances en
dollars = dettes en dollars) ne signifie pas l'absence de position de change
potentielle. En effet, dès lors que l'échéance des
créances diffère de celle des dettes, on est en présence
d'une position de change relative (par opposition à une position de
change absolue).
La gestion du risque de change est au centre des comportements
des opérateurs qui se confrontent sur le marché des changes, dont
on a vu qu'ils se répartissent en trois catégories principales :
les autorités monétaires, les intermédiaires financiers,
les entreprises et les particuliers. Les interventions des banques centrales
sur le marché pour régulariser les taux de change, qui seront
analysées dans la troisième partie de cet ouvrage, ont pour
objectif de réduire le risque de change supporté par les agents
privés. Pour gérer le risque de change, les opérateurs
privés disposent de quatre catégories d'instruments : le
marché à terme interbancaire, les contrats à terme sur
devises, les options sur devises et les contrats d'échange
6 Si toutefois l'appréciation de la devise provient
d'une remontée des taux d'intérêt servis sur les placements
dans cette devise, l'effet positif peut être contrebalancé par
l'incidence de la hausse des taux sur la valeur de l'actif en devise
(concrétisation du risque de taux).
de devises (swaps).
|