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L'action humanitaire et la reconstruction: le cas du tsunami indonésien de 2004 et du séisme haitien de 2010

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par Pierre Thibaut BATA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master 2011
  

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Il y a lieu de retenir dans le cadre de cette première partie que, que ce soit en Indonésie ou en Haïti, l'urgence a prédominé. Cet état des choses a sans doute été favorisé par un cadre juridique limité dans le domaine de la reconstruction, mais aussi par les actions menées par les institutions humanitaires en Indonésie et en Haïti. Par ailleurs, tout en reconnaissant les démarches qui ont été entreprises dans le sens de la reconstruction, force a été de constater que, malgré la réussite relative que l'on attribue à la reconstruction indonésienne, celle-ci ne semble pas avoir porté des fruits pour le cas de Haïti. Certainement à cause du fait qu'ellemême renfermait de nombreuses limites. Il s'avère donc que la reconstruction continue d'occuper dans le champ de l'humanitaire une place négligeable. La nécessité d'identifier les freins à la réussite de la reconstruction post-crise et des perspectives pour y remédier s'impose à cet effet.

133 Faim Haïti, une population naufragée Action contre la Faim Février 2006.

134 Ce fut le cas lors de la réhabilitation du réseau d'eau de Port-de-Paix, de Saint-Louis du Nord et de l'île de la Tortue où les équipes d'Action contre la Faim Haïti, travaillaient en étroite collaboration avec l'administration locale et des « comités d'eau », montés pour l'occasion avec des Haïtiens formés.

DEUXIEME PARTIE : LES FREINS ET LES PERSPECTIVES POST-
CATASTROPHE EN INDONESIE ET EN HAITI

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
haïtien de 2010

La reconstruction indonésienne apparaît comme un succès relatif mais aujourd'hui, quelques 3 000 victimes du tsunami attendent toujours d'être relogées. Les 150 000 maisons reconstruites n'ont pas toutes été attribuées aux bonnes personnes135 et 26% des Acehnais vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté. Sous d'autres cieux, pour parodier le titre du dernier roman de l'écrivain haïtien Dany LAFERRIERE: « tout a bougé autour d'Haïti ». Un an après, en dépit d'un élan de générosité planétaire extraordinaire136 de promesses, de dons milliardaires de la part des Etats et d'une action massive des oeuvres d'entraide et de secours, le constat est terrible. Alors que le choléra et une élection présidentielle contestée se sont mis de la partie, près d'un million de rescapés vivent toujours dans la promiscuité d'immenses

camps de tentes et de tôles, seuls 5% des gravats de la capitale détruits à 85%, ont étédégagés. Bref, de reconstruction, pas la moindre trace en Haïti137. Fort de ce constat

inquiétant, il est impératif de s'interroger de prime abord sur les facteurs ou obstacles qui limitent la mise en oeuvre efficace du processus de reconstruction (Chapitre I) ; dans un second temps, nous examinerons quelques perspectives pour une meilleure prise en compte de la reconstruction par les acteurs humanitaires dans un contexte de crise (Chapitre II).

135 Ce constat nous amène à nous interroger sur le fait de savoir : pour qui reconstruit-on ?

136 En Suisse, la Chaîne du Bonheur récoltera 65 millions de francs.

137 «La situation est effectivement très difficile, surtout à Port-au-Prince, qui avant même le séisme était déjà une métropole du tiers-monde congestionnée, avec des bidonvilles surpeuplés», relève Alain GEIGER, responsable de projets à la Chaîne du Bonheur. Port au Prince, Haïti.

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
haïtien de 2010

CHAPITRE I
LES FREINS A LA MISE EN OEUVRE DE LA RECONSTRUCTION

La survenue d'une crise de grande envergure suscite généralement une importante vulgarisation médiatique qui draine avec elle une présence massive d'ONG. Malheureusement, il nous a souvent été donné de remarquer que, la phase de l'urgence achevée, médias et ONG tirent leur révérence. Ce qui comme l'absence de financement constituent de véritables entraves à la reconstruction (section I). Aussi, certaines pratiques humanitaires parce que pleines d'ambiguïté sont une entrave à la reconstruction (section II).

Section1 : L'intervention limitée et intéressée des acteurs humanitaires et l'absence de
financement comme une entrave à la reconstruction

Dans le cadre de cette partie, nous allons analyser de prime à bord le rôle des médias et des ONG dans l'échec de la reconstruction (paragraphe 1). Pour voir dans un deuxième temps comment les chances de réussite de la reconstruction peuvent etre compromises à cause de la corruption, des détournements des fonds et parfois du non respect des promesses des donateurs (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La participation limitée et intéressée des Médias et des ONG comme un
frein à la reconstruction

Jamais les médias n'ont pris autant d'importance dans le contexte humanitaire qu'aujourd'hui. Ils permettent en effet de focaliser l'attention sur des crises qui seraient passées inaperçues. Considérés comme des canaux efficaces pour informer et mobiliser la communauté internationale de la situation chaotique qui sévit dans un pays donné et à un moment donné, ceux-ci semblent focaliser la plus grande partie de leurs manoeuvres dans le cadre de l'urgence. Ce qui en soit serait en même de fragiliser la reconstruction (A). Cette dernière est aussi dans la plupart des cas victime de l'inconstance de certaines ONG qui, guidées par des intérets personnels, transforment l'action humanitaire en une activité lucrative (B).

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haïtien de 2010

A- Les médias et la logique de l'instantané

Les médias jouent un rôle très important pour l'aide humanitaire : ils permettent de récolter des fonds, de sensibiliser le public aux différentes actions et de dénoncer les atrocités que l'on trouve dans certains pays. En ce qui concerne la collecte des fonds, Kofi Annan138 disait en 1994 que « lorsqu'il existe un problème qui n'a pas été pensé ou réfléchi, ce sont les médias qui ont le loisir d'influencer la manière dont la communauté internationale peut agir »139. Un rôle qu'ils semblent mener à bien.

Cependant, certaines actions des médias peuvent avoir des effets redoutables, ce qui en soi pourrait constituer une limite pour la reconstruction post crise140. En effet, pour parler comme Jean François MATTEI141, certains pionniers de l'humanitaire en accord avec les médias, n'ont pas hésité à activer la corde compassionnelle, à utiliser l'émotion, parfois avec démesure, pour représenter la victime sous le seul angle de la tristesse et de la pitié142. Dans le méme ordre d'idées, sous le coup de l'émotion produite par la grande mobilisation des médias dans l'urgence, le flot concentré de l'aide internationale peut aggraver le sentiment d'abandon dans les zones non bénéficiaires. C'est le cas par exemple de la crise du Darfour qui a été effacée par celle du Tsunami ; la crise du Niger par l'Ouragan Katrina aux Etats-Unis ; plus récemment la crise haïtienne par la crise du Japon143.

Par ailleurs, s'il est admis avec Jean François DENIAU144que les médias occupent une place importante dans l'action humanitaire145, l'une des difficultés qui demeure cependant est que l'ère des médias s'inscrit dans une logique de l'immédiateté. En Haïti par exemple, trop en faire le temps de l'urgence et faire systématiquement appel à un réflexe compassionnel a donné l'illusion au donateur que la rapidité du don comblera, voire « compensera » le malheur des populations sinistrées. Mais les médias ne portent leurs caméras que sur certaines séquences de l'intervention humanitaire : généralement les premiers temps d'une crise,

138 KOFI ANNAN est l'ancien secrétaire général des Nations Unies à qui a succédé BAN KI MOON.

139 Reymond Philippe, Margot Jonas, Margot Antoine, Les limites de l'aide humanitaire, Lausanne, 2006-2007, p. 62.

140 Une des limites les plus importantes est que l'intérêt public pour une catastrophe ne dure pas longtemps et donc que les fonds pour la phase de reconstruction ou l'après crise sont plus difficiles à mobiliser

141 Jean François MATTEI, Op. Cit. p. 135.

142 Idem.

143 Un violent séisme de magnitude 8,9, a touché le nord-est du Japon, a provoqué un énorme tsunami. Une série de vagues, dont la plus importante a atteint dix mètres de haut, a atteint les côtes nippones. Le bilan des pertes humaines s'alourdit d'heure en heure.

144 Selon Jean François DENIAU, le risque pour l'humanitaire « est moins l'excès de médiatisation que l'excès d'immédiatisation ».

145 Dans un contexte de crise, les médias nourrissent l'humanitaire dans l'optique d'édifier les consciences et réunir les moyens de l'aide.

L'action humanitaire et la reconstruction : Le cas du Tsunami indonésien de 2004 et du Séisme
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lorsque arrivent les premiers secours, et que les responsables politiques des pays donateurs se rendent sur place pour manifester la solidarité de leurs nations envers les populations frappées par le malheur. Bien souvent d'ailleurs, les médias ne couvrent ces sujets que parce que les hommes politiques effectuent une visite sur place, et les hommes politiques ne sont là que pour les journalistes qu'ils emportent avec eux dans l'avion. La tragédie ne sert alors que de toile de fond avec ses alignements de tentes ou de huttes de branchage, les enfants faméliques dans un dortoir sordide ou jouant devant les caméras et en guise de commentaire, l'interview d'un agent humanitaire arborant sur le dos le sigle de son organisation et appelant la communauté internationale à accroître son aide. Invariablement, l'émission se termine par le passage d'une bande annonce donnant le numéro de compte en banque de l'organisation. Dans un tel contexte, les fonds pour la phase de reconstruction où l'après crise sont plus difficiles à mobiliser et par conséquent, les perspectives de reconstruction moins envisageables. Ainsi dans un monde acquis à la cause du sensationnel où les événements se chassent les uns les autres à une vitesse accélérée, il s'agit comme le pense Jean François MATTEI, de garder une perspective globale, dans laquelle la durée de l'action devient non pas l'opposé de l'urgence mais son complément indispensable. Une approche que devrait intégrer bon nombre d'ONG humanitaires qui transforment l'action humanitaire en une sorte de marché.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand